Vérité Impériale
- « De grandes actions ont façonné notre société, dont la plus grande, sur le plan intellectuel, a été notre rejet de ce lourd fardeau qu’est la religion. La religion a damné notre espèce pendant des milliers d’années, de la plus basse superstition aux plus hauts conclaves de la foi spirituelle. Elle nous a conduit à la folie, à la guerre, au meurtre ; elle s’est accrochée à nous comme une maladie. La foi, la croyance en des démons, des esprits et une vie après la mort sont des outils simples pour des esprits simples pour qui l’immensité du cosmos est incompréhensible. C’est de l’ignorance et des mensonges. Depuis, nous avons réalisé qu’il n’y a pas de dieux, et que nous n’avons pas besoin de dieux. Nous avons été témoins du cosmos maintenant, mes amis, nous avons appris et compris le tissu de la réalité. »
- - Premier Itérateur Kyril Sindermann, sur la Vérité Impériale.
Dans chaque civilisation humaine, dans chaque coin perdu et redécouvert de la galaxie, il y a des Démons. Certains de ces Démons sont ceux que l’Humanité s’est elle-même créé, d’autres encore proviennent de l’influence perfide et mal comprise du Xenos et de l’Inconnu. Pourtant, certains, même si l’Empereur a estimé qu’il était juste de nier d’en avoir connaissance, sont véritablement autres choses. Les Démons sont réels et irréels. Si il y avait une leçon à retenir, c’est celle issue des événements tragiques de l’Âge des Ténèbres. Il est essentiel de partager cette connaissance, de la préserver et d’en tirer des enseignements, afin de pouvoir se préparer aux menaces de la galaxie et tenter de dissiper les maux de l’avenir. Demeurer dans l’ignorance à présent, alors que la lumière dorée de l’Empereur qui nous protégeait des ténèbres extérieures s’est tellement réduite, condamnerait non seulement le corps de l’Humanité, mais son âme même.[1]
La Vérité Impériale
La Vérité Impériale était la philosophie rationnelle et athée qui avait guidé la conquête de la Vieille Terre par l’Empereur et la formation de l’Imperium lors de la Grande Croisade. En son cœur, la Vérité Impériale affirmait que l’univers était logique, et que cette connaissance vaincrait la peur et apporterait la liberté suite aux terreurs de l’Ère des Luttes. Cette affirmation allait de pair avec la négation de l’irrationnel et du superstitieux, ainsi que l’abandon de la foi en des pouvoirs et des principes allant au-delà de la connaissance. Dans la Terra unifiée et dans l’Imperium de l’Humanité, il ne pouvait y avoir de mystère de l’âme, pas de sorcellerie, pas de dieux. Ceux qui s’accrochaient à leur ignorance furent rejetés, leurs mensonges réduits au silence dans le rugissement du bûcher. Les terreurs du passé avaient grandi dans l’ombre de la superstition et de la fausse croyance. Si l’Humanité devait survivre à sa renaissance, elle ne pourrait tolérer les illusions du passé. Qu’il y ait eu d’autres dimensions, des races étrangères et des Mutants exerçant des pouvoirs psychiques n’a pas été nié, mais seulement qu’elles étaient occultes. Le fait que certains puissent appeler ces phénomènes "sorcellerie" ou les attribuer à des dieux n’était que le symptôme d’une incompréhension. Avec une fondation basée sur les principes de la Vérité Impériale, l’Humanité pouvait prétendre à la grandeur et bien qu’elle ne soit pas destinée à durer, la Grande Croisade fut irréprochable dans ses méthodes et dans sa glorieuse élévation de l’Humanité sur les espèces dominantes de la galaxie.
Bien sûr, l’Imperium et l’Empereur utilisaient dans un certain degré l’irrationnel et le merveilleux. Le nouvel Imperium s’était développé à partir du passé, et aussi séculier soit-il, une grande partie de sa puissance et de sa nature s’exprimait d’une manière qui faisait écho au spirituel. Dans des pratiques telles que la Prestation de Serments du Moment Présent, les noms des divisions du pouvoir Impérial et les symboles de ce pouvoir, l’Imperium s’enveloppait de vêtements d’autorité tissés à partir de rêves aussi vieux que les dieux qu’il rejetait. Et l’Humanité continua à croire, à croire à l’omniscience et à la bienveillance de l’Empereur et à Ses desseins, à travers la raison à la foi, à la Vérité Impériale. Peut-être que c’était une béquille spirituelle prévue ; que l’Empereur, dans Sa sagesse, voyait les faiblesses du cerveau postérieur primitif de chaque homme et femme à Son service et reconnaissait qu’Il ne pouvait que rejeter le Démagogue et le pontife de cette manière - qu’Il ne pouvait détruire le spirituel qu’en utilisant le langage de la religion, en prêchant la foi de l’empirique et du rationnel.[2]
Le Grand Mensonge
Ce qui suit est un extrait de l’essai "La vérité dans toutes ses œuvres", le Magnum Opus du philosophe rationaliste terrien Alasteir Gundi. En tant que l’un des premiers érudits de la Vérité Impériale, Gundi a été l’un des premiers à contribuer à ses idéaux. En marge de ce travail sur les mérites d’une croyance unique en la Vérité, je souhaite discréditer une théorie populaire en la qualifiant d’idiotie. Voyez-vous, je me moque de la notion primitive de démons ! Je considère que les histoires d’êtres des ténèbres et du mal le plus pur et le plus noir ne sont rien d’autre que des créations exagérées des tyrans de la Vieille Terre, imaginées pour maintenir dans la servitude les plus vils des esclaves de l’humanité. Les prêches des faux prophètes, les prédictions des vizirs et les malédictions des vieilles sorcières ne sont que des méthodes comiques et dramatiques permettant aux faibles de paraître forts et aux moins que rien de s’attirer un respect immérité. Les colifichets et les charmes colportés pour éloigner ces esprits ne sont rien d’autre que les exploitations mercantiles des vendeurs d’huiles de serpent. Tout cela, une économie du non-sens, est un exercice pour obtenir et maintenir le contrôle sur les faibles d’esprit. Qu’en est-il des histoires de dieux, de leurs miracles et de leurs rétributions ? Dans le meilleur des cas, il s’agit simplement de coïncidences attribuées à la divinité, d’espoirs ou de désespoirs inattendus mis sur le compte de certains événements menaçants mais non extraordinaires. Dans le pire des cas, il s’agit de comportements grégaires d’hystérie de groupe et d’hallucination de masse, ou de symptômes de propagation d’infirmités mentales causées par l’héritage radiologique de Terra. Les paroles et les actes de soi-disant dieux tels que "Magrese", "Abondance", "Dagriel", "Khurnatan" et le "Roi Contagieux" sont des œuvres de fiction patentes, imaginées dans l’esprit de fous. On ne peut pas non plus les faire apparaître de nulle part par des incantations orales ou des gribouillis de symboles enfantins. Leurs noms n’ont aucun pouvoir sur nous, car nous devons être un empire galactique de l’humanité unifié par notre illumination! Il est faux de prétendre que ces êtres illogiques nous veulent du mal et qu’ils résident dans la tourmente du Warp. L’Empyrée est un passage obligé pour les voyages spatiaux et n’est qu’une autre dimension qui n’a pas encore été entièrement explorée, comme n’importe quelle autre région de l’espace. Cette galaxie est le droit d’aînesse de l’humanité. Le Warp fait partie de notre domaine et nous le maîtriserons également. Tout comme les marins de l’ancienne Terre ont jadis craint les profondeurs et que les plongeurs gaziers de Jupiter ont évité les jets chauds des zones joviennes, l’humanité a surmonté, et surmontera encore, ses peurs irrationnelles et immatérielles. À chaque voyage, nous en apprenons davantage sur les formes Xenos de l’Empyrée. Ils peuvent sembler attirés vers nous, mais ils sont simplement comme des bancs de créatures océaniques inoffensives, attirées par les lumières clignotantes le long de la quille de nos vaisseaux. Comme dans tout écosystème, il y a aussi des prédateurs dont il faut se méfier, mais il s’agit de simples étoiles qui chassent les bancs et qui n’ont aucune intention malveillante à notre égard. Je sais que les marins peuvent être superstitieux et je dois donc le répéter : il n’y a pas de Démons dans le Warp! C’est l’une des nombreuses raisons pour lesquelles la Vérité Impériale est si essentielle pour briser la peur qu’éprouvent les esprits humains face à l’immensité du Cosmos. Sans elle, nous ne pourrions jamais quitter la lumière de Sol. |
Du cycle apparemment sans fin de tragédie et de mort qu’Horus avait déclenché, il est devenu clair pour tous qu’au cœur de la Vérité Impériale s’y dissimulait un mensonge. Ce Grand Mensonge, promulgué par l’Empereur qui est à présent assis à tout jamais sur Son trône, est celui d’une ignorance calculée et sciemment camouflée dans la doctrine de l’illumination. Ceux qui ont vu ce qui se cachent réellement derrière les étoiles savent que le Mensonge résidait là depuis le début, tel une lumière dans l’obscurité, même s’ils avaient peur d’y penser et n’osaient pas en parler : le Warp est vivant et possède une sensibilité maligne, dont l’essence même est surnaturelle. Ces entités inquiétantes, qui résident dans le Warp, se rassasient des âmes des mortels. Ceux qui le savent doivent examiner les conséquences de ce silence et le prix qu’il a fallut payer à cause du Grand Mensonge.
La première de ces conséquences peut paraître aujourd’hui comme la plus terrible, c’est celle de la rébellion d’Horus. En se détournant de la lumière de son Père, Horus a non seulement apporté la ruine sur l’Imperium, mais il a aussi permis aux êtres du Warp de passer de leur royaume Empyrean au nôtre. On dit qu’Horus était le Primarque le plus proche de son père, et que l’Empereur partageait avec lui toute Sa sagesse. Cela ne peut être qu’un mensonge, mais Horus a pu apprendre le pouvoir de l’Immaterium d’une autre source - sinon l’Empereur aurait sûrement averti Son fils des dangers des forces avec lesquelles il en était venu à conclure un pacte. Le Primarque de la Légion des White Scars, Jaghatai Khan, y a réfléchit lors de son retour sur Terra : « C’est le fait d’avoir compris que l’Empereur avait caché Son but véritable à Son fils préféré qui a conduit à la chute d'Horus. Dans l’esprit d’Horus, la suspicion qu’il n’était peut-être pas le favori de son père s’est enracinée ; après tout, mon frère Magnus connaissait mieux la nature du Warp et Corax celle de l’obscurité de l’Humanité. Ce doit être ce qui a brisé la volonté d’Horus." » Le Capitaine Loken, un survivant de Isstvan III, dira le cœur plein d’amertume : « Ce n’est que la prise de conscience que l’Empereur n’était pas infaillible, comme tous les fils l’apprennent de leurs pères, qui envenima le cœur d’Horus. » Il est impossible de le savoir à présent, car Horus est mort et ses cendres ne révéleront plus rien.
Il y a eu d’autres conséquences déclenchées par le Grand Mensonge et qui ont détruits le rêve de l’Empereur pour l’Imperium. Des milliards de vies ont été perdues dans les purges nécessaires à sa dissimulation. Les civilisations anciennes, descendantes directement de la Vieille Terre, qui portaient en elles et à travers le cosmos le flambeau des religions considérées comme anathème en cet âge éclairé, furent simplement assassinées pour leurs croyances. Des dizaines de milliers de cités ont été brûlées, des cultures massacrées par l’épée et des mondes annihilés au nom de la Vérité. L’ignorance a été promue main dans la main avec l’illumination à travers les étoiles. La stabilité et la sécurité de cette ignorance ont été utilisées comme un outil, un opiacé pour les masses bienheureuses, à travers lequel elles resteraient incontestables. Avec l’aveuglement et la mort comme outils pour promouvoir la sagesse, fut rendu vulnérables les fondements mêmes de l’actuel Imperium. Qui peut dire maintenant lequel des héritiers de Son royaume sera le premier à utiliser l’ignorance de la foi aveugle comme une arme ?
Il y a eu une dernière conséquence, plus grave, qui se révéla avec le temps. Alors que l’Humanité avait ostensiblement souffert de la trahison et de la guerre civile, une plus grande guerre commença et qui allait détruire l’avenir de l’Humanité. Après que le fils se soit retourné contre son père, le frère contre le frère, et que les plus grands défenseurs de l’Imperium furent mis à genoux, plus jamais la grandeur de la domination galactique que l’Empereur avait destiné à l’Humanité ne sera atteinte. C’est là que réside le problème, car dans son ambition imprudente, Horus a mortellement blessé l’Imperium. La menace extraterrestre que avait été repoussée pendant deux siècles connu un sursis. De plus, le tissu même de la réalité avait été altéré et des terreurs inconnues jusqu’alors tournèrent leur regard vers l’Humanité. Les Xenos et les Démons ne pourront jamais permettre à l’Humanité de récupérer sa force ; ils chercheront toujours à lui faire du mal, car dans sa vulnérabilité ils y trouvent leur force. Dans l’état affaibli de l’Imperium, ces antagonistes s’approchent maintenant, encerclant leur proie blessée comme les prédateurs Ichthyens de la Vieille Terre.[4]
La Nécessité du Mensonge
Bien que les savants remettent maintenant en question l’équilibre complexe et délicat des philosophies que la Vérité Impériale a mis en mouvement, on ne peut rejeter le projet de l’Empereur. Il était sans doute conscient des hypocrisies fondamentales des principes de la Vérité Impériale. Il ne fait aucun doute que les êtres à l’intérieur de l’Empyrean représentent un danger pour l’Imperium. Chercher à supprimer leur nature plutôt que d’éduquer Ses sujets et nier l’illumination de l’Ère des Lumières n’a pas du être une voie prise à la légère. On ne peut que conclure que l’Empereur était conscient des risques et des dangers et a adopté une stratégie calculée pour protéger les Siens pour Son plus grand dessein.
La nécessité du Grand Mensonge est question de quelques spéculations. Certains ont fait valoir que le but de l’Empereur était de vaincre la mort en excisant l’âme car la connaissance de notre fin causerait inévitablement notre perte. D’autres qu’Il a cherché à entrer dans l’esprit de chaque être humain dans la galaxie afin de transmettre Son phénoménal savoir ou Ses dons psychiques, créant ainsi une race ultime et ascendante de l’Humanité. Pourtant, d’autres ont discrètement suspecté qu’Il souhaitait rien de moins qu’exercer Sa domination sur l’ensemble de la réalité et de l’irréalité, et qu’Il cachait la nature surnaturelle de l’irréalité de telle sorte qu’aucun être ne puisse oser contester Ses prétentions à ce sujet. Des rumeurs plus sombres, furent murmurés que pendant les jours de l’isolement de l’Empereur sur Terra, Il a cherché à atteindre l’apothéose de la divinité à Ses propres fins, laissant l’Humanité derrière Lui avec la révélation froide que la Vérité Impériale était un mensonge et que les dieux étaient réels.
Quoi qu’il en soit, il était clair pour l’Imperium que depuis Sa retraite jusqu’à Terra, à l’apogée de la Grande Croisade, la disparition de Ses Légions dorées, ainsi que la parade sans fin des hommes et des machines qui descendaient dans le Donjon Impérial, qu’un vaste et intense artifice était en cours, alimentant d’autres spéculations. Il se peut même que l’ensemble de la Grande Croisade n’ait servi qu’à découvrir les mystères et acquérir le matériel nécessaires pour atteindre un autre objectif, et que la Vérité Impériale n’était qu’un moyen de parvenir à cette fin - mais jamais destiné à résister à une épreuve telle que celle que les Traîtres lui ont imposée. La vérité sur ces rumeurs et le Grand Œuvre de l’Empereur sont des sujets trop importants pour être discutés à ce stade et devront être révélée plus tard.
Le savoir aurait pu être la plus grande arme de l’Humanité. L’épée de cette connaissance qui a traversé les étoiles avec la Grande Croisade aurait pu permettre à l’Humanité de connaître le Démon et de combattre sa présence insidieuse. Le bouclier de l’ignorance avec laquelle l’Empereur espérait protéger l’Humanité ne pourrait qu’endiguer le déluge des ténèbres, mais jamais arrêter son assaut. Elle s’est effilochée et déformée comme n’importe quel bouclier face au martèlement de l’ennemi sur elle. Son pari pour le destin de l’Humanité fut un échec, et Son déni de la vraie nature du Warp une erreur. L’Empereur aurait pu arrêter tout cela, la rébellion d’Horus, l’ascension du Warp et la ruine de l’Imperium, si seulement Il avait dit la vérité à Ses fils et à Ses sujets. Bien que le plan de l’Empereur ait échoué, personne, vivant ou mort, n’aurait pu connaître davantage les conséquences de Ses décisions ? Si on avait su ce que l’Empereur avait fait, n’importe qui aurait-il pu faire un choix plus sage à Sa place ? Quoi qu’il en soit, personne ne peut être sûr de la solution ultime qu’Il a prévue, seulement que la menace devait être contrée. Le devoir incombe maintenant à ceux qui ont les connaissances nécessaires pour protéger l’Imperium ; ceux qui doivent éclairer l’Humanité sur la nature et la menace du Démon et de l’Inconnu.[5]
Percer le voile et Préserver la Vérité
- « Nous avons vu les étoiles de derrière, et nous avons découvert qu’elles n’ont pas de mécanismes d’horlogerie, pas de chars d’or qui les transportent. »
- - Extrait des travaux du Premier Itérateur, Kyril Sindermann
Si la nature même du Warp est irréelle, la menace posée par le Démon et l’Ésotérisme dépasse le cadre métaphysique et s’attaque aux fondements mêmes de la réalité. Beaucoup choisirent de nier la réalité de cette menace, et pour eux, l’armure de l’ignorance fut brisée en même temps que leur fragile santé mentale durant l’Hérésie d'Horus. Pour ceux qui cherchaient à tenir les ténèbres à distance - les organisations établies au cours des années de la Grande Croisade - la menace contre laquelle ils se protégeaient était une préoccupation très pratique. Ces protecteurs intrépides auraient du mal à survivre dans le tumulte de l’irréalité déclenché par Horus et ses alliés, même s’ils se revêtaient de l’Armure Énergétique de la connaissance et maniaient des armes puissantes sous la forme d’Archéotechnologie et de Psyarkana. Ces armes d’origine ésotérique étaient à la fois réelles et irréelles, tout comme les sinistres habitants du Warp, et servaient à retourner l’arcane contre l’Empyrée. Cependant, ces armes puissantes sont à doubles tranchants, et l’Imperium souffrirait des attentions de ses propres protecteurs.[6]
Maintenir les Ténèbres à Distance
Durant la terrible période de l’histoire connue sous le nom de la Longue Nuit, le mal a atteint son apogée dans la galaxie. Pendant des milliers d’années, des horreurs ininterrompues ont assailli les mondes isolés de l’Humanité, menant notre espèce au bord de l’anéantissement et réduisant l’humanité à une race pitoyable, à l’ombre des gloires de son passé. Cette ère d’horreurs, perpétuée par des seigneurs vivisecteurs et des Tyrans Techno-barbares, a été marquée par les fléaux de la démence, le calvaire de la famine et la tragédie d’une guerre sans fin. La pire de toutes les terreurs auxquelles notre espèce fut confrontée fut l’incursion du Warp, provoquée par l’émergence d’un nombre toujours plus grand de Psykers et par les machinations des rois-sorciers. Les mondes humains ont été engloutis par le Warp ou asservis pour devenir les esclaves des Démons.
Sur ces mondes, le corps humain devint inconstant, des mutations constantes transformant la forme des hommes et des femmes en quelque chose de totalement étranger. Cruauté, brutalité et souffrance sont les seules constantes de cet âge - c’est l’anomie galactique à laquelle s’opposait l’Empereur et l’horreur des ténèbres que la Vérité Impériale s’employait à tenir à distance.
Si le maintien de la Vérité Impériale était un mal nécessaire à la domination galactique que l’Empereur cherchait à atteindre, elle a également servi à de nombreuses fins dans la croissance de l’Imperium, de l’éclatement des communautés qui partageaient des croyances communes susceptibles de s’opposer à Lui, à la création d’une égalité des chances telle que tout citoyen méritant puisse s’élever à la proéminence de son propre chef. De plus, en brisant le tribalisme et les luttes intestines que les différents groupes culturels entretenaient depuis des millénaires par la création d’une doctrine culturelle impériale unique, et en libérant la population impériale de la peur cosmique que les mortels ressentent lorsqu’ils contemplent l’immensité de la galaxie, Il a permis à toute l’humanité de se concentrer sur le seul objectif du rêve impérial. Ces causes sont toutes nobles et rationnelles, bien qu’elles soient éclipsées par ce qui semble avoir été le plus grand avantage, comme l’ont observé ceux qui étaient conscients du Grand Mensonge. Toutes les religions, anciennes ou ésotériques, rencontrées par la Grande Croisade en deux siècles avaient un point commun: leur culte attire l’attention des puissances du Warp. Les religions organisées, les cultes de la personnalité, l’adoration des rois-dieux et des Xenos, tout cela, par le biais de moyens éthérés, donne du pouvoir à des êtres que les fous décrivent comme les "Vrais Dieux".
Il ne serait pas absurde de penser que l’une des motivations secrètes de l’Empereur, en promulguant la Vérité Impériale, était d’affaiblir les fils qui lient l’Humanité aux immondes sentiments de l’Empyrée, et de briser l’emprise des Puissances de la Ruine. Étant donné l’importance vitale de faire de la Vérité Impériale une doctrine galactique universelle, les moyens pris par l’Empereur et le Sigillite pour s’assurer de son application ont été nombreux et, dans certains cas, extrêmes. Cependant, leur but constant indique que certains objectifs justifiés sont servis, ce qui pourrait être insondable pour des intelligences humaines inférieures. Cet objectif était de supprimer à tout prix toute connaissance de la nature surnaturelle du Warp. À cette fin, des organismes spécifiques et secrets ont été créés et, pendant la durée de la Grande Croisade, ils y sont parvenus dans une large mesure.[7]
Les Acteurs de l’Illumination
Les plus connus de ces organismes agissant en faveur de la Vérité Impériale étaient les outils de la vaste machine de propagande de l’Imperium. Les Itérateurs, un ordre de rhétoriciens, de philosophes et d’éducateurs, ont été formés dans le but exprès de propager le message de la Vérité Impériale tout au long de la Grande Croisade. Ils exerceraient leur métier sur chaque monde conforme entrant dans l’Imperium, et renforceraient la sécularité et la rationalité des principes de la Vérité Impériale sur les mondes faisant partie de l’Imperium depuis des décennies ou des siècles. Les itérateurs étaient recrutés parmi les enseignants les plus érudits, à l’esprit vif et à la langue d’argent de Terra, des hommes et des femmes formés sous la direction de Malcador le Sigillite pour avoir une croyance si ferme en la Vérité Impériale et une compréhension si fine de la rhétorique, du débat et de la diplomatie que lorsqu’ils prononçaient leurs oraisons, ils pouvaient étouffer tout argument, aussi sensé soit-il, allant à l’encontre de leur dogme spécifique.
Les arcanistes historiques de Malcador le Sigillite ont identifié certaines similitudes d’aspect entre les créatures décrites dans les myriades de mythologies de l’Ancienne Terra et les manifestations courantes des entités du Warp. Parmi les nombreux exemples d’attributs que les Démons partagent avec les monstres des premiers temps de l’humanité, on trouve la soif de vivre des vampires, la cruauté gratuite des tigres et la puanteur rance des trolls. Il est difficile de savoir lesquelles de ces créations mythologiques étaient de simples fabrications, et lesquelles peuvent être véritablement attribuées aux Démons. |
Bien que considéré comme un succès retentissant du point de vue de la bienveillance de la Grande Croisade, sur de nombreux mondes, le discours des Itérateurs a été perçu comme de la grandiloquence et de la magnificence, car il n’est pas facile de modifier des règles et des croyances profondément ancrées en introduisant de nouveaux concepts, souvent incendiaires. Le maître de Jungmagr aurait dit, à propos de l’armée d’Itérateurs qui s’était répandue dans sa population après cette sanglante Conformité :
« Mieux vaut des crocs qui nous transpercent que la langue mielleuse de ces serpents pour nous faire changer d’avis, car le serpent est la racine de nos maux et les malheurs nous frappent désormais ».
Bien que de nombreuses Conformités aient pu sembler pacifiques grâce au travail des itérateurs, bien souvent c’est la menace des Bolters des Legiones Astartes aux côtés des Itérateurs qui a fait plier les mondes, plutôt que l’éloquence et la logique. Comme le dit l’adage pré-Imperium, « un esprit changé contre sa volonté est toujours du même avis » et, en tant que tel, il aurait fallu l’écouter plus attentivement, car dans la hâte de passer à de plus grandes conquêtes, la Grande Croisade a laissé derrière elle une série de mondes prêts à rejeter les platitudes des Itérateurs, mûrs pour que l’influence de l’Étranger et du Démagogue s’envenime et fermente la rébellion.[9]
Ses Serres
Les Serres de l’Empereur et, sur ordre du Sigillite, la police secrète grisonnante connue sous le nom d’Élucidateurs, étaient considérés comme les principaux exécuteurs armés de la Vérité impériale. Étant aux côtés de l’Empereur pendant les Guerres d'Unification et la Grande Croisade, il était naturel que la Legio Custodes soit son arme de prédilection lorsqu’il intervenait personnellement dans des affaires ésotériques, aucun ordre donné par le Maître de l’humanité n’étant au-delà de la capacité des Custodes à l’exécuter. Sans reproche, la Legio Custodes avait la main plus légère que n’importe quelle autre force impériale lorsqu’il s’agissait de manipuler les artefacts interdits et dangereux de l’occulte. Il était de leur devoir d’appréhender et d’interroger les personnes connaissant les sciences des arcanes et ayant accès à des Archéotechnologies interdites, d’apprendre tout ce qu’elles pouvaient et de s’emparer de toutes les reliques dignes d’être étudiées ou utilisées par l’Empereur et ses techniciens dans le futur. Si la plupart de ces personnes étaient sommairement exécutées une fois leurs secrets arrachés, quelques-unes avaient de la valeur et se voyaient offrir le choix de servir le Maître de l’Humanité plutôt que d’être mises à mort.
Les Sœurs du Silence étaient connues pour être des traqueuses de sorcières, et bien qu’elles aient servi leur objectif discret de chasser des Psykers humains de valeur pour les Chœurs de l’Astra Telepathica, il leur était également loisible d’enquêter plus avant sur les activités d’un Psyker rebelle. Ces enquêtes révélaient souvent l’utilisation malveillante d’un Psyker en développement par un culte ou par l’abus de pratiques anciennes et interdites de la part d’un dominant local. Que ces événements soient accidentels ou intentionnels, le fait d’avoir touché l’autre côté entache un Psyker et toutes les personnes avec lesquelles il a été en contact, ce qui entraîne le déchaînement de la colère des Sœurs du Silence sur une localité sous la forme d’équipes de Poursuivantes, d’escadrons de Motojets Erinyes et du redoutable Vaisseau furtif, Diviseur. Lorsque la mort était la seule solution disponible, l’Officio Assassinorum pouvait également être employé, mais dans les rares cas extrêmes où la mort était nécessaire pour mettre fin à un monde entier pour la perfidie de ses accords avec les entités du Warp, les Titans de l’Ordo Sinister pouvaient être déchaînés, apportant la ruine partout où ils passaient.[10]
Elucidatum
Au lendemain de l’Hérésie d’Horus, de nombreux mystères ont été élucidés grâce à des recherches dans les archives du Sigillite. Dans l’archivum souterrain scellé d’Azure-Locus-CI-yδ, les archives conservées des activités de la police secrète de Malcador - les soi-disant Officiers de l’Élucidation - ont été trouvées, corroborant des rumeurs longtemps rejetées comme de simples propos alarmistes.
L’Ordo Elucidatum, connu familièrement sous le nom d’Elucidateurs ou d’Intendants, avait deux fonctions: ouvertement, comme contributeurs apparents à la bureaucratie de la Grande Croisade, et secrètement, comme iconoclastes, censeurs et assassins. Au grand jour, les Elucidateurs se déplaçaient librement parmi les Flottes Expéditionnaires de la Grande Croisade, agissant comme scribes de données pour les bureaux des itérateurs, futurs Gouverneurs Planétaires et recenseurs de l’Administratum. Le travail de l’Elucidatum était essentiel pour passer au crible et analyser les données recueillies auprès des civilisations nouvellement conformes ; catégoriser, examiner et fournir des informations démographiques utiles à ceux qui commandent maintenant, ou guider doucement la rhétorique requise des itérateurs pour assurer une transition plus efficace vers l’autorité impériale.
L’accès illimité de l’Ordre aux banques de données des connaissances combinées de la Grande Croisade a joué un rôle déterminant dans l’objectif ultérieur de sa présence dans la galaxie. En analysant les données de recensement et en étant au courant des informations fournies par les ambassadeurs des mondes humains nouvellement découverts, les Elucidateurs ont pu déterminer le risque posé par les cultes religieux naissants ou réprimés après l’entrée en vigueur de la Convention. Ces informations facilitaient la poursuite de leurs véritables objectifs : l’assassinat des démagogues, la destruction des textes proscrits et la suppression de toute personne ayant une connaissance ou un contact avec les manifestations du Warp. Le mandat détenu par l’Ordo Elucidatum était souscrit avec le sceau du Sigillite lui-même, permettant aux Intendants, qui étaient eux-mêmes des guerriers experts et hautement spécialisés, de prendre immédiatement possession de tout commandement militaire ou de tout bien dont ils avaient besoin, autre que les Legiones Astartes, pour mener à bien leur mission.
Ces missions étaient choisies et entreprises de manière indépendante, car le Sigillite avait recruté pour sa police secrète des guerriers très intelligents issus des meilleurs ordres militaires du système Sol, dans le cadre de ses premières initiatives visant à trouver des hommes et des femmes de nature curieuse susceptibles de débusquer les traîtres, les adeptes, les sorcières et ceux qui étaient contaminés par eux. Les Elucidateurs n’organisaient pas de procès, se fiant à la logique de leur Vérité et à la perspicacité des informations qu’ils compilaient pour sélectionner leurs cibles à "élucider".
Bien que peu de gens connaissent vraiment les exploits des Elucidateurs, ils ont acquis une sombre réputation. Cette faction est responsable de l’incendie de Temples avec tous leurs adorateurs encore blottis à l’intérieur, et des pogroms de castes religieuses dans les campagnes sauvages d’innombrables mondes. Leur nom est rapidement devenu synonyme de génocide. La police secrète de Malcador a été autorisée à utiliser la sératoxine, un agent neurotoxique dispersé pour s’assurer que l’esprit de tous les témoins d’une incursion immatérielle, qu’il s’agisse d’un homme, d’une femme ou d’un enfant, soit totalement effacé et placé au-delà de tout espoir de souvenir. Destin cruel, le "destructeur de cerveau" laisse ses victimes à l’état d’enveloppes flétries, incapables de répondre à autre chose qu’à l’instinct autonome et aux signaux phototropiques.
Leurs atrocités ne se limitent pas à l’assassinat de familles impériales entières, car à mesure que la Grande Croisade progresse vers les confins de l’espace, les Elucidateurs se chargent d’anéantir les nombreux premiers cultes de l’Empereur au sein des flottes expéditionnaires. L’Intendant devint un croquemitaine ou un Gardien à craindre dans l’esprit des gens du peuple résidant dans le ventre des vastes vaisseaux de guerre de la Grande Croisade, les anciens réprimandant les enfants qui se conduisaient mal en invoquant son nom. Si l’on avait fait confiance à l’humanité pour qu’elle connaisse l’obscurité extérieure et la rejette de son propre chef, l’Ordo Elucidatum n’aurait pas été nécessaire. Des milliers et des milliers de morts et de massacres d’innocents simplement accusés d’association ou de croyance liés au Warp sans procédure régulière auraient pu être évités. Leur nombre de meurtres est une contribution directe au coût du Grand Mensonge.[11]
Les Légions Zélées
On pense que la Légion des Imperial Fists a également été subtilement employée par l’Empereur pour combattre la Démonologie. La nature des Imperial Fists est celle d’une adhésion stoïque au devoir, une loyauté zélée inscrite au cœur de leur code génétique, les protégeant de la corruption. Bien qu’ils soient connus pour être ses parfaits défenseurs, leur but n’était pas seulement de défendre ses murs, mais aussi l’âme de l’Imperium. Pendant la majeure partie de la Grande Croisade, l’Empereur a gardé la VIIe Légion et son Primarque, Rogal Dorn, à ses côtés. Contrairement à son frère Magnus le Rouge, Dorn ne se laissait pas facilement convaincre de rechercher la connaissance pour elle-même, et on lui faisait confiance pour faire preuve de retenue et de prudence dans ses études. C’est pour cette raison que la rumeur veut que l’Empereur ait partagé avec Rogal Dorn, pendant des décennies, des secrets dont seuls quelques individus avaient connaissance, permettant ainsi au Prétorien de mieux comprendre la nécessité de la Vérité Impériale et l’urgence avec laquelle le véritable ennemi doit être combattu.
Au cours de la Grande Croisade, les Imperial Fists ont défendu la "Vérité Impériale" avec un zèle passionné. En rencontrant des sorciers et des prêcheurs profanes, ils ont compris et pu identifier les faiblesses de leur ennemi, et ont été les premiers à utiliser un arsenal de dispositifs Psyarkana capables de combattre l’influence du Warp. Au cours de la Grande Croisade, Rogal Dorn a accumulé l’un des plus grands dépôts d’arcanes de l’Imperium dans les vastes voûtes du Phalanx, une ressource précieuse cachée à ses frères qui, bien qu’il ait été réticent à l’utiliser, s’est avérée très utile lors du Siège de Terra.
La Death Guard a également joué un rôle dans l’application de la Vérité Impériale. Mortarion, dans sa haine de l’étranger et de sa sorcellerie, recherchait activement les mondes souillés par ce qu’il percevait comme l’influence nauséabonde du Warp. Sur ces mondes, il n’agissait pas en tant que Libérateur de Barbarus, mais en tant que Faucheur, le Seigneur de la Mort venant à la tête d’un ost de Destructeurs de la XIVe Légion pour récolter les âmes de ceux qu’il considérait comme malades. Les guerriers de Mortarion ont été parmi les premiers à faire un usage généralisé de la torche à balles et des munitions dites "Anti-Psy" ou "Psy-Réactives". Pour Mortarion, la souillure de la magie Warp était la plus mortelle et la plus incurable des contagions, et constituait un fléau maladif qu’il fallait éradiquer sans relâche.[12]
Préparatifs indépendants
D’autres puissances ont également défendu, directement ou par inadvertance, la Vérité Impériale. Les Technophages de la Malagra, la fonction interne de purification du Mechanicum, ont pendant un temps agi pour entraver malicieusement les travaux de tout Magos bricolant avec ce qui est dangereusement cryptique. Au sein du Mechanicum, les adeptes des doctrines de la Malagra cherchaient à préserver la pureté des mécanismes internes des cultes de l’Omnimessie. Ils chassaient les Magos Heretek et étaient connus pour déclarer des forges entières en suspens si l’on y trouvait des traces d’éléments liés aux hérésie technologique les plus graves, comme la malédiction de l’Intelligence Abominable, la fusion de la technologie Xenos avec la machine bénie ou l’extraction d’énergie venue directement du Warp.
Chez les Capitaines Chartistes et les Libre-Marchands aussi, certaines précautions étaient prises contre la menace d’une influence Éthéré. Opérant aux frontières lointaines de la galaxie et traversant fréquemment l’Immaterium, ces capitaines rencontraient des phénomènes arcaniques indescriptibles, des vues et des sensations qui rendaient les hommes fous d’un seul coup d’œil fugace. Souvent, ils opéraient de manière indépendante, loin de la surveillance impériale, où ils pouvaient prendre leurs propres mesures pour assurer la sécurité de leurs vaisseaux. Lorsqu’ils étaient menacés par l’étrange ou le Démon, ces capitaines, dont beaucoup n’étaient guère plus que des boucaniers, avaient les moyens de répondre par la force et l’ingéniosité, même s’ils n’auraient jamais osé le déclarer dans les limites de l’Imperium.[13]
Les Vents de la Peur
Durant les jours sombres de l’Hérésie d’Horus, la puissance du Warp atteignit son apogée, les entités ruineuses qui s’y trouvaient étant attirées plus près de l’étroite ligne de partage entre l’Empyrée et l’espace réel qu’elles ne l’avaient jamais été depuis l’Ère des Luttes. La connaissance de l’existence et de la folie de ce qui se trouve au-delà du voile atteignit son apogée parmi les mondes de l’Imperium. Que ce soit par une expérience de première main, des témoignages fiables, de sombres rumeurs ou les bavardages frénétiques d’innombrables réfugiés en fuite, les citoyens de l’Imperium apprirent d’un seul coup que les Démons qu’ils avaient si longtemps niés étaient en fait bien réels. Avec cette prise de conscience, la panique et l’effroi se répandirent jusqu’à devenir une hystérie galactique. La menace de l’approche du Maître de Guerre ne fit qu’attiser les flammes de l’agitation ; sur de nombreux mondes, la fièvre de la terreur réduisit à néant tout espoir de résistance lorsque les légions de traîtres arrivèrent, les gardiens de ces mondes étant paralysés par la terreur ou ayant déjà pris la fuite. Le Maître de Guerre avait compris le pouvoir de la peur et l’utilisait largement dans le cadre de sa stratégie de conquête. En envoyant ses émissaires à la tête de ses Flottes, Horus fit connaître le Grand Mensonge de l’Empereur et menaça de déchaîner les pouvoirs qu’il détenait désormais pour contraindre les populations à la soumission.
On dit que les mondes perdus au profit du Maître de Guerre sont devenus "sombres". Ce sentiment était à la fois figuré et littéral. Ces mondes cesseraient immédiatement tout commerce et toute communication avec leurs voisins, leurs ports spatiaux seraient bloqués et leurs Chœurs Astropathiques réduits au silence. Le flot de réfugiés fuyant la ruée des armées du Maître de Guerre se tarirait, et seuls quelques rares vaisseaux seraient autorisés à s’enfuir, transportant la peur comme une arme pour briser d’autres mondes. Parmi les réfugiés se trouvaient des agents du Maître de Guerre, qui s’insinuaient dans des positions visant à déstabiliser les systèmes stellaires voisins. Pour de nombreux observateurs, il semblait que les ténèbres de l’espace se rapprochaient de ces mondes perdus ; isolés, ils allaient régresser à un état antérieur à l’illumination impériale. Les Mondes-Forteresses de l’Imperium glissèrent dans l’obscurité et disparurent tout simplement, pour ne plus jamais être revus. De nombreux mondes ont été rendus stériles par les machines de guerre du Maître de Guerre, leur population et leurs ressources ont été mises au service des flottes et des armées du Maître de Guerre. Les Mondes Industriels et les Mondes-Forge furent capturés et leurs habitants réduits en esclavage pour poursuivre la production dans les Conformités Noires. D’autres mondes, jugés moins utiles ou plus résistants, ont été vidés de leur vie par des tirs atomiques redoutables ou par le virus dévoreur de vie. D’autres encore furent sacrifiés en masse pour maintenir la puissance de la Tempête de la Ruine, ce qui est peut-être le sort le plus sombre qui soit.
Au fur et à mesure que les mondes sombraient dans la noirceur, les conditions devenaient idéales pour l’émergence de tous les maux de l’espace. Les cargos remplis de réfugiés transportaient un creuset d’adorateurs d’anciennes religions et, pour la première fois sans doute, de nombreux cultes différents se mêlaient, chacun portant une partie d’un rituel noir plus vaste et plus complexe. La succession de mondes sombrant dans les ténèbres entraînerait des raz-de-marée d’émotions de peur, qui se répercuteraient à leur tour dans le Warp, entraînant des incursions démoniaques aveugles et à grande échelle sur des dizaines de mondes. Dans toute la galaxie, les rebelles et les cultistes se débarrassèrent de la prétendue conformité pour défier leurs Gouverneurs Impériaux, et ces distractions pour les défenseurs loyaux ne firent qu’accélérer l’avancée d’Horus. D’autres forces profitèrent de la faiblesse de l’Imperium. L’Innommable Roi allait réapparaître, tout comme la psychopathie de Du’Maash. Les menaces Xenos bannies aux confins de la galaxie refirent surface pour s’approprier un coin de l’Imperium, et ceux qui se trouvaient à l’intérieur des cordons de quarantaine regardaient leurs cieux pour voir que les Cuirassés de leurs geôliers impériaux n’étaient plus au-dessus d’eux. Dans de nombreux cas, les récits effrayants des Démons présents dans l’Imperium et ravageant les systèmes loyaux ont pu être attribués à tort à l’afflux de races Xenos déchaînées profitant des bouleversements de l’Imperium, mais étant donné le peu d’archives qui subsistent, il est impossible de dire quel a été le sort exact de ces mondes.[14]
Un Imperium abandonné
À cette époque, nombreux sont ceux qui se demandent s’il aurait été possible d’en faire plus pour endiguer la panique grandissante. Les Legiones Astartes, symbole de la force et de l’unité impériale, furent brisées après les coups amers d’Isstvan, de Calth, de Signus et de bien d’autres encore. Les forces de la Légion dispersées dans l’immensité de la galaxie menèrent des campagnes de guérilla pour contrer l’avancée des ténèbres, mais ne purent guère la ralentir de manière significative. L’immense puissance martiale de l’Armée Impériale était divisée en deux, répondant à un million d’appels à l’aide ou se consumant dans des luttes intestines. Les garnisons planétaires avaient du mal à faire face au déluge de réfugiés et se méfiaient rapidement de leurs voisins, la méfiance l’emportant sur la compassion grâce aux artifices du Maître de Guerre. Les défenseurs impériaux étant désorganisés, des voix s’élevèrent pour demander où se trouvaient l’Empereur et ses agents de l’illumination, ceux en qui l’on avait le plus confiance et dont on avait le plus besoin pour tenir les ténèbres à distance en ces temps difficiles pour l’Imperium.
L’Empereur avait regagné son siège sur Terra après le Triomphe d'Ullanor, confiant à son fils élu, Horus Lupercal, le soin d’achever la Grande Croisade, tandis qu’à l’insu de l’Imperium, il était plongé dans son Grand Œuvre. Les masses ont pu avoir l’impression que, tout au long des années de l’Hérésie d’Horus, Il n’était pas conscient ou ne se souciait pas du sort des milliards d’âmes qui cherchaient la délivrance auprès de lui, et le poids de cette perception a engendré le désespoir. La vérité est cependant bien plus effrayante, car les secrets de la Porte de l’Eternité étaient de la plus haute importance, retenant toute l’attention de l’esprit indomptable du Maître de l’Humanité, ne lui laissant aucun répit pour tourner son regard vers les étoiles. Avec lui, ses Serres se retirèrent sur Terra, jouant peu de rôle dans les guerres de l’Hérésie d’Horus, s’occupant plutôt du corps de l’Empereur et de l’exécution de sa volonté secrète. La Légion des Imperial Fists et son Primarque retournèrent également sur Terra, chargés de fortifier le Monde Trône. Au-delà de la lumière de Sol, les Imperial Fists jouèrent un rôle déterminant dans la défense des zones centrales de l’Imperium au sein du Segmentum Solar, où ils surveillaient au moins le flux des rumeurs et rassuraient les Gouverneurs des planètes isolées en leur montrant qu’ils n’étaient pas oubliés. Ces efforts ont souvent été sapés lors des premières étapes de ce qui allait être connu sous le nom de Guerre Solaire, une campagne de détournement et de manipulation calculée dont l’objectif était d’affaiblir le siège du pouvoir de Terra avant l’arrivée du Maître de Guerre.
Les rapports de combat des premières rencontres entre les Legiones Astartes et les entités du Warp révèlent une facette particulière de la nature du Démon. Il a été noté que pour une raison inconnue, les Démons semblent être immunisés contre les projectiles et les armes à base d’énergie dans leur état le plus récent. Les attaques de nature plus primitive, comme le fait de tailler une lame ou d’appliquer une flamme sur une telle créature, ont été rapportées comme ayant un effet considérable. Des rhétoriciens radicaux ont avancé que les armes maniées par les hommes anciens sont les plus redoutées par les Démons eux-mêmes, car en tant qu’êtres de sensibilité et d’émotion récupérés, ils ne sont pas blessés sur le plan physique mais sur le plan idéologique, par l’attente primordiale de la douleur. En outre, la vulnérabilité des Démons à cet égard pourrait avoir influencé les armes avec lesquelles nous continuons à faire la guerre, sinon pourquoi l’Empereur aurait-il ordonné à ses légions de brandir des épées aussi facilement que leurs Bolters à notre époque ? |
Les Mondes-Forges du Mechanicum, toujours jaloux de leurs domaines, sont devenus isolationnistes et reclus, hors de portée de Mars et de Terra. Le destin de l’Ordre fanatique de Malagra est lié à la révélation du Mechanicum Noir, et comme de nombreux maîtres des Mondes-Forge, ils ne s’intéressaient guère à la situation de l’Imperium au sens large, étant donné qu’ils étaient occupés par la division du Mechanicum et le Schisme de Mars. Les Capitaines Chartistes et les Libre-Marchands de la galaxie se firent connaître de bien des manières, arrivant sans se faire remarquer pour aider l’Imperium ou, dans leur incrédulité et leur choc, laissant éclater leur colère à l’idée d’une guerre civile, punissant à parts égales les forces de l’Empereur et celles du Libre-Marchand. C’est ce qui s’est produit lorsque la Flotte d'Or a brûlé le ciel de Tallarn et que l’Amirauté de Joss a détruit la lune de Drussen IV.
De nombreux Libres-Marchands auraient également contribué des deux côtés de la Mer de Feu, l’engagement dévastateur de la guerre du vide dans la région de Bêta-Garmon. Dans l’ensemble, leurs forces étaient trop éloignées des mondes principaux qui avaient besoin de leur aide, trop dispersées pour avoir un impact concerté sur la guerre au sens large et trop peu nombreuses pour renverser la vapeur. Quant à l’Ordre Elucidatum, Horus connaissait sa présence au sein de la Grande Croisade. En bon général, il avait observé très tôt que certains régiments de l’armée impériale s’écartaient de leur progression ordonnée pour poursuivre des objectifs jusqu’alors inconnus, et il avait remonté la piste jusqu’aux organisations du Sigillite. Lorsqu’il a voulu purger ses vaisseaux des Itérateurs, des Commémorateurs et des bureaucrates impériaux, il n’a pas sous-estimé les Elucidateurs, chargeant son écuyer Maloghurst de les exterminer. En dehors des flottes des Traîtres, les Élucidateurs se retrouvèrent dépassés par leur travail, car la naissance de la Tempête de la Ruine donna naissance à d’innombrables nouvelles cibles, bien au-delà de la capacité de leur Ordre à y faire face seul, en particulier lorsque les éléments de l’Armée Impériale sur lesquels ils s’étaient appuyés étaient retranchés dans la guerre sur de multiples fronts.
Les Elucidateurs se sont fragmentés au fur et à mesure que l’Age des Ténèbres avançait, leurs destins étant inconnus et non étudiés. D’après les Écailles Asymétriques, nous pouvons déduire que des dizaines d’Elucidateurs répartis dans les Flottes expéditionnaires étaient en fait des agents doubles de l’Alpha Legion et, au début de l’Hérésie d’Horus, ils ont été rappelés à d’autres postes inconnus. En 012.M31, l’Ordre Elucidatum a été officiellement dissous par le Sigillite sans tambour ni trompette, et les documents attestant de son existence ont été effacés. Les quelques Intendants qui survécurent pour retourner auprès de leur maître sur Terra ne furent pas considérés comme des héros ou des méchants, mais furent discrètement incorporés dans différentes agences secrètes, car Malcador avait toujours besoin d’hommes et de femmes ayant fait leurs preuves et possédant des compétences particulières.[16]
Les Arcanes des Legiones Astartes
Au plus fort de l’Hérésie d’Horus, les Legiones Astartes étaient presque tous exposés à l’ésotérisme, qu’ils choisissent ou non de s’y intéresser. Des dizaines de batailles se sont jouées sur la capacité des Légions à puiser dans l’Empyrée ou à le combattre. De nombreuses batailles ont tourné autour de l’acquisition ou de la destruction d’artefacts et de reliques qui auraient été auparavant rejetés comme étant trop dangereuses ou trop coûteuses pour être utilisés par une Légion. D’autres batailles ont été déclenchées ou décidées par les murs de l’espace réel qui se sont déchirés pour permettre aux Démons d’entrer dans une Zone de Guerre.
Des conflits tels que la Bataille de Perditus en 009.M31 a commencé lorsque la 98e Compagnie du Clan des Iron Hands a intercepté une équipe de la 1e Compagnie de la Death Guard qui pillait une installation de recherche interdite du Mechanicum. Selon le Révérend de Fer qui dirigeait la force de la Xe Légion, la Death Guard recherchait un objet détenu par le Mechanicum de Perditus, qui était censé pouvoir calmer les marées de la Tempête de la Ruine qui avait éclaté dans les cieux de l’Ultima Segmentum moins de deux ans plus tôt. Les Iron Hands et la Death Guard s’affrontèrent sans relâche, se privant mutuellement de la Techno-arcane de Perditus, jusqu’à ce que, après plus d’un mois de conflit, la bataille soit finalement interrompue par l’intervention du Lion. Sommées de partir ou d’être détruites par le Primarque de la Ie Legion, les Iron Hands et la Death Guard ont battu en retraite. Les dirigeants de la Compagnie du 98e Clan pensent que le Lion a pris possession de l’artefact sur Perditus, un objet d’une grande valeur pour les Dark Angels afin de naviguer dans les tumultes du Warp pendant la durée de la Tempête de la Ruine.
Le premier Capitaine Ahzek Ahriman de la légion des Thousand Sons a franchi les défenses de la prison psykana de Kamiti Sona en 010.M31, avec l’intention de trouver dans la station de l’espace lointain un détenu dont la valeur n’est connue que de son Culte Corvidae. La mort de plusieurs éminentes geôlières des Sœurs du Silence qui s’ensuivit brisa l’aura de néant qui enveloppait la station spatiale. La substance de la réalité, déjà perforée par les machinations des Thousand Sons, éclata sous la vague de pression de centaines de Psykers assourdis retrouvant leurs sens éthériques, permettant à des entités non liées du Warp de se déverser dans l’installation, attirées par l’angoisse des prisonniers. Seule l’intervention d’un contingent de Space Wolves - une force connue pour réagir avec une brutalité écrasante aux incursions des Démons - et d’un Archiviste des Chevaliers Errants, tous deux apparemment en train de chasser Ahriman lui-même, a pu contenir la menace. Quels que soient ces efforts, leur révélation à la galaxie a scellé le destin de Kamiti Sona et de ses occupants.
Quelle que soit l’issue de ces batailles, il est clair que chaque rencontre avec les arcanes au cours de l’Âge des Ténèbres a servi à renforcer la campagne du Maître de Guerre. Les incursions répétées des Démons et l’utilisation de Techno-Arcanes s’activant simultanément dans l’espace réel et dans le Warp ont affaibli les portes du seuil de l’enfer. Au fur et à mesure que ces anciennes frontières s’effritaient, de nouveaux portails apparaissaient, dispersés gratuitement dans toute la galaxie. Cela permit aux Démons de la Ruine de se manifester de leurs propre chef, renforçant ainsi leurs emprises sur notre monde matériel.[17]
Ambitions Éthérées
Parmi les Primarques des Légions Traîtresses, les attitudes à l’égard de leurs alliés au sein de la Tempête de la Ruine semblent avoir été conflictuelles et variées. Perturabo considérait les êtres du Warp avec indifférence, tandis que Mortarion et Angron les repoussaient avec méchanceté et mépris. On pense que Fulgrim en vint à embrasser les pouvoirs du Warp, trouvant en eux quelque chose de béatifique, de ravissant et de dévorant. Cependant, c’est la relation de Lorgar Aurelian avec le Warp et la force qu’il décrit comme la Vérité Primordiale qui est la plus pertinente pour rendre compte du rôle du Démon dans la rébellion d’Horus.
D’après les lettres échangées avec son mentor Kor Phaeron et son principal ouvrage, le Livre de Lorgar, quelques décennies avant les événements d’Isstvan, Lorgar Aurelian a entrepris un pèlerinage qui l’a conduit dans les coins lointains et obscurs de la galaxie. Son père, l’Empereur, que Lorgar vénérait, avait renié sa propre divinité et, ce faisant, humilié Lorgar et sa Légion. Depuis ce jour sur Monarchia, le Primarque de la XVIIe Légion a eu pour unique et amère ambition de racheter sa croyance en l’existence réelle des divinités dont il avait entendu parler durant son enfance sur Colchis et, ce faisant, de démontrer que l’Empereur était un hypocrite. Pour prouver que la Vérité Impériale de l’Empereur est fausse, Lorgar a cherché à découvrir des êtres qui manifestaient une véritable divinité. Ce voyage a donné raison à Lorgar et, bien qu’il n’ait pas été le premier Primarque à découvrir le Grand Mensonge de son plein gré au cours de cette quête de plusieurs décennies, sa découverte peut être considérée comme la plus déterminante.
Étant donné la haine véhémente de Mortarion pour les Psykers, les Sorciers et les arcanes, il semblerait contraire à ses propres intérêts d’avoir rejoint Horus et les forces de la Tempête de la Ruine pour semer le désordre dans l’Imperium, sans parler de l’utilisation de ces pouvoirs pour parvenir à ses propres fins. On sait peu de choses sur les sentiments personnels de Mortarion concernant cette hypocrisie perçue pendant l’Âge des Ténèbres, bien que des voix se soient élevées pour spéculer et condamner à la fois. Cependant, ses fils, qui nient que Mortarion ait pu tomber si bas et si vite, ont continué à faire preuve d’une loyauté lassée. Plus tard, le Capitaine Nathaniel Garro, anciennement de la Death Guard, a laissé entendre qu’il devait y avoir une lutte interne au cœur du Seigneur de la Mort, car en se ralliant au Maître de Guerre, il s’était allié à tout ce qu’il méprisait. Selon Garro, il est possible que Mortarion ait contribué à saper les pouvoirs obscurs de la Tempête de la Ruine alors qu’il était l’allié le plus proche et le plus fidèle du Maître de Guerre. Peut-être Mortarion a-t-il continué à agir en faveur de l’Imperium, émoussant le tranchant de la lame portée par le Warp qu’Horus cherchait à brandir. Le Capitaine Crysos Morturg, une voix fiable en ce qui concerne son Primarque, a suggéré avec espoir que Mortarion aurait éprouvé des remords à se ranger du côté d’Horus, souhaitant plutôt les jours plus purs et enivrants de la Grande Croisade où il s’est battu aux côtés de son vénérable frère Ferrus Manus. Cependant, si l’on en juge par la série de trahisons commises par la Death Guard au cours de ces années noires, la Légion de Mortarion était un ennemi suffisamment dangereux pour l’Imperium sans la menace supplémentaire du Démon. |
Compte tenu de ce que nous savons aujourd’hui de la corruption et de la folie de Lorgar, on peut supposer que le jour où il a découvert la vérité qu’il recherchait avec tant de ferveur, son esprit s’est emballé à la suite d’un traumatisme d’origine psychique. Après cette rencontre fatidique, les révisions du Livre de Lorgar - souvent identifiées par le passage de l’encre au sang dans les exemplaires retrouvés sur les victimes de la XVIIe Légion - sont ouvertement écrites dans des vers rituels insensés. Le ton des supérieurs de Kor Phaeron a également beaucoup changé après cette période, se référant ouvertement au spirituel dans le langage du culte. Ils nous apprennent que Lorgar, loin de se reposer sur les lauriers de sa découverte des Dieux dans le Warp, s’est détourné de l’Empereur et est devenu un vil prophète des nouvelles et sombres puissances qu’il avait découvertes. Ses ambitions grandirent avec sa Légion, passant de l’humilité au grandiose et, dans les dernières années de la Grande Croisade, du simple enseignement au changement de paradigme. À l’époque de l’Hérésie d’Horus, Lorgar ne désirait rien de moins que de parvenir à l’harmonie entre l’humanité et l’Annihilateur Primordial, en créant une ascendance symbiotique pour les deux, aboutissant à une consonance galactique. Il s’attela à cette tâche avec sérieux, cherchant à construire une grande vision de l’unité dimensionnelle par des étapes réfléchies et prudentes, d’abord en répandant la Religion de Colchis, celle des vrais dieux, puis en concluant des accords sélectifs avec les puissances du Warp les plus favorables à son objectif.
Horus apprit les mystères les plus profonds du Warp lors de ses conférences avec son frère Lorgar. Pour Horus, l’adoration et la diffusion de la Vérité Primordiale étaient au mieux sans intérêt et au pire une répétition des échecs de la Grande Croisade et de la diffusion de la Vérité Impériale. Horus n’avait aucune envie de revenir sur ce passé belliqueux, mais se tournait plutôt vers un avenir glorieux dans lequel il se couronnerait maître de la galaxie. Pour Horus, le Warp et les esprits malheureux qui s’y trouvent n’étaient rien de plus que des pions supplémentaires qu’il pouvait ajouter à son plateau de Régicide ; une ressource supplémentaire avec laquelle il pouvait confondre et perturber les plans de l’Empereur. Horus ne voyait que les calculs froids et logiques qu’impliquait l’obtention d’une aide de l’au-delà : des hommes étaient échangés contre des Démons, des mondes et des mots étaient échangés contre du pouvoir et tous les équilibres finissaient par pencher en sa faveur. Il était aveugle aux véritables risques et sacrifices encourus au nom de la conquête, et au tribut que cela ferait payer à son âme. Tous les moyens pour parvenir à la victoire étaient justifiables à ses yeux, car il pensait qu’une fois qu’il aurait obtenu la domination galactique, il aurait le droit de renégocier les termes de n’importe quelle obligation. Obtenir le pouvoir immédiat pour assurer la victoire était la seule préoccupation du Maître de Guerre Horus.
Découvertes pendant le tumulte de l’Hérésie d’Horus, de nombreuses Légions, qu’elles soient traîtresses ou loyalistes, contenaient des Ordres secrets. Ces ordres, ou loges, auraient été propagés par les Word Bearers durant la Grande Croisade, et partageaient de nombreuses caractéristiques et rituels associés aux activités occultes. Bien qu’elles aient prétendu être de simples fraternités guerrières visant à créer des liens de fraternité entre les légionnaires, quel que soit leur rang, les Loges Guerrières étaient utilisées par le Maître de Guerre pour cibler les Space Marines de toutes les légions qu’il pouvait manipuler pour qu’ils lui jurent fidélité avant tout le monde, qu’il s’agisse de leur géniteur ou de l’Empereur. Au fur et à mesure que l’Hérésie d’Horus progressait, les guerriers de ces loges furent les premiers parmi les Légions traîtresses à être initiés aux mystères du Warp par les Word Bearers, et les premiers parmi leurs frères à connaître et à communiquer avec les alliés d’Horus au sein de la Tempête de la Ruine. |
En échange, Horus a renoncé à son humanité et à bien d’autres choses encore. Les lettres de Lorgar à Kor Phaeron indiquent qu’il a réprimandé Horus pour avoir puisé trop rapidement et trop avidement dans le puits de pouvoir qu’il avait fait découvrir à son frère dans le Warp, car cela risquait de ruiner les propres projets d’Aurelian. L’orgueil d’Horus accélérait la mise en péril de la grande vision de Lorgar, que le Livre de Lorgar décrit comme "la cadence mélodique d’un chant d’adoration écrit en grand à travers les étoiles". Pour sa part, Horus a ignoré les supplications de son frère de ralentir, et a fini par rejeter entièrement son conseil, voyant en lui non pas la sagesse, mais seulement les faiblesses du fanatisme et de la démagogie. Peu soucieux du rôle prépondérant du Warp dans l’avenir de l’humanité, les divergences de philosophie du Maître de Guerre allaient favoriser la rivalité entre les deux, mettant à mal l’un des rares liens durables de respect et d’amitié qu’Horus entretenait avec ses frères Primarques.[20]
Les Confessions de l’Hydre
Les Écailles Asymétrique nous parle du pacte conclu entre l’Alpha Legion et une force étrangère, sous la forme d’une Cabale de races extraterrestres psychiques censées servir les intérêts de la galaxie et, par extension, de l’humanité. Cependant, les relations entre la Légion Alpha et la Cabale étaient peu connues jusqu’à ce qu’un légionnaire Alpha se rende à la VIIe Légion, quelques semaines après le Siège de Terra. Il ne donna aucune information lors de son interrogatoire, si ce n’est son nom, qu’il donna comme étant Alpharius, et son but : raconter un certain nombre d’anecdotes à l’Imperium, dont certaines faisaient allusion à la relation de la Légion Alpha avec l’occultisme. N’apportant rien de plus, le Space Marine, désigné comme le prisonnier "LXX", fut exécuté pour trahison ; un témoignage de cette nouvelle ère vengeresse et impitoyable. Il n’existe aucun moyen d’étayer les récits de ce guerrier. On soupçonne que tout ce qu’il a raconté n’était que mensonge.
"LXX" disait de sa Légion qu’au moment même où le Jugement de Nikaea avait été prononcé, elle l’avait totalement ignoré et n’arrêterais jamais de le faire sans remords, son intention n’ayant jamais été de s’y plier. L’Alpha Legion se considérait comme au-dessus de telles directives, estimant qu’elle possédait les connaissances et la maîtrise nécessaires pour s’affranchir de toute restriction. Elle avait utilisé des Psykers tout au long de la Grande Croisade et continuerait à le faire, à la fois pour ses Librarius et sous la forme de ses agents, parmi lesquels se trouvaient des sorciers, des mages de guerre et des magiciens autoproclamés. En partageant, dans une certaine mesure, les connaissances et les ressources de la Légion avec ces individus, la Légion les avait cooptés pour qu’ils divulguent leurs secrets de l’arcane. Ainsi, les cellules concernées de l’Alpha Legion étaient suffisamment bien informées pour pouvoir généralement atténuer le risque d’être submergées par un contact accidentel avec les êtres du Warp. Ce paradigme s’est vérifié même lorsque Lorgar Aurélian a effectué son pèlerinage dans le Warp. Parmi les Word Bearers, un certain nombre de space marines de l’Alpha Legion du Chapitre du Soleil dentelé, proches du Primarque d’Or, ont été recrutés par des moyens non divulgués. Lorsque ces Space Marines sont entrés dans le Warp sans protection, ils sont morts, mais au-delà des explications de la science impériale, deux Légionnaires Alpha ont survécu à leur propre mort en atteignant une forme de symbiose démoniaque. Selon "LXX", ils furent détectés et chassés par des entités non naturelles qui n’étaient que vaguement considérées comme des Légionnaires Word Bearers. Seul un Alpha Légionnaire s’est échappé, retournant à sa Légion pour partager la connaissance de son nouveau pouvoir, se soumettant lui-même à l’interrogatoire et à la vivisection.
Une autre anecdote racontée par le prisonnier fait état d’un certain nombre de guerriers de la XXe Légion qui avaient indépendamment été témoins et avaient enregistré les premières formes de rituels d’invocation, de liaison et de possession de nature démoniaque au sein des Loges Guerrières des Legiones Astartes. Bien que l’Alpha Légion n’ait pas eu besoin de ses propres loges, elle en a infiltré plusieurs dans d’autres Légions Traîtresses. Sous la tutelle des soi-disant Diabolistes de la Légion Word Bearers et des maîtres des loges des Sons of Horus, ils apprirent l’utilisation des sacrifices humains, la nécessité des cercles d’invocation, la gravure des runes, les magies du sang et l’extraction d’une âme du corps d’un légionnaire pour permettre à un nouvel esprit de remplir son vaisseau. Ces infiltrés continuaient à rassembler des connaissances et à pratiquer les rites qu’ils avaient appris jusqu’à ce que, une fois leur mission achevée ou à la suite d’un autre signal de commandement, ils reviennent pour se réunir avec l’ensemble de l’Alpha Legion et faire part de leurs découvertes à leur Primarque.
Pour l’Alpha Legion, l’utilisation des Psykers n’était qu’un moyen d’arriver à ses fins, le Warp étant considéré de manière rationnelle comme une source d’énergie dont l’utilisation entraînait un coût égal et opposé. Les pratiques de Sorcellerie et de Démonologie n’étaient que des outils dans leur arsenal de l’Empyrée. Même après avoir découvert les énigmes les plus profondes du Warp et des dieux malins, la majorité de l’Alpha Legion continua à manier ses arcanes avec rationalité et non avec révérence, acceptant les risques comme faisant partie de la sinistre équation du sacrifice et de la préservation. De nombreux Légionnaires se sont portés volontaires pour devenir Possédés dans le cadre d’expériences visant à améliorer les connaissances de la Légion et, en fait, pour être déployés au combat, mais "LXX" a fait comprendre à ses interrogateurs que ces légionnaires n’ont jamais reçu le statut de « Démons » ou d’Étranger, devenant simplement un nouveau maillon fonctionnel de la chaîne ininterrompue de la Légion.[21]
La Mort de l’Espoir
Avec tout ce qui s’est passé, les fondations mêmes de l’Imperium ont été ébranlées. L’incertitude était la seule vérité qui restait à l’Imperium, même après que les Traîtres se soient enfuis aux confins de la galaxie et que les fils loyaux de l’Empereur se soient regardés les uns les autres avec des yeux dépourvus de lumière et qu’ils se soient séparés. Tant de questions restent sans réponse. Le Traître, le Démon et la Cabale ont tous laissé leur empreinte indélébile sur l’âme de l’Imperium, leurs intentions malveillantes abondant. Bien que ces chancres aient été extirpés de Terra lors du Grand Siège, leur influence s’est métastasée dans tout l’Imperium et ne cessera de s’étendre et de croître. Nous ne pouvons que ruminer sur ce qui aurait pu être. Au tout début de l’Âge des Ténèbres, le destin de l’humanité dépendait de tournants que nous étions trop aveugles pour voir et, si nous les avions vus, nous étions trop habitués au déséquilibre pour prendre les mesures qui s’imposaient.
Si l’humanité n’avait pas su tirer parti de ces événements capitaux, les choses auraient pu être très différentes. Si seulement Roboute Guilliman avait appris l’existence d’Isstvan avant le rassemblement de Calth. Si seulement l’Ange et sa Légion s’étaient envolés de Signus avant d’être mêlés au cataclysme de ce monde. Si seulement Magnus n’avait pas fait la guerre avec une telle concupiscence qu’il avait brisé l’édit de Nikaea. Si seulement le Khan avait eu une plus grande place dans le royaume de son père. Si seulement Alpharius et son insondable Légion avaient tracé leur propre voie, indépendamment des ordres du Maître de guerre et de la Cabale, pour sauver l’Imperium grâce aux connaissances qu’ils possédaient. Si seulement Horus avait gagné sa guerre, et que la souffrance perpétuelle de l’humanité avait été évitée. Ce sont là les spéculations des endeuillés et la culpabilité des survivants. Au lendemain du grand Siège, Terra fut privée de ses gardiens post-humains, dont la plupart quittèrent Sol en pleine nuit pour ne peut-être jamais revenir, poursuivant les Traîtres jusqu’aux confins de la galaxie.
Parmi ceux qui restaient, Rogal Dorn ruminait, contemplant le destin de l’humanité, la seule qui restait à vivre dans le rêve de l’Imperium. Il vivait dans un chagrin fragile, prompt à se transformer en rage dans ses tentatives de reconstruction de l’Imperium, bien qu’il luttât pour trouver une pierre assez grande pour en placer une autre dans les décombres. Dans les salles de banquet des grands, Roboute Guilliman a fait étalage de sa force, sa Légion n’ayant pas été ensanglantée sur le sol terranien. Il courtise la noblesse et les futurs dirigeants de l’Imperium, façonnant la propagande de la prochaine ère. Chacun d’entre eux a montré la faiblesse de sa nature et on s’est méfié d’eux à juste titre. Terra est un monde qui résonne des pleurs d’une population laissée à jamais dans la crainte de ses protecteurs. Elle regrette le jour où l’Empereur a fait confiance à ses fils, même si, en désespoir de cause, elle se tourne encore vers eux, plutôt que vers les hommes et les femmes qui ont vu beaucoup de choses et se sont sacrifiés encore plus, et qui pouvaient pourtant les sauver.
Laissés à l’abandon pendant des années dans les ruines du palais impérial, les survivants condamnent l’Empereur pour ses mensonges et pour avoir tenté d’endiguer l’inéluctabilité de l’avenir. Avec la sagesse du recul, nous constatons que l’Empereur a créé ce qu’il cherchait à détruire : les conditions parfaites pour que des puissances perfides et ruineuses triomphent de sa galaxie. Nous condamnons Horus pour son orgueil et son ambition qui ont ouvert à nos ennemis une porte qui ne pourra jamais être refermée. Sa mort sera sans conséquence, car une éternité de guerre et de méfiance nous attend. Nous craignons à présent que les futurs seigneurs de Terra ne cherchent à taire l’amère vérité et ne refusent à l’Imperium la sagesse qui pourrait le sauver. Nous désespérons également que même les connaissances que nous possédons ne puissent nous libérer de la damnation.
Nous nous lamentons sur le futur à venir.[22]
Source
- The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence
- ↑ The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter The Hidden War (traduit de l'anglais par Guilhem)
- ↑ The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter The Hidden War : The Imperial Truth (traduit de l'anglais par Guilhem)
- ↑ The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter The Hidden War : A Denial of the Supernatural (traduit de l'anglais par Trazyn l'Infini)
- ↑ The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter The Hidden War : The Great Lie (traduit de l'anglais par Guilhem)
- ↑ The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter The Hidden War : The Necessity of the Lie (traduit de l'anglais par Guilhem)
- ↑ The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter Piercing the Veil (traduit de l'anglais par Trazyn l'Infini)
- ↑ The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter Piercing the Veil : Keeping the Darkness at Bay (traduit de l'anglais par Trazyn l'Infini)
- ↑ The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter Piercing the Veil : Of Myths and Monsters (traduit de l'anglais par Trazyn l'Infini)
- ↑ The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter Piercing the Veil : The Actors of Illumination (traduit de l'anglais par Trazyn l'Infini)
- ↑ The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter Piercing the Veil : His Talons (traduit de l'anglais par Trazyn l'Infini)
- ↑ The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter Piercing the Veil : Elucidatum (traduit de l'anglais par Trazyn l'Infini)
- ↑ The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter Piercing the Veil : The Zealous Legions (traduit de l'anglais par Trazyn l'Infini)
- ↑ The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter Piercing the Veil : Independent Preparations (traduit de l'anglais par Trazyn l'Infini)
- ↑ The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter Piercing the Veil : The Winds of Fear (traduit de l'anglais par Trazyn l'Infini)
- ↑ The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter Piercing the Veil : Ancient Weapons (traduit de l'anglais par Trazyn l'Infini)
- ↑ The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter Piercing the Veil : An Imperium Abandoned (traduit de l'anglais par Trazyn l'Infini)
- ↑ The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter Piercing the Veil : Arcana of the Legiones Astartes (traduit de l'anglais par Trazyn l'Infini)
- ↑ The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter Piercing the Veil : The Death Lord’s Hypocrisy (traduit de l'anglais par Trazyn l'Infini)
- ↑ The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter Piercing the Veil : Warrior Lodges (traduit de l'anglais par Trazyn l'Infini)
- ↑ The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter Piercing the Veil : Aetheric Ambitions (traduit de l'anglais par Trazyn l'Infini)
- ↑ The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter Piercing the Veil : The Confessions of the Hydra (traduit de l'anglais par Trazyn l'Infini)
- ↑ The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter Piercing the Veil : The Death of Hope (traduit de l'anglais par Trazyn l'Infini)