Guerre de Quatre-Vingt-Dix-Huit Jours de la Raven Guard
- « Nous n’avons pas de place pour l’espoir. Nous planifions et nous agissons. L’espoir est pour les rêveurs et les poètes. Nous avons notre volonté et nos armes, et nous forgerons notre propre destin. »
- - Seigneur Corax, Primarque de la Legiones Astartes Raven Guard.
La Guerre de Quatre-Vingt-Dix-Huit Jours de la Raven Guard Avant le Salut
Un récit compilé à partir de témoignages de survivants et de ceux qui ont enduré ces épreuves.
Au lendemain du Massacre du Site d'Atterrissage, tout était anarchie et ruine sur Isstvan V. Parmi les Légions Space Marines qui avaient été trahies jusqu’à leur destruction, ceux qui avaient survécu connaissaient le désespoir et l’horreur. Confrontée à une trahison d’une telle ampleur et à la terrible puissance meurtrière qui leur était opposée, chaque Légion réagissait en fonction de sa propre nature et de son caractère. Les Salamanders se jetèrent massivement dans le creuset brûlant de la guerre, bien que confrontés à des obstacles inattaquables, la majorité d’entre eux ne revenant jamais. Les Iron Hands, sombrant dans la folie par le spectacle inconcevable de leur Primarque, la Gorgone, décapitée par son propre frère, furent consumées par une haine sans borne. Les Raven Guards, cependant, étaient différents. Guidé par leur propre nature, l’héritage du Seigneur Corbeau a porté ses fils restants non pas vers le feu, mais loin de lui, dans l’ombre. Corax avait survécu, et ce facteur par-dessus tout devait être le salut de sa Légion.
Rapidement après avoir deviné le piège impitoyable qui encerclait les Loyalistes sur le site d’atterrissage, il ordonna une extraction générale de sa Légion dès qu’il se serait sorti d’une confrontation directe et sanglante avec ses frères Primarques devenus ennemis : Lorgar et Curze. Ici, les stratégies guerrières de la Raven Guard, axées sur les manœuvres rapides et les retraites feintes, firent une différence significative. Les protocoles pratiqués de longue date par la Raven Guard ont permis de mettre en place un plan de retrait rapide et efficace malgré les ravages qu’ils subirent. Les coordonnées de rendez-vous de combat et de dispersion d’urgence ont été codées par Corax à travers le réseau de commandement de la Légion, à l’aide de phrases et d’expressions idiomatiques remontant à l’insurrection de Lycaeus. Corax soupçonnait à juste titre que le réseau de commandement et de contrôle de sa Légion était compressée et ce seul fait sauverait à lui seul de nombreuses vies parmi ses Légionnaires.
Alors que sa Légion commençait son combat hors des zones d’extermination, Corax vint au secours d’un corps de ses fils isolé par une masse de Word Bearers. Le Seigneur Corbeau lui-même était une tempête de mort vêtue d’ombre, ses yeux flamboyants de haine, sauvages et impitoyables dans sa vengeance et pourtant non sans but. Il avait perdu une de ses Griffes Éclairs lors d’un duel contre son frère déséquilibré, le Night Haunter. Mais il déchaîna son autre Griffe, frappant à chaque coup un Légionnaire ennemi, le réduisant en lambeaux avant de jeter des viscères fumantes sur les sables noirs assoiffés, et quand il s’envola dans le ciel avec ses Ailes du Corbeau noir, il redescendait immédiatement pour faucher des dizaines de Traîtres et sauver des poches de Loyalistes isolés et encerclés, tombant comme un éclair sur leurs attaquants et leur permettant de quitter le lieu de la tuerie.
La bravoure et la rage du Seigneur Corbeau n’étaient pas irraisonnées, mais canalisés dans un seul but - laisser le temps à ses fils de se sortir de l’anarchie meurtrière de la Dépression d’Urgall. Escouade par escouade, Compagnie par Compagnie, le Raven Guard s’est désengagé des Traîtres, les escouades de reconnaissance de la Légion utilisant le chaos général pour identifier les routes d’extraction et les points de rassemblement dans les désolations au-delà. Les Moritats de la Légion sillonnaient le champ de bataille, voyant cette heure sombre comme le moment pour eux d’accomplir leur plus grand dessein et trouver une rédemption sanglante, tombant sur des ennemis que les escadrons de reconnaissance ne pouvaient pas contourner, beaucoup d’entre eux offrant héroïquement leur vie afin d’éviter la destruction de toute leur Légion. Moins d’une heure après le grand acte de trahison des Traîtres et le massacre qui en résulta, tous ceux qui s’échapperaient vivants à la Dépression d’Urgall se frayèrent un chemin à travers l’arrière-garde de l’ennemi et traversaient les collines. Ceux qui ne pouvaient les atteindre étaient à ce moment condamnés. Tous, à l’exception de Corax lui-même, qui était maintenant entouré de plusieurs milliers de Traîtres dans la mer de carnage et de feu au centre du champ de bataille du site d’atterrissage qui se rétrécissait peu à peu. Bien que Corax ait tué des centaines de guerriers et aurait pu en tuer des centaines d’autres, même un être aussi puissant qu’un Primarque aurait été, avec le temps, submergée par le poids des nombres qui s’entassaient de toutes parts.
Avec des hordes de Traîtres qui se rapprochaient de Corax désormais isolé et une tempête de feu qui grondait dans les airs, un seul vaisseau de combat Thunderhawk de la Raven Guard descendit avec succès du ciel zébré contre vents et marées, et parvint à sécuriser une zone d’atterrissage près du Primarque. Une fois à bord, Corax resta à la rampe d’assaut ouverte, et on raconte que ses yeux noirs brûlaient alors qu’il maudissait les innombrables hordes tandis que le vaisseau de combat décollait de nouveau, le souffle arrière de ses moteurs consumant les morts trahis qui s’étaient battus jusqu’au bout aux côtés de leur seigneur.
Le Thunderhawk était commandé par le Maître de la Descente de la Légion, le Capitaine Alvarex, l’officier responsable de diriger les débarquements planétaires de la Légion. Refusant d’admettre la perte de son Primarque, Alvarex avait ordonné à son Thunderhawk de tracer le ciel brûlant au-dessus du site d’atterrissage, tout en échappant aux tirs ennemis qui avaient fait chuter des dizaines d’autres vaisseaux jusqu’au sol parsemé de cadavres. Bien que l’habileté, la détermination et la chance du pilote aient duré assez longtemps pour atteindre Corax et assurer l’embarquement du Primarque, elles ne pouvaient pas tenir éternellement. Inévitablement, la concentration du feu dirigé contre le Thunderhawk déchiqueta sa coque blindée, arracha une aile et pulvérisa son cockpit, tuant le pilote et le copilote en un instant. Luttant avec les commandes en miettes alors même que le cockpit brûlait autour de lui, le Capitaine Alvarex persévéra pour arrêter la descente en piquée du vaisseau de combat touché, transformant ce qui aurait été un crash catastrophique en un atterrissage contrôlé. Bien que la plupart des membres de l’équipage aient été tués et que le Capitaine ait été grièvement blessé, le Primarque avait survécu grâce au dévouement et au sacrifice d’Alvarex Maun, les deux rejoignant la Légion alors que le soleil se couchait enfin sur ce grand jour de trahison.[1]
La Nuit de la Boucherie
De la première nuit sur Isstvan V, il ne reste qu’une multitude de récits fragmentaires, dont beaucoup sont totalement contradictoires. Certains survivants ont parlé plus tard de marées de Traîtres qui déferlèrent sur les collines dans une frénésie débridée, hurlant pour réclamer le sang des survivants. D’autres ont décrit un chant profond et sonore qui roulait dans les vallées comme le tonnerre et qui faisait trembler les cœurs de ceux qui étaient encore fidèles à l’Empereur. D’autres preuves encore montrent des bandes de Traîtres fonçant sur des Loyalistes isolés et les trucidant dans une sauvagerie barbare, alors que des transporteurs de guerre tiraient sans discernement, peu importe qui ils tuaient, tant que ce n’était pas les leurs. Le nombre de combats qui firent rage tout au long de cette nuit ne peut être connu, car chaque Légionnaire a mené sa propre guerre amère pour survivre.
Tandis que le corps principal de l’ennemi harcelait la Raven Guard par derrière, d’autres tombaient sur eux par en haut alors qu’ils avançaient le long des ravins crevassés. Peu de Légionnaires avaient des munitions en réserve, et la plupart de ces batailles ont donc été livrées avec les poings et les couteaux de combat. Lorsque des Raven Guards tombaient, leurs frères firent des tentatives incroyablement vaillantes pour les sauver de l’ennemi hurlant et sanguinaire. Ceux qui pouvaient marcher portaient ceux qui ne le pouvaient pas, leur retraite étant toujours sur le point d’être submergée. Mais lorsque le soleil de Isstvan V est apparu à l’horizon, pénétrant à peine dans les cieux tachés de fumée et torturés, la majeure partie des Raven Guards survivants avaient distancés leurs poursuivants, trouvant refuge dans les ravins labyrinthiques au-delà des Collines d’Urgall, du moins pour une courte période.
Pendant que la Raven Guard combattait aux côtés de son Primarque, les Légionnaires incapables d’échapper au nœud coulant des armées renégates étaient systématiquement massacrés. Au fur et à mesure que les marées de la guerre diminuaient, les Traîtres fouillaient le champ de bataille, les genoux enfoncés dans les corps brisés de leurs anciens frères, à la recherche des mourants pour les achever. D’autres ont recherché des blessés afin de pratiquer des tortures abominables sur leur chair déjà dégradée. Certaines Légions Renégates ont empilé leurs propres morts sur de grands bûchers pour que leur trépas soit honorée alors que les flammes grandissantes léchaient le ciel noirci. Les World Eaters sont connus pour avoir commis l’un des actes de sauvagerie les plus ignobles de ce jour en massacrant les morts et les mourants, en les décapitant, en arrachant la chair de leurs crânes et en les empilant dans d’énormes ossuaires. Les Word Bearers, suivant les enseignements de leur Primarque damné, ont pratiqués leurs propres rituels de victoire, dont la terrible signification nous est maintenant que bien trop connue.
Comme pour rajouter l’infamie sur l’ignominie, les Traîtres commencèrent une autre mutilation, encore pire, de ceux qui étaient tombés au champ d’honneur. Des dizaines de milliers de cadavres eurent leurs glandes progénoïdes - l’implant qui porte la graine génétique des Space Marines par laquelle les Légions elles-mêmes se reproduisent - arrachées, pour des fins que peu oseraient spéculer.[2]
Le Ciel en Flammes
À l’aube du troisième jour, peu de la précieuse lumière de l’étoile du système de Isstvan pouvait pénétrer à travers les nuages noirs qui s’étaient installés au-dessus de la Dépression d’Urgall et qui s’étendaient progressivement dans toutes les directions. La prétendue Nuit des Cendres a été déclenchée par la destruction pure et simple qui s’était déchaînée pendant le Massacre du Site d’Atterrissage, et intensifiée comme des bûchers funéraires imposants ébranlant des colonnes de fumée noire de plus en plus épaisses qui se répandaient dans le ciel. Pendant de longues journées, une fine pluie de cendres est tombée du ciel, une pluie qui était, littéralement, amère pour les Loyalistes, car elle était faite des restes incinérés de leurs frères tombés au combat. Le miasme qui recouvrait le ciel était rendu encore plus dense par les innombrables tonnes de particules projetées vers le haut suite aux impacts de tant de débris d’engins spatiaux. L’effet ne se limitait pas à réduire la visibilité ou à bloquer le potentiel soutien aérien rapproché pour les formations de recherche des Traîtres - car les carcasses qui pleuvaient à la surface représentaient un danger supplémentaire bien au-delà de leur potentiel danger balistique pur. Au milieu de l’épave se trouvaient des réacteurs, des piles à combustible et d’autres composants construits à l’aide de technologies ésotériques souvent antérieures à l’Imperium et mal compris par le Mechanicum. Bientôt, les matières les plus dangereuses connues de l’Humanité furent semées dans l’atmosphère et dispersées dans les désolations maudites. Lorsque les pluies sont enfin arrivées, elles ont été contaminées par les radiations et le poison, ainsi que par la trace psychique laissée par la mort d’innombrables Navigators et Astropathes. Les pluies qui suivi la Nuit des Cendres se sont avérées mortelles pour ceux qui n’appartenaient pas aux Legiones Astartes ou qui n’étaient pas été protégés de leurs effets par des moyens technologiques ou biologiques. Les quelques survivants de l’Armée Impériale laissés à la surface de Isstvan V avaient peu de chances de survivre à la pluie agressive, la plupart tombant en proie à ses effets horribles en quelques jours. |
Alors même que la Raven Guard s’échappait de ses poursuivants hurlants, un autre tourment fut infligé sur la surface dévastée par la guerre de Isstvan V. Les carcasses flamboyantes des navires de guerre Loyalistes pris dans l’embuscade des Traîtres commencèrent leur descente inexorable et fatale. Les réseaux vox hurlaient comme s’ils souffraient, bégayant le code de la machine et des réactions hurlantes entrecoupées d’appels à l’aide désespérés. Les quelques Techmarines et Maîtres de Signal restant dans la force du Seigneur Corbeau ont combattu en vain pour établir un lien bidirectionnel avec la source. Bientôt cependant, les cieux torturés et enfumés s’illuminèrent en orange par des incendies au-dessus des nuages et le grondement des explosions stratosphériques roula sur la surface comme un tonnerre lointain. D’horizon en horizon, les nuages s’agitèrent d’énergies inimaginables tandis que les Loyalistes et les Traîtres s’arrêtaient pour regarder vers le haut. Puis le premier fragment non incinéré par les feux de rentrée atmosphérique est apparue, séparant les nuages et s’écrasant sur le sol avec une force égale à celle d’un bombardement planétaire. L’explosion qui en résulta creusa un cratère d’une centaine de mètres de diamètre et projeta dans l’atmosphère des dizaines de milliers de mètres de nuages en champignons. Quelques instants plus tard, des débris brûlants pleuvaient et une onde de fumée cendrée étouffa tout le monde. C’était le premier d’une série de centaines d’impacts qui allaient s’abattre sur la surface de la planète au cours des prochains jours, des semaines et des mois, infligeant des destructions aveugles chez les Loyalistes et chez les Traîtres.
Les débris des épaves chavirant depuis l’orbite submergèrent le réseau vox d’interférences impénétrables et réduisirent de façon drastique la visibilité. La Raven Guard s’enfonça de plus en plus profondément dans la terre brisée au-delà des Collines d’Urgall, une vaste région de fissures appelée les Failles d’Illium. Au crépuscule de ce deuxième jour, peu de choses étaient connues sur le sort des Iron Hands et des Salamanders. Corax fut donc vu arpentant les limites extérieures des failles, son regard sombre, ses humeurs oscillant violemment entre la froideur et la mélancolie. À plusieurs reprises, il conduisit des guerriers qu’il avait choisi dans les collines à la recherche de ses fils perdus de la Raven Guard, et de tout autre membre des forces Loyalistes qui aurait survécu. Il revint plusieurs fois avec des Légionnaires de la Raven Guard qu’il avait croisé dans les collines.
Des signes d’autres survivants s’étant échappés du massacre de la Dépression d’Urgall furent trouvées, dont plusieurs sous la forme de traces menant à des cadavres broyés de guerriers jadis fiers qui furent pris aux pièges comme des animaux. Tout au long de la nuit, des bandes encore plus dispersées de la Raven Guard se sont éparpillées pour trouver refuge, beaucoup blessés presque au-delà de la capacité de combattes, dans leur corps et dans leur esprit. De toutes les horreurs dont ils avaient été témoins, de toutes les blessures qu’ils avaient endurées pendant les guerres de la Grande Croisade, ceci était un phénomène entièrement nouveau. La trahison qui avait divisé les Legiones Astartes en deux leur avait infligé une blessure qu’aucun autre ennemi n’avait jamais administré - pour la première fois, l’esprit vénéré, façonné par la main de l’Empereur Lui-même, était tendu jusqu'à la rupture.[4]
Survivre
Sous le regard vigilant de la Raven Guard, l’intention des Traîtres s’est révélée. Des barges de transport ultra-blindées descendirent du ciel encore tourbillonnant comme des colonnes de feu, perturbant encore plus l’atmosphère agitée. Les plus lourdes étaient assez grosses pour accueillir les puissants Titans renégats, tandis que des centaines d’autres transporteraient la majeure partie des unités de ligne des Légions Renégates en orbite et les conduisaient vers la phase suivante du plan du Maître de Guerre. Des escouades de reconnaissance de la Raven Guard espionnèrent les vastes volcans éteints à l’ouest et au nord de la forteresse du Maître de Guerre qui furent transformés en zones de débarquement, des centaines de milliers de Légionnaires et leurs serfs traversant la dépression pour embarquer. Corax exigea qu’on lui rende compte de leur nombre et les unités de reconnaissance lui signalèrent que le gros de chaque Légion Renégate partait, mais que chacune semblait laisser derrière elle un noyau de guerriers dont ils ne pouvaient déterminer la raison. La seule Légion qui n’a pas pris congé était les World Eaters, qui parcouraient les collines et les désolations, cherchant toujours à exécuter toujours plus de survivants et à ajouter plus de crânes à taser aux tumulus d’os en croissance. Angron, semblait-il, ne quitterait pas Isstvan V tant que le massacre ne serait pas terminé.[5]
Exaltation de la Ruine
Confrontée à la dure réalité de l’actuelle situation stratégique, la Raven Guard s’est repliée sur les doctrines de combat et les tactiques de campagne qui lui avaient été inculqués par son Primarque pendant les années précédant le soulèvement de Lycaeus. Les escadrons de la mort renégats, en particulier ceux des World Eaters, fouillèrent les collines et les désolations, en nombre toujours croissant dans leur traque aux survivants du Massacre du Site d’Atterrissage. En réponse, Corax lança une série d’attaques de diversion astucieusement conçues afin d’attirer les Traîtres loin des gorges des Failles d’Illium dans lesquelles la Raven Guard s’était réfugiée. Il les appâta dans les montagnes et les déserts au nord et au sud de la Dépression d’Urgall. Au cours de ces actions, les escouades de la Raven Guard s’éloignèrent, revenant parfois avec plus de survivants, le plus souvent avec de nouvelles blessures et des témoignages des morts qu’elles avaient vus. Les escadrons de la mort des Traîtres traquaient les survivants comme si s’étaient du sport et infligeaient des tortures indescriptibles aux corps de ceux qu’ils avaient poursuivi et attrapé.
Le retour d’une force particulière apporta avec elle de sombres nouvelles. Après avoir tendu une embuscade et détruit un escadron de la mort des Sons of Horus, le groupe est tombé sur la proie des Traîtres, un trio de Légionnaires du 12e Bataillon de la Raven Guard. Pourtant, ils ne purent fêter leur victoire, car les proies d’autrefois se retournèrent contre leurs sauveurs en faisant preuve d’une sauvagerie aberrante. Les fils de Corax ont été pris par surprise par l’acte de leurs frères et l’un d’eux avait été tué dans la confrontation qui s’en suivi. Les Légionnaires enragés furent enfin maîtrisés, mais non sans que les deux camps souffrent de blessures encore plus graves. Même lorsqu’ils étaient retenus, les Légionnaires violents se crispaient contre leurs liens et crachaient des malédictions amères à leurs sauveurs, leurs yeux noirs envahis d’une fureur inexplicable.
Bientôt, le phénomène se répéta. Un certain nombre de Légionnaires qui avaient servi autrefois dans le Librarius, mais qui après la proclamation de l’Édit de Nikaea avaient renoncé à leur rôle de guerriers-Psykers et rejoint les Compagnies de Ligne, firent part à leur Primarque de leurs suspicions. Même sans engager consciemment leurs compétences psychiques, chacun avait détecté une accumulation lente mais inexorable de pression psionique. Au début, ils avaient pris cela pour la manifestation de la violente colère qui s’était déchaînée dans le temps et l’espace concentré du Massacre du Site d’Atterrissage. Pourtant, à mesure que les jours passaient, il devenait de plus en plus évident que quelque chose de beaucoup plus sombre et contraire à la raison se produisait. Le Primarque, cependant, était déjà conscient du phénomène, bien qu’il ait gardé ses propres doutes quant à l’étendue réelle de ses connaissances. C’était l’œuvre des World Eaters, et représentait un autre signe de l’ampleur de la chute des Traîtres.
Tout au long de la Dépression d’Urgall et au-delà, les World Eaters élevaient des pyramides de crânes de plus en plus hautes. Au début, ils semblaient aléatoires dans leur forme et leur fonction, bien qu’ils évoquaient les représentations de la mort et les temples d’ossuaires construits sur les mondes les plus sauvages de l’Humanité pendant la Grande Croisade. L’acte de rassembler les crânes de ceux qui étaient tombés au champ d’honneur, de les jeter et de les empiler en de vastes pyramides à travers toute la Dépression d’Urgall et de plus en plus loin dans les collines se présentait comme une sorte de rite de victoire. D’une manière ou d’une autre, ce rite s’avérait être la source de la folie qui avait affligé les Raven Guards secourus et tous ceux qui restaient trop longtemps dans l’ombre des monuments. Une sorte de résonance psychique s’échappait des vils monuments, remplissant ceux qu’ils touchaient de colère et de soif de sang.
Plus tard, les escouades de reconnaissance de la Raven Guard verront leurs anciens alliés accomplir des rituels de victoires sauvages autour des monuments, confirmant à beaucoup que les fils d’Angron n’avaient qu’une âme de primitifs assoiffés de sang. D’autres voyaient dans les rituels quelque chose de bien plus sombre encore, quelque chose qui a existé il y a longtemps dans l’obscurité de la Longue Nuit.
Il faudra plusieurs années avant que la véritable nature du phénomène ne soit révélée, et si leur Primarque en savait peut-être plus, la Raven Guard était totalement ignorante de telles pratiques à ce moment-là, même s’il était évident qu’un pouvoir au-delà de l’ordre naturel de la réalité se trouvait impliquée. Gardant sa propre opinion sur la question, le Primarque ordonna une série d’attaques contre un certain nombre de ces structures blasphématoires, les forces de frappe de guerriers choisis y placèrent des bombes melta à leurs bases. Les détonations qui en résultèrent firent s’effondrer les monuments dans des flammes purificatrices. L’effet qu’ils exerçaient dans les régions environnantes s’atténua, mais si il ne se relâcha jamais entièrement.[6]
Consolidation
Au fur et à mesure que les batailles se poursuivaient, le Primarque réorganisa sa Légion, la forgeant à nouveau en quelque chose ressemblant à des guerriers déterminés à survivre ou à vendre chèrement leur vie et moins aux victimes brutalisées de la trahison du Maître de Guerre. Les forces d’assaut de la Raven Guard lancèrent une série d’attaques prudentes, mais audacieuses, contre les escadrons de la mort des Traîtres isolés de la grande masse de l’ennemi, remportant de nombreuses petites batailles âprement disputées dans les désolations. Beaucoup de ces affrontements ont été menés avec des couteaux de combat ou des armes improvisées ; l’objectif étant de tuer l’ennemi et d’emporter ce qui pourrait être récupéré de leur cadavre. Avec le temps, les stocks de munitions se sont reconstitués à tel point que des attaques plus audacieuses ont pu être lancées. C’est au moment où de petits groupes de la Raven Guard s’enfoncèrent de plus en plus dans les terres hantées par les Traîtres au niveau de la Dépression d’Urgall qu’une sombre découverte fut faite.
De loin, il semblait qu’une forêt avait poussé le long de la crête des collines de la Dépression d’Urgal. En y regardant de plus près, des centaines, voire des milliers de pointes de fer - et de colonnes - furent identifiées, enfoncées dans le sol volcanique noir. Au sommet de chacun d’eux se trouvait le corps, ou une partie du corps, d’un Space Marine Loyaliste. La plupart avaient été exécutés alors que d’autres vivaient encore, la physiologie surhumaine des Legiones Astartes tenant la mort à distance malgré l’éviscération, l’empalement, le démembrement et l’exsanguination ou cent autres blessures, toutes aussi cruelles et affreuses, qui leur avaient été infligé. Aux yeux des spectateurs Loyalistes, c’était comme si une vague de folie s’était répandue à travers leurs anciens frères, qu’à côté de la trahison aussi terrible soit-elle, quelque chose d’horrible et d’aberrante, d’inattendue et d’inhumaine avait pris racine. Voilà le sort que les Traîtres infligeraient à tous les Loyalistes qui n’auraient pas été tués dans le carnage du Massacre du Site d’Atterrissage. Ici, la Raven Guard compris que c’était le destin que le Maître de Guerre réserverait à tous ceux qui lui tiendront tête, même si chaque monde humain devait être noyer dans le sang.
À l’est, une force d’éclaireurs de la Raven Guard découvrit un vaste complexe souterrain caché, semblable aux ruines extraterrestres que les Traîtres avaient utilisées pour leur redoutable solidité. Avec cette découverte, la Raven Guard avait leur sanctuaire, et les opérations de relocalisation commencèrent en quelques heures. Le déménagement ne pouvait pas être plus opportunément chronométré, car au fur et à mesure que le dernier des Raven Guards s’éloignaient, le ciel nocturne loin à l’ouest se remplissait de feux des moteurs à réaction. Une vaste flottille de navires débarquait dans les caldeiras des volcans éteints sur l’horizon ouest, une flottille appartenant aux éléments du Mechanicum alliés au Maître de Guerre.[7]
Récupération
Si les barges de transport qui avaient déposés les Traîtres de la surface de Isstvan V à la suite du Massacre du Site d’Atterrissage étaient d’une ampleur mémorable, les vaisseaux du Mechanicum, qui s’abaissaient maintenant en flèche dans les airs, étaient encore plus vastes. Des cales caverneuses de ces vaisseaux gargantuesques apparurent une cohorte de techno-hilotes renégats du Mechanicum, et des milliers et des milliers de Serviteurs et de Technoprêtres furent menés vers les épaves de la Dépression Urgall. Les Technoprêtres renégats du Maître de Guerre commencèrent une opération de remise en état d’une ampleur vertigineuse, une opération qui lui donnerait un avantage immédiat en matière d’approvisionnement et de matériel. Toute la dépression était parsemée d’équipements d’une valeur militaire incroyable - même les véhicules et autres matériaux endommagés et irréparables avaient encore une valeur énorme en tant que pièces de rechange. Les épaves de centaines de chars super-lourds y couvaient encore, tandis que les formes renversées des puissants Titans témoignaient de la destruction pure et simple qui s’était produite pendant les quelques heures du Massacre du Site d’Atterrissage. Le sol était recouvert par les restes de centaines de milliers de Space Marines tués, chacun d’entre eux ayant été emportés. Les Legiones Astartes portaient des armes et autres équipements représentant le summum de l’accomplissement technologique de l’Humanité. En l’espace de quelques heures, le scintillement des coupeurs de plasma était visible dans toute la dépression alors que les équipes de remise en état commençaient leur sombre moisson.
L’opération se poursuivra pendant de nombreuses semaines, poussant vers l’extérieur à travers la dépression jusqu’à ce qu’il ne reste plus que les débris sans valeur de la guerre. Même des semaines après le Massacre du Site d’Atterrissage, des corps encore vivants seraient découverts parmi les milliers de morts, la physiologie génétique des Legiones Astartes capables d’entrer dans un état d’animation suspendue pour que le corps puisse guérir des blessures les plus horribles dans le temps. Certains Traîtres, notamment des éléments incontournables des Word Bearers et des Emperor's Children - chez qui une sombre folie cauchemardesque semblait s’être véritablement réveillée, mais dont la véritable nature n’était pas encore soupçonnée par des étrangers - prirent un plaisir cruel à les découvrir ; parfois en leur administrant des préparations alchimiques pour les réveiller, pour ensuite torturer et exécuter les malheureuses victimes, leur imposant ce qui équivaut à une seconde mort. Les fils du Corbeau ont fait ce qu’ils ont pu pour perturber le travail de ces équipes de récupération, tout en cherchant à éviter leur propre capture et leur fin sous des tortures. Des douzaines de superviseurs Technoprêtres furent victimes des rondes de tireurs d’élite silencieux de la Légion, déterminés à se venger des crimes obscurs dont ils avaient été témoins grâce à leur lunette de visée, ou plaçaient des explosifs dans les pièces intéressantes pour un recyclage. Mais en fin de compte, de telles contre-attaques n’étaient que de simples piqûres d’épingle au vaste effort de récupération que les Traîtres avaient entrepris.[8]
Les Chasseurs
Vers le vingtième jour après le Massacre du Site d’Atterrissage, la lutte de la Légion pour sa survie entrait dans une nouvelle phase douloureuse. À ce moment-là, les Traîtres savaient qu’une force importante de Loyalistes avait survécu et tentèrent à plusieurs reprises de les forcer à combattre. Le Seigneur Corax, cependant, ne devait pas être entraîné dans une confrontation ouverte, ses forces n’ayant aucune chance de gagner. Au lieu de cela, il exécuta une série d’attaque conçue pour détourner et perturber les opérations de l’ennemi et contester sa domination sur les désolations entourant la Dépression d’Urgall.
Le plus grand nombre de Traîtres laissés pour parcourir le monde appartenait à la Légion des World Eaters, dirigée par leur sauvage Primarque Angron. Les autres Légions Renégates, avec de plus petits contingents, se déployaient différemment, conduisant la Raven Guard à la conclusion que ceux laissés sur Isstvan V le vivait comme une punition ou représentaient des éléments d’une Légion Renégate que leur Primarque avait décidé de garder à l’écart du gros de leurs forces. Cette hypothèse fut confirmée par le fait qu’un certain nombre de ces contingents de Traîtres restants se révélèrent être hargneux et indisciplinés, la gloire et la noblesse de la Grande Croisade de l’Empereur ayant apparemment été oubliées. Les Sons of Horus étaient souvent composés en petites bandes de chasseurs, la plupart accompagnés de Cyber-Mastiffs capables de détecter la proximité même des guerriers les plus furtifs de la Raven Guard et de les suivre sur plusieurs kilomètres. Par comparaison, les Word Bearers suivirent leur propre plan, leurs actions guidées par leur propre dogme ritualiste incompréhensible et restèrent souvent à l’écart de leurs propres supposés alliés - peut-être parce que leurs actions auraient suscité trop de questions auxquelles ils auraient préféré ne pas répondre à leurs "frères d’armes". Le contingent des Iron Warriors, plus petit mais bien pourvu en véhicules lourds et en matériel de guerre, ratissa les désolations avec des colonnes blindées compactes, dont les trois plus grands présentaient pour Corax l’opportunité qu’il attendait.
La campagne du Seigneur Corbeau contre les colonnes blindées des Iron Warriors devait s’étendre sur plusieurs semaines et annoncer certains des combats les plus intenses avant les toutes dernières batailles sur Isstvan V. Lors des premières opérations, les escouades de la Raven Guard suivirent l’ennemi pendant qu’elles fouillaient les collines, recueillant des renseignements sur les forces et les faiblesses des Iron Warriors. Les fils de Perturabo ne semblaient pas suivre une doctrine d’exploration particulière, ou du moins ses officiers se faisaient peut-être concurrence plutôt que de s’entraider. Il était donc relativement simple pour la Raven Guard disciplinée d’identifier la force des Iron Warriors et de les isoler au moment et à l’endroit de leur choix. Chacune des trois plus grandes colonnes était composée de plusieurs dizaines de véhicules blindés, dont au moins la moitié étaient des véhicules de transport tels que des Rhinos et des Land Raiders transportant un important effectif d’infanterie. Les autres étaient des chars de combat Predator et des chars d’artillerie lourde Thunderstrike, une classe de machines de guerre très appréciée par les Iron Warriors. Les éclaireurs de la Raven Guard s’inquiétaient davantage des escadrons de Motojets Scimitar qui se trouvaient à l’avant des colonnes dans leur chasse incessante des survivants Loyalistes. À plusieurs reprises, des éclaireurs de la Raven Guard furent repérés alors qu’ils suivaient les colonnes et beaucoup payèrent le prix ultime pour les connaissances qu’ils recueillirent.
Finalement, le Seigneur Corbeau avait rassemblé les informations dont il avait besoin et rassembla une force pour une embuscade au nord de la Dépression d’Urgall. Sa cible était la plus petite des trois colonnes blindées des Iron Warriors, contre laquelle il avait l’intention de tester la capacité et la volonté de combattre des Traîtres. L’attaque fut lancée dans les heures qui précédèrent le lever du soleil, alors que les Traîtres se préparaient à sortir de leur retranchement. La surprise fut totale, car dans leur arrogance, les Traîtres n’avaient pas prévu d’affronter des Loyalistes organisés. Avant même que l’ennemi n’ait pu réagir, la première vague d’Escouade d'Assaut de la Raven Guard, dirigée par le Primarque, atteignit les positions des Iron Warriors et massacra leur ennemi avec un abandon froid et précis. La bataille ne dura pas plus d’une heure avant que le Primarque n’ordonne à ses guerriers de se retirer, car les renforts des Traîtres étaient arrivés et l’objectif premier du Seigneur Corbeau avait été atteint.
Lorsque Corax et ses guerriers se retirèrent, ils laissèrent derrière eux les cadavres de plusieurs centaines de Traîtres et les carcasses de dizaines de véhicules. Du point de vue militaire, la bataille était insignifiante comparativement aux pertes que les Traîtres avaient infligées aux Loyalistes lors du Massacre du Site d’Atterrissage et par la suite. Sur le plan du moral, cependant, cela n’aurait pas pu être plus important. La Raven Guard avait porté un coup significatif contre les Traîtres, et même si chaque fils de Corax devait finir par mourir sur la surface sablée de Isstvan V, se serait avec gloire et honneur.
L’histoire rapporte une anecdote supplémentaire à cette bataille. Alors que la Raven Guard fondait dans l’ombre, on entendit un chant atonal et profond qui résonnait à travers les désolations. Ce son fit retourner Corax et plusieurs membres du Mor Deythan qui surveillaient l’arrière de corps principal durant sa retraite. Le son s’est répété, beaucoup plus près cette fois-ci, et un faisceau de lumière rouge fut projeté à travers la sombre brume matinale. Enfin, la Raven Guard vit une phalange de marcheurs se diriger vers le lieu de la bataille, dont la forme n’était pas familière mais clairement le produit d’une discipline ésotérique pratiquée par les alliés du Maître de Guerre issu du Mechanicum. C’était la première fois que l’on enregistrait la présence de machines de guerre connus sous le nom de "chasseurs-amblyopes", une classe d’automates mécaniques dotés d’une terrible intelligence et d’un arsenal redoutable, et destiné à traquer tous les survivants laissés à la surface de Isstvan V. Leur existence et leur présence même sur la planète à ce moment-là étaient une preuve supplémentaire de la portée et de l’ampleur de la trahison du Maître de Guerre.[9]
Le Croisé Déchu
La Raven Guard n’avait que quelques jours pour se consolider après sa victoire avant qu’une autre colonne blindée des Iron Warriors ne soit signalée, arrivant depuis l’est des désolations, se faufilant dans les ravins tortueux des Failles d’Illium. Le Seigneur Corax ordonna une attaque immédiate et écrasante, forgeant la colère de ses guerriers en une arme contre laquelle aucun Traître ne pouvait se dresser. Le Primarque rassembla ses formations d’assaut et conduisit sa force dans les ravins, son expression indiquant clairement à tous qu’il avait soif de sang.
La bataille qui s’en suivi s’est déroulée dans l’obscurité abyssale des ravins et a été aussi âprement livrée que n’importe quelle action d’arraisonnement ou d’épuration de Ruches que la Légion avait autrefois entrepris. Les escouades de tête des deux camps se heurtèrent et se battaient au corps à corps sur un front souvent aussi large qu’un seul guerrier. Bientôt, les gorges profondes furent entravées par les morts et les mourants des deux côtés, forçant les Légionnaires à enjamber les formes brisées de leurs frères dans leur effort à engager l’ennemi. Le Primarque se trouvait au cœur du combat, tandis que les unités équipées de Réacteurs Dorsaux effectuaient de larges manœuvres de vol tout autour, de sorte que les Iron Warriors se retrouvèrent divisés, attaqués dans plusieurs directions, sans espoir de retraite. Les fils de Perturabo étaient peut-être des Traîtres et des renégats, mais ils combattirent avec toute la détermination des Legiones Astartes, d’autant plus concentrés qu’ils savaient qu’ils étaient condamnés. Les Iron Warriors se battirent sans pensée ni attente de quartier, à leur manière amère, froide et inexorable, chaque Légionnaire ayant accepté sa mort depuis longtemps et ne se souciant pas des détails du moment et de l’endroit de sa venue. Les Iron Warriors ne cédèrent pas d’un pouce alors que leurs morts remplissaient les ravins.
Finalement, les Traîtres furent réduits à une seule masse concentrée dans un cratère profond, la Raven Guard s’approchant de quatre ravins distincts. Bien que moins d’une centaine de Iron Warriors résistaient, ils furent renforcés par la présence d’une douzaine de Dreadnoughts de différents modèles. La Raven Guard ralentit son avancée, sachant qu’en avançant davantage, elle s’écraserait contre le solide anneau de céramite et d’acier formé par les imposants Dreadnoughts des Iron Warriors. Les enregistrements visuels des visières des Raven Guards montrèrent qu’à mesure que la pression de la bataille diminuait pour la première fois depuis des heures, les fils survivants de Perturabo se rassemblaient en silence tandis que ceux de Coarx au visage sombre se dirigeaient vers les ravins ombrés. Du milieu des Loyalistes marchait le Seigneur Corbeau, son expression était illisible, mais ses yeux noirs et vides fixaient le plus proche des machines de guerre ennemis, un ancien Dreagnought de classe Contemptor, ses Griffes Éclairs incrustées du sang séché de tous ceux qu’elle avait tués depuis le jour de la trahison. Un seul mot passa entre eux, le Primarque prononçant le nom du vétéran des Iron Warriors au sein du Contemptor, preuve que les deux ont dû se battre ensemble pendant la Grande Croisade. Cette malédiction prononcée, les deux s’affrontèrent à la manière des combattants des fosses qui se préparent à se battre à mort pour le plaisir d’un maître assoiffé de sang.
Les enregistrements de visière qui montraient ce duel étaient à peine capables de transcrire la vitesse et la violence de ce qui allait se passer ensuite ; le Primarque bondit haut dans les airs et atterrit sur le dos du Dreadnought dans un flou sombre et vacillant. Alors même que les lames dentelées des Griffes Éclairs du Contemptor puissent en vain saisir le Primarque, Corax se servit d’une main pour se maintenir sur un pot d’échappement, tout en plongeant l’autre dans l’armure en céramite du Dreadnought. Dans un silence total, le Seigneur Corbeau retira son bras pour tenir en l’air la boîte crânienne blindée et la colonne vertébrale de l’ancien combattant Légionnaire Iron Warrior qui avait été enterré dans le sarcophage. Un instant plus tard, les systèmes du Contemptor s’arrêtèrent et la machine de guerre autrefois puissante s’effondra, le Primarque sautant avant de toucher le sol. C’était le signal d’attaque.
La Raven Guard se jeta depuis les ténèbres pour tomber sur les Iron Warriors assiégés. Les deux forces s’écrasèrent les unes contre les autres, le Primarque engageant plusieurs autres Dreadnoughts alors que ses Escouades d’Assaut massacraient les Légionnaires ennemis. Bien que des dizaines d’autres guerriers de la Raven Guard aient donné leur vie pour vaincre l’ennemi jusqu’au dernier, pas un seul Légionnaire des Iron Warriors ne pu s’échapper vivant, et en vérité aucun n’a tenté de le faire, chacun combattant jusqu’au bout. Puis, le silence s’abattit sur la scène, le sol rocheux du ravin recouvert des corps brisés de plus d’une centaine de Iron Warriors et d’un petit nombre de Raven Guards. Au milieu du charnier se trouvaient les carcasses en ruines et fumantes d’une douzaine de Dreadnoughts, les restes des héros jadis puissants mis à bas sur le sol ensanglanté par le vindicatif Primarque de la Raven Guard. Son mépris face à l’ampleur de leur chute était écrit sur son sinistre visage.
D’un signe de tête, le Seigneur Corbeau donna l’ordre à ses hommes de se retirer, les morts laissés dans leur sillage étant un puissant message pour les Traîtres. Ce ne seront pas les derniers.[10]
Dans le Gouffre
Le jeu d’ombre de la résistance et de la traque, de l’embuscade et de la fuite durement disputées se poursuivit. La présence d’un nombre croissant de Word Bearers dans les Failles d’Illium montrait que les Traîtres poussaient de plus en plus loin leur chasse aux survivants, menaçant une fois de plus la sécurité du sanctuaire de la Légion. Bientôt, les sentinelles de la Raven Guard espionnèrent les unités ennemies guidées par des Cyber-Mastiffs s’approchant dangereusement près de leur sanctuaire. Des mesures furent prises pour déplacer les blessés de la Légion, ainsi que ses maigres provisions et ses installations de commandement limitées, de plus en plus profondément dans la gigantesque chaîne de cavernes qui se trouvait loin sous les failles.
Plus la Raven Guard s’enfonçait dans l’obscurité, plus la nature alien des tunnels devenait apparente. La Raven Guard se réfugia longtemps dans un vaste hall, dont le sol, les murs et le plafond voûté avaient été moulé à partir d’un composé ultra-dense que même les plus savants de leurs Techmarines ne pouvaient identifier. Le matériau lui-même semblait avoir un effet d’amortissement sur une large bande de rayonnement électromagnétique. De plus, la construction semblait exercer une influence sur le plan psionique, servant à annuler ou à masquer les effets psychiques. Il est impossible de déterminer si cela a contribué à l’incapacité des Traîtres à localiser le refuge des Loyalistes par des moyens technologiques ou psioniques, mais beaucoup prétendent que ce fut le cas. Les Traîtres qui exploraient les terres situées au-dessus ne les ont jamais découvert par ces méthodes, bien qu’ils soient passés à quelques mètres des entrées à plusieurs reprises.
Un groupe particulier recherchait des Loyalistes par un moyen qui excluait l’approche subtile ou ésotérique et que le refuge construit par les extraterrestres ne pouvait neutraliser. La troisième colonne blindée des Iron Warriors forgeait vers l’est, écrasant tout ce qu’elle rencontrait dans sa chasse incessante. La force des Traîtres traçait une trajectoire qui la conduirait directement au-delà d’un certain nombre d’entrées cachées du refuge, et il fut jugé comme certain que les Iron Warriors découvriraient, par une recherche acharnée ou un hasard aveugle, ce que leurs Traîtres de frères n’avaient pas réussi à trouver par des moyens plus subtils.
Devant la probabilité d’une découverte imminente, le Seigneur Corbeau rassembla tous les guerriers disponibles et se déplaça silencieusement, mais rapidement, dans les désolations. La colonne des Iron Warriors comprenait des douzaines de véhicules de nombreuses classes, les coques de ses Rhinos, Land Raiders et Predators hérissés de pointes de fer, au sommet desquelles étaient montés des trophées sinistres de leur chasse.
La Raven Guard engagea tous les guerriers disponibles à l’assaut, balayant les Traîtres avec la haine dans leur cœur. Les Iron Warriors réagirent avec l’implacable férocité pour laquelle ils étaient si bien connus et le combat se transforma en une lutte acharnée et épuisante dont un seul camp ne pouvait sortir vivant. Tandis que les Iron Warriors s’appuyaient sur des doctrines bien ancrées, la Raven Guard semblait avoir été victime d’une diminution de leur minutie et discipline bien connues. Certains prétendent même que, dans les ravins de Isstvan V, où les fils de Perturabo s’approchaient de leur dernière redoute, la Raven Guard était revenue à une forme de guerre qui précédait la venue de leur Primarque. Pendant un bref instant, c’était comme si la XIXe Légion d’antan renaissait, sa main sanglante longtemps réprimée, prenant le contrôle de ses descendants à ce qui aurait bien pu être le moment de leur extinction.
Mais ce sombre destin ne devait pas advenir, le Seigneur Corax rejetant ses guerriers au plus fort de la bataille et se forgea son propre chemin à travers le carnage, comme il est censé l’avoir fait pendant les années sanglantes de l’Insurrection de Lycaeus. Alors même que ses fils se battaient, embourbés dans le sang d’amis et d’ennemis, le Seigneur Corbeau plongea seul dans le chaudron de la guerre, sa forme noire se transformant en fantôme de la pénombre alors que sa seule Griffe Éclair se déchaînait comme des grands coups de fouet assoiffés. Alimenté par le pouvoir imprégné dans chacune de ses cellules par le génie de l’Empereur, le Primarque de la Raven Guard était un arc d’éclairs noirs qui frappait les corps de fer des Traîtres, ses mouvements rendus perceptibles uniquement par le jet de sang atomisée projeté dans l’air pourpre empoisonné. Nul être sauf un autre Primarque ne pourrait espérer s’opposer à une telle force. La troisième et dernière partie de la Légion des Iron Warriors envoyés trouver les Loyalistes sur Isstvan V fut complètement détruite, et tandis que d’autres membres de leur Légion restaient dans les Collines d’Urgall pour s’occuper de leurs fortifications, les fils de Perturabo furent déstructurés en tant que force cohérente d’agression.
Au lendemain de la destruction de la troisième colonne blindée, la Raven Guard retourna dans son sanctuaire en silence, personne ne voulant parler de l’atavisme qui s’était manifesté de manière inattendue en chacun d’eux. Tandis que les Raven Guards revenaient fatigués vers leur sanctuaire, les cors déchirants des chasseurs-amblyopes du Mechanicum Noir résonnaient à travers les désolations, et des nuages noirs s’accumulaient dans le ciel gris au-dessus. Enfin, les nuages se dissipèrent et une pluie noire tomba sur la surface ensanglantée de Isstvan V.[11]
Le Seigneur Corbeau Est Seul
Les pluies noires qui frappèrent les désolations forcèrent une cessation temporaire des hostilités, les Traîtres se retirant de leur sinistre chasse et la Raven Guard profitant de l’occasion pour se consolider dans son sanctuaire. Pendant plusieurs jours, les officiers de la Légion se reconstituaient et se réorganisaient tandis que les Apothicaires pansaient des blessures longtemps négligées. Au plus fort des pluies, le Seigneur Corax a une fois de plus pris congé de ses fils et s’est dirigé seul vers les ravins soufflés par la pluie, sans un mot d’explication. Les Légionnaires qui connaissaient leur Primarque d’antan conseillaient aux autres de ne pas s’inquiéter, car il était tout à fait dans l’attitude du Seigneur Corbeau d’agir seul dans de telles circonstances, utilisant ses dons uniques offerts par l’Empereur pour passer inaperçus là où peu d’autres le pouvaient.
L’histoire n’indique pas où le Primarque aux yeux noirs marcha, ni les sombres choses dont il fut témoin pendant la journée et la nuit où il est allé seul traverser les désolations. Des récits fragmentaires compilés beaucoup plus tard à partir de ses conversations avec le Primarque Rogal Dorn laissent entendre que Corax a pénétré profondément dans le territoire tenu par les Traîtres, peut-être même qu’il a marché sur la Dépression d’Urgall elle-même. Quand enfin le Primarque revint, il convoqua un conseil avec ses commandants supérieurs les plus dignes de confiance et, bien que les paroles qu’ils échangèrent entre eux ne soient pas consignées, l’intention du Primarque restait sans équivoque. La Raven Guard devait survivre, avait-t-il ordonné. Il ne s’agissait pas de simplement de préserver la puissance de l’Imperium, même si cela devait certainement être une considération. Au contraire, si un seul Raven Guard continuait à se battre, aucun Traître ne pouvait se reposer sans craindre que la justice ne lui soit infligée.[12]
La Légion Brisée
Les registres montrent qu’à la suite des longues pluies contaminées, un épais brouillard nauséabond de sang riche en produits chimiques s’est levé du sol accidenté pour couvrir des centaines de kilomètres carrés. Cette souillure omniprésente de la mort, que l’on peut peut-être rétrospectivement supposer être issu d’une contamination Warp grâce aux sombres ministères de la Légion des Word Bearers, fit des ravages sur de nombreux membres de la Raven Guard, étirant la santé mentale de beaucoup au-delà du point de rupture. En tant que Legiones Astartes, pas un seul Space Marine n’aurait fait preuve de lâcheté ou d’une faiblesse de volonté. Mais le massacre apocalyptique et l’effet cumulatif des semaines de combat, combiné avec peu ou pas de repos, réduit à la subsistance et le besoin de se venger des Traîtres en fit descendre beaucoup dans une existence crépusculaire quelque part entre l’épuisement et la rage, le déni et le découragement. Sous une telle pression implacable, même un Space Marine prend un air hagard, et les Raven Guards, déjà pâle et aux yeux creux, ressemblaient désormais à des vagabonds en armure, les plaques des dites armures étant un amalgame désordonné de pièces de rechange extraites des cadavres des différentes Légions présentes sur Isstvan V.
Vers le quarantième jour après le Massacre du Site d’Atterrissage, une grande force de Word Bearers, sous le commandement du chef de guerre Elexis, pénétra dans les ravins au nord du sanctuaire de la Légion de la Raven Guard. Elexis avait compris que les Raven Guards que ses guerriers avaient rencontrés plus tôt, faisait partie d’une force beaucoup plus grande, et il était déterminé à prendre leurs têtes à son profit. Il est à noter qu’Elexis semble avoir caché ses soupçons à d’autres factions des Traîtres, en particulier aux World Eaters, dont le Primarque Angron fouillait encore les ruines lointaines à la recherche de l’un ou de ses deux frères disparus. S’il l’avait fait, il ne fait aucun doute que l’assaut des Traîtres aurait été direct et brutal, loin de l’infiltration sournoise qu’Elexis avait lancée.
À cette occasion, la Raven Guard n’a pas lancé d’attaque générale pour repousser l’infiltration. Au lieu de cela, elle laissa les Word Bearers pénétrer sur plusieurs kilomètres dans les ravins et les abîmes sinueux pendant que la Raven Guard observait dans l’ombre, permettant aux Word Bearers d’avancer alors que d’autres unités feignaient de battre en retraite face à l’avancée des Traîtres.
Finalement, le piège fut tendu et la Raven Guard lança son embuscade. D’un seul coup, des douzaines d’unités distinctes de Word Bearers furent engagées, aucune d’entre elles n’étant en mesure de prêter assistance à leurs frères. Le but de l’embuscade était double : en plus d’abattre des centaines d’ennemis détestés, la Raven Guard réussi à capturer plusieurs Traîtres, bien que tous sauf un aient pu s’enlever la vie avant de pouvoir être maîtrisés.
Le seul Traître qui restait fut amené devant le Seigneur Corax, un cercle de Raven Guards se formant autour de la base de l’ancien cratère où le Traître fut jeté alors que le ciel était fendu par la foudre et que les pluies noires tombaient à nouveau. Le Seigneur Corbeau s’éleva de toute sa taille, chassant visiblement les ombres dans lesquelles il était habituellement vêtu et dévoilant la splendeur vraie et terrible d’un Primarque en colère. Même les fils loyaux de la Raven Guard furent frappés d’une crainte primale, comme des prédateurs de niveau inférieur touchés par la soumission ignominieuse lorsqu’ils sont confrontés à un chasseur supérieur. L’effet sur le Traître était encore plus prononcé, le Word Bearer était comme écrasé par un poids surnaturel, se prosternant sur le rocher glissant sous la pluie devant la majesté même du Primarque. Malgré sa soumission, l’expression du Traître brûlait d’une haine insatiable, un spectacle qui nous serait trop familier dans l’âge des ténèbres à venir.
Personne ne parlera plus tard de la manière dont le Primarque et ses officiers ont interrogé le Traître, ni de la nature de la mort qui lui a été accordé. Peu de temps après, cependant, un flot d’ordres fut diffusé par l’entremise de la Légion et à partir de cela, certains faits ont été reconstitués. Il a été confirmé qu’Angron était le seul Primarque renégat qui était resté sur Isstvan V et que ses World Eaters représentaient la seule Légion encore déployée massivement, les autres n’ayant laissé derrière elles que des contingents limités pour traquer les derniers Loyalistes restants. Peut-être l’information la plus vitale extraite du Traître était qu’Angron savait que Corax vivait encore, et qu’il avait l’intention de parcourir l’ensemble des Failles d’Illium afin de le combattre. Un assaut massif était en préparation, un assaut que le commandant des Word Bearers, Elexis, avait tenté de prendre de court pour sa propre gloire avant d’échouer.
Prévenue de l’attaque imminente, la Raven Guard fit immédiatement les préparatifs nécessaires pour changer de nouveau de base. Il y avait beaucoup parmi les rangs de la Raven Guard qui s’opposaient à ce qu’ils considéraient comme une retraite. Ces fatalistes se prononcèrent en faveur de la défense du refuge souterrain, ou d’un dernier baroud d’honneur si la défense était impossible. Les officiers de ligne réprimandèrent de telles opinions dès qu’elles furent exprimées, mais il était inévitable que les officiers d’échelon supérieur de la Légion et le Primarque lui-même en entendent parler. Lorsque cela se produisit, la réaction a été brusque et sans concession. La Raven Guard vivrait et mourrait selon le bon vouloir du Primarque. Si la fin devait venir, ce serait au moment et à l’endroit de son choix, et à aucun autre moment.
L’évacuation du sanctuaire n’aurait pas pu être plus fortuite, car alors même que les unités d’arrière-garde de la Raven Guard jetaient un dernier regard vers l’ouest par-dessus leurs épaules, ils en virent la fin. Une cohorte de chasseurs-amblyopes s’approchait de l’entrée principale dissimulée, le hennissement maléfique de leurs cors déchirants détonant à travers les désolations. Dans le sillage des machines de guerre, on pouvait apercevoir une grande masse de Legiones Astartes avec la livrée blanche et bleue des World Eaters facilement visible par contraste avec le ciel gris et le sol noir. Enfin, Corax lui-même se joignit à l’arrière-garde et regarda silencieusement la terre avalée dans une masse d’explosions, les fils sauvages d’Angron enflammant la région dans leur colère d’avoir découvert que leur proie leur avait échappé une fois encore.[13]
Les Derniers Jours
Au lendemain de l’évacuation du sanctuaire, la lutte de la Légion Raven Guard pour la survie et la vengeance entra dans une nouvelle phase. Alors que la Légion avait été auparavant capable d’exercer un certain contrôle sur son sort, même s’il ne pouvait être maintenu éternellement, elle était à présent de nouveau victime des circonstances. La Raven Guard comptait encore moins de guerriers qu’au lendemain du Massacre du Site d’Atterrissage, quatre-vingts jours de batailles et d’épreuves continuelles ayant fait des centaines de victimes de plus. Beaucoup des Légionnaires les plus gravement blessés et évacués du sanctuaire s’étaient suicidés pour que leurs frères ne soient pas accablés par eux, malgré les efforts et les protestations des leurs. C’est ainsi qu’une profonde mélancolie s’installa au sein de la Raven Guard, qui n’avait jamais été d’une nature exubérante, même au plus fort de la victoire. Les Légionnaires devinrent maussades et se replièrent sur eux-même au fur et à mesure que l’acceptation de l’inévitable s’installait. Bien que la Légion de la Raven Guard affronta tous les Traîtres qu’elle rencontra, beaucoup de guerriers de la Légion s’étaient battus parce que la seule autre alternative était de mourir, et non parce qu’ils s’étaient bercés de tout espoir d’une victoire éventuelle.
Les combats étaient perpétuels. La seule différence était que la Légion n’avait plus d’autre refuge que les ravins enchevêtrés des Failles d’Illium, et il devint vite évident qu’il y avait peu de chance de trouver un autre refuge, car les World Eaters et les chasseurs-amblyopes du Mechanicum étaient infatigables dans leurs efforts pour engager la Raven Guard au combat. Bien qu’elle ait gardé une longueur d’avance, la Raven Guard eu rarement le temps nécessaire pour bien cerner la voie à suivre ou pour formuler une stratégie visant à contrer les attaques incessantes des Traîtres. Malgré tous ses efforts, la Raven Guard ne put arracher l’initiative aux Traîtres, une situation qui lui était totalement inconnue. Petit à petit, la Raven Guard étaient pressés vers l’est. Inévitablement, elle finit par être entraînés dans les Plaines Salées de Gular, une terre inexplorée contre laquelle même la physiologie surhumaine des Legiones Astartes ne pouvait pas résister très longtemps.[14]
Le Début de la Fin
Il y en a qui appellent le sauvetage de la Raven Guard un miracle. Comment pouvait-il l’appeler autrement ? Comment se fait-il que Marcus Valerius, le Praefector de la Cohorte Therion, une unité de l’Armée Impériale liée à la Raven Guard, ait pu connaître la situation difficile de la Légion ? Comment un rêve aurait-il pu amener la Cohorte Therion et les derniers membres de la Raven Guard en garnison sur leur monde natal Délivrance à Isstvan V en traversant les vastes étendues de l’espace, pour qu’ils arrivent en orbite au moment même où les World Eaters lançaient la dernière charge ? Lorsque les Stormbirds et les Thunderhawks descendirent du ciel et sauvèrent le Primarque et ses derniers fils survivants, certains l’ont qualifié d’heureux hasard. Plus tard, d’autres l’ont appelé providence, voire destinée. Maintenant, il y en a beaucoup qui l’appellent miracle, le premier d’une longue série d’événements qui, dans la guerre à venir, remettraient en question notre vision de l’univers pour toujours. Quelle que soit la vérité, la Raven Guard survécu à Isstvan V où tant d’autres périrent. Même réduits au dixième de sa force, la Raven Guard continua à se battre face à des obstacles impossibles avec peu ou pas d’espoir de survie, sa pérennité n’étant possible que grâce au leadership acharné de son Primarque. Contre la volonté de ses maîtres, le Praefector Valerius avait tout risqué pour se diriger vers le système de Isstvan, agissant sur la conviction certaine que la mission des Loyalistes avait échoué et que le Seigneur Corbeau avait un besoin urgent de secours. Pour lancer sa tentative de sauvetage, Valerius avait d’abord dû convaincre le commandant de la Raven Guard laissé sur Délivrance de sa nécessité, un défi qui a failli coûter la vie au Praefector. Pourtant, il l’emporta, et les mille Légionnaires chargés de garder Délivrance, ainsi que la Cohorte Therion, firent l’invraisemblable et difficile voyage à travers la moitié de la galaxie et plus encore. La force de sauvetage arriva sur Isstvan au moment même où les World Eaters balayaient les derniers survivants de la Raven Guard, ses vaisseaux les arrachant aux griffes mêmes de la mort. Qu’un voyage de plus de cinquante mille années-lumière aboutisse à un sauvetage aussi rapide est incompréhensible pour beaucoup. Il y en a qui prétendent que cela n’aurait pu se faire que grâce à l’intervention de l’Empereur Lui-même. |
Pendant que ces batailles faisaient rage, les cieux de l’ouest brillèrent d’un blanc éclatant lorsque le Mechanicum Noir incinéra les régions qu’il avait défrichées de matériel récupérable. Une explosion après l’autre consuma l’horizon et fit bouillir les nuages au fur et à mesure que le ciel lui-même brûlait. La Raven Guard ne pouvait que se battre alors que les destructions s’étendaient de la Dépression d’Urgall vers l’extérieur, se brisant comme une vague sur les Collines d’Urgall et se propageant kilomètre après kilomètre à travers les désolations et au-delà des Failles d’Illium.
Pendant de longs jours et de longues nuits, la Raven Guard se battit de cette manière, vendant chèrement la vie des ses membres alors que les désolations faisaient écho à la voix d’Angron qui beuglait pour que son frère lui fasse face. Les plaines salées poussaient de plus en plus à l’est à mesure que les incendies dévastateurs qui consumaient le ciel de l’ouest se propageaient. Bien que la Raven Guard se soit battu avec toute la détermination et les compétences que lui offrait l’artisanat génétique de l’Empereur, elle était submergée par le nombre et n’avait aucun espoir d’être renforcé ou ravitaillé. Avec l’avancée inexorable des incendies qui ravageaient les terres du Mechanicum, tout espoir de trouver d’autres survivants ou de déceler une nouvelle source de munitions s’était évaporé. La Légion était maintenant encerclée dans une zone de plus en plus étroite, pris dans le feu des chars Whirlwinds Scorpius que les World Eaters avaient déployé sur les flancs de leur avancée, entrecroisant toutes les voies de fuite avec des tirs de missiles. Pourtant, le Seigneur Corbeau n’avait pas encore ordonné à sa Légion de se retourner, de faire face à ses poursuivants et de faire le dernier combat que tout le monde attendait. Le Seigneur Corbeau garda son choix pour lui, et personne n’osa soulever une seule objection.
Le soleil se leva sur la surface souillée et enveloppée de brouillard de Isstvan V, le quatre-vingt-dix-huitième jour après le Massacre du Site d’Atterrissage. Les trois mille derniers Légionnaires de la Raven Guard montèrent une dernière fois la crête et regardèrent l’étendue sans fin des Plaines Salées de Gular. L’air était épais, les toxines provenant des plaines ravagées et les traînées noires du feu tourbillonnant, le hurlement étrange des vents torturés presque assez fort pour noyer le rugissement des dizaines de milliers de World Eaters qui chargeaient à travers la terre brisée.
À ce moment, le Seigneur Corbeau ordonna enfin à ses fils de s’arrêter. Les Plaines Salées de Gular dans le dos, la Raven Guard prit sa position finale. Elle avait survécu pendant quatre-vingt-dix-huit jours. Elle s’était battue avec honneur et détermination, car aucune autre ligne de conduite n’avait été possible. La Raven Guard s’était montrée loyale jusqu’à la fin, préférant la survie à la trahison de ses serments, un choix que nous pouvons avec certitude dire que ni le Primarque, ni un seul de ses fils n’avait jamais remis en cause. La Raven Guard avait été forgée dans le creuset brûlant de l’Insurrection de Lycaeus, où la résistance, aussi futile soit-elle, était la seule option, même face à une oppression totalement écrasante et sans espoir.
Alors que le défi sauvage d’Angron s’élevait au-dessus du rugissement de ses Légionnaires et que les premiers obus des Traîtres frappaient parmi les chars de la Raven Guard, Corax donna ce que tous pensaient être ses derniers ordres aux derniers membres de sa fière Légion. Ici, la Raven Guard se tiendrait debout ; ici, la Raven Guard périrait. Mais à ce moment, le tonnerre fendit le ciel au-dessus du dernier champ de bataille de Isstvan V, et avec lui vinrent des oiseaux aux ailes noires qui tombèrent sur le tumulte en dessous d’eux en crachant du feu, leur colère ne se déchaînant pas sur les quelques guerriers restant de la Raven Guard, mais sur les World Eaters, dont l’insouciance et la témérité permis aux oiseaux de proie de les attaquer et de les abattre de face. Dans une tempête de tirs et d’obus, Angron se vit refuser son trophée sanglant. Si la Raven Guard avait été presque exterminée dans le feu, c’est dans le feu que la Raven Guard fut délivrée de Isstvan V, le monde qui aurait dû être leur cimetière par la volonté du Maître de Guerre avait voulu en faire leur cimetière.[16]
Source
- The Horus Heresy, Book Three - Extermination
- ↑ The Horus Heresy, Book Three - Extermination, Chapter The Fires of Heresy - Part V : Victory is Vengeance - The Raven Guard's Ninety Day War For Deliverance (traduit de l'anglais par Guilhem)
- ↑ The Horus Heresy, Book Three - Extermination, Chapter The Fires of Heresy - Part V : Victory is Vengeance - The Night of Butchery (traduit de l'anglais par Guilhem)
- ↑ The Horus Heresy, Book Three - Extermination, Chapter The Fires of Heresy - Part V : Victory is Vengeance - The Night of Ash (traduit de l'anglais par Guilhem)
- ↑ The Horus Heresy, Book Three - Extermination, Chapter The Fires of Heresy - Part V : Victory is Vengeance - The Heavens Aflame (traduit de l'anglais par Guilhem)
- ↑ The Horus Heresy, Book Three - Extermination, Chapter The Fires of Heresy - Part V : Victory is Vengeance - Survival (traduit de l'anglais par Guilhem)
- ↑ The Horus Heresy, Book Three - Extermination, Chapter The Fires of Heresy - Part V : Victory is Vengeance - Ruinous Venerations (traduit de l'anglais par Guilhem)
- ↑ The Horus Heresy, Book Three - Extermination, Chapter The Fires of Heresy - Part V : Victory is Vengeance - Consolidation (traduit de l'anglais par Guilhem)
- ↑ The Horus Heresy, Book Three - Extermination, Chapter The Fires of Heresy - Part V : Victory is Vengeance - Reclamation (traduit de l'anglais par Guilhem)
- ↑ The Horus Heresy, Book Three - Extermination, Chapter The Fires of Heresy - Part V : Victory is Vengeance - The Hunters (traduit de l'anglais par Guilhem)
- ↑ The Horus Heresy, Book Three - Extermination, Chapter The Fires of Heresy - Part V : Victory is Vengeance - The Fallen Crusader (traduit de l'anglais par Guilhem)
- ↑ The Horus Heresy, Book Three - Extermination, Chapter The Fires of Heresy - Part V : Victory is Vengeance - Into the Rifts (traduit de l'anglais par Guilhem)
- ↑ The Horus Heresy, Book Three - Extermination, Chapter The Fires of Heresy - Part V : Victory is Vengeance - The Raven Lord Alone (traduit de l'anglais par Guilhem)
- ↑ The Horus Heresy, Book Three - Extermination, Chapter The Fires of Heresy - Part V : Victory is Vengeance - The Sundered Legion (traduit de l'anglais par Guilhem)
- ↑ The Horus Heresy, Book Three - Extermination, Chapter The Fires of Heresy - Part V : Victory is Vengeance - The Final Days (traduit de l'anglais par Guilhem)
- ↑ The Horus Heresy, Book Three - Extermination, Chapter The Fires of Heresy - Part V : Victory is Vengeance - The Delivrance (traduit de l'anglais par Guilhem)
- ↑ The Horus Heresy, Book Three - Extermination, Chapter The Fires of Heresy - Part V : Victory is Vengeance - The Beginning of the End (traduit de l'anglais par Guilhem)