Croisade de Thramas

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La Croisade de Thramas.
« Tous les empires doivent tomber en ruine et au désespoir, comme le mien. Cependant, lorsque vos propres guerres seront gagnées et que vous vous tiendrez au milieu de vos triomphes, souvenez-vous que le destin qui m’est arrivé sera à son tour le vôtre. Cherchez-moi donc, car au bord de la ruine, je reviendrai vous rappeler le sort des empires. »
- Apocryphe, attribué au Roi Indicible à la veille de sa défaite lors de la Vieille Nuit.

La Rébellion du Maître de Guerre

En la cinquième année du 31e Millénaire, Horus Lupercal, Maître de Guerre, fils préféré de l’Empereur et héros de la Grande Croisade, plongea l’Imperium de l’Humanité dans une guerre dont il ne se remettra jamais vraiment. Au milieu des villes dévastées du monde solitaire et lointain de Isstvan III, il dressa les guerriers des Legiones Astartes contre leurs frères, brandissant l’étendard de la rébellion et noyant dans le sang ses serments de loyauté. Ceux de ses frères qui respectèrent leurs serments lui firent face à Isstvan V, mais ils découvrirent qu’Horus avait bien préparé ses plans de trahison. La moitié des Primarques de l’Empereur et des Légions Space Marines avaient déjà secrètement prêté serment à Horus et retournèrent leurs armes contre leurs frères sans hésitation, laissant l’orgueil de l’Imperium brisé sur les sables noirs de ce monde autrefois insignifiant. Pire encore, le Primarque Ferrus Manus fut tué, sa tête apporté en trophée au Maître de Guerre félon, et Corvus Corax et Vulkan perdirent leurs fils. D’un seul coup, Horus avait fait voler en éclats les Légions qui avaient pratiquement conquis la galaxie, avait fendu le cœur de l’Imperium et c’était ouvert une voie vers le trône.

Ce serait son but ultime, Terra, le Monde-Trône de l’Imperium, pour qu’il puisse renverser son propre père et prendre Sa place. Rogal Dorn et les quelques armées de l’Imperium encore en place se dressèrent sur son chemin, les autres Primarques loyaux se dispersant dans les coins les plus reculés de l’Imperium et incapables de venir au secours de l’Empereur. Une étroite ceinture de mondes tenait la route principale du grand nord et de Isstvan vers Terra, les forteresses de Paramar, Beta-Garmon et Lorin Alpha. C’est là que se déroulera une action de résistance désespérée, Rogal Dorn dépensant toutes ses ressources et engageant tous les guerriers à son service pour ralentir l’avancée des hordes de Traîtres. Pendant deux longues années, ils ont tenu la ligne, gardant Horus à distance au prix de millions de vies dans une série de sièges amers et de batailles désespérées, un conflit qui a engendré des légendes qui ont duré 10 000 ans. Pourtant, alors même qu’ils se battaient, la flamme de la rébellion s’était répandue et avait pris racine dans tous les mondes de l’Imperium, la guerre ne se résumant plus à renverser Terra et à revendiquer le trône, mais à un immense bourbier de vieilles rancunes et de querelles qui s’enflammèrent maintenant dans une bataille ouverte.[1]

La Fin d'un Empire

Une Longue Trahison en Devenir[2]

La trahison d’Horus n’était pas le fruit d’un caprice soudain, ni d’une intervention extérieure. La préparation requise pour entreprendre une guerre de l’ampleur de l’Hérésie d’Horus, impliquant des millions de guerriers dans des centaines de systèmes stellaires ainsi que tout le matériel nécessaire pour alimenter leur assaut, n’était pas une mince affaire mais plutôt une tâche qui devait interpeller même les plus grands esprits militaires. Réaliser un tel exploit en secret et en quelques mois seulement était tout simplement impossible, même pour un génie stratégique aussi réputé qu’Horus Lupercal. Sa grande rébellion, qui a suborné la moitié des Légionnaires Astartes, des dizaines de Mondes-Forges et plusieurs millions de guerriers de la milice impériale, était une œuvre de génie logistique et stratégique qui avait pris forme au cours de longues années. L’Hérésie d’Horus était un poignard préparé et aiguisé depuis longtemps avant d’être enfoncé dans le dos de l’Empereur.

Que son intention ait toujours été la rébellion ouverte peut être mis en doute, mais qu’Horus ait depuis longtemps établi des plans et des contingences pour lui permettre de placer rapidement de grands corps de guerriers sur le terrain et qu’il ait travaillé à fidéliser certains de ses frères à sa personne plutôt qu’envers le lointain Empereur ne fait aucun doute. Peut-être avait-il d’abord rationalisé ses actions à titre préventif, au cas où l’Imperium serait confronté à un assaut écrasant venant de l’extérieur de ses frontières. En effet, il est probable que certains de ses préparatifs aient été utilisés lors de crises telles que les Croisades de Rangdan et l’Incursion de Sorthali, que des troupes tenues en suspens aient été engagées et que d’anciennes faveurs aient été réclamées. Mais ce ne sont là que des réseaux caché des Loges Guerrières, de serviteurs liés et de Mondes-Forges clients, un avant-goût du véritable pouvoir qu’Horus avait accumulé au cours des longues années de la Grande Croisade. Ces œuvres cachées n’avaient jamais été révélées à l’Empereur ni aux Primarques qui lui étaient les plus fidèles, mais ont été conservé comme dernier recours par Horus, le réflexe d’un guerrier profondément paranoïaque et, rétrospectivement, une action qui ne parlait pas de loyauté mais seulement d’intérêt personnel. Il suffirait d’une étincelle pour allumer les flammes de son ambition, pour voir ces ressources soigneusement préparées se tourner non pas vers la cause de la protection de l’Imperium, mais vers celle de sa destruction.

La guerre courte et décisive qu’Horus avait prévue ne s’était pas produite, son avance triomphale sur Terra s’étant arrêtée pendant des années de conflit usant, alors que l’Imperium saignait et souffrait. Les quelques Légions Loyalistes qui avaient conservé la force des armes pour résister aux Traîtres dans une guerre ouverte étaient enfermées dans de petites enclaves, incapables d’arrêter le chaos qui s’étendait maintenant pour engloutir le royaume qu’elles s’étaient battues pour créer. Les Imperial Fists étaient sur Terra, attendant avec défi, leur force étant le seul obstacle restant à l’assaut du Maître de Guerre. La lointaine Ultramar, le riche domaine des Ultramarines où la plus grande armée de tout l’Imperium attendait l’appel aux armes, était en ruines et coupé de tout contact avec Terra, présumant maintenant qu’elle était tombée aux mains de l’ennemi. Même le système fortifié de Baal et les fiers guerriers des Blood Angels étaient enfermés dans une cage que le Maître de Guerre avait crée, paralysés par l’absence de leur maître et inondés des survivants battus de Isstvan V et du terrible doute que ces guerriers brisés portaient en eux.

Pourtant, malgré leurs difficultés, ces forces disparates avaient réussi à ralentir les Traîtres par leur refus obstiné de tomber devant la puissance de leurs frères renégats, maintenant ainsi en vie les braises de la cause Loyaliste pendant qu’ils se battaient.

La défaite se profilait à l’horizon, sombre et sinistre, pour les forces de l’Empereur, car bien qu’elles pouvaient retarder le Maître de Guerre et ses hordes, elles ne pouvaient porter aucun coup décisif pour mettre fin à son assaut. Il ne leur restait plus qu’à se battre jusqu’à la dernière goutte de sang pour s’opposer au Maître de Guerre et à leurs frères qui avaient renoncé à leurs serments pour le servir, en menant une série de sièges sinistres et de campagnes de raids acharnés pour les tenir en échec. La forteresse de Paramar allait changer de mains à plusieurs reprises, les trois assauts majeurs dont elle fut victime ayant coûté des millions de vies et de longs mois de combat à Horus, tandis que les assauts audacieux de la Raven Guard et des White Scars allaient ralentir le passage des hommes et des munitions des bastions nord d’Horus. Pourtant, même cette bravoure ne durerait pas longtemps et, en retour, Horus allait revendiquer la domination sur tous les mondes nordiques ; des sombres voûtes mécaniques de Xana aux brillantes flèches d’Angelis, l’Œil d’Horus volait triomphant et les poches isolées de résistance étaient écrasées sous la botte de sa vaste armée.

Les mondes qui avaient jadis accordé leur loyauté à contrecœur à l’Empereur s’étaient maintenant joyeusement débarrassés de leurs chaînes pour prendre fait et cause pour le Maître de Guerre, désireux de s’attirer ses faveurs dans l’espoir qu’ils puissent eux aussi récolter leur part du butin de la guerre. Même les mondes qui avaient autrefois librement plié le genou devant l’Empereur avaient maintenant abandonné leurs vœux face à Sa défaite apparemment inévitable, de peur qu’Horus ne se venge terriblement de ceux qui ne l’avaient pas rejoint une fois qu’il aurait pris Terra. Les mondes qui ont résisté à la tempête qu’était l’Hérésie d'Horus se retrouvèrent seuls au milieu d’une mer d’ennemis, ne sachant jamais à qui faire confiance dans le chaos parmi leurs alliés autrefois fidèles. Les cultures humaines qui avaient survécu à toutes les terreurs de la Vieille Nuit allaient tomber en silence face à cette nouvelle guerre, consumée non pas par la colère du fléau des Xenos qui les avait autrefois terrorisés, mais par ceux qu’ils avaient autrefois appelés frères. Les anciens alliés qui étaient partis à la guerre sous la bannière de l’aigle de l’Empereur allaient s’abandonner les uns aux autres dans un abandon sanglant, tandis que ceux qui avaient autrefois été des rivaux pour la gloire dans la Grande Croisade se retrouvaient maintenant être des alliés désespérés contre les hordes de Traîtres. Tout ce qui avait semblé juste et bon autrefois, toutes les cérémonies d’innocence et de loyauté, étaient noyées dans le sang et personne ne pouvait voir où la mort allait s’arrêter.[3]

Brisé, Aveuglé et Piégé[4]

Parmi les nombreux plans mis en place par Horus, avant même que les premières bombes ne tombent sur les mondes en ruines de Issvan, figuraient ceux qui visaient à écarter les menaces les plus puissantes contre sa suprématie. En effet, bien que le Maître de Guerre ne reconnaissait aucun rival en public, en privé, il était mal à l’aise face à plusieurs de ses frères qu’il ne pouvait négligé, des guerriers qu’il préférait ne pas rencontrer sur le champ de bataille. En effet, ces parangons parmi les Primarques ne s’inclinaient pas devant l’habileté au combat ou la puissance des armées d’Horus, mais les compétences subtiles qui lui avaient valu son titre de Maître de Guerre les avaient neutralisés et rendus impuissants avant même qu’ils ne puissent lever la main contre lui.

Trois Primarques représentaient les menaces les plus graves pour le Maître de Guerre et ses projets naissants. Lion El’Jonson était un guerrier sans égal dont la loyauté envers l’Imperium ne pouvait être renversée, Sanguinius avait la crainte et la confiance de tous ses frères, ce qu’Horus lui avait longtemps enviés, et Guilliman possédait une armée et un génie stratégique qui pouvaient condamner toute rébellion si elle n’était pas contrôlée. Horus avait établi des plans pour écarter chacun d’entre eux de son chemin, les préparatifs étant en place depuis de longues années avant qu’il ne révèle son désir de gouverner et qu’il ne soit le signe avant-coureur de l’Hérésie d’Horus, visible uniquement pour nous maintenant grâce à la clarté du recul.

Une fois confirmé dans sa position de Maître de Guerre, l’autorité ultime n’excluant que l’Empereur Lui-même sur les armées de la Grande Croisade, Horus se vit accorder le plus efficace des outils pour faire face à ces formidables menaces. Sur ordre officiel du Maître de Guerre, le Lion et la grande majorité de ses forces furent envoyés au-delà des frontières de l’Imperium, pour faire la guerre dans l’obscurité, là où les nouvelles de l’Imperium étaient les plus rares. Souvent isolé de ses pairs, Lion El’Jonson ne se plaignait guère d’une telle tâche, acceptant le sinistre devoir comme s’il lui était dû et accordant à Horus le temps nécessaire pour mettre ses plans à exécution. Sanguinius et ses Blood Angels obéirent également aux ordres de leur nouveau Maître de Guerre de les envoyer aux confins de l’Imperium, non pas simplement égarés mais piégés par des complots que le Maître de Guerre avait depuis longtemps gardés en réserve. Là, il cherchait à se débarrasser de l’Ange et à suborner sa Légion au service de sa rébellion dans un espace où personne ne pouvait leur venir en aide. Le système de Signus avait été conçu comme un terrain d’extermination dans lequel les Blood Angels se battraient et mourraient seuls ou offriraient leur âme au Maître de Guerre.

Guilliman et les rangs serrés de ses Ultramarines étaient plus gênants, car ils étaient d’une telle force qu’ils ne pouvaient pas être envoyés à la poursuite d’une menace insignifiante aux confins de l’espace. Au lieu de cela, les ordres du Maître de Guerre les amèneraient sur un champ de bataille choisi par Horus, le bastion industriel de Calth aux frontières d’Ultramar même. Là, attirés par la promesse de gloire et mis en confiance par le sceau du Maître de Guerre, les Ultramarines connaitront la trahison et la tromperie, leur nombre décimé par ceux qu’ils avaient cru être des alliés. Le dernier à être égaré par le Maître de Guerre et ses stratégies subtiles fut le Khan et ses White Scars, bien que contrairement aux autres, Horus ne chercherait pas à tuer son vieil ami mais plutôt à le maintenir isolé à Chondax par ses ordres jusqu’à ce qu’il puisse être convaincu de la justice de la cause d’Horus. Seule l’intervention de l’Alpha Legion ferait échouer ces plans et gâcher le piège soigneusement tendu dans lequel le Khan avait été attiré.

La Croisade de Thramas

« Les feux de la guerre d’Horus allaient apporter la mort dans tous les recoins de l’Imperium. Tout ce qui distinguerait un secteur d’un autre aux yeux de l’histoire, c’est la façon dont il choisirait d’affronter sa fin, qu’il soit Loyaliste ou Traître. Car le héros ne peut mourir qu’une fois, tandis que le lâche meurt à nouveau à chaque récit de son infamie. »
- Aleks Niebuhr, Historiographe impérial, 073.M31.
« Non. Donne ma réponse à ton maître quand tu le verras en enfer ! »
- Mayvin Khelen, Dernière Régente de Thramas, à l’émissaire des Night Lords lui demandant sa reddition, 007.M31.

Régner sur les Cendres d'un Empire

Les Night Lords débarquent dans le secteur de Thramas, apportant ruine et terreur.

En l’an 007.M31, la grande rébellion d’Horus Lupercal s’était étendue pour engloutir une grande partie des secteurs centraux du jeune Imperium, noyant les rêves dorés d’empire et de domination dans le sang des martyrs. Dans tout le nord de l’Imperium flottait la bannière de l’Œil d’Horus, l’insigne de l’Architraître et, sur ces fiefs tenus par les Loyalistes, le poing du Maître de Guerre était déjà descendu, laissant Ultramar en ruines et dispersant les armées de l’Empereur. Pourtant, grâce aux efforts de ces braves guerriers qui restaient fidèles à leurs serments de loyauté, Terra était conscient de son péril et Rogal Dorn avait mis en place les forces qui lui restaient pour tenir la route vers le trône impérial. Horus fut tenu en échec, sans voie rapide, obligé de mener une longue guerre d’usure contre le Prétorien de Terra, une guerre qui nécessiterait des ressources et des corps si elle devait réussir.

C’est là que se trouvait le cœur de l’histoire, car avec des ressources suffisantes et des guerriers, quelle que soit leur ferveur pour la cause, aucune défense ni aucun stratagème ne pouvait empêcher le Maître de Guerre de rejoindre Terra. Thramas que beaucoup ont considérés comme une guerre secondaire des véritables batailles de l’Hérésie d’Horus, des Bataille de Calth et de Signus, allaient décider du cours de la rébellion. Horus n’était pas dupe, il était bien conscient de l’appétit rapace de la guerre et de la nécessité de s’emparer des ressources des secteurs orientaux, et la grande majorité d’une Légion entière et de ses troupes de soutien fut engagée dans le combat. Les Night Lords furent lâchés sur les mondes de Thramas, sans aucune notion de devoir envers les peuples qu’ils cherchaient à asservir et à libérer des diktats de l’Empereur et de Son Principia Bellicosa, Ses règles de guerre, afin d’appliquer la volonté du Maître de Guerre comme ils le voulaient. Horus se souciait peu du sort de la lointaine Thramas tant que ses richesses en hommes et en matériaux affluaient dans son trésor de guerre. Si le Night Haunter et ses fils sanguinaires choisissaient de régner par la peur et le tranchant d’un couteau à écorcher, cela n’avait aucune importance si l’on considère le moindre avantage dans le combat pour s’emparer de Terra et renverser l’Empereur de Son trône.

Les forces qui restaient fidèles à l’Empereur étaient mal placées pour s’opposer à la conquête de Thramas et du joyau du secteur - le trio de Mondes-Forges de Triplex - car les Légions fidèles étaient soient dispersées et brisées, soit cantonnées dans les frontières d’Ultramar et d’autres petits bastions de résistance. Il était minuit dans l’Imperium, le point le plus sombre de ce nouvel Âge des Ténèbres. Pourtant, comme toutes les nuits, l’aube approchait inexorablement - car, à l’insu de ceux qui se battaient si désespérément dans les deux camps, la rébellion et la trahison de l’Imperium s’étaient répandues bien plus loin qu’on ne l’aurait cru et avaient semé une nouvelle terreur.

Ce qui approchait l’Imperium n’était pas une simple bande de tueurs, car les Night Lords, même avec les gènes des Legiones Astartes reçu en héritage, étaient devenus beaucoup plus que cela. Il ne s’agissait pas d’un vestige d’une Légion battue par la trahison d’Horus, mais d’une armée entière de Légionnaires Astartes dans toute sa gloire furieuse, qui venait de trahir ses vœux au profit du Maître de Guerre et ses conspirateurs. Si Thramas tenait bon, ses défenseurs verraient le renversement de la tendance, le début de la guerre et la fin de la déroute qu’était l’Hérésie d’Horus. Autrefois, ils étaient les premiers, les plus grands et les plus craints, mais maintenant ils arrivaient en dernier sur le champ de bataille, détournés par les ruses d’Horus et enragés par la trahison de leurs proches.

Le Lion s’empressa de venir saluer correctement ses frères égarés, et celle qui le suivait sur ses talons était la Mort.[5]

L'Ombre Sombre du Crépuscule

« Aucun grand bien n’ jamais été accompli par la main de l’Humanité, sauf en cas de nécessité absolue. En cette sombre époque de folie et de guerre, je suis devenu cette nécessité, la sombre terreur qui conduira cet Imperium avec force sur le chemin de la justice. »
- Inscription gravée dans les murs du sanctuaire du Night Haunter à bord du Nightfall.

Ébranler les Piliers du Ciel

La guerre pour la Frange Orientale est souvent appelée la Croisade de Thramas par les historiographes et les universitaires, un titre qui, bien que dramatique, ne sert qu’à banaliser ce qui était un conflit bien plus répandu. La campagne d’Horus avait commencé lorsque le mensonge s’était déchaîné ; les Night Lords allaient englober la majeure partie de la Frange Orientale avant sa fin, avec des batailles majeures menées dans quatre secteurs entièrement incorporés et justifiés du nouvel Imperium de l’Empereur et se répandre à travers les territoires frontaliers tout au bord de la galaxie où les étoiles s’affaiblissaient et s’éloignaient. Ce n’était pas un conflit limité à un seul monde ou champ de bataille et combattu par une seule armée, mais une véritable croisade menée par des millions et des millions de guerriers à travers des dizaines de mondes qui allait laisser une traînée de mort et de destruction bien pire que tous les fameux massacres des premières années de l’Hérésie d’Horus. Le Maître de Guerre avait laissé libre cours aux cauchemars et à la folie qui sévissait dans le Night Haunter, les Night Lords allaient sculpter une ruine sanglante à travers les étoiles de la Frange Orientale, laissant peu de ses mondes non marqués par leur prédation. Ce sera un héritage de terreur qui s’attardera dans ces régions ignorées pour les millénaires à venir, bien plus longtemps que les rumeurs lointaines de la destruction déclenchée à Isstvan et plus tard à Terra elle-même.

Cependant, il ne s’agissait pas d’une guerre d’anéantissement sans but précis, une campagne menée uniquement pour se délecter du massacre qu’elle provoquait ; elle avait plutôt plusieurs objectifs fixes. Le plus important était la capture et la domination des trois forges de Triplex. Ces trois Mondes-Forgée étroitement liés : Galatia, Phall et Thule, produisaient une abondance de munitions et de machines de guerre, suffisamment pour submerger le cordon que Rogal Dorn avait placé autour de Terra et submerger la planète en nombre. En second lieu, il y avait la capture de Thramas et des mondes très peuplés qui l’entouraient, ce qui allait fournir au Maître de Guerre une vaste réserve de soldats à sacrifier sur l’autel de la guerre. Armées de la production de Triplex et d’autres Mondes-Forges de l’Architraître, les populations de ces mondes recrutées de force allaient servir de chair à canon dont Horus aurait besoin pour sa grande rébellion. Ces mondes restants, les forges mineures et les petites colonies qui abondaient aux confins de l’espace connu, ne serviraient guère plus qu’à être de petites récompenses et offrandes à la nature sanguinaire des Night Lords.

Ce sera une guerre différente de celles qui ont eu lieu dans les premières années de l’Hérésie d’Horus, une guerre qui ébranlera les fondations de l’Imperium. Elle était devenue plus qu’une simple rébellion, plus qu’une brève bataille pour le trône où les armées de la Grande Croisade se sont déchirées, mais une confrontation dans laquelle le tissu même de la civilisation humaine avait été déchiré. Non seulement les frères s’affrontèrent, mais les guerriers, jadis loués comme les sauveurs de l’Humanité, s’acharnaient sur ce qu’ils avaient créé. Le rêve d’un empire d’or allait mourir, assassiné par ceux qui avaient jadis juré de donner leur vie pour le créer. Avec sa mort serait scellé le destin de l’Imperium - condamné à une lente et persistante disparition. Ce serait le véritable héritage de la Croisade de Thramas, un héritage écrit dans les enveloppes brûlées de colonies autrefois florissantes et les restes brisés de fiers Mondes-Forges sur les territoires frontaliers de l’Imperium.[6]

Le Prix de la Défiance

La Folie de Konrad Curze[7]

L’histoire a souvent vu le Night Haunter comme l’exemple le plus évident du mal dans les rangs des Primarques renégats. Après tout, ses penchants sanglants et son affection pour la torture étaient bien connus de ses frères. Pire encore, la destruction brutale de son monde natal, Nostramo, l’incarcération subséquente sur Terra et l’agression de son frère Rogal Dorn, qui n’était pas encore connue du grand public dans les dernières années de la Grande Croisade, ont été des événements marquants. Pourtant, ce n’était là qu’une petite partie de la tragédie de Konrad Curze, dont le fardeau était d’avoir été trop le fils de son père.

Comme plusieurs de ses frères, Curze avait hérité d’un fragment du discernement de l’Empereur, un minuscule éclat de Sa vision et un défaut dans Son interprétation de Sa clairvoyance. Car là où l’Empereur pouvait voir tous les futurs et tracer une voie à travers eux, Curze ne voyait qu’un seul bout de l’ensemble, un sombre chemin d’échec et de mort qui assombrissait son esprit et obscurcirait son but. Quels que soient ses succès ou ses réalisations, quelle que soit la distance qui le séparait de l’ignominie et de l’honneur de son enfance dans les rues infâmes de Nostramo, ses visions ne changeraient jamais, lui montrant toujours le même sombre destin. Cela le conduisit lentement vers la folie.

Dans les dernières années de la Grande Croisade, il se trouvait à la limite de la folie et personne ne pouvait connaître ses véritables raisons de se joindre à la rébellion d’Horus. Était-ce un désir de faire une dernière tentative pour se libérer du destin qu’il voyait pour lui-même et pour l’Imperium, ou un simple besoin de se débarrasser des visions dans le sang et la mort ? Tout ce qui est certain, c’est que lorsqu’il est parti à la guerre à Thramas, il n’était que l’ombre du guerrier et du général qu’il avait été autrefois. Le but qu’il avait recherché par la ruine de Nostramo l’avait accablé de désespoir et de colère, et son âme fut vidée. Même en tant que père de la VIIIe Légion, il cherchait un nouveau but, tout comme ses fils, désormais privés de tout guide, à l’exception de leur propre nature sanglante et de leur terrible passé. Certains se souvenaient encore de l’époque de la Grande Croisade, où ils s’étaient présentés comme une Légion, une armée de frères, et avaient cherché à construire un royaume meilleur que celui qui les avait engendrés, tandis que d’autres ne recherchaient que la libération rouge de la mort et du massacre, un empire de cadavres et de sang. Curze étant perdu dans ses rêves sombres et ses vieilles obsessions, ce sont ses fils qui tracèrent le chemin de la Légion, certains cherchant à rendre à leur seigneur son ancienne splendeur sombre et d’autres à le plonger dans la folie pour toujours. La guerre pour Thramas et les mondes de l’Est furent aussi une guerre pour l’âme d’une Légion et le destin d’un Primarque.

Elle commencerait tranquillement, presque inaperçue dans la panique et l’incertitude qui ont balayé la galaxie à la suite des atrocités de Isstvan. Les Night Lords retournèrent à leurs anciens lieux de pouvoir, aux ruines de Nostramo et aux vastes Cités-Ruches de Cairn et Kruun, repus du pillage de Isstvan et rêvant de revendiquer une place de gloire dans le nouvel ordre d’Horus. Ces mondes avaient longtemps souffert sous la tutelle des Night Lords, les lois strictes du Night Haunter avaient été corrompues par le temps et la dégradation de sa Légion en un système sévère de meurtres d’honneur et de corruption. Ayant appris depuis longtemps le terrible prix de la défiance, ils offrirent sans hésiter leurs fils et leurs filles pour servir le Maître de Guerre, non par loyauté mais par crainte de la punition que tout refus entraînerait pour eux. Mais ce furent les derniers vestiges de systèmes qui avaient été vidés de leur sang depuis longtemps. En peu de temps, les Night Lords se tournèrent vers Thramas, ayant réapprovisionné les rangs de leurs esclaves et les cales de munitions de leurs flottes avec le sang du secteur de Nostramo, abandonnant les restes de Nostramo et celle du dominion épuisée confiée à leurs soins par l’Empereur afin qu’ils puissent revendiquer un royaume plus approprié à leur nouvelle ambition aux côtés du Maître de Guerre.

Thramas et ses environs, situés à une courte distance du secteur de Nostramo, n’étaient pas étrangers aux Night Lords. La chaîne de mondes habités qui reliait les deux secteurs était connue sous le nom de Route de la Dîme, ou Chemin des Larmes, car le long de cette route, les Night Lords pratiquaient depuis longtemps des pèlerinages annuels pour réclamer le tribut de leur protection et de leur patronage, prenant ceux qui avaient survécu à leurs brutales épreuves initiatiques. Premier arrêt sur cette Route de la Dîme, Tsagualsa avait enduré les exigences des Night Lords pendant près d’un siècle, abandonnant la fine fleur de sa maigre population pour servir les caprices de Konrad Curze et, lorsque les Night Lords revinrent dans les derniers mois de 007.M31, ils étaient prêts à offrir ce qu’ils pouvaient aux guerriers qui avaient conquis la galaxie au nom de l’Empereur. Cependant, cette fois, les Night Lords n’étaient pas venus avec le sceau d’or de l’Empereur, mais avec les termes sinistres de la tristement célèbre Conformité Noire d’Horus. Ils exigeaient de Tsagualsa tous les citoyens pouvant porter des armes ou servir d’esclave à la Légion, et revendiquaient les quelques ressources que possédait ce monde petit et insignifiant. Ils ont exigé la mort à Tsagualsa pour apaiser la faim de la guerre et soutenir les Night Lords, et n’ont offert qu’une courte vie de sang et de labeur en échange. Les robustes colons frontaliers de Tsagualsa hésitèrent à abandonner leur vie, leur famille et leur maison pour la gloire d’un Maître de Guerre renégat et d’une bataille lointaine pour une planète qu’ils n’avaient jamais vue, mais avec à peine quelques régiments de milice pour se défendre, ils ne pouvaient que supplier les Night Lords de renoncer.

Avec une indifférence désinvolte, les Night Lords s’abattirent sur Tsagualsa après son refus des conditions du Maître de Guerre, aussi désireux de faire de ce monde un exemple que d’imposer leur loi et s’emparer de sa petite richesse. Tsagualsa brûla ; ses rares défenseurs furent massacrés dans un affrontement qui ne pouvait être qualifié de bataille, car ce n’était guère plus qu’un massacre, les Night Lords écrasant ceux qui osaient leur résister avec une facilité méprisante et s’adonnant aux pratiques sinistres dont ils étaient devenus tristement célèbres. En une seule nuit de sang et de mort, la population de Tsagualsa avait été conduite dans les fosses des fils de Curze et avait payé le prix de la défiance. Quelques centaines de personnes furent autorisées à s’échapper sur d’anciens navires spatiaux et décrépits afin de faire connaître l’approche des Night Lords et le terrible tribut qu’ils allaient imposer à ceux qui choisiraient de s’opposer à eux. Sur les ruines des villes détruites de Tsagualsa, les Night Lords posèrent les fondations d’une nouvelle citadelle pour remplacer leurs possessions perdues sur Nostramo, une déclaration aux mondes de la Frange Orientale selon laquelle les Night Lords n’étaient pas venus simplement comme pilleurs ou messagers mais comme conquérants et seigneurs. Tsagualsa ne sera que le début de cette campagne de terreur, avec des bandes de Night Lords - souvent à peine plus qu’un croiseur solitaire et quelques compagnies de la VIIIe Légion - qui se répandirent dans les mondes isolés le long du Chemin des Larmes et offrant à chaque monde le même choix brutal : se livrer totalement à la volonté des Night Lords et du Maître de Guerre ou regarder leurs foyers brûler et les gens mourir. En l’espace de quelques mois, les frontières du secteur voisin de Thramas et du Protectorat de Gulgorahd se sont remplies de navires de réfugiés surchargés et de terribles histoires de sang et de mort.

Face à aux massacres perpétrés par les fils de Konrad Curze, certains ont résisté ave l’énergie du désespoir.

De telles atrocités étaient une caractéristique commune du style cruel de guerre poursuivi par les Night Lords, un stratagème que la Légion avait à l’origine poursuivi avec une logique froide, cherchant à saper la volonté de l’ennemi par la peur et la terreur, mais auquel beaucoup au sein de la Légion jouissaient maintenant avec une joie sauvage du massacre et de la mort, indépendamment du fait que cela leur accordait aucun avantage militaire. En effet, la Légion avait longtemps souffert d’un lent déclin de la qualité de ses recrues, la lie de Nostramo et les mondes sordides environnants venant à dominer nombre de ses rangs. Ce qui avait été une armée vouée à l’application impitoyable de la justice et du châtiment s’apparentait peu à peu à une foule indisciplinée ; l’ordre autrefois strict de la Légion devenant une association lâche de bandes et de gangs de guerre. Même son Primarque, Konrad Curze, était tombé dans un malaise étrange, renonçant de plus en plus à ses devoirs envers sa Légion pour se livrer à des caprices sanglants et à des impulsions morbides tout en permettant aux différents chefs de guerre parmi les Night Lords de s’approprier plus de pouvoir. Il devenait chaque jour plus distant et plus morose, hanté par des visions d’un avenir qu’il refusait de révéler même au plus fidèle de ses fils et d’un destin qui lui volait toute émotion autre qu’une haine malveillante. Au début de l’empiétement de la Légion dans le secteur de Thramas, les Night Lords étaient divisés entre deux factions informelles : les rares qui se souvenaient encore de la Légion telle qu’elle était et qui s’efforçaient de la préserver ainsi que son maître, et ceux qui ne cherchaient qu’à céder à leur nature sanguinaire sans l’intervention du Night Haunter.

C’était cette dernière faction qui avait pris la tête lorsque les Night Lords se sont tenus aux frontières du secteur de Thramas, brûlant et tuant pour le simple plaisir de la chose. Le chef de ces guerriers était le Nostramien Nakrid Thole, un critique sans détour de son Prirnarque et un chef de guerre charismatique qui s’était attiré un grand nombre de disciples parmi les nouvelles recrues. Ses guerriers avaient dirigé la reconstruction du Chemin des Larmes et ont fait de son nom une réalité, avant de tourner leur regard avide vers les plus riches récoltes du secteur de Thramas. Ces mondes constituaient la dernière frontière de l’Imperium avec l’inconnu et étaient défendus par les régiments de la Garde de Nuit de Thramas de l’Auxilia Solar, des hommes et des femmes qui avaient longtemps combattu pour assurer la sécurité à leurs foyers loin du cœur animé de l’Imperium. Pourtant, les récits de malheurs apportés par les réfugiés qui étaient venus dans le monde capitale de Thramas racontaient le sort de ceux qui avaient résisté et, le monde de Thramas lui-même étant silencieux face à la déclaration de domination d’Horus sur l’Imperium, peu de gens parmi les habitants de cette lointaine frontière souhaitaient provoquer la colère des sanglants émissaires d’Horus. De nombreux mondes frontaliers étaient tombés dans l’hystérie bien avant l’arrivée des Night Lords. Les guerriers de Thramas, désormais indésirables sur les mondes qu’ils avaient juré de protéger, ont jugé qu’il s’agissait d’une force juste assez importante pour justifier la destruction, mais pas assez puissante pour s’opposer aux seules compagnies de pillage des Night Lords. Plutôt que d’apporter la destruction aux populations des marches frontalières, de nombreux régiments de la Garde de Nuit abandonnèrent leurs bases et s’embarquèrent sur des navires à destination de Thramas, ne laissant derrière eux rien d’utile aux Night Lords et confiant le sort des mondes qu’ils avaient jadis tenus en sentinelle à la milice planétaire et aux Gouverneurs. Quelques-uns acceptèrent le mandat du Maître de Guerre et lui rendirent hommage, préférant le manteau du rebelle à l’amère fierté du martyr, tandis que d’autres dissimulèrent leur arsenal dans des caches et se réfugièrent à la vue de la population, dans l’espoir d’attendre la fin de cette tempête sauvage. En l’espace de quelques mois, les Night Lords étaient devenus les maîtres incontestés de près de la moitié du secteur de Thramas, de Tsagualsa au nord galactique, jusqu’au carrefour clé du monde de Crucible, aux portes mêmes de Thramas.

Ici, Nakrid Thole et ceux qui l’avaient suivi s’étaient arrêtés pour se livrer une fois de plus à leur obsession sanglante, faisant des exemples macabres du moindre signe de résistance et prenant un plaisir terrible à la lente destruction de ceux qui offraient un défi ouvert. La vaste place de Serk, jadis remplie de statues dédiées aux héros de la Grande Croisade, fut transformée en une maison charnelle gorgée de sang lorsque le Gouverneur refusa de défigurer les monuments des Légions restées fidèles à l’Empereur. Nakrid Thole a lui-même drapé la peau écorchée du Gouverneur sur la statue de Dorn après une courte bataille à sens unique pour s’emparer du palais de Serk, la milice planétaire ne faisant pas le poids face à ses Night Lords. Le Night Haunter lui-même s’était rendu dans les dômes des Ruches de Makator V, cherchant à imposer une dîme de sang pour la richesse que ses marchands avaient longtemps affichée. C’était une reconstitution grossière et avilissante de sa jeunesse sur Nostramo, une libération sanglante des visions qui le tourmentaient, mais qui ne pouvait pas dissiper le malaise qui le poussait vers la folie et le désespoir.[8]

La Clé de Voûte de la Victoire

La Guerre Cachée[9]

Triplex, bien que perçu comme unifié par les étrangers, a longtemps été déchiré par la dissidence. Triplex Phall s’était renforcé grâce au butin de la Grande Croisade, à laquelle elle avait offert l’utilisation d’un fragment de la Legio Victorum sur ordre d’Horus Lupercal, et avait dépassé les forges de ses frères tant en termes de pouvoir que d’influence. Triplex Galatia se contentait d’être alliée à sa sœur pour recevoir à son tour les faveurs du nouveau Maître de Guerre et les ressources des mondes lointains capturés par ses armées, mais Triplex Thule ne s’intéressait guère aux gloires de tierces parties et à la générosité des deux autre mondes. Au lieu de cela, même dans les jours précédant la ruine de la Grande Croisade, elle mena une guerre silencieuse contre Phall, cherchant à suborner la loyauté de ces mondes autour de Triplex tandis que les guerriers et les Magos de Phall voyageaient dans des systèmes lointains et mettaient en place des agents de l’ombre au sein de ses réseaux pour corrompre et ralentir ses travaux.

Avec le temps, de tels efforts auraient pu porter leurs fruits, faire basculer le destin en leur faveur et mettre Phall sur la voie du déclin, mais le temps était un atout que même les arts ésotériques des Technoprêtres ne pouvaient pas totalement maîtriser. Lorsque Horus a libéré les liens de loyauté de ceux qui se considéraient comme ses serviteurs, il avait avant tout accordé à Phall une opportunité qui lui avait été refusée depuis longtemps par les lois de l’Empereur et de Mars. Ces dirigeants déclenchèrent la pleine puissance de leurs armées sur Thule et les quelques alliés qu’elle avait gagné de son côté, des armées dont les compétences mortelles avaient été affûtées sur un millier de champs de bataille à travers les étoiles. Les ombres et les subterfuges n’avaient guère aidé les Magos de Thule, ceux qu’ils avaient cru pouvoir appeler des alliés les avaient abandonnés face à la défaite totale et Galatia détourna le regard du massacre de sa forge sœur. Comme Horus le leur avait appris lors de la Grande Croisade, les Magos de Phall avaient fait valoir leur droit de régner sur Triplex par la force des armes.

Alors même que les fils les plus sanguinaires du Night Haunter exhortaient leur maître à des exploits de carnage toujours plus grands, ceux qui se souvenaient encore de leur devoir se rendirent dans le secteur Triplex. Ce fut la clé des plans d’Horus pour la Frange Orientale, la vaste manufacture et les habiles forges du système Triplex étaient plus que capables de créer une armée adaptée aux objectifs du Maître de Guerre. Avec trois Mondes-Forges complets au sein du système Triplex, il disposait d’une force armée plus que capable de repousser un assaut qui serait inférieur à l’ensemble de la VIIIe Légion au complet, et même dans ce cas, une telle bataille laisserait probablement la précieuse infrastructure industrielle en ruine. Menés par le seigneur des Atramentars, Sevatar, et d’autres des plus anciens commandants du Night Haunter, dont beaucoup avaient leurs origines sur la lointaine Terra, les Night Lords comptaient quatre Chapitres complets, une force à la fois trop importante pour de simples raids et insuffisante pour un assaut à grande échelle. En pénétrant dans l’espace réel, la flottille des Night Lords était entrée dans Triplex en plein ordre de bataille, préparée à tout, sauf peut-être à ce qu’ils allaient y trouver.

Triplex n’était pas prêt à poursuivre une guerre, mais se trouvait au contraire au milieu du travail de redressement au lendemain d’un conflit pratiquement terminé. Triplex Thule, la plus petite des trois forges du système et longtemps la plus ardente dans son soutien à l’Empereur et à Ses œuvres, avait été soumise par ses sœurs dans un conflit court et amer. Le système était jonché de ses signes ; les coques des vaisseaux brisés et les cadavres des Titans tombés dans les plaines de Thule, et surtout les forteresses du Mechanicum, l’Œil d’Horus flottant aux côtés des bannières de l’Opus Machina. Il ne restait plus qu’à détruire les derniers bastions des Magos de Thule, tâche à laquelle les Night Lords se sont attelés avec plaisir, désireux de consolider leur alliance avec les dirigeants de Triplex qui cherchaient à s’allier aux Traîtres.

La bataille finale de l’asservissement de Triplex s’était déroulée dans le monde le plus éloigné du système, la stérile Nehren. Ici, la forteresse finale des Magos de Thule était enfouie dans la roche gelée, gardée d’en haut par les dernières manipules de la Legio Victorum III, les Foe Breakers, ainsi que par plusieurs batteries de canons de défense orbitale et de l’intérieur par les restes des Automates et Serviteurs de cette forge tombée au combat. Jusqu’à présent, le canon de défense avait tenu en échec la flotte du Mechanicum renégat, les vastes transporteurs de la Legio Victorum I et II hésitant à risquer leur précieuse cargaison face au bombardement de la surface, mais l’arrivée des Night Lords avait permis de sortir de l’impasse. Les Terminators de l’Atramentar, avec Sevatar à leur tête, risquèrent un assaut de téléportation au cœur de la forteresse souterraine pour frapper les réacteurs du canon. Avec la majorité des défenseurs rassemblés aux portes et aux entrées, les Night Lords ne rencontrèrent qu’une faible résistance et capturèrent et désactivèrent rapidement le grand canon.

Une fois cette dernière défense supprimée, les Titans de la Legio renégate Victorum ont commencé l’anéantissement de leurs anciens frères. À la surface de Nehren, les Foe Breakers, fidèles à leur dernier souffle, avancèrent contre cinq fois leur nombre, déterminés à prélever un tribut digne de leur extinction. Alors même que les géants se battaient en duel jusqu’à la mort, les Night Lords s’enfonçaient plus profondément dans la forteresse pour défier l’Archimagos de Thule. Sevatar lui-même a vaincu les sentinelles automates qui gardaient l’Archimagos et l’a fait prisonnier, un triomphe martial pour lequel il a refusé toute récompense, apparemment déconcerté par l’offre. Triplex étant désormais fermement entre les mains des Archimagos renégats de Galatia et de Phall, ils ont conclu une alliance avec le Maître de Guerre et les Night Lords, offrant le service de leurs armées et les produits de leurs manufactures afin de partager la gloire de sa victoire sur Mars et l’Empereur.

Insatisfait du massacre auquel il s’était livré, Konrad Curze arrivera en retard à la victoire de Triplex, ayant laissé à Nakrid Thole le soin de poursuivre la capture de Thramas. Il avait suivi la trace de ses fils loyaux, attirés par la mort et la destruction qui avaient eu lieu sur Triplex. Tout comme son fils préféré Sevatar avait refusé les largesses des Archimagos, Curze avait également fui leurs louanges et leurs flatteries mesquines en cherchant à s’attirer les faveurs du représentant du Maître de Guerre. Au lieu de cela, il prit l’Archimagos de Thule captif comme un trophée vivant, pratiquant le sinistre commerce de la torture sur le potentat sans défense dans la solitude de son sanctuaire à bord du Nightfall, le vaisseau amiral de sa flotte. Bien que les fondations d’une nouvelle forteresse pour les Night Lords aient été posées sur le monde lointain de Tsagualsa, c’était Triplex qui avait accueilli le Night Haunter et le noyau de sa Légion pendant une grande partie de la campagne, bien que le Primarque lui-même ait été le plus souvent trouvé enfermé dans son sanctuaire caché, les rênes du leadership étant laissées aux seigneurs de guerre individuels de la VIIIe Légion. Malgré cela, il semblait que les Traîtres avaient pris fermement le dessus dans le conflit, sans opposition ouverte à leur assaut, sauf pour des massacres épars et des rébellions de courte durée.[10]

La Reddition, c'est la Mort

L’Incident de Sheol[11]

De tous les records de cette époque, c’est le combat sur Sheol III qui rend le mieux compte de la folie qui menaçait de submerger les Night Lords. Modeste Monde-Ruche, qui n’avait atteint sa pleine croissance que récemment, Sheol III était une riche récompense pour toute bande de guerre qui le revendiquerait, ses habitants étaient robustes et bien adaptés au recrutement et ses usines fonctionnaient au maximum de leur efficacité - mais ce n’est pas un seul seigneur de guerre des Night Lords qui est venu sur Sheol, mais deux. Les Yeux Noirs et les Désossés étaient tous deux de nouveaux Chapitres - constitués presque entièrement de la dernière vague de recrues de Nostramo et toujours en manque d’hommes et d’armure lourde - tous deux ambitionnant d’avoir une part du butin de guerre. Se rencontrant dans les entrailles de la Ruche, un cadre représentant les guerriers des deux camps, les deux Préteurs tentèrent de régler la question de savoir qui récolterait les richesses de Sheol, mais un seul reviendrait vivant après avoir fait taire son rival à la manière traditionnelle des gangers de Nostramo. En quelques jours, les Ruches de Sheol n’ont accueilli ni une invasion, ni même une purge sanglante, mais un conflit si brutal qu’on ne peut même pas le qualifier de guerre civile. Les deux Chapitres des Night Lords se sont déchirés avec une violence plus proche de celle des animaux que des hommes, les Yeux Noirs ne laissant que quelques éléments en lambeaux des Désossés, brisés et détruits, leur offrant de changer de couleur et rejoindre les Yeux Noirs victorieux. Sans seigneur pour les guider ni même un ennemi extérieur pour les rassembler, les Night Lords s’étaient retournés entre eux sans réfléchir ; c’était peut-être une vision de ce qui allait arriver une fois qu’Horus aurait gagné sa guerre.

Nakrid Thole, bien que n’étant pas un vétéran de la Grande Croisade qui a duré des siècles, connaissait bien la valeur de la terreur et la meilleure façon de la manier. C’était une leçon gravée dans l’âme des fils de Nostramo de Curze, un monde qui avait été détruit par les lois et les punitions sévères du Night Haunter. Lui et les autres Préteurs et seigneurs de guerre de la faction mécontente de la Légion avaient semé les graines de la peur dans les sous-secteurs les plus faibles de l’espace Thramassi et étaient maintenant prêts à récolter les fruits de leur labeur, s’emparant des dernières clés de voûte de la Frange Orientale, du petit Monde-Forge de Gulgorahd au Monde-Ruche de Thramas, joyau des marches frontalières. Dans leur orgueil, les seigneurs de guerre alliés à Thole ont jugé que les mondes qui restaient n’offriraient aucune résistance réelle, effrayés et accablés par les foules de réfugiés que la campagne de terreur qui s’était abattue sur les marches frontalières avait poussées vers eux, et ont envoyé des forces symboliques pour en prendre le contrôle. Car avec le Night Haunter diminué par la malédiction de la prévoyance et isolé dans Triplex, il n’y avait aucune force pour unifier les Night Lords et les lier à un autre but que la simple boucherie, aucune pour les empêcher de se dissoudre et de sombrer dans la folie. Chacun des seigneurs de la guerre qui avait choisi de ne pas suivre Curze à Triplex avait choisi une voie pour lui-même, sans se soucier des plans d’Horus ou de ses frères, cherchant seulement à assouvir les pulsions sanglantes de ses adeptes et à s’emparer d’un territoire qui lui était propre.

Une alliance lâche de plusieurs Chapitres se déplaça sur les frontières fermées du Protectorat de Gulgorahd, attendant la reddition rapide de la petite forge, tout comme la grande puissance de Triplex avait plié le genou devant le Night Haunter, tandis que Thole réclamait l’honneur d’accepter la reddition de Thramas pour lui seul. Avec une force ne représentant guère plus qu’un seul Chapitre et un escadron de trois croiseurs, il mit le cap vers le système de Thramas, son arrivée étant retardée par une soif de destruction qui vit sa flotte s’arrêter sur un certain nombre de mondes plus petits le long de leur parcours. Le système Thramas ne ressemblait à aucun des petits mondes frontaliers, car il servait de station de passage majeure pour les détachements de la Grande Croisade qui se dirigeaient vers le golfe de l’Est, l’espace sombre à la limite de la galaxie et, en tant que tel, il possédait une constellation de défenses planétaires assez puissante pour tenir à distance toute flotte conventionnelle, ainsi que plusieurs petites Flottes Expéditionnaires qui attendaient des ordres dans les cales sèches orbitales et les stations de rassemblement aux points zénith et nadir du système local.

En surface, ses défenses étaient tout aussi redoutables, ses vastes Ruches ressemblant davantage à des forteresses qu’à des villes, enveloppées dans des gradins de fortifications en béton armé et des Boucliers Voids crépitant, et défendues par une foule de régiments de l’Armée Impériale, tant la Garde de Nuit de Thramas que les unités destinées à la Grande Croisade mais désormais piégées sur Thramas. C’était une véritable citadelle planétaire destinée à repousser toute incursion des envahisseurs Xenos ou des horreurs du vide extérieur, mais tout aussi capable de tenir à distance la petite flotte de Thole si elle était confrontée à eux en combat ouvert - mais, à l’approche de Thole et de ses navires, les canons sont restés froids et les guerriers de la Grande Croisade sont restés oisifs dans leurs casernes.

Thramas, bien que fortifiée et renforcée contre les bombes et les obus, avait été mise à terre par une arme bien plus insidieuse. La peur s’était emparée de son peuple et du sénat de Thramas ; les hordes de réfugiés brisés avaient semé les graines de leur désespoir, chaque vague successive apportant de nouvelles histoires de malheur et la nouvelle de mondes supplémentaires ruinés pour le péché de résistance. Terra se taisait et la nouvelle du massacre des Légions Loyalistes à Isstvan avait été largement diffusée par les agents d’Horus. Thramas croyait être seule face à une tempête qu’elle ne pouvait pas espérer affronter. La Régente de Thramas, Mayvin Khelen, pesa le pour et le contre de la loyauté et de la traîtrise, par rapport à la valeur de la vie de ses citoyens, car si Thramas se levait pour défendre l’Imperium et le rêve d’unité de l’Empereur, elle le paierait du sang de chacun de ses fils et filles. Alors que les croiseurs des Night Lords se profilaient en orbite, il semblait à tous ceux qui étaient présents que Thramas tomberait sans tirer un seul coup de feu et que les richesses de la Frange Orientale seraient revendiquées par Horus. Nakrid Thole et sa garde d’honneur descendirent de leurs transports dans une ville consumée par le désespoir, ses rues encombrées par les guerriers de la Garde de Nuit, rassemblés à travers le secteur par l’avancée des Traîtres, en colère et impuissants face à l’hégémonie des Night Lords sur le secteur. Sans alliés, ils ne pouvaient que périr, toute volonté de venger les atrocités commises par les fils de Curze étant tempérée par la conscience qu’il en coûterait à ceux qu’ils avaient juré de protéger leur vie même. Nakrid Thole portait le manteau de sa victoire avec une arrogance qui suscitait la haine de tous ceux qui observaient sa lente approche du palais, et avec des gantelets encore tachés d’un brun terne par le sang des innocents et des loyaux serviteurs de l’Empereur, il s’empara des grandes portes de cuivre du palais de la Régente et les ouvrit pour recevoir son dû.

Puis, une seule frégate battue, dont la coque avait été brisée par des tirs d’armes et éclairée par la terrible éruption de feux internes, est apparue à travers une brèche dans l’espace réel et transmis un message vox à travers le système de Thramas et qui portait le sceau de la petite forge de Gulgorahd à travers le système Thramas :

La guerre est une simple équation ; sa solution est la victoire ou la mort.
Ceux qui ne peuvent pas triompher sont réduits en poussière par les rouages de l’histoire, car ce n’est que dans la victoire que l’on trouve la vie. Quelle que soit la force de l’ennemi, résister même face à l’anéantissement est la seule ligne de conduite logique. La reddition n’est qu’une résolution plus lente de l’équation, une fin persistante et douloureuse de la lutte.
Gulgorahd ne se rendra jamais.
La reddition est la mort.[12]

La Nuit Tombe

La Logique de la Haine[13]

Gulgorand est un nom peu prononcé dans les grands noms de l’histoire. Petit Monde-Forge à la lisière de l’espace de l’Imperium, il a traversé la Longue Nuit avec une détermination sans faille et une résistance brutale, sacrifiant ce qu’il fallait et se battant où il peut. Lorsque les flottes de l’Imperium ont remis de l’ordre dans la Frange Orientale, relié les colonies dispersées et colonisé de nouveaux mondes, Gulgorand avait espéré un retour de la gloire pour découvrir que l’Imperium et Mars avaient favorisé le puissant Triplex au détriment de Gulgorand. Triplex, situé plus loin des turbulentes tempêtes Warp des "Astres Fantômes", avait connu bien moins de difficultés tandis que Gulgorand se tenait face aux hordes de Xenos qui l’habitaient, et c’était la bravoure de Gulgorand qui avait donné naissance à la richesse de Triplex. Cette insulte engendra une rivalité unilatérale qui dura un siècle - Triplex ne daignant jamais remarquer la petite Gulgorand alors qu’elle sombrait lentement dans l’obscurité.

Lorsque les Night Lords sont arrivés aux frontières des territoires stériles de Gulgorand, si sûrs de la force de leurs flottes et de la puissance de leurs nouveaux alliés, ils ont supposé que les Magos de Gulgorand se rendraient face aux difficultés insurmontables qui se présentaient devant eux. Ils pensaient qu’avec l’alignement de Triplex sur Horus, les serviteurs du Mechanicum, qui avaient l’esprit pratique, leur emboîteraient le pas. Ce fut une erreur fatale. Les Night Lords ont sous-estimé la véritable force cachée sous l’extérieur rouillé des possessions de Gulgorand, n’ont pas noté la force de ses mondes fortifiés et sa haine totale et dévorante de Triplex. Alors que les Night Lords étaient en orbite autour du Bastion-019, le plus éloigné de ses mondes forteresses, attendant la réponse qu’ils savaient devoir venir de la planète d’en dessous, qui était restée silencieuse et endormie depuis la fin de la Vieille Nuit, elle se réveilla une fois de plus. Les armées d’automates frémirent de vie et se rassemblèrent dans les salles souterraines, tandis que les hommes montaient dans leurs Chevaliers et se préparaient à la guerre, et les canons qui n’avaient été utilisés depuis près d’un siècle rugirent à nouveau. Le croiseur des Night Lords Callow Flame explosa, réponse des seigneurs de Gulgorand à Horus : ils ne se souciaient pas de l’Empereur, mais ceux qui prenaient Triplex comme ami étaient toujours les ennemis de Gulgorand.

Les lourdes portes du palais de la Régente sur Thramas s’ouvrirent sur une scène à laquelle Thole ne s’attendait pas, la vaste salle du trône était remplie des membres du sénat Thramassi et des guerriers de la Garde de Nuit, mais quelque chose avait changé. La peur n’était plus aussi forte, les vétérans de l’Auxilia Solar ne baissaient plus la tête et ne se recroquevillaient pas devant les Night Lords, mais affichaient leur haine avec une nouvelle détermination. Pourtant, Thole était des Legiones Astartes, la haine des guerriers mortels n’était rien pour lui et la victoire plus chère que la vie. Il s’avança dans le long couloir, dont les murs étaient tapissés des bannières des victoires de la Grande Croisade et de la fière histoire de Thramas en tant que bastion de l’Empereur et de Son rêve d’unité, devant les guerriers qui avaient bâti un empire aux confins de la galaxie aux côtés de ces héros qui gisaient maintenant morts dans la poussière de la lointaine Isstvan V. Il s’inclina d’un air moqueur devant le trône de la Régente. Là, au cœur du domaine de son ennemi, il ne connaissait aucune crainte, seulement une certitude dans son propre succès et la puissance de la peur qu’il avait semée à travers les étoiles de la Frange Orientale. Il exigea la reddition inconditionnelle de Thramas et de tous ses domaines, au nom du Maître de Guerre, de Konrad Curze et des Night Lords. En retour, Mayvin Khelen, dernière Régente de Thramas, prononça un seul mot : « Non. »

À ses côtés, Arcturus Morhde, Capitaine-Général des régiments de la Garde de Nuit et vétéran terran de la Grande Croisade, dégaina le pistolet archéotechnique qui lui avait été offert par la cour de Terra en récompense de sa fidélité et vida son chargeur dans le visage ébahi de Thole. Autour de lui, l’élite de la Garde de Nuit, l’Ost de Minuit, activa ses Haches Énergétiques et chargea dans les rangs de la garde d’honneur des Night Lords, qui les a affronté avec des Épées Tronçonneuses rugissantes. La salle du trône se transforma en un chaos de lames clignotantes et de coups de feu, les Night Lords se frayant un chemin hors du palais, le corps infirme de leur seigneur porté parmi eux, tandis que la ville prenait les armes au nom de l’Empereur. Partout sur la planète et sur les stations en orbite, des régiments se préparaient à livrer bataille, certains étant appelés aux armes par des appels vox provocatrices depuis le palais, d’autres par les ordres de leurs propres officiers et d’autres encore par simple instinct alors que la ville sombrait dans le chaos. Les régiments qui avaient fait preuve de loyauté envers le Maître de Guerre ou qui avaient plaidé pour se rendre aux Night Lords se trouvèrent soudain attaqués par les unités de la Garde de Nuit ou de la Grande Croisade dont la loyauté était envers l’Empereur, et des foules de citoyens et de réfugiés vengeurs prirent les armes pour se venger des mois de tourments infligés par les Night Lords. Le petit détachement des Night Lords que Thole avait laissé au port spatial pour sécuriser leurs transports fut submergé par l’assaut des Hussards Antikaan, dont les bannières portaient la marque des Imperial Fists avec lesquels ils avaient longtemps combattu, tandis que d’autres bandes de Night Lords qui s’échappaient du palais étaient pourchassés et harcelés à travers la ville par l’Ost de Minuit. La mort domina la ville pendant toute la longue nuit Thramassi, avec des batailles en cours et des sièges désespérés qui se sont déroulés partout dans le monde à la suite de la soudaine déclaration de guerre de la Régente.

En orbite, les gardes du corps Terminators des Night Lords survivants de Thole et le Préteur lui-même, horriblement blessé, avaient à peine atteint la sécurité de leur croiseur, ayant capturé une navette Thramassi dans les baies d’atterrissage en haut de la spire du palais, lorsque le macro-canon et les lasers de défense de la planète en surface ouvrirent le feu. Des faisceaux d’énergie et d’immenses explosions ont rendu le ciel nocturne de Thramas aussi lumineux que midi, les boucliers des croiseurs s’embrasant et se déformant sous le barrage soutenu avec peu de puissance à disposition pour toute contre-attaque. Dans les stations orbitales autour des vaisseaux des Night Lords, les différents vaisseaux des flottes de la Grande Croisade à l’ancre se sont réveillés avec l’éclatement soudain du conflit, beaucoup d’entre eux étant assis à des postes de combat depuis l’arrivée des Night Lords dans le système. Certains, comme le Crimson Tyrant, un ancien croiseur de combat de classe Visigoth qui avait combattu à de nombreuses reprises sous les ordres d’Horus Lupercal, s’est dégagés des amarres fixées par les officiers Thramassi et a ouvert un chemin pour venir en aide aux Night Lords. D’autres se sont retrouvés embarqués à l’ancre par les guerriers de la Garde de Nuit et pris comme prix par la cause Loyaliste, leurs équipages de commandement exécutés et leurs matelots contraints au service de la Régente et de l’Empereur. La plupart d’entre eux se sont ralliés à la cause de Thramas lorsque les canons avaient commencé à tirer et avaient avancé sur la petite flottille des Traîtres qui planait dans le ciel de ce monde en guerre, un groupe de navires vengeurs plus que suffisant pour écraser les Night Lords et leurs alliés.

Avec le pragmatisme qui faisait leur réputation, les Night Lords n’ont pas tenté de contester le contrôle de l’orbite, mais ont plutôt lancé une volée malveillante d’ogives sur la planète et ont ensuite abandonné leurs anciens alliés pour fuir le système. Cependant, leur fuite ne pouvait pas arrêter ce qui se préparait et la nouvelle se répandit à partir de Thramas et dans tout le secteur, portée par les frégates et les escadrons de bataille de la Garde de Nuit. Les loyaux habitants de la Frange Orientale ne resteraient plus les bras croisés pendant qu’Horus pillait leurs foyers et asservissait leurs proches - maintenant, il y aurait la guerre, quel qu’en soit le prix. Les bandes de guerre dispersées des dissidents des Night Lords, toujours déterminées à se livrer à leur propre massacre, se trouvèrent durement éprouvées par des rébellions soudaines et des assauts inattendus. Les soldats de la Garde de Nuit qui s’étaient cachés devinrent des guérilleros et des saboteurs, harcelant les bases logistiques et les garnisons isolées des Night Lords, tandis que les armées de Thramas et de Gulgorahd passaient à l’offensive sur les planètes du secteur de Thramas et au-delà. Contre tout autre ennemi, la contre-attaque aurait été écrasante, mais les Night Lords n’étaient pas une force normale, mais une Légion des meilleurs guerriers jamais créée. Ils ripostèrent à l’assaut désespéré des Loyalistes avec une fureur qui leur était propre et le secteur tomba dans un cauchemar d’effusion de sang et de bataille. Dans ces mondes où les Night Lords étaient assaillis par les insurgés, ils massacrèrent la population sans discernement pour extirper les guerriers cachés parmi eux, fabriquant des trophées sanglants des personnes tuées et décorant les flancs de leurs engins de guerre avec les peaux de ceux qu’ils avaient capturés. Lorsque l’ennemi osait leur faire la guerre ouverte, ils se rendaient dans les villes pour livrer leurs batailles, forçant les guerriers de Thramas à bombarder ceux qu’ils cherchaient à sauver ou à affronter les Night Lords dans les canyons d’acier tordus de la Ruche et des fabriques où le nombre supérieur de la Garde de Nuit ne signifiait rien face à l’habileté des Legiones Astartes.

La guerre totale s’était emparée du secteur, se déroulant sur tous les théâtres de combat et avec toutes les armes disponibles. Il n’y avait plus de non-combattant, mais seulement des Loyalistes ou des Traîtres, des alliés ou des ennemis. Les quelques mondes qui évitaient les feux de la bataille ouverte étaient accablés par la famine, le commerce cessant dans le quadrant, et la maladie frappant les mondes de la Frange Orientale en toute impunité et avec abandon. Thramas et les armées de la Régente, malgré leur avantage initial, n’avaient guère progressé face à l’habileté supérieure des Night Lords et se sont bientôt retrouvés enlisés dans la défense désespérée des quelques mondes qu’ils avaient réussi à sécuriser. Qetesh Prime et Crucible n’étaient guère plus que des abattoirs où les Night Lords envoyaient un flot incessant d’esclaves-soldats et de serviteurs pour affaiblir les défenses de la Garde de Nuit, tandis que Thramas elle-même endurait des raids constants et des attaques de destruction sur les ordres de Nakrid Thole, désormais horriblement meurtrie et dérangée. Gulgorahd, malgré sa ferveur et ses fanfaronnades, était prise entre les Night Lords et les mondes traîtres du secteur d’Aegis, à peine capable de tenir les mondes forteresses extérieurs aux frontières de son territoire. En effet, le Bastion-019 avait subi un assaut si féroce que sa surface avait été entièrement brûlée et irradiée, les légions de Chevaliers et d’automates se réfugiant dans un labyrinthe de tunnels et de fortifications souterrains pour poursuivre leur résistance obstinée.

Les Loyalistes ne pouvaient pas vaincre leur ennemi, ne pouvaient pas chasser les Night Lords de leurs foyers, mais ils ne pouvaient pas non plus être vaincus sans porter un coup fatal aux ambitions d’Horus et paralyser son plan de drainage des ressources de la Frange Orientale. Le secteur de Thramas, et les territoires qui lui étaient adjacents, étaient sur le fil du rasoir, proche de l’anéantissement. Pourtant, ils ont tenu la ligne et pendant un court moment d’histoire douce-amère, il semblait qu’ils pourraient tenir l’ennemi dans une impasse sanglante jusqu’à ce que l’épuisement l’envoie à la recherche d’une proie moins tenace. Jusqu’au retour du Night Haunter, c’est-à-dire, réveillé de ses rêves sombres et morbides par les vents changeants du destin et repoussé dans l’œil de la tempête.

Curze était descendu sur les mondes autour de Thramas comme un coup de foudre, avec les armées de Triplex dans son dos et le plus loyal de ses fils à ses côtés, une concentration de force plus que suffisante pour sortir de l’impasse qui s’était imposée dans la Frange Orientale.

Entre les Titans de la Legio Victorum et les guerriers des Night Lords, il y avait peu de défenses pour les retenir, et les premiers mondes sur son chemin, les Ruches bondées de Sheol III et de Yaelis, tombèrent en une semaine. Connaissant parfaitement le sort de ceux qui tombèrent entre les mains des Night Lords, les défenseurs de Sheol combattirent jusqu’au dernier, ne faisant aucune tentative pour négocier une reddition et, au contraire, minant la spire centrale de la Ruche autour d’eux avec des charges de phosphex et les faisant exploser une fois que les dernières fortifications furent percées. Sur Yaelis, jusqu’à présent largement intacts bien qu’ayant changé de mains à trois reprises au cours des combats, les survivants en haillons d’une douzaine de régiments auxiliaires décimés se sont repliés dans la manufacture dans les niveaux inférieurs de la Ruche en espérant que l’ennemi n’oserait pas les engager dans une bataille rangée, pour ensuite périr petit à petit alors que le Night Haunter lui-même descendait pour les chasser comme des animaux afin de servir d’exemple à ceux qui pourraient résister. Les Bastions 011 et 009 tombèrent dans certaines des plus grandes batailles de Titans de toute la Croisade de Thramas, avec les Traîtres des Legios Victorum I et II ainsi que la Legio Phasma, longtemps liée aux Night Lords, engageant le gros de la Legio Adamantus de Gulgorahd et des éléments des loyales Legios Atrox et Saevus. Près d’une centaine de machines-divines tombèrent au cours d’un mois de combat, bien que la Legio Adamantus ait été à la hauteur de son surnom, la Non Brisée, avec de nombreuses manipules qui se battirent jusqu’au bout plutôt que de battre en retraite même face à des chances écrasantes. Il semblait que la chance était passée pour la cause Loyaliste, car il ne s’agissait plus de savoir s’ils allaient être vaincus, mais simplement quand. La nuit était tombée sur le grand rêve de l’Empereur, et il semblait que rien ne pouvait empêcher sa fin finale et inexorable.[14]

Les Ailes de la Mort

Konrad Curze durant la Croisade de Thramas.
« Si les braves affrontent la tempête sans hésitation ni réserve, ce sont les sages qui s’abritent de sa fureur et qui survivent pour témoigner de cette vaillance. »
- Translittération d’un ancien texte Terran, connu simplement sous le nom d’Analectes.

Minuit au Royaume des Cendres

Le désespoir s’était installé sur les mondes du secteur de Thramas et du Protectorat de Gulgorahd comme un linceul sombre. Les guerriers qui s’étaient battus contre le Maître de Guerre, qu’ils aient ou non défendu la cause des Loyalistes, en étaient venus à accepter qu’ils vivaient maintenant en sursis, que la mort avait déjà réclamé leur âme et qu’elle ne faisait qu’attendre la collecte. Pourtant, l’ennemi qu’ils affrontaient n’était autre que le Night Haunter lui-même, et le prix qu’il exigeait pour leur reddition n’était pas simplement la mort, mais le massacre et le démembrement de tous ceux qui leur étaient chers ; car dans leur défi, ils avaient déclenché sa folie qui ne pouvait le ramener à son sommeil. La guerre n’était plus simplement une question de savoir quelle figure de proue lointaine serait nommée leur souverain, de quelle bannière flotterait au-dessus de leurs maisons, mais une question d’anéantissement. Car, consumé par ses sombres rêves, le Night Haunter avait mis de côté le désir d’Horus de s’emparer du secteur de Thramas intact et avait permis à ses démons et aux plus avilis de ses fils de prendre la tête de la campagne. La mort serait la récompense des quelques chanceux, tandis qu’une éternité de tourment attendrait les survivants.

C’était la seule vérité qui restait à Thramas, et les guerriers qui restèrent pour défendre ses mondes se battirent comme des damnés. Certains cherchaient une fin rapide, et sur Kenrac, les régiments de l’Imperialis Militia choisirent de massacrer leur propre peuple plutôt que de le laisser à la merci des Night Lords, avant de monter un assaut suicidaire dans les zones de débarquement des Traîtres pour chercher une fin à leur propre existence. Sur Crucible, un carrefour stratégique vital au cœur du secteur de Thramas, le Capitaine-Général Morhde de la Garde de Nuit avait commandé huit régiments de l’Auxilia Solar pour sa défense, mais avait rapidement vu ses forces réduites à une fraction de leur taille initiale repoussant les raids continus des Night Lords. La retraite n’étant pas envisageable, le Capitaine-Général avait armé les bandes de sous-fifres et avait enrôlé tout citoyen capable de tenir une arme pour combattre, dispersant les vétérans de la Garde de Nuit dans leurs rangs en tant qu’instructeurs. De l’autre côté de la zone de guerre, le Bastion-019 tenait toujours, après avoir été assiégé pendant presque six longs mois, le monde n’étant plus qu’un amalgame de cratères et de cicatrices d’explosions où quelques centaines d’Adsecularis survivants et une poignée de Chevaliers ont continué leur résistance en tant que compagnies nomades dans le labyrinthe des tunnels souterrains. Le Bastion-019 ne représentait plus une menace réelle pour les flottes des Traîtres, mais son refus obstiné d’accepter la défaite était un affront à la fierté des Night Lords et ceux-ci refusaient d’abandonner la planète jusqu’à ce que le dernier défenseur soit réduit à un trophée pour orner leurs machines de guerre.

Les deux parties n’essayaient plus de proposer ou de rechercher des conditions, de négocier ou de parlementer, les limites avaient été tracées et seule la mort pouvait y mettre fin. Lentement mais sûrement, les forces de l’Architraître, désormais supérieures en nombre et en habileté, ont écrasé et anéanti les défenseurs dans une série de combats délibérément lents et prolongés. Les Night Lords semblaient savourer la destruction totale des corps et des esprits des défenseurs, perdant beaucoup de temps et d’efforts dans des raids démoralisants et des massacres effroyables, repoussant plus d’une occasion de conquête rapide pour se livrer à un carnage. Malgré cela, vers le milieu de l’année 008.M31, il semblait que la Croisade de Thramas était pratiquement gagnée.[15]

Inattendu et Imprévu

Incursion de Diamat[16]

Les Dark Angels avaient été envoyés par Horus dans les lointains Mondes-Boucliers, une enclave de l’Humanité située dans le vide intersidéral entre les galaxies et liée d’une certaine manière à une race Xenos inconnue dans notre propre royaume. La guerre pour soumettre ce royaume avait tenu le Lion absent de l’Imperium pendant qu’Horus faisait les premiers pas de sa rébellion, mais des rumeurs de troubles et de tragédie allaient finalement lui parvenir. Sa Légion étant pleinement engagée dans la guerre avec les Mondes-Boucliers, le Lion ne pouvait prendre qu’une petite force pour enquêter sur la situation au sein de l’Imperium, pour vérifier les folles rumeurs selon lesquelles Horus serait devenu un traître et pour évaluer les mesures à prendre par la Première Légion en réponse.

Le Lion avait choisi 15 de ses navires de classe capitale les plus rapides et une petite armée de guerriers, tous vétérans, pour l’accompagner et a tracé une route vers Tanagra. Ce système se trouvait à la limite des nouvelles frontières de l’Imperium et se trouvait au confluent d’un certain nombre de couloirs Warp stables qui permettraient un redéploiement rapide vers des endroits plus profonds de l’espace impérial. De plus, il abritait un Monde-Forge d’une certaine taille, Diamat, qui pouvait servir à rééquiper et réarmer la flotte des Dark Angels et leur fournir des nouvelles de l’Imperium. C’était un plan bien conçu, qui envisageait presque toutes les possibilités, mais ce que le Lion ne pouvait pas savoir, c’est que Diamat avait depuis longtemps offert sa loyauté au Maître de Guerre et avait pris les armes pour sa cause. Presque immédiatement après leur arrivée, les Dark Angels se firent tirer dessus par des vaisseaux de Traîtres, validant rapidement les rumeurs de guerre civile au sein de l’Imperium. Les registres découverts dans la forge brisée après que le Lion l’ait pacifiée confirmèrent qu’Horus était à sa tête. Au milieu des ruines de la forge, le Lion découvrit que ces plans de rébellion n’étaient pas une folie soudaine, mais un cancer bien ancré. En effet, dans les profondeurs des voûtes du Monde-Forge se trouvait un trésor de vastes Ordinatus construit selon un modèle inconnu dans l’Imperium, basé sur une technologie interdite depuis longtemps aux prêtres de Mars et commandée en secret par Horus quelque 50 années auparavant.

Il avait été rencontré dans les ruines de Diamat Perturabo, le seigneur des Iron Warriors que le Lion croyait toujours fidèle à ses serments de loyauté envers l’Empereur. C’est de Perturabo qu’il apprit l’assaut du Night Haunter sur la Frange Orientale et les massacres de Isstvan, bien que toute la vérité lui ait été cachée par le Primarque félon. Car Perturabo avait agi pour détourner le Lion sur ordre d’Horus, le tenant éloigné de Terra et de Isstvan par le biais de Konrad Curze - un leurre pour occuper la Première Légion pendant que la rébellion se poursuivait. Lorsque le Lion quitta Diamat, il le fit comme l’avait prévu le Maître de Guerre, se lançant dans une guerre qui allait occuper sa puissante Légion pendant qu’Horus se rendait sur Terra - pire encore, il laissa les trésors récupérés de Diamat entre les mains des Iron Warriors, De là, ils finiront entre les mains d’Horus lui-même. Ne réalisant pas que son frère l’avait trompé, le Lion partit pour le Monde-Forge voisin de Triplex avec les forces qu’il avait amenées à Diamat, espérant l’atteindre avant son frère et appela toute sa Légion qui combattait encore au-delà des limites de la galaxie à le rejoindre là-bas. L’Imperium était au bord de la destruction et les Dark Angels ne permettraient pas qu’une telle tragédie se produise alors qu’ils respiraient encore.

Pendant tous ces longs mois de combats, Triplex n’était pas resté inactif, sa vaste manufacture produisant un flux presque infini de machines de guerre et de munitions, certaines envoyées directement au conflit et la plus grande partie mise de côté en guise de tribut pour le Maître de Guerre. Des cohortes entières d’automates sortaient des usines, les squelettes de nouveaux Titans étaient élevés dans les grandes salles des forges de Phall et de Galatia tandis que les richesses de Thramas se déversaient dans Triplex, des richesses si vastes que même les Archimagos du Mechanicum avaient du mal à en évaluer la valeur. Des navires portant les couleurs du Maître de Guerre, l’œil malveillant d’Horus, se pressaient dans le système pour transporter les hordes nouvellement forgées vers la guerre à Thramas ou au loin vers les lignes de front de l’Hérésie d’Horus à Paramar et Beta-Garmon. Avec autant de navires se déplaçant entre les forges principales et les différents Points de Mandeville à la périphérie du système, il n’était pas étonnant que l’arrivée d’une nouvelle formation soit passée inaperçue par les barges sentinelles du Mechanicum. Ces nouveaux arrivants n’étaient pas des transporteurs en vracs ni même les navires horriblement décorés des Night Lords, mais un type de navire pratiquement disparu dans l’Imperium. Il s’agissait de vestiges d’une époque oubliée, d’anciens navires de guerre dont la conception remontait à l’âge d’or de l’Humanité, tous vêtus de noir sable et portant chacun un seul symbole : une épée ailée.

La première des barges de défense de Triplex à réagir fut anéantie avant même qu’elle ait pu émettre un avertissement, un barrage de faisceaux de lance la frappant d’une portée bien supérieure à celle que la technologie impériale standard pouvait atteindre. Comme à un signal préétabli, la flottille noire a systématiquement réduit tous les navires à portée de ses armes stupéfiantes à des coques brisées et des épaves à la dérive. Ils avaient frappé aussi bien les navires de défense que les navires de transport du Mechanicum et n’avaient pas tenté de parlementer ou d’émettre des avertissements ou des demandes. Tous les vaisseaux qui portaient l’Œil d’Horus sur leur passage furent brûlé, ceux qui avaient tenté de se battre n’ayant pas eu plus de chance que ceux qui avaient fui, sauf que leurs morts les avaient retrouvés plus rapidement. Un seul escadron de croiseurs lourds et de frégates Night Lords engagea l’ennemi à une distance extrême, les vaisseaux de la Legiones Astartes parvenant enfin à opposer une réelle résistance aux nouveaux venus, mais même ces formidables navires se trouvèrent mis à rude épreuve dans la bataille. Bien qu’en nombre presque égal à celui des vaisseaux noirs, les Night Lords attaquèrent avec une hésitation inhabituelle, car contrairement aux vaisseaux du Mechanicum, ils reconnurent la subtile héraldique de ces navires. C’était un petit groupe de la Première Légion - un seul escadron de croiseurs reliques offert par l’Empereur Lui-même - et en outre, c’était le signe avant-coureur de quelque chose de bien plus terrible. Le Maître de Guerre avait comploté pour envoyer la Première Légion loin de sa rébellion, tout cela pour s’assurer qu’un guerrier qu’il craignait se perde dans les endroits sombres de la galaxie pendant qu’il volait le trône de l’Empereur, et maintenant il semblait que cet homme qu’Horus ne voulait pas affronter était revenu. Le Lion était entré en guerre, et pire encore, le stoïque Seigneur de Caliban éprouvait de la colère par les actions de son frère.

En l’espace de quelques instants de silence, le croiseur de tête des Night Lords, le Shadow of Justice, avait été ratissé par des tirs de lance précis et estropié, laissé en vie mais incapable de repousser les escadrilles d’embarquement de Dreadclaw qui l’attaquaient. Plutôt que de tenter de sauver leurs frères, les autres croiseurs abandonnèrent le combat, troquant leur courage contre le pragmatisme et se retirant pour se battre à nouveau. À bord du Shadow of Justice, les survivants de l’équipage des Night Lords se préparèrent pour leur combat final, espérant peut-être échapper au destin inévitable qui les attendait, mais les guerriers qui sortirent des modules d’abordage ne leur offrirent aucune mort honorable. Portant l’emblème du sablier de la Dreadwing, ils se sont emparés des principaux points de jonction et des cloisons avant d’inonder des sections entières du vaisseau de phosphex et de biophages, massacrant la plupart des Night Lords sans même lever une lame. Seul le pont fut épargné, isolé, car les cris et les gargouillements des mourants résonnaient dans tout le navire, puis une fois que tout fut devenu silencieux, le Lion lui-même détruisit le portail d’entrée renforcé et blindé. Des coups de feu et des lames frappèrent l’armure du Primarque de la Première Légion, sans grand effet, sa surface ayant été testée pour résister à de telles attaques insignifiantes, et le Lion dégagea ces renégats de son chemin avec quelques puissants coups d’épée. Le Préteur-Commandant du Shadow of Justice quitta sa cachette, après avoir sacrifié ses frères en échange d’un seul coup dans le dos du Primarque, pour se retrouver pris dans l’étau du Lion. Son coup fatal fut déjoué avec une indifférence désinvolte. Le Préteur des Night Lords cracha ses malédictions sur le Lion et se prépara à sa mort, mais ce ne fut pas sa fin, et avant de traîner son invité réticent dans les profondeurs de l’Invincible Reason, le Lion prit la parole :

« J’étais heureux dans les endroits sombres de la galaxie, heureux de tuer au nom de l’Imperium et d’être oublié. Mais vous m’avez rappelé avec vos pathétiques lamentations de rébellion, car vous avez mis en danger l’empire que mon labeur a construit et pour cela il y a un prix à payer. Je parlerai d’abord de mes frères, Curze et Horus, puis tu apprendras ce que la terreur signifie vraiment durant les brefs vestiges de ton existence. »[17]

La Chute de Triplex

Le Domaine de Triplex.

La flotte des Dark Angels, qui comptait 18 navires de classe capitale et pas plus de 100 frégates et engins de combat de moindre importance, a pris position dans le système extérieur alors que les seigneurs de Triplex rassemblaient toutes leurs forces en orbite autour de Galatia, le plus proche de ses deux derniers Mondes-Forges intacts. Plus de 100 vaisseaux de combat et barges de défense du Mechanicum, les restes de l’escadron des Night Lords et même les vaisseaux encore frais des grands chantiers navals orbitaux de Galatia se rassemblèrent mais, encore incertains face à la puissance des Dark Angels, ne tombèrent pas immédiatement sur la flotte plus petite. Cela devait signer leur perte, car tandis que les interrogateurs adeptes du Firewing arrachaient des secrets de l’esprit du Préteur des Night Lords capturés, d’autres Dark Angels répondirent à l’appel de leur seigneur. Comme s’ils avaient été appelés depuis le plus noir des dépôts de l’espace, des ouvertures Warp se formèrent à travers le système et dégorgèrent des dizaines de croiseurs et autres vaisseaux de classe capitale de couleur noire, car la flotte de la Première Légion dépassait en nombre beaucoup de ses Légions sœurs et avait maintenant été mise à contribution sur Triplex en masse par le commandement du Lion. Ce devait être une leçon objective, non pas de la peur de ce qui pourrait arriver si l’ennemi résistait, comme les Night Lords avaient tenté de l’enseigner à Thramas, mais de la certitude de la destruction pour ceux qui oseraient s’opposer au Lion. Les escadrons en noir de la Première tombèrent sur la puissante flotte de Triplex et ses alliés alors qu’ils se blottissaient dans les constellations protectrices de plates-formes de tir et de vastes chantiers navals en orbite de Galatia et les mirent en pièces.

On ne pouvait pas appeler cela une bataille. Frappant de tous leurs vecteurs, les navires de la Première Légion sont tombés sur la flotte des Traîtres, leurs armes reliques visant l’ennemi depuis le ciel avec une efficacité terrifiante. En infériorité numérique par rapport à un pitoyable deux contre un, les Dark Angels évitèrent toute prétention de stratégie complexe et ont simplement écarté les vaisseaux de moindre importance qui s’opposaient à eux, laissant un champ dense de débris en orbite qui se sont déversés sur Galatia comme une pluie de feu. Alors que les canons du Mechanicum s’enflammaient autour d’eux, l’escadron des Night Lords abandonna la défense et lança un assaut concerté sur le cuirassé Undying Will des Dark Angels. Dans un échange de tirs féroce, ils réussirent à le paralyser, ne perdant que deux des leurs. Après avoir forcé une ouverture dans l’armada des Dark Angels qui les encerclaient, les Night Lords, luttant avec la férocité des condamnés, se sont éloignés de la flotte de la Première Légion, et les trois croiseurs survivants et leurs escortes ont disparu dans la sécurité douteuse du Warp. Les barges du Mechanicum qui restèrent moururent pour défendre leur forge, chacune continuant à tirer même lorsque les Dark Angels les découpaient en morceaux, les équipages de Serviteurs travaillant à maintenir le barrage même lorsqu’ils brûlaient. Malgré cette bravoure forcée, ils ne purent retenir la main de la mort qui pesait sur eux, et en l’espace de quelques heures seulement, les Dark Angels eurent le contrôle total de l’orbite de Galatia.

La destruction de leur flotte n’avait pas diminué la détermination des Magos de Triplex Galatia, la froide logique des adeptes de la techno-culture n’ayant pas sa place dans la peur ou le désespoir. Ils mirent en place leurs formidables défenses de surface et se préparèrent à repousser un atterrissage planétaire, en supposant qu’aucun attaquant n’oserait menacer les vastes usines de leurs forges par un bombardement orbital aveugle et qu’ils pourraient tenir les Dark Angels à distance jusqu’à ce que des renforts de Phall ou de l’extérieur arrivent pour lever le siège. Cependant, les Dark Angels n’avaient pas l’intention de mener un long siège ou un assaut conventionnel, mais plutôt de rassembler les rangs de la Deathwing pour mettre rapidement fin aux combats. Après avoir prêté serment devant le Lion lui-même, la Deathwing se lança au cœur de la principale forge de Galatia, libérée des croiseurs en orbite sous la forme d’une tempête de modules et d’aéronefs de débarquement suffisamment épaisses pour atteindre Galatia durant leur chute. Des douzaines de modules furent incinérées par les tirs des canons de défense volkite et les faisceaux hurlants des canons à photons. Des centaines de vétérans de la Deathwing ont été dégorgés de l’épave en flammes sous forme de cadavres brisés, mais beaucoup d’autres ont atteint la surface intacts et ont pris d’assaut la mêlée. La fière Deathwing rencontra les cohortes Thallax de Galatia et les régiments d’Adseculari dans les canyons métalliques enchevêtrés des salles de la forge, les lames des Calibanites s’opposant à la technologie obscure du Mechanicum dans une bataille qui fit rage pendant une grande partie du premier jour du conflit. Fidèles à ses serments, la Deathwing a dégagé et tenu une tête de pont dans les salles de la forge, sécurisant un site de débarquement sûr pour les guerriers qui suivaient dans leur sillage.

La deuxième vague de l’assaut des Dark Angels avait été menée par les initiés de la Dreadwing et par l’Eskaton Marduk Sedras qui portait l’Armure Terminator cérémoniale de l’Ordre du Sceptre Brisé, un guerrier qui avait supervisé la mort de mondes au-delà du compte au nom de l’Empereur et de son Primarque. La flamme de plasma purgea les anciennes forges d’Eanes de Galatia, les Terminators Interemptors et Naufragias ne laissant aucune pierre debout au cours de leur avancée, une profanation destinée à appâter le Mechanicum et à le forcer à engager le gros de ses forces dans la bataille ou à faire face à la lente annihilation de ses salles sacrées. Leur plan allait se révéler encore plus efficace qu’espéré, bien que peut-être plus que ce à quoi la Première Légion avait été préparée. Galatia, et sa grande sœur Phall, avaient longtemps expérimenté des technologies interdites et des théories maléfiques, violant l’autorité de Mars pour accroître leur propre pouvoir sans se faire remarquer aux confins de l’Imperium, et maintenant au bord de la destruction, ils ont libéré ce pouvoir ouvertement. De gigantesques automates de conception inconnue ont percé des trous dans la réalité avec des armes à rayons arcanes et ont libéré une énergie Warp brute sur les Dark Angels, tandis que des Harpax artificiels essaimaient dans le ciel au-dessus d’eux, leur intelligence grandissant avec leur nombre alors qu’ils s’attaquaient aux Space Marines en dessous, forçant les Dark Angels à stopper leur avance et à fortifier les positions qu’ils avaient revendiquées. Avec des automates forgés par les technologies corrompues et interdites maîtrisées par les Magos déchus de Galatia qui sévissaient dans la zone d’atterrissage et la Dreadwing qui avait du mal à les tenir en échec, leur lourde armure stérilisée par les arts cybertheurgiques des Technomagos, Lion El’Jonson invoqua l’ancien Plan d'Urgence Ikaros et ordonna aux Maîtres de l’Armurerie de réveiller les Excindio qui sommeillait dans les voûtes de stase les plus profondes de l’Invincible Reason.

Les Dark Angels qui combattaient encore à la surface se sont retirés dans des positions soigneusement préparées et fortifiées lorsque l’Invincible Raison a détaché une partie de sa coque inférieure, la jetant dans l’atmosphère tourbillonnante de Galatia comme une nacelle rudimentaire où elle flamba brièvement sous l’emprise de la gravité avant de frapper les imposantes spires et salles autour de la zone d’atterrissage des Dark Angels. La dalle en ruine du vaisseau, encastrée dans les décombres de la fière girouette centrale de Galatia, s’était articulée et ouverte, révélant un intérieur parsemé de projecteurs de stase et de générateurs de champ énergétique, tous rendus inutilisables par l’impact catastrophique, et libéra sa cargaison. Cette cargaison était vraiment terrible, 12 cauchemars arrachés aux pages de l’histoire et les plus sombres horreurs de la Vieille Nuit sur Terra, d’immenses formes inhumaines de céramite et d’acier sculpté ornées d’armes longtemps interdites par un édit de l’Empereur Lui-même. Il s’agissait des Excindio, les derniers des Silicia Anima qui avait été le fléau de l’âge d’or de l’Humanité, mutilé et destiné à servir le Lion si le Mechanicum était assez fou pour entrer en guerre avec l’Imperium. Leurs noyaux neuraux immunisés contre la cybertheurie grossière du Mechanicum, les Excindio massacrèrent les créations des Magos déchus qui allaient être connus sous le nom de Mechanicum Noir, les arts interdits qui les avaient forgés dans des éons maintenant perdus depuis longtemps bien supérieurs aux efforts trébuchants du culte naissant de Galatia. Dans ce champ de bataille infernal d’automates hurlants et de monstres de métal tourbillonnants, se trouvait le Lion, la seule créature à laquelle même les Excindio, dont la haine de toute vie organique ne connaissait aucune limite, refusait de s’opposer à lui, recherchant à la place la tête du serpent, le commandant des forces de Galatia.[18]

Un Équilibre Sanglant

Le Siège de Thramas[19]

Depuis que Thramas s’était levée contre les Night Lords, elle avait enduré un état de siège presque constant. Une entreprise coûteuse qui était à la fois un symptôme de la folie qui consumait la VIIIe Légion et la cause de nombreuses frictions en son sein. Ce furent les ordres de Nakrid Thole qui ont établi et maintenu le siège, les guerriers de ces bandes qui lui étaient loyales ayant tenu compte de ces ordres en plus de ceux émis par d’autres commandants au sein de la Légion et ayant divisé ses forces à un moment critique de la campagne. Le blocus imposé au système, les raids sur les navires et en surface n’apportaient que peu de gains matériels et épuisaient constamment les ressources des Night Lords. La capture de Thramas aurait pu apaiser ces inquiétudes, mais Thole manquait à la fois de personnel et de volonté pour poursuivre une telle action. Il était au contraire déterminé à saigner et à tourmenter le monde qui l’avait blessé et humilié, ordonnant à ses troupes d’engager des raids meurtriers contre des colonies civiles isolées et de déployer des munitions bactériologiques dans des centres de populations bondés. Les quelques prisonniers qui ont été faits pendant les combats décédèrent sous le couteau de boucher de Nakrid Thole plutôt qu’entre les mains des interrogateurs habiles des Night Lords, et les munitions et les machines de guerre saisis lors des attaques contre les forceurs de blocus avaient été rapidement consommés par les efforts d’encerclement et de réduction de la résistance de Thramas. C’était une grande folie, mais dont la pure malveillance restera longtemps dans les annales de l’Hérésie d’Horus.

Grâce aux aveux involontaires de ses prisonniers, le Lion connaissait deux faits réels : Horus s’était retourné contre son père et menait en effet une rébellion et le Night Haunter l’avait suivi, chargé de s’emparer des mondes de la Frange Orientale pour son nouveau maître. Il savait que même maintenant, Horus devait presser les défenses de Terra, car si le Monde-Trône de l’Empereur était encore debout, l’Imperium l’était aussi, mais il savait aussi que si Horus détruisait le reste de l’Imperium, Terra elle-même serait sans valeur, un trône isolé dans une mer de mort. Il avait été obligé de trouver un équilibre entre sa loyauté envers l’Empereur en tant qu’homme et envers l’Imperium en tant que symbole, afin de décider lequel des deux avait le plus d’importance aux yeux de l’histoire et des personnes qui allaient l’écrire. Lion El’Jonson, toujours pragmatique face au désastre, comprit qu’il serait trop tard pour prévenir un assaut sur Terra, que le sort de l’Empereur était décidé, mais que l’Imperium pouvait encore être sauvé par ses actions.

Il comprenait les objectifs du Night Haunter, bien que ses méthodes aient échappé au pragmatique seigneur de la Première Légion, ses ravages au coup par coup de la Frange Orientale n’étant qu’un puzzle fou que l’esprit ordonné de Lion El’Jonson ne pouvait pas expliquer avec une logique militaire. C’est pourquoi ses premiers mouvements dans le secteur plus large de Thramas étaient prudents, destinés à protéger ses guerriers contre les embuscades ou autres surprises. Avec quelque 70 000 guerriers de la Première Légion, plus du double des troupes de soutien et trois forces de demi-Legio issues de différentes Legios Titaniques, le Lion possédait une importante force armée. Bien que les Night Lords et les forces de l’Architraître qui avaient fui Triplex étaient plus nombreux que lui, ces forces étaient dispersées sur deux secteurs entiers tandis que son propre ost était concentré dans un seul système. Afin de tirer parti de cet avantage, le Lion fit sa première incursion dans deux systèmes seulement, les points clés du Sheol III et de Yaelis. Ces deux mondes avaient déjà changé de mains plusieurs fois au cours des combats, étant à la fois des liens vitaux entre les secteurs Aegis et Thramas et des lignes de transit clés autour de la zone d’exclusion de Crucible, et il ne restait que des tueurs parmi les ruines. Avertis par ceux qui fuyaient la mort de Triplex Galatia, les défenseurs de Sheol et de Yaelis savaient qui était venu pour eux et pourtant ils ne se sont pas enfuis. La folie de la guerre s’était emparée de ceux qui habitaient encore Thramas et ses environs, et peu de ceux qui combattaient encore acceptaient la reddition comme une option. Les Night Lords et leurs esclaves étaient trop peu nombreux pour vaincre les Dark Angels en masse, mais ce n’était pas leur intention, et ils vendirent leur vie et celle des régiments de conscrits et d’esclaves en masse qu’ils jetèrent sur les Dark Angels simplement pour ralentir leur avancée.

La conquête de ces deux mondes allait occuper les Dark Angels pendant presque un mois entier, car une fois que les Night Lords eurent épuisé la vie de leur esclaves dans une bataille ouverte, ils eurent recours aux assauts et à la guérilla pour harceler les forces d’occupation. Quelques centaines de guerriers en tenue de minuit ont tenu des dizaines de milliers de guerriers en place grâce à leur sauvage habileté au tir, permettant ainsi au Night Haunter de gagner du temps pour se préparer et de rappeler à leurs cousins de la Première Légion le prix à payer pour vaincre les Legiones Astartes. Pourtant, l’assaut sur ces premiers mondes a également apporté autre chose que la mort et le sang, car une fois que les bannières noires de la Première Légion furent déployées au combat, les survivants des régiments Loyalistes qui avaient combattu les Night Lords se sont ralliés à eux. Au début, seules de petites unités avaient réussi à se cacher des Night Lords victorieux mais, à mesure que la nouvelle se répandait dans les mondes voisins, des régiments entiers commencèrent à arriver, meurtris et marqués mais toujours invaincus.

L’espoir était revenu à Thramas sous la forme du Lion et de ses fils, et la flamme du défi qui avait presque été éteinte par le Night Haunter s’était rallumée et s’était propagée à travers les étoiles bien plus vite que le Lion et ses forces ne pouvaient jamais espérer. Bien que retardée, la Première Légion ne put être arrêtée et, une fois que Sheol et Yaelis furent purgés des cellules des Night Lords, les Dark Angels poussèrent dans les mondes environnants, en prenant soin de ne pas trop avancer et de ne pas trop disperser leur nombre. Ils laissèrent peu d’ouvertures aux Night Lords, rendus méfiants par les premières batailles contre les Space Marines, et ils rassemblèrent tous les alliés qu’ils pouvaient trouver, renforçant leurs forces à chaque nouvelle victoire. Un mois plus tard, après des assauts planétaires acharnés et des campagnes de contre-insurrection tout aussi épuisantes, ils atteignirent Crucible, où le Capitaine-Général Morhde et les derniers vestiges désespérés de sa Garde de Nuit tenaient encore tête aux Night Lords.

Cela s’était avéré être le bout du bout de leur avancée, désormais trop étendue pour protéger la douzaine de mondes qu’ils tenaient pour avancer plus loin sans devenir vulnérables aux Night Lords et à leurs alliés. Le cœur de la Frange Orientale était toujours sous le contrôle du Night Haunter, et le noyau de sa Légion tenait un cordon de fer autour de Thramas elle-même, tandis que les frontières de Gulgorahd brûlaient encore des feux de la guerre. De nouveaux détachements des Dark Angels, réarmés et rééquipés à Triplex, montèrent un second front avec une attaque à travers Verstun dans le secteur d’Aegis, pour se retrouver enlisés dans la lutte contre les armées de Traîtres rassemblées à Memlock et la vaste nébuleuse d’Heraclid. Les combats occupèrent les Dark Angels pendant près d’un mois et s’étaient alors répartis sur quatre secteurs distincts. Les Night Lords épuisèrent les dizaines de millions de guerriers en armes asservis dans une bataille ouverte qu’ils ont menée sur plus d’une centaine de zones de guerre actives. C’était un équilibre de guerre sanglant, les Dark Angels n’étant pas assez nombreux pour faire une percée sans abandonner les mondes qu’ils avaient repris et les Night Lords trop largement dispersés pour repousser leurs frères Loyalistes. Tant que cela dura, aucun des deux ne put prétendre à la victoire et tous deux restèrent bloqués dans la Frange Orientale, incapables de battre en retraite tandis que leur ennemi restait inébranlable dans leur dos et incapable de forcer une brèche dans les lignes de front pour avancer.[20]

Les Perdus, les Déchus et les Brisés

Les Traités de Minuit[21]

Beaucoup ont déploré les nombreuses petites trahisons qui allaient être découvertes au cours de la guerre, les libertés prises par chaque Légion afin de prendre un certain avantage sur leurs proches. Horus avait construit son propre réseau de loyauté, Lorgar avait trouvé de nouveaux dieux et Guilliman avait construit son propre empire. Le Night Haunter n’était pas différent, sa Légion avait toujours manqué de la faveur accordée aux autres par les grands Mondes-Forges du Mechanicum et les flottes de dîmes du nouvel Imperium. Il avait choisi de s’occuper à sa manière des approvisionnements limités, une partie de cette solution étant les Traités de Minuit. Il s’agissait des accords scellés par Konrad Curze avec un nombre incalculable de mondes cachés dans les sombres franges de l’espace qui avait été placé sous la protection de sa Légion, des mondes qui, tout comme les Night Lords eux-mêmes, ne trouvèrent guère d’alliés auprès des législateurs stricts de la Grande Croisade.

Plutôt que de les purger dans le feu et le sang, affaiblissant encore plus sa Légion pendant que Dorn et Guilliman se renforçaient sur les empires qu’ils avaient fondés, Curze a suivi une autre voie. Aux mondes qui acceptaient son règne et donnaient directement aux Night Lords une partie de leurs richesses, que ce soit en corps ou en machines, il offrit de les mettre à l’abri de la menace d’anéantissement. Il est ironique que là où l’Empereur ne décrétait que la mort pour ces mondes, le péché de leur technologie ou de leurs gènes impardonnable à Ses yeux, le Night Haunter offrait la vie, pourtant c’est de l’industrie des mondes cachés comme Ulan Hûda que les Night Lords se sont développés dans les dernières années de la Grande Croisade. C’était également à cause de la souillure des recrues issues de la population avilie de ces mondes cachés que leur stock génétique a été lentement corrompu et réduit - une malédiction qui allait peser lourdement sur la Légion pendant la guerre pour Thramas.

L’Imperium étant rongé et brisé par la guerre civile d’Horus, aucun des deux camps ne pouvait faire appel aux ressources presque illimitées qui avaient alimenté la Grande Croisade. Ils ne pouvaient compter sur aucun renfort, sauf ceux qu’ils pouvaient rallier par leurs propres moyens, et les mondes déchirés par la guerre sur les lignes de front. Les mondes autrefois prospères des secteurs Aegis, Thramas, Triplex et Gulgorahd étaient pratiquement épuisés. Les deux camps furent contraints de se tourner vers d’autres sources pour se procurer l’avantage nécessaire pour sortir de l’impasse obstinée et sanglante qui s’était développée avant que les quelques ressources qui leur restaient ne soient dépensées. En effet, les combats sur le front ne montrant aucun signe d’affaiblissement, bien que la fin se rapprochait de plus en plus.

Les raids et les assauts constants sur le monde de Thramas firent payer un lourd tribut aux Night Lords, car bien que les pertes au combat aient été peu nombreuses, les munitions qu’ils avaient utilisées étaient pratiquement irremplaçables après la perte de Triplex. Sur ordre du Prince Sans Visage, comme Nakrid Thole était devenu connu parmi ses proches après sa fuite de Thramas, ils avaient mis en place un blocus autour de ce système, essayant d’empêcher tous les navires d’entrer ou de sortir pendant que le siège se poursuivait. Cependant, des frégates rapides continuèrent à braver le blocus pour porter la nouvelle de la bataille au Lion et pour livrer des fournitures vitales aux défenseurs de Thramas. Plutôt que de simplement anéantir ces intrus avec leurs canons lourds, Thole ordonna à ses guerriers de les paralyser et de les aborder, en purgeant les navires avec des lames uniquement pour préserver les munitions et en les dépouillant de tout le matériel utilisable avant de saborder les embarcations capturées.

Sur les lignes de front de la guerre, le corps principal des Night Lords frappa encore et encore les défenses des Dark Angels, cherchant non pas à sécuriser un territoire ou à attaquer l’ost rassemblé de leur ennemi, mais plutôt à détruire ou capturer ses dépôts de ravitaillement et ses navires de transport. Le Night Haunter se battit avec une fureur désespérée, toujours en première ligne de toute attaque et toujours à la recherche de son frère, Lion El’Jonson, cherchant peut-être à prouver que ses cauchemars étaient faux en cherchant une autre mort que celle qui le hantait depuis si longtemps. Les plus fidèles de ses fils, les guerriers Sevatar et Anrek Barbatos, s’efforçaient de contenir la manie de leur maître et cherchaient à éviter de voir la VIIIe Légion entraînée dans une confrontation désastreuse avec la force principale des Dark Angels. Par le biais de suggestions prudentes et de la subversion pure et simple de ses décrets souvent contradictoires, ils transformèrent sa soif de mort en un moyen à la fois de réapprovisionner leurs propres troupes et d’affaiblir les Dark Angels par des raids constants.

Plutôt que de laisser la folie imprévisible du Night Haunter entraîner la Légion dans le désastre, les vétérans de l’ancienne Légion ont cherché à faire usage des Traités de Minuit. Ces textes cachés étaient des marchés conclus par Curze pendant la Grande Croisade avec certaines factions en marge de l’espace humain, des factions qui ne s’inscrivaient pas dans les limites bien définies de l’avenir de l’Empereur, mais qui pouvaient encore offrir aux Night Lords un pouvoir : des races Abhumaines qui frôlaient les limites de l’Humanité, des fauteurs de troubles et des fous qui s’attaquaient à leurs semblables et forgeaient des mondes dont les doctrines étaient inacceptables pour Mars. Tous ces éléments, et bien d’autres, avaient été dissimulés par le Night Haunter en échange de leur loyauté, sans que l’on s’en aperçoive sur les bords sombres des cartes créées par la Grande Croisade. De petites embarcations d’éclaireurs, avec à leur bord les officiers les plus loyaux de la Légion, furent envoyées vers des étoiles lointaines et dissimulées. Beaucoup de ces navires furent perdus, certains paralysés par les tempêtes Warp qui balayaient la région, d’autres interceptés et détruits par les croiseurs rapides des Dark Angels ou Thramassi, mais quelques-uns atteignirent leur destination et délivrèrent l’assignation des Night Lords.

Les brutaux guerriers de Tohruk, cousins avilis des Ogryns plus communs, élevés dans un avant-poste de l’Humanité depuis longtemps disparu pour devenir des troupes de choc et des armes vivantes, ont soutenu les compagnies d’assaut des Night Lords dans leurs attaques contre les Dark Angels, devenant de la chair à canon pour les canons épuisés de la Première Légion. Des légions cannibales de Glabro, des Psykers de bataille des lunes perdues de Thex et une douzaine d’autres aberrations se sont déchaînés sur les lignes de front, chacun d’entre eux épuisant davantage la force de Lion El’Jonson et ralentissant encore la progression de la Première Légion.

Les Dark Angels et les Night Lords s’affrontent sans pitié pour le contrôle du secteur de Thramas.

Pourtant, la pire de toutes les terreurs déclenchées par l’obscurité de la périphérie était le prédateur des forges d’Ulan Hûda. Longtemps cachée dans la tempête qui hantait les confins de la galaxie, ce Monde-Forge déchue s’était depuis longtemps consacrée à l’interdit et avait même mis au point un ensemble de machines rudimentaires pour faire passer le Monde-Forge entier dans le Warp. Grâce à cela, et à d’autres obscénités obscures, Ulan Hûda s’était nourri d’autres mondes au-delà des frontières de l’Imperium, les déchirant pour alimenter ses forges et ne laissant dans son sillage que des systèmes en ruines.

Ulan Hûda s’était longtemps allié en secret aux Night Lords, leur fournissant ses Titans de la Legio Phasma, en échange de leur silence, et maintenant ils les lâchèrent sur Thramas. Au début, seuls des chuchotements parvinrent à Thramas sur la destruction, le silence et le vide qui devaient caractériser les postes frontières des colonies isolées, mais les récits déchirants des survivants ne tardèrent pas à suivre. Des mondes entiers avaient été envahis par les monstrueuses hordes d’automates d’Ulan Hûda, puis brisés et consommés, les cadavres écrasés des planètes laissées sans vie et vidées. La quasi-totalité des forces thramassiennes étant enfermées dans la défense de Crucible et de Thramas, il n’y avait pas grand-chose à faire pour freiner le terrible appétit des Magos d’Ulan Hûda, si ce n’était d’envoyer un message au Lion et espérer que le siège soit levé.

Le dernier acteur à arriver était la Confrérie du Bouclier Brisé, un détachement de la Ve Légion, les White Scars, qui avait erré dans des endroits lointains lorsque Horus déclara sa rébellion. La Confrérie avait rallié l’espace de Nostramo dans l’espoir d’y trouver un moyen de se rééquiper et un ravitaillement, mais elle ne vit que les ruines de l’ancienne planète que le Night Haunter avait laissé, le silence étant la seule réponse à leurs appels aux bases et aux postes de la Grande Croisade. Zhenjin Khan et ses guerriers furent bientôt les invités des Night Lords, qui les informèrent des ordres du Maître de Guerre de pacifier la Frange Orientale rebelle et des Traîtres qui les y attendaient. Bien que vétérans de la Grande Croisade, Zhenjin Khan et sa Confrérie n’avaient entendu parler de la Première Légion que de leur fierté incomparable et des nombreux secrets qu’ils cachaient aux autres Légions. Face à la loyauté qu’ils vouaient à Horus, qui avait toujours été l’ami et le mécène des White Scars, Zhenjin Khan a choisi d’offrir sa lame en remerciement du ravitaillement qui leur avait été accordé et a mis ses navires en route pour le rendez-vous avec le Night Haunter. Avec ce dernier, quelque 3 000 vétérans de la Grande Croisade et six navires de guerre de classe capitale, les Night Lords contrôlaient une force assez importante pour défier les Dark Angels en guerre ouverte. La nouvelle fut envoyée à tous les commandements - le Night Haunter irait à la rencontre de son frère.[22]

Un Rassemblement de Malice

L’équilibre de la guerre était en train de changer, la course du destin toujours en mouvement semblait s’être retournée contre la cause des Loyalistes. Les navires envoyés par le Lion pour chercher de l’aide dans les anciennes bases de la Grande Croisade de Tigrus et d’Honourum n’étaient pas revenus et les turbulences croissantes dans l’éther qu’était la Tempête de la Ruine bloquaient toute tentative de contacter ceux de ses frères qu’il espérait être restés fidèles à leurs serments. Thramas, toujours assiégé par les vengeurs Night Lords, restait hors de portée du Lion et sa Légion était effectivement paralysée par la nécessité de protéger les mondes vulnérables qu’elle avait libéré dans les mois qui suivirent la chute de Crucible. Il n’était pas question de retraite, car la Première Légion n’acceptait pas la défaite, mais il ne semblait pas non plus qu’elle pouvait prétendre à la victoire. Sur tout le front, les guerriers en noir de Caliban se préparaient à la tempête qu’ils savaient s’approchait.

Ses premiers remous furent observés dans une vague d’attaques à travers le secteur, des foules hurlantes de soldats esclaves et des troupes de choc Abhumaines larguées sur chacun des mondes tenus par les Loyalistes avec seulement un léger soutien des Space Marines renégats. Contre les guerriers de la Première Légion, ces troupes de moindre importance n’avaient que peu de chances, sacrifiées uniquement pour permettre aux croiseurs des Night Lords qui observèrent les débarquements depuis l’orbite pour cartographier la force de l’ennemi et de drainer leurs approvisionnements. C’était un stratagème cruel mais efficace, sa malveillance soigneusement planifiée et ce, tant pour l’amusement des Night Lords qui observaient que pour son efficacité sur le champ de bataille. Telle avait toujours été la nature des fils tordus du Night Haunter, mais maintenant coupés des contraintes de la loi impériale, ils ne faisaient guère d’efforts pour dissimuler leur goût pour un tel excès sanglant.

Sur Yrrdek, les sites de largage choisis par les Night Lords se trouvaient au-dessus d’un site connu pour avoir été miné par les Dark Angels des mois auparavant, la milice des conscrits s’étant fait annihiler dans une tempête d’explosions simplement pour tester l’étendue du terrain et pour amuser leurs maîtres. Au milieu des flèches de glace de Chenro IX, les superviseurs de la VIIIe Légion avaient parié sur le temps qu’il faudrait aux Dark Angels pour abattre les blindés auxiliaires rudimentaires envoyés contre leurs défenses pendant qu’ils comptaient les canons placés sur les flèches. Les régiments de volontaires Thungaards qui avaient débarqué sur Sedricce, le point le plus profond de la ligne défensive des Dark Angels, ne survécurent pour retourner à leurs vaisseaux de débarquement que grâce aux actions des White Scars du Bouclier Brisé, dont les guerriers avaient permis la retraite des troupes décimées et l’évacuation de ceux qui avaient survécu à l’attaque avortée. Cet effort chevaleresque valut à Zhenjin un salut du Préteur commandant la brigade de la Première Légion, mais les Night Lords, stupéfaits, commencèrent à surnommer le Khan des White Scars "Le Sauveur" dans une blague propre à la sensibilité des guerriers de Nostramo. L’insulte implicite dans le titre n’avait pas échappé aux White Scars, pas plus que la nature impitoyable de leurs nouveaux alliés ou l’honneur de ceux qu’ils avaient reçu l’ordre de considérer comme des Traîtres.

Les préparatifs étant terminés, le Night Haunter lui-même, réveillé à un semblant de lui-même par la présence de son frère et la promesse de sang et de mort, appela les Night Lords au combat. Il convoqua toutes les bandes disparates de sa Légion pour qu’elles se rassemblent, ne laissant qu’une force squelettique pour assister à ses batailles ailleurs dans la Frange Orientale. Quelque 100 000 Night Lords prirent place à 50 points de rassemblement distincts le long du front établi par les Dark Angels, leurs seigneurs de guerre tous présents sur Nergante où le Night Haunter tenait sa cour. Ne se souciant que de l’affrontement à venir, Konrad Curze ne fit guère plus que ruminer le rassemblement de ses fils, certains rappelant les gloires perdues et d’autres la malédiction qui avait pris le cœur de la Légion, tandis qu’il revenait à d’autres, comme Sevatar et Barbatos, de définir la stratégie de l’assaut. Les plans furent établis et les rancunes réglées dans la tradition sanglante de Nostramo, par des stratagèmes cachés et des lames tranchantes, une scène qui avait rendu les White Scars mal à l’aise.

De tous les chefs de guerre de la VIIIe Légion, un seul n’avait pas répondu à l’appel du Night Haunter. Le Prince Sans Visage, sa haine fixée sur la seule Thramas, n’avait pas voulu abandonner le siège de ce monde meurtri et avait maintenu à leur poste les forces qui lui étaient fidèles en premier lieu. À cette époque, Thramas avait déjà enduré près de deux ans de siège, ravagé par des raids constants et tourmenté par les ogives larguées à sa surface sur ordre de Thole. Parmi ses corps extérieurs, chaque lune et astéroïde du système Thramas appartenait à Thole, mais Thramas elle-même résistait encore. Ainsi, une grande partie de ses forces ayant été dépouillée par les ordres du Night Haunter, Thole n’avait pas les moyens de faire plus que maintenir son blocus autour du système. Au lieu de cela, il se tourna vers des moyens plus sombres pour sa vengeance finale, offrant un tribut aux prisonniers thramassiens qu’il détenait dans les entrailles de son navire comme esclaves afin d’amener la forge prédatrice d’Ulan Hûda à Thramas.

Son appel avait été entendu, la masse métallique d’Ulan Hûda fit tomber le voile du Warp et apparue dans l’espace réel telle une balle enflammée. Elle commença à se repaître des planètes les plus éloignées de ce système. Des faisceaux de coupe d’un calibre mesuré en kilomètres et des flottes de drones-serviteurs ont mis à mal les grands rochers en orbite loin du soleil de Thramas et la gorge du prédateur tourna son regard vers la proie que lui avait promise Nakrid Thole. La mort était venue pour Thramas et les derniers vaisseaux Loyalistes du système quittèrent l’orbite du monde maudit dans l’espoir de faire connaître son sort au Lion, dont les troupes s’étaient battues pour leur vie à un demi-secteur de là.[23]

Le Poids des Choix

Le Cœur de Thramas.

Dans les derniers jours de 008.M31, l’assaut commença sérieusement, avec des attaques massives des Night Lords qui s’abattirent sur une demi-douzaine de mondes. Ces attaques étaient différentes des raids que les Dark Angels avaient repoussés auparavant, mais étaient la guerre totale telle qu’elle était pratiquée par les Legiones Astartes, un assaut de fureur et de puissance de feu écrasante dont le but était la simple annihilation. Trois Chapitres entiers des Night Lords débarquèrent sur le Chenro, utilisant les données recueillies lors de leurs précédentes attaques pour cibler précisément les redoutes de la Première Légion et les forcer à se mettre sur la défensive. L’unique Chapitre des Dark Angels a été submergé, les derniers détachements faisant appel à l’appui-feu des croiseurs en orbite sur leurs propres positions pour retenir les Night Lords qui luttaient pour évacuer. À Sedricce, le cuirassé Tenebrous Will et les croiseurs qui l’accompagnaient avaient chassé les vaisseaux des Dark Angels en orbite et avaient soumis la surface à un bombardement soutenu, aplatissant chaque position défensive identifiée et dévastant la surface de la planète. Les Night Lords qui ont atterri dans le sillage du bombardement avaient trouvé quelques bunkers intacts qui avaient résisté aux tempêtes de feu, prenant une joie vicieuse dans la manière lente qu’ils ont choisie pour les percer et les dégager, au grand désarroi de leurs alliés White Scars.

Dans le dernier de ces bunkers se trouvait le commandant des Dark Angels chargé de la défense du monde, qui exigeait que le Préteur des Night Lords le rencontre en combat singulier pour répondre de sa trahison des serments faits à l’Empereur. Le commandant défiant des Dark Angels, grièvement blessé lors du bombardement, avait peu de chance contre le frais Préteur des Night Lords, qui joua cruellement avec son adversaire devant les guerriers rassemblés avant de le tuer et de prendre son épée de guerre calibanite et les survivants de sa force comme trophées. Seule l’intervention de Zhenjin Khan et de sa force White Scars a préservé les guerriers Loyalistes d’un sort funeste dans les fosses d’écorchage, le "Sauveur" les combattant en duel pour prendre leur vie et l’épée de guerre du commandant des Dark Angels, tombé au combat, les amenant à bord de ses propres navires, bien que cela ne lui ait valu aucun respect aux yeux des Night Lords. Les White Scars n’avaient pas fait grand chose pour rejoindre les combats après Sedricce, Zhenjin passant de plus en plus de temps séquestré avec ses "captifs", une obsession dont les Night Lords supposaient qu’elle était malveillante.

Au total, quatre mondes sont tombés entre les mains des Night Lords, bien qu’ils n’aient pas tenté de consolider ces victoires et soient rapidement passés à leurs cibles suivantes. Seul le Night Haunter s’attarda, cherchant obsessionnellement son frère dans chaque monde et ne laissant passer aucune chance de bataille, se jetant dans chaque engagement avec une fureur désespérée. La cible principale de la deuxième vague était le désert désormais stérile de Crucible, un paysage planétaire recouvert des ruines des batailles précédentes et dominé par des fortifications et des redoutes assemblées à la hâte. C’est là que les Dark Angels avaient puisé une grande partie de leur force, car c’était la porte d’entrée de Triplex, la seule source de leurs approvisionnements et de leurs munitions, et ils étaient déterminés à la conserver coûte que coûte. En orbite, une paire de redoutables cuirassés de classe Gloriana formait le noyau des défenses, soutenus par deux douzaines de croiseurs et des dizaines de frégates, tandis qu’à la surface se trouvaient neuf régiments reconstitués de la Garde de Nuit, des Ordinatus issus des ateliers de Triplex et quatre Chapitres complets de la Première Légion. Six Chapitres des Night Lords, la moitié de la Legio Victorum II renégate déployée et quelque 50 000 conscrits, Abhumains et autres troupes auxilia pressés d’entrer en service, avec à leur tête le Night Haunter lui-même, se dressèrent contre eux.

Les formidables navires de la flotte de la Première Légion avaient été submergés lorsque l’armada des Night Lords était sorti du Warp, leur nombre étant trop important pour qu’ils soient tenus à l’écart de l’orbite de Crucible. Incapables d’éliminer rapidement les puissants croiseurs reliques de la Première Légion, les Night Lords commencèrent au contraire un largage de combat alors même que les éléments de leur flotte avancée engageaient les navires des Dark Angels, faisant pleuvoir des Modules d’Atterrissages des Legiones Astartes et des aéronefs de débarquement dans le ciel. Seuls les vaisseaux des White Scars restèrent en retrait de la bataille chaotique qui éclata en orbite, craignant peut-être que dans la masse des vaisseaux en duel, leurs marquages peu familiers ne les voient devenir des cibles pour les deux autres Légions, ou hésitant à se sacrifier comme pions pour la stratégie du Night Haunter. Descendant à travers la tempête de tirs de canons qui avait éclaté en orbite, les Night Lords pénétrèrent dans les défenses soigneusement préparées de la Première Légion, toutes disposées autour des ruines de la Ruche tombée de Crucible. D’ingénieux réseaux de tranchées et de barricades ont conduit les attaquants vers des zones de combat où ils ont pu voir les armes lourdes et l’artillerie, tandis que des détachements de la Ravenwing se tenaient prêts à intervenir en tant que force de réserve pour combler les lacunes de la ligne. C’était un plan sans faille, mais qui ne pouvait pas faire face au mépris de la vie qui était la clé de l’attaque des Night Lords.

Constituée de l’ensemble des effectifs de la milice de conscrits, la première vague de l’assaut avait été lancée directement dans les parties les plus fortes des lignes des Dark Angels, volontairement sacrifiées pour drainer les munitions et distraire les défenseurs. Alors que cette chair à canon était mise en pièces par les Dark Angels, les Night Lords débarquèrent et consolidèrent le gros de leurs forces sans être molestés, une vaste horde qui se pressait aux pieds des Titans de Bataille et qui dépassait de loin en nombre les défenseurs. Alors même que l’ost renégat commençait à se rassembler et à se diviser selon le plan élaboré à Nergante, le Night Haunter s’était séparé du corps principal, forçant l’éternel Sevatar et ses Atramentars à le suivre dans son sillage. Le Night Haunter frappa la ligne des Dark Angels comme un coup de foudre, dispersant la résistance mais ne parvenant pas à sécuriser les brèches qu’il avait créées, chacune scellée par les réserves des Dark Angels alors qu’il parcourait l’étendue du champ de bataille à la recherche de son frère, tandis que Sevatar s’efforçait en vain de lui dégager la voie.

Le chaos provoqué par l’assaut imprévisible du Night Haunter avait ouvert la voie à l’assaut des Night Lords, les Titans de la Legio Victorum II prenant la tête, leurs grands canons faisant des trous dans la ligne et effaçant les bunkers fortifiés d’un seul coup. À leurs pieds, des brutes Abhumaines et l’infanterie d’assaut des Night Lords s’élancèrent vers l’avant, rejoints à leur tour par les épéistes de la Deathwing, qui refusent de battre en retraite malgré le nombre important d’ennemis. L’infanterie de ligne de la Première Légion effectua un retrait discipliné, tirant par rangs alors qu’elle se dirigeait vers une seconde ligne de défense, tandis que le Sagittar Ordinatus visait les Titans de tête. Les Dark Angels étaient précis et inébranlables en défense, exploitant chaque ouverture dans les attaques disjointes de leurs adversaires, montant des contre-attaques pour briser l’élan des Night Lords au pied levé. Contre tout autre ennemi, il aurait suffi de les arrêter dans leur élan, mais contre les Night Lord et le nombre même de leurs osts, cela n’avait fait que retarder l’inévitable.

Même si le Night Haunter avait tracé une voie à travers les lignes des Dark Angels, le Lion ne s’était pas montré, et bien qu’elle ait prit un lourd tribut en vies humaines, il semblait que la Première Légion serait brisée ce jour-là. Les commandants des Night Lords se réjouissaient de leur apparente victoire. Laissant le Night Haunter en marge de la bataille, ils se rassemblèrent pour l’assaut final sur le talon brisé du pilier central de la spire tombée, où une grande partie des survivants de l’armée des Dark Angels s’étaient repliés. Jaloux les uns des autres, ils se mirent à se chamailler sur le champ de bataille pour le partage du butin et leur suite se tourna vers leurs propres batailles pour la gloire de leurs seigneurs individuels plutôt que celle de l’ost tout entier. C’est à ce moment que le Lion a joué son dernier atout, la dernière stratégie qui lui offrait un espoir de victoire face à de telles probabilités : il déclencha l’Excindio une fois de plus.

Les Dark Angels ont remporté une victoire inespérée sur Crucible, provoquant un tournant dans la Croisade de Thramas.

Cependant, plutôt que de les lâcher au hasard sur le champ de bataille, il avait une tâche spécifique pour les terreurs de la Vieille Nuit, il les lança sur son frère, sur Konrad Curze lui-même. Même sept de ces monstres ne purent vaincre le Night Haunter, mais ils furent suffisants pour le tenir à distance et l’occuper au bord du combat, une tempête de destruction dont la haine maniaque était à la hauteur de celle du Night Haunter. Alors que ces deux forces de destruction se rencontraient, le Lion se révéla enfin, s’avançant à la tête des Compagnons de la Deathwing dans leur armure blanche distincte. Il tomba sur les commandants désorganisés des Night Lords et les mit en fuite, ceux qui étaient assez fous pour s’opposer au Lion tombèrent devant sa lame et ceux qui s’enfuirent jetèrent leurs guerriers dans la confusion. Ce fut une grande ouverture dans la horde, une ouverture dans laquelle s’engagèrent les Dark Angels dans leur totalité, abandonnant la fortification à la Garde de Nuit et se lançant à l’attaque. Les deux camps se rencontrèrent dans un furieux affrontement armé, les Dark Angels peu nombreux mais concentrés et dirigés par leur Primarque, les Night Lords indisciplinés mais féroces et nombreux. Pendant un moment, la bataille était restée en suspens, la victoire n’étant qu’à un cheveu de la victoire pour les deux camps et aucun des deux n’étant prêt à céder un pouce de terrain. Puis les White Scars s’engagèrent enfin dans la bataille.

Les navires de la Ve Légion se mirent en orbite, les vaisseaux des Dark Angels ne pouvant s’opposer à eux et les Night Lords cédant avant leur avance, leur donnant accès à des zones de largage au cœur des combats. À ce stade de la bataille, même une seule Confrérie pouvait renverser la vapeur en sa faveur, comme l’annonçaient les signaux vox triomphants des Capitaines des Night Lords en orbite, et le lancement de leurs Modules d’Atterrissage marquerait la fin de la bataille et le début de la déroute. Les modules blancs pâles s’écrasèrent au centre de la ligne de bataille, mais ce qui en est ressorti était un mélange de blanc et de noir, le tout mené par un guerrier brandissant une longue lame de guerre calibanite. Zhenjin Khan mena la Confrérie du Bouclier Brisé et les survivants de Sedricce dans la bataille contre les Night Lords et, en orbite, ses croiseurs ouvrirent le feu sur leurs anciens alliés à bout portant. La bataille se termina, l’assaut soudain du Sauveur et de ses guerriers plongeant les Night Lords dans le chaos, suivi par la nouvelle attaque du Lion, abattant tous ceux qui s’opposaient à lui. Les Night Lords abandonnèrent leurs auxiliaires alors qu’ils se dépêchaient d’évacuer, Sevatar et Barbatos ne faisant que traîner le Night Haunter hors du champ de bataille alors qu’il hurlait pour que son frère lui fasse face. Ils avaient choisi de fuir plutôt que de chercher une victoire à la Pyrrhus, abandonnant l’espoir qui avait soutenu les Dark Angels, sauvant la majeure partie de leur nombre mais cédant la victoire à la Première Légion.

Dans la foulée, au milieu d’un champ de cadavres et de feu, Zhenjin Khan s’était agenouillé devant le Lion et lui a offert la lame calibanite qu’il portait et sa vie pour expier l’erreur qu’il avait commise. Le Lion, toujours pragmatique, regarda le guerrier de la Ve, ses loyaux guerriers et les Dark Angels se mêlèrent à eux, chacun à genoux, et prononça un simple jugement :

« Ici, en ce moment, je ne vois ni Traître ni Loyaliste, seulement les vivants et les morts. Les morts ne peuvent demander ni miséricorde ni pardon, car maintenant seule l’histoire peut les juger. Les vivants doivent porter le poids de leurs choix et se battre pour eux, et il reste beaucoup à faire. »[24]

Quand les Rêves Deviennent des Cauchemars

« Sur Caliban, nous avons chassé de véritables monstres, abjects dans leurs cœurs et leurs appartenances, et nous avons appris à ne leur montrer aucune pitié ni aucun répit. Bien que nous chassions maintenant des monstres d’une race plus traîtresse, dont l’apparence familière cache l’immondice de leur cœur, ces leçons que nous avons appris sur Caliban restent toujours vrais et nos lames restent aiguisées. »
- Corswain des Dark Angels à la Bataille de Crucible.

La Lente Marche Vers la Victoire

La retraite de Crucible avait coûté cher aux Night Lords, et seul un quart des guerriers envoyés au combat étaient retournés à leurs transports. Les Loyalistes avaient désormais l’avantage du nombre et la surprise, et le Night Haunter étant incapable d’intervenir, les Dark Angels vengèrent avec une fureur froide les morts de Isstvan V, fureur que les Night Lords ne purent égaler. Il n’y avait qu’un seul destin pour les Traîtres qui n’avaient pas fui la surface, car les Dark Angels n’avaient guère de pitié pour eux, bien que beaucoup de ceux qui n’avaient pas réussi à atteindre les vaisseaux d’évasion se soient rendus dans les lieux sauvages de Crucible, forçant les Dark Angels à perdre de précieuses journées à traquer les derniers d’entre eux. Malgré cette petite aubaine accordée par l’amère défiance de leurs camarades, les Night Lords n’avaient plus beaucoup d’options, tant ils étaient nombreux à giser morts au milieu des décombres de l’ancienne grande spire de la Ruche de Crucible. Alors qu’ils étaient autrefois la puissance suprême, leur nombre étant suffisant pour contrer l’habileté reconnue des armes de la Première Légion, ils se trouvaient maintenant réduits au point où cet avantage disparaissait.

L’affrontement crucial sur Crucible s’étant transformé en déroute, ceux des Night Lords engagés sur d’autres mondes de la ligne de front se sont rapidement trouvés menacés. Leurs propres renforts gisaient morts sur Crucible et l’ost principal des Dark Angels avait rapidement envoyé des guerriers sur les planètes attaquées. Là où les Night Lords s’attendaient à des massacres unilatéraux sur un terrain qu’ils avaient minutieusement repéré, ils devaient maintenant faire face à des combats sur des champs de bataille beaucoup plus vastes, un pari qu’ils ne pouvaient pas se permettre d’engager avec un ennemi aussi capable que la Première Légion. Plusieurs des Night Lords, voyant leurs chances de gloire ou de pillage limitées dans les batailles qu’ils menaient, se sont simplement retirés du combat sans engager les forces renforcées des Dark Angels. Sur Yrrdek, les Night Lords, soudainement assaillis par trois nouvelles compagnies de Dark Angels qui quittaient leur orbite, firent exploser les immenses champs de mines des Loyalistes qu’ils avaient précédemment cartographiés et battirent en retraite alors que des vagues de shrapnel et de force de concussion se répandaient comme des tempêtes sur le champ de bataille, mais conservèrent toute la puissance de combat des forces qui leur restaient. Certains ont considéré les tactiques des Night Lords comme déshonorantes, voire lâches, mais avec le recul, leurs actions ont permis à la VIIIe Légion de rester apte au combat dans ce qui aurait pu être un désastre complet.

Les Night Lords réussiront à se retirer de leur offensive ratée et à conserver suffisamment de leurs moyens de combat pour continuer à représenter une menace pour le Lion. Même le Night Haunter échappa à la flotte vengeresse de la Première Légion et retourna à la forteresse à moitié construite sur Tsagualsa où il tomba une fois de plus dans une absence morose. Cependant, libérés des contraintes liées à la lutte contre un ennemi dont l’habileté aux armes était égale à la leur, les Dark Angels et leurs alliés passèrent sans problème de la défense acharnée à l’assaut total. Les forces du Monde-Forge de Tigrus, situé à proximité, ouvrirent un nouveau front, puis attaquèrent à travers le monde de Verstun dans le secteur d’Aegis, dont la conquête avait ralenti leur arrivée à Crucible. Cet assaut sur les mondes des Traîtres du secteur d’Aegis fut un coup dur pour l’effort de guerre des renégats, les privant d’une autre source de ressources, car les seigneurs d’Heraldor et de Memlock tournèrent les armées et la production de leurs usines vers la défense de leur propre domaine. La principale force des armées du Lion s’enfonça davantage dans le secteur de Thramas, les Night Lords ne combattant que là où ils pouvaient obtenir un avantage sur leurs ennemis dans le système local et abandonnant leur position pour se replier face à une force dont le nombre annulait tout avantage que les Legiones Astartes détenaient au combat. Le Night Haunter s’étant retiré sur Tsagualsa avec les plus dévoués de ses guerriers, il incombait à chaque seigneur de guerre sur la ligne de front de décider de sa propre stratégie. Autre inconvénient face à la structure de commandement unifiée des Loyalistes, où le Lion exerçait seul le commandement de la grande stratégie de la Croisade de Thramas.[25]

La Sorcière de Thramas

Le Prix de l’Échec[26]

Six Chapitres renforcés des Night Lords, peut-être 12 000 guerriers en tout, avaient été largués à la surface de Crucible aux côtés de 50 000 auxillias et de 18 Titans de la Legio Victorum I. Seule une fraction de ces forces s’en était sortie intacte, et parmi celles qui avaient échappé, beaucoup n’avaient pas pu se libérer du système. Pour les conscrits et les troupes Abhumaines, dont les gros transporteurs étaient terriblement incapables de s’exfiltrer rapidement dans des conditions de combat, presque aucun n’avait survécu. La plupart avaient péri au combat ou en tentant de fuir la contre-attaque des Dark Angels. Moins de 5 000 d’entre eux avaient quitté le système en vie, et la plupart étaient des troupes de réserve qui n’avaient pas encore été déployées depuis leurs vaisseaux de débarquement. Concernant la Legio Victorum I, les Foe Slayers, aucun des Titans déployés au combat ne quitta Crucible, plusieurs tombant sous le feu concentré des plateformes Ordinatus des Loyalistes et les autres sur les Titans de la Legio Solaria. Les Princeps des Imperial Hunters se précipitèrent au combat, faisant de sérieux dégâts dans leur détermination à atteindre et à engager les Titans renégats, leur zèle faisant en sorte qu’aucun des Traîtres ne quitte la surface vivant. Les Night Lords s’en sortirent mieux que leurs alliés, leurs vaisseaux largueurs étant capables de les récupérer même sous un feu nourri, et certaines formations d’élite étant même capables d’évacuer au moyen de balises de téléportation sur les vaisseaux en orbite. Malgré cela, un combattant sur trois ne reviendra pas, avec des pertes particulièrement lourdes parmi les Atramentars et la suite de Barbatos qui luttaient pour protéger leur Primarque qui avait été convaincu de se retirer.

Si l’on ajoute à cela les pertes subies sur d’autres champs de bataille qui allaient avoir lieu à la suite de la défaite sur Crucible, la défection des White Scars et l’arrivée de nouvelles troupes de Tigrus, la campagne de Thramas avait connu un changement radical. Alors que les Traîtres avaient autrefois dominé les batailles par leur nombre, ils se retrouvaient aujourd’hui à la merci de cette même disparité.

L’arrivée d’une frégate très endommagée de Thramas allait déclencher le prochain affrontement majeur, apportant la nouvelle de l’arrivée d’Ulan Hûda dans ce bastion loyaliste essentiel et du malheur qui lui était tombé dessus. Thramas elle-même se trouvait toujours au-delà des lignes de progression des armées Loyalistes et dans le territoire contrôlé par les Night Lords, principalement les bandes de guerriers fidèles au Prince Sans Visage dont la force n’avait pas été réduite par les combats sur Crucible. Le Lion refusa d’étendre ses forces en s’engageant dans un assaut majeur pour briser les lignes et s’emparer de Thramas et, même s’il le voulait, une lutte aussi ardue ne serait jamais résolue à temps pour aider ce monde assiégé. Pourtant, le Lion n’était pas disposé à permettre qu’une ressource aussi importante soit détruite sans combat, et il rassembla donc un groupe de guerriers triés sur le volet pour entreprendre une attaque, en contournant les lignes principales pour frapper directement Thramas. Un millier de vétérans de la Deathwing, jurant de protéger leur Primarque à tout prix et composés sur les restes de plusieurs compagnies détruites lors des combats sur Crucible, formaient le noyau de sa force, augmentée par des effectifs restants du Chapitre du Lion Cramoisi et du Préteur Corswain, qui gagna une place aux côtés du Lion grâce à son courage et à son habileté singulière aux armes. À cette force s’ajoutèrent les guerriers survivants des White Scars volontaires de Zhenjin Khan, qui avaient fait le serment puissant et contraignant que lui et sa Confrérie se rachèteraient au combat ou dans la mort, et effaceraient la souillure de la trahison de leur honneur. Un groupe de croiseurs noir et blanc, avec à leur tête le cuirassé Invincible Reason, plongea dans le Warp, une course périlleuse à travers les tempêtes Warp qui entouraient Thramas, un risque dicté par le besoin, car ils n’avaient pas le temps d’éviter le vaste bourbier de tourbillons et de vortex æthériques qui sévissait dans cette région de l’espace.

Deux navires, le Pale Horseman et l’Azure Bolt, furent détruits lors de ce passage périlleux dans les profondeurs du Warp. Le premier avait été déchiré par les tempêtes tumultueuses qui avaient éclaté sans avertissement et l’autre avait simplement disparu, s’évanouissant sans laisser de traces dans les voûtes sans fin de l’espace æthérique. Les autres vaisseaux, bien que la plupart aient subi au moins des dommages mineurs pendant la traversée, ont survécu pour ouvrir une brèche dans le Warp moins d’une semaine après leur départ, une pierre fracturée mais déterminée jetée dans un bassin déjà en effervescence. Car Thramas se trouvait maintenant au bord de la destruction, la vaste ombre d’Ulan Hûda s’étendant sur l’ancienne capitale de la Frange Orientale et la masse détestable de la gorge du prédateur causait à elle seule des dommages incalculables à la surface de Thramas alors qu’elle se mettait en position pour commencer son festin. Les différents plans orbitaux de Thramas étaient encombrés par les coques flottantes des navires brisés et les escadrons battus de ceux qui combattaient encore ; les navires survivants de la flotte Thramassi et les embarcations chartistes armées se mesuraient aux navires de guerre de Nostramo et d’Ulan Hûda. C’était une vision de folie, un enfer de débris tournoyants dominé par la terreur boursouflée de la forge prédatrice et éclairé par la flambée actinique de centaines de batteries de lances et les affres de la mort des grands croiseurs, un champ de bataille dépourvu de tactique ou de stratégie où il ne restait que le massacre et la mort. Aucune ruse subtile ni aucun stratagème astucieux ne pouvait éviter le malheur qui s’annonçait en orbite haute au-dessus de Thramas, seul un acte de vaillance suicidaire pouvait retenir l’avance d’Ulan Hûda.

Le Lion et ses Dark Angels débarquent à la surface d’Ulan Hûda pour y affronter les armées de la Sorcière de Thramas.

Le Lion n’hésita pas et les canons de l’Invincible Raison ont rugi plein défi alors que l’ancien navire avança dans la mêlée, les autres navires de l’escadron prenant position à ses côtés. Balayant le champ de bataille, le Lion n’avait pas tenté d’engager les Night Lords ou les vaisseaux du Mechanicum Noir dans une longue bataille, mais avait plutôt utilisé la puissance de feu combinée de ses navires pour ouvrir un chemin vers le gros de la forme lunaire d’Ulan Hûda qui se profilait à l’horizon. La lune, bien que petite comparée à une planète comme Thramas, était encore bien au-delà de ce que l’on pouvait imaginer pour les vaisseaux qui la défiaient ce jour-là, avec des couches de manufacturums, des halls de forge et des voûtes des moteurs ; une peau de blindage de plusieurs kilomètres d’épaisseur et le tout parsemé d’innombrables emplacements d’armes. Le Lion ne pouvait pas espérer la détruire ou la dissuader par un simple bombardement, et au lieu de cela, comme il en avait l’habitude, il abandonna toute tentative de subtilité et se rendit en personne sur le terrain pour appuyer l’attaque.

Plutôt qu’une tempête de rayons laser et d’obus, ce sont des modules et des vaisseaux d’assaut qui sont tombés sur la surface d’Ulan Hûda, tandis que les vaisseaux de classe capitale tenaient leur distance et prêtaient leur puissance de feu à la bataille orbitale qui les entourait sous le commandement de Corswain. En surface, les forces des Dark Angels et des White Scars se sont retrouvées immédiatement attaquées par les affreux drones de chair et abominations mécaniques qui composaient les armées infâmes d’Ulan Hûda, un raz-de-marée de chair avilie et souillée, mariée à une technologie interdite. Menées par le Lion, les forces Loyalistes s’y sont enfoncées, laissant les White Scars et Zhenjin Khan garder leur zone d’extraction. Ils menèrent une guerre vicieuse dans l’enchevêtrement des forges d’Ulan Hûda, dont les salles et les couloirs étaient disposés en un labyrinthe effrayant. C’était là qu’ils se sont retrouvés face à face avec l’architecte de la folle création qu’était Ulan Hûda, la créature que l’histoire en est venue à appeler la "Sorcière de Thramas" - une Magos maléfique du Mechanicum ancienne au-delà de toute espérance et qui n’était plus guère que des organes desséchés maintenus dans une énorme et terrifiante enveloppe métallique. Cette créature, prise dans un purgatoire mécanique qui n’était ni vraiment vivante ni complètement morte, contrôlait les hordes de chair mécaniques avec une logique glaciale et sans passion, sacrifiant des dizaines de ses constructions pour faire tomber un seul vétéran des Dark Angels sans scrupules.

Les sinistres impulsions neurales de la Sorcière de Thramas ont poussé ses Magos esclaves et Serviteurs dans une frénésie, des milliers et des milliers d’entre eux descendant sur la force d’atterrissage isolée des Legiones Astartes telle une marrée sans fin de lames. Même dirigés par le Lion, les Space Marines se sont retrouvés embourbés dans une mêlée frénétique qui s’étendait sur la vaste surface d’Ulan Hûda. Se séparant en forces plus petites pour capitaliser sur leurs compétences et diviser la horde ennemie, les Legiones Astartes prirent d’assaut les bunkers de canons et les halls de forge, les détruisant avec des charges de fusion et se dirigeant vers de nouveaux objectifs. Pourtant, malgré les dégâts qu’elles avaient infligé, ce n’était guère plus qu’une piqûre d’épingle à la vaste lune-prédatrice, une broutille qui ne ralentirait pas sa progression ni ne stopperait son assaut sur Thramas. Car si le Lion et ses fils avaient démoli des dizaines d’énormes émetteurs de faisceaux tranchants, il en restait des centaines d’autres et ils construisaient lentement une charge pour découper la planète en dessous et transformer ses villes et sa chair de pierre en nourriture pour les forges d’Ulan Hûda. En orbite, le Prince Sans Visage, Nakrid Thole, opposa ses vaisseaux à ceux commandés par Corswain, déterminé à ce que rien ne reste de sa vengeance sur Thramas et refusant au commandant des Dark Angels la possibilité d’aider ses camarades à la surface.

Chaque moment de combat vit la mort de centaines de drones du Mechanicum Noir, mais aussi d’une poignée de Legiones Astartes, et les guerriers qui avaient suivi le Lion ne pouvaient pas se permettre de perdre des vies. Sentant la faiblesse, la Sorcière de Thramas a lâché le plus puissant de ses sous-fifres, amassé et préservé pour une telle situation. Menés par la Sorcière elle-même, une masse d’automates Errax, des machines à tuer féroces et avilissantes, dotées de griffes pouvant cisailler une armure, se lancèrent dans la bataille. Rencontrés de front par le Lion et les guerriers des Compagnons de la Deathwing, l’assaut était émoussé, fauchant des griffes d’acier contrées par des lames Calibanite, mais il avait immobilisé les Dark Angels, les clouant sur place et les laissant incapables de poursuivre leur campagne de sabotage. Pourtant, Zhenjin Khan n’était pas resté inactif pendant que le Lion combattait, car les célèbres éclaireurs des White Scars avaient découvert une série de générateurs instables enfouis profondément sous la surface et lourdement gardés par d’énormes automates sentinelles. Un seul court message vox annonçait l’intention du Sauveur, transmis en clair aux Dark Angels alors qu’ils se battaient pour leur vie : « Évacuez maintenant, nos dettes sont payées en totalité. »

Les White Scars abandonnèrent les zones d’atterrissage pour attaquer de plein fouet les profonds générateurs, déchirant les rangs des automates défenseurs avec une fureur suicidaire. Ils n’avaient fait aucune tentative d’exterminer l’ennemi ou de s’emparer du terrain, troquant leur vie pour se rapprocher des vastes réacteurs souterrains dans des échanges de tirs vicieux dans le labyrinthe noir complet sous Ulan Hûda. Personne ne pouvait savoir quels exploits de bravoure et d’habileté furent accomplis lors de cet assaut, une poignée de guerriers désespérés, vêtus de la blancheur de la Légion du Grand Khan, s’était opposée à une horde de machines horribles, mais c’était un exploit que peu d’individus auraient pu égaler, même parmi les Légionnaires Astartes. Les quelques survivants qui avaient réussi à atteindre les noyaux du générateur central, en haillons et ensanglantés par la bataille, firent exploser les charges de fusion qu’ils avaient portées à travers cet enfer noir, déclenchant une chaîne d’explosions dévastatrices dans le cœur caché d’Ulan Hûda. Plusieurs des Dark Angels qui avaient combattu loin en surface prétendirent avoir capté des fragments d’une dernière transmission portant l’identité du Sauveur lui-même et gravement déformée par le rayonnement de l’explosion. Tout ce qui a pu être déchiffré après la bataille était un court segment qui disait : « Dites au Khan que nous… »

À la surface, des systèmes avaient commencé à s’effondrer sur toute la lune, alors que sa surface se déformait et tremblait sous l’effet de la fureur du Sauveur ; la Sorcière et ses Serviteurs avaient été plongés dans le chaos par la défaillance des liaisons clés de la noosphère, tandis que les Dark Angels se frayaient un chemin à travers la horde vers l’une des vastes flèches qui jaillissaient de sa surface. Plus qu’une simple guerrière, la Sorcière de Thramas avait déchiré les membres de la Première Légion qui la défiait, les griffes énormes de son armature de guerre assez forte pour tordre la céramite avec facilité et son armure résistante à toutes les armes sauf les plus puissantes. La maîtrise de l’épée des champions des Dark Angels étant dénuée de sens face à une telle force brute et leurs tirs de Bolters futiles malgré l’habileté au tir des guerriers de la Première Légion. Même la puissance de feu des Dreadnoughts des Dark Angels et des escouades de Lance-Flammes spécialisés fut vaine, déchirant des trous dans le châssis baroque de la Sorcière mais incapable de frapper les éléments critiques dissimulés au cœur de cette immense terreur biomécanique. Il semblait qu’ici, au moment de leur victoire, la Première Légion ne pourrait pas s’échapper, piégée sur la forge-lunaire défaillante alors qu’elle périclitait et n’obtiendrait qu’une mort ignominieuse en récompense de son héroïsme.

Le Chevalier et le Seigneur de Guerre[27]

Pendant que le Lion combattait à la surface d’Ulan Hûda, Corswain affrontait le Prince Sans Visage en orbite. Commandant l’Invincible Raison à la place de son maître, Corswain et une poignée de croiseurs de soutien avaient repoussé les frégates massives et les vaisseaux d’assaut des Night Lords, ayant juré de protéger à tout prix les Dark Angels à la surface. Au cours de la bataille, ses quelques navires allaient abattre une douzaine de vaisseaux ennemis pour une perte de seulement trois des siens : l’Ardent Knight tomba aux mains des torpilles du croiseur de bombardement des Night Lords l’Eldritch Sign, le Pride of Gramarye fut détruit alors qu’il éperonnait le grand croiseur Endless Night et le Warspite fut paralysé après avoir été frappé par les débris des blessures d’Ulan Hûda.

Au plus fort de la bataille, l’Invincible Raison avait été abordé par le Prince Sans Visage lui-même, et les deux commandants s’étaient rencontrés au combat. Le duel fut bref, car si Thole était un épéiste habile, il ne pouvait pas égaler le talent de Corswain, recourant plutôt à un jeu de massacre pour égaliser les chances entre eux. Coupant un conduit voisin, le commandant des Night Lords baigna le couloir dans lequel ils combattaient dans un plasma brûlant, tuant un certain nombre de ses propres guerriers, perçant la plaque de combat ornée de Corswain et laissant son bras armé brûlé et inutile. Malgré ses blessures, Corswain, entraîné à se battre avec les deux mains à capacité égale, a retenu le Prince Sans Visage jusqu’à la chute d’Ulan Hûda, le forçant à battre en retraite dans la honte une fois de plus.

Là, au bord du désastre, le Lion avait rejoint la bataille, sa colère réveillée par le massacre de ses fils et le sacrifice des guerriers loyaux de l’Empereur. Il s’abattit sur la Sorcière de Thramas avec la force implacable d’une avalanche et rencontra la force inhumaine de son trône de guerre avec l’habileté sans faille de son bras armé. Pendant de longs moments, ils sont restés au cœur de la bataille, ne cédant ni l’un ni l’autre, alors que l’artifice pervers du Mechanicum se heurtait au génie de l’Empereur, les griffes cisaillant les éclats de l’armure du Lion alors même que la lame du Primarque infligeait de nouvelles blessures à sa peau d’adamantium.

Pourtant, à la fin, la Sorcière ne put se dresser contre le Lion, et il la coupa en deux d’un coup de lame, sectionnant le haut du torse qui s’écrasa comme une grande araignée de métal et de dépit. Libérés de l’impasse de la bataille, les Dark Angels prirent d’assaut la tour et dispersèrent les hordes de métal d’Ulan Hûda qui se trouvaient sur leur chemin. Les Loyalistes survivants firent appel à leurs aéronefs et à leurs navires de guerre et ont fui la surface, confiant dans le dernier sacrifice de Zhenjin Khan. Alors qu’ils s’élançaient vers leurs vaisseaux, la peau métallique d’Ulan Hûda derrière eux s’était déformée et s’était déplacée. Puis elle éclata en une énorme goutte de flamme qui forma un trou à des kilomètres de la surface de la lune, éparpillant des débris dans l’espace orbital et consumant en un instant les braves guerriers des White Scars. La lune grièvement blessée, traînant du gaz brûlant et les tessons brisés de ses salles, fut enveloppée d’un faisceau d’éclairs rampants alors qu’elle s’accrochait au voile de l’espace réel, ouvrant un portail vers le Warp et fuyant Thramas, laissant la planète brisée et soufflée entre les mains des Loyalistes.

Pourtant, cette victoire ne sera qu’un réconfort pour les habitants de Thramas et les Dark Angels. En effet, entre la faim d’Ulan Hûda et la fureur de la contre-attaque des Dark Angels, il ne restait que des ruines de ce fier monde, peu de ses spires des Ruches étant encore capables de protéger les survivants du rude climat de Thramas et des tempêtes de débris de feu qui allaient pleuvoir à sa surface pendant des mois. Malgré leur salut des forces du Maître de Guerre et des griffes de la forge-prédatrice, les habitants de Thramas n’avaient pas grand-chose à célébrer, car le prix de leur salut était presque aussi sinistre que le sort qu’ils avaient évité. Certains d’entre eux murmurèrent même que la miséricorde du Lion était peut-être aussi terrible que la colère du Night Haunter, qu’aucun de ces grands seigneurs de la bataille ne se souciait du carnage qu’ils causaient - seulement de la guerre elle-même, du conflit sans fin pour lequel les Primarques avaient été élevés.[28]

Des Armes Brutales

La bataille de Thramas marqua le début de la deuxième année de la Croisade de Thramas, et bien que les Dark Angels aient pris l’initiative, ils n’avaient pas encore complètement éliminé l’ennemi. Les Traîtres contrôlaient encore de nombreux mondes dans le secteur de Thramas et la quasi-totalité du secteur d’Aegis. Seule la zone de l’espace autour de Gulgorahd restait largement dégagée de leur influence, de nombreux mondes Bastion s’accrochant encore au défi sinistre de l’énorme destruction que leur avait infligée le long siège des Traîtres. En effet, les Night Lords étant désormais soumis à une forte pression des Dark Angels le long du front de Thramas et l’avancée lente mais régulière des forces de Tigrus le long du front de Verstun. Les vastes armées qui avaient autrefois encerclé Gulgorahd s’étaient repliées pour engager le combat contre les Dark Angels. L’apparition soudaine de nouvelles forces permit aux Night Lords de reprendre Yaelis, mais à leur tour, l’avancée des légions de Gulgorahd vit la chute de Parthac, dont la surface allait être dépouillée de ses ressources pour alimenter les forges de Gulgorahd qui étaient épuisées.

Les deux camps approchaient de l’épuisement, une grande partie de la base industrielle autrefois puissante de la Frange Orientale étant en ruines et ses centres de population décimés, et le rythme des combats commença à ralentir. Les Gouverneurs, les commandants de milice et les petits chefs de guerre de la périphérie orientale regardaient les ruines qui avaient été provoquées par les Légionnaires Astartes et par leurs propres mains, se demandant ce qu’il resterait quand l’un des deux camps déclarerait finalement la victoire. Les citoyens de l’Imperium regardaient les guerriers post-humains qu’ils avaient autrefois considérés comme des héros et des libérateurs et ne voyaient que des armes dépourvues d’une main forte pour guider leurs actions. Une véritable panique commença à s’emparer des mondes de la Frange Orientale, beaucoup de ceux qui se trouvaient sur les mondes frontaliers se réfugiant dans les lieux désolés de leurs foyers et espérant se cacher, et ceux qui se trouvaient dans les centres populeux du secteur se réfugiant sur des navires pour pouvoir s’enfuir. L’ordre commença à s’effondrer, de nombreuses planètes devenant silencieuses, les cargaisons de nourriture n’arrivant pas ou les pillards Xenos tombant sur elles. L’empire pour lequel on se battait si férocement s’effritait lentement.

Sur Tsagualsa, où les bases d’une nouvelle forteresse et d’un nouveau bastion pour sa Légion avaient commencé à prendre forme, le Night Haunter couvait et complotait. Son intérêt pour les objectifs stratégiques de la campagne d’Horus fut longtemps oublié, remplacé par un désir fou de faire face à son frère, le Lion, et de forcer un affrontement qui pourrait modifier son destin. Il n’avait pas tenu compte de la disposition de sa Légion ou de celle de ses alliés, mais avait plutôt mis en place un plan qui lui était propre, né des imaginations fiévreuses de ses cauchemars. Il convoqua Sevatar, Shang, Barbatos et les autres membres de sa Légion qu’il favorisait et leur demanda d’envoyer un message en son nom, un message pour son frère et ses Dark Angels. Il les invita à le rencontrer à Tsagualsa, un monde qui était resté jusqu’alors caché aux Dark Angels, appâtant le Lion dans l’espoir de régler la guerre entre les deux Primarques et d’épargner à leurs Légions la mort lente d’une guerre sans fin parmi les étoiles de la Frange Orientale. Une guerre qui avait déjà duré deux longues années, où tenir une poignée de mondes avait coûté la vie à plusieurs milliers de ses propres fils et à des millions de soldats et de civils sans uniforme. Si la guerre continuait, le nombre de morts ne ferait que croître jusqu’à ce que la Première Légion n’ait plus le nombre de guerriers nécessaires pour participer à la bataille finale pour Terra. Ainsi, lorsque Curze envoya un appel à son frère, le Lion ne pouvait pas l’ignorer, même s’il savait que ce devait être un piège, mais un piège dans lequel il devait se diriger pour le bien de sa Légion et de l’Imperium.

Sur Tsagualsa, les Night Lords et les Dark Angels s’entretuèrent sans stratégie.

La guerre était restée en équilibre sur le fil du rasoir, la récente victoire de Thramas offrant enfin l’avantage aux forces Loyalistes, un avantage qui pouvait leur être facilement arraché par la malchance. Ainsi, le Lion ne pouvait pas se permettre de retirer une force importante de la ligne de front pour l’accompagner sans risquer la chute d’autres mondes, ce qu’il avait peut-être supposé être l’objectif du plan de Curze depuis le début. À la place, il avait choisit un seul Chapitre pour se tenir à ses côtés, une force suffisamment importante pour se battre sans être prise au piège, mais pas au point de mettre en danger la guerre plus vaste qui faisait toujours rage dans la Frange Orientale. Les coordonnées fournies par le message plaçaient Tsagualsa à l’extrémité sud du secteur de Nostramo, bien à l’intérieur des limites du territoire contrôlé par les forces du Traître ; ici, rien de moins que la flotte entière de la Première Légion ne suffirait à percer par la force et un affrontement aussi important était malavisé. Tout comme il avait choisi de n’amener qu’un seul Chapitre comme garde d’honneur, le Lion prit avec lui un escadron de ses navires les plus rapides, équipé pour un long voyage dans les profondeurs du Warp, laissant derrière lui le cuirassé Invincible Reason. La vitesse et la subtilité allaient mieux aux Dark Angels que la fanfaronnade ou la force brute, et, contrairement à certaines de leurs Légions sœurs, la Première Légion était plus que capable d’adopter une position tactique adaptée aux besoins du moment.

Le Warp étant agitée par les rituels des Word Bearers à Calth, et même les Navigators experts de la Première Légion eurent du mal à tracer un parcours complet dans le secteur. Bien qu’ils aient réussi à éviter la perte de tout navire, l’escadron tout entier fut dispersé et éparpillé. À bord du croiseur d’attaque Vehemence, le Lion fut le premier à percer le Warp à la limite du système où se trouvait Tsagualsa, un monde autrement insignifiant dont le terrain terne et sans vie ne donnait aucune impression de valeur stratégique. Pourtant, à la surface, on pouvait voir les débuts de la nouvelle forteresse baroque du Night Haunter et, en orbite de l’autre côté de la planète, se cachait une petite flotte de vaisseaux des Night Lords. Attendant à la périphérie du système, les vaisseaux des Dark Angels se regroupèrent lentement, les autres vaisseaux quittant le Warp un par un jusqu’à ce qu’ils soient aussi nombreux que l’ennemi. Des heures se sont écoulées alors que la flotte du Lion se rassemblait, mais les Night Lords n’avaient ni approché ni ciblé les navires Loyalistes. En effet, alors qu’ils approchaient du monde stérile en formation de combat, ils reçurent un bref salut, invitant le Lion à rejoindre son frère à la surface.

Ses guerriers patientant à bord des croiseurs en orbite, attendant dans leurs vaisseaux de combat et dans leurs Modules d’Atterrissage l’embuscade qu’ils savaient tous devoir venir, le Lion se téléporta à la surface avec seulement deux guerriers comme garde d’honneur. Alajos, le Préteur de la Neuvième, et Corswain, qui allaient témoigner de la rencontre des deux frères à la surface de Tsagualsa, la première fois qu’ils se retrouvaient face à face depuis le début de l’Hérésie d’Horus. Là, au milieu des fondations de sa nouvelle forteresse macabre, Curze se moqua de son frère avec les fragments de vérité que ses rêves lui avaient révélé, avec les plans d’Horus et les mensonges dont il savait qu’ils blesseraient le plus profondément la fierté du Lion. Il appâta et maudit tout cela afin d’inciter son frère à la violence, pour forcer son avenir sur une nouvelle voie qui lui éviterait le sort qu’il craignait être son destin. Il s’était battu avec la seule arme qu’il savait que le Lion n’attendrait pas de son sombre frère : la vérité.

« Des armes brutales, tous autant que nous sommes, trop dangereuses pour être employées sans qu’il n’y ait un prix à payer. C’est tout ce que l’histoire retiendra de nous. Et même de toi, Lion. Même de toi. »

Tous les participants s’attendaient à ce que la réunion se termine dans la violence, à ce qu’elle voit les deux Primarques croiser leurs lames et attirent leurs Légions dans le combat, mais seul Curze s’attendait à ce que ce soit le Lion qui frappa le premier. Avec la fureur soudaine du Lion, la bataille débuta, et une fois commencée, elle s’était rapidement étendue. Au début, les deux Primarques se battirent seuls, puis leurs gardes d’honneur firent couler le sang et en quelques minutes, des modules et des vaisseaux d’attaque tombèrent sur la planète alors qu’un conflit à grande échelle éclatait. Il ne s’agissait pas d’une bataille ordonnée et composée, ni d’un engagement soigneusement planifié avec des objectifs et des stratégies, mais d’une bagarre tentaculaire. Une mêlée aveugle, alimentée par une haine et une fureur absolue, où aucun des deux camps n’avait tenté de former des formations ou des lignes de combat, mais avait simplement chargé vers l’avant pour attraper l’ennemi et l’abattre à bout portant. Au cœur de cette mêlée, les deux Primarques se battirent jusqu’à ce qu’ils soient noyés dans le sang de l’autre, hurlant tous deux des malédictions et échangeant des coups avec autant de violence, leurs différences étant masquées par le sang et la rage qui leur tordait les traits. La seule cause ou objectif sur Tsagualsa était la mort et les combats n’avaient pas fléchi, se poursuivant bien au-delà de l’épuisement des munitions et bien au-delà de tout niveau rationnel de pertes.

À la fin, les fils de Konrad Curze le traînèrent physiquement hors du champ de bataille, les blessures du Night Haunter étaient si graves qu’il ne pouvait guère faire plus que crier des insultes alors que les Night Lords luttaient pour retenir le Lion, car même coupé de son ost, le Primarque de la Première Légion était un adversaire redoutable. Ce n’était pas une victoire pour les Dark Angels, car le Chapitre qui avait suivi le Lion enragé dans la bataille était l’ombre de son ancien nombre, et comme de plus en plus de navires des Night Lords arrivaient dans le système, ils étaient à leur tour forcés de fuir. Ce fut une bataille brutale menée avec des armes brutales, les insultes de Curze s’inscrivant désormais dans l’esprit du Lion comme des ardillons cruelles, car il s’avéra finalement qu’ils étaient plus semblables que différents, les titres de Loyaliste et de Traître n’ayant compté pour rien.[29]

L'Esprit Maléfique

Si la bataille de Tsagualsa avait semé le doute dans l’esprit du Lion, elle n’avait modifié ni l’état de la guerre ni les destructions subies dans la Frange Orientale. Pire encore, son dernier stratagème ayant échoué, le Night Haunter ne voyait plus qu’un seul chemin devant lui, un avenir qu’il redoutait plus que tout, mais qu’il pensait ne pouvoir plus désormais éviter. Les démons avec lesquels il avait lutté depuis qu’il avait quitté Nostramo s’emparèrent de lui et les derniers vestiges de l’honneur et de la raison tombèrent au sein des Night Lords. Alors que les seigneurs traîtres d’Heraldor, de Memlock et d’autres bastions de la Frange Orientale menaient encore une guerre pour réclamer ces étoiles au nom du Maître de Guerre, le Night Haunter et les plus avilis de ses guerriers ne se battaient que pour la brève distraction que la mort et le sang leur apportaient. Il n’y aurait plus de tentatives pour prendre ou maintenir le terrain, seulement des tueries et des destructions et qu’importe la volonté du Maître de Guerre.

En revanche, les Loyalistes virent leurs rangs gonflés par les régiments de la Garde de Nuit, autrefois coincés sur place par le siège de Thramas, et grâce à ces renforts, ils ont pu contrôler un territoire beaucoup plus étendu. Le Capitaine-Général Morhde lança l’attaque des régiments de Thramas, laissant la défense de nombreuses planètes aux rangs de l’Imperialis Militia afin de presser les armées de conscrits du secteur renégat d’Aegis, qui cherchaient désespérément à mettre fin à la guerre avant qu’elle ne ruine complètement le foyer pour lequel ils s’étaient tous battu. S’emparant de cette vaste étendue de mondes entre Tigrus au sud-ouest, Gulgorahd au nord et la Garde de Nuit Thramassi à l’est, les régiments Loyalistes pressèrent leur attaque. Les Dark Angels furent la pointe de la lance qui frappa les Traîtres dans leur flanc ouvert, frappant la plus forte opposition et les bastions les plus fortifiés, toujours à la recherche des fils du Night Haunter pour qu’ils puissent régler leur rancune dans une bataille honnête et ouverte. Pourtant, alors même qu’ils conquéraient et saignaient, les Dark Angels ne trouvèrent que peu de traces des Night Lords, ne rencontrant que des bandes éparses et de petits groupes de rebelles qui ne leur donnèrent que peu de satisfaction au combat.

La chute de Memlock, l’un des principaux bastions des forces renégates dans le secteur d’Aegis, préservé du chaos qui régnait dans la Frange Orientale, vit l’un des rares affrontements entre les deux Légions dans cette dernière étape de la croisade. Un Chapitre entier des Night Lords sous le commandement d’Anrek Barbatos, se tenait en sentinelle au-dessus de la forteresse à neuf niveaux de Memlock, supervisant le transfert des matériaux et des conscrits vers Tsagualsa et la nouvelle forteresse des Night Lords qui était en construction. Toujours partisan de l’ancienne Légion et de ses origines terranes, Barbatos avait résisté à la folie qui s’était emparée d’une grande partie de sa Légion et déplorait le long déclin de son Primarque. Pour Barbatos et ceux qui le suivaient encore, il semblait juste qu’ils s’installent dans les ruines de l’empire qu’ils avaient cherché à construire, et quand les Dark Angels étaient arrivés, ils ne se sont pas enfuis. Pendant sept semaines, Barbatos, ses guerriers et une douzaine de régiments de conscrits avaient tenu en échec la puissance de la Garde de Nuit Thramassi et trois Chapitres des Dark Angels, ne tombant que lorsque le Lion lui-même avait amené un millier de ses tueurs en armure noire à la bataille. Selon une légende de la Première Légion, l’une des éraflures de l’armure du Lion proviendrait de la lame de Barbatos, dernier souvenir d’un guerrier qui avait choisi d’affronter sa fin avec courage.

Le reste des Night Lords n’avait pas l’intention d’accorder une quelconque satisfaction à la Première Légion. Pour les guerriers de Nostramo, une mort courageuse mais futile n’avait que peu de valeur lorsqu’ils pouvaient blesser leur adversaire d’une autre manière. Les bandes de guerre dispersées de la VIIIe Légion se déplaçaient de monde en monde, brûlant et tuant là où elles ne trouvaient que les faibles ou les vulnérables, et empoisonnant les mondes en orbite où leurs défenses étaient trop fortes pour un assaut traditionnel. Contrairement à leur attaque précédente, il ne s’agissait pas de construire de petits empires ou de répandre l’arme favorite des Night Lords, la peur, mais plutôt d’entreprendre une campagne de terre brûlée. Ce qu’ils ne pouvaient pas garder, ils le détruisaient, la Frange Orientale brûlant pour satisfaire leur dépit et leur colère. Lorsqu’ils rencontraient la Première Légion en nombre suffisant pour les inquiéter, ils se retiraient, et lorsque le Lion parvenait à les acculer, ils se retiraient encore. Ils ne donnèrent à la Première Légion aucune chance de livrer une bataille décisive et ne lui laissèrent aucune pause pour se regrouper. N’ayant pas réussi à échapper à ses cauchemars, Curze offrit à la Frange Orientale un aperçu de ce qui le hantait, apportant le désespoir à son noble frère et travaillant sur le doute qui s’était installé en lui à Tsagualsa. La Croisade des Thramas n’était plus une bataille pour contrôler la périphérie orientale, elle en était devenue la mort.[30]

Regret et Désolation

Les mondes jadis riches de la Frange Orientale, déjà dévastés par plus de deux ans de guerre et de batailles constantes, furent ruinés par le nouveau rythme du conflit. Les derniers semblants de civilisation stellaire s’étaient effondrés et n’avaient laissé derrière eux que barbarie et folie, et des petits concepts tels que Loyaliste et Traître commencèrent à perdre leur sens. Les Night Lords descendirent partout où ils pouvaient trouver une faiblesse ou la moindre brèche dans les lignes des Loyalistes, leurs navires n’étant apparemment pas gênés par l’aggravation des tempêtes Warp qui s’étendaient depuis Ultramar pour englober Thramas. Là où ils apparaissaient, il n’y avait pas de glorieuses batailles ni de derniers défis, mais seulement un massacre brutal de tous ceux que la Légion avait choisi de ne pas asservir. Tout ce qui avait de la valeur sur ces mondes qu’ils ont attaqués fut emporté à bord des sombres vaisseaux de la VIIIe Légion, et là où ils ne pouvaient pas piller, ils brûlèrent des villes et rassemblèrent des populations entières dans des fosses communes. Lorsqu’ils partaient, il ne restait rien ayant de la valeur, seulement des ruines brûlées et les os blanchis de ceux jugés indignes d’être réduits en esclavage dans les entrailles de la flotte des Night Lords jusqu’à leur mort. Cette politique avait pénalisé les Night Lords presque autant qu’elle avait paralysé les Dark Angels, privant les deux camps de tout port sûr dans la folie de la guerre et leur laissant peu de havres de paix pour réparer et réapprovisionner les Légions meurtries qui poursuivaient la croisade.

Toujours tourmenté par les paroles du Night Haunter sur Tsagualsa et à peine remis des graves blessures qui lui avaient été infligées, le Lion avait entamé une sinistre nouvelle stratégie qui lui était propre. Sur ses ordres, les mondes qui ne pouvaient pas être entièrement protégés des déprédations des Night Lords furent rasés pour s’assurer qu’aucun secours ou profit ne pourrait leur être apporté. Les quelques mondes de moindre importance qui avaient échappé aux ravages des Night Lords tombèrent aux mains des Dark Angels, dont le propre saccage causa autant de destruction que celui des Night Lords. Les munitions et les guerriers furent épargnés par la politique de la terre brûlée et furent consolidés sur ces grands mondes jugés dignes d’être défendus par la Première Légion. Les petites colonies ou les petites forges dont les ressources étaient trop maigres pour justifier une garnison - car la défense de chaque avant-poste dépassait les effectifs qui restaient aux Loyalistes - furent mises à nu et leur population fut forcée de se déplacer à mesure que leurs anciennes maisons brûlaient. C’était aussi logique que cruel sur le plan pragmatique, et les habitants de Thramas virent ceux qu’ils avaient salués comme les héros de la Grande Croisade ravager la Frange Orientale.

Malgré tout, la nouvelle stratégie des Dark Angels ne s’avéra que marginalement efficace. Car si les grandes forteresses des Loyalistes étaient désormais pratiquement inexpugnables pour les Légions du Night Haunter, lourdement gardées et fortifiées, les Night Lords restaient une menace qui ne pouvait être ni attrapée ni être amenée à se battre là où elle pouvait être brisée. Pire encore, ils avaient achevé ce que les Night Lords avaient commencé, à savoir la destruction systématique des liens de communication et d’infrastructure qui avaient maintenu la Frange Orientale. Les tempêtes Warp qui avaient englouti l’Imperium ne cessaient de s’aggraver, le nom de "Tempête de la Ruine" se répandant dans tous les secteurs avec chaque histoire de navire perdu en transit, mais ces malheurs ne semblaient pas affecter ceux qui avaient prêté serment au Maître de Guerre. Se déplaçant lentement et en grand nombre, les Loyalistes survécurent aux tempêtes, frappant les forteresses des Traîtres où ils les trouvèrent et mettant enfin au pas une grande partie du secteur d’Aegis, mais les Night Lords leur échappèrent toujours. Bien que leur nombre et leurs ressources étaient supérieurs, les Dark Angels n’avaient pas pu mettre fin à la guerre alors que les Night Lords étaient encore en liberté.

Au milieu de cette tourmente, alors que la Frange Orientale s’effondrait autour de lui, Lion El’Jonson rassemble soudainement 30 000 de ses guerriers et quitta sans explication la Frange Orientale pour un lieu inconnu. En l’absence d’une si grande partie de la force des Dark Angels et de nombre de ses plus grands chefs, les Night Lords passèrent à l’offensive pour la première fois depuis des mois. Dans toute la Frange Orientale, ils frappèrent les garnisons restantes des Dark Angels, ignorant largement les mondes moins bien défendus par l’Auxilia Solar et l’Imperialis Militia, les saignant et prenant de nombreux trophées mais ne parvenant pas à déloger les défenseurs bien établis. Un seul bastion loyaliste allait tomber sous les griffes des fils du Night Haunter, et ce brièvement, mais ce fut une perte amère pour les Dark Angels. Thramas, dépouillé de sa garnison des Dark Angels lors de la disparition du Lion, n’était pas préparé à l’assaut de Nakrid Thole et des 10 000 guerriers qui se trouvaient derrière lui. Les défenses ruinées lors de l’assaut d’Ulan Hûda n’avaient jamais été entièrement réparées et de nombreux régiments qui s’étaient engagés à sa défense étaient dispersés dans les étoiles. Poursuivant la croisade du Lion, l’Étoile de l’Est tomba en quelques heures d’une bataille âpre mais inégale. Seul le palais de la Régente tenait bon, l’Ost de Minuit et ses Haches Énergétiques tenant les Night Lords à distance dans les limites du palais, passant leur temps à garder non pas la salle du trône mais le sanctuaire du chœur astropathique de la planète.

Obsédée par la destruction complète de Thramas, Nakrid Thole refusa de se retirer jusqu’à ce que ses derniers bâtiments aient été renversés et sa surface complètement rasée. Ses guerriers passèrent des jours à tourmenter et à massacrer les quelques habitants de Thramas qui se terraient dans leur monde d’origine, en exhibant leurs cadavres brisés devant le palais où la Régente et l’Ost de Minuit résistaient encore. Dans son arrogance, Thole n’avait guère pensé à autre chose qu’à sa vengeance, et lorsque le Warp se rouvrit après sept longues journées passées à tourmenter la Régente et ses gardes du corps, il se retrouva prit dans un piège de sa propre conception.

Une flotte des Dark Angels émergea du Warp et se rassembla pendant les longues journées de tourments de Thramas afin de pouvoir porter un coup à la Légion qui avait jusqu’alors évité leur fureur. Commandée par l’Eskaton Marduk Sedras, leur but n’était pas de soulager Thramas ou de sauver son peuple, mais de détruire complètement l’ost des Night Lords présent sur ce monde. Face à la flotte beaucoup plus importante des Dark Agels, le vaisseau du Prince Sans Visage avait peu de chance de victoire, mais leur chef de guerre refusa d’ordonner un retrait tant que la Régente de Thramas vivait encore. Alors même que les vaisseaux du dessus menaient une courte bataille pour la suprématie orbitale avant d’abandonner cette lutte désespérée, Nakrid Thole mena ses hommes à l’assaut du palais.

S’étant emparé de l’espace orbital au-dessus de Thramas, les vaisseaux des Dark Angels y firent pleuvoir le feu, l’Eskaton décrétant que devant le peu de survivants suite aux passage des Night Lords, le carnage ne valait guère la peine de risquer la vie de ses guerriers pour sauver la planète. Le phosphex et les faisceaux des lances réduisirent en ruines les spires autrefois fières de Thramas, tuant de nombreux Night Lords qui chassaient encore à travers la Cité-Ruche et anéantissant les quelques citoyens survivants. Lorsque l’Eskaton et les sinistres guerriers de la Dreadwing mirent enfin le pied à la surface après trois heures de bombardement, ils trouvèrent peu de choses qui ressemblaient encore à une ville, juste du métal tordu et du ferrobéton fondu déformés en des formes qui semblaient étrangères et étonnantes. Là, parmi la pluie brûlante et les os blanchis d’un monde loyal, ils chassèrent les derniers des Night Lords qui portaient fièrement la plaque bleu foncé des guerriers du Night Haunter et que la chaleur et la destruction avaient transformée en quelque chose de démoniaque. Thole lui-même, trouvé seul dans le palais lourdement blindé de la Régente, tomba au combat contre l’Eskaton Marduk, et une légende au sein de la Première Légion prétend qu’il serait mort avec le crâne de la Régente fixé sur son armure et un sourire amer sur son visage.

Les Dark Angels déclarèrent que la bataille était une victoire, car les Night Lords avaient subi une perte importante de troupes suite à leurs actions, mais cette victoire sonnait creux. Thramas avait été la capitale de la Frange Orientale, l’un de ses mondes les plus prospères et un bastion de la Grande Croisade, et maintenant elle était en ruines. Elle n’avait pas été détruite par la main du Maître de Guerre ou la folie de Curze, mais par la logique pragmatique de la Première Légion, les guerriers qui représentaient l’Empereur et l’Imperium qu’Il avait bâtit. Ce fut le premier aperçu du véritable visage de l’Hérésie d’Horus, une guerre de haine et de brutalité qui ne concernait plus la question de savoir qui contrôlerait les ruines de l’Imperium, mais qui était devenue un exercice de génocide. Thramas était le symbole de ce que l’Hérésie d’Horus réservait à la Frange Orientale, une mort silencieuse dans l’ombre d’une fratrie post-humaine aux prises avec des frères sans héros ni scélérats. La mort de Thramas n’avait pas fait pencher la balance de la guerre, les Night Lords étaient restés une terrible menace pour les Loyalistes malgré leurs pertes, et il semblait que la tuerie allait continuer jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien dans le Segmentum que des cadavres et des ruines. Puis, le Lion revint de Perditus.[31]

Le Désespoir s'Abat

La Bataille Interdite[32]

On ne sait presque rien de l’expédition du Lion dans le système appelé seulement Perditus, "Interdit" - 30 000 Dark Angels étaient partis avec leur Primarque, mais beaucoup moins reviendront. On ne sait pas qui le Lion a combattu, mais la rumeur veut que sa Légion n’était pas la seule présente dans ce système éloigné, et son objectif était peut-être un secret encore détenu par les Dark Angels bien après la fin de l’Hérésie d’Horus. La seule chose dont on est sûr, c’est que le Lion a ramené quelque chose avec lui de cet endroit interdit.

Appelé au sein de la Première Légion simplement le "Gardien des Portes" ou la "Clé", la chose que Lion El’Jonson ramena de Perditus lui permit de contourner les grandes tempêtes qui avaient balayé une grande partie de la galaxie. C’était la clé pour gagner la Croisade de Thramas une fois pour toutes, et personne n’avait remis en question un tel outil ni le secret qui l’entourait. Les grands et les puissants qui ont supervisé la guerre ont convenu qu’un tel prix valait le sacrifice de Thramas et d’un certain nombre d’autres mondes, car il leur permettait de punir les Traîtres et de frapper leurs flottes en toute impunité. Le Lion, lorsqu’il évoqua de telles choses, en parlait comme d’un mal nécessaire, d’un outil qu’il fallait manier selon les besoins, puis mettre de côté. Un seul document, caché au fond des voûtes de Terra, dans les rayonnages gardés qui maintiennent les tomes consacrés à l’étude du psyarkane, donne un nom à cet outil, un nom qui a un aspect sinistre. Il l’appelait "Tuchulcha, le Serviteur des Mers Mortelles". Il le désignait comme étant un "Démon".

Dès le retour du Lion, la guerre commença à changer. Alors qu’auparavant les Dark Angels avaient tâtonné aveuglément dans le Warp, ne voyageant qu’avec difficulté et incapables de coincer leur ennemi, ils se déplacèrent maintenant à une vitesse qui surpris les Night Lords. La Première Légion avait acquis une arme qui lui permettait de contourner les tempêtes qui isolaient une grande partie de la Frange Orientale. Cette nouvelle arme, ajoutée dans leur arsenal à Perditus par le Lion lui-même, serait la clé de la victoire dans la Croisade de Thramas. Pour que cette clé fonctionne, il fallait une serrure, un point critique où elle pourrait être maniée avec un maximum d’efficacité. Les Dark Angels manquaient de temps, ils pouvaient difficilement se permettre trois autres années de guerre à l’Est avec Horus fonçant sur Terra et des rumeurs inquiétantes s’échappant d’Ultramar déchiré par la guerre. Ils avaient besoin d’une bataille décisive, d’un terrain sur lequel ils pourraient briser les Night Lords et mettre fin à la guerre une fois pour toutes.

Créer un tel champ de bataille serait le défi à relever, car les Night Lords opéraient en flottes de raid dispersées et rarement rassemblées en force. Leur point d’ancrage avait été découvert grâce à des données récupérées dans les épaves de navires détruits au-dessus de Thramas, une installation cachée au-dessus de l’un des mondes extérieurs du système de Sheol en ruine, abandonné il y a près d’un an et jugé mort par les Loyalistes. Pourtant, agir sur la base de ces informations la rendrait inutile, car une fois que les Night Lords auraient réalisé que leur base était compromise, ils l’abandonneraient comme ils l’avaient fait pour d’autres et la guerre continuerait. Pour qu’il y ait une seule grande bataille, les Dark Angels devraient la créer en entier. La première étape du plan du Lion pour y parvenir fut la destruction et le harcèlement des flottes des Night Lords, laissant la conduite de la guerre au sens large aux régiments survivants de la Garde de Nuit et aux seigneurs de Gulgorahd. Rassemblant la puissance des vaisseaux de sa Légion, le Lion attendit et veilla. Lorsque ses alliés signalèrent l’apparition d’une flotte de Night Lords dans le système, il utilisa sa nouvelle arme pour mettre toute sa flotte à leur service, écrasant ceux qui essayaient de se battre et laissant fuir ceux qui choisissaient de s’échapper. En l’espace de quelques mois, après que huit flottilles distinctes des Night Lords aient été dispersées, les Night Lords s’étaient pratiquement retirés du combat, choisissant de se cacher et d’attendre que la marée retombe.

La deuxième étape du plan du Lion consistait à fournir aux seigneurs de Gulgorahd l’emplacement des vestiges de la Legio Victorum, les renégats le plus détestés de Gulgorahd, provoquant délibérément une réponse immédiate des Magos belliqueux de Gulgorahd qui vidèrent leurs garnisons pour frapper les Traîtres. Cette soudaine faiblesse dans la ligne des Loyalistes, ouverte par l’assaut malavisé des seigneurs de Gulgorahd, était une opportunité que les Traîtres ne pouvaient pas ignorer.

Alors même que le Taghma de Gulgorahd commençait sa propre bataille et demandait de l’aide, le Lion rassembla déjà le gros de sa Légion pour attaquer Sheol IX, où il savait que le Night Haunter devait faire de même pour se préparer à tirer profit de ce qui semblait être une autre bévue stratégique des forces de Gulgorahd. C’était là qu’allait enfin se dérouler la bataille décisive souhaitée par le Lion, organisée aux dépens des guerriers de Gulgorahd, qui allaient se lancer dans un assaut futile contre les éléments renégats de la Legio Victorum en échange de la possibilité de paralyser les Night Lords.

En raison de la nature de sa nouvelle arme, le Lion ne pouvait pas recourir à des tactiques navales plus traditionnelles ; il n’y aurait pas d’escadrons avancés pour repérer leur approche et pas de lente consolidation d’armadas disparates à la périphérie du système. Au lieu de cela, la puissance rassemblée des Dark Angels, quelque 300 navires de classe capitale et le double en vaisseaux d’attaque et en navires plus petits, apparut à moins d’une unité astronomique des planètes extérieures du système Sheol, dressée en formation serrée autour de l’ancien cuirassé Invincible Raison. La flotte des Night Lords, peut-être 200 navires de classe capitale et trois fois plus en torpilleurs et en frégates chasseurs-tueurs plus légers, avait été prise au dépourvu, beaucoup de ses vaisseaux étant encore à l’ancre dans des stations orbitales au-dessus de Sheol IX et la grande majorité de ses guerriers à la surface de la planète attendant d’être embarqués. Ces escadrons prêts à l’action se déplacèrent pour s’opposer aux éléments de tête de la flotte des Dark Angels, mais ne pouvaient guère faire plus que retarder les croiseurs lourds massés de la Première Légion. Une douzaine de vaisseaux de ligne des Night Lords furent détruits dans les premiers instants de l’attaque, mais les quelques précieuses minutes qu’ils achetèrent pour leurs frères permirent au reste de leur flotte de se préparer. Certains se sont déplacés pour former une défense cohésive, d’autres ont essayé en vain de transporter les troupes piégées sur Sheol IX, y compris le Primarque Konrad Curze lui-même, vers la sécurité relative de l’orbite et quelques-uns ont prit le large et se sont glissés dans le Warp.

Les Dark Angels avancèrent, leurs navires si nombreux que, depuis la surface de Sheol IX, ils bloquèrent la lumière des étoiles, et les Night Lords qui restèrent n’eurent d’autre choix que de se dresser contre la marée à coque noire qui s’abattait sur eux. C’était là la bataille finale qu’ils avaient recherchée, le point culminant de la longue croisade dans laquelle ils avaient combattu et le juste châtiment pour ceux qui avaient rejeté leurs serments. Pourtant, malgré cela, il n’y eut pas de discours émouvant ni de fin héroïque à la longue lutte pour la Frange Orientale. Au lieu de cela, les Dark Angels prirent des positions de tir et commencèrent un bombardement systématique des Night Lords, nombre de leurs anciens croiseurs reliques étant capables d’engager l’ennemi avec précision à une portée bien plus grande que celle à laquelle leurs adversaires pouvaient facilement répondre. Ce fut un massacre mené avec une précision froide et sans passion, des escadrons entiers de vaisseaux des Night Lords étant mis en pièces avant même qu’ils ne puissent répliquer à l’assaut. L’ennemi qu’ils avaient acculé refusa de mourir d’une fin ignominieuse comme le devraient les Traîtres et répondit avec la détermination et la dignité obstinée que l’on attend des héros de la Grande Croisade.

La plupart des vaisseaux restants de la VIIIe Légion menèrent une charge massive, tandis que les autres restèrent en orbite autour de Sheol IX, luttant toujours pour ramener les guerriers de la Légion à bord. Les Croiseurs d’Attaque des Night Lords prirent d’assaut l’avant-garde, ceux de tête subissant d’horribles dégâts lors du tir précis des Dark Angels, servant de bouclier à ceux qui se trouvaient derrière eux pour atteindre le champ de tir. Séparés comme un banc de prédateurs aquatiques mortels et voraces, les Night Lords se divisèrent en une douzaine de formations plus petites et frappèrent la ligne des Dark Angels en déclenchant une furieuse tempête de feu à bout portant. Les lignes des Dark Angels se divisèrent, un certain nombre de leurs navires se sont enflammés et ont gîté hors de leur formation, mais ne s’étaient pas brisés. Les vaisseaux des Night Lords se jetèrent sur les ouvertures qu’ils avaient forcées, sauvant autant de leurs propres navires que de coques brisées dans la tentative. Sur la centaine de vaisseaux de guerre qui étaient partis au combat, à peine 50 survécurent pour percer les lignes de la flotte de la Première Légion, beaucoup d’entre eux ayant été délibérément mutilés et laissés sans défense dans le vide, puis abordés par les guerriers du Lion pour être pris comme trophée de guerre. Les survivants ne s’étaient pas précipités pour un second assaut ou pour sauver leurs frères blessés, mais ont préféré se rendre à la périphérie du système et à la sécurité de l’espace profond, refusant de laisser les Dark Angels se livrer à un massacre complet, car leur survie serait pour les Dark Angels une victoire amère.

La flotte de la Première Légion n’avait pas lancée de poursuite, choisissant plutôt de se rapprocher des navires qui se trouvaient encore en orbite autour de Sheol IX, ceux ayant choisi de sauver les Night Lords comme force de combat. Avec une malice délibérée, les Dark Angels encerclèrent Sheol IX, un petit monde par ailleurs insignifiant, et commencèrent à démembrer les Night Lords qui avaient courageusement choisi de rester et de tenter de sauver leurs frères échoués à la surface, en dessous. La principale force de la flotte des Dark Angels se concentra sur les navires de tête de la défense ennemie : le cuirassé de classe Gloriana Nightfall qui était le vaisseau amiral de Curze et les croiseurs lourds Shroud of Eventide et Feral Heart qui tentèrent désespérément de protéger le vaisseau amiral, subissant presque autant de dégâts qu’ils en infligèrent dans leur empressement à mettre fin au Night Haunter. Curze, cependant, n’était pas à bord du Nightfall, mais en surface, un fait qui n’avait été révélé que lorsque les Dark Angels avaient commencé à débarquer leurs propres troupes, cherchant à mettre fin aux Night Lords en détail, à la fois en orbite et au sol. La bataille pour Sheol IX était rapidement tombée dans la folie et le chaos, les deux armées ayant du mal à suivre les événements en détail et étant enchaînées aux petites batailles dans lesquelles elles se trouvaient prises.

À travers l’espace orbital, les vaisseaux des deux flottes commencèrent à se mêler, pris dans des duels désespérés et des abordages brutaux, tandis que les coques brisées et les détonations des mourants se révélaient aussi mortelles que des ennemis vivants. Les aéronefs de débarquement et les navettes des Night Lords menèrent un combat séparé pour amener leurs troupes aux quelques vaisseaux encore capables de les prendre à bord, tandis que les intercepteurs et les frégates des Dark Angels les pourchassaient sans pitié. En bas, sur le rocher gris et stérile de Sheol IX, les Night Lords luttèrent pour maintenir la ligne autour des quelques postes fortifiés où ils pouvaient embarquer en toute sécurité. Certains détachements menèrent des raids contre les propres points de débarquement de la Première Légion et d’autres se sont battus pour détruire leurs propres arsenaux cachés avant que la Première Légion ne s’empare des armures lourdes et équipements qui ne pouvaient être évacués. Le Night Haunter rôdait sur le champ de bataille, tuant dans une frénésie sauvage et criant pour que son frère lui fasse face, laissant sa Légion sans chef et divisée face à l’assaut de la Première Légion.

L’ultime défaite des Night Lords.

Pendant deux longues heures, les Night Lords ont tenu bon, tant en orbite qu’en surface, tenant à distance le nombre impressionnant de Dark Angels, avec une pure méchanceté sanglante et un compte de guerriers tombés et de navires détruits qui dépassait l’entendement. En orbite, le nombre de navires opérationnels des Night Lords était inférieur au nombre de carcasses flottantes détruites, tandis qu’en surface, il n’y avait aucune compagnie ou détachement qui n’avait pas subi de pertes débilitantes. En l’espace d’une seule courte bataille, les Dark Angels avaient détruit un quart de la VIIIe Légion et menaçaient de les ensanglanter davantage à chaque instant qui passait. Ici, au sommet de la Croisade de Thramas, le Lion et le Night Haunter se sont à nouveau rencontrés dans un combat mortel, l’un cherchant la mort et l’autre la vengeance. Leur affrontement fut bref mais vicieux, pas de duel honorable mais une rixe malveillante qui laissera le Night Haunter brisé et en sang. Le Lion aurait achevé son frère tombé, sa colère soulevée par la destruction qu’il avait été forcé de déchaîner sur la Frange Orientale, si les Capitaines des Night Lords n’avaient pas engagé la dernière de leurs réserves pour le retenir. Une compagnie entière de Night Lords s’était sacrifiée pour couvrir les guerriers qui ont traîné le Night Haunter comateux jusqu’au dernier des Stormbirds, donnant leur vie pour contrecarrer la vengeance du Lion.

Le Nightfall et ses compagnons restèrent coincés en orbite pendant que le Night Haunter s’échappait à bord de l’Excoriator. Battu par l’assaut incessant des navires des Dark Angels qui les entouraient, le Nightfall était infesté de Torpilles d’Abordage et de cadres brutalement efficaces de saboteurs de la Firewing. Même si leur Primarque avait été sauvé, bien que ses blessures pouvaient lui être fatales, les Night Lords auraient été condamnés sans la destruction du Feral Heart. Le croiseur d’assaut gravement endommagé, seul le pont étant encore sous le contrôle des Night Lords alors que les vétérans de la Firewing découpaient les dernières cloisons, fit exploser son Moteur Warp plutôt que de permettre la capture du navire. Le vaisseau mourant se déchira dans l’espace réel sur une vaste zone, annihilant les navires pris dans l’onde de choc et découpant des morceaux des flancs de ceux qui se trouvaient près de lui, offrant une ouverture dans le filet de la flotte des Dark Angels. Le Nightfall s’y engouffra, utilisant son énorme volume pour écraser le croiseur Unyielding Duty et les autres navires de la flotte qui ont suivi. Les croiseurs Night Lords Absolute et Crown of Ashes, derniers de la flotte en fuite, firent demi-tour pour permettre à leurs frères de gagner du temps afin de ralentir les Dark Angels, surchargeant leurs armes pour délivrer salve après salve pendant que les Dark Angels les découpaient en morceaux. Les Night Lords survivants n’avaient pas attendu d’atteindre les limites du système et le Point de Mandeville, mais activèrent leurs Moteurs Warp juste à l’extérieur de la faible attraction gravitationnelle de Sheol IX. Trois autres navires y périrent, leurs Moteurs Warp ayant subi des pannes catastrophiques, résultat d’une manœuvre désespérée, et le reste tomba dans la sécurité douteuse du Warp. Les Dark Angels restèrent en poste au-dessus de Sheol IX pour éradiquer les survivants. Une fois la bataille pour le système Sheol terminée sur la surface de sa neuvième planète, au milieu des cendres du dernier des mondes brisés en date par ses mains, le Lion rumina les paroles de Konrad Curze :

« Des armes brutales, tous autant que nous sommes, trop dangereuses pour être employées sans qu’il n’y ait un prix à payer. C’est tout ce que l’histoire retiendra de nous. Et même de toi, Lion. Même de toi. »[33]

Le Lourd Tribut de la Victoire

« Qu’est-ce qui fait la prospérité de l’Imperium si on lui coupe son cœur battant pour réclamer les bienfaits éphémères de la victoire à la guerre ? Je crains que ce que le Night Haunter a déclenché ne se termine pas par sa défaite, mais nous hante jusqu’à nos tombes et au-delà. »
- Capitaine-Général Morhde de la Garde de Nuit Thramassi.

Une Légion Se Déchire

Dans les vastes nuages de débris qui tournaient en orbite autour de Sheol IX et avec les dérives de cadavres à sa surface, se trouvait la fin de la Croisade de Thramas. Plus de trois ans de sang et de mort avaient amené les Loyalistes et les Traîtres dans ce lieu sombre. Il n’y avait pas eu de défilé de la victoire ni de lauriers accordés à ses héros, seulement des places vides dans leurs rangs. Pour les Night Lords, ce fut le glas de leur Légion, car près d’un quart de ceux qui avaient survécu à la guerre jusqu’alors gisaient maintenant morts à la surface du Sheol IX et la flotte jadis importante de la VIIIe Légion était réduite à l’ombre de son ancienne gloire. Le Night Haunter était l’emblème même de sa Légion, car bien qu’il ait survécu, ses blessures étaient si graves que tous ceux qui le voyaient parlaient de lui comme d’un mort. Une moitié de sa Légion anéantie craignait qu’il ne se relève jamais, et l’autre moitié blâmait sa responsabilité dans leur propre humiliation, se convainquant que cela était vrai. Au lendemain de Sheol, il ne restait plus grand-chose de la VIIIe Légion, autrefois si fière, que ceux qui l’avaient connue dans les jours lointains des Guerres d'Unification n’auraient pas pu la reconnaître. Comme leur Primarque, la Légion des Night Lords fut blessée à mort, et ses guerriers se trouvèrent au bord de leur propre guerre civile. Sans la menace de la colère du Night Haunter, beaucoup de seigneurs de guerre de la Légion n’avaient pas de raison de poursuivre la guerre d’Horus, alors qu’ils pouvaient s’occuper de leur propre divertissement. Si cette situation avait été laissée à l’abandon, il est probable que les Night Lords auraient cessé d’exister en tant qu’armée cohésive, vouée à se désintégrer dans des bandes de pirates et de brigands itinérants, au lieu de quoi elle aurait sombré dans la folie. Sevatar et les Atramentars apportèrent la mort aux leurs, en menant une guerre courte et brutale pour redonner un sentiment d’unité et un but à la Légion brisée. Prenant le pouvoir et mettant en place un nouveau conseil pour diriger la Légion, Sevatar laissa ceux qui ne pouvaient pas servir dans ses nouveaux Night Lords se glisser dans l’ombre du secteur de Thramas tandis qu’il rassemblait les derniers survivants auprès de lui sur la petite et insignifiante étoile de Qetesh.

C’est là que les Night Lords allaient rencontrer l’humiliation finale de leur longue bataille contre les Dark Angel. Ayant rassemblé les survivants de la flotte, appelant les navires depuis les points de ralliement à Yrrkesh, Taur et autres étoiles, les Night Lords avaient pensé obtenir un bref répit, mais cela ne devait pas se produire. Alors même que les Night Lords se préparaient à quitter la Frange Orientale, les Dark Angels leur tombèrent dessus une fois de plus. On ne peut pas parler de bataille, car la Première Légion était tellement plus nombreuse que ses proies et les avait tellement surpris qu’il ne s’agissait pas de savoir s’ils allaient crier victoire, mais plutôt de savoir combien de navires renégats allaient pouvoir échapper au massacre. Une fois de plus, le facteur décisif serait les actions imprévisibles de Konrad Curze, qui, se réveillant de sa torpeur à bord de l’Excoriator alors que les Night Lords luttaient pour s’échapper, ordonna un dernier abordage du navire amiral des Dark Angels. C’était un effort futile et voué à l’échec, la manifestation du dépit amer et suicidaire du Night Haunter, et cela allait coûter cher à sa Légion. Sur les plus de 100 000 guerriers de la VIIIe Légion qui étaient entrés dans le conflit, moins de 60 000 échapperont à l’embuscade de Sheol IX, le Night Haunter lui-même comptant parmi les perdus, vu pour la dernière fois en train de combattre le Lion à bord de l’Invincible Raison aux côtés de Sevatar et des Atramentars. Ce fut la fin de la VIIIe Légion, le dernier souffle des guerriers qui avaient gagné la Grande Croisade pour être libérés des contraintes de ses restrictions, et le début de quelque chose de bien plus sombre.[34]

Une Résolution Ternie

Même pour la Légion que l’histoire enregistra comme vainqueur, la saveur de son triomphe était cendrée et les lauriers qu’elle portait étaient façonnés à partir des os brûlés d’un empire. Bien que les Dark Angels n’aient perdue qu’une fraction des pertes infligées aux Night Lords, avec pas plus de 10 000 guerriers tués au combat, ils avaient dépensé une autre garantie afin d’assurer la destruction finale de leur ennemi. La détermination de la Première Légion et de son Primarque avait été mise à l’épreuve, leur désir de victoire se heurtant à leur volonté de démolir l’Imperium pour éviter que l’ennemi ne s’en empare. C’était une épreuve à laquelle Lion El’Jonson avait été confronté à de nombreuses reprises dans le passé, la mort d’un monde considéré comme un faible coût à payer pour l’avenir de l’Imperium tout entier, mais cette guerre était différente. Elle exigea des sacrifices d’une ampleur qui éclipsa même celle de la Grande Croisade, avec des centaines de mondes laissés à l’abandon pour que des batailles puissent être gagnées ailleurs, ou des populations entières étaient passées au fil de l’épée pour ne pas être poussées au service de l’Architraître. S’il n’y avait quelqu’un d’autre que le Lion, ils auraient peut-être hésité. Sanguinius aurait déploré le coût en vies innocentes et Guilliman aurait abhorré la ruine des mondes productifs, mais Lion El’Jonson avait depuis longtemps endurci son cœur à de telles épreuves.

Il n’y avait qu’une seule petite fissure dans l’armure que le Lion avait forgée autour de son âme, une seule faiblesse qui l’avait beaucoup peiné dans les derniers jours de la campagne de Thramas. C’était une blessure infligée par le Night Haunter, pas une blessure gravée dans sa chair, car les Primarques avaient toujours été rapides à guérir des blessures les plus graves, mais une obscurité dans son cœur. Les mots de Konrad Curze le hantèrent : "Même de toi, Lion. Même de toi". Il ne se souciait pas que d’autres puissent le mépriser pour ses choix, car il croyait que l’histoire le rachèterait, mais que ses méthodes ne le rendaient pas différent de Curze, du Night Haunter, était une lame posée contre son cœur. Tous les sacrifices qui avaient été faits pour construire l’Imperium et préserver le rêve d’unité de l’Empereur étaient sa fierté, son devoir, payé avec son propre sang et de celui de ses fils. Le fait qu’il soit considéré comme l’égal de la boucherie perpétrée par des brutes comme Curze ou Angron l’avait rapproché de la colère, de la rage aveugle, que toute autre insulte ou blessure n’avait jamais été faite. Le Lion se demandera si, dans les derniers jours de la guerre dans la périphérie orientale, il avait agi par nécessité cruelle ou sous l’impulsion de sa propre haine pour Curze.

Pour Thramas et ses mondes brisés, il ne pouvait rien faire, les remords de toute sorte étaient assimilables à la folie du Lion. Le secteur avait été ruiné dans la cause de l’Imperium, un sacrifice de plus offert pour un avenir que l’Empereur avait promis à Ses fils, et il n’avait plus aucune valeur dans la guerre contre Horus. Le Lion partit donc, ni en triomphe ni en défaite, mais avec un sentiment de fierté fragile qu’une fois de plus la Première Légion avait fait irruption dans les mâchoires de l’enfer et en était sortie ensanglantée mais intacte. Si cette rébellion devait être le test final de sa détermination, il l’affrontera de front, se montrera meilleur que ses frères qui étaient tombés dans leurs propres désirs et haines égoïstes. De sa main, l’Imperium serait sauvé et il ne tolérerait pas qu’on cherche à y mettre fin, au nom de ses propres sacrifices et du devoir qui lui avait été confié par l’Empereur Lui-même. À partir de Thramas, le Lion tourna ses navires, non pas vers la lointaine Terra, toujours enveloppée de tempêtes, mais vers Ultramar et son frère Guilliman, car de terribles rumeurs l’avaient atteint depuis Tigrus. Elles parlaient de destruction et de mort, de la trahison des World Eaters et des Word Bearers, et d’une nouvelle bannière hissée parmi les ruines de son Imperium. Un rebelle s’était déjà levé et tomberait entre les mains du Lion, et si un autre avait osé se lever, il subirait le même sort. Les Dark Angels quittèrent Thramas en ordre de bataille, les canons prêts et les lames aiguisées ; ils mirent le cap sur une nouvelle cible et vers une destination singulière.

Vers l’Imperium Secundus.[35]

Source

Pensée du Jour : « Puisse la colère de l’Empereur purifier nos âmes. »
  • The Horus Heresy, Book Nine - Crusade
  1. The Horus Heresy, Book Nine - Crusade, Chapter The Edge of Ruin - The Warmaster’s Rebellion (traduit de l'anglais par Guilhem)
  2. The Horus Heresy, Book Nine - Crusade, Chapter The Edge of Ruin - A Betrayal Long In The Making (traduit de l'anglais par Guilhem)
  3. The Horus Heresy, Book Nine - Crusade, Chapter The Edge of Ruin - The End of Empire (traduit de l'anglais par Guilhem)
  4. The Horus Heresy, Book Nine - Crusade, Chapter The Edge of Ruin - Broken, Blinded and Bound (traduit de l'anglais par Guilhem)
  5. The Horus Heresy, Book Nine - Crusade, Chapter The Thramas Crusade - To Rule Among thr Ashes of Empire (traduit de l'anglais par Guilhem)
  6. The Horus Heresy, Book Nine - Crusade, Chapter Dusk's Bleak Shadow - To Shake the Pillars of Heaven (traduit de l'anglais par Guilhem)
  7. The Horus Heresy, Book Nine - Crusade, Chapter Dusk's Bleak Shadow - The Madness of Konrad Curze (traduit de l'anglais par Guilhem)
  8. The Horus Heresy, Book Nine - Crusade, Chapter Dusk's Bleak Shadow - The Price of Defiance (traduit de l'anglais par Guilhem)
  9. The Horus Heresy, Book Nine - Crusade, Chapter Dusk's Bleak Shadow - The Hidden War (traduit de l'anglais par Guilhem)
  10. The Horus Heresy, Book Nine - Crusade, Chapter Dusk's Bleak Shadow - The Keystone of Victory (traduit de l'anglais par Guilhem)
  11. The Horus Heresy, Book Nine - Crusade, Chapter Dusk's Bleak Shadow - The Sheol Incident (traduit de l'anglais par Guilhem)
  12. The Horus Heresy, Book Nine - Crusade, Chapter Dusk's Bleak Shadow - Surrender is Death (traduit de l'anglais par Guilhem)
  13. The Horus Heresy, Book Nine - Crusade, Chapter Dusk's Bleak Shadow - The Logic of Hate (traduit de l'anglais par Guilhem)
  14. The Horus Heresy, Book Nine - Crusade, Chapter Dusk's Bleak Shadow - Nightfall (traduit de l'anglais par Guilhem)
  15. The Horus Heresy, Book Nine - Crusade, Chapter Death’s Swift Wings - Midnight In The Kingdom of Ashes (traduit de l'anglais par Guilhem)
  16. The Horus Heresy, Book Nine - Crusade, Chapter Death’s Swift Wings - Diamat Incursion (traduit de l'anglais par Guilhem)
  17. The Horus Heresy, Book Nine - Crusade, Chapter Death’s Swift Wings - Unexpected and Unlooked For (traduit de l'anglais par Guilhem)
  18. The Horus Heresy, Book Nine - Crusade, Chapter Death’s Swift Wings - The Fall of Triplex (traduit de l'anglais par Guilhem)
  19. The Horus Heresy, Book Nine - Crusade, Chapter Death’s Swift Wings - The Siege of Thramas (traduit de l'anglais par Guilhem)
  20. The Horus Heresy, Book Nine - Crusade, Chapter Death’s Swift Wings - A Bloody Equilibrium (traduit de l'anglais par Guilhem)
  21. The Horus Heresy, Book Nine - Crusade, Chapter Death’s Swift Wings - The Midnight Treaties (traduit de l'anglais par Guilhem)
  22. The Horus Heresy, Book Nine - Crusade, Chapter Death’s Swift Wings - The Lost, the Fallen and the Broken (traduit de l'anglais par Guilhem)
  23. The Horus Heresy, Book Nine - Crusade, Chapter Death’s Swift Wings - A Gathering of Malice (traduit de l'anglais par Guilhem)
  24. The Horus Heresy, Book Nine - Crusade, Chapter Death’s Swift Wings - The Weight of their Choices (traduit de l'anglais par Guilhem)
  25. The Horus Heresy, Book Nine - Crusade, Chapter When Dreams Become Nightmares - The Slow March to Victory (traduit de l'anglais par Guilhem)
  26. The Horus Heresy, Book Nine - Crusade, Chapter When Dreams Become Nightmares - The Price of Failure (traduit de l'anglais par Guilhem)
  27. The Horus Heresy, Book Nine - Crusade, Chapter When Dreams Become Nightmares - The Knight and the Warlord (traduit de l'anglais par Guilhem)
  28. The Horus Heresy, Book Nine - Crusade, Chapter When Dreams Become Nightmares - The Witch of Thramas (traduit de l'anglais par Guilhem)
  29. The Horus Heresy, Book Nine - Crusade, Chapter When Dreams Become Nightmares - Savage Weapons (traduit de l'anglais par Guilhem)
  30. The Horus Heresy, Book Nine - Crusade, Chapter When Dreams Become Nightmares - The Spite of Devils (traduit de l'anglais par Guilhem)
  31. The Horus Heresy, Book Nine - Crusade, Chapter When Dreams Become Nightmares - Regret and Desolation (traduit de l'anglais par Guilhem)
  32. The Horus Heresy, Book Nine - Crusade, Chapter When Dreams Become Nightmares - The Forbidden Battle (traduit de l'anglais par Guilhem)
  33. The Horus Heresy, Book Nine - Crusade, Chapter When Dreams Become Nightmares - Desperation cuts Keenly (traduit de l'anglais par Guilhem)
  34. The Horus Heresy, Book Nine - Crusade, Chapter The Heavy Toll of Victory - A Legion Rent Asunder (traduit de l'anglais par Guilhem)
  35. The Horus Heresy, Book Nine - Crusade, Chapter The Heavy Toll of Victory - A Resolve Tarnished (traduit de l'anglais par Guilhem)