Bataille de Signus Prime

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« Pourquoi l’Empereur, dans Son infinie sagesse, aurait-Il créé des anges s’Il n’avait pas cru qu’un jour ils auraient à combattre des démons ? »
- Artor Calanax, Érudit et Théoricien de la Cour Impériale.


La Bataille de Signus Prime.

Nulle part ailleurs la malveillance de l’Hérésie d'Horus et des vils alliés envers lesquelles Horus s’était volontairement asservi ne fut plus clairement exposée que dans le mystère persistant de la guerre de Signus. C’est un conflit que beaucoup ont comparé à la tragédie qui aurait lieu à Calth, un rituel entrepris avec un mépris insensible aux souffrances qu’il causerait pour tenter d’obtenir un avantage stratégique de courte durée sur les forces Loyalistes dispersées. Pourtant, Signus était bien plus qu’un coup dans le grand jeu qu’Horus avait entrepris contre son père, bien plus qu’une simple feinte à travers laquelle il recherchait qu’un gain militaire. C’était en réalité l’aboutissement d’une rancune secrète entretenue au fil des siècles et envenimée par ceux qui se disaient ses alliés. Contrairement sur Isstvan, où il laissa les hasards de la guerre apporter la mort à Ferrus Manus, pour Signus, il avait délibérément orchestré des événements pour humilier puis anéantir le seul de ses frères qu’il considérait être meilleur que lui.

Horus a souvent été loué pour ses talents de guerrier et d’homme d’État, une réputation qu’il s’était forgée au fil des siècles depuis que l’Empereur l’avait arraché des fosses de Cthonia. Il avait combattu dans un nombre incalculable de zones de guerre pour attirer l’attention de son père et enduré de longues années de conclaves et de triomphes pour gagner le respect et la loyauté de ses frères. Pourtant, Sanguinius acquis ces compétences avec une aisance stupéfiante qui a dû rendre amers les souvenirs de lutte du Maître de Guerre, et pire encore fut l’adulation que l’Ange reçut de ses frères et des peuples de l’Imperium. Là où Horus marchait, les voix se taisaient par la peur et le respect, là où Sanguinius descendait, il était acclamé et célébré. Pour Horus, cela devait sembler être une répudiation de ses efforts pour parvenir à une telle position, une blessure longtemps réprimée et pourtant assez vive pour que les autres l’utilise contre lui. Peut-être cette rancune faisait-elle partie des blessures responsable de sa traîtrise envers l’Imperium, une faille de plus dans son âme loyale qui permis à la trahison de s’y développer, mais il est probable que nous ne le saurons jamais. Pourtant, dans la planification et l’exécution de la guerre de Signus, cette amertume éclata au grand jour, transformée en une haine qui transcenda la logique ou les impératifs stratégiques.

Le choix des armes du Maître de Guerre en était la preuve la plus évidente. Horus chercha à détourner de l’Ange ses propres fils, pour s’emparer à son profit des âmes des Blood Angels. À cette fin, il libéra les créatures des domaines Æthériques, ces entités appelées Démons par certains, sur les fils de son frère. Face à de tels complots, certains ont essayé de mettre le blâme uniquement sur les épaules de Lorgar et de ses Word Bearers, prétendant qu’Horus avait été manipulé autant que les Primarques Loyalistes, mais concernant Signus, ces affirmations sonnent faux. Ici, les acolytes errants de Lorgar n’étaient que des outils pour la haine d’Horus, du fourrage pour sa colère et celle des entités auxquelles il s’était lié au cours du conflit. Horus savait très bien ce qu’il libérait lorsqu’il lâcha les chiens de chasse de l’Empyrean. Le Maître de Guerre offrit Signus et son peuple aux caprices du Warp en échange du massacre de son frère et de l’asservissement de ses guerriers. Un tel sacrifice sanglant, donné au nom de la haine et de la jalousie, grava une grande cicatrice sur le tissu même de l’Imperium, une cicatrice qui ne pouvait être guérie et qui s’envenima même après la mort d’Horus. Là, dans Signus, Horus ouvrit une porte qui aurait dû être fermée à jamais. Ici, il brisa pour toujours la Vérité Impériale et les plans prudents de l’Empereur.

C’est là que le Démon fut libéré de sa prison.[1]

Le Long Chemin Vers la Ruine

Percer le Manteau de la Légende[2]

Bien qu’il ait eu lieu avant le début du chaos qui suivi les premières attaques de la trahison d’Horus, on sait étonnamment peu de choses sur le conflit dans le système de Signus. Les précédents traités concernant ces événements ont fourni peu de faits et beaucoup de conjectures, le plus souvent motivés par le besoin du nouveau Conseil de Terra de maintenir la justice de leur cause et de calomnier ceux qui les ont combattus, même au détriment de la vérité. En plus de ce manque de preuves, des membres de la IXe Légion semblent avoir fait des efforts pour effacer certains détails de la campagne, et seul le sigle et le mandat de la Cour Impériale portés par l’auteur ont permis d’ouvrir certaines pistes d’enquête. Avec le décès de Sanguinius pendant la défense de Terra, la IXe Légion est devenue particulièrement solitaire, mais certaines de ces confréries ont été convaincues de partager leurs souvenirs, tout comme un certain nombre de ces quelques rares survivants parmi les quelques rares citoyens rescapés de Signus.

Même avec de telles sources, une grande partie des connaissances enregistrées que nous possédons sont contradictoires ou si fantaisistes que peu de gens considèrent qu’elles sont fiables. Même d’authentiques images de batailles tirés des clichés de combat et des véhicules de la Legiones Astartes ont montré des versions contradictoires des événements, sans doute à cause de l’influence du Warp sur Signus et sur ceux qui ont combattu là-bas. En effet, même l’heure exacte à laquelle la bataille a eu lieu est incertaine, car les Blood Angels étaient connus pour être partis vers le système de Signus au début de 005.M31 mais ne sont réapparus qu’à 010.M31. En raison de ces complications, votre auteur a été contraint de faire certaines concessions dans la compilation de ce volume en raison de la rareté ou du manque de fiabilité des informations disponibles. Cependant, tous les efforts possibles ont été faits pour vérifier et contrôler l’histoire narrée ici. Lorsque les comptes rendus diffèrent ou contredisent des informations établies, nous avons choisi de suivre la chronique des événements consignés par la Magos Domina Shurol de la Legio Cybernetica, rattachée à la Légion des Blood Angels, dont le cortex partiellement augmenté semble avoir été peu affecté par la corruption du Warp.

En tant que l’une des Légions les plus grandes et les plus prestigieuses des dernières années de la Grande Croisade, les Blood Angels se tenaient au sommet de leur force martiale, étant à la fois un allié dont Horus ne pouvait se passer et un rival qu’il enviait. Les guerriers en rouge étaient engagés dans plusieurs zones de guerre différentes, notamment à Kayvas, Nartaba, Inconnu et Balhaut, car à mesure que la Grande Croisade s’étendait dans les zones inconnues de la galaxie, peu de Légions avaient le luxe de fonctionner comme un bloc cohésif. Sanguinius lui-même commandait le plus grand de ces osts, chargée d’aider l’Alpha Legion à nettoyer les vastes champs d’astéroïdes de Kayvas des rebelles Orks qui avaient fui les ruines d’Ullanor. Cette affectation, bien qu’elle n’ait pas été choisie par le Maître de Guerre, a bien servi ses desseins, gardant le Primarque ailé isolé de ses autres machinations et privant sa Légion de la gloire qu’elle recherchait avec impatience.

Nul ne sait précisément ce qui se passa durant la Campagne de Kayvas, hormis le fait que les Orks furent éradiqués par l’Alpha Legion.

Les Blood Angels avaient peu de lauriers à ramasser dans le secteur désolé de Kayvas. Pendant que l’Alpha Legion poursuivait le gros des combats dans les profondeurs des champs d’astéroïdes qui formaient l’amas central du système, les vaisseaux de Sanguinius reçurent l’ordre de maintenir leur position et d’intercepter ceux qui fuyaient l’offensive principale. Les Blood Angels avaient toujours excellé en tant que troupes d’assaut de choc, toujours prêtes à se jeter sous le feu ennemi pour arracher la victoire et préserver la vie de leurs alliés, mais dans le système de Kayvas, ils furent forcés à mener une guerre qui ne leur convenait pas. Attendant et observant à la périphérie du système, ils ont été forcés de réagir aux assauts de leur ennemi Peau-Verte, l’engageant dans de longues batailles spatiales et dans des actions sanglantes d’abordage. Malgré cela, les Blood Angels s’acquittèrent avec bravoure, ne permettant à aucun des pirates Xenos d’échapper au piège de l’Alpha Legion et ne subissant que des pertes limitées en personnel et en matériel. Pourtant, bien que leurs pertes humaines aient été légères et faciles à récupérer, la Légion subi des dommages plus importants d’une autre nature au cours des treize longs mois pendant lesquels elle fut la sentinelle du secteur de Kayvas.

L’orgueil était le poison qui s’était emparé de la IXe Légion alors qu’elle était suspendue dans l’espace au-dessus de Kayvas. Les combats sporadiques et l’attente interminable avaient laissé les guerriers de Sanguinius trop impatients d’être affectés à une nouvelle mission, afin d’obtenir une guerre qu’ils trouveraient plus adaptée à leurs rôles et à leurs compétences, et où ils pourraient prétendre à la gloire qui leur était due. Après treize mois d’attente, la guerre se termina au plus profond de Kayvas, avec l’Alpha Legion revendiquant la part du lion et accordant à Sanguinius un peu plus qu’une reconnaissance laconique de son aide. Beaucoup des commandants Blood Angels se sentirent insulté d’être traité de la sorte par ce que beaucoup considéraient comme le moindre des Primarques. À travers la galaxie, les autres Légions avaient emporté plus de victoires, et la rumeur s’était répandue que le Maître de Guerre se préparait pour une nouvelle campagne, pourtant elle était restée inactive alors que l’Alpha Legion avait fait sa guerre secrète parmi les astéroïdes. Au départ des navires de l’Alpha Legion, un climat tendu s’étaient installé au sein des guerriers de la IXe Légion, exprimant un désir tacite pour engager de terribles batailles au nom de l’Empereur. Ainsi, lorsque les émissaires du Maître de Guerre arrivèrent avec un appel aux armes, il y en avait peu parmi les Blood Angels qui s’interrogèrent sur sa nature ou sa nécessité.[3]

Une Imperfection Dissimulée

Les Boucles du Serpent[4]

La campagne de Kayvas était en elle-même mystérieuse, tant dans la manière dont elle fut menée que dans l’objectif réel du conflit. Apparemment, la mission entreprise par l’Alpha Legion était simple : éradiquer les restes des hordes d’Orks d’Ullanor qui s’étaient enfuis vers les ceintures d’astéroïdes de Kayvas. La tâche avait à l’origine été assignée à une flotte de Sons of Horus, mais la réaffectation à une expédition dans le nord galactique après leurs pertes sur Meurtre et dans la lutte contre Interex a forcé une réaffectation de la campagne à l’Alpha Legion, sous le commandement d’Alpharius lui-même. Les données de la Divisio Militaris montrent qu’Alpharius avait initialement fixé une durée de cinq ans pour la réalisation de ses objectifs, une durée qui, rétrospectivement, semble excessive par rapport à la portée de l’opération. Ce choix consistait à affecter une force secondaire à la campagne pour accélérer la réalisation de ses objectifs stratégiques, les renforts disponibles les plus proches étant Sanguinius et la flotte du Red Tear.

Étant donné notre connaissance actuelle des buts et des plans d’Horus, nous savons que l’Alpha Legion s’était déjà engagée à ce moment-là à la cause du Maître de Guerre. Ils avaient envoyé des forces pour préparer des opérations de diversion et de confinement dans les systèmes de Chondax et d’Alaxxes contre les Légions Loyalistes, et furent parmi les premiers à prendre ouvertement le parti d’Horus au combat. Il se peut fort bien que Kayvas ait été une autre opération de ce genre. Si c’est le cas, l’objectif était de maintenir le maître de la IXe Légion sur place jusqu’à ce que les plans d’Horus dans Signus aient atteint leur réalisation et qu’il soit prêt à mettre en œuvre l’étape finale. En examinant le conflit de Kayvas, de nombreux faits par ailleurs aberrants semblent appuyer cette théorie, en particulier en conjonction avec la présence de l’Alpha Legion. Étant donné le génie stratégique reconnu de longue date du Maître de Guerre, il fallait s’attendre à une planification aussi minutieuse, dont une grande partie avait été mise en œuvre bien avant les événements d’Isstvan.

Les émissaires choisis par Horus pour porter ses paroles était curieux, car plutôt qu’utiliser un message astropathique ou un détachement de ses propres Sons of Horus, le Maître de Guerre avait envoyé les Word Bearers, les fervents croisés de Lorgar, avec sa missive. Peu après les dernières batailles dans le système de Kayvas, les guerriers de la XVIIe Légion, dirigés par le Praetor Kreed, remirent à Sanguinius les ordres du Maître de Guerre. Horus demanda à son frère de rassembler autant d’éléments de sa Légion que possible et de se diriger vers le lointain système de Signus, afin de mettre fin à une attaque Xenos sur ce territoire impérial. C’était exactement ce que beaucoup au sein de la Légion avaient espéré, une chance de mener une bataille ouverte et glorieuse, et même si certains s’irritaient de la nécessité de voyager si loin pour libérer un seul système frontalier, la flotte se réjouissait d’être envoyée une fois de plus à une guerre digne de leur puissance.

Seul Sanguinius hésita, car les ordres d’Horus les engagèrent à massacrer l’ennemi en masse plutôt qu’à sauver ses citoyens - une tâche qui, pour l’Ange, semblait plus appropriée aux autres Légions. Il était rare que le commandant de la Grande Croisade dicte les termes de la guerre d’un Primarque d’une telle manière, comme dans ces années où l’Empereur avait marché parmi Ses fils. Les Primarques conduisaient leurs Légions où ils jugeaient bon d’aller, recherchant les batailles qui réclamaient au mieux leurs compétences ou servaient le bien de la Grande Croisade. Cependant, c’était loin d’être sans précédent, car Horus s’était imposé dans son nouveau rôle et avait donné un certain nombre d’ordres de ce genre - envoyer les White Scars à Chondax, ordonner aux Ultramarines de se rassembler à Calth et mandater les Dark Angels au-delà de la Frange Est. Tout comme ses autres frères, Sanguinius s’inclina devant les souhaits du Maître de Guerre, mettant de côté ses préoccupations concernant l’utilisation de sa Légion au nom du respect envers son frère et commandant.

Il y avait aussi un autre facteur en jeu qui a servi à lier Sanguinius aux souhaits du Maître de Guerre, un facteur qui a longtemps été caché et tenu à l’écart des comptes rendus officiels de ces événements. Les Blood Angels avaient été assaillis par un défaut génétique, une dégénérescence rampante provoquée par un traumatisme extrême ou l’exposition à des éléments toxiques qui induisaient un état qui permettait aux affligés de survivre même aux blessures ou aux conditions les plus invalidantes, mais qui attisait aussi en eux une colère sans raison et une soif de sang. Sanguinius et ses officiers supérieurs avaient longtemps caché cette anomalie alors qu’ils cherchaient un moyen de corriger ses effets sur la Légion, allant jusqu’à falsifier les listes des morts et modifier la dîme du matériel génétique envoyé à la lointaine Terra. Horus était l’une des rares âmes en dehors de la Légion des Blood Angels à connaître cette faille, ayant découvert le secret lors de la campagne conjointe des Primarques sur Melchior. Il s’était engagé à garder le silence et à aider à la recherche d’un traitement.

En le Maître de Guerre, Sanguinius sentait qu’il avait trouvé un allié contre les ténèbres qui empiétaient sur sa Légion, car il avait peu de raisons de ne pas lui faire confiance. Pourtant, Horus, et ses sombres alliés à qui il avait révélé ce secret, avaient maintenant l’intention de retourner à la fois l’orgueil de la Légion et cette anomalie cachée contre eux, pour obtenir exactement ce que Sanguinius cherchait à éviter. Erebus des Word Bearers avait l’intention d’utiliser son influence, amplifiée par les magies du Warp à l’œuvre dans le système de Signus, pour forcer les Blood Angels, et plus particulièrement leur Primarque, à se mettre au service d’Horus et des Dieux Sombres qui étaient ses maîtres. Cependant, Horus, corrompu par les pouvoirs qu’il croyait contrôler et par sa propre jalousie, travailla à saboter ce plan, utilisant ses serviteurs Davinites pour organiser une fin différente pour Sanguinius. Il offrit une lueur d’espoir au Primarque de la IXe Légion, affirmant que les Xenos responsables de la perte de Signus possédaient un secret technologique qui pourrait servir à atténuer leur défaut génétique et rappelant à l’Ange le vœu qu’Horus avait fait pour l’assister. Devant une telle possibilité, et par sa confiance mal placée dans le Maître de Guerre, Sanguinius banni tout doute et commença à établir ses plans.[5]

La Flotte se Rassemble

La Flotte Vengeresse de Signus[6]

Assemblée dans un laps de temps relativement court en raison de l’urgence des ordres d’Horus, la Flotte Vengeresse de Signus représente l’un des plus grands déploiements de moyens de la Legiones Astartes dans les dernières années de la Grande Croisade. Au cours des années qui ont suivi Ullanor, la grande majorité d’entre eux n’avaient eu recours qu’à des déploiements dans des sous-secteurs, souvent des contingents ne dépassant pas 10 000 hommes et agissant souvent en étroite collaboration avec des déploiements plus importants de l’Armée Impériale. Pourtant, les ordres d’Horus rappelaient ici la gloire des premières campagnes de la Grande Croisade, où les Légions opéraient souvent comme des formations uniques pour combattre la puissance terrifiante des anciens royaumes Xenos et des empires humains déchus qui s’opposaient à l’Empereur. C’était peut-être le premier indice de ses intentions envers Sanguinius et ses fils, négligé et ignoré en ces jours où la trahison d’un Primarque était encore considérée comme impensable.

La principale composante de la flotte était le Red Tear et les vaisseaux qui y étaient attachés comme escorte, formant ce qui était à l’époque une flotte standard de la Grande Croisade - peut-être 100 vaisseaux de diverses classes et environ 30 000-50 000 guerriers de la Légion. Il serait rejoint par l’Ignis et le Golden Chalice, chacun accompagné de contingents de soutien similaires, ce qui permettrait à la flotte d’atteindre sa pleine puissance.

  • Commandements Supérieurs :
  • Sanguinius, Seigneur de la IXe Légion
  • Praetor Tanus Kreed de la XVIIe Légion
  • Thegn Helik Couteau-Rouge de la VIe Légion
  • Préfett Kalimak Sebran, Vindex-minor de la Cour Impériale
  • Archimagos Domina Erane Shurol, Maîtresse de la Cohorte de Bataille de la Capita Aquilae
  • La Flotte :
  • 287 vaisseaux de classe majeure de la IXe Légion, y compris un nombre disproportionné de croiseurs lourds et de cuirassés, avec environ 400 vaisseaux d’attaque légers et de soutien.
  • Un seul croiseur de la XVIIe Légion, le Dark Page. Ce navire a servi de moyen de transport pour tous les biens des Word Bearers et leurs auxiliaires cautionnés, dont l’accès a été restreint pendant toute la durée de la campagne de Signus.
  • L’Arche de transport Sigma-954 de la Legio Cybernetica. Longtemps une partie de la flotte de Sanguinius, les Automates de la Capita Aquilae et leurs embarcations de transport portaient à la fois le rouage du Mechanicum et la goutte de sang qui signifiait la faveur de l’Ange.
  • Actifs de la Légion :
  • Environ 100 000 Légionnaires de la IXe Légion : Les Blood Angels, représentant 85 % de la Légion, dont environ 3 000 étaient en garnison sur Baal et 10 000 à 15 000 dans les petites garnisons éloignées, les grandes flottes de croisade et les zones de guerre.
  • Environ 45 Légionnaires de la VIe Légion : Les Space Wolves, comprenant les huscarls de la compagnie de Couteau-Rouge et les troupes de soutien. Parmi ces guerriers, la plupart sont restés isolés dans leur Stormbird après leur arrivée, seuls les huscarls de Couteau-Rouge se mélangeant librement.
  • Environ 3 420 Légionnaires de la XVIIe Légion : La 8e Compagnie des Word Beaers - la Main Invisible.*
  • Auxiliaires Actifs  :
  • 36 Custodiens de la Chambre de Vigilance Magna Viridium, composée de plusieurs escadrons d’Intercepteurs Equinox et de cadres Ephoroi Decapitor.
  • Deux régiments du Narthex Cull, les troupes de l’Imperialis Militia en service dans la XVIIe Légion. Ces troupes sont restées isolées à bord du Dark Page jusqu’à ce que la flotte arrive à Signus Prime.
Flotte des Auxiliaires de la flotte des Blood Angels, soit environ trois régiments de troupes de l’Imperialis Militia, armés principalement pour des engagements à courte portée et des missions de sécurité.
  • 58 manipules de la Cohorte Capita Aquilae de la Legio Cybernetica, les Crânes d’Aigle. Ces manipules étaient principalement formés d’Automates de classe Castellax avec une force significative d’Automates de classe Thanatar agissant comme réserve de combat et comme force d’artillerie mobile.
  • Indique les unités qui étaient attachées à la flotte du Red Tear après l’arrivée des ordres portés par l’émissaire du Maître de Guerre, le Praetor Kreed.

La première étape fut le rassemblement de sa Légion dispersée. L’appel fut envoyé aux flottes qui pouvaient facilement les rejoindre, les invitant à se rassembler aux côtés du navire amiral, le Red Tear. Un tel rassemblement de la Légion n’avait pas eu lieu depuis de nombreuses années et toutes les flottes lointaines des Blood Angels étaient impatientes de se joindre à la grande entreprise qu’Horus avait confiée à l’Ange, fiers de démontrer une fois de plus leurs compétences à l’Imperium et au Maître de Guerre. En peu de temps, Sanguinius avait rassemblé les quatre cinquièmes de sa Légion, peut-être plus de 100 000 guerriers, ainsi que les unités de soutien qui avaient longtemps servi à ses côtés. Cela ne laissait de côté que 20 000 Légionnaires, dont les garnisons sur Baal, Saiph et Canopus IV, et des unités faisant partie de flottes trop éloignées pour être facilement rappelées. En plus de ses propres guerriers et de ses alliés de confiance, Sanguinius reçut également les services du Praetor Kreed et de la compagnie des Word Bearers en garnison à bord du Dark Page, en tant qu’émissaires du Maître de Guerre.

Bien que rarement assignés à des campagnes les uns à côté des autres, les Blood Angels avaient gardé le souvenir de la censure des Word Bearers à Monarchia comme une marque noire sur les guerriers en gris, une marque qui pourrait en quelque sorte se transférer à eux par simple association. Il est noté dans les journaux de bord du Red Tear, qui a servi de navire de commandement à la flotte combinée, que le Praetor Kreed était rarement invité à rencontrer l’Ange ou à ses séances de planification stratégique pendant le voyage. Il ne fait aucun doute que cette subtile insulte a bien servi les intérêts de Kreed et de ses guerriers, car il était pleinement conscient de ce qui les attendait à Signus et qu’il a gardé les nouvelles troupes sous son commandement et ses propres motifs bien cachés à l’attention de Sanguinius. Les Word Bearers n’étaient pas les seuls étrangers à faire partie de la flotte, car un certain nombre de navires coursiers rapides avaient intercepter les Blood Angels avant le départ définitif vers Signus.

Le premier d’entre eux était un croiseur portant un Stormbird blasonné avec l’insigne totémique de la VIe Légion, les Space Wolves. Cette délégation inattendue de la Légion mal famée de Russ fut reçue par Sanguinius avec une hospitalité prudente, car une visite par les fils sinistres de Fenris était rarement une occasion de célébration. Leur réputation de bourreaux de l’Empereur était bien fondée, car c’est aux Loups de la VIe Légion que la Cour de Terra s’adressait lorsqu’elle voulait faire connaître son mécontentement aux ennemis comme aux alliés. En effet, bien que Sanguinius et ses fils n’aient pas encore reçu la nouvelle, le reste des Space Wolves étaient déjà en route vers Prospero pour promulguer le décret de censure de l’Empereur sur le monde des Thousand Sons et les guerriers de Magnus. Ce fait était un élément parmi tant d’autres que les Space Wolves ont choisi de cacher au Grand Ange et à ses fils à leur arrivée. Leur commandant, Helik Couteau-Rouge, leur révéla seulement qu’ils étaient affectés à la flotte comme observateurs par ordre direct de Malcador le Sigillite, tout en ordonnant à ses hommes de rester cacher à bord de leur Stormbird, sauf pour sa garde d’honneur et son conseiller Prêtre Loup.

Aux côtés des guerriers de Russ se trouvaient d’autres invités de la Cour de Terra, le dernier des croiseurs amenant un Préfet de la Legio Custodes et une poignée de ses frères. Kalimak Sebran portait le titre de Vindex-minor, le désignant comme un assassin et épéiste de l’Ephoroi de Terra, et comme tous les guerriers de la Legio Custodes, il portait avec lui l’autorité de l’Empereur. Apparemment, il agissait à titre de parrain et de tuteur du plus récent groupe de Commémorateurs, bien que peu de Blood Angels considéraient qu’une telle mission convenait à l’un des gardes du corps de l’Empereur. Cependant, le Préfet Sebran et ses frères n’étaient qu’une toute petite goutte au milieu de l’océan de guerriers qui composait la grande flotte qui se rassemblait, et avec une habileté maîtrisée depuis des siècles par les Ephoroi, ils disparurent rapidement dans cette masse. Seuls quelques rapports parmi les Compagnies de Blood Angels rassemblées parlent de ces sentinelles en armures dorées, souvent en plus de mentionner les guerriers de Fenris, car ces deux groupes étaient traités comme des étrangers, respectés mais mis à l’écart des Blood Angels. Là où ils passèrent, les fils de Sanguinius prirent le masque de la bienséance stoïque qu’ils portaient envers des étrangers, cachèrent leurs petits rituels à leurs alliés et étouffèrent les discussions sur les épreuves passées et à venir.

Tous ces éléments disparates furent rassemblés au point de transfert Warp près du pulsar Krzemin, où la flotte pouvait facilement pénétrer les marées Æthériques qui alimentaient le trafic aux confins de l’est galactique. Trois mois à peine après la convocation d’Horus, la flotte était entièrement assemblée et prête pour la transition, le long voyage exigeant pas moins de huit sauts séparés à travers le voile du Warp. La planification nécessaire pour maintenir la cohésion de la flotte pendant les déplacements et pour éviter tout écart important par rapport aux objectifs spatiaux et chronologiques n’était pas une mince tâche et a mis à rude épreuve les Navigators chevronnés de la flotte, les poussant jusqu’à leurs retranchements. Les dossiers de l’équipage de commandement du Red Tear indiquent qu’un discours fut fait pour marquer le début de la campagne de Signus par le Seigneur Sanguinius en 327005.M31, et la vaste flotte pénétra dans le Warp, pour ne plus être revue dans les limites de l’Imperium pour cinq longues années.[7]

Les Mystères de Signus

Des Plans dans les Plans[8]

Avec le sceau d’Horus, Maître de Guerre de l’Imperium, pour accompagner les ordres qu’ils avaient reçus de Sanguinius, les divers commandants de la IXe Légion ont brusquement retiré leurs guerriers d’un certain nombre de zones de guerre en cours pour rejoindre la flotte de Sanguinius. Plusieurs autres Légions furent ainsi forcées d’assumer des tâches supplémentaires dans la poursuite des conquêtes qui leur avaient été assignées, dont plusieurs durèrent beaucoup plus longtemps que prévu par la Divisio Militaris et vit des troupes de réserve affectées à un certain nombre de systèmes éloignés pour aider des flottes assiégées de la Grande Croisade.

Dans le système d’Inconnu, le retrait des éléments des Blood Angels opérant à partir du croiseur lourd Redeemer laissa le détachement de la Raven Guard en surface sans troupes dédiées à un rôle d’assaut lourd, et vit les fils de Corax subir des pertes un peu plus élevées que prévu à l’issue de la campagne. Sur Balhaut, le commandant des opérations de siège Imperial Fists protesta officiellement contre le retrait soudain du Golden Chalice et de ses détachements de largage orbital expérimentés, invoquant une augmentation potentielle du temps nécessaire pour mettre un terme au siège et une diminution significative de l’efficacité opérationnelle. Dans tous les cas, l’influence du Maître de Guerre avait été plus que suffisante pour faire taire toute critique. En effet, rétrospectivement, Horus semble avoir grandement profité de la confusion qu’il causa parmi les Légions qui s’opposeraient plus tard à lui.

Le voyage à travers l’Æther durerait environ neuf mois terranes standard, soit beaucoup moins que les estimations initiales fournies par les Navigators de la flotte. Sur son chemin, l’armada des Blood Angels émergea brièvement du Warp à plusieurs endroits, à la fois pour sécuriser les approvisionnements et assurer les principales fonctions critiques, ainsi que pour prendre de nouvelles mesures de position et mettre à jour leurs cartes stellaires. Le dernier arrêt avant leur arrivée à Signus fut le système peu important d’Ankaror, où les escadrons et les groupements tactiques de l’armada quittèrent l’Immaterium et commencèrent le processus complexe de réformation de la flotte en ordre de bataille complet. Comme ils s’attendaient à être rapidement confrontés à une flotte de Xenos à leur arrivée à Signus, il a été jugé prudent de placer leur formation dans le calme de l’espace réel, plutôt que de tenter une telle manœuvre dans les profondeurs du Warp. Une fois mise en place la formation complexe formulée par les capitaines et les stratèges de l’armada, Sanguinius leur ordonna de faire le saut Warp final dans le système de Signus lui-même. Ce qu’ils découvrirent n’était pas le système qu’ils s’attendaient à trouver, ni le Signus prospère montré sur les cartes stellaires, ni le champ de bataille ravagé par la guerre qu’Horus avait décrit ; ils trouvèrent plutôt un cimetière.

Tandis que les escadrons des Blood Angels s’expulsaient de la mer agitée de l’Æther pour rejoindre l’espace froid et vide de Signus, ils ne rencontrèrent aucune flotte ennemie qui les attendait. Au lieu de cela, il y avait une armada silencieuse de morts, un nuage à la dérive de cargos, des transporteurs et des navettes à courte portée, tous avec leurs moteurs grillés et privés de puissance, leur équipage sans vie et immobile. Aucun dommage causé par un système d’armement connu ne marquait les coques de ces vaisseaux, ni les traces d’une fuite désespérée d’un envahisseur ou d’un dernier combattant courageux. Au lieu de cela, il semblait presque comme si beaucoup avaient été déchirés de l’intérieur, ou avaient simplement éclaté dans les parties gelées du système de Signus. Le vaste banc d’épaves de navires était tout ce qui restait des habitants qui avaient pris une route au-delà de la planète extérieure et poussé leurs pulsions primitives de préservation au-delà de toute tolérance normale dans ce qui semblait être un besoin suicidaire de fuir. Pourtant, les augures du Red Tear et ses accompagnateurs ne purent détecter aucun signe de la terrible menace qui avait dû pousser ces citoyens à fuir, juste des cadavres et le sifflement des radiations de fond là où il devait y avoir une cacophonie de signaux vox. La mort était déjà arrivée et partie dans le système de Signus, son sort décidé bien avant l’arrivée de Sanguinius.

Ayant émergé dans les régions les plus éloignées du système de Signus, l’armada des Blood Angels était très éloignée de Signus Prime, la capitale du système, le corps habité le plus proche étant le monde gelée de Phorus. Cet orbe gelé était le monde le plus éloigné du système, passant devant la flotte dans le long arc de sa vaste trajectoire orbitale, et selon les cartes que possédait l’armada, il accueillait 90 000 citoyens Impériaux. Ne laissant rien au hasard, Sanguinius ordonna à la flotte d’approcher Phorus en pleine alerte de combat. Organisés en formation d’assaut planétaire standard, les escadrons de tête se refermèrent sur le planétoïde silencieux, ne détectant aucun signe d’activité en surface ou en orbite, aucun signal vox, aucune source d’énergie active ou signe de mouvement. Les sondes lancées à partir des vaisseaux de guerre les plus proches donnèrent des résultats encore plus sombres. La surface de la planète avait été brûlée à vif, toutes traces de vie effacées par une force inconnue qui avait inversé des décennies de remodelage de l’atmosphère et du terrain de Phorus pour les rendre plus propices aux habitations humaines. Il ne restait plus qu’un orbe de roche vierge, ce que confirment à la fois les récits de nombreux Capitaines et les banques de cogitateurs des navires de la flotte qui ont enregistré les résultats des deux balayages de la sonde et de l’analyse des augures à longue portée.

Les événements qui ont suivi n’ont pas été saisis avec précision par les augures de la flotte, et les comptes rendus des différents membres de l’équipage et des passagers diffèrent tous par un certain nombre de détails essentiels. Parmi les quelques faits qui apparaissent régulièrement dans tous les comptes rendus, le plus troublant est que la planète entière de Phorus commença à suivre la flotte au fil de son passage, présentant sa région polaire sud aux navires qui l’observaient au mépris de notre compréhension des cieux et de leur fonctionnement. Ce n’était pas le seul phénomène aberrant à se manifester sur Phorus. Nombreux parmi ceux qui observaient la planète rapportèrent l’apparition de vastes fissures et crevasses à sa surface, d’autres parlant de motifs lumineux ou colorés dans le mince atmosphère qui restait et d’une partie de l’extrusion de grandes falaises et de mesa, tous alignés pour former un motif. Aucun de ceux présent ne pouvait se souvenir du symbole exact qui marqua le cadavre de Phorus alors qu’ils étaient en orbite, et encore moins pouvaient évoquer cet incident sans ressentir de symptômes physiques de douleur et de détresse, mais quelle qu’en soit la forme, le choc brutal qu’il causa aux vaisseaux de la flotte est bien documenté.

Les réactions à bord des navires de la flotte allaient de l’incrédulité silencieuse à la panique violente, et il y eu une brève période de troubles dans l’armada. L’ordre fut rapidement rétabli, à la fois par l’assurance des divers Capitaines et officiers de la IXe Légion présents, et par l’intervention des cadres des armuriers à bord de chaque vaisseau. Ainsi, les premiers symptômes de quelque chose d’impossible n’ont été décelés que lorsque les alarmes à bord du navire ont commencé à se déclencher. Dans toute la flotte, les écrans commencèrent à s’assombrir à mesure que les étoiles s’éteignaient et disparaissaient alors que tous les signaux inter-systèmes déclinaient et tombaient en panne. Un voile sombre s’installa à travers le système de Signus, l’isolant du reste de la galaxie, isolant Sanguinius et ses fils du grand Imperium. Plus encore que leur rencontre impossible sur Phorus, cette rupture soudaine avec l’Imperium pour lequel ils se sont battus a dû ébranler la Légion et plus particulièrement ses personnels et serviteurs. Elle les laissa abandonnés dans Signus, pour endurer seuls ces épreuves, car aucun des Blood Angels n’envisageait d’abandonner la mission donnée par la main du Maître de Guerre.

Ceux qui étudient l’incident de Signus dans ces dernières années émirent l’hypothèse que ce linceul contre nature servait non seulement à bloquer la lumière et les ondes vox, mais aussi à interférer avec le processus normal du temps et de l’espace. Certaines théories vont même jusqu’à affirmer que ce voile, comme les Blood Angels en sont venus à l’appeler, était lui-même un domaine du grand Æther, le Warp. Le seul vaisseau épargné de l’armada pour enquêter sur le voile, l’Helios, aurait été totalement perdu peu de temps après avoir atteint les frontières du système à quelque 6,3 jours-lumière, un autre poids sur l’esprit troublé du Primarque Sanguinius et une perte qui mit fin à toute nouvelle étude du phénomène. Pourtant, cela prouve qu’il ne s’agissait pas seulement d’un champ de brouillage sophistiqué, mais d’un manteau sans substance jeté sur le système. Il s’agissait d’une barrière sans fondement, capable d’empêcher même le passage des croiseurs de l’Imperium.[9]

La Morte Lente de Signus[10]

Le destin de Signus n’avait pas été une catastrophe soudaine, ni une fin rapide des mains d’une flotte de guerre Xenos. Les machinations du Maître de Guerre avaient scellé son destin bien avant que Sanguinius et ses fils n’y mettent les pieds. Grâce aux données recueillies à partir des quelques rapports existants sur les Blood Angels, des témoignages de ces quelques survivants Signusi et des dossiers des forces renégates capturés à la suite de la Bataille de Terra, nous pouvons compiler une évaluation assez précise de la mort de Signus.

Cela commença en 933.M30, quelque 70 ans avant la Bataille de Signus Prime et une décennie après la destruction de Monarchia, avec l’action initiale de Conformité dans le groupe éloigné des mondes désignés comme Ultima-XZ114. Dans une action assez typique des conquêtes ultérieures de la XVIIe Légion, les Word Bearers envahirent les quelques établissements humains dispersés et imposèrent une Conformité rapide et brutale avant de partir quelques mois après, renommant le système Signus. Cette histoire officielle omet un certain nombre de faits, y compris le parrainage par les Word Bearers de l’effort colonial en cours, un certain nombre de leurs mondes clients d’origine fournissant certaines des flottilles de repeuplement. Le Primarque Lorgar est également connu pour avoir entravé les efforts de la Divisio Militaris et d’autres branches de la Cour Impériale dans la conduite des rapports de recensement au sein du groupe de mondes, citant le danger pour les dignitaires en visite en raison des opérations de la Grande Croisade dans les systèmes voisins. Tout cela était dissimulé pour permettre aux Word Bearers de planter les graines de divers cultes au sein de la population, alors que les plans des villes et des flèches nouvellement construites étaient conformes à certains schémas ayant des significations occultes afin que la civilisation qui allait croître se répande sur un chemin qu’ils avaient tracé.

Ces plans ne se réaliseront qu’en 004.M31, peu après la chute d’Horus sur Davin. Ici, les machinations de Lorgar et de ses acolytes trouvèrent un but nouveau dans les désirs corrompus du Maître de Guerre. Il semble probable qu’une fois qu’il se soit pleinement engagé dans la trahison, la mort de Sanguinius a été l’un des premiers et des plus importants objectifs du Maître de Guerre, une rancune qui a peut-être fait enrailler d’autres préoccupations plus stratégiques, car une grande partie de ses ressources occultes et matérielles fut rapidement tournée vers la préparation de Signus. Des indications tirées des registres tenus par les Word Bearers montrent qu’ils avaient commencé des incantations à grande échelle visant à activer le réseau caché de sectes et de sceaux obscurs intégrés dans la population et la structure de la civilisation croissante de l’amas de Signus. Cela coïncide avec les premiers signalements de phénomènes aberrants dans le système de Signus, signalements qui ont été dissimulés par des agents du Maître de Guerre, laissant Signus s’enfoncer seul et sans aide dans le chaos. Pendant des mois, les habitants subirent une série de catastrophes, de morts inexpliquées, de pluies de cendres et de sang, et l’apparition soudaine de cultes violents. Tout cela dans le but de favoriser la descente du système dans la folie.

Après plusieurs mois, Horus prépara secrètement la mise sur pied d’une force opérationnelle qui devait être envoyé sur Signus, sélectionnant un contingent de prêtres et de guerriers Davinites ainsi qu’un petit cadre de sa propre Légion, pour mettre en marche la prochaine étape de ses plans. Ces troupes devaient s’emparer du contrôle des organes directeurs qui restaient dans le système de Signus et utiliser leurs pouvoirs pour accélérer les processus obscurs des incantations des Word Bearers. Ici, les dossiers deviennent moins précis et les témoignages des survivants moins intelligibles. Ce qui est certain, c’est que la population de Signus a été systématiquement poussée à la folie, puis convertie au culte des Dieux Sombres ou récoltée pour fournir les matières premières nécessaires à l’étape suivante de la transformation du système. L’ampleur même de la terreur et de la mort déchaînée dépasse facilement l’entendement, avec des milliards de vies sur sept mondes lentement et délibérément éradiquées. Les survivants parlent de purges gouvernementales sauvages et de grands camps d’internement dont aucun n’est jamais revenu. Pourtant, pendant tout ce temps, les phénomènes qui tourmentaient Signus ne firent qu’empirer. Des épidémies soudaines firent des milliers de victimes avant de disparaître en quelques jours, des océans autrefois remplis de vie bouillirent, le ciel devint noir de cendre et des choses terribles ont été vues en train de marcher dans les lieux sauvages.

Les derniers jours de Signus ne sont presque pas enregistrés. Les quelques survivants s’étaient déjà enfuis, mais leur témoignage nous indique qu’à ce stade, il n’existait plus de gouvernement central. Les quelques unités de milice restantes s’occupèrent de leur propre survie, beaucoup retournant leurs armes contre les civils qu’elles avaient juré de protéger alors qu’elles assuraient le passage sur les vaisseaux, tandis que d’autres essayaient en vain de reprendre le contrôle de leur monde. Les cultes obscènes se répandirent à travers les villes et les créatures qui défiaient la logique rampaient et volaient à travers les ruines de la civilisation autrefois fière de Signus. Des mondes brûlés par des missiles de défense planétaire ont été retournés contre des villes en ruines, de brèves et sanglantes guerres furent menées pour contrôler les derniers spatioports, et aucun recoin du système n’était à l’abri de cette folie. Signus s’est déchiré, seul et isolé dans l’obscurité du vide, et aucune action de la Légion des Blood Angels n’aurait pu éviter son sort.

Le Sang des Anges

Les Blood Angels dans les ruines de Holst.

Sanguinius et ses fils étaient maintenant seuls, mais le Grand Ange détestait l’idée d’abandonner sa mission, que se soit pour récupérer les secrets qu’Horus prétendait être cachés dans Signus et pour les survivants qui pourraient encore survivre sur ses mondes dispersés. Abandonnant les conseils d’officiers plus prudents, le Primarque ailé ordonna à l’armada de s’enfoncer plus profondément dans le système de Signus, vers le prochain planétoïde, inscrit sur les cartes comme Holst, un monde qui abritait de nombreuses Cités-Ruches densément peuplées. À l’approche, Holst était aussi silencieuse que Phorus, mais ne réagi pas à l’arrivée de la flotte, restant toujours calme même au moment où des Modules d’Atterrissage étaient lancés dans son atmosphère. Cependant, ce qui avait été conçu comme une mission d’enquête rapide devint rapidement un massacre car, tout comme sur Phorus, Holst commença à manifester une série d’anomalies macabres de plus en plus inquiétantes. Les rapports brouillés présentés dans les jours qui ont suivi la rencontre parlent de villes affamées et de fantômes en ferraille et de cendres, de guerriers vétérans de la Legiones Astartes massacrés, et de vastes métropoles silencieuses où les morts se trouvaient en nombre incalculable.

Sur les 26 Légionnaires Astartes qui descendirent à la surface, moins de la moitié revinrent, leur extraction étant compliquée par le lancement soudain de vagues de projectiles transatmosphériques massifs. Ces projectiles étaient apparemment formés de matière arrachée à la croûte de Holst, d’une manière similaire aux anciens systèmes de défense de certains mondes du Mechanicum, notamment de Mezoa. Pourtant, il n’existait pas sur Holst de mécanisme ou de source d’énergie d’une complexité ou d’une puissance suffisante pour mettre en orbite des blocs de plusieurs tonnes de roche et de fer. Certains membres de la flotte émirent l’hypothèse qu’il s’agissait d’un événement naturel aberrant, déclenché par les forces Xenos dissimulées qu’ils croyaient encore présentes dans le système, ou provoqué par un autre cataclysme comme celui qui s’était produit sur Phorus. Cependant, ces théories ne pouvaient expliquer la malice évidente dans le ciblage de ces projectiles, qui semblaient destinés à paralyser ou à détruire l’escadron de croiseurs stationnant en orbite basse. Parmi ces navires, le Paleknight fut touché de front et détruit par l’impact d’un de ces projectiles, et l’Hermia et le Victus ont tous deux signalé de lourds dommages causés par des accidents évités de justesse.

Les pertes de ce petit engagement dépassaient maintenant plusieurs centaines de soldats de la Legiones Astartes et près d’un millier d’auxiliaires et d’équipages, et il n’y avait toujours aucun signe visuel réel de l’ennemi. Contraint une fois de plus de regarder la souffrance et la mort de ceux qui lui avaient fait leur confiance, muet et passif face à de telles impossibilités, Sanguinius donna libre cours à la froide furie qui grandissait en lui. Il donna un ordre dans la colère, un pas vers l’enfer rouge bouillant qu’il pouvait sentir s’accumuler dans son cœur, un petit geste pour apaiser la culpabilité qu’il ressentait pour ceux qu’il avait envoyé à leur mort sur Holst. Il fit ordonna l’Exterminatus Extremis sur la planète maudite, ou quoi qu’elle soit devenue, et les canons de l’armada assemblée la détruisirent.

La destruction de la planète n’a guère contribué à calmer l’humeur de la flotte ou du Primarque. En effet, avec l’absence persistante de toute forme de résistance organisée, Sanguinius tomba dans un silence pessimiste qui s’étendit rapidement aux guerriers qui l’accompagnaient, puis à la Légion. Dans les différents journaux de bord et rapports quotidiens assemblés, on peut voir une frustration et un malaise qui mirent les esprits en colère et trahirent une belligérance maussade chez les Blood Angels. De petites rixes et de légers éclats de colère se déclenchaient sur le moindre grief, tous rapidement étouffés, mais révélateurs néanmoins. Chez les membres d’équipage de la flotte qui n’étaient que des hommes, l’effet a été encore plus prononcé, avec des altercations fatales et même des suicides qui devinrent quotidiens sur la plupart des vaisseaux.[11]

Questions Sans Réponse

Premier contact avec l’ennemi…

Sur les mondes intérieurs de Scoltrum et de Ta-loc, les Blood Angels cherchèrent des réponses et une chance pour que la colère qui s’installait trouve un moyen de s’apaiser. Ayant transité en bon ordre du système extérieur peu peuplé vers les mondes intérieurs, où les centres de la civilisation Signusi auraient dû se trouver, Sanguinius autorisa des expéditions sur Scoltrum et sur Ta-loc. Selon les cartes détenues par la Divisio Militaris et stockées dans les voûtes du cogitateur de la flotte, Scoltrum et Ta-loc accueillaient des millions de colons Impériaux et possédaient des infrastructures civiles avancées pour des mondes coloniaux frontaliers. Étant donné l’absence persistante de tout contact d’augure ou d’interception vox, que ce soit dans l’espace ou en surface, le Grand Ange supposa que son ennemi était soit caché, soit camouflé et décida donc d’organiser une reconnaissance en force. Avant de commencer les opérations sur Signus Prime, deux forces enquêtaient sur les autres mondes intérieurs, des forces suffisamment importantes pour résister aux contre-attaques, mais suffisamment petites pour se déplacer rapidement et silencieusement.

Sur Scoltrum, Sanguinius envoya la 24e Compagnie de ses Blood Angels, sous le commandement de l’Archein Nakir et soutenu par plusieurs manipules d’Automates de Batailles, tous embarqués sur le croiseur léger Alastor. La 24e était à son plein potentiel, avec 500 Frères de Bataille et cohortes de soutien, et habitué à agir de concert avec les Automates liés à la Capita Aquilae, ne manquant que d’armures lourdes. C’était une unité bien adaptée à une insertion rapide et disciplinée en terrain inconnu et contre un ennemi mystérieux, commandée par un Capitaine expérimenté en qui Sanguinius pouvait placer sa confiance. Désireux d’étudier plus en avant les phénomènes étranges qu’ils avaient observés ailleurs dans Signus, la Magos Domina Shurol accompagna également l’expédition, ainsi qu’un groupe de Serviteurs des archives spécialement augmentés.

Les premières étapes de l’opération sur Scoltrum se déroulèrent sans incident, la force opérationnelle menant la flotte principale à ses objectifs, accompagnée de quelques croiseurs parmi les plus rapides disponibles. Les Capitaines de navire avaient reçu l’ordre explicite de se retirer du combat s’ils rencontraient des phénomènes aberrants à l’échelle planétaire, comme cela avait été observé sur Phorus et Holst, et le Grand Ange libérerait toute la puissance de feu de son armada. Toutefois, il semblait que de telles mesures seraient inutiles car Scoltrum ne montrait aucun signe de corruption à cette échelle, bien que la planète portait les marques de la bataille et de la mort. De vastes incendies faisaient rage sur une grande partie de sa surface, ses villes étaient en ruines et de vastes cantonnements agricoles étaient abandonnés et pourris. Les vaisseaux des Blood Angels qui s’approchaient pouvaient détecter peu de signes de vie, une balise de détresse solitaire étant le seul signe de survivants impériaux.

L’épave de la frégate de défense Stark Dagger était la source de la balise de détresse sur Scoltrum. La carcasse brisée du navire vide avait été dispersée dans les vastes plaines de récolte du continent occidental, principalement sous forme de petits débris non identifiables de métal carbonisé. Trois sections du vaisseau, sa proue, sa poupe et une grande partie du pont central avaient conservé une certaine intégrité pendant le crash, au point qu’il y avait un petite chances qu’ils puissent abriter des survivants. De ces trois derniers, la poupe était tombée dans l’océan de la planète et les ponts intermédiaires avaient subi de loin les plus gros des dégâts pendant le crash, tandis que la gaine blindée massive de la proue avait absorbé une grande partie de l’impact. L’Archein Nakir prit personnellement en charge le corps principal de la 24e qui mena l’enquête sur la section de la proue qui était le point d’origine de la balise de détresse, tandis que l’Archimagos Domina Shurol et les Automates de Bataille sous son commandement furent chargés de délimiter le site secondaire dans la section intermédiaire du navire.

Malgré les dommages catastrophiques qui avaient été infligés à l’épave du Stark Dagger, dont les marques ne ressemblaient à aucun système d’armes Xenos connu de l’Imperium, les Blood Angels trouvèrent un petit groupe de survivants enfermés au fond de la proue en ruines. Cette découverte coïncida avec la première rencontre confirmée avec des forces ennemies dans le système de Signus. Un rapport vox fortement déformé confirma la mort d’une forme de guerre Xenos non identifiée par un Frère de Bataille du 24e cadre de Breacher, affecté à la sécurité des zones d’atterrissage des Modules d’Atterrissage. Ce rapport fut rapidement suivi de plusieurs assauts sur la zone de débarquement par des forces d’origine inconnue, chacune repoussée avec des pertes. L’ennemi apparaissait presque de nulle part, aucune trace de sa méthode d’insertion dans la zone de combat n’ayant été trouvée, alors que les équipes de reconnaissance initiales n’avaient détecté aucune preuve d’activité ennemie. En l’espace de quelques minutes à peine, chaque unité de la force opérationnelle de l’Archein Nakir était fortement engagée, à l’exception des Automates de Bataille, qui ont été pratiquement ignorés par l’ennemi.

Bien que les Blood Angels aient été lourdement engagés pendant plus d’une heure alors qu’ils effectuaient un repli tactique vers leurs zones de débarquement avec les civils secourus, il ne reste que des enregistrements fragmentaires de l’ennemi. Les Frères de Bataille du 24e qui ont pris note de leurs rencontres ont consigné une variété de descriptions souvent contradictoires de l’ennemi, la plupart n’ayant aucun rapport avec les races Xenos connues, mais au lieu de cela a rappelé les anciens mythes de la Vieille Terra d’avant l’époque de l’Empereur et de sa Vérité Impériale. La Magos Domina Shurol, dont les Automates de Bataille semblaient avoir été volontairement évités par l’ennemi, avait choisi d’entreprendre une enquête plus immédiate sur l’ennemi, estimant qu’il était plus important d’un point de vue stratégique que d’un point de vue tactique d’appuyer la défense des Blood Angels assiégés. Cependant, malgré la pléthore de dispositifs d’enregistrement et d’augure disponibles pour les Automates de la Capita Aquilae, peu de données vérifiables ont été saisies. Tout comme ces créatures avaient défié les capacités des sens mortels pour s’englober pleinement, elles avaient aussi confondu la logique du Mechanicum et de ses serviteurs. La seule conclusion certaine que la Magos Domina pouvaient en tirer était que la nature artificielle de ses guerriers semblait en quelque sorte désagréable pour l’ennemi, bien que les Automates n’aient pas été moins efficaces dans le maelström sanglant de la bataille.[12]

Des Espoirs Brisés

Les Blood Angels attaqués sur Ta-loc.

Contrairement à son cousin plus terrestre, Ta-loc était en grande partie recouvert d’océans peu profonds et avait une population beaucoup moins concentrée. Ici, le Grand Ange choisit de confier la mission à des éléments des 11e et 94e Compagnies, sous le commandement de l’Archein Maulgrehn. Recrue récemment intronisé après la campagne Aleph Carinae, Maulgrehn était considéré comme l’un des favoris du Grand Ange et une étoile montante de la Légion, et la 11e Compagnie était reconnue pour sa longue et prestigieuse liste d’honneurs de bataille. En revanche, la 94e Compagnie manquait à ce moment d’un Capitaine, l’Archein Malad étant tombé au combat lors de la campagne d’Inconnu, et était surtout connue pour les pertes qu’elle subissait souvent, ses stratégies de combat s’inscrivant dans le droit fil de l’ancienne IXe Légion, comme il sied au grand nombre d’anciens combattants Terrans et Canopiens qu’elle comptait dans ses rangs. Cependant, la grande proportion d’unités de reconnaissance et de traqueurs au sein de la 94e l’a rendait idéale pour la tâche à accomplir.

Les événements sur Ta-loc devaient suivre un schéma similaire que sur Scoltrum. Lorsque les guerriers des 11e et 94e atterrirent, il n’y avait aucun signe d’activité ennemie, seulement des débris qui étaient là depuis longtemps et les restes refroidis d’une ruine qui avait envahi le monde entier en peu de temps et laissé peu de choses derrière elle. Assuré dans son esprit d’un succès facile sous le regard direct de son Primarque, l’Archein Maulgrehn envoya les éléments de la 94e Compagnie rattachés à son commandement vers une vaste étude des ruines à demi immergées des villes autrefois prospères de Ta-loc, tandis qu’il conduisait les guerriers vétérans de la 11e vers la flèche unique qui continuait à montrer de faibles signes d’activité dans ses profondeurs gorgées d’eau. Les lectures détectées à la surface se sont vite avérées n’être rien de plus que des fantômes de capteurs et de vox-échos, une découverte qui coïncidait une fois de plus avec l’apparition soudaine de l’ennemi. Comme sur Scoltrum, les créatures qui tombèrent sur l’élite du 11e vinrent de nulle part, brisant les cordons de défense et les cloisons de sécurité comme si elles n’étaient pas là.

Dans la folie qui s’ensuivit, l’Archein Maulgrehn et les guerriers de la 11e Compagnie furent contraints à un retrait éprouvant. Piégé à une quarantaine d’étages sous le niveau du sol, avec chaque cage d’escalier et chaque passage étouffé par des monstruosités aberrantes, tous résolus à apporter la mort aux Blood Angels. La 11e serra les rangs et tira les lames de combat. Peu conscients de la situation en surface, la 11e dû se battre couloir par couloir pour se tracer un chemin de retour à la surface, chaque mètre de progrès étant acheté avec le sang de leurs Frères de Bataille. Huit heures s’écoulèrent avant qu’ils n’émergent à nouveau, les zones d’atterrissage en surface étant pratiquement envahies par des hordes de créatures ressemblant à des chauves-souris volantes et peu de Légionnaires de la 11e avaient encore plus qu’une poignée de munitions à leur disposition. En peu de temps, les survivants furent extraits de la surface et les croiseurs en orbite lancèrent un bombardement localisé pour anéantir l’ennemi, bien que les images enregistrées de la surface après le bombardement ne puissent confirmer aucune perte.

Au lendemain de l’engagement, l’Archein Maulgrehn, dont la réputation avait été ternie par l’issue des combats, avait fait grand cas de l’incapacité du 94e et du Centurion Aster Crohne à le prévenir de l’approche de l’ennemi ou à sécuriser les entrées de la flèche. Cependant, cela ne tient pas compte à la fois de la capacité inexpliquée de l’ennemi d’apparaître sans qu’il soit nécessaire d’approcher la zone de conflit d’une manière traditionnelle, et de la défense tenace que la 94e avait assurée pour défendre l’intégrité des zones de débarquement, les repoussant assez longtemps pour évacuer les deux détachements. Quoi qu’il en soit, la situation était telle que peu de personnes au sein de la première sphère des Blood Angels ou de l’entourage du Primarque ne firent de commentaires sur la conduite de l’un ou l’autre des officiers, mais les accusations ne firent que renforcer le sentiment croissant de mécontentement et de colère dans les rangs de la Légion. Malgré les efforts de la Légion et de leur Primarque, ils n’avaient réussi qu’à sauver une poignée de survivants d’un système solaire qui abritait autrefois des milliards de personnes. Pire encore, il y avait peu d’informations solides et précieuses sur leurs ennemis, que ce soit en termes de nombre, de capacités ou même d’objectifs.[13]

Un Sombre Séjour

La situation au sein des navires de la flotte commençait à atteindre un point critique. L’absence totale de communication avec le grand Imperium, répandant des rumeurs sur les terreurs impossibles découvertes par les Blood Angels, et le malaise invisible mais écrasant, s’attaquaient à tous les membres de la flotte, à l’exception peut-être des Automates de Bataille du Mechanicum. Pris individuellement, il ne s’agissait là que de nuisances, mais combinées à l’incapacité continue de la flotte à localiser l’ennemi et le silence terrifiant du Grand Ange, en qui même le plus accompli des vétérans cherchait de l’espoir, ils constituaient la menace la plus grave jamais rencontrée pour la mission de Sanguinius. Pourtant, le Primarque resta isolé dans son sanctuaire à bord du Red Tear, cherchant à deviner la solution qui allait tourner la campagne en sa faveur, alors que ses fils et ses partisans étaient laissés à eux-mêmes pour faire ce qu’ils pouvaient pour comprendre la situation désastreuse à laquelle ils étaient confrontés.

Beaucoup choisirent, comme le Primarque, de suivre les quelques fragments d’information dont ils disposaient afin de comprendre la situation anormale du système de Signus. À bord de la vaste Arche de Guerre du Mechanicum Sigma-954, la Magos Domina Shurol se documenta sur les effets des phénomènes bizarres du système sur les Serviteurs qui peuplaient son vaisseau, s’efforçant d’isoler une cause et un contre-agent potentiel par des dissections sanglantes et un réalignement cortical. Les grands commandants et stratèges des Blood Angels, parmi les meilleurs de l’Imperium, s’efforçaient de discerner une stratégie dans les actions de l’ennemi, de deviner ses intentions et ses plans. Pourtant, même des guerriers renommés comme Raldoron, Premier Capitaine de la Légion, et Elai Jannus de la 202e Compagnie, parfois connu sous le nom d’Oracle Cramoisi pour sa perspicacité stratégique, ne trouvèrent aucune indication quant à ce que les Blood Angels pourraient s’attendre à rencontrer en avançant.

D’autres adoptèrent une approche plus directe contre la torpeur qui s’était répandue dans toute la flotte. Amit et les guerriers de la 5e Compagnie allèrent dans les cages d’entraînement et s’y défoulèrent, leur colère étant un baume contre la peur engourdissante qui envahissait les autres. Sebastor Maulgrehn et ceux que la Légion présentait comme des exemples d’honneur se rendirent sur les places ouvertes des vaisseaux de la flotte pour proclamer la justesse de leur cause et pour se dresser comme de brillants remparts d’espoir en ces temps sombres, tandis que d’autres, dont les talents les prédisposaient à d’autres voies d’investigation, cherchaient des endroits plus isolés pour leurs efforts. Les adeptes déclassés du désormais disparu Librarius des Blood Angels se retrouvaient en secret et parlaient des rêves qui les hantaient, tandis qu’Aster Crohne de la 94e et d’autres des Ordres Judiciar et Moritat rôdaient sur les ponts les moins fréquentés à la recherche d’infiltrateurs et d’espions.

Personne ne trouverait de réponse, et le Grand Ange n’eut d’autre choix que de faire avancer la flotte vers Signus Prime. Autrefois capitale du système, et probablement le centre de n’importe quelle occupation Xenos, c’était ici, si quelque part, que des réponses les attendaient, bien qu’avec si peu d’informations sur l’ennemi, il s’agissait probablement d’une rencontre qui ne pouvait qu’être défavorables aux forces de l’Imperium. Cependant, retarder et chercher des réponses ailleurs avant d’attaquer la forteresse de l’ennemi risquait d’affaiblir lentement la capacité de la flotte à combattre, car si les Legiones Astartes des Blood Angels, des Space Wolves et des Word Bearers restaient capables de combattre, les simples hommes de la flotte souffraient et déclinaient à chaque jour qui passait. Face à la liste sans cesse croissante de suicides, de blessures et de défaillances mécaniques, Sanguinius réunit les seigneurs des Trois Cents Compagnies et donna le signal. La grande armada de la IXe Légion se massa le long de l’orbite de Ta-loc et commença la longue chemin vers Signus Prime.[14]

L'Œil de la Tempête

Autrefois monde lumineux et majestueux, centre de l’effort massif de colonisation et de développement du système de Signus en marge de l’espace de Imperium, le Signus Prime aperçu par les croiseurs éclaireurs de l’armada principale des Blood Angels était presque méconnaissable. Les images recueillies à l’aide de scanners à longue portée et celles récoltées par les caméras de tirs montrèrent un globe jaune pus, étouffé par d’épais nuages orageux qui se déplaçaient selon des trajectoires qui défiaient toute tendance météorologique connue. Plus troublant encore, les deux lunes qui étaient jadis en orbite autour de la troisième planète du système de Signus avaient disparu. Au début, les augures avaient supposé que les vastes anneaux de débris détectés enveloppant les orbites inférieures de Signus Prime comprenaient les restes de ces corps célestes, mais des balayages plus rapprochés révélèrent la véritable source des débris corrompue qui jonchait l’espace au-dessus de Signus Prime. C’était les restes des flottes de défense de Signus ainsi que ceux des diverses stations orbitales qui se trouvaient autrefois dans le ciel de ce monde. Beaucoup d’épaves n’étaient rien de plus que des éclats de métal éparpillés, et les cadavres à la dérive, gelés et incomplets, étaient tout ce qui restait de leur équipage, les victimes de la dernière défense amère de Signus Prime, ayant combattu seul et isolé bien avant même que Sanguinius ait eu connaissance du système de Signus.

Aucun signal d’aucune sorte n’émanait de la surface, où autrefois près de trois milliards de citoyens Impériaux avaient habité dans des Cités-Ruches nouvellement ensemencées et de vastes enclaves agricoles. Elle était silencieuse et morte, et l’avait été bien avant que les Blood Angels n’arrivent dans les limites du système. Horus les avait envoyés pour sauver un système vivant assiégé par un ennemi connu, et pourtant, dans tout Signus, depuis ses limites les plus éloignées jusqu’à ce qui aurait dû être son cœur battant, ils avaient trouvé que peu de traces de ses citoyens et de ses assiégeants. Chaque signe indiquait que le sort de Signus avait été décidé depuis longtemps, ce qui mena à une question primordiale : le Maître de Guerre les avait-il délibérément envoyés dans un système mort et abandonné, et si oui, pourquoi ? Ou bien Horus avait-il été trompé lui-même ou simplement mal informé sur l’état du système de Signus ?

Sanguinius avait promis sa loyauté au Maître de Guerre, sans réserve ni aucune trace d’envie pour son élévation comme premier parmi les Primarques. L’idée qu’Horus puisse délibérément chercher à le piéger, lui et sa Légion, pour leur faire subir un mal quelconque dans le seul but de les affaiblir ou de les détruire, devait lui être odieuse. Si Horus avait demandé à Sanguinius de sacrifier son sang ou ses fils au nom de l’Empereur et de la Grande Croisade, il est probable que le Grand Ange aurait volontairement marché dans les flammes de la destruction, convaincu que sa souffrance était justifiée. Probablement, même à cette heure tardive, alors qu’il faisait clairement face au sort terrible des habitants de Signus, Sanguinius résista au sentiment croissant qu’il avait été trahi. L’impénétrable voile du Warp bloquant toujours toute communication astropathique, il n’avait aucun moyen de contacter son frère, aucun moyen de lui poser les questions qui ont dû le tourmenter. Sanguinius, en tant que leader fier de son intégrité et de son honneur, ne pouvait pas renoncer à ses serments de loyauté.

Alors que la grande armada de la IXe Légion était suspendue sur l’orbite haute de Signus Prime, avec son Primarque distrait par les implications de ses ordres, le sort de Signus et les intentions du Maître de Guerre, une nouvelle tragédie arriva à la Légion. Émanant d’un endroit caché sous les ténèbres qui enveloppait la planète, contournant en quelque sorte les sceaux de cryptage qui protégeaient le réseau vox des Blood Angels, un cri d’horreur sans paroles et inhumain assailli les équipages de la flotte. S’échappant des grilles vox, des consoles des cogitateurs et même des unités de Serviteurs autonomes, le gémissement perçant fut entendu par tout le monde à bord des navires, bien qu’aucun des appareils d’enregistrement intégrés dans ces systèmes ne porte la moindre trace de celui-ci. Des équipages de passerelle installés sur les pupitres de contrôle des cuirassés jusqu’aux matelots consignés dans les compartiments hermétiques des réacteurs, tout l’effectif fut secoué par la douleur et le choc en entendant le son. Attirés au cœur des ténèbres qui encerclait Signus, le centre même du vaste piège qui leur était tendu, les Blood Angels sentirent la piqûre de leur orgueil lorsque l’ennemi les frappa en toute impunité. La véritable bataille pour Signus et la IXe Légion allait commencer.[15]

La Guerre dans les Cieux

Une Fracture dans l’Espace et le Temps[16]

Alors que l’armada sombrait dans le chaos et que les vaisseaux-cadavres se libéraient du champ de débris, les chronomètres atomiques dans tout les vaisseaux de la flotte indiquèrent que le temps s’était arrêté, une aberration en vertu des lois connues de la physique moléculaire, à 666666666666666.M31 et ne changerait pas avant que les Blood Angels quittent finalement le système de Signus. Avant cela, la dernière lecture normale montrait 365329005.M31, et après avoir quitté Signus, chaque chronomètre montrèrent 688573009.M31, soit cinq années plus tard, une lecture ultérieurement confirmé lors de leur arrivée à Ultramar en 010.M31.

365329005.M31 marque la dernière limite auquel une quelconque lecture des augures internes des vaisseaux de l’armada pouvait être considéré comme fiable, car après cette limite, tous les journaux contenaient des quantités importantes de données corrompues et d’interférences. Même les journaux personnels de l’équipage devenaient difficiles à interpréter - beaucoup étant incohérents ou décousus, tandis que d’autres se contredisaient dans les détails les plus élémentaires. Certains membres clés du personnel sont notés à différents endroits en même temps, tandis que d’autres sont remarquablement absents. Dans dix-neuf cas, des guerriers Blood Angels connus pour être morts depuis des années furent enregistrés comme étant actifs dans la zone de combat. De toute évidence, une certaine influence malveillante avait déformé les perceptions de la plupart des personnes présentes, d’une manière qui rappelle la bataille finale de Prospero. De tous les participants, seul le Primarque Sanguinius, quelques uns de ses officiers clés et la Magos Domina Shurol ne furent pas affectés, et c’est le témoignage de ces individus qui constitue la base de la dernière partie de ce traité.

Les vaisseaux rouges des Blood Angels résonnaient des cris angoissés de ceux que les Legiones Astartes avaient juré de protéger, tandis que les Blood Angels restaient impuissants. D’après les registres des différentes baies médicales de la flotte, un faible pourcentage de l’équipage humain dispersé sur les navires des Blood Angels, peut-être 50 000 hommes et femmes, est mort au moment où le cri a balayé l’armada. Parmi ceux qui ont survécu au choc initial, beaucoup furent frappés par une hémorragie cérébrale ou une amnésie paralysante soudaine et se sont effondrés en silence à leur poste, tandis que d’autres ont été rendus fous par la vague psychique qui s’est déchaînée sur eux. Toute la peur, le doute et l’incertitude qui leur avaient été infligés par le cimetière de Signus furent relâchés, presque comme par un déclencheur psychique préétabli, et le chaos régnait à bord des vaisseaux de la flotte. Sur certains navires, des foules d’aliénés s’élançaient de leurs postes pour fracasser et détruire l’équipement délicat, sur d’autres ils se livraient à des mêlées frénétiques avec ceux qu’ils rencontraient, tandis que quelques-uns furent même submergés par une mutinerie à part entière.

Les contingents de Space Marine à bord de chaque vaisseau luttaient pour maintenir l’ordre, car les Legiones Astartes, étant des guerriers et des conquérants, étaient mal adaptés aux actions de police. Les Blood Angels en particulier, formés par Sanguinius pour accorder une grande valeur à la vie de ceux qui servaient à leurs côtés, se retrouvèrent dans une position ingrate. Ils pouvaient être attaqués à tout moment et pendant que l’équipage se déchaînait, ils étaient impuissants face à l’ennemi. La méthode la plus rapide pour rétablir l’ordre aurait été d’employer la force pour réprimer les accès de rage et de panique les plus violents, une méthode que d’autres Légions, comme la IVe de Perturabo, n’auraient pas hésité à employer. En effet, sur quelques navires, certains commandants de la IXe Légion ont appelé leurs guerriers aux armes. Sur le Fulgent Dawn, l’Archein Maulgrehn ordonna à la 11e Compagnie de sécuriser les passerelles menant au pont face à une foule en colère d’officiers de la marine, et bien que le navire ait été gardé par la force des armes pendant la crise, 111 membres d’équipage furent tués suite de cet ordre. Même sur le Red Tear, où Sanguinius avait hissé son drapeau, il y a eu un certain nombre de victimes parmi les membres de l’équipage et même quelques blessés parmi les Blood Angels à cause de ce qui a été qualifié de "mesures de confinement" dans les sections du navire les plus touchées par les effets du son maléfique.

Peu de vaisseaux furent épargnés. Le Infernal Djinn n’enregistra aucune perte au cours de cette période de l’action interne, mais perdit 18 membres d’équipage après que son personnel à la passerelle fut frappé par un état catatonique et la frégate percuta le croiseur Magna Veridia. À bord du croiseur lourd Ifrit Nine, la récitation constante de la Liturgie du Sang par l’Archein Elai Jann de la 202e Compagnie, et diffusée à travers tout le navire, parvint à calmer le désordre sans effusion de sang. À bord de l’Arche Mechanicum Sigma-954, seules des pannes mineures parmi les Serviteurs du pont inférieur ont été notées, toutes rapidement remplacées par des unités fraîchement activées, bien qu’un bref tremblement ait été noté dans les scanners du cortex des unités d’Automates de Bataille pendant leur sommeil dans leur cycle de repos. Le seul navire qui a vraiment échappé aux effets du cri psychique était le Dark Page, le vaisseau des Word Bearers rattaché à l’armada, et qui est resté en état d’alerte au combat tout au long de la période qui a suivi le signal émanant de Signus Prime.

Le Red Tear, vaisseau amiral des Blood Angels.

Pendant la période de folie qui avait englouti sa flotte, Sanguinius ne donna guère de nouvelles. Les documents officiels de la campagne ne font aucune mention du Primarque durant cette période, mais des témoignages privés indiquent que quelque chose d’important s’était produit, importance soulignée plus par son omission que par sa mise à l’écrit. Les registres rigoureux des Keruvim, les Paladins Cramoisi qui gardent les halls de l’Ange et les ponts centraux du Red Tear, citent une période de dix-huit minutes, correspondant à la durée de la folie - l’acte de censure ne pouvait être entrepris que sur ordre direct du Primarque. Les journaux de bord des Séraphins, la Garde Sanguinienne, montrent également une perturbation à cette époque, pendant laquelle l’Ange était enfermé dans son sanctuaire avec le Premier Capitaine Raldoron, Azkællon, Premier parmi les Ikisat, et trois membres de cet Ordre. Les nombreux écrits de l’Archein Raldoron sur l’Hérésie d’Horus, chronique aride mais exhaustive, sont notamment silencieuses sur cette question et de ses actions au lendemain du cri.

De ce qui s’est passé pendant ces dix-huit minutes, il n’y a presque rien d’enregistré, les Blood Angels eux-mêmes ayant effacé presque tous les journaux concernant l’incident de leurs propres archives. Les seuls indices sur ce qui a gardé le Primarque confiné et isolé alors que la folie touchait sa flotte sont un extrait des protocoles de sécurité actualisés de l’Ikisat, les Blood Angels appelés la Garde Sanguinienne, et un extrait d’une déclaration faite par le Capitaine Raldoron plusieurs années plus tard. Immédiatement après la folie, l’Ikisat, par ordre direct d’Azkællon, commença à limiter à deux le nombre de serviteurs autorisés dans le sanctuaire de l’Ange afin de "limiter la masse disponible pour une intrusion Æthérique", un curieux tour de phrase pour la stoïque Garde Sanguinienne. Les protocoles prévoyaient également l’inclusion de pupilles hexagrammatiques dans les défenses du sanctuaire, une exigence qui contournait les limites des proscriptions de la Vérité Impériale contre la superstition. Ces mesures sont plus connues ces dernières années et sont souvent utilisées pour protéger de petites zones contre les incursions démoniaques. De telles suppositions semblent être confirmées par les paroles de Raldoron en 022.M31, où il déclara au conclave des anciens serviteurs de Malcador : « Aucune forteresse ou sanctuaire n’est à l’abri du Démon, je l’ai vu, à Signus au côté de mon Seigneur et à d’autres endroits plus sombres d’ailleurs. » Comme aucune blessure ne fut signalée parmi les personnes présentes lors de cet incident, seulement la destruction d’environ six Serviteurs de haut grade, on peut supposer que cette incursion démoniaque n’avait pas pour le but l’affrontement. Pourtant, elle servit à éloigner Sanguinius de ses fils à un moment critique, sans doute par le biais de mensonges subtils et de demi-vérités, bien que les mots exacts qui passèrent entre Sanguinius et l’intelligence démoniaque ne puissent être connus. Ses effets sur l’armada sont mieux documentés. Sans le leadership de Sanguinius, chaque vaisseau s’est retrouvé isolé dans le chaos, forcé de réprimer la panique et la violence que le cri Æthérique provoquait. Ce fut un coup de maître de ruse vindicative, une attaque à la fois contre ce que les Blood Angels chérissaient et contre ce qui était leur point faible - l’équipage humain à leur service, lié à eux par des serments de loyauté, et commis alors que Sanguinius lui-même était habilement distrait et incapable d’agir pour leur défense.

La formation de combat serré qu’ils avaient mis en place s’effondra lorsque les vaisseaux perdirent le contrôle d’attitude ou, dans quelques cas, changèrent délibérément de cap, certains pour fuir et d’autres pour combattre. Ici, à un moment de grande faiblesse, l’ennemi montra finalement son visage. Du champ de débris qui recouvrait l’orbe empoisonné de Signus Prime, une multitude d’engins commença à émerger, jaillissant de la ceinture dense comme des cadavres d’une tombe fraîchement creusée. Certains, peut-être, avaient été des vaisseaux spatiaux de la flottille de défense du système de Signus, des cuirassés écorchés et transformés par moqueries avec de grossières ailes ou de membres et griffes saisissants. D’autres étaient des conglomérats tortueux de gravats et de débris, animés par une puissance inconnue et grossièrement sculptés pour ridiculiser les vaisseaux de l’Imperium. Tous étaient impossibles, incapables d’exister selon les lois qui, pour l’Humanité, gouvernait l’univers, et pourtant, ils avançaient et voguaient à travers le vide, apparemment désireux de s’attaquer à l’une des forces les plus puissantes rassemblées par les serviteurs de l’Imperium. Les quelques membres de l’équipage assignés aux senseurs de leur vaisseau virent une scène issue d’un cauchemar, l’enfer que la Vérité Impériale niait prenait vie devant eux alors qu’ils étaient assis sans pouvoir rien faire. C’est là que le Démon a finalement pris forme pour s’opposer à eux dans une bataille ouverte où personne ne pouvait nier sa présence, et même ceux dont la force de volonté s’était dressée contre le cri Æthérique faiblirent à la vue de l’ennemi qui s’était maintenant jeté sur eux.[17]

Et l'Enfer les suivit avec Eux

Les Gardiens Noirs de Malcador[18]

Helik Couteau-Rouge et la petite Compagnie sous son commandement n’étaient qu’une facette d’un stratagème plus vaste. Conçu par Malcador et le Primarque de la VIe Légion, Leman Russ, après les événements de Prospero, ce plan visait à placer une force de Space Wolves à une proche distance de chaque Primarque restant, idéalement dans un cercle de confiance attaché à leur Légion. Les ordres donnés à ces forces de frappe étaient simples - si leur cible prenait des mesures contre l’Imperium ou la Grande Croisade en violation de leur serment de loyauté, alors les observateurs devaient les éliminer par tous les moyens possibles. C’était un ordre explicite pour la mort d’un Primarque donné, si jugé nécessaire par l’officier de la VIe Légion en charge de la force de garde, une éventualité qui, si elle était connue de tous, conduirait vraisemblablement à un grand nombre de dissidences et, à ce titre, sa portée et ses détails demeuraient secrets.

Les listes détaillées et complètes de ces soi-disant "meutes de garde" sont restées scellées dans les voûtes d’archives restreintes sous le Palais Impérial et, de ce fait, tout jugement sur l’efficacité de cette initiative est devenu sans objet. Certains observateurs remarquèrent que ces forces semblaient souvent être à peine plus que des déploiements d’escadrons, et que cela semblait être futile face à la fureur d’un Primarque, sans parler de la force rassemblée de sa Légion. Une réponse aussi sous-estimée du niveau de menace présenté par leurs cibles diffère des pratiques d’exploitation standard des Space Wolves, et d’autres sources spéculent que les meutes de garde n’étaient que la pointe de la lance destinée à chacun des Primarques, avec des forces supplémentaires restant à portée de frappe.

Cependant, tout débat concernant les tentatives de Malcador et de Russ de faire respecter la loyauté des Primarques est rendu largement insignifiant par l’échec évident du plan. Institué au seuil même de l’Hérésie Horus, alors que les plans d’Horus étaient bien établis, de nombreuse meutes de garde n’atteignirent même pas leurs objectifs avant que la guerre civile n’éclate. Ceux qui avaient rendez-vous avec les Légions auxquelles elles avaient été affectés ne purent accomplir les missions qui leur avaient été assignées, car aucun des Primarques renégats n’avait été blessé par les bourreaux triés sur le volet de Leman Russ. En effet, ceux qui sont arrivés dans les cercles des divers Primarques loyalistes, comme les guerriers affectés chez Sanguinius, semblaient avoir aidé les Traîtres en répandant la discorde et la suspicion parmi les rangs des Légions Loyalistes.

La flotte-cadavre tomba sur l’armada dispersée des Blood Angels avec des rafales de flammes contre nature, qui brûlaient même dans le vide froid, et arrachait des serres d’os et d’acier. Les vaisseaux qui s’étaient le plus éloignés de la flotte ou qui s’étaient délibérément retirés de la formation furent parmi les premiers à être victimes de leur attaque. Le Crest of Fire, ses ponts au niveau des moteurs étant en pleine émeute, fut le premier navire à tomber, déchiré par des pseudopodes d’acier et des crocs de pierre, mais ce n’était pas le dernier. Au total, huit vaisseaux de classe majeure et près d’une douzaine de petites vaisseaux d’assaut furent détruits avant que les Blood Angels puissent se regrouper. Il est probable que le total aurait été plus élevé si le croiseur lourd Ifrit Nine n’avait pas plongé dans la vague de navires-cadavres qui avançaient, en utilisant sa masse pour protéger les vaisseaux à la limite de l’armada. L’Ifrit Nine se retira sous le couvert des lances obscures de l’Arche Mechanicum Sigma-954, dont l’équipage de Serviteurs était resté à leurs postes, ayant subi des dommages importants et de l’atmosphère s’échappant de plusieurs de ses ponts.

Cependant, le sacrifice de son équipage et celui de plusieurs autres navires permirent à la flotte de reprendre le contrôle. Sous la menace immédiate et témoins de la bravoure de leurs alliés, les Blood Angels et leurs compagnons de route se rallièrent rapidement. Une force moindre aurait été submergée par la férocité de l’assaut de l’ennemi, car les vaisseaux-cadavres ne se souciaient pas du tout de leur propre sécurité et seulement de la destruction de l’ennemi devant eux, mais même avec leurs serviteurs plongés dans le chaos, les Legiones Astartes ne pouvaient pas être brisées par de simples tactiques de choc. Les commandants clés des cuirassés les plus grands et les plus puissants amenèrent leurs équipages errants à se mettre au pas par tous les moyens qu’ils jugeaient nécessaires, et ancrèrent les formations défensives des escadrons voisins. Le Red Tear, le Covenant of Baal, l’Ignis, le Golden Chalice et d’autres vaisseaux de classe Ultima pointèrent leurs canons sur la horde qui approchait, chacun étant une formidable forteresse dans le vide où les petits navires de l’armada pouvaient trouver refuge.

Les batteries de canons formèrent un rideau de destruction, les cuirassés de l’armada brisant la ruée initiale de leur affreux nouvel ennemi, les débris des destroyers détruits si épais qu’ils commencèrent à former un second anneau en orbite haute autour de Signus Prime. Pourtant, même un tableau de chasse aussi important que celui du Red Tear et de ses alliés ne pu arrêter l’essaim apparemment sans fin d’épaves animées et d’impossibles chimères qui les attaquaient. Les petits navires, les croiseurs de ligne et les navires d’attaque rapide, furent rapidement chargés de tâches de défense ponctuelle à mesure qu’ils reprenaient le plein contrôle de leurs équipages, en établissant des champs de tir interdépendants pour protéger les cuirassés et les navires dans leur zone de combat. Ces tactiques navales tridimensionnelles complexes étaient une seconde nature pour les équipages vétérans de la IXe Légion, et l’entraînement enraciné et l’expérience de combat acquise pendant des années de guerre supplantèrent rapidement le choc et la terreur qui les avaient pris. Commençant à retrouver l’élan d’une force de combat unifiée, il semblait que les vaisseaux des Blood Angels tiendraient la ligne, leur puissance de feu supérieure repoussant les hordes de vaisseaux-cadavres. Cependant, ces simples pantins étaient loin d’être la seule arme contre Sanguinius et certainement pas la plus meurtrière.

Au plus fort de la bataille, alors que les différents vaisseaux de la flotte s’efforçaient de maintenir leurs secteurs d’engagement à l’écart des ennemis avec un équipage minimal, le Dark Page ouvrit tranquillement un passage dans le Warp dans le réseau défensif complexe qui protégeait le Red Tear au cœur de la formation. Cet acte de trahison passa presque inaperçu au milieu du chaos de la bataille, et même au lendemain, beaucoup de Blood Angels refusèrent d’accepter que leurs frères se soient retourné contre eux et supposèrent à la place qu’une calamité était arrivée au Dark Page, bien que les événements ultérieurs prouveraient la perfidie des fils de Lorgar. Ses canons restèrent silencieux et immobiles, le Dark Page et son équipage regardant les carcasses démoniaques passer sans encombre à travers la brèche dans les lignes qu’ils avaient été chargés de défendre. Pleinement engagés dans la défense de leurs propres secteurs, la plupart des autres embarcations à proximité du Red Tear ne pouvaient guère les aider, la seule exception étant l’Ifrit Nine, dont les canons principaux étaient encore inutilisables après sa retraite précoce. Sous les ordres de l’Archein Jannus, les moteurs de l’Ifrit Nine s’éteignirent au moment où ils allaient totalement brûler, écrasant le croiseur lourd en perdition dans le premier des assaillants du Red Tear. Les deux vaisseaux descendirent en spirale sous l’emprise de la gravité de Signus Prime avec des groupes de sauvetage de la IXe Légion traînant derrière eux. Le second agresseur fut déchiqueté par les lourds canons du Red Tear, mais le troisième fit irruption, sa coque se fléchissant et se fendant comme la peau d’un fruit pourri, se fixant sur la coque du Red Tear et libérant les créatures corrompues à l’intérieur du navire.

La bataille fit rage sur les ponts inférieurs du Red Tear, infestés d’horreurs rampantes, tandis que des cauchemars cruellement barbelés parcouraient les couloirs en ne laissèrent dans leur sillage que des corps massacrés. Le vaisseau amiral des Blood Angels accueillait plusieurs milliers des meilleurs guerriers de la Légion, mais ils étaient éparpillés sur le vaste navire et seules quelques-uns étaient prêts au moment de l’impact. C’est grâce au courageux sacrifice de ceux les plus proches de la brèche que le vaisseau ne fut été submergé immédiatement, ce qui permis aux autres détachements de renforcer les défenses. Malgré la vaillance des guerriers de la IXe Légion, les pertes commencèrent rapidement à s’accumuler alors que les Blood Angels s’efforçaient de dégager le vaisseau et de protéger ceux qui étaient prisonniers des combats. Plusieurs détachements, coupés et isolés dans les compartiments de l’équipage remplis de blessés, ne furent sauvés que par l’apparition des Custodiens Ephoroi, dont les redoutables compétences martiales bouleversèrent le cours du combat. Dans les ponts inférieurs, c’est l’apparition des Space Wolves du Thegn Couteau-Rouge qui scella la brèche. Debout comme un seul homme, les forces disparates à bord du Red Tear firent reculer la horde de Démons pour découvrir qu’un coup beaucoup plus mortel avait déjà été porté contre eux.

Alors que les guerriers en rouge, or et gris combattaient et mouraient dans les cales sombres du vaisseau, c’est le pont de commandement éclairé qui vit les combats les plus critiques. Ce n’était pas une bataille de lames et de canons, mais plutôt une bataille de volontés. Ce choc des esprits n’en était pas moins mortel, et le coup du sort soudain du grand cuirassé fit pencher la balance contre les Blood Angels et leurs serviteurs. Bien que les Blood Angels aient depuis pris des mesures pour effacer le nom de l’officier responsable, l’un des commandants du Red Tear sombra dans le désespoir, massacra ses camarades et détruisit le principal centre de contrôle. Privée du lien de contrôle qui le guidait, le Red Tear tomba de son orbite comme un ange brisé qui traînait des ailes de flammes en pénétra dans l’atmosphère de Signus Prime. Un navire de moindre importance aurait été déchiré par la gravité de Signus Prime, mais le Red Tear était l’un des rares cuirassés survivants de la flotte de l’Empereur. Crée dans les chantiers navals orbitaux de Jupiter et complété par les arts subtils des adeptes martiens, le navire surpassait de loin les autres de sa catégorie. Bien que les rigueurs de la descente aient noirci sa coque et voilait la gaine blindée qui l'entourait, les compartiments centraux enfouis en son cœur restèrent intacts alors même que l'avant du grand navire s'enfonçait dans la surface corrompue de Signus Prime.[19]

La Naissance des Malédictions et des Légendes

L’Épave du Red Tear[20]

Lors de sa chute de l’orbite enflammée, le Red Tear creusa une vaste cicatrice sur le visage de Signus Prime, mais bien que ses couches extérieures aient été fracturées et brisées, sa structure centrale est restée intacte. Toutes les fonctions primaires sont restées entières et opérationnelles, mais près de 80 % de ses fonctions secondaires étaient inopérantes, certaines à cause de dommages directs et d’autres à cause de surcharges en cascade des dérivations de puissance et des systèmes de ventilation. Bien que les cloisons internes, les réseaux vox et les quatre faisceaux augures externes demeuraient opérants, aucune des batteries principales n’était en état de fonctionner et seulement sept pour cent des canons de défense ponctuelle pouvaient encore tirer. Pire encore, les moteurs étaient paralysés, et sans travaux de réparation importants, le grand navire était condamné à rester échoué à la surface du Signus Prime, une triste fin pour un fier navire de guerre.

De l’effectif de l’équipage et des détachements rattachés à la Legiones Astartes, de nombreuses pertes furent signalées. Nombre d’entre eux avaient péri et un grand nombre avaient subi des blessures non critiques, et les quelques postes médicaux qui fonctionnaient encore furent rapidement débordés par les soins prodigués aux survivants. Sanguinius lui-même ordonna que la priorité soit donnée à l’équipage humain, tandis que les Legiones Astartes comptaient sur leur propre force morale posthumaine pour compenser les membres endommagés et les blessures internes moins graves. Au total, il restait 734 Legiones Astartes opérationnels à bord du Red Tear, et 912 autres dont les blessures ne les empêcheraient pas de combattre. À cet effectif s’ajoutaient les 36 Space Wolves et 34 Custodiens survivants, ainsi que le Primarque lui-même et un certain nombre des officiers supérieurs de la Légion qui étaient à bord au moment de l’accident. Enfin, il ne restait que 3 000 membres d’équipage survivants de la Marine Impériale, dont peut-être 600 étaient formés et prêts au combat pour la sécurité navale.

Au total, malgré les dégâts qu’il avait subi, le Red Tear restait une forteresse hautement défendable et une tête de pont idéale pour toute attaque terrestre contre Signus Prime même. Sa coque extérieure présentait une barrière égale à n’importe quel mur de bastion et les guerriers qui s’y trouvaient pouvaient tenir bon contre n’importe quel ennemi conventionnel jusqu’à ce qu’on les relève. N’eut été de la nature de leur ennemi et des armes qu’ils déployèrent, l’histoire aurait pu suivre une voie bien différente.

Le conflit sur et au-dessus de Signus Prime avait presque atteint son apogée. Sanguinius était tombé au cœur du piège soigneusement construit par Lorgar, isolé de la vaste puissance de feu de son armada et était témoin de la vulnérabilité de sa Légion. Il ne restait plus qu’à mettre en scène la dernière partie de la destruction de Signus, et pousser les Blood Angels dans leur retranchement et libérer le sombre potentiel que Lorgar et ses alliés voyaient en eux. Pourtant certaines pièces du piège n’était pas dans la place prévue. Dans les cieux au-dessus de la bataille qui faisait encore rage, la chute du Red Tear n’avait pas réussi à briser les Blood Angels et avait plutôt galvanisé les vaisseaux restants à se battre avec encore plus de vigueur, alors que dans l’épave du Red Tear lui-même, Sanguinius et ses fils s’en tenaient toujours à leur conviction d’une victoire honorable. Ce sont les actions et les changements apportés dans cette bataille finale qui décideraient de l’issue de toute la campagne et peut-être même de l’Imperium.

La bataille elle-même a été immortalisée depuis longtemps par le poème épique La Chute de l’Ange, écrit par le Commémorateur Alexandre Pontif dans les années qui ont suivi la Siège de Terra. On dit que l’estimé Commémorateur aurait utilisé le témoignage des propres écrits du Primarque tombé aux champs d’honneur, mais ce récit fantaisiste se concentre beaucoup plus sur le symbolisme et les présages que sur les actes du Grand Ange. Bien que ces événements, aujourd’hui immortels, soient essentiels au destin de la bataille et de la Légion dans son ensemble, ils ne sont pas toute l’histoire - car chaque Légion est bien plus que simplement son Primarque. Le sort des Légionnaires lors de la bataille finale est le récit le plus vrai de la malédiction qui s’est déchaînée sur la Légion pendant les combats sur Signus Prime, et c’est par leurs sacrifices et leurs triomphes que l’avenir des Blood Angels s’est décidé autant que par ceux de Sanguinius.

Alors que Sanguinius examinait les ruines de son vaisseau amiral et ralliait les survivants à la lutte qu’il savait devoir mener, ce sont les Légionnaires qui l’entouraient qui ont commencé la bataille proprement dite. Raldoron, Premier Capitaine de la Légion, commença par contacter des vaisseaux de la Légion en orbite qui n’étaient pas nécessaire à la bataille qui se déroulait encore désespérément en orbite. Bien que les vaisseaux-cadavres ci-dessus n’aient pas relâché leur assaut sur l’armada des Blood Angels, il n’y avait pas de pénurie de volontaires. En effet, les Capitaines des Trois Cent Compagnies rivalisèrent farouchement pour faire partie de ceux choisis pour descendre à la surface de Signus Prime, bien qu’aucun de ceux qui furent désignés pour rester en arrière et garantir la sécurité de la flotte ne s’est plaint ou n’ait refusé de donner suite à leurs ordres. Ce n’étaient pas les Loups impulsifs de Fenris ou les fils rebelles de Konrad Curze, et bien que chacun des guerriers cramoisi n’ait pas moins de ferveur que leurs frères, ils comprirent qu’une noble victoire exigeait le sacrifice de leurs désirs.

Dans un ciel où des géants de métal se battaient avec des cauchemars incarnés de pierre et de chair, se lancer simplement à la surface n’était guère mieux que du suicide. Au lieu de cela, les croiseurs les plus légers et les plus rapides de l’armada mirent en scène ce qui devait ressembler à une évasion de l’essaim de cadavres qui les entourait, une tentative de percer l’ennemi et d’atteindre l’espace ouvert au-delà de l’orbite. Les combats furent féroces, surtout avec de nombreux membres d’équipage encore inopérant, et parmi les navires envoyés, aucun ne revint sans dommage, le Dragon’s Scale et le Zodiac Wheel furent si sérieusement touchés qu’ils furent retirés de la ligne de bataille malgré le besoin urgent en vaisseaux. Ce sacrifice a permis à plusieurs des plus gros vaisseaux de la flotte de traverser les forces ennemies affaiblies en orbite basse et de lancer une pluie de Modules d’Atterrissage et de navettes d’assaut dans le ciel jaune de Signus Prime.

Là, à la surface, les anges tombés du ciel virent un spectacle qui remonta leur moral. Le Red Tear avait été transformé en quelques heures d’une épave brisée en une puissante forteresse, la bannière rouge de Sanguinius volant bien au-dessus du pont de commandement détruit. C’est là que 80 000 guerriers des Blood Angels se rassemblèrent, avec des bannières représentant presque toutes les Compagnies et tous les Ordres de la Légion, aux côtés des petites Compagnies des Legio Custodes et des Space Wolves qui survivaient encore. Les commandants se rencontrèrent et établirent des plans - les éclaireurs envoyés avaient découvert une forteresse située en face du Red Tear et cela marqua leur objectif à la surface. Bien que la nature de cette citadelle ait difficilement pu être décrite, elle portait les marques des créatures qui les avaient nargués dans des pièges à travers le système, ainsi que les bannières des traîtres Word Bearers, et qui servirent à en faire une cible. De plus, Sanguinius lui-même avait ordonné qu’elle tombe, malgré l’avis de plusieurs de ses lieutenants selon lequel il serait plus sage de simplement renforcer le Red Tear et d’attendre que la flotte prenne le contrôle. Pourtant, la colère de l’Ange ne pouvait être ni contrainte ni ajournée - sur sa parole, les Blood Angels se rassemblèrent enfin pour la guerre, pour exiger de l’ennemi un prix en sang pour le mal qu’ils avaient fait à l’Imperium.[21]

Secteur 056 - 08n : Dans le Cœur de l'Enfer

Le Feu dans le Ciel[22]

La chute du Red Tear n’a pas marqué la fin de la bataille en orbite, mais simplement un changement de rythme. Pour les deux camps, le départ de ce puissant cuirassé et la trahison apparente de ceux qu’ils avaient comptés comme frères dictèrent un changement de tactique. Pour les Blood Angels, c’était maintenant une bataille pour s’assurer un chemin pour le rétablissement du Primarque, tandis que leurs ennemis semblaient se contenter de vouloir garder l’armada en orbite haute. Leur nombre supérieur, presque inépuisable, leur offrait l’avantage sur les Blood Angels, car bien que les vaisseaux de la Légion étaient individuellement supérieurs, chaque coup porté contre eux les affaiblissait, tandis que les cadavres étaient inépuisables et infatigables. Le Covenant of Baal prit le commandement de la flotte, avec l’Archein Halbeth de la 14e Compagnie comme officier supérieur, un guerrier connu pour ses stratégies prudentes mais très efficaces. C’est sous ses ordres que les vaisseaux des Blood Angels firent de l’unité de la flotte leur première priorité, se limitant à des opérations largement défensives face aux nombreux ennemis, des croiseurs lourds et des cuirassés formant un front clair de l’armada avec leur formidable puissance de feu, tandis que les navires plus légers balayaient les secteurs assignés à l’avance pour protéger les plus gros navires des petits vaisseaux et des navires errants. Au lendemain de la Bataille pour Signus Prime, certains blâmèrent la prudence d’Halbeth pour les pertes subies en surface, affirmant qu’un assaut frontal aurait pu briser les rangs de l’ennemi et lui permettre de faire pleuvoir la mort depuis l’orbite sur les hordes en dessous. La question de savoir si une telle affirmation est véridique est quelque chose qu’on ne pourra jamais savoir aujourd’hui. Ce qui est certain, c’est que, malgré la férocité écrasante de la flotte-cadavre, les Blood Angels sortirent de la bataille en orbite avec moins de dix pour cent de leurs vaisseaux inscrits comme pertes au combat. Avec les épreuves à venir, si un officier plus féroce avait échangé la force de combat de l’armada contre une chance de sauver Sanguinius, il les aurait simplement condamnés à une destruction plus complète dans les années qui suivraient.

La surface de Signus Prime qui devait servir de scène à leur vengeance n’était guère plus qu’un champ de boue puant et de roches cassées. Elle était dépourvue de tout repère ou signe réel de civilisation qui aurait dû être présent, et une pluie lente et incessante de sulfure et de soufre réduisait la visibilité à un peu plus de quelques dizaines de mètres dans toutes les directions. Les premières tentatives pour cartographier la zone entre le Red Tear et la Cathédrale de la Marque avaient largement échoué, la surface du monde sous leurs pieds changeant et se déplaçant alors même qu’ils tentaient de la localiser. Ainsi, le premier acte de la campagne des Blood Angels fut d’imposer un semblant d’ordre à ce paysage changeant, en imprimant une grille de secteurs définis à travers les plaines vides et en forçant à mettre un certain ordre là où il n’y en avait pas.

Les secteurs centraux, de Delta-05 à Eta-08, furent désignés comme la cible principale de l’attaque initiale. Cette zone constituait le meilleur terrain de rassemblement pour un siège complet de la vaste cathédrale assise à l’opposé du Red Tear, mais elle devait être aussi probablement la plus fortement défendue. Ainsi, la force principale de l’armée rassemblée sur Signus Prime fut chargée de prendre cette zone et de consolider une position pour l’assaut final ; peu parmi les rangs rassemblés de la IXe Légion doutaient qu’ils l’emporteraient avec le Primarque à leur tête et les meilleurs de ses fils rassemblés dans leurs rangs. Avec le rugissement dans l’air, des milliers de véhicules blindés lourds autour de l’épave-forteresse accueillirent les Blood Angels confiants, anticipant chacun une victoire rapide et décisive malgré les événements qui les avaient menés en ce lieu, les acclamations et les chants de bataille sonnant aussi fort que les moteurs de leurs machines de guerre. Sanguinius se mit en spectacle pour indiquer la direction à suivre, les ailes blanches tendues et la lame d’argent dressée haut contre l’horizon empoisonné.

Repoussant vers le ciel derrière eux la poussière de soufre de Signus Prime, le fer de lance blindé de Land Raiders et de Sicaran s’enfonça dans l’obscurité, les phares brillaient comme des lances. Avant leur départ, des unités de reconnaissance de la Légion avaient balayé l’approche et trouvé aucune fortification ou de défense destinées à les arrêter. Sans opposition, le fer de lance blindé atteindrait la Cathédrale de la Marque en une heure Terrane standard, mais cela ne sera pas le cas - une seule relique de l’ancien Signus Prime restait pour arrêter leur avancée. Hurlant alors qu’ils sortaient du voile de cendres et de pluie, les derniers habitants de la planète que Sanguinius était venu sauver tombèrent sur les Blood Angels en criant à mort. Ils ressemblaient peu aux fiers citoyens de l’Imperium. Vêtus de haillons et armés de bâtons et de pierres, ils ressemblaient plus à des bêtes qu’à des hommes. Bien qu’il ne s’agisse que d’un minuscule fragment de la vaste population qui habitait autrefois Signus, la horde en comptait des dizaines de milliers et ils tombèrent sans hésitation sur les Blood Angels, submergeant le fer de lance de leur nombre.

Les canons de la IXe Légion tonnèrent mais le nombre de corps jetés contre eux ne put être arrêté. Les citoyens avilis de Signus semblaient souhaiter mourir des mains de leur sauveur, tant ce qu’ils avaient enduré depuis la chute de leur foyer les avait complètement brisés, dépouillés de leur humanité et liés corps et âme à leurs conquérants. Le Grand Ange, Sanguinius, se retira face à l’assaut, incapable de massacrer ceux qu’il était venu sauver, et le fer de lance blindé s’enlisa au milieu du massacre qui se déroulait. Le cœur lourd, Sanguinius arrêta la marche et ordonna aux colonnes d’infanterie qui suivaient d’avancer, appelant les Angel’s Tears, les Destroyers de la IXe Légion, pour dégager un chemin vers l’avant. Sinistre d’aspect et résolu d’action, l’Erelim au masque d’argent déchaîna un nouvel enfer sur Signus Prime.

La Cathédrale de la Marque[23]
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Des villes en ruines, des champs autrefois verdoyants en flammes, des fumées nauséabondes et nocives se répandant dans le ciel tandis que les cadavres innombrables des morts pourrissaient à la surface - c’est ce que les Blood Angels s’attendaient à trouver sur Signus Prime. Pourtant, à la suite de l’accident du Red Tear, ils n’ont trouvé qu’un terrain vague vide, dépourvu de toute trace du Signus Prime enregistrée dans les photos d’archives de l’Imperium. En effet, les premiers relevés effectués dans les environs du lieu du crash n’avaient rien révélé du tout. Ce n’est que plusieurs heures après le débarquement des Blood Angels que la structure, appelée plus tard la Cathédrale de la Marque, fut localisée dans une zone qui avait déjà fait l’objet d’un relevé. La structure elle-même était d’une taille significative, avec des murs intérieurs et extérieurs ainsi qu’un certain nombre de tours fortifiées, bien assorties comme toute forteresse moderne de l’Imperium. Bien que les matériaux utilisés dans sa construction semblaient peu orthodoxes, ressemblant à de l’os ou de la chitine plus qu’au ferrobéton standard, il devait s’avérer tout aussi résistant au feu des armes. Il est inconcevable qu’une fortification aussi importante ait pu passer à travers les scanners, mais des rapports antérieurs et même des balayages orbitaux ne montrent la structure que longtemps après le crash, lorsqu’elle apparu à un endroit faisant face au Red Tear sur une vaste plaine, à 70 kilomètres peut-être. Le positionnement est aussi suspect que son apparition soudaine, son emplacement n’avait aucune valeur stratégique et ne servait qu’à en faire une cible tentante pour un adversaire désireux d’exprimer sa colère sur l’ennemi. N’importe quel commandant militaire compétent devait supposer qu’il s’agissait d’un piège du genre le plus évident, et pourtant Sanguinius choisi quand même d’ordonner un assaut à grande échelle.

À l’insu de la majorité de ses fils, le Grand Ange voyait clairement l’intention de son ennemi. Il savait que ce qu’il cherchait vraiment dans Signus n’était pas une simple reconquête d’un système stellaire tombé, mais l’avenir de ses fils et de la IXe Légion. La Cathédrale de la Marque était un défi direct qu’il ne pouvait ignorer.

Les canons des Bolters massifs des lignes d’infanterie des Blood Angels et le canon flamboyant et à rotor des Erelim repoussèrent le premier assaut, ne laissant derrière eux que les cadavres des morts, ce qui offrit une paix définitive par une mort brutale. Cependant, ce n’était qu’un répit temporaire, et les Blood Angels se trouvèrent sous un assaut quasi continu et ne purent progresser que lentement vers leurs objectifs en raison du poids du nombre des assaillants. Les assauts de l’ennemi servaient moins à faire du mal aux Blood Angels qu’à perturber leur avance et à séparer les différentes colonnes de l’avant-garde, les rendant plus vulnérables à ce qui allait suivre. Alors que les éléments les plus lents atteignaient finalement le front de l’avancée, des escadrons de chars de combat Kratos obsolètes, provenant des arsenaux de réserve du Red Tear, se joignirent à la bataille. Auparavant retiré au profit de véhicules plus rapides et plus polyvalents tels que l’omniprésent Predator, le Kratos servait de char de soutien pour l’infanterie et son canon lourd ouvrait rapidement la voie aux fantassins. Entre la juste fureur des Erelim et des lignes d’infanterie de soutien, et la dévastation causée par les obus des Kratos, l’avant-garde commença à avancer à nouveau.

Après moins de trois heures de combats, les Blood Angels avaient récolté un grand nombre de vies, mais avaient parcouru moins de 40 kilomètres. La traînée sanglante de corps pathétiquement brisés marquait leur passage, signe à la fois de succès et d’échec, car chaque corps représentait une autre perte dans la mission de sauver Signus. De toutes les armes utilisées jusqu’à présent contre le Primarque ailé, c’était peut-être la plus cruelle, car elle réduisait sa Légion à un peu plus que des bouchers, et chaque tir de canon et chaque cri des morts le frappait plus durement que toute épée. Malgré le départ triomphal qu’il avait supervisé, Sanguinius avait depuis passé une grande partie des combats à l’écart des lignes de front, mais cela allait changer. Avec les vagues de marionnettes humaines qui s’affaissaient face à la puissance de feu et à la détermination des Blood Angels, de nouveaux ennemis avaient commencé à apparaître au milieu d’eux. Ces créatures déformées ressemblaient beaucoup à celles rencontrées sur Ta’loc et Scoltrum, chacune étant un monstrueux amalgame né des anciens mythes et superstitions de la Vieille Terra et d’une douzaine d’autres mondes. Au début, elles étaient peu nombreuses et de petite taille, facilement écrasées par les Space Marines, mais au fur et à mesure qu’ils avançaient, elles commencèrent à apparaître de plus en plus, jusqu’à ce que les Blood Angels ne soient plus confrontés non par une horde d’esclaves mal équipées, mais à un essaim de cauchemars, dont certains dominaient même la plus puissante des machines de guerre de la IXe Légion.

Alors que Sanguinius s’avançait pour se tenir debout devant le Démon Majeur, sa lame levée en signe de défi, la seule réaction du monstre fut un sourire.

C’est alors que le Grand Ange apparu de nouveau, avec une fureur froide et l’acier brillant. Son ennemi enfin à portée de main, il donna libre cours aux premiers remous de sa colère, maniant son épée avec une habileté implacable qui réduisit même les plus gros monstres du Warp en une ruine épouvantable. Le retour du Primarque aux ailes blanches sur les lignes de front renouvela la vigueur de ses fils, et avec le meurtre de chacune des créatures, leur esprit s’éleva. C’était une bataille qui leur était familière, un ennemi auquel ils pouvaient faire face, un ennemi qu’ils croyaient pouvoir tuer et une lutte qu’ils pensaient pouvoir gagner selon leurs propres termes. Les Compagnies avançaient à grands pas, rivalisant pour se frayer un chemin aux côtés du Primarque qui combattait à l’avant-garde de l’avancée. Les guerriers en Armures Terminator des 5e et 9e Compagnies dépensèrent tellement de munitions pour percer un chemin vers l’avant que leurs réserves commencèrent à s’épuiser, tandis que même les lames de combat bien affûtées de la 5e Compagnie s’émoussèrent à la longue. L’Archein Maulgrehn et les fiers guerriers du 11e combattirent aux côtés des vétérans du 24e, résolus dans leur dévouement au Grand Ange, alors que le sol se fendait et craquait pour dégorger de nouveaux essaims de créatures immondes.

Alors même que les forces de l’ennemi augmentaient devant eux, composées de monstruosités, de dégénérés et de bêtes, les Blood Angels ne ralentirent pas. En effet, la résistance qu’ils rencontraient ne fit qu’alimenter leur fureur au combat et les encouragea à se battre avec plus ardeur. Chaque grand troll qui s’écrasait sur les chars de combat Kratos et les transports Land Raider était un autre trophée à prendre, chaque troupeau de chimères brayant abattu offrait une vengeance pour les habitants de Signus. Le courage et l’habileté de la IXe Légion étaient tels que leurs pertes étaient légères, les blessés insistant pour rester à l’avant-garde tandis que ceux trop gravement touché étaient rapatriés vers le Red Tear dans les transports retirés du front à cause des dégâts. Six heures après le début de la bataille, les Blood Angels, avec Sanguinius à leur tête, atteignirent finalement le point de référence Zeta-07 au centre du champ de bataille qui se trouvait entre le Red Tear et la Cathédrale de la Marque. Là, debout au sommet des collines comme un dieu obscur de la boucherie, attendant comme s’il savait quel met sanglant allait venir pour être savouré, se trouvait un miroir sombre, ailé et grotesque au Primarque angélique. Dans chaque récit de cette bataille, chaque description de cette créature monstrueuse varie légèrement, mais tous s’entendent sur un point - alors que Sanguinius s’avançait pour se tenir debout devant elle, sa lame levée en signe de défi, sa seule réaction fut un sourire.[24]

Secteur 01n - 041 : Les Lauriers du Devoir

L’Ost du Flanc Gauche[25]

Assemblé pour servir de simple force de projection pour l’avance principale, le flanc gauche était la plus petite forces rassemblés pour la bataille finale. Ainsi, ses commandants ne figuraient pas parmi les légendes de l’Imperium de l’époque et les guerriers sous leur commandement ne s’attendaient guère plus que de connaître la gloire amère du devoir accompli tandis que d’autres combattraient sous les feux de l’histoire.

  • Chaîne de Commandement :

Bien que relié aux canaux vox de l’avant-garde durant les premières étapes de la bataille, le flanc gauche fonctionnait avec une grande indépendance, les commandants désignés prenant la majorité des décisions tactiques.

  • Archimagos Domina Erane Shurol, Prime-locus de la Capita Aquilae
  • Centurion Aster Crohne, commandant de la 94e Compagnie et des unités rattachées pour la durée de la campagne.
  • Le Flanc Gauche :
  • Les 53 manipules restants de la Capita Aquilae, comprenant un mélange de différents modèles et de types d’Automates, des humbles Automates-Scouts Coleoptera aux imposants Automates de Siège de classe Thanatar.
  • 300 guerriers de la 94e Compagnie, ainsi que 400 autres Légionnaires de Compagnies dont les commandants n’étaient pas présents à la surface, dont un grand nombre des plus anciens Dreadnoughts réveillés de leur sommeil dans l’épave du Red Tear.

Placé comme un sombre linceul sur le flanc extrême gauche du champ de bataille, se trouvait un bourbier d’arbres rabougris et de bruyères tordues. Bien que n’étant pas une menace en soi, il servi de camouflage parfait pour les forces ennemies cherchant à se rassembler hors de la vue de l’avant-garde qui s’approchait de la Cathédrale de la Marque, surtout avec l’aura étrange de Signus Prime qui interférait avec les tentatives de balayage orbital. Laissé sans surveillance, elle constituait une menace pour toutes les opérations entreprises contre ce que Sanguinius croyait être le principal bastion de l’ennemi, mais peu d’entre eux se réjouissaient d’être exclus de la bataille qui allait suivre. En tant que tel, le devoir incombait au seul contingent de l’armée réuni devant le Red Tear qui n’avait aucune fierté blessée, ni un besoin de vengeance à satisfaire.

Les rangs silencieux des Automates de Bataille qui composaient la Capita Aquilae se posèrent en renfort dans un trio d’atterrisseurs de classe Maggadon. Les engrammes de leur cortex artificiel n’enregistraient aucun déshonneur à être exclus de la bataille principale, et la Magos Domina Shurol comprenait bien la nécessité stratégique de l’action. Sans la fanfare qui accompagnait le départ des Blood Angels, et dans un silence presque total, les guerriers en métal de la Legio Cybernetica formèrent les manipules et avancèrent vers l’avant. À leurs côtés se trouvait la 94e Compagnie, toujours sous le commandement temporaire du Centurion Crohne et toujours marquée par leur opération ratée sur Ta’loc. Le 94e, spécialisé dans les actions d’escarmouche et de reconnaissance, était bien adapté pour agir comme une force d’accompagnement et en tant que relique de l’ancienne IXe Légion était considérée comme une honte du passé de la Légion par beaucoup dans le cercle restreint des Blood Angels.

Passant dans la canopée de la forêt sombre et brisée, la 94e trouva rapidement le terrain aussi hostile que n’importe quelle armée ennemie. En effet, elle combattait leur avancée avec autant de ténacité que n’importe quel ennemi, les racines des arbres jaillissaient de terre pour les accabler et s’agripper à eux, tandis que les épines perçaient même à travers la céramite. La furtivité et la vitesse furent rapidement abandonnées et les forces du flanc eurent recours aux flammes et à la majeure partie des Automates plus grands pour tracer un chemin vers l’avant. Malgré la difficulté à s’infiltrer dans la forêt, l’ost ne rencontra pas les mêmes hordes d’ennemis que le fer de lance central. Aucun des citoyens tombés au champ d’honneur de Signus ne rôdait dans les bois, seulement les créatures corrompues qui semblaient nées de superstitions et de mythes anciens et celles qui n’évoluaient qu’au sein de petits groupes. Tombant sur les Blood Angels dans des embuscades frénétiques et sans se soucier de leur propre survie, elles ne causèrent que peu de pertes, mais ne visèrent que les guerriers de la IXe Légion, vêtus de rouge, ne prêtant guère attention aux Automates sauf quand les géants métalliques déployaient leur force inhumaine au combat.

Animé par la loi irréfutable de la logique, qui dictait la préservation des moyens de combat pour des dépenses ultérieures, la Magos Domina Shurol ordonna à la Capita Aquilae de prendre les lignes de front. Les Automates de Siège Thanatar précédèrent l’avancée en créant un barrage d’explosions de plasma, réduisant en cendres les sous-bois cachés et les arbres-démons en confettis. Tandis que de robustes Automates guerriers Castellax renforçaient les formations de la 94e Compagnie, les ancrant contre toute attaque, les Automates de classe Vorax rejoignirent les escadrons de reconnaissance à la pointe de l’attaque. Les deux forces combinées firent de rapides progrès, dépassant rapidement l’avance de Sanguinius et de l’ost principal dans les plaines de boue, et les cris inhumains des arbres en flammes étaient ce qui restaient de leur assaut.

En l’espace de quelques heures, ils avaient atteint le cœur de la forêt, comme l’avait ordonné le Grand Ange. Derrière eux, il n’y avait que cendres et ruines, leur objectif accompli avec une telle rigueur brutale que la Magos Domina les déclarèrent acceptable. Bien qu’ils aient quand même subi les attaques des créatures qui grouillaient sur les côtés de la grande horde contre laquelle Sanguinius faisait face de front, le flanc était maintenant sécurisé. Les rangs silencieux des Automates et les Blood Angels rôdant se tenaient en sentinelle contre toute horde cachée de monstres qui pouvaient menacer l’armée principale de Sanguinius. Alors que le Centurion Crohne transmettait le code vox qui signalait son succès, lui et ceux qui l’accompagnaient virent une lumière rouge à l’horizon, centrée sur la colline contre laquelle le Grand Ange avait placé sa force, une lumière dont l’éclat désolant brisa leur sentiment victorieux.[26]

Secteur 09B - 11y : La Main Invisible

L’Ost du Flanc Droit[27]

Composée presque entièrement de véhicules d’artillerie plus lents, comme les chars Medusa et Basilisk, de plates-formes Rapier plus petites et de Dreadnoughts Deredeo, la force affectée au flanc droit avait un seul objectif : occuper le secteur Gamma-10 et fournir un appui-feu pour l’avancée principale. À cette fin, ils étaient accompagnés d’une force d’infanterie pour assurer la sécurité en cas d’assaut aérien et pour fournir des données de ciblage précises en l’absence d’une liaison augure vers les vaisseaux spatiaux en orbite.

  • Chaîne de Commandement :
  • Archein Betric Sizal, commandant les réserves d’armureries militaires.
  • Vénérable Hamonah, Dreadnought Keruvim, autrefois Seigneur des Vents de Tempête et Premier des Paladins Cramoisi.
  • Le Flanc Droit :

Organisée en 18 batteries séparées, la force principale sur le flanc droit se composait de véhicules d’artillerie et de Dreadnoughts lourds - au total quelque 300 véhicules lourds, 518 plates-formes Rapier et autres plates-formes d’artillerie légère et 73 Dreadnoughts.

À cette force étaient rattachés les restes des 146e et 19e Compagnies, qui avaient toutes deux subi de lourdes pertes cours du déflecteur orbital et du largage subséquent, et qui comptaient au total 900 guerriers. Les survivants du 146e étaient pour la plupart des escadrons de soutien lourdement armés, tandis que la 19e était composé en grande partie d’escadrons de Breachers et d’autres spécialistes de la Zone Mortalis.

De l’autre côté du champ de bataille, formé de roches concassées et brisées, compacté en monticules bas par une force inimaginable, une série de collines dominaient le flanc droit. Surplombant à la fois les vastes plaines et les imposantes fortifications de la Cathédrale de la Marque, c’était une position que les stratèges des Blood Angels considéraient comme idéalement située pour servir de position d’artillerie et de soutien-feu. Ainsi, les véhicules blindés et les plates-formes d’artillerie se déplaçant plus lentement furent récupérés dans les armureries du Red Tear et, jugés incapables de suivre le rythme de l’avance principale, furent affectés au soutien de l’infanterie et reçurent l’ordre de sécuriser la position.

Comme pour les autres divisions de l’assaut, l’avance initiale fut rapide, bien que les plates-formes d’artillerie plus lentes et les Dreadnoughts n’aient pas pu égaler le rythme du principal ost de Sanguinius au centre. Comme à l’avant-garde, les Blood Angels étaient assaillis par les restes brutalisés du peuple de Signus Prime, mais en nombre insuffisant, les canons de l’escorte d’infanterie et les Dreadnoughts en marche pouvant facilement les contenir. Pourtant, les corps des esclaves gémissants n’étaient pas dépensés pour détruire les Blood Angels, mais simplement pour les retarder, car pour repousser l’attaque, les éléments les plus lents du convoi furent obligés de s’arrêter pour faire feu. Malgré la puissance de feu des plates-formes Rapier et des canons lourds, l’ennemi ne céda pas à l’assaut, se jetant dans le barrage sans hésitation ni remords, déterminé à les maintenir cloués en place.

Contrairement aux simples directives des généraux mortels, les ordres du Grand Ange ne devaient pas être mis de côté tant que ses fils conservaient leur faculté et leur volonté de combattre. Les guerriers de la 19e Compagnie menèrent la première tentative d’évasion, avançant derrière un mur de boucliers de céramite avec des Bolters qui créèrent un chemin vers l’avant à travers la masse des corps. Les malheureux mal armés qui étaient tout ce qui restait du peuple de Signus ne purent les retenir. Pourtant l’assaut fut repoussé. Des êtres d’une stature comparable à celle des fils de Sanguinius, mais en armure couleur gris ardoise, arrêtèrent de nouveau leur progression avec une série d’assauts et d’embuscades qui paralysèrent un certain nombre de chars d’artillerie. Les Word Bearers étaient de retour et cette fois leur loyauté était évidente, déclarée non pas pour leurs frères, mais au service de ceux qui avaient détruit Signus et son peuple.

Les Traîtres en gris étaient moins nombreux que leurs frères en rouge, mais le choc fut tel dans les rangs des Blood Angels de voir leurs camarades Legiones Astartes faire la guerre à leurs frères à la demande des monstres que les fils de Sanguinius faillirent dans l’attaque. L’avancée sur la droite s’enlisa et ralentis, se dissolvant en escarmouches et en actions de maintien dans les contreforts du secteur Beta-09. Les Word Bearers se battirent avec ténacité pour tenir l’artillerie de Sanguinius à l’écart de l’affrontement principal, et les Blood Angels n’avaient pas les effectifs nécessaire pour combattre sans subir d’importantes pertes. Alors que Sanguinius s’avançait pour affronter le prince obscur de Signus Prime, les guerriers du flanc droit ne pouvaient observer de loin que les nuages sombres et crépitants de cendres et d’éclairs vils qui se rassemblaient à l’horizon.[28]

Secteur 06( : Des Rêves Réduits en Cendres

L’Ange et le Démon[29]

Dans les annales de l’Hérésie d’Horus, il y a beaucoup de confrontations qui sont devenues des légendes à part entière, des duels qui ont ébranlé les fondements mêmes de l’Imperium et marqué le cours de l’histoire de part leur conséquence. Quand Ferrus Manus tomba des mains de son frère, quand Magnus et Russ s’entre-déchirèrent sur Prospero et quand l’Empereur et Horus se rencontrèrent lors du combat final, tout cela resta à jamais dans la mémoire de l’Humanité longtemps après que les détails de cet âge sombre aient été oubliés. La première bataille entre Sanguinius et le Démon connu sous le nom de Ka’Bhanda devrait compter parmi ces récits épiques, mais dans la Légion des Blood Angels, il a longtemps été tabou d’en parler.

Cet affrontement, plus que tout autre, allait leur ouvrir la voie pour les millénaires à venir. Pourtant, contrairement à tant d’autres batailles, elle ne devait pas être décidée par quelque chose d’aussi simple que la force des armes. Les deux êtres, tous deux puissants au-delà de la mesure des mortels, échangèrent des coups qui pouvaient pulvériser la plus belle armure et briser les collines qui les entouraient, et pourtant les blessures qu’ils se causèrent n’avaient que peu d’importance. Pressés par l’imposante bête démoniaque, Sanguinius se battit dans le ciel, des ailes blanches contre des ailes noires pointues, et pourtant aucun des deux ne pu se porter un coup décisif. Les cieux tremblèrent pendant qu’ils combattaient, et quand ils tombèrent, épuisés par leur duel et les nombreuses blessures qu’ils portaient, le sol s’effondra sous eux, et ils se relevèrent quand même pour continuer leur combat. Ce conflit ne devait pas être réglé par des lames, mais par des mots.

La grande hache de bronze et le fouet à lames du prince du Warp ne pouvaient pas frapper aussi vivement que les mots qu’il prononça, mots qui arrachèrent le cœur du Primarque ailé - "Horus t’a trahi". La possibilité de la trahison l’avait tourmenté depuis son arrivée à Signus, mais à présent la vérité le frappa comme la foudre. La créature Ka’Bhanda en profita pour frapper encore une fois, mettant le Grand Ange à genoux. C’est là que le coup final fut donné. Ce n’était pas une simple blessure, une blessure qui ne faisait couler que du sang et qui pourrait un jour guérir. Ka’Bhanda frappa l’âme du Grand Ange, attendant avec le Primarque à ses pieds pendant que les fils de Sanguinius avançaient pour protéger leur père. Il attendit que le Primarque voit le dévouement de ses fils, la foi qu’ils avaient en leur père et le courage dont ils firent preuve en son nom. Il attendit que Sanguinius prenne note de chacun de ceux qui cherchaient à venir à son secours. Puis Ka’Bandha les détruisit tous et jeta l’âme du Primarque dans une obscurité plus grande que toute blessure mortelle n’aurait pu accomplir. C’est une obscurité qui persista longtemps après ce jour sur Signus Prime et qui ne sera peut-être jamais chassée.

Attendre au centre du champ de bataille était un cauchemar inimaginable, une vision de folie dont beaucoup au sein de l’ost rouge avaient été témoins dans les rêves fiévreux qui les avaient hantés pendant les combats à Signus. Elle se manifestait sous la forme d’un géant revêtu de bronze et couronné de cornes sombres, dont le battement des ailes faisait pleuvoir des nuages qui s’agitaient au-dessus un déluge de sang rance, et derrière, s’y trouvait une horde de créatures plus petites dont la teinte cramoisie et de bronze correspondait à celle de leur chef et dont le nombre remplissait les plaines jusqu’à l’horizon. Ce que les Blood Angels avaient affronté jusque-là n’était qu’une fraction de la horde qui les attendait là, au cœur du champ de bataille. Malgré cela, le Grand Ange et ses fils n’hésitèrent pas, car ils croyaient en la justice de leur cause et la colère qui s’enflamma en eux les mènerait à la victoire, quelles que fussent les chances qui s’offraient à eux.

Avec un rugissement à la hauteur des grondements des cieux au dessus de la bataille, les Blood Angels chargèrent, Sanguinius en tête, entouré par les formes dorées de son Ikisat et les plus estimés de ses Capitaines. Toujours formés en colonnes ordonnées, l’ost principal des Blood Angels avança sous le couvert d’une grêle de Bolts et de missiles, à la rencontre des vagues désorganisées de l’ennemi telle une falaise rencontrant la mer, brisant leur formation grande ouverte. L’élan de leur attaque les amena au plus profond de la masse des ennemis, avec Sanguinius à leur tête, en train de se tracer un chemin vers la forme immobile du Démon principal connu dans l’histoire sous le nom de Ka'Bhanda.

« Rejoins-nous Sanguinius ! Rejoins Âge of Sigmar ! »

La pression de la mêlée était féroce alors que le poids des effectifs de l’ennemi les forçait à entrer dans les rangs des Blood Angels. Des horreurs hurlantes et balafrées, armées de hachoirs en fer noir, des Démons cornus de la couleur d’un vieux sang, riaient et tuaient, tandis que de vastes monstres distendus écrasaient les véhicules blindés et s’attaquaient aux Dreadnoughts. Beaucoup d’entre eux tombèrent, mais beaucoup d’autres se battirent, et lentement mais sûrement, ils gagnèrent du terrain, toujours sûrs de leur victoire finale. Sanguinius avait supervisé la chute d’innombrables civilisations et dirigé l’éradication de dangereuses races Xenos à travers la galaxie. Avec lui pour les guider, personne ne doutait que la victoire viendrait et tous se battaient pour qu’elle puisse annoncer son arrivée. Puis l’Ange se tint devant le Démon et tout changea.

Les combats qui s’étaient déroulés auparavant n’avaient été qu’un prélude comparé à ce qui se passa lors de cette rencontre. Malgré la destruction causée par le canon, la lame et le Démon, rien ne pouvaient se comparer aux compétences de Sanguinius et de son adversaire, et tous ceux qui tentaient d’intervenir dans leur duel n’étaient guère plus que des dommages collatéraux dans cette lutte titanesque. Alors que les deux figures de proue s’affrontaient, la fureur de leur rivalité amère poussa leur entourage à des exploits de destruction encore plus grands, les formations disciplinées des Blood Angels commençant à s’effilocher dans leur empressement à affronter l’ennemi lame contre lame, comme leur Primarque. Partout dans les vastes plaines au centre du champ de bataille, la guerre était menée à son niveau le plus élémentaire, les lames et les poings revêtus de céramite rencontrèrent des serres en os et des griffes rasoirs, comme des anges pourpre aux prises avec des démons de bronze dans la boue de Signus Prime. Aucun des deux camps ne pensa à la discipline ou à la stratégie, seulement à l’abattage et à la mort, tandis que dans le ciel au-dessus d’eux, les ailes blanches affrontaient les ailes noires.

Là, sous l’emprise du pouvoir étrange qui tenait Signus Prime sous son emprise, les combats firent rage pour ce qui aurait pu n’être que de simples moments ou de longues heures, le tout sous le regard maléfique du soleil corrompu de Signus. Aucun de ceux qui étaient présents et qui l’ont vécu pour en parler ne se rappelle jamais avec certitude combien de temps ils ont combattu sous son éclat, mais tous se sont souvenus quand il s’est arrêté. Pendant un moment angoissant, les Blood Angels cessèrent tous leurs luttes, pris au milieu de l’attaque, alors que leurs yeux étaient attirés par un spectacle qui défiait la raison. Ce fut au moment où la victoire leur échappa, où l’espoir disparu du champ de bataille, où la galaxie cessa d’avoir du sens. Quand le Grand Ange tomba et ne bougea plus.[30]

Secteur 01a : Le Dernier Bolt de la Victoire

L’Arrière Garde[31]

Choisie par tirage au sort, la force d’arrière-garde a été affectée à la garde du Red Tear, à la fois pour sauvegarder une précieuse relique de la Légion et pour s’assurer que l’ennemi ne prive pas l’ost d’une position de repli précieuse. Ceux qui se sont vu attribuer cette mission dans un conflit à la fois crucial et historique, étaient motivés que par la connaissance que leur devoir était essentiel à la victoire globale. En plus d’une seule Compagnie de Blood Angels, la 221e, la majorité des Paladins Cramoisis, qui avaient juré de défendre les halls du Primarque, restèrent sur le Red Tear, avec les quelques guerriers de la Legio Custodes qui avaient rejoint la flotte.

  • Commandants :
  • Barbiel, Premier parmi les Paladins Cramoisi
  • Archein Jerick Halbeth, Commandant de la 221e Compagnie
  • Préfet Kalimak Sebran, Ephoroi de la Legio Custodes
  • L’Arrière Garde :

La 221e Compagnie des Blood Angels constituait l’essentiel de la force d’arrière-garde, comptant plus de 400 guerriers au début de la bataille et composée principalement d’escadrons d’infanterie de ligne et de soutien. L’Archein Halbeth, qui commandait la 221e, avait la réputation d’être un leader solide, quoique peu imaginatif, en qui le Primarque et son cercle intime pouvaient avoir confiance pour tenir le Red Tear à tout prix. En plus des troupes de ligne, il y avait aussi environ 300 Paladins Cramoisi, des guerriers du premier cercle de la Légion qui avaient juré de garder le sanctuaire du Primarque comme les Séraphins l’avaient fait pour sa personne. Les Paladins Cramoisi, aussi connus sous le nom de Keruvim, opéraient à l’extérieur de la structure de commandement habituelle de la Légion et s’acquittaient de leurs tâches sans tenir compte de l’état du Red Tear. Les derniers défenseurs étaient les Custodiens, qui restaient à l’écart des autres guerriers, bien qu’ils se battaient facilement quand l’ennemi les attaquait. En effet, de tous ceux parmi l’ost, les Custodiens semblaient les moins surpris de la nature révélée de leur ennemi.

L’Ange était tombé. En le voyant, certains furent stupéfaits et d’autres réduits à une fureur insensée, une rage qui les consuma et enflamma un sombre feu dans leur cœur. Poussés par la rage et le chagrin, les Blood Angels les plus proches de la tragédie se jetèrent sur le prince triomphant des Démons, pour être tués par un coup de hache rendu plus puissant par le sang du Primarque sur sa lame. Ce coup élimina des centaines de Blood Angels et alimenta la Soif Rouge qui les consumait, brisant les chaînes de la rationalité et de la discipline qui les avaient autrefois liés. Seules les plus fortes volontés de la Légion pourrait freiner l’envie de combattre et tuer jusqu’à ce qu’il ne reste que des cadavres, et ces quelques guerriers, dont beaucoup étaient vêtus de l’or de l’Ikisat, formèrent un mur autour du corps inanimé du Primarque.

Il ne restait qu’un seul endroit sur le champ de bataille qui assurait une sécurité, l’épave fortifiée du Red Tear, secteur Alpha-01. Jusque-là, il n’avait subi que des raids et des escarmouches rapides de prédateurs ailés et de gros dragons à ailes de chauve-souris, et les défenseurs avaient peu souffert en termes de pertes. De plus, les chambres de téléportation enfouies au cœur du navire conservaient encore une charge suffisante pour une seule opération, téléportant le Primarque et ses gardes du corps dans le chaos du champ de bataille. Pourtant, malgré les centres médicaux sophistiquées et l’habileté des Apothicaires présents, le Grand Ange resta hors de leur portée, et sa présence même attira l’attention de l’ennemi sur eux.

Avec Sanguinius enfermé et vulnérable dans l’épave du Red Tear et beaucoup de ses fils consumés par une rage qui semblait ne connaître aucune fin, l’ennemi se déplaça pour en finir avec le Grand Ange. Alors qu’avant, les attaques avaient juste pour objectif de maintenir les défenseurs du vaisseau sur place, pas assez pour justifier l’appel de renforts, à présent, une multitude de cauchemars aériens leur tombèrent dessus. En contournant la bataille principale, les créatures tournoyèrent dans le ciel au-dessus de l’épave, le repeignant en noir par leur nombre, et descendirent en piqué pour tomber sur ceux qui défendaient le Red Tear comme une pluie terrible, sans fin et imparable. Sur les flancs du fier navire, les guerriers de la 221e qui tenaient leurs postes répondirent par une grêle de coups de feu provenant de positions retranchées et de tourelles opérationnelles, et le sang noir de Démons tomba autour d’eux dans un déluge. Ceux qui s’égarèrent dans la rage et le chagrin se jetèrent sur la horde sans réfléchir aux tactiques ou à la discipline. Mais aucune force ne pouvait arrêter une telle marée d’ennemis, seulement la retarder.

Épuisant une grande partie de leurs munitions limitées au cours de la première heure de la bataille, la 221e finit par affronter l’ennemi avec les poings et les lames sur la coque ouverte du cuirassé naufragé, la colère leur donnant la force de s’y battre. Chacun des guerriers rouges qui tombait entraînait de nombreux ennemis dans les bras de la mort, mais la 221e avait peu de vies à offrir, tandis que la horde démoniaque semblait sans fin. L’Archein Halbeth combattit à leur avant-garde, son glaive récoltant un lourd tribut jusqu’à ce qu’un rapace gonflé et pourri le porte en hauteur, les quelques guerriers restants du 221e maintenant à peine plus que des petites enclaves de résistance. Assailli par des ennemis de moindre envergure, l’Archein combattit avec défi, fendant ceux que son glaive pouvait atteindre et embrochant la grande bête qui le retenait, mais la chute fit ce que l’ennemi ne pu accomplir et l’Archein Halbeth ne se releva pas.

La 221e ne pouvant plus les contenir, l’ennemi s’élança vers les brèches de la coque du Red Tear, cherchant un chemin vers son cœur et le Primarque affaibli. Le grand piège d’Horus était maintenant bien tendu, ses mâchoires se refermant sur sa proie avec une force inexorable, mais il restait encore un obstacle avant que le coup final ne soit porté. À chaque passage ou portail à la surface de l’épave, les Paladins Cramoisi se tenaient prêts, les serments prêtés à leur Primarque étant plus puissants que la rage qui s’emparait d’eux, leurs rangs brillants entrecoupés de grands guerriers de la Legio Custodes. Leurs boucliers et leurs lames formaient une barrière impénétrable, repoussant l’ennemi à maintes reprises. Mais même des guerriers comme les Keruvim ne pouvaient s’opposer à l’infini à cette masse, et après quelques heures, moins de la moitié de ceux qui avaient commencé la bataille restaient debout.

Tandis que ses fils luttaient désespérément pour tenir le Red Tear, une autre bataille se déroula dans les profondeurs du grand vaisseau tandis que les quelques adeptes réunis du Librarius cherchaient à réveiller l’Ange. Chaque niveau du Red Tear résonnait des chocs du conflit et des cris des mourants, des cadavres humains et autres étouffant chaque point de contrôle et chaque cloison. Même l’Æther résonnait au son de la lutte des anciens Archivistes pour réveiller le Primarque de ses sombres rêves de sang et de destruction. Beaucoup d’entre eux tombèrent sous l’emprise de cette malédiction, devenant fous de rage ou de chagrin, tuant tous ceux qui croisaient leur chemin, et le désespoir s’installa comme un linceul sur le champ de bataille.

Les plus volontaristes, toujours lucides malgré la rage qui s’emparait de leur cœur, stabilisèrent leur position, sachant que le sol où ils se tenaient serait leur tombe. À l’entrée des couloirs intérieurs, les Keruvim et les Custodiens se rallient autour de Barbiel, dont le grand marteau dégoulinait de l’ichor des Démons tués. Sur la coque extérieure, les derniers membres de la 221e Compagnie formèrent un mur de corps autour du corps de leur Capitaine tombé au combat. La victoire n’était plus possible, même la simple survie semblait hors de leur portée, et pour ceux qui avaient été pris par la folie des Démons, une mort digne d’un guerrier ne les attendait peut-être pas. Ce devait être la dernière heure de la IXe Légion, car tous ceux qui étaient présents savaient que même si un miracle les préservait, ils ne seraient plus jamais les mêmes.[32]

Secteur 030 : Codicille 03.23

Des Profondeurs de l’Enfer Lui-Même[33]

À son retour sur le Red Tear, Sanguinius portait de nombreuses blessures qui auraient tué n’importe quel guerrier mortel, mais rien qui puisse terrasser un être comme un des propres Primarques de l’Empereur. Quelle que soit la blessure infligée par le grand Démon de Signus, l’Ange restait silencieux, affligée par une blessure non pas physique mais au niveau de l’âme - une affliction à laquelle les guérisseurs de la IXe Légion étaient mal équipés pour faire face. Sanguinius languissait dans un état plus proche de la mort que de la vie, insensible à la furieuse bataille menée par les Apothicaires qui cherchaient à le ranimer et par les guerriers du Red Tear qui cherchaient à retenir l’ennemi.

Ce n’est pas l’habileté des savants ou la vaillance des braves qui restaura le Grand Ange, mais plutôt la désobéissance des exclus. Une blessure telle que celle subie par le Primarque n’existait pas dans le royaume mortel, mais dans celui de l’âme, et de toute la Légion, ce sont les érudits guerriers de l’ancien Librarius qui savaient le mieux comment traiter un tel mal. C’est ainsi qu’une troisième bataille fut livrée au plus profond du Red Tear, une bataille pour l’esprit du Primarque par un conclave de ceux qu’il abandonna un jour sur l’ordre de son Père.

Partout sur le champ de bataille, le chaos régnait ; les ennemis étaient nombreux et prenaient des formes innombrables et beaucoup de membres des rangs de la IXe Légion s’égarèrent dans un massacre sans raison. Le bois mutant rabougri qui enveloppait le flanc gauche, brièvement contrôlé par les Blood Angels, était maintenant inondé de cauchemars. Leur nombre était si grand que le Centurion Crohne ordonna à ceux de la 95e Compagnie qui obéissaient encore à ses ordres d’abandonner les formations défensives et de mener une campagne fluide et mobile - évitant d’être coincés et submergés. Les Shroudmakers, vétérans de plusieurs campagnes précédant les jours du règne de Sanguinius sur la Légion, tombèrent une fois de plus dans les anciens schémas, le rythme brutal de la retraite, du regroupement et de la retraite une fois encore. Ils se battirent avec amertume et malgré tout ce qu’ils purent faire ; pièges, embuscades, faux retraits - toutes les armes de leur arsenal furent utilisé contre l’ennemi, chaque coup calculé pour mordre aussi profondément et aussi cruellement que possible.

Les engrammes codés des guerriers métalliques du Capita Aquilae ne ressentaient pas la morsure de la rage démoniaque, mais même ces constructions indomptables eurent du mal à résister à une telle masse d’ennemis. N’ayant pas la mobilité et l’habileté durement gagnée des Shroudmakers, ils furent forcés de former des rangs et de mener un assaut de front, tandis que les Blood Angels jouaient à un jeu mortel de guérilla dans la forêt. Des horreurs avec plusieurs membres déchiraient leurs armures, des limaces gonflées vomissaient des torrents de flammes vivantes sur eux et même des Blood Angels dont la raison avait disparue se jetèrent sur eux, mais les Automates impassibles conservèrent leur formation. Au plus fort des combats, une foule de Démons, couronnée d’un halo de cornes et de pointes, se jeta dans les rangs des automates gorgés de sang, et bien que plusieurs d’entre eux soient tombés face aux poings d’acier et aux canons rugissants des guerriers en métal du Capita Aquilae, la formation qu’ils avaient tenue était enfoncée et brisée. La bataille se tenait sur un précipice, à un pas d’une plongée dans un abîme d’où il ne pouvait y avoir de retour. Si le flanc tombait, le corps principal des Blood Angels serait ouvert à l’encerclement et à la destruction par les forces numériquement supérieures de leur ennemi. Cela signifierait la fin de la IXe Légion.

Dans ce maelström, la Magos Domina Shurol, maniant un marteau à manche longue, cherchait à éloigner la défaite, menant une féroce contre-attaque dans une marée de monstres capables de couper les Dreadnoughts en deux. Bien qu’il en ait coûté les jambes fais de fils de traction et de vérins augmétiques de la maîtresse de la Capita Aquilae, arrachées par des griffes de Démons, l’assaut fut émoussé et, avec l’intervention d’Aster Crohne et de l’élite des Shroudmakers, détourné dans un combat de corps à corps. Pendant un bref instant, le calme revint sur le flanc, troublé seulement par les cris des mourants, le rugissement lointain de la bataille et la colère froide qui se répandit dans le cœur de chaque Légionnaire des Blood Angels.

Entre ceux de leurs frères tombés dans la Soif Rouge et ceux abattus par l’ennemi, la 95e Compagnie comptait moins de 100 guerriers aptes au combat, la Capita Aquilae ne s’en tirant guère mieux, beaucoup des quelques Automates restant n’ayant plus ni membres ni armes. Sur les plaines au-delà de leur position, la bataille principale se poursuivait sans relâche, un champ apparemment sans fin de formes indistinctes tuant et mourant au loin, avec l’impossibilité de déterminer l’allégeance des guerriers impliquées, tant la férocité des combats était grande. Au plus profond des bois, les forces de l’ennemi se rassemblèrent à nouveau en nombre suffisant pour écraser les défenseurs restants et foncer sur l’ost des Blood Angels plus bas et assiégé. Le Centurion Crohne et ses alliés les avaient repoussés une fois à grands frais, mais un second triomphe semblait impossible.

Un conseil de guerre précipité se réunit sous les avant-toits tordus de la forêt ensanglantée ; le Centurion épuisé du 95e et ses Sergents restants rencontrèrent Shurol estropié et ses Magis. Les Blood Angels, dont la rage était à peine maîtrisée à la suite de la chute de Sanguinius, étaient peu utiles comme outils stratégiques et les ressources dont disposait la petite force étaient peu nombreuses. Il semblait aux personnes présentes que le dernier espoir de victoire s’était enfui, et le chagrin ne faisait que resserrer l’emprise de la rage sur leur cœur. Son processeur interne et ses implants augmétiques immunisés contre les diktats de l’émotion, la Magos Domina Shurol, portée par un Automate Thanatar, est connu pour avoir évalué la situation en ces quelques mots : « Les stocks de munitions sont au plus bas, les pertes au sein des moyens de combat disponibles ont atteint des niveaux critiques. Il ne reste qu’une seule option logique. L’Attaque. »

Avec les lointains commandants de la force principale ayant conservés leur sens engagés dans une lutte à mort, et tous les recoins du champ de bataille envahis ou lourdement assiégés, il y avait peu d’alliés pour entendre la transmission finale de la 95e Compagnie, aucun pour acclamer leur bravoure ni pour annuler leur sacrifice, aussi vain que cela puisse paraître. Tel un petit poignard rouge et d’argent jeté aveuglément au cœur de l’ennemi, ils s’élancèrent dans les ténèbres tapis au centre de la forêt, pour les retenir autant qu’ils le pouvaient, jusqu’à leur dernier souffle.[34]

Secteur 101 : Dans la Compagnie de la Mort

Anges Brisés et Loups Terrassés[35]

L’Hérésie d’Horus a donné naissance à de nombreuses légendes sombres et à des récits malfaisants que certains des membres de la Légion aimeraient bien oublier pour survivre à ce conflit cataclysmique. La Bataille pour Signus Prime en fait partie, et les Blood Angels parlent rarement de ce qui s’est passé, des événements qui auraient laissé une tache aussi sombre sur leur honneur et leur âme pour les siècles à venir. Certains blâmeraient les événements sur l’influence des puissances obscures, ou la manipulation des Word Bearers, et pourtant les contes qui sont connus parlent du passé sombre de la Légion que Sanguinius avait longtemps cherché à enterrer.

Ce qui est certain, c’est qu’avec la chute de l’Ange sur Signus Prime, presque chaque Blood Angels dans un rayon d’un kilomètre perdit tout sens et raison. Des rapports vérifiés font état de guerriers abandonnant leurs positions et leurs armes lourdes pour s’engager dans un combat rapproché avec l’ennemi le plus proche, au mépris de la discipline et des stratégies préétablies. Il y a beaucoup d’histoires de guerriers Blood Angels plongeant dans une mer d’horreurs dans une mêlée frénétique, leurs Bolters utilisés comme une simple masse, et mourant seuls dans un effort futile pour venger la chute de leur Seigneur. Certaines unités entières cédèrent au désespoir qui balaya l’ost des Blood Angels et se jetèrent sur l’ennemi, faisant peu de cas du péril qu’ils encouraient en abandonnant les lignes ordonnées de l’attaque initiale.

Dans les cas les plus extrêmes, il y a des histoires de Blood Angels qui s’attaquèrent les uns aux autres ou même à des alliés et du personnel civil désarmé. Il y a des preuves qui relient les 5e et 11e Compagnies, sous les commandements d’Amit et de Maulgrehn, à la disparition du contingent de Space Wolves rattaché à l’armée. Thegn Couteau-Rouge et ses hommes ne figurent sur aucun rapport de pertes de la bataille, et leur dernière position connue se situe entre la 11e et la 5e Compagnie. S’ils étaient tombés dans un combat honnête, les Blood Angels parleraient de leur bravoure, et pourtant on ne raconte pas d’histoires sur les Space Wolves qui marchèrent avec Sanguinius ce jour-là.

Ceux qui étaient les plus proches du Primarque lorsqu’il tomba, et l’obscurité déclenchée par le Démon Majeur à la suite de cette tragédie, subirent le pire de la folie. Peu d’entre eux survécurent aux combats ce jour-là, après s’être entièrement donnés à la fureur suicidaire, mais le tribut qu’ils firent subir à l’ennemi en échange de leur vie fut très lourd. Ceux qui se trouvaient à une plus grande distance semblaient n’avoir souffert que dans une moindre mesure, et beaucoup plus encore parmi ceux qui se trouvaient en marge du champ de bataille ont pu conserver leur santé mentale et se battre comme des guerriers plutôt que comme des tueurs sans cervelle. Cependant, même ceux qui parvinrent à résister au sombre appel qui se déchaîna sur les champs de bataille de Signus furent encore marqués par sa tache et en furent hantés jusqu’aux derniers jours de l’Hérésie d’Horus et au-delà.

La mort était partout, et même les coins les plus reculés du champ de bataille ne connaissaient aucun rayon d’espoir. À droite, l’armure lourde et l’artillerie des Blood Angels étaient lentement réduites en pièces, les Word Bearers enfonçant des hordes de Démons dans leurs canons et abattant les guerriers de la IXe Légion qui tombèrent dans le désespoir et s’enflammèrent. Un petit Démon ouvrit une brèche en s’écrasant dans la barricade des véhicules blindés, et derrière lui suivi les assassins de Word Bearers. Encerclé et massacré par des tueurs en armure grise aux lames maudites, l’Archein Sizal tomba, son armure brisée et le poison démoniaque bouillonnant dans ses veines. Sa mort semblait être le coup de grâce pour les forces rassemblées sur le flanc droit, beaucoup cédant à la rage qui cherchait à s’imposer et se jetèrent aveuglément sur l’ennemi, recherchant seulement le sang et la mort.

Le Dreadnought Hamonah, toujours honoré en tant que membre des Paladins Cramoisi, a tenu les serments qu’il avait prêtés des siècles auparavant. Il ne pouvait y avoir d’abandon, que l’ennemi soit fait de chair et de sang ou de l’obscurité dissimulée dans sa propre âme. En lançant un défi à partir de ses unités vox, Hamonah fonça dans les rangs des Word Bearers, ses coups de pied puissants de ses jambes blindées transformant les assassins Word Bearers en ruines rouges. Le Démon Majeur vint pour le vieux Dreadnought, ses griffes assez vives pour trancher la céramite comme du tissu alors que le canon au bras de Hamonah projeta une pluie de plasma incandescent. L’explosion à bout portant déchira le brutal monstre, mais laissa au bras droit de Hamonah une ruine fumante. Le Dreadnought hurla sa douleur et sa rage entouré des cadavres et des épaves de l’artillerie de Sanguinius.

Il ne restait plus grand-chose des 146e et 19e Compagnies, si ce n’est des foules de tueurs hurlants et quelques enclaves de guerriers désespérés qui tenaient leur position. Le défi obstiné de Hamonah ne fit qu’acheter quelques minutes de plus de survie, alors que les Word Bearers et leurs sombres alliés se retirèrent pour se regrouper et revenir en plus grand nombre. Ceux qui étaient perdu par la rage poursuivirent les bêtes et tombèrent dans les embuscades des Word Bearers, leur fureur et leur vie gâchées et ne servant qu’à faire plaisir à l’ennemi ; ceux qui restèrent derrière prirent leurs armes et essayèrent de ne pas écouter les bravades des monstres dans le noir. La clameur de la horde des bêtes qui les attendaient était telle qu’un nouveau son ne fut presque jamais entendu - ce n’était pas le rugissement guttural des bêtes, ni les railleries torsadées dans la langue de Colchis, mais un chant familier qui s’amplifiait à chaque instant qui passait.

Des horreurs hurlantes et des Démons barbelés se précipitèrent vers l’avant pour submerger les guerriers rouges survivants, dont les canons étaient à sec depuis longtemps, mais ils rencontrèrent à la place un mur de Legiones Astartes en armure noir, chantant les complaintes de Baal. Presque comme des ombres, cette nouvelle force était apparue de la vaste étendue sauvage au-delà du champ de bataille, mais des aperçus cramoisi brillaient sous l’épaisse couche de cendres qui colorait leur armure de la couleur de la nuit, à côté des chiffres 202. C’était Elai Jannus et les survivants de l’épave de l’Ifrit Nine ; après avoir parcouru des kilomètres de terrain vague infernal sous une pluie de cendres, ils avaient finalement atteint le combat. La Liturgie du Sang était leur bouclier contre la rage qui submergeait leur cœur, et l’acier dans leurs mains et les Bolts dans leurs armes étaient leur offrande à l’ennemi.

Ils déferlèrent dans les rangs bondés de monstres et de Traîtres alors que les puissants haut-parleurs vox de Hamonah reprenaient le chant, les armes levées, les voix élevées et l’ennemi reculant. Les lames éclatèrent et les fusils rugirent tandis que les Blood Angels déchiraient l’ennemi assommé et les rejetaient en arrière. Pendant un court instant ils oublièrent leur désespoir et leur rage et se battirent pour leur vie avec la compétence et le courage que Sanguinius leur avait insufflés. La tête du sorcier Word Bearers dans la poussière à ses pieds, l’Archein Jannus donna le signal et les moteurs de ces véhicules blindés encore capables de se déplacer reprirent vie avec un rugissement qui faisait écho à celui des guerriers qui les entouraient. Frappés, ensanglantés mais invaincus, les Blood Angels recommencèrent à avancer.[36]

Secteurs 05n - 08 : La Colère des Anges

La folie, la haine et la fureur régnaient sur le champ de bataille, surtout en son centre, là où l’Ange était tombé. Près de 50 000 des fils de Sanguinius avaient été témoins de sa chute, et peu d’entre eux étaient capables d’apprivoiser la rage omniprésente qui inondait leur esprit. Tous semblants de stratégie s’étaient effondrés, ne laissant qu’une mer de massacres et de morts. L’identité des combattants, qu’ils soient Démons ou Légionnaires, était dissimulée par le sang et le carnage des morts. À une telle proximité de l’échec de Sanguinius, même les plus grands héros de la Légion avaient été submergés, et les commandants qui essayaient encore de maintenir l’ordre parmi leurs frères étaient peu nombreux et éloignés. Ce qui avait commencé comme une bataille n’était devenu qu’un long massacre, et ce n’était plus qu’une question de temps avant que les Blood Angels désorganisés ne soient épuisés et tués.

L’Ost des Blood Angels, consumé par la Soif Rouge, fonce vers les hordes démoniaques.

Une procession sans fin de cauchemars et de légendes surgit des profondeurs cachées de la Cathédrale de la Marche, façonnée par la volonté des Dieux Sombre dont les trônes se trouvaient à l’intérieur. Tandis que de nouvelles horreurs continuaient à inonder le champ de bataille, il ne pouvait y avoir aucun espoir pour le principal ost de la IXe Légion, aucune chance de se regrouper ou d’organiser une contre-attaque, seulement une mort longue et inutile. À l’extrême gauche, le flot d’horreurs qui émergeait des bois corrompus s’était ralenti jusqu’à quasi rien, mais une horde d’un nombre incalculable se frayait toujours un chemin sans entrave à travers les désolations qui se trouvaient devant la cathédrale maléfique. Sur leur chemin se trouvait le cœur de l’ost de Sanguinius, qui s’étendait sur une douzaine de kilomètres de terrain vague et s’engageait dans une mêlée tentaculaire et brutale qui la mettait dans une position de proie facile à tout nouvel ennemi. Pourtant, malgré la volonté des Dieux Sombres et du Primarque tombé au champ d’honneur, il y en avait beaucoup parmi les rangs des Blood Angels qui avaient toujours la volonté de combattre.

De grandes fontaines de terre contaminée et de corps bestiaux brisés fleurissent sur le champ de bataille, suivies par le lointain son des canons d’artillerie et des missiles à longue portée. Le flot de créatures corrompues qui s’avançaient depuis la cathédrale blasphématoire fut jeté dans le désarroi alors que des explosions déchiraient la masse serrée qui menaçait le centre de l’ost des Blood Angels. Elai Jannus avait finalement réussi à percer les forces des Word Bearers pour prendre position sur le haut du flanc droit, lançant un cordon de Blood Angels en noirs autour des engins d’artillerie vulnérables et des Dreadnoughts de classe Deredeo alors qu’ils déclenchaient une tempête de feu sur la horde ennemie. Chaque obus était leur vengeance, l’incarnation de la haine qu’ils portaient à l’ennemi, et avec chaque salve, les Blood Angels dans les alentours rugirent leur colère contre le ciel qui couvait en haut. Tout autour d’eux, dans l’obscurité couverte de cendres, les Word Bearers et leurs infâmes alliés se rassemblaient, chacune de leur attaque faisant perdre toujours plus de membres de la Compagnie en déclin. Mais chacun de ces morts fit gagner du temps pour une nouvelle attaque, un nouveau coup porté au dessein cruel du destin. Chacun de ceux qui étaient dans cette Compagnie de la Mort jura de prendre un prix élevé en sang, afin d’arracher une dernière chance de victoire face au désastre. Ils marquèrent leur armure Baalite d’une croix de sang sur leur plaque de bataille tachée de cendres.

L’avancée ennemie s’effondra soudainement lorsque la pluie d’obus explosifs balaya les secteurs les plus proches, ne laissant derrière elle que des désolations broyées et des fragments brisés de l’ost cauchemardesque. Dans cet espace vide, la force principale des Blood Angels lança l’assaut, près de 40 000 guerriers post-humains animés seulement d’une rage insensée et le désir de tuer, à la recherche d’une nouvelle proie pour apaiser leur sombre appétit. Pour la première fois depuis la chute de Sanguinius, les Blood Angels gagnèrent du terrain sur l’ennemi, la soif de sang même que l’ennemi avait exercée contre eux travaillant maintenant en leur faveur. Comme une seule masse de charognards, ils se tournèrent sur l’ost de Démons dispersé et l’annihilèrent avec une fureur sauvage, laissant peu de choses dans leur sillage si ce n’est des ruines maculées de sang. Poursuivant l’ennemi entre les bombardements d’artillerie, cherchant à le saigner alors même que des éclats d’obus hurlaient autour d’eux et que le feu s’épanouissait dans leurs rangs, les Blood Angels foncèrent inexorablement vers le temple profane qui se profilait à l’horizon.

Poussés par une faim insatiable de sang et de mort qui ne pouvait s’éteindre, les Blood Angels tracèrent un chemin vers les portes de la Cathédrale de la Marque dans une action qui ne pouvait pas être appelée une bataille. Le massacre brutal qui y a eu lieu sous ce ciel maudit n’avait d’autre but que la mort. Il n’y avait ni honneur ni gloire dans les luttes ignobles qui se déroulaient dans la boue et la cendre, mais seulement une satisfaction grossière dans le sang versé pour le bien de l’Humanité. Leur chemin était marqué par une traînée de cratères et de cadavres démembrés alors que l’artillerie faisait exploser un chemin vers l’avant, mais à chaque minute qui passait, le nombre de canons donnant voix à leur fureur diminuait, l’ennemi submergeant lentement l’artillerie isolée à l’extrême droite. Après ce qui semblait être une éternité aux yeux de ceux présents, les forces des Blood Angels usés et dispersés atteignirent la vaste cathédrale.

Le dernier bain de sang inévitable, le point culminant des plans d’Horus pour la IXe Légion, allait commencer. Les Blood Angels seraient brisés pour toujours, les survivants devenant quelque chose à la fois plus et infiniment moins que ce que Sanguinius avait espéré faire d’eux. Ce devait être la fin, le dernier acte d’une tragédie qu’Horus avait planifiée des années auparavant, un scénario qui avait jusqu’alors été suivi à la lettre. Pourtant, un des acteurs du drame, celui que les dramaturges démoniaques considéraient comme éliminé, avait un dernier rôle à jouer.[37]

Secteurs 01a et 10O : Une Fin et un Commencement

Le Scarlet Liberty[38]

À son apogée, l’état de la bataille et celui du Primarque lui-même étaient tels que des plans furent mis en place pour la destruction totale de Signus Prime. Sur les ordres directs du Premier Capitaine Raldoron et d’Azkællon de la Garde Sanguinienne, le croiseur lourd Scarlet Liberty entra en orbite géostationnaire au-dessus du champ de bataille. À la réception d’un signal codé préétabli, le Scarlet Liberty devait lancer un barrage complet d’obus de canons nova et d’armes de type bactériologue, anéantissant toute vie et structure dans un rayon d’au moins 100 kilomètres. C’était un plan de dernier recours, car il était peu probable que quoi que ce soit survive - le bombardement signifierait la fin des Démons et des Blood Angels. Mais malgré cela, et peut-être à cause de l’influence de l’étrange malaise déclenché par le Démon Majeur, les commandants survivants de la Légion estimaient que c’était préférable qu’à un ennemi revendiquant la victoire ou qu’à des frères corrompus qui survivraient pour rejoindre la Légion.

L’arsenal redoutable d’armes à bord du Scarlet Liberty ne pouvait pas facilement viser la Cathédrale de la Marque depuis l’orbite haute, car la sorcellerie inconnue de ceux qui habitaient dans cet édifice maléfique contaminait toute tentative de ciblage et la voilait à distance pour l’observer. Une solution de rechange fut trouvée : une balise de visée prélevée dans les armureries du Red Tear devrait être transportée directement dans la zone ciblée par une équipe d’infiltration et défendue assez longtemps pour établir un ciblage stable. Un simple bombardement à saturation était jugé trop peu fiable pour détruire correctement l’ennemi et les troupes alliées contaminées - il fallait assurer la destruction de toutes les forces armées actuellement actives sur la planète ainsi que des structures clés. Prenant le commandement d’un Storm Eagle, Raldoron et une unité choisie d’anciens combattants entreprirent de livrer personnellement la balise, se frayant un chemin à travers les essaims de Démons ailés dans le ciel tumultueux au-dessus de Signus Prime.

Le Storm Eagle les déposa à une certaine distance de la cathédrale, bien qu’il soit peu probable qu’il se serait rendu aussi loin sans l’héroïsme d’Elai Jannus et le petit contingent qui tenait encore le flanc droit. Les tirs antiaériens des Dreadnoughts et des véhicules de type Mortis, même lorsque leur position fut submergée, sont tout ce qui a empêché l’aéronef d’être arraché du ciel. Pourtant, malgré les sacrifices de Raldoron et d’autres, dont la vaillance leur permis de percer la cathédrale elle-même, leurs actions seront plus tard éclipsées par l’arrivée du Primarque et le Scarlet Liberty fut rappelés en orbite pour mener des opérations offensives. Malgré cela, Raldoron et ses hommes joueront toujours un rôle décisif dans la bataille, assistant le Primarque dans la confrontation finale contre les usurpateurs de Signus Prime.

Alors que l’ost rouge s’abattait sur la cathédrale fortifiée, une masse incontrôlable de berserkers qui avait été la Légion disciplinée de Sanguinius se heurta aux plus grands monstres hantant Signus Prime. Sur les murs de la cathédrale se trouvaient les guerriers de la Main Invisible, la 8e Compagnie des Word Bearers, non plus en gris, mais maintenant couvert de sang. Les sceaux obscènes et les icônes proscrites proclamaient sans l’ombre d’un doute la corruption des guerriers qui s’étaient autrefois tenus comme des frères d’armes, tout comme la panoplie d’armes qu’ils tenaient, prêts à frapper ceux à qui ils avaient jadis juré une loyauté éternelle. Entrecoupés dans leurs rangs et qui attendaient au pied des murs, se trouvaient les créatures qui, tout en étant plus souillées en apparence extérieure, étaient au moins épargnées de l’odeur de trahison portée par les Word Beraers.

Perdus dans un mirage rouge de sang et de mort, les Blood Angels ne songèrent ni à la force de l’ennemi ni à la hauteur des fortifications. Ils frappèrent la cathédrale comme une vague rouge, se jetant sur les défenses sans se soucier des explosions de flammes et des grêlons de Bolts envoyés par les défenseurs, taillant les murs épais et tentant vainement de les escalader à la main. Les Dreadnoughts parmi eux, aux côtés des Terminators et des guerriers armés d’armes plus lourdes, créèrent de petites brèches, égratignant fébrilement des trous dans les fortifications ou défonçant de petites portes latérales. Mais chacune de ces failles fut rapidement scellée. Dans certains cas, l’ennemi n’a fait que les boucher avec les corps des horreurs qui défendaient la forteresse en se jetant à leur mort avec joie, tandis que dans d’autres, les murs excrétaient des composés toxiques pour sceller les brèches et étouffer les intrus. Même les murs devinrent des armes, avec des lames d’extrusion et même des bras charnus grossiers pour tenir la IXe Légion à distance.

La base des murs était remplie de guerriers et de cadavres frénétiques, et certains des Blood Angels tombés restèrent debout longtemps après leur mort rien que par la pression de l’assaut. Il n’y a pas eu de retraites ou de tentatives de regroupement, seulement une foule insensée qui battait et déchirait les défenses même après la mort. Les quelques détachements qui résistèrent à l’envie de courir à toute allure tentèrent désespérément de couvrir leurs frères par des tirs de soutien à courte portée. Des centaines de membres de la IXe Légion tombèrent lors du premier assaut et les barbelures et les Bolts de l’ennemi au sommet des fortifications en firent des dizaines d’autres à chaque instant. Des guerriers vétérans qui avaient marché sur certains des champs de bataille les plus renommés de la Grande Croisade et ayant remporté de nombreux honneurs, périrent dans la boue de Signus, dépouillés de leur dignité par les desseins des Démons et des Traîtres.

Un tel carnage aurait brisé toute armée saine d’esprit ou toute force moins aveuglée par la haine et la fureur absolue, mais les Blood Angels qui criaient et luttaient sous les murs n’étaient plus une armée, mais une horde beuglante. Dans ce test ultime, ce ne serait pas la discipline ou leur habileté légendaire qui les mènerait à la victoire, mais la fureur contre nature qui se cachait en eux, le défaut que Sanguinius cherchait depuis longtemps à supprimer. Les grandes portes de la cathédrale, hautes d’une douzaine de mètres et bordées de fer rougeoyant comme fraîchement sorties de la forge, furent arrachées de leurs supports par un Dreadnought Léviathan dont l’unité vox émettait un rugissement constant d’hostilité sans paroles. Cet Ancien inconnu paya de sa vie cette petite victoire, alors qu’un monstre remuant, avec des membres sans os et une chair écaillée et ondoyante combla le vide, ses bras avec des griffes perforant le sarcophage du Dreadnought et envoyant une marée de liquide amniotique s’écouler à la porte de la ville. La créature elle-même subit un sort ignominieux, car les Blood Angels qui suivirent dans le sillage de l’Ancien l’attaquèrent et la trucidèrent, certains se régalant de sa chair souillée, tandis qu’elle criait de douleur extatique.

Avec la porte percée et les Blood Angels en liberté dans les couloirs, l’enfer était vraiment arrivé sur Signus Prime. Tous les couloirs étaient pleins de sang, toutes les tours et toutes les salles résonnaient au son des luttes, des griffes et des morsures, tandis que les guerriers en armure rouge tachée et meurtrie se nourrissaient des morts tombés au champ d’honneur. L’Archein Maulgrehn de la 11e Compagnie, rendu presque méconnaissable par le sang souillé qui couvrait son visage, se tenait haut sur les murs, tuant et jetant les cadavres des morts en riant. Un Centurion solitaire de la 271e Compagnie et des retardataires de l’avancée principale se tenaient près des portes extérieures, suppliant leurs frères de renoncer en vain à leur folie, tandis que d’autres, moins consumés par l’inconscience, concentraient leur colère sur les Word Bearers, les pourchassant à travers la forteresse avec une détermination effrayante. Pendant des minutes et une éternité, les combats firent rage entre les murs de la cathédrale, un massacre ne s’expliquant non pas par la raison, non pas pour venger les torts, mais juste pour le plaisir de tuer et la joie sanglante et euphorique de la mort.

Le Repos d’un Ange[39]

À l’extrémité la plus éloignée du champ de bataille, l’épave du Red Tear était devenue un cimetière. Chacune de ses salles et de ses couloirs était envahis par les cadavres, car les défenseurs s’étaient battus presque jusqu’au dernier et avaient pris une douzaine de vies pour chacun de leurs propres morts. Barbiel, son armure aussi rouge de par son sang que la couleur de sa Légion, et les dernières douzaines de défenseurs, se tenaient aux portes des cales intérieures. Le Primarque blessé et ceux qui s’occupaient de lui étaient couchés à l’intérieur, affaiblis et vulnérables face à ses ennemis, comme aucun Primarque ne l’avait jamais été auparavant. Sachant cela, les Paladins Cramoisi, les Custodiens et les guerriers de la Légion qui se portèrent à la défense de leur père offrirent leur vie sans hésitation, combattant avec une fureur qui surpassa la rage démoniaque qui leur faisait face.

Les minutes achetées avec la vie des défenseurs du cuirassé tombé au combat avaient donné aux Archivistes et aux Apothicaires suffisamment de temps pour réveiller le Primarque de sa torpeur, brisant l’emprise des seigneurs de Signus Prime sur son esprit et son âme. Le Primarque ailé se réveilla au son de la bataille et des cris de mort de ses fils. Au seuil de ses appartements gisaient les corps de ceux qui étaient tombés pour sa défense, leur sang s’étant répandu dans les couloirs et leurs blessures encore fraîches. Réveillé par le cauchemar qu’était la situation à bord du Red Tear, il n’aurait surpris personne que, si Sanguinius avait été affecté comme ses fils - réduit à une créature bestiale pleine de rage et animé par une sombre soif de sang, il serait devenu un monstre tout comme ceux que sa Légion avait essayé de vaincre.

Heureusement pour l’Imperium, Sanguinius passa à travers l’épreuve de Signus intact, sinon entièrement indemne, et une fois réveillé, ce furent les traîtres et les bêtes mal-formées de Signus qui allaient faire les frais de sa colère. Traversant les couloirs encerclés du Red Tear, Sanguinius mit l’ennemi en fuite, sa froide et terrible fureur servant à ramener ses fils à la raison et à rallier les défenseurs en déroute. Son vaisseau amiral sécurisé, le Grand Ange s’envola, son chemin dégagé par les intercepteurs Custodiens Equinox et les combattants Xiphon des Blood Angels, un défi à relever et une blessure à venger, et alors qu’il volait, même les nuages chargés de cendres n’osèrent le ralentir.

Une fois la frénésie intemporelle apaisée, il ne restait plus de créatures engendrées par le Warp, plus de Word Bearers ni de citoyens de Signus, tous tombés au combat, ne laissant que des cadavres brisés et méconnaissables, tous rendus égaux par les tourments qui leur ont été infligés. Ce n’est que dans la tour la plus haute qu’un ennemi sa cachait encore, les sombres seigneurs de Signus qui attendaient, veillant en silence sur la folie ambiante. Pourtant, tandis que les Blood Angels se rassemblaient dans les couloirs ensanglantés de la Cathédrale de la Marque, ils se virent entre eux comme de nouvelles proies. Chaque grief infime, léger ou passager s’enflamma dans les souvenirs des guerriers survivants. La Soif Rouge qui s’était embrassé dans leurs cœurs désignait leurs frères en ennemis mortels. Les lames furent dressées, de nouvelles lignes de bataille furent tracées alors que les frères s’affrontaient entre eux. Ce serait la bataille finale des Blood Angels, la conquête de leur dernier et plus grand ennemi dans une amère victoire. Si la Légion avait été laissée à cet état, autorisée à revendiquer la victoire d’une manière aussi barbare, il est probable que les survivants ne s’en seraient jamais remis et seraient restés pour toujours sous l’esclave de leur rage. Un tel destin ne devait pas arriver, car alors même que les ténèbres s’approchaient de l’âme de la Légion, un nouveau cri s’éleva sur les murs et les hautes tours. Des ailes blanches furent aperçues dans le ciel - Sanguinius était revenu de la mort et était enfin venu redresser la balance de la justice.

Le ciel au-dessus de la Cathédrale de la Marque d’épanoui révélant un soleil maladif alors que le Grand Ange s’élevait au-dessus des murs sur ses larges ailes pour projeter une ombre menaçante sur le conflit en contrebas. Tous les visages sur le champ de bataille se tournèrent pour le regarder, alors même que les Blood Angels levaient les bras pour frapper leurs frères, stupéfaits par la vue du Primarque tombé, revenu à sa gloire. Pendant un moment, la colère bouillante s’apaisa et s’éloigna, les armes furent abaissées et une brève paix s’installa sur le sol cramoisi de la cathédrale alors que Sanguinius offrit à ses fils un court sursis au destin noir qui les attendait. Depuis les hauteurs, le Grand Ange se pencha sur les hautes tours de la cathédrale, son épée argentée brillante à la lumière soudaine du soleil alors qu’elle tailladait une nouvelle ouverture dans le sanctuaire de la tour. Au milieu d’une pluie d’éclats de verre et de pierres, l’Ange arriva à l’endroit pré-ordonné pour la confrontation finale, la dernière et première bataille pour l’âme de sa Légion.[40]

Un Laurier de Cendres et de Regrets

La dernière étape était en place, et avec l’arrivée du Grand Ange, tous les protagonistes étaient prêts. L’attendant, le géant agile et cornu qui régnait maintenant sur le royaume de cadavres de Signus, ainsi que le monstre en armure de bronze qui servait de général à ses armées, le même monstre qui avait brisé le Primarque ailé. La bataille qui s’en suivi est depuis entrée dans la légende, même si ceux qui en ont été les témoins n’ont que peu parlé des détails exacts. Pourtant, ses conséquences changeront le cours de la grande guerre et hanteront la IXe Légion et ses descendants aussi longtemps qu’ils existeront.

Résolu maintenant à la lutte, le Grand Ange ne se retient pas et frappa de son épée d’argent la hache forgée par l’enfer de son ennemi juré, déchirant l’apex de la tour dans leur lutte. C’était un duel qui avait déjà été disputé et qui le sera encore, toujours au cœur de l’histoire et dont l’issue façonnera l’avenir de la galaxie. Ka’Bhanda était un ennemi redoutable, d’une stature imposante et doté d’une panoplie d’armes et d’armures d’une qualité égale à celle des armes et armures les plus fines fabriquées par les mortels. Pire encore, le monstre en armure de bronze se souvenait bien de la dernière fois où il avait croisé les lames avec le Primarque, laissant l’Ange brisé à terre à ses pieds. Pourtant, Sanguinius n’avait pas été diminué par sa défaite, mais est était sorti plus fort. Le doute qui l’avait retenu, ses inquiétudes au sujet de la trahison d’Horus et de la malédiction de sa Légion, avaient été distillés dans une froide résolution de voir les sombres dirigeants de Signus mis à genoux. Les mâchoires du piège tendu par Horus s’étaient fermées, mais les dents n’avaient pas trouvé d’emprise et à présent la trahison devait être remboursée au centuple. La rage et l’orgueil martial de Ka’Bhanda furent égalés par le besoin de l’Ange Sanguinius de venger les sacrifices de ses fils pendant qu’il gisait dans la torpeur, et en mémoire de chacun d’entre eux, il imprima sa colère sur la peau pourpre du Démon.

Un Ange Rouge[41]

Pendant que le Primarque et Ka’Bhanda se battaient, d’autres luttaient à leur côtés. Car si le fameux duel entre le monstre et l’ange allait dominer à jamais les légendes, les actions de ceux qui étaient dans l’ombre s’avéreraient tout aussi décisives. L’histoire a souvent peint l’Hérésie d’Horus comme une lutte entre des géants, entre des Primarques et des démons guerriers, mais à oublié l’héroïsme de ces guerriers assez courageux ou assez stupides pour se mettre sur le chemin de ces titans.

Bien que ce soit Sanguinius lui-même qui porta le coup de grâce aux créatures qui avaient revendiqué la seigneurie de Signus, il y a ceux qui prétendent que ce n’est pas lui qui mis fin à la rage qui troublait ses fils. Ce rôle revient à un Légionnaire anonyme, un seul guerrier qui était prêt à se sacrifier pour le bien de sa Légion et de son Primarque, sachant que l’histoire ne se souviendra jamais de ses actions ni de ses actes. Bien que les Blood Angels aient été particulièrement loquaces en ce qui concerne Signus et les événements de cette campagne, on sait qu’ils l’ont surnommé l’Ange Rouge, bien que la signification de son nom restera probablement un mystère pour tous.

Cet Ange Rouge, accompagnant Raldoron et son cadre dans la Cathédrale de la Marque, a su contenir la fontaine de rage, libérant les Blood Angels de son emprise au prix de sa propre raison. Ce qu’il est devenu par la suite n’est pas connu, aucun Ange Rouge n’étant inscrit dans aucune énumération de la IXe Légion, ni dans aucune liste de pertes. Il n’y a qu’une seule autre référence à un tel guerrier dans toutes les chroniques connues de l’Hérésie d’Horus, une référence faite dans les archives tirées des registres d’Horus dans les dernières années de la guerre. S’il s’agit bien du même personnage, il est probable que son rôle dans la guerre civile et dans la lutte interne des Blood Angels a été beaucoup plus important qu’on ne le pense actuellement.

  • Pour plus de détails, voir l’article dédié : l’Ange Rouge

Le Primarque ailé déversa ses regrets sur la créature qui osait menacer sa Légion et, sur sa vile contrepartie, il accorda une douleur égale à celle qu’il avait osé infliger au peuple de l’Imperium. Sanguinius laissa les seigneurs démoniaques de Signus démembrés en haut de la tour, leur faisant endurer ce que lui même avait subi, mutilé en corps et esprit brisé, un dernier acte de boucherie pour mettre fin au cauchemar qui avait été la campagne Signus. Sinistre miroir du premier duel fatidique, la bataille se termina par la chute de Ka’Bandha et la défaite des seigneurs démoniaques qui conspiraient pour régner sur Signus. La vengeance du Primarque étant assouvie et la haine amère qui marquait la Légion désormais établie au-delà de toute réparation. Mais si le Grand Ange se réjouissait de la victoire remportée contre vents et marées, il déplora aussi la forme qu’elle avait dû prendre. Car même dans la victoire, une souillure avait été introduite sur sa Légion, une souillure qui ne s’estomperait jamais.

Les derniers cris des créatures consumées par le Warp marquèrent la fin de la bataille pour Signus, mais pas la fin de la campagne. Les quelques monstres nés du Warp qui n’étaient pas déjà tombés avant que les Blood Angels ne fondent sur eux disparurent comme s’ils n’avaient jamais existé, ne laissant derrière eux que la destruction qu’ils avaient causé et les corps de leurs serviteurs humains. En orbite, les vaisseaux-cadavres qui avaient assiégé la flotte s’effilochèrent, devenant à peine plus que de la ferraille et des décombres, et le linceul noir qui était tombé sur les étoiles se dissipa sous les yeux des Blood Angels, révélant une tapisserie de lumières lointaines dont l’agencement laissait entrevoir un passage du temps qui ne correspondait pas à celui des chronomètres défectueux de la flotte. Désinhibés, les réseaux vox à bord des navires reprirent vie et l’armada se regroupa pour de bon. La nouvelle de la survie et du triomphe du Grand Ange se répandit comme une aube inespérée, aigrie seulement par les nuances subtiles de mécontentement pour les actions qui les avaient menés à cet instant.

Dans toute la vaste étendue du système Signus, Sanguinius ordonna à ses fils d’effacer toute trace d’eux sur ces mondes corrompus, jusqu’au dernier éclat d’armure et de douille d’obus. Aucun frère de la Légion ne devait être laissé derrière, et les Apothicaires avec leurs macabres drones serviteurs passèrent de nombreux jours à parcourir les plaines de Signus Prime pour retrouver tous les morts. La plupart furent localisés dans les vastes galeries éparpillés dans les secteurs centraux, tandis que de petits groupes de cadavres marquaient les endroits où les frères d’armes s’étaient repliés dos à dos dans leurs dernières positions oubliées. Sur les flancs lointains, il ne restait presque plus rien de l’artillerie, Elias Jannus et sa Compagnie morts, le seul survivant étant la forme sans bras et boiteuse du Dreadnought Hamonah qui faisait encore retentir son chant à travers des unités vox grésillantes et cramées pour commémorer leur trépas. Beaucoup d’autres martyrs furent oubliés dans le paysage désolé, personne ne se souvenant de leur bravoure.

Même parmi les survivants, il y en avait peu qui n’avaient pas été blessés, et presque tous les membres de la Légion emportèrent avec eux un souvenir sanglant de la bataille. Non seulement la guerre elle-même et les armes de l’ennemi s’étaient avérées mortelles, mais la nature corrompue de la planète cherchait à étouffer les Blood Angels. D’étranges infections et fléaux balayèrent les survivants affaiblis, laissant de nombreux survivants en quarantaine à la surface, de peur qu’ils n’atteignent les contingents à bord des navires de la flotte et ne causent davantage de souffrances et de morts. Dans les secteurs les plus à gauche du champ de bataille, où la forêt en mutation s’était effondrée en une tourbière de boues en décomposition, la situation était encore plus grave. Même les robustes Automates de Bataille et les Dreadnoughts blindés étaient corrodés à a peine plus que de la ferraille par la vile maladie, et les quelques cadavres trouvés étaient méconnaissables, si corrompus que même leur semence génétique ne pouvait être récupéré par la Légion. En effet, seuls deux guerriers survécurent à ce bourbier ; trois jours après le siège de la Cathédrale de la Marque, le Centurion Crohne émergea de l’ombre couverte de plaies, sa gorge abîmée par les vapeurs et traînant le torse encore fonctionnel du Magos Domina Shurol.

Le nombre des blessés graves au lendemain du conflit était telle que beaucoup de ceux qui travaillaient à la recherche et au nettoyage du champ de bataille comptaient eux-même parmi les blessés ambulants, supportant des blessures qui auraient neutralisé des guerriers moins endurcis. Cependant, pire encore que les blessures physiques portées par beaucoup de Blood Angels étaient celles qui avaient embrasé leur âme, surtout parmi ceux qui avaient cédé à la terrible rage qui les avait envahi pendant les combats. Certains ne s’en remettraient jamais, et un certain nombre de guerriers connus pour avoir survécu à la bataille disparurent soudainement de la Légion, probablement grâce à la miséricorde de l’Empereur accordée par leurs Frères de Bataille au lieu d’être forcés de vivre le reste de leurs années enchaînés comme des bêtes voraces. D’autres, dont les actes, sous l’emprise de leur rage, les avaient déshonorés d’une manière ou d’une autre, se trouvèrent l’objet de pitié et de honte, un sort plus difficile à supporter que de simples blessures pour de si fiers guerriers.

Les Archéens Maulgrehn de la 11e et Amit de la 5e, dont les ravages sanglants avaient été observés par beaucoup et qui se sont rendus complices de la disparition du contingent des Space Wolves, n’étaient que deux des officiers supérieurs qui avaient été à l’avant-garde de cette folie. La descente rapide de ces officiers sous l’emprise d’une fureur furieuse conduisit à l’effondrement total des lignes de front alors que les guerriers suivaient l’exemple de leurs commandants. Malgré cet effondrement de la discipline, aucune sanction officielle n’a été imposée aux officiers en question, bien que la déception de leur Primarque ait été plus profonde que toute réprimande. En effet, le comportement distant et froid du Primarque frappa le moral de toute la Légion, et laissa une trace de tout ce qui avait été accompli, éclipsant les actions héroïques des Blood Angels. Même si la bataille s’était terminée par la victoire de la IXe Légion, elle était creuse et vide ; un triomphe dont les lauriers étaient faits cendres et regrets.[42]

Des Anges et des Démons

Un Contrat Avec le Diable[43]

La Bataille de Signus Prime prit un lourd tribut pour la victoire. Sur plus de 50 000 Légionnaires engagés dans la bataille finale, un sur cinq n’est pas revenu, et presque tous furent blessés à un degré plus ou moins grand. 10 000 Blood Angels ont été tués, des pertes jamais vues auparavant dans une seule victoire de la Légion. Pire encore, beaucoup de ceux qui sont tombés au champ d’honneur avaient été tellement corrompus par l’ennemi et ses armes que leur graine génétique ne purent être récupérées. Parmi ceux qui ont survécu, beaucoup de blessés avaient perdu des membres ou subi des dommages internes invalidants, ce qui, pour des guerriers de moindre envergure, aurait mis fin à leurs jours sur les lignes de front, mais pour ceux de la Legiones Astartes, leur retour fut seulement retardé. Au total, un peu plus de 22 000 guerriers parmi ceux qui ont combattu dans la bataille sont restés pleinement aptes au combat.

Près d’un tiers des blindés envoyés au combat furent détruits, mais il est probable qu’un faible pourcentage d’entre eux ont pu être remis en service en utilisant des pièces provenant des épaves les plus endommagées. De tous les escadrons envoyés dans l’enfer qu’avait été la Bataille de Signus Prime, ceux qui s’en étaient le mieux sortis avaient été les chars d’assaut Kratos, dont le blindage renforcé et les armes de soutien rapproché leur avaient permis de survivre dans la mêlée, tout en restant rapide, contrairement à d’autres véhicules plus spécialisés qui avaient été isolés et détruits. Au lendemain des combats, la seule classe de véhicules dont le nombre a augmenté était celle des Dreadnoughts, avec un nombre sans précédent de blessés demi-mort transférés dans un sarcophage Dreadnought. Cet afflux allait devenir connu sous le nom de Dîme Noire, car beaucoup de ceux qui tombèrent sur Signus Prime amenèrent la fureur qui les avait envahis dans leur nouvelle demi-vie, où elle faisait souvent des ravages sur le champ de bataille.

La IXe Légion fut effectivement rendue inefficace au combat. Tandis que ceux qui le pouvaient encore travaillaient à effacer les traces de la présence de la Légion dans les mondes de Signus, les installations médicales de la flotte luttaient pour s’occuper des blessés et les adeptes de l'arsenal militaire travaillaient sans relâche pour sauver ce qu’ils pouvaient du champ de bataille. Pourtant, il faudra attendre longtemps après le départ de la Légion de Signus pour que les Blood Angels soient de nouveau à leur plein potentiel.

Exactement 51 jours après la Bataille de Signus Prime, un nouveau soleil se leva à la surface de ce monde déchiré lorsque le Red Tear démarra son vaste réseau de propulseurs à plasma et que l’épave réparée à la hâte trembla vers le ciel. Tout comme la Légion qu’il abritait, le cuirassé blessé ne serait plus jamais le même, car les dommages qu’on lui avait infligé pourraient être couverts d’un nouveau revêtement et rassemblés, mais jamais vraiment réparés. Le Red Tear rejoignit lentement le point de Mandeville du système de Signus, semant dans son sillage une chaîne de balises d’avertissement automatiques, alertant pour toujours les vaisseaux impériaux. À l’intérieur du cuirassé blessé, Sanguinius méditait. Le Primarque ailé, isolé dans son sanctuaire jadis doré, ses salles brisées par la chute du Red Tear de l’orbite, fut tourmenté par la cause du malheur de sa Légion, la trahison de son frère et les sombres présages qu’il prévoyait pour l’avenir de l’Imperium et de ses propres fils.

En dépit de tous leurs sacrifices, les Blood Angels n’avaient rien trouvé d’autre que la douleur et la mort sur Signus, et lorsque ils partirent, Sanguinius ordonna que tout se passe comme s’ils n’avaient jamais mis les pieds sur ces mondes maudits. Les archives de leur campagne furent scellées, les différentes empreintes des cogitateurs et les journaux officiels furent recueillis et enfermés dans une voûte à triple blindage, avec un détachement du Keruvim assermenté uniquement pour sa protection. Les guerriers et Capitaines de la Légion étaient liés par serment au Primarque et ils avaient honte de ne pas en parler. Aucun honneur de bataille ne fut accroché dans aucune salle ni sur aucune armure cérémonielle de la IXe Légion pour commémorer la campagne. L’échec de la IXe Légion à sauver Signus serait caché à la galaxie en général, ainsi que les détails de la malveillance qu’ils y avaient vaincue, de peur que la vérité ne déchire la Vérité Impériale et les fondements du rêve de l’Empereur pour l’avenir.

Sanguinius ne pouvait pas encore saisir l’ampleur réelle de la trahison qui l’avait conduit à Signus, la vraie obscurité qui s’élevait comme une mer d’obsidienne pour inonder la lumière vacillante de l’Empereur et Sa fragile vérité artificielle. Il savait seulement qu’Horus l’avait envoyé à Signus pour mourir, que son frère avait cherché sa mort sans aucune raison qu’il pouvait encore discerner et orchestré la destruction de Signus et le massacre de millions de personnes juste pour l’y attirer. Ce qu’il ne pouvait pas savoir, c’est que la guerre civile faisait déjà rage depuis cinq longues années, que l’unité des Primarques avait depuis longtemps été brisée, et que Terra elle-même était sous la menace d’une invasion. Même après les épreuves que lui et sa Légion avaient traversées, ses actions étaient encore imparfaites et, en vain, son héroïsme rendu inutile ainsi que tous ses espoirs pour l’avenir, désormais sur le fil du rasoir du destin.

L’armada était suspendue dans le ciel de Signus Prime comme une constellation d’étoiles décroissantes, incertaines et irrésolues. Le Grand Ange, ayant reçu des communications fragmentées appelant toutes les forces loyalistes à retourner sur Terra, chercha un chemin pour rejoindre son père. Mais la substance même du Warp semblait lui barrer la route, agitant et bouillant sous le regard des Navigators survivants de la flotte, comme si une grande puissance dans ses profondeurs voulait que les Blood Angels restent piégés à Signus. Sanguinius détestait risquer ce qui restait de sa Légion simplement pour satisfaire son propre orgueil, retardant l’action alors que ses guerriers achevaient leur récurage de Signus. Il s’isola dans son sanctuaire, dans ses rêves prophétiques et de présage. Comme auparavant, c’est la foi et la détermination de ses fils qui finalement poussèrent le Primarque ailé à l’action.

De petits sanctuaires érigés par des Légionnaires à titre individuel pour ceux décédées étaient apparus dans des compartiments cachés à travers la flotte, et des mémoriaux plus grands, comme celui érigé pour l’Archein Jannus et les martyrs de la 202e Compagnie, se trouvaient dans les profondeurs de l’arsenal gardé par Hamonah et les autres Anciens. Les salles d’entraînement sonnaient au son du combat, Aster Crohne et d’autres vétérans développant et affinant de nouveaux styles de combat basés sur leurs expériences poignantes sur Signus Prime, tandis que le cercle restreint, des guerriers comme le Premier Capitaine Raldoron, apparaissaient sur les vaisseaux à travers la flotte, fortifiant la détermination de la Légion par leur présence à la place de l’Ange. Dans toute la Légion, les Blood Angels se préparaient pour les années sombres à venir, et bien que la souillure libérée sur eux à Signus n’ait jamais pu être effacée, elle ne pouvait éteindre l’esprit noble que Sanguinius avait insufflé à sa Légion. Témoin de la dévotion et de la détermination de ses fils, Sanguinius donna enfin l’ordre, menant les Blood Angels au côté de l’Empereur durant l’Hérésie d’Horus.

Les voûtes du ciel s’ouvrirent alors que l’armada s’élançait enfin, creusant des brèches dans l’Empyrean, avalant les coins étroits du vaisseau. Ils partirent en formation de combat, car avec le Warp en mouvement et les légions d’Horus qui rôdaient dans les étoiles à leur recherche, ils n’attendaient rien de moins qu’à se battre jusqu’aux portes de Terra. En effet, il était probable que tout ce qu’ils pouvaient faire était de blesser le plus grièvement possible les Légions Renégates du Maître de Guerre pendant qu’ils tentaient son invasion. Au lieu de cela, alors qu’ils franchissaient le seuil de l’espace Æthérique et pénétraient dans les profondeurs du Warp, ils trouvèrent une balise éblouissante qui les attendait - pas la lueur réconfortante de l’Astronomican, mais une lumière nouvelle dans le vide. Sans hésitation, la IXe Légion se lança sans hésitation, à la recherche d’une nouvelle lumière, après avoir déjà affronté la malveillance qui était au cœur de la rébellion d’Horus. Et qui pouvait maintenant menacer leur détermination ?

Mais ce qui les attendait était une menace plus subtile et insidieuse que tout ce qu’Horus avait inventé ; la IXe Légion était arrivée dans l’Imperium Secundus, dans l’abîme qu’était l’Âge des Ténèbres. Tout allait changer.[44]

Astra Incognito[45]

Dans le sillage du retrait des Blood Angels, Signus disparu des annales de l’histoire. Aucune carte stellaire moderne n’enregistre sa position, aucune chronique ne dresse la liste de son destin et seul le plus désespéré ou le plus téméraire des Libres-Marchands cherche ses trésors. Les Blood Angels ont fait de leur mieux pour effacer le système de l’existence, à la fois comme une menace pour l’Imperium et comme une tache sur leur propre honneur. Les balises qu’ils ont laissées en se retirant n’indiquent pas le nom du système, mais éloignent simplement les navires qui passent et étant donné la nature destructrice de certaines des armes virales et chimiques déchaînées pendant l’Hérésie Horus, il y en a peu qui ignorent un tel avertissement pour le simple plaisir de la curiosité. À toutes fins utiles, le système de Signus a cessé d’exister après le départ de Sanguinius.

Une seule expédition officielle a été lancée pour redécouvrir le trésor des carcasses de navires, des Cités-Ruches abandonnées et des reliques démoniaques qui devaient rester intactes dans Signus. Avec le peu de références fragmentées qu’il restait sur son emplacement et une escorte de croiseurs lourdement armés, la flotte quitta Anvillus dans la bonne humeur, ses Capitaines étant sûrs de leur succès. Pourtant, après six mois de silence, une flottille de Blood Angels fit son apparition à Anvillus, avec des Barges de Bataille et des croiseurs d’assaut. Ils annoncèrent la disparition de la flotte, supposément à la suite d’un désastre de navigation Warp, et un message des seigneurs de Baal : « Certaines erreurs ne devraient pas être répétées, certaines tombes ne devraient pas être déterrées. Que ce qui dort éternellement ne soit pas troublé, ne vous aventurez pas là où même les anges craignent de marcher. »

Un Future Écrit dans le Sang

Des cendres de Signus, qu’Horus avait voulu comme un bûcher funéraire, s’élevèrent les Blood Angels. Ils n’étaient pas plus forts pour les épreuves qu’ils avaient endurés, maintenant un phare fracturé pour un Imperium mourant, leur lumière jetant des ombres inquiétantes sur l’avenir, mais ils étaient peut-être plus sages. Signus leur avait enseigné une dure leçon sur le coût de l’orgueil et la folie de l’excès de confiance, avec un prix marqué par les milliers de frères morts pour assurer la victoire. C’était une leçon que beaucoup de membres de la Légion prenaient à cœur, une leçon qui hanterait leurs futures relations avec leurs alliés, même les plus proches, car si un frère pouvait être retourné et s’avérer traître, alors un autre pouvait l’être aussi. Autrefois ouverts et francs, les Blood Angels commencèrent à se refermer sur eux-mêmes, à abriter leurs secrets et à considérer comme suspects ceux qui ne portaient pas le cramoisi.

Depuis le creuset brûlé et en ruine qu’était Signus, Sanguinius suivrait un chemin lent et sinueux pour rencontrer son frère, Roboute Guilliman, à la fondation d’un nouvel Imperium, à la fin de l’espoir et à la renaissance de la gloire. Ici, le Seigneur d’Ultramar comptait planter un nouveau drapeau, faire basculer la guerre dans une direction de son choix. À l’époque, certains ont murmuré que Guilliman avait peut-être des projets similaires à ceux du Maître de Guerre déchu, à savoir se tenir à la tête de son propre empire, un projet qui ne pouvait pas exister tant que son père vivait encore. Bien sûr, ces dernières années, avec la chute du Maître de Guerre, rares sont ceux qui osent dire du mal du Seigneur d’Ultramar, alors qu’il rassemble sous son regard de plus en plus de sceptres de l’Imperium.

Pendant un certain temps, les Blood Angels s’attardèrent aux côtés des Ultramarines et d’autres, alors que Guilliman cherchait à construire une force capable de rivaliser avec celle d’Horus. Le Seigneur d’Ultramar, toujours réticent à l’idée d’accéder au trône, fit de Sanguinius son empereur réticent et le plaça à la tête de l’Imperium Secundus. Cet Imperium de l’ombre ne dura que peu de temps, assailli de l’extérieur comme de l’intérieur par ses ennemis comme par ses alliés, et n’accorda aux Blood Angels que peu de répit ou de sanctuaire. Même au cœur d’Ultramar, il y avait des batailles à mener et des ennemis à affronter, car aucune partie de l’Imperium n’était épargnée par la guerre. Pourtant, la maladie qui s’était emparée de la IXe Légion à Signus ne serait pas chassée par le simple réconfort de la famille et de la bataille.

Malgré toutes les ruses de Guilliman et de ceux qui s’étaient ralliés à sa bannière, il n’y aurait pas de sanctuaire durable à Macragge. L’ost principal des Blood Angels, à la suite de leur père, serait amené d’Ultramar à l’étape finale de l’Hérésie d’Horus. Telle une pierre d’achoppement suspendue au cou de l’Imperium, Terra attirerait à elle les Blood Angels et d’autres. Là, à la Porte de l’Eternité du Palais Impérial, un bilan était attendu.[46]

Parmi les Osts de la Neuvième Légion

Sanguinius emmena avec lui les cinq sixièmes de la IXe Légion à la guerre de Signus. Il laissait derrière lui un peu plus de 20 000 guerriers, dispersés en petites compagnies et en osts à travers la galaxie. Ces détachements resteront sans nouvelles de leur père pendant près d’une décennie, souffrant comme la Raven Guard et les Iron Hands de la blessure de la perte. Cependant, ceux qui restèrent en arrière ne souffrirent pas de la faim éternelle de Signus, ne connurent pas la honte qui accablait leurs frères et ne virent pas la chute de leur géniteur. Ces sans-sang, comme certains les appelleraient, resteraient à l’écart de leurs frères et même ceux qui trouveraient le chemin de Terra sembleraient aux yeux des survivants de Signus une race différente, conservant encore la fierté intacte des années passées.

Parmi les détachements existant à l’époque de la Campagne de Signus, voici une liste des plus importants et des plus connus, bien qu’il faille noter l’existence de plusieurs dizaines de détachements plus petits, rattachés à d’autres flottes de la Grande Croisade ou présents dans de petits avant-postes à travers la galaxie[47]:

  • Baal

Le plus important de tous les avant-postes des Blood Angels était leur monde d’adoption, Baal, à la fois pour son importance en tant que symbole et pour la capacité industrielle de ses manufactorias. Environ 3 000 guerriers de la Légion, ainsi qu’une force plus importante de Serfs armés et d’autres auxiliaires de la Légion, ont été placés en sentinelles sur le monde et son système. Quelques mois à peine après le début de l’Hérésie d’Horus, Baal se retrouva inondé par les restes des Légions Éclatées tombées à Isstvan et ravagé par la crainte de voir leur propre géniteur tomber à son tour. Plus tard, encerclé par les forces du Maître de Guerre, Baal endura des années d’isolement et deux tentatives de prise d’assaut du système par ses ennemis avant que la nouvelle de la survie de Sanguinius ne leur parvienne.[48]

  • Canopus

Deuxième système après Ball par sa taille et sa puissance, Canopus était un atout majeur pour la XIe Légion. Elle abritait une garnison de deux compagnies complètes et plusieurs milliers d’auxiliaires, ainsi qu’une capacité de production équivalente à celle d’un Monde-Forge de moindre importance. En tant que tel, il est tombé sous l’assaut des forces des Traîtres des Sons of Horus à l’approche du déclenchement de la rébellion. Le dernier message reçu du système par les forces loyalistes était en 008.M31, un signal fragmenté parlant de désespoir et de défi, et d’une mer d’ennemis innombrables. Les forces loyalistes qui atteignirent le système après la défense de Terra et le début de La Purge ne rapportèrent que ruines et cendres, sans aucun signe de survivants, beaucoup supposant que les fils de Sanguinius avaient choisi de détruire leurs installations plutôt que de les laisser tomber entre les mains des Traîtres.[49]

  • Anvillus

Les Blood Angels ont longtemps maintenu une petite garde d’honneur à la Forge Mechanicum d’Anvillus, dans le cadre du traité de longue date conclu entre le Primarque de la Légion et les seigneurs d’Anvillus. Ces guerriers, qui formaient une demi-compagnie et disposaient de tous les talents d’Anvillus dans leur équipement, étaient parmi les mieux équipés de la Légion et constituaient une force redoutable en dépit de leur petit nombre. Leur sort, cependant, reste incertain même dans ces dernières années, car toute communication entre eux et Baal a cessé avec le déclenchement d’une guerre civile entre les différentes factions schismatiques du Mechanicum d’Anvillus, un conflit fomenté et financé par Horus lui-même. Bien que l’ordre ait fini par être rétabli dans la puissante Anvillus, les Magos de ce monde ne parleront pas du sort des Blood Angels qui s’étaient autrefois portés garants de leurs vœux d’amitié avec Baal. Pourtant, une fois par an, à la date anniversaire de l’éclatement des conflits internes d’Anvillus, une barge Warp aux couleurs d’Anvillus arriva à Baal, apportant un tribut sous la forme d’assez d’armes et d’armures des Legiones Astartes pour équiper une compagnie et demi d’une ancienne Légion Astartes.[50]

  • Saiph

Saiph était souvent négligée, considérée comme un simple terrain de recrutement où les guerres incessantes du Monde Sauvage fournissaient des recrues à la Légion. Sa garnison ne comptait guère plus qu’une poignée de véritables Blood Angels et était supervisée par le Medicae Primus Anastor Kendral, un vétéran de la bataille de Kiy-buran. Lorsque les World Eaters vinrent s’emparer du monde, ils ne trouvèrent aucun signe de la garnison et supposèrent qu’elle avait fui. Ils établirent une petite garde avant de commencer à récolter les jeunes de Saiph pour compenser les pertes subies lors des premières campagnes de rébellion. Ils ne furent guère récompensés de leurs efforts, car une guérilla sauvage menée par les Blood Angels cachés sur Saiph entravait tous leurs efforts. La sauvagerie des guerriers de la IXe Légion et de leurs alliés parmi les tribus de Saiph fut telle que les World Eaters finirent par évacuer et abandonner le monde en 012.M31.[51]

La plus importante de toutes les Flottes Expéditionnaires entretenues par la Légion qui n’avaient pas été rappelées pour rejoindre le Primarque après Kayvas, la 106e comprenait cinq Compagnies de Blood Angels ainsi qu’une force similaire de Word Bearers en armure grise. En campagne loin à l’ouest de la galaxie, la 106e n’a joué aucun rôle dans les premiers combats de l’Hérésie d’Horus, et beaucoup dans le camp loyaliste ont supposé que la trahison des Word Bearers avait vu la fin des Blood Angels attachés à la Flotte, une tragédie rendue banale par la sinistre nécessité de ces années-là. Pourtant, en 010.M31, les avant-postes des Word Bearers sur Sarcossa et les mondes voisins qui surveillaient l’approche de Colchis commencèrent à tomber en panne et à s’obscurcir, signalant le retour de la 106e Flotte expéditionnaire perdue. Ne comptant plus que la moitié de leur effectif initial, les Blood Angels se frayèrent un chemin jusqu’à l’enclave voisine de Medusa et se réfugièrent auprès des Iron Hands, devenant une épine dans le pied des armées de Traîtres qui tenaient les satrapes de l’extrême ouest de l’Imperium sous leur emprise.[52]

Source

Pensée du Jour : « Le zèle est une excuse qui se suffit à elle-même. »
  • The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence
  1. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter At the Gates of Hell : The Battle of Signus (traduit de l'anglais par Guilhem)
  2. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter At the Gates of Hell : The Battle of Signus - To Pierce the Cloak of Legend (traduit de l'anglais par Guilhem)
  3. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter At the Gates of Hell : The Battle of Signus - The Long Road to Ruin (traduit de l'anglais par Guilhem)
  4. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter At the Gates of Hell : The Battle of Signus - The Serpent's Coils (traduit de l'anglais par Guilhem)
  5. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter At the Gates of Hell : The Battle of Signus - A Hidden Flaw (traduit de l'anglais par Guilhem)
  6. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter At the Gates of Hell : The Battle of Signus - The Signus Retribution Fleet (traduit de l'anglais par Guilhem)
  7. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter At the Gates of Hell : The Battle of Signus - The Fleet Assembles (traduit de l'anglais par Guilhem)
  8. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter At the Gates of Hell : The Battle of Signus - Plans Within Plans (traduit de l'anglais par Guilhem)
  9. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter At the Gates of Hell : The Battle of Signus - The Mysteries of Signus (traduit de l'anglais par Guilhem)
  10. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter At the Gates of Hell : The Battle of Signus - The Slow Death of Signus (traduit de l'anglais par Guilhem)
  11. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter At the Gates of Hell : The Battle of Signus - The Blood of Angels (traduit de l'anglais par Guilhem)
  12. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter At the Gates of Hell : The Battle of Signus - Unanswered Questions (traduit de l'anglais par Guilhem)
  13. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter At the Gates of Hell : The Battle of Signus - Shattered Hopes (traduit de l'anglais par Guilhem)
  14. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter At the Gates of Hell : The Battle of Signus - A Dark Sojourn (traduit de l'anglais par Guilhem)
  15. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter At the Gates of Hell : The Battle of Signus - The Eye of The Storm (traduit de l'anglais par Guilhem)
  16. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter At the Gates of Hell : The Battle of Signus - A Fracture in Space and Time (traduit de l'anglais par Guilhem)
  17. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter At the Gates of Hell : The Battle of Signus - War in the Heavens (traduit de l'anglais par Guilhem)
  18. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter At the Gates of Hell : The Battle of Signus - Malcador's Black Watch (traduit de l'anglais par Guilhem)
  19. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter At the Gates of Hell : The Battle of Signus - And Hell followed with Them (traduit de l'anglais par Guilhem)
  20. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter At the Gates of Hell : The Battle of Signus - The Wreck of the Red Tear (traduit de l'anglais par Guilhem)
  21. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter At the Gates of Hell : The Battle of Signus - The Birth of Curses and Legends (traduit de l'anglais par Guilhem)
  22. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter At the Gates of Hell : The Battle of Signus - The Fire in the Sky (traduit de l'anglais par Guilhem)
  23. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter At the Gates of Hell : The Battle of Signus - The Cathedral of the Mark (traduit de l'anglais par Guilhem)
  24. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter At the Gates of Hell : The Battle of Signus - Sector 056 - 08n : In the Jaws of Hell (traduit de l'anglais par Guilhem)
  25. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter At the Gates of Hell : The Battle of Signus - The Left Flank Host (traduit de l’anglais par Guilhem)
  26. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter At the Gates of Hell : The Battle of Signus - Sector 01n - 041 : The Rewards of Duty (traduit de l'anglais par Guilhem)
  27. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter At the Gates of Hell : The Battle of Signus - The Right Flank Host (traduit de l'anglais par Guilhem)
  28. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter At the Gates of Hell : The Battle of Signus - Sector 09B - 11y: The Unseen Hand : The Rewards of Duty (traduit de l'anglais par Guilhem)
  29. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter At the Gates of Hell : The Battle of Signus - The Angel and the Daemon (traduit de l'anglais par Guilhem)
  30. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter At the Gates of Hell : The Battle of Signus - Secteur 06( : Dreams Rendered into Ash (traduit de l'anglais par Guilhem)
  31. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter At the Gates of Hell : The Battle of Signus - The Rearguard (traduit de l'anglais par Guilhem)
  32. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter At the Gates of Hell : The Battle of Signus - Sector 01a : The Last Bolt-hole of Victory (traduit de l'anglais par Guilhem)
  33. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter At the Gates of Hell : The Battle of Signus - From the Depths of Hell Itself (traduit de l'anglais par Guilhem)
  34. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter At the Gates of Hell : The Battle of Signus - Sector 030: Codicil 03.23 (traduit de l'anglais par Guilhem)
  35. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter At the Gates of Hell : The Battle of Signus - Broken Angels and Fallen Wolves (traduit de l'anglais par Guilhem)
  36. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter At the Gates of Hell : The Battle of Signus - Sector 101 : In the Company of Death (traduit de l'anglais par Guilhem)
  37. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter At the Gates of Hell : The Battle of Signus - Sectors 05n - 08 : The Wrath of Angels (traduit de l'anglais par Guilhem)
  38. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter At the Gates of Hell : The Battle of Signus - The Scarlet Liberty (traduit de l'anglais par Guilhem)
  39. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter At the Gates of Hell : The Battle of Signus - An Angel's Repose (traduit de l'anglais par Guilhem)
  40. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter At the Gates of Hell : The Battle of Signus - Sectors 01a et 10O : An End and a Beginning (traduit de l'anglais par Guilhem)
  41. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter At the Gates of Hell : The Battle of Signus - A Red Angel (traduit de l'anglais par Guilhem)
  42. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter At the Gates of Hell : The Battle of Signus - A Laurel of Ash and Regret (traduit de l'anglais par Guilhem)
  43. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter At the Gates of Hell : The Battle of Signus - A Devil's Contract (traduit de l'anglais par Guilhem)
  44. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter At the Gates of Hell : The Battle of Signus - Of Angels and Daemons (traduit de l'anglais par Guilhem)
  45. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter At the Gates of Hell : The Battle of Signus - Astra Incognito (traduit de l'anglais par Guilhem)
  46. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter A Gate Unsealed: A Future Written in Blood (traduit de l'anglais par Trazyn l'Infini)
  47. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter A Gate Unsealed: Of the Hosts of the Ninth (traduit de l'anglais par Trazyn l'Infini)
  48. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter A Gate Unsealed: Of the Hosts of the Ninth - Baal (traduit de l'anglais par Trazyn l'Infini)
  49. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter A Gate Unsealed: Of the Hosts of the Ninth - Canopus (traduit de l'anglais par Trazyn l'Infini)
  50. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter A Gate Unsealed: Of the Hosts of the Ninth - Anvillus (traduit de l'anglais par Trazyn l'Infini)
  51. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter A Gate Unsealed: Of the Hosts of the Ninth - Saiph (traduit de l'anglais par Trazyn l'Infini)
  52. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter A Gate Unsealed: Of the Hosts of the Ninth - 106th Expeditionary Fleet (traduit de l'anglais par Trazyn l'Infini)