Guerre Souterraine
L’Hérésie d'Horus s’est jetée de la fierté d’Ultramar. La guerre totale fit rage dans le monde jadis glorieux de Calth, l’amenant à la ruine flamboyante sous l’enfer radioactif d’un soleil empoisonné. Les Ultramarines, ayant subi un coup de marteau de la part de la Légion Renégate de frères des Word Bearers, furent forcés de se réfugier dans les arcologies qui se propageaient dans le monde souterrain de la planète. Les Word Bearers s’y sont également dirigés, déterminés à achever leur œuvre hérétique en pourchassant chacun de leurs rivaux Ultramarines et en les tuant aux Bolters et aux Crozius.[1]
Les détails du déroulement de cette guerre ne sont pas connus. Elle fut surtout une longue guérilla qui vit la victoire des Loyalistes à un coût exorbitant, donnant naissance à des légendes d’horreurs et de monstres hantant les profondeurs de Calth.
La Bataille de Calth
Sous couvert de stratégie galactique, Horus isola ceux qu’il savait capables de s’opposer à lui, les redéployant au-delà du cœur de l’Imperium naissant jusqu’à ses limites les plus éloignées. Il avait l’intention de frapper au cœur du domaine de l’Empereur, envahir Terra elle-même et s’assurer personnellement la mort de l’Empereur. D’abord, cependant, il prit grand soin de mettre toute les chances de son côté avant que son allégeance aux Dieux Sombres ne se révèle.
Aux Ultramarines, la plus fidèle de toutes les Légions de l’Empereur, Horus avait donné l’ordre de se rassembler sur Calth, une planète voisine de leur monde natal, Macragge. La Légion devait utiliser le monde comme poste de rassemblement pour nettoyer la frange orientale de l’infestation Orks. Horus, le Maître de Guerre, avait ostensiblement ordonné à la Légion des Word Bearers d’agir en soutien, mais en vérité, ils avaient une mission secrète qui leur était propre.
Bientôt, les étoiles au-dessus de Calth accueillirent les armadas jumelles des deux Légions, l’une resplendissante en bleu, l’autre marquée d’un écarlate profond.
De nombreux officiers supérieurs des Legiones Astartes considéraient cette décision comme un coup de maître diplomatique. Lorsque l’Empereur avait puni les Word Bearers zélés pour l’avoir vénéré comme un dieu vivant, les Ultramarines avaient agi comme sa poigne de fer. La Légion de Guilliman avait détruit Monarchia, la "Cité Parfaite" que les Word Bearers avaient construite en l’honneur de l’Empereur immortel, et avait humilié Lorgar et sa Légion dans ce processus. En assignant les deux Légions à la même mission pour la Grande Croisade contre un ennemi aussi sauvage que les Orks, il semblait qu’Horus espérait éradiquer le mauvais rapport que son père avait créé entre les deux Légions. Les liens de fraternité seraient reforgés dans le creuset rouge et chaud de la bataille. Pourtant, son véritable but était plus sournois au grand dam de Guilliman.
Les Word Bearers avaient depuis longtemps ralliés le camp d’Horus ; en effet, il y avait des rumeurs murmurées qu’un de leurs Chapelains avait provoqué la chute du Maître de Guerre pendant la guerre pour le système de Davin. Les fils de Lorgar étaient pleinement complices de son plan - non seulement pour empêcher les Ultramarines de participer à la guerre qui allait décider du sort de l’Hérésie, mais aussi de porter un coup dévastateur à leurs homologues Loyalistes, un coup dont ils ne se remettraient jamais.
Une fois les deux armadas en orbite, les Légionnaires des deux factions coordonnèrent leur rassemblement pendant que les forces terrestres et les Titans affiliés aux Word Bearers se réunissaient. Les Word Bearers avaient tout le temps nécessaire pour tendre leur piège, car Horus avait dissimulés les trahisons de Isstvan. Les architectes de l’apocalypse de Calth semèrent un code corrompu dans les cogitateurs du réseau orbital de défense, et se sont assurés que leur flotte spatiale était prête à paralyser le plus possible l’armada des Ultramarines dans la confusion qui allait suivre. De sombres sorcelleries furent accomplis en secret, les Word Bearers suivant des rituels écrits par Lorgar lui-même. Chaque nouveau rituel avait pour but d’éclaircir le voile entre la réalité et l’Empyrée, pour mieux convoquer d’étranges alliés que le traître Primarque avait gagné dans les marées psychiques de cette étrange dimension.
Peut-être plus grandiose encore, ils avaient l’intention de déclencher un événement solaire cataclysmique en empoisonnant Veridia, l’étoile vivifiante de Calth. Ce faisant, ils utiliseraient une arme d’une magnitude galactique, s’assurant ainsi que les éruptions solaires corrompues du soleil frapperaient la surface de Calth de façon plus approfondie que n’importe quelle bombe virale. Le destin de la Légion des Ultramarines fut à un tournant.
L’attaque commença avec le dernier voyage du Campanile, un vaisseau spatial capturé sur le bord du système par les forces des Word Bearers et envoyé comme une lance titanesque sur les quais orbitaux et les échelons navals de la flotte des Ultramarines. Les collisions qui en ont résulté semèrent la destruction à une échelle sans précédent, car les vaisseaux spatiaux de Guilliman étaient très compactes et incapables de s’échapper.
La force même de la catastrophe déclencha une impulsion électromagnétique qui a non seulement désactivé de nombreux navires des Ultramarines, mais aussi mis à l’arrêt le système de défense orbitale déjà compromis, permettant au Sorcier Word Bearer Kor Phaeron de le capturer et de diriger sa puissance de feu vers le cœur de l’étoile Veridia. À la surface de la planète, bien en dessous du Cardinal Noir Kor Phaeron, Erebus mena un grand rituel, permettant aux seigneurs démoniaques de se frayer un chemin dans l’espace réel pendant que le soleil de Calth brillait diaboliquement au-dessus.
L’armada des Ultramarines étant paralysée, la flotte des Word Bearers trouva une proie facile. Le ciel au-dessus de Calth brûla lorsque les carcasses de la flotte Loyaliste traversèrent l’orbite basse pour s’écraser sur la surface du monde. Des Barges de Bataille à bec d’aigle creusèrent de grands gouffres dans la croûte terrestre alors qu’elles plongeaient dans leurs tombes rocheuses. Les vaisseaux écrasèrent les villes sous leur masse et les navires de transport touchés déversèrent leur contenu à travers les cieux jusqu’à ce que des cadavres gelés et des Chars Super-Lourds tombent du ciel comme de la grêle.
Désigner Calth comme un monde de caverne serait une insulte à sa grandeur. Joyau de la couronne d’Ultramar, Calth était un monde hautement civilisé, de culture et de beauté. Les villes de la planète avaient été construites pour survivre ; elle se vantait non seulement d’avoir des ports stellaires protégés et de vastes chantiers navals en orbite, mais aussi d’immenses arcologies souterraines. Elles parcouraient des centaines de kilomètres sous la surface, le refuge parfait en cas de catastrophe solaire. L’acte de trahison qui devait remodeler Calth a eu lieu, et les Ultramarines qui s’y trouvaient ont été complètement pris par surprise. |
Même Guilliman, qui avait passé des semaines à préparer des contingences pour chaque éventualité imaginable que le rassemblement pouvait poser fut pris par surprise. Les rapports firent état d’une attaque d’un vaisseau à l’autre en orbite haute, mais au début, Guilliman était convaincu qu’il était témoin d’un simple désastre né d’un manque de communication. Ce n’est que lorsque les supplications du Primarque pour un cessez-le-feu devinrent des serments de vengeance que Lorgar daigna répondre à ses demandes de communication. La vérité déchirante devint claire lorsque le seigneur des Word Bearers jubila et regarda, savourant la colère de Guilliman et la consternation comme un bon vin. Une guerre dévastatrice se déroulait déjà à travers l’Imperium, l’ampleur de la traîtrise si vaste que les fidèles de l’Empereur avaient probablement déjà perdu.
Tout comme la contemplation de la trahison était étrangère à la Légion de Guilliman, le concept du désespoir l’était aussi. Bien qu’il ait perdu peut-être la moitié de sa Légion lors de cette attaque, le Primarque des Ultramarines déclara la guerre ouverte, marquant bien le point d’appui qui changea le destin de sa Légion. Il ordonna l’évacuation du système, sachant que si Veridia atteignait le sommet de sa colère meurtrière, la tempête solaire brûlerait non seulement ceux qui luttaient sur Calth, mais aussi les planètes voisines.
Les Ultramarines combattirent une arrière-garde intrépide dans une douzaine de théâtres de guerre alors que les éruptions solaires s’étendaient sur la surface ravagée de la planète. Le Capitaine Remus Ventanus de la 4e Compagnie diffusa un dernier ordre sur le réseau vox de la planète, insistant pour que chaque âme vivante se retire dans les réseaux de cavernes, qu’elle soit un Légionnaire ou un homme normal. Les Ultramarines ne furent pas les seuls guerriers à se replier sous terre. Les Word Bearers ont eux aussi reconnu le sort enflammé qui s’était abattu sur eux à travers le vide, et ils ont également fait en sorte que les arcologies de Calth soient en sécurité. Là, dans la confusion et les ravages du cataclysme, une nouvelle phase de l’Hérésie d’Horus s’est déroulée. La Bataille de Calth avait brûlé, mais brièvement. La Guerre Souterraine avait commencée.[3]
- Pour plus de détails, voir l’article dédié : la Bataille de Calth
La Guerre Souterraine
- « Ici le Capitaine Ventanus de la 4e compagnie. Je lance cette diffusion d’urgence sur la fréquence du réseau global. La surface de Calth ne constitue plus un environnement propice à la vie. Notre étoile locale souffre d’un traumatisme interne, et va bientôt irradier Calth à des niveaux mortels pour l’être humain. Il n’est plus possible à l’heure actuelle d’évacuer la planète. Par conséquent, si vous êtes un citoyen, un membre de l’Armée Impériale, un guerrier de la XIIIe légion, ou tout autre serviteur loyal de l’Imperium, rejoignez en toute hâte l’arcologie ou le complexe arcologique le plus proche. Les complexes arcologiques pourront vous offrir suffisamment de protection pour vous permettre de survivre à cet événement solaire. Nous nous abriterons là jusqu’à plus amples nouvelles. N’attendez pas, déplacez-vous immédiatement vers l’arcologie la plus proche. Les sites arcologiques et les informations d’accès seront attachés à cette diffusion sous forme de fichier codé. Au nom de l’Imperium, dépêchez-vous. Fin du message. »
- - Capitaine Ventanus, Sauveur de Calth [Note 23.49.20].[4]
L’attaque des Word Bearers contre Calth ravagea l’atmosphère de la planète et son écosystème. La surface devint inhabitable sous les conflagrations plasmatiques incontrôlables qui brûlèrent le ciel, et ce tandis que les vagues de radiations affluaient depuis l’astre mourant au cœur du système de Veridia. Les morts se comptèrent par millions. Les survivants trouvèrent refuge sous la surface de Calth ; les Loyalistes comme les renégats furent poussés vers le réseau labyrinthique d’arcologies aménagé sous terre.
Leur guerre ne s’arrêta pas. Elle devint une lutte acharnée pour la survie, dans un décor obscur et inhospitalier, où toutes les ressources se trouvaient à présent extrêmement limitées, où le peu d’eau, de nourriture et de place qu’il était possible de trouver venait rapidement à manquer.
À mesure que les jours et les semaines passaient, tous les prisonniers de ce paysage sombre et impitoyable firent des efforts de plus en désespérés pour survivre. Les cavernes naturelles furent élargies par des excavations frénétiques, et les réfugiés affamés creusaient la terre de leurs mains à la recherche de nouveaux tunnels, recelant peut-être quelques vestiges alimentaires, ou un peu d’eau à boire. Tout le maillage souterrain fut ainsi grandement étendu par les factions en guerre, mais faute de matériaux de construction, et du fait d’une expertise limitée, les nouvelles cavités creusées se révélaient invariablement de piètre conception. Les forces fanatiques qui s’étaient vouées à servir les Puissances de la Ruine n’avaient aucun scrupule à faire s’effondrer les aménagements des Loyalistes pour semer chez eux la confusion, la peur et le désespoir.
Ainsi la Guerre Souterraine se prolongea-t-elle, et si les Ultramarines furent finalement en mesure de secourir les leurs au bout d’un an environ, les Traîtres demeurèrent sous terre, se retranchèrent dans les portions les plus sombres du réseau. Ce fut le point de départ d’une longue guérilla, laquelle dura près de dix ans le temps que les Traîtres soient finalement vaincus. Même alors, des rumeurs persistèrent pendant de nombreuses années quant à la présence de mutants hideux dans les entrailles de Calth, attendant leur heure pour en émerger et amener à nouveau la terreur aux citoyens de l’Imperium.
La Purge de l'Arcologie Aurorienne
La lumière tombée de l’étoile de Veridia était si mortelle que même les guerriers génétiquement améliorés des Legiones Astartes ont dû se mettre à l’abri. Quelques jours après avoir fui la surface, les combats se sont déplacés vers les enfers de Calth, où les forces survivantes des deux Légions bloquées sur la planète ont poursuivi leur guerre intestine. Des milliards de vies ayant été perdues lors des premières attaques, les Ultramarines évacuant les civils survivants vers les arcologies souterraines de Calth afin de les mettre à l’abri des mâchoires de la catastrophe totale.
Brutalisés par les tempêtes radioactives qu’ils avaient eux-mêmes créées, les Word Bearers se réfugièrent eux aussi sous la surface, massacrant tous les défenseurs impériaux qu’ils rencontraient et s’emparant de plusieurs arcologies. C’est à partir de ces bastions souterrains conquis que les osts prédateurs de la XVIIe Légion, coupés du corps principal de la Croisade des Ombres, s’aventurèrent pour récupérer les fournitures essentielles au conflit en cours et pour ériger de sombres sanctuaires à leurs dieux affamés. D’innombrables atrocités ont eu lieu dans les mois qui ont suivi la dévastation de la surface de Calth, notamment la profanation de l’arcologie d’Uranik et le sacrifice rituel de ses défenseurs par des Légionnaires appartenant au Chapitre Étoile Gravée du Capitaine Hol Beloth, ou la destruction du CV427/Praxor et des trois cent mille âmes qu’il abritait, réduites en cendres aux côtés des infiltrés sectaires qui avaient fait exploser des dispositifs atomatiques volés dans les armureries de la Légion des Ultramarines à l’intérieur de l’arcologie.
Parmi les myriades de désastres qui se sont abattus sur Calth, l’arcologie Aurorienne était l’un des endroits les plus remarquables dans les archives impériales. Aurorienne était considéré comme le point de ralliement des restes brisés de la 547e Compagnie des Ultramarines, dirigée par le Chapelain-Consul Ankarion, et abritant deux cent mille civils. Au milieu du chaos et de la confusion causés par la vague d’incursions ennemies qui a suivi le retrait de la surface, le commandement central de la XIIIe Légion sur Calth avait perdu le contact avec l’arcologie Aurorienne, peu après avoir reçu un signal vox fragmentaire demandant une assistance immédiate. La transmission portait des codes de cryptage de la Légion des Ultramarines de la plus haute priorité, et la tâche d’enquêter sur l’incident avait donc été confiée à une force largement inadaptée pour monter une opération de recherche et de sauvetage : Le Capitaine Valius Thesian et la 4e compagnie de Destroyers du 22e Chapitre "Nemesis". Connu pour son utilisation intensive d’armes volatiles et dangereuses, le Chapitre Nemesis avait été délibérément rassemblé en isolement, loin des centres de population de Calth, et en tant que tel, il avait été épargné par les pertes catastrophiques subies par la majorité de sa Légion au début du conflit. À la suite de la trahison des Word Bearers, la 4e Compagnie de Destroyers s’était repliée pour occuper une série de bunkers souterrains dispersés sous les ruines de ce qui était autrefois la Préfecture d’Aesperia. Bien qu’inaptes au rôle de sauveur, les Destroyers étaient souvent évités et considérés comme souillés par leurs frères en raison de l’arsenal sombre d’armes interdites qu’ils utilisaient au combat, mais constituant la seule concentration importante de forces que la Légion des Ultramarines pouvait rassembler près de l’arcologie Aurorienne. Le Capitaine Thesian mobilisa rapidement ses Légionnaires lorsque l’appel fut lancé pour établir le contact avec le 547e perdu, et bientôt plusieurs centaines d’Ultramarines en armure d’ébène passèrent les portes renforcées de l’arcologie Aurorienne et avancèrent vers leurs cibles désignées, armés et préparés plus pour une bataille ouverte que pour une mission de sauvetage.
Cinquante groupes, comptant chacun jusqu’à trente Space Marines, soutenus par des groupes de Dreadnoughts Contemptor, se sont vus assigner un objectif vital différent, allant de la sécurisation des centres de filtration d’air et des centres de production d’énergie à des missions d’exploration qui précéderaient la force de secours principale à la recherche de survivants ou de signes de la 547e Compagnie. Les chambres souterraines caverneuses de l’arcologie étaient remplies des détritus des opérations de construction interrompues, des machines de terrassement retournées, des chenilles en vrac et des machines de forage désactivés. Le sol était jonché de cadavres d’ouvriers des Auxilia, présentant des degrés de décomposition extrêmes et anormaux, le rictus de leurs crânes en décomposition luisant à l’intérieur des visières fissurées de leurs combinaisons environnementales tandis que des asticots et des mille-pattes rampaient hors de leurs orbites vides. Une odeur nauséabonde entourait les cadavres, un miasme putride qui parvenait à pénétrer même les filtres à air des Armures Énergétiques scellées des Destroyers. L’équipement à travers les tunnels et les chambres du site portait des signes de dégradation similaires ; une corrosion et une décomposition extrêmes qui auraient dû être le résultat de décennies d’abandon, et pas de quelques jours.
C’est là, dans un endroit rappelant l’enfer d’un ancien mythe terran, que la Légion des Ultramarines a rencontré son ennemi détesté. Dans les nombreuses chambres et salles de l’arcologie Aurorienne, des centaines de Words Bearers sortirent de leurs cachettes parmi les machines abandonnées et les piles de conteneurs blindés pour ouvrir le feu avec des Bolters et des armes lourdes, fauchant les premiers rangs des Ultramarines qui avançaient. Les Destroyers Nemesis se ressaisirent rapidement et ripostèrent, encerclant les positions ennemies avec des volées de missiles radioactives, des bombes au phosphex et des bolts de Bolters Lourds sans interrompre leur progression. Les rayons d’énergie Volkite s’échappèrent des couleuvrines à double canon montés sur les bras des Contemptors des Ultramarines, faisant fondre les armures et brûlant la chair jusqu’aux os. N’ayant que peu d’espoir de maintenir une position défensive face à une telle puissance de feu dévastatrice, les Word Bearers sacrifièrent l’avantage d’être à couvert et chargèrent les Ultramarines dans une ruée hurlante.
Ces fils de Lorgar ne ressemblaient guère aux guerriers que les Ultramarines avaient affrontés au début de l’Atrocité de Calth. Leur Armure Énergétique avait muté pour ressembler à de la chair sanglante et nerveuse, et des protubérances osseuses avaient jailli de la céramite, faisant autant partie du corps en dessous qu’elles étaient des ajouts macabres à la plaque elle-même. Parmi les rangs des Word Bearers, des silhouettes plus étranges se cachaient - des Légionnaires imposants qui s’étaient transformés en créatures cauchemardesques ressemblant à peine à leur forme originale, leurs mains étant transformées en griffes vicieuses et leurs mâchoires distendues en gueules avides et pleines de crocs. Des dizaines de Word Bearers furent abattus alors qu’ils sortaient de leurs cachettes, mais les autres comblèrent rapidement la distance qui les séparait des Ultramarines. Réagissant rapidement à l’assaut soudain de leur ennemi, les Destroyers Nemesis lancèrent une volée de grenades radioactives avant de sortir leurs propres armes de combat rapproché, rencontrant leur ennemi lame contre griffe. Le royaume souterrain était rempli d’une tempête radioactives non moins puissante que celle qui ravageait la surface, tandis que les Destroyers Nemesis et les Word Bearers s’affrontaient dans un combat acharné et sans répit. L’influence du Warp était très forte sur les fils de Lorgar, et là où ils se battaient, des choses sans forme, avec des bras et des bouches béantes, surgissaient du sol et des murs pour attaquer les guerriers d’Ultramar. Des haches vicieusement crochues et des serres hideusement mutées s’affrontaient à des épées à chaîne et des glaives artisanaux, tandis que des rires fantomatiques résonnaient dans les couloirs de l’arcologie Aurorienne. Le réseau vox de la XIIIe Légion était inondé d’un blizzard de signaux statiques entrecoupés de hurlements primitifs de bêtes d’un autre monde, tandis que les guerriers étaient entièrement avalés par des nuages artificiels d’ombre et de lumière infernales. Parmi les horreurs qui accompagnaient les Légionnaires corrompu des Word Bearers, les Ultramarines aperçurent des créatures cadavériques portant les restes brisés d’Armure Énergétique qui portaient indubitablement les couleurs et les emblèmes de leur propre Légion. Les yeux morts des créatures brûlaient des flammes éthérées de l’Empyrée et leur chair pendait aux endroits où leur armure manquait, gonflée et meurtrie comme celle d’un cadavre noyé. Marionnettes d’une hideuse sorcellerie, les frères perdus de la 547e Compagnie sortirent en une horde ambulante pour tuer leurs congénères.
Pris dans une tempête soudaine de cauchemars nés du Warp, la coordination légendaire des Ultramarines fut mise à rude épreuve dans toute l’arcologie, certains bataillons tentant d’avancer au contact de l’ennemi alors que d’autres se retiraient d’une embuscade pour se regrouper. L’unité du Capitaine Thesian formait le point d’ancrage des lignes de bataille des Ultramarines, Thesian lui-même combattant en première ligne dans les chambres hantées par les Démons, mais il ne pouvait intervenir que sur un seul point à la fois et plusieurs des groupements tactiques des Ultramarines étaient isolés et détruits. Trois escouades de Destroyers Nemesis ont combattu aux côtés de leur Capitaine, déposant une grêle foudroyante de Bolts de Bolter qui tenait leurs ennemis à distance. Ceux qui n’avaient plus de munitions verrouillaient leurs Bolters sur leur armure et dégainaient leurs épées et leurs lames de combat pour éliminer tout ennemi qui pénétrait dans le feu croisé de leurs unités. Les honorables Dreadnoughts Andronicus et Dorian avançaient régulièrement derrière leurs frères, les deux Contemptor Dreadnoughts réduisant les Word Bearers et les créatures Warp en morceaux de viande et de céramite grâce à un flot ininterrompu de Bolts de haut calibre provenant de leurs canons d’assaut à motif Kheres. Le groupe de combat de Thesian se déplaçait régulièrement sur ce qui avait été le stratégium de commandement de la Légion dans l’arcologie Aurorienne, coordonnant du mieux qu’il pouvait ses forces dispersées. Les autres groupements tactiques des Ultramarines abandonnèrent leurs objectifs initiaux et commencèrent à converger vers la position de leur capitaine.
Après des heures de combats brutaux, le fer de lance des Ultramarines atteignit ce qui avait été le quartier général de la 547e Compagnie. Les murs d’adamantium et de marbre ornés des icônes de l’Imperium et d’Ultramar avaient été démolis et à leur place se dressait un temple des damnés, une forge qui était l’épicentre de toute la corruption qui se répandait dans l’arcologie Aurorienne. Les piliers dorés qui avaient porté les fières bannières de la conquête impériale portaient désormais des sigles sauvagement taillés qui causaient une douleur nauséabonde à ceux qui les regardaient. Les corps crucifiés des Ultramarines étaient disposés autour d’un énorme totem d’ossements en forme d’étoile à huit branches. Devant un rassemblement de créatures mutantes difformes se tenait le Chapelain-Consul Ankarion de la 547e Compagnie, portant une lance d’obsidienne étincelante. Le bleu azur qui l’identifiait autrefois comme un guerrier des Ultramarines avait été remplacé par un cramoisi chatoyant et son casque était une masse indiscernable d’yeux, de bouches crochues et de cornes incurvées. Le Chapelain déchu était entouré d’une foule de Légionnaires Word Bearers monstrueux dont l’armure cramoisie était fraîchement badigeonnée du sang des fils de Guilliman. Lorsque leurs yeux se posèrent sur les Loyalistes qui approchaient, les Word Bearers et les créatures de cauchemar, menés par le Chapelain des Ultramarines déchu, hurlèrent un défi en Colchisien ancien et chargèrent.
Les Ultramarines avaient déjà combattu une mer de terreurs apparemment sans fin et maintenant, à la fin, ils avaient découvert que le responsable de la mort de leurs frères et de la corruption de ce royaume souterrain était l’un des leurs. Abandonnant l’approche mesurée et tactique de la guerre pour laquelle leur Légion était réputée, les Destroyers Nemesis se lancèrent eux-mêmes dans la charge. L’honneur exigeait que l’ennemi soit affronté de front, que son sang soit versé par les lames des Ultramarines face à face ; c’était le seul moyen d’effacer la tache de la plus noire des trahisons. Les deux forces s’écrasèrent l’une contre l’autre avec les cris de guerre de leurs Légions respectives sur les lèvres ; des mots nobles prononcés au mépris des hurlements impies des damnés mélangés au tonnerre des Bolters et aux hurlements des épées qui mordaient profondément dans l’armure et la chair. Des créatures sans forme s’enfoncèrent dans les rangs des Ultramarines, portant les Destroyers au sol où ils les déchirèrent dans une frénésie vicieuse. Des ténèbres visqueuses glissaient sur le sol, s’étiraient et se gonflaient sur les murs et descendaient du toit de la caverne, arrachant les Ultramarines du sol et les traînant au centre de leur masse croissante.
Au milieu du chaos de cette mêlée brutale, Thesian affronta Ankarion, balançant sa lame relique à deux mains dans un coup sauvage vers le bas qui fut bloqué par la lance du traître. La riposte d’Ankarion empala Thesian en pleine poitrine, la lance d’obsidienne fendant l’Ultima ailé d’or du plastron du Capitaine et jaillissant de son dos. Comme si elle avait senti la blessure mortelle du Capitaine des Ultramarines, l’intensité sombre entourant l’aurore du totem brilla plus fort et commença à déchirer des trous dans le tissu de l’espace réel, des brèches par lesquelles des vrilles de créatures cyclopéennes cherchaient à pénétrer dans cette dimension. Ankarion souleva son ennemi figé sur sa lance, savourant le goût de la victoire. Dans un moment de rage désespérée, Thesian poussa son corps défaillant vers un dernier acte de vengeance. Au prix d’un effort atroce, le fidèle fils de Guilliman tira le manche de la lance à travers sa poitrine déchirée et, dans un rugissement de défi, poignarda le traître à la gorge avec son gladius. Avant que le Chapelain ne puisse réagir, Thesian sortit une Bombe à Fusion de sa ceinture et la pressa contre la poitrine d’Ankarion, activant le dispositif et emportant son frère dans la mort.
Les deux guerriers furent complètement consumés par une explosion d’énergie thermique qui réduisit en cendres la céramite, la chair et les os. Alors qu’Ankarion se désintégrait, l’aurore autour du totem disparut et les déchirures dans l’espace réel commencèrent à s’affaiblir et à s’estomper. Les Destroyers Nemesis continuèrent à se battre, et bien qu’il ne restait qu’un sur dix de leur nombre initial, ils étaient suffisants pour tenir la ligne. Contre d’autres Légionnaires, les horreurs nées du Warp auraient pu l’emporter, mais les guerriers du Chapitre Nemesis étaient une race à part parmi leurs frères Ultramarines. Ces fils de Guilliman se battaient avec une fureur née de l’amertume, et un mépris de la survie qui provenait de la certitude de leur propre disparition, car ils savaient déjà bien que c’était une condamnation à mort de manier l’arsenal pernicieux du Chapitre Nemesis. Des hordes de créatures cauchemardesques les assaillaient, mais les Destroyers les tenaient à distance grâce à des volées de tirs incessants de Bolter, les agents chimiques et les toxines mortelles contenus dans leurs carapaces s’adaptant rapidement à la composition génétique étrange de leurs cibles infusées par le Warp et les dissolvant de l’intérieur. Lorsque leurs munitions étaient épuisées, les Ultramarines utilisaient leurs épées et tailladaient la chair contaminée jusqu’à ce que leur armure ébouillantée soit couverte de sang et d’ichor. L’honorable Andronicus s’est déchaîné lorsque son frère, le Contemptor Dorian, est tombé, déchirant les abominations des Word Bearers avec ses griffes énergétiques crépitantes, et on raconte que ce fut lui qui fit tomber l’icône osseuse profane qui siphonnait les énergies æthériques dans l’arcologie Aurorienne. Avec la destruction du totem, les créatures difformes ont commencé à se dissoudre dans des flaques informes de sueur primordiale et les Ultramarines possédés par le Warp se sont effondrés sur le sol, les ficelles de leurs marionnettistes ésotériques coupées. Après la mort du dernier Word Bearer et la fin de la bataille, le sergent Cassian, vétéran Destroyer, prit le commandement des forces Ultramarines restantes et dirigea le retrait de ses hommes survivants.
Aucun récit concret de l’horreur finale des dernières heures de la bataille ne peut être donné, car les enregistrements existants des événements sont fragmentaires, incomplets et souvent peu fiables. Des milliers de civils qui se sont réfugiés dans les halls de l’arcologie Aurorienne, il n’existe aucune trace, et aucun témoin oculaire n’est venu raconter ces événements, mais il est largement admis qu’ils ont péri dans leur totalité fac aux Word Bearers renégats. Le seul fait connu est que des bombes atomiques ont ensuite été introduites dans l’arcologie Aurorienne par les Ultramarines, qui ont fait exploser les dispositifs à distance lors de leur départ. L’explosion qui en résulta a anéantit tout le site dans une tempête de feu nucléaire qui assura que la souillure de l’Empyrée ne se répandrait pas davantage. Il fallut de nombreuses années avant que la guerre infernale de Calth ne soit gagnée, mais les Destroyers Nemesis y jouèrent un rôle majeur dans de nombreux conflits de l’Âge des Ténèbres. Même si les pertes féroces subies par le Chapitre Nemesis sur le sol de Calth ont fini par être compensées, les blessures dans les âmes de ses guerriers n’ont jamais été complètement guéries, les laissant comme des ombres sinistres de leur ancien moi.[5]
Sources
- The Horus Heresy, Betrayal of Calth
- The Horus Heresy - The Battle of Calth : Underworld War
- MERRET ALAN, Visions d'Hérésie - Guerre, ténèbres, traîtrise et mort, 2014
- ↑ The Horus Heresy, Betrayal of Calth - Introduction (traduit de l'anglais par Guilhem)
- ↑ The Horus Heresy, Betrayal of Calth - The Battle of Calth - Calth (traduit de l'anglais par Guilhem)
- ↑ The Horus Heresy, Betrayal of Calth - The Battle of Calth (traduit de l'anglais par Guilhem)
- ↑ The Horus Heresy, Betrayal of Calth - The Battle of Calth - The Last True Vox (traduit de l'anglais par Guilhem)
- ↑ The Horus Heresy - The Battle of Calth : Underworld War (traduit de l’anglais par Guilhem)