Trahison sur Chondax

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« Tous les Empereurs sont des menteurs, tous les tyrans sont des voleurs. »
- Proverbe Chogorien de l’ère d’avant la Conformité.
La Trahison sur Chondax.

Chondax n’est pas un nom mentionné lorsque les érudits parlent des grands tournants de l’Hérésie d'Horus. Il ne résonne pas avec la même infamie que les massacres de Isstvan ou de Calth, où des centaines de milliers d’âmes y ont trouvé leur fin, ni avec l’importance stratégique des batailles pour Beta-Garmon ou Tallarn. Pourtant, c’est à Chondax que le cours de l’Hérésie d’Horus fut décidé, non pas dans le feu et le tonnerre, mais dans le calme et l’oubli. Ici, Horus connu son premier échec. Sa première défaite. Ici, l’Alpha Legion et les White Scars ont choisi une voie inattendue et ont défié les attentes d’une galaxie en guerre. Ici, le massacre a pris fin et la guerre a commencé.

L’incident de Chondax trouve son origine dans le sillage de la Croisade d'Ullanor, où l’Empereur et Horus combattirent côte à côte pour la dernière fois. Le vaste empire Ork d’Urlakk Urg fut renversé et brisé pour toujours et Horus proclamé Maître de Guerre de tout l’Imperium, champion de l’Empereur et commandant de la Grande Croisade lorsque le Maître de l’Humanité se retira sur Terra. Certains disent que c’est le jour où le cœur d’Horus s’est refroidi, que le départ de son Père a donné naissance aux braises de la rébellion. Que de telles accusations soient fondées ou non, c’est dans la foulée du macro-Triomphe qui s’en suivi, une célébration pour fêter le nouveau titre d’Horus, que les fondements de l’Hérésie ont sans aucun doute été jetés.

Dans les ruines de la dernière grande menace à la domination de l’Humanité, et le dernier véritable défi de la Grande Croisade, Horus rédigea un certain nombre d’ordres. Les régiments de l’Armée Impériale et des Legios Titaniques furent réorganisés et redéployés sous son commandement. Les unités dont la loyauté envers le nouveau Maître de Guerre était absolue se voyaient déplacer vers des positions stratégiques clés, tandis que celles qui avaient peu de loyauté personnelle envers Horus étaient affectées dans la zone de guerre la plus sanglante de la Grande Croisade. Même ses frères Primarques n’étaient pas à l’abri de ces machinations, ceux qui étaient les confidents du Maître de Guerre et ceux qui ont longtemps été rancuniers envers leur père se voyaient accorder les conquêtes les plus opportunes, tandis que ceux qui pouvaient être considérés comme des rivaux furent envoyés aux confins de la galaxie. Comme nous l’avons déjà vu, les Blood Angels furent éloignés du centre de l’Imperium, envoyés dans la lointaine Signus pour connaître leur destin. Le Lion, Roboute Guilliman et d’autres encore reçurent des campagnes à mener loin des centres du pouvoir Impérial.

Contrairement à certains de ses frères, Jaghatai Khan était l’un des Primarques que le nouveau Maître de Guerre considérait comme un proche allié, dont l’absolue honnêteté et le mépris des subterfuges le rendaient insoupçonnable en tant que rival du grand destin qu’Horus nourrissait dans les coins sombres de son âme. Le Khagan était un guerrier, pur et simple ; il avait peu d’ambitions de créer un empire et beaucoup de ses compagnons Primarques négligèrent son habileté et les grandes actions que lui et sa Légion avaient accomplies au nom de la Grande Croisade. Mais le Khagan était aussi loyal à l’Empereur et à un guerrier pour qui les serments faits ne pouvaient être facilement reniés. Étant donné la nature des White Scars, dont la réputation d’autosuffisance et les codes d’honneur obscurs étaient bien établis, toute tentative de les suborner ouvertement était aussi susceptible de les rendre ennemis que de les lier à la cause du Maître de Guerre. Au lieu de cela, Horus opta pour un plan plus subtil, ne voulant pas confier à son vieil ami un destin aussi sanglant qu’il réservait pour ceux qu’il considérait comme des obstacles dans son ascension.

Il savait que le Khagan ne pouvait être ni corrompu ni intimidé, car il était un homme célèbre pour ses manières obstinées et tenaces, empressé à suivre ses propres voies, tout comme sa Légion, qui évitait les restrictions de la doctrine standard de l’Imperium. Pour le Maître de Guerre, Jaghatai Khan ne pouvait pas être commandé, mais il pouvait être manipulé. Il ne répondrait ni aux demandes ni aux supplications, et il faudrait donc qu’il soit obligé de prendre de son plein gré le chemin qu’Horus avait choisi pour lui. Pour ce faire, Horus devrait préparer le terrain pour un tel choix avec beaucoup de soin, de peur que le cheval qu’il souhaitait apprivoisé ne s’enfuit. Il aurait besoin de contrôler tous les facteurs en jeu, de fermer toutes les options que les White Scars avaient, à l’exception de celle qui les menait à ses côtés. Il fallait les isoler des autres Légions et les envoyer dans un lieu où seules les nouvelles qu’Horus souhaitait leur faire parvenir pourraient les atteindre, ainsi que de les occuper avec une guerre qui satisferait leurs caractères nomades. Le Maître de Guerre avait beaucoup à faire, beaucoup de pièges à poser et de manœuvres à planifier, et les White Scars ne devraient pas s’y mêler jusqu’à ce qu’elles soient aboutis.

Horus envoya donc les White Scars à Chondax, un système inhabité à quelques sauts Warp d’Ullanor, un endroit sans importance stratégique réelle et loin de tout passage Warp bien fréquenté. C’est là qu’ils devaient poursuivre les derniers soubresauts de la victoire d’Ullanor, pourchassant les restes des armées Peaux-Vertes d’Urlakkk Urg qui s’étaient réfugiées parmi les mondes largement dispersés du système de Chondax. Horus présenta au Khan ses ordres comme une chance de mener une guerre comme celle qu’il menait aux premiers jours de la Grande Croisade, à l’abri des Commémorateurs et de la surveillance de Terra, un vaste système stellaire dans lequel errer, tuer et rire. Il savait que Jaghatai Khan et ses fils devenaient agités, qu’ils sentaient la Grande Croisade évoluer et changer, devenir quelque chose de plus solide et de plus réglementé qu’auparavant, quelque chose à laquelle les White Scars n’étaient pas adaptés. Il leur offrit la chance de vivre à nouveau pleinement et librement, d’imposer plus visiblement leurs marques sur le progrès de la Grande Croisade que celle qui leur était habituellement offerte - une Légion qui servait le plus souvent de cavalier de la Grande Croisade, sans se faire remarquer et rarement encensée. Il allait mettre la dernière pierre sur la tombe de l’empire d’Urlakkk Urg et être un élément central du triomphe du Maître de Guerre. De plus, là où d’autres auraient pu donner des ordres aux Khan, le Maître de Guerre le lui demanda comme une faveur à un ami. Il sollicita de l’aide au lieu d’exiger l’obéissance, et Jaghatai Khan et ses White Scars agirent comme ils l’avaient toujours fait, répondant à l’appel du Maître de Guerre.

Les Écailles Asymétriques[1]

Une grande partie du travail que vous lisez maintenant a été rendue possible grâce à un document connu sous le nom d’Écailles Asymétriques. Le volume est une collection de notes manuscrites, de dépêches codées et d’images, tous traçant la destinée de l’Alpha Legion à travers l’Hérésie Horus. C’est un code crypté qui révèle les secrets de l’Alpha Legion. Selon toute probabilité, tout ce qui se trouve sur ses pages est un mensonge.

Les Écailles Asymétriques ne sont pas le résultat d’opérations du renseignement impérial ou de mes propres recherches, elle est d’un pedigree un peu plus mystérieux. Ils sont entrés en possession des Archives Terranes dans les années qui ont suivi la retraite du reste des Traîtres de Terra dans les dernières années de l’Hérésie Horus. Aucune entrée de catalogue ni aucun Adepte Scribe n’indique la date exacte de son inclusion dans les Archives, et seule une seule note concernant son arrivée a été découverte. De cette note on peut simplement lire : "Au service de la Vérité". Malgré cette origine gênante, les serviteurs de Malcador, qui conservent beaucoup d’influence dans le sillage du grand sacrifice de leur maître, nous ont assuré de sa véracité.

La Écailles Asymétriques énumère les déploiements de troupes, les honneurs de guerre, les dossiers du personnel et bien d’autres choses encore. Grâce à elle, la pleine participation de l’Alpha Legion à l’Engagement de Chondax et à des centaines d’autres batailles peut enfin être entièrement documentée - si l’on veut que son contenu soit fiable. Cependant, vu l’absence totale d’autres sources concernant la secrète XXe Légion, il n’y a pas eu d’autre choix. Toute l’information tirée des Écailles Asymétriques a été vérifiée autant que possible par des sources de l’Imperium, bien que certains détails demeurent impossibles à confirmer entièrement et qu’un certain nombre de divergences importantes demeurent. Pourtant, lorsqu’il s’agit de la XXe Légion, son arme la plus redoutée est celle du mensonge et de la désinformation. Je crains qu’il n’y ait jamais de vérité définitive et absolue sur leurs activités.

Pourtant, les White Scars n’étaient pas la seule Légion qu’Horus envoya à Chondax. L’Alpha Legion reçut également l’ordre de partir pour cette étendue d’espace insignifiante, mais pour un objectif très éloignée des affaires de la Grande Croisade. Horus aurait besoin de l’instrument approprié pour poser son piège, pour l’appâter et, au bon moment, pour y refermer les mâchoires. Dans l’Alpha Legion, il trouva exactement ce qu’il fallait. Nous ne savons pas quand Horus a retourné Alpharius et ses partisans à sa cause, mais étant donné le timing des événements à Chondax, cela a dû se produire en 000.M31, avant la fin du Grand Triomphe d’Ullanor. Pourtant, à l’instar de beaucoup d’autres Primarques qui se sont convertis de bonne heure au cercle intime d’Horus, Alpharius semblait avoir peu de raison de trahir. Contrairement à Angron, il n’avait aucune rancune connue contre son père et, à l’exception de Mortarion, il n’était pas connu pour avoir eu des préoccupations ouvertes concernant les politiques et la direction de l’Imperium. Tant les preuves disponibles que les informations trouvées dans les Écailles Asymétriques font allusion à une force extérieure qui a influencé le Primarque de la XXe Légion, une Cabale qui voulait pour de sombres raisons qu’Horus réalise ses terribles plans. Il est peut-être même possible que l’impénétrable Primarque de l’Alpha Legion ait pensé qu’il agissait dans le meilleur intérêt de l’Imperium, ou qu’il ait cherché à manipuler Horus et à atténuer les dommages qu’il pourrait causer. Peut-être s’est-il simplement réjoui du chaos qui s’apprêtait à se déchaîner.

La vérité restera probablement incertaine, mais il est clair que l’Hérésie d’Horus était bien plus qu’une guerre civile provoquée par une ambition mal placée. Des forces cachées à la fois malignes et secrètes manipulaient le cours de l’avenir de l’Humanité, et les événements qui allaient se produire à Chondax montraient à quel point leur influence était étendu. C’était lors de la première année du 31e Millénaire, quatre ans avant les massacres dans le système de Isstvan et trois ans avant la Chute d'Horus sur la lune de Davin. Bien avant que la plupart des récits contemporains ne considèrent l’instant où la folie de l’Hérésie d’Horus avait commencé, il semblerait que les actions de divers groupes subtils actifs dans l’Imperium avaient déjà planté les graines de la trahison dans le cœur de beaucoup des grands serviteurs de l’Empereur.

L’Alpha Legion, à ce moment volontier complice de la trahison du Maître de Guerre, s’était mise à sa tâche avec rigueur. Elle reçut l’ordre de se hâter pour Chondax, de préparer ce vaste système pour l’arrivée des White Scars et de les garder en place jusqu’au bon moment. La XXe Légion, toujours aussi secrète, avait établi une série de stations spatiales dissimulée dans le vide dans le système de Chondax, chacune capable d’intercepter et de bloquer les communications astropathiques, un exploit rarement réalisé avec une telle efficacité dans une autre zone de guerre digne d’être mentionnée. Certains spéculent sur l’implication des Word Bearers dans cette tâche, dans la manipulation de l’essence même du royaume Æthérique par les fils de Lorgar, peut-être même dans les premiers murmures de la Tempête de la Ruine elle-même. Quelle que soit sa source ou sa méthode, l’Alpha Legion avait isolée le système de Chondax bien avant l’arrivée des White Scars, ensemençant ses mondes d’avant-postes cachés à partir desquels elle pourrait guider le cours de la campagne contre les Orks, et empêcher une victoire rapide à la Légion du Khagan.

Tous ces préparatifs devaient préparer le terrain pour l’intimidation des White Scars. Horus n’avait pas l’intention de provoquer une bataille entre les Légions à Chondax, car contrairement à ceux qui furent pris dans le piège qu’il organisa à Isstvan V, il ne souhaitait pas voir les White Scars brisés et dispersés. Horus avait veillé à ce qu’ils soient isolés des événements qu’il s’apprêtait à mettre en branle. Prisonniers à Chondax, ils ne pourraient pas intervenir lors du Sac de Prospero, car le Khagan et Magnus le Rouge étaient des alliés proches, tous deux étrangers à beaucoup de leurs frères et tous deux ayant une inclination mystique, et s’il avait entendu parler du péril de son ami, aucune force n’aurait pu empêcher les White Scars de se diriger vers Prospero pour aider les Thousand Sons. Une catastrophe que craignait Horus. Ses plans exigeaient que les Loups soient amoindris et que les fils du Sorcier soient trahis - par un tel stratagème, il renforçait sa position et affaiblissait ceux qui étaient loyaux à l’Empereur. Le Maître de Guerre n’a eu qu’à attendre au fur et à mesure que ses plans se déroulaient, et quand le moment serait venu, il présenterait à Jaghatai Khan juste assez de vérité pour le satisfaire et de mensonges pour le mettre au service de l’empire obscur qu’il cherchait à créer à partir du cadavre de l’Imperium.[2]

Une Tempête à l'Horizon

Des Plans dans les Plans[3]

La plupart des informations en notre possession indiquent que l’Alpha Legion a conspiré non seulement avec Horus mais aussi avec un autre bienfaiteur inconnu. L’identité de ce commanditaire demeure un mystère, et ce n’est que par les actions de l’Alpha Legion que nous pouvons en déduire les motifs. L’Alpha Legion fut parmi les premières Légions à se joindre à la rébellion d’Horus. Leur participation à l’Engagement de Chondax dans les premières années du 31e Millénaire était une de leurs actions traîtresses les plus connues. Pourtant, il n’est pas certain qu’Horus ait fait un effort concerté pour gagner sa loyauté. En fait, elle s’était souvent exclue des réunions clés et fut méprisé par d’autres membres de l’ost renégat. En tant que tel, il semble raisonnable de supposer que ce bienfaiteur inconnu a en quelque sorte contraint Alpharius à servir le Maître de Guerre, bien que l’on ignore ce qu’une telle association aurait à gagner à aider la rébellion. Peu de puissants parmi les puissants de l’Imperium ont récoltés des gains lors de la destruction totale de l’Hérésie d’Horus, et la plupart d’entre eux ont été gravement affaiblis dans son sillage. En effet, ce sont les exclus, les Xenos et les parias qui ont le plus bénéficié de la faiblesse de l’Imperium. C’est un fait révélateur et effrayant. Car si l’Alpha Legion opérait à la demande d’une faction extraterrestre, qui aurait vue dans la chute de l’Imperium leur propre ascension alors il est certain que ces complots ne se sont pas terminés avec la chute d’Horus.

Quand Horus apposa son sceau sur les ordres qui enverraient les White Scars à Chondax, Jaghatai Khan et cinq Confréries des White Scars furent disposées sur les Champs de Triomphe d’Ullanor. Des Primarques à Ullanor, de leurs réunions et de leur conduite, nous avons beaucoup de sources - des écrits de plusieurs des Primarques eux-mêmes aux récits des Commémorateurs.

Beaucoup font peu de cas de la présence du Khan, choisissant souvent de concentrer leurs louanges sur celles de ses frères plus habitués à de tels éloges. Pourtant, là où il apparaît, c’est souvent significatif. Par exemple, il est rarement vu en dehors de sa Légion, sauf en compagnie de certains de ses frères, le plus souvent Horus Lupercal ou Magnus de Prospero. De ces réunions, au cours desquelles il est supposé qu’Horus a présenté à son frère l’ordre de purifier Chondax, il n’y a aucune trace de mécontentement ou de bouleversement dans le comportement du Khagan. En effet, de nombreux récits font la part belle à la camaraderie entre les deux, surtout en raison de l’absence des autres interactions du Khan.

De ses rencontres avec Magnus le Rouge, il y a beaucoup moins d’archives, mais ce sont celles-ci qui occupent la majorité de son temps loin des tâches de la guerre et de la conquête. Les deux étaient liés par leur statut d’étrangers parmi les plus charismatiques de leurs frères et une alliance improbable s’était formée entre les deux Légions, l’une d’errants pragmatiques et l’autre d’érudits liés par des livres. Pendant les grands défilés du Triomphe, les White Scars présents défilèrent aux côtés des guerriers de Prospero, et lors des célébrations qui suivirent la nomination du Maître de Guerre, les deux Légions, souvent oubliées par les autres, étaient toujours l’une à côté de l’autre. Il est dit par ceux qui l’ont connu que le Khagan appréciait Magnus pour son honnêteté et sa volonté de dire la vérité telle qu’il la voyait malgré la menace de la censure, et bien que leurs points de vue ne concordaient pas toujours, son respect n’en avait pas faibli. Pendant le bref séjour des Légions sur les Champs de Triomphe d’Ullanor, de nombreux liens s’étaient tissés entre les guerriers de Chogoris et de Prospero, bien que peu d’hommes d’État parmi les grands de l’Imperium purent en témoigner. Cette importante alliance deviendrait évidente pour beaucoup de grands et puissants que bien trop tard.

Nous supposons qu’Horus, désireux d’apaiser son frère et d’accélérer son départ pour une tâche qui, malgré son apparence honorifique, impliquerait probablement quelques années de combat peu glorieux et ardus, accorda au Khagan l’autorité de rassembler les unités présentes à Ullanor qui lui semblait les mieux adaptés pour la tâche à venir. Au dire de tous, c’est une tâche à laquelle le Khagan travailla avec vigueur, probablement heureux d’être débarrassé du faste et de la cérémonie du grand Triomphe. Pendant plusieurs mois, le Khagan s’est occupé de la formation de sa propre Légion, y compris l’envoi de dépêches à des Hordes éloignées, et la sélection d’unités de soutien. À cet égard, le parti pris des White Scars en faveur d’un style de guerre mobile est très évident. En fait, certains documents laissent entendre que, dans un premier temps, le Khagan était réticent à attacher des forces non-Astartes à sa flotte. L’inclusion d’une cohorte mécanisée des Béliers de Saturne semblaient indiquer ce biais, les Béliers étant connus pour leurs compétences d’élite et leur préférence pour l’assaut rapide plutôt que pour la défense prolongée. D’autres choix encore, comme celui d’un détachement des ingénieurs de siège Charonides, sont en désaccord avec les préférences habituelles du Khan et parlent peut-être de l’influence d’Horus ou d’un autre conseiller.

L’ajout le plus curieux à la flotte de Chondax était peut-être celui d’un demi-cadre de la Sororité du Silence. Un petit détachement avait fait partie de la Croisade d’Ullanor, mais n’avait guère participé aux combats, à l’exception de deux affrontements avec des Psykers Orks qui les amena sur les premières lignes. Cependant, le Concile de Nikaea, auquel le Grand Khan n’avait pas été convoqué, n’avait pas encore imposé de restrictions sur l’utilisation des Psykers de combat au sein des Légions, et les White Scars continuaient à compter sur leurs Prophètes des Tempêtes pour contrer ces menaces. Certains ont émis l’avis que la raison de l’inclusion des Sœurs était moins due à leurs capacités uniques qu’à leurs Motojets de fabrication Terrane, machines pour lesquelles les White Scars éprouvaient une curiosité notoire. D’autres ont noté la tendance du Khan à recruter des conseillers dans les lieux les plus inhabituels, en cherchant des points de vue différents aux siens.

Concernant la Légion des White Scars, les archives du Triomphe restent peu détaillées. Comme à de nombreuses occasions, la Ve Légion semble avoir échappé à l’attention de nombreux chroniqueurs, mais par leurs absences, nous pouvons retracer leurs activités et leur tempérament au cours des derniers mois précédant la Campagne de Chondax. Lors de nombreux défilés et d’examens cérémoniels auxquelles ils prenaient part, les White Scars furent représenté que par un nombre limité de guerriers. La majorité des troupes présentes, environ cinq Hordes complètes comptant environ 50 000 guerriers, s’affairaient à récurer les désolations d’Ullanor à la recherche des derniers restes de l’ennemi vaincu. Les quelques Commémorateurs qui les ont remarqué ont noté l’aspect agité de la Légion et la distance qui la séparait de plusieurs de leurs frères. De toutes les Légions à Ullanor, les White Scars restaient la plupart du temps entre eux, faisant preuves du peu de camaraderie qui marquait la réunion de certaines des autres Légions.

Peu de dispositions étaient nécessaires pour préparer la Légion au combat. Plus que toute autre Légion, les White Scars étaient réputés pour leur mobilité stratégique, la plupart des unités restant aux postes de combat pendant toute la durée du Triomphe. En effet, plusieurs Confréries étaient encore engagées dans des combats actifs avec des vestiges des Xenos sur les mondes extérieurs du système d’Ullanor. Alors même que les unités de l’Armée Impériale se réunissaient, plusieurs Confréries des White Scars avaient déjà quitté le système pour effectuer une reconnaissance préliminaire du système de Chondax. En quelques jours à peine, le gros des forces de la Légion était prêt à partir, avec deux Hordes et plusieurs escadrons de navires de guerre détachés par le Khan pour sécuriser une aire de rassemblement pendant que le gros des troupes se rassemblait. Fait inhabituel, le Khan ne voyageait pas avec l’avant-garde, choisissant plutôt de rester sur Ullanor alors que son groupement tactique se rassemblait. Le peu de dossiers dont nous disposons montre que ce temps a été consacré à des réunions à huis clos avec le Maître de Guerre, bien que le sujet de la discussion ait été perdu avec le temps.

Malgré la rapidité avec laquelle les White Scars assemblèrent leur corps expéditionnaire, ils ne furent pas la première force impériale à arriver dans le système de Chondax. L’Alpha Legion était présente à Chondax depuis un certain temps, ayant reçu ses propres ordres d’Horus bien avant que Jaghatai Khan reçoive les siens. Des préparatifs avaient été effectués tant au sein du système qu’à l’extérieur, dont l’ampleur n’avait pas encore été pleinement étudiée jusqu’à présent. Un certain nombre de stations orbitales furent construites le long de l’héliopause de l’étoile de Chondax et dans l’espace interstellaire. Ces stations, connues par l’Alpha Legion sous le nom de stations Tenebrae, devaient servir de sentinelles sur le système de Chondax, hébergeant un ensemble de systèmes complexes d’interception de signaux qui, une fois activés, formerait un réseau complexe autour du système de Chondax et arrêterait toutes les communications à courte portée. Les documents contenus dans les "Écailles Asymétriques" mentionnent également l’inclusion de petites cabales de Word Bearers sur plusieurs des stations, apparemment inclus pour leur capacité à manipuler le Warp d’une manière inconnue, bloquant efficacement la communication astropathique.

Leurs préparatifs ne se limitaient pas aux stations du système. Plusieurs planètes du système de Chondax furent préparées à recevoir l’arrivée des White Scars. Chondax était un système complexe et tentaculaire de trois soleils, ayant été d’abord cartographié des siècles auparavant par des explorateurs et des commerçants, et avait à un moment donné accueilli plusieurs communautés isolées dont la descendance pouvait être retracée aux anciens exilés des cantons Skandik de la Vieille Terre. Longtemps dévolus à des marchés de viandes délabrés pour les pilleurs du vide qui tourmentaient les systèmes environnants, on suppose que ces établissements furent détruits par l’afflux des tribus Orks fuyant la destruction causée à Ullanor, mais les cartes et les noms qu’ils utilisaient pour les mondes du système restèrent dans l’usage courant. Les hordes Orks, dépourvues d’un leadership fort, se sont, comme on pouvait s’y attendre, divisées en un réseau fragmenté de clans belligérants peu après s’être établies dans les fiefs de leurs victimes. Inconnue des agents impériaux, mais bien documentée par les équipes de Chasseurs de Têtes de l’Alpha Legion, les principaux groupes d’Orks étaient concentrés autour des forteresses rivales de Hate Spike et de Vorskarr dans le système intérieur, la plus puissante parmi les nombreux mondes du système central étant Fléau Noir. Incluons les clans nomades se déplaçant dans des astéroïdes creux et qui menaient entre eux une guerre cannibale sans fin dans les régions reculées de Chondax.

Soucieuse d’éviter d’agiter les clans Orks qui s’étaient installés dans Chondax, l’Alpha Legion créa un petit réseau d’espionnage basés sur des redoutes fortifiées dans tout le système. La plupart étaient minuscules, destinées à abriter seulement quelques douzaines d’agents de l’Alpha Legion, mais au moins deux, situés sur les mondes de Byfrust et les lunes de Phemus, étaient beaucoup plus grands. Dans ces solides cachettes, chacune avec une série d’augures et de systèmes de communication renforcés, l’Alpha Legion pouvait manipuler le cours des combats pour servir ses propres intérêts. Peu de choses furent laissées au hasard. Les White Scars n’auraient guère l’occasion de découvrir le subterfuge de leur Maître de Guerre et ne sauraient s’éloigner de Chondax, sauf si Horus et ses alliés le leur permettait. Horus avait tendu son piège et n’avait plus qu’à attendre l’arrivée de sa proie.[4]

La Flotte de Purge de Chondax[5]

Vous trouverez ici une transcription de la liste originale et du décret d’autorisation délivré par le Maître de Guerre à Jaghatai Khan pour la Campagne de Chondax. Il comprend une liste complète des forces allouées au Khan et, d’un intérêt particulier pour les érudits de l’Hérésie Horus, un ensemble condensé des ordres officiels de la campagne.

« Ceci étant une liste des forces liées par serment au service de l’agent du Maître de Guerre, Jaghatai Khan, nommé exécuteur en son nom et chef parmi ses serviteurs dans cette entreprise, connue ci-après sous le nom de Croisade de Chondax. Par ordre de Horus Lupercal, Maître de la XVIe Légion, l’Œil de Terra, et Maître de Guerre de l’Imperium, cette croisade se consacrera à la poursuite des buts énumérés ici bas:
Au moyen de toute la force nécessaire, réduire en ruines toutes les forteresses ennemies, harceler et détruire toutes ses forces et effacer toutes les traces de sa présences. Partir en arme dans le voisinage immédiat du système stellaire trinaire connu sous le nom de Chondax, et que la provocation de l’ennemi ou l’appel des alliés ne perturbe pas le grand dessein du Maître de Guerre.
Accueillir et secourir tous les émissaires déclarés du Maître de Guerre Horus Lupercal, et écouter les missives qu’ils portent sans égard à une autre autorité.
Qu’aucun autre devoir ou appel aux armes ne l’emporte sur cette charge, qu’aucun guerrier ne se repose jusqu’à ce que la volonté du Maître de Guerre soit pleinement exécutée et que sa colère soit épuisée jusqu’à son extrême limite.
Par le sceau et l’autorité du Maître de Guerre de l’Imperium, premier serviteur de l’Empereur ; à cette date[769000.M31], que personne n’empêche ces guerriers dans l’exercice de leurs fonctions sous peine de sanction extrême et de pleine réparation en droit impérial. »
  • Cadre des Officiers de la Flotte de Croisade :
  • Jaghatai Khan, Seigneur de la Ve Légion, Émissaire du Maître de Guerre - Commandant en chef de toutes les forces de l’Imperium affectées à la zone de guerre Chondax.
  • Cahstis Merovin, Chevalier-Centura de la Sororité du Silence.
  • Argus Gygan, Stratège de l’ost Saturnyens et commandant de la 13e cohorte de l’Auxilia Solar.
  • Contingent de la Flotte :
  • Éléments de la flotte des White Scars, 472 navires de classe capitale, principalement de masse et de classe plus légères, ainsi que des vaisseaux d’attaque et des destroyers de moindre envergure.
  • Éléments de la Marine Impériale, 21 embarcations de classe capitale, y compris sept barges de transport macro-arche, et 30 autres embarcations et destroyers de reconnaissance à grande distance.
  • Un seul croiseur léger de classe Optima-Malifax de la Sororité du Silence.
  • Contingent Principal :
  • Le Ve Légion - Les White Scars :
  • Cinq Hordes des White Scars étaient présentes au Triomphe d’Ullanor, avec trois autres Hordes rejoignant la flotte à Chondax, arrivant de campagnes autour des Étoiles Pâles via les zones de rassemblement de Ryza. Au total, la force White Scars comptait environ 67 600 Légionnaires, y compris des blindés et d’autres unités de soutien, représentant plus de 60 Confréries individuelles et plus des deux tiers de la Légion.

Contrairement à la plupart des Légions, les White Scars ne suivent aucun schéma numérique pour identifier leurs Hordes, les marquant seulement avec le nom de l’actuel Noyan-Khan de la Horde. Cette singularité, lorsqu’elle est combiné avec la tradition des White Scars qui voit les recrues prendre un nouveau nom Chogorien pour remplacer leur ancien nom lorsqu’elles obtiennent le grade de Légionnaire, les rend extrêmement difficiles à suivre avec précision.

  • La Horde du Noyan-Khan Krenak, qui faisait partie de la Croisade d’Ullanor, est principalement composée d’infanterie montée, forte d’environ 7 900 hommes.
  • La Horde du Noyan-Khan d’Asudai, qui faisait partie de la Croisade d’Ullanor, comprenait un important contingent blindé d’environ 7 300 hommes.
  • La Horde du Noyan-Khan Hasik, qui faisait partie de la Croisade d’Ullanor, est principalement composée d’infanterie montée, forte d’environ 9 800 hommes.
  • La Horde du Noyan-Khan Jemulan, qui fait partie de la Croisade d’Ullanor, est principalement composée d’infanterie montée, forte d’environ 8 300 hommes.
  • La Horde du Noyan-Khan Nogai, qui faisait partie de la Croisade d’Ullanor, comprend une grande proportion de spécialistes de la reconnaissance, environ 9 200 hommes.
  • La Horde du Noyan-Khan Sangjar, détournée de la Pacification de Yarath, est principalement composée d’infanterie montée, environ 8 600 hommes.
  • La Horde du Noyan-Khan Gansukh, détournée de la Pacification de Yarath, comprend un important contingent d’infanterie avec de nombreuses armes lourdes, environ 7 000 hommes.
  • La Horde du Noyan-Khan Orbaatar, détournée de l’expédition Thanatos, l’une des rares Hordes à inclure un train d’artillerie, d’environ 9 500 hommes.
  • Auxiliaires de l’Armée Impériale :
  • 13e Cohorte de l’Auxilia Solar - 4 000 Hoplites des célèbres régiments de Béliers de Saturne. La 13e était l’une des rares cohortes entièrement mécanisées des Béliers.
  • 42e Garde Séraphine - 8 000 soldats de la Milice Impériale affectés en garnison.
  • 8e Voie des Sentinelles Charonides - 2 000 ingénieurs de siège fortement augmentés et des machines de guerre de provenance ancienne.
  • Forces Indépendantes
  • Un demi-cadre de la Sororité du Silence - 63 Sœurs militantes équipées de Motojets Erinyes.

Le Voile se Ferme

Chondax avait été bien choisi, à la fois par les Orks qui s’y étaient enfuis et plus tard par Horus quand il avait cherché une diversion pour occuper le Khan. Ses champs de bataille étaient vastes et intacts, à l’abri des préoccupations politiques et logistiques qui avaient commencé à marquer les dernières années de la Grande Croisade et des White Scars. Ici, ils étaient libres d’errer dans les plaines vides et les mers de cendres à volonté, tuant et chassant comme ils l’entendaient avec un ennemi qui ne faisait pas de quartier et qui prenait presque autant de plaisir dans le simple acte de guerroyer que les White Scars eux-mêmes. Telle était la nature sauvage et inexplorée du système, avec plus d’une douzaine de mondes majeurs. Les innombrables hordes qui avaient fui la chute d’Ullanor ne manqueraient pas de trous pour se cacher.

Pour une force opérationnelle purement constituée de simples humains mortels, il aurait fallu toute une vie pour purger l’ensemble du système, et le coût en vies humaines aurait été beaucoup plus élevé que ne le justifie un système inhabité et sans importance stratégique. Même pour la grande force que Jaghatai Khan avait rassemblée, la campagne serait une entreprise majeure, mais les ordres d’Horus avaient été absolus : si un seul Ork respirait encore à Chondax, leur devoir ne serait pas terminé. Un tel effort semblait excessif car le système de Chondax n’avait pas d’importance, mais le Khagan avait prêté serment à un homme qu’il considérait non seulement comme son supérieur, mais aussi comme son ami. Les propres écrits du Khagan impliquent qu’il considérait l’affaire comme une démonstration de force par le Maître de Guerre nouvellement couronné, une tentative de cimenter son autorité et son succès parmi ses compagnons Primarques en rendant absolue la victoire qu’il avait obtenue à Ullanor. Un tel style de leadership n’était pas le même que celui de Jaghatai Khan, qui était renommé pour son approche distante, parfois considérée comme négligente, de l’incarnation de l’autorité. Le Khagan avait toujours préféré inspirer plutôt qu’exiger une obéissance aveugle.

En dépit des doutes sur les ordres de son Maître de Guerre et ami, le Khan se lança rigoureusement dans la tâche de mettre en place sa stratégie, peut-être heureux d’être à nouveau en guerre et loin des défilés sans fin d’Ullanor et des postures de ses frères Primarques. Chondax présentait un défi stratégique inhabituel. La plupart des campagnes de Conformité étaient axées sur la réduction et l’occupation d’un seul monde habité, ou l’anéantissement total de plusieurs. En tant que telle, la campagne typique consistait en une brève, quoique sanglante, attaque des forces concentrées de l’ennemi, détruisant sa capacité de résistance avant de charger les unités de l’Armée Impériale de traquer les traînards et d’appliquer la loi impériale aux survivants choqués, tâche de longue haleine. Chondax, avec une paire binaire d’étoiles bleues géantes en son cœur et une troisième étoile en orbite autour de la paire centrale à une distance immense, offrait seize cibles principales, dont chacune était infestée de traînards Xenos dans une certaine mesure. Sur tous ces mondes, les White Scars devraient traquer et anéantir leur ennemi, harceler les survivants jusqu’à leur mort et ensuite consolider leur emprise sur les monde, car de tous les Xenos hostiles que l’Humanité avait affrontés dans les étoiles, c’était l’Ork qui réapparaissait le plus souvent suite à une défaite s’il n’était pas complètement purgé. Une fois déclaré exempt de toute souillure Ork, chaque monde aurait besoin d’une force sentinelle laissée en place pour empêcher les Orks fuyards d’atteindre autres cibles et de s’y réfugier une fois de plus. L’ampleur du système était telle que même avec la présence d’un important contingent de la flotte, les White Scars ne pouvaient pas facilement interdire tous les recoins sombres de Chondax. De fait, ils étaient bloqués en ce lieu car liés par l’honneur et des serments les obligeant à mener une longue campagne d’éradication.

Les premières étapes de la purge de Chondax, tel que détaillé dans les dossiers du Khagan et dans les rapports du corps logistique de l’Imperium affecté à la flotte, étaient axées sur la prise de contrôle d’un seul système mondial in-situ, qui agirait comme le commandement central de la force opérationnelle. À partir de cette base centrale, chaque cible individuelle serait assignée à une ou plusieurs Confréries pour être purgée et sécurisée. Ce plan s’appuyait sur les compétences des White Scars en matière d’opération indépendante et une structure de commandement décentralisée pour mener à bien leur mission avec la plus grande rapidité sans mettre en danger sa sécurité globale. Les éléments de l’Armée Impériale qui avaient accompagné la flotte devaient servir de réserve spécialisée, pour s’occuper des cibles qui nécessitaient de l’équipement qui manquait aux White Scars, ou mieux adaptés à des modes de guerre statiques à plus long terme.

Il a été décidé d’utiliser la quatrième planète au niveau moyen de l’orbite du système, connue sur les anciennes cartes sous le nom de Kvarsir, un vaste monde ouvert avec des plaines de sel blanc, comme cible initiale de la flotte. Désignée comme Chondax Prime, et connue de façon plus informelle parmi les White Scars comme le Monde Blanc, cette planète répondait à un certain nombre de paramètres clés qui la rendait idéale à la fois comme zone d’atterrissage initiale et, plus tard, comme lieu de commandement central. De tous les mondes désolés du système de Chondax, c’était peut-être le moins inhospitalier, un paysage de plaines d’un blanc immaculé et d’une végétation de broussailles basses, idéal pour le type de guerre préféré pratiquée par la Ve Légion. Il était également situé à une distance raisonnable dans l’espace réel de la plupart des autres cibles étalées dans le système de Chondax, considéré comme important car les Astropathes de la flotte avaient remarqué une augmentation de la turbulence Æthérique dans la région et avaient mis en garde contre les translations Warp inutiles à courte portée. Enfin, et peut-être plus confusément pour ceux qui ne connaissent pas la nature de la Ve Légion, c’était le site de la plus grande concentration de forces Orks jamais trouvée par les éclaireurs dans le système, occupant plusieurs forteresses dans les vastes plaines et les montagnes isolées du nord. Jaghatai Khan avait l’intention de descendre des cieux par surprise, briser la plus grande force de l’ennemi avant qu’elle ne puisse se rassembler et ensuite traquer ceux qui restaient en toute tranquillité.

Ses plans ainsi établis, la Ve Légion s’embarqua pour Chondax. À ce moment-là, la flotte se composait des cinq Hordes présentes à Ullanor, peut-être 40 000 Légionnaires, et les différents régiments de l’Armée Impériale sélectionnés par le Khagan pour l’accompagner. Partant des grandes flottes qui attendaient en orbite au-dessus d’Ullanor, le Khagan et ses guerriers entrèrent dans ce qui aurait pu sembler être davantage un exil qu’ils se seraient imposés, mais, comme l’attestent divers journaux personnels et les serments d’allégeance faits par les White Scars, cela fut considéré par la Ve Légion comme une libération heureuse de l’onéreuse tâche du défilé et des célébrations. Suivant l’un des canaux les plus petits du grand canal Warp de Paramar, le soi-disant Passage de Fer qui passait par le Maelström et se qui terminait au Monde-Forge d’Anvillus, la flotte de la Croisade de Chondax voyagea dans le Warp avant d’apparaître à Chondax après seulement quelques mois de voyage. Ici, le Khan ordonna aux Navigators de la flotte de sortir dans la ceinture de Mandeville, une zone étroite d’espace entre les orbites de la paire de mondes binaires centraux et la troisième étoile extérieure, là où les vaisseaux pourraient sortir du Warp sans être inhibés. Cette manœuvre risquée plaça les White Scars presque au-dessus de leur cible, en contournant les barges de guerre des Orks qui se faisaient la guerre dans les régions froides du système.

La puissance de feu combinée des navires de la Ve Légion et de ceux de la Marine Impériale a rapidement anéanti les quelques stations sentinelles et les barges en ferraille que les Orks avaient placé pour surveiller Chondax Prime et permettre à la flotte de sécuriser son orbite. La seule victime signalée à ce stade des combats était le croiseur léger de la Marine Impériale, le "Forsworn", qui fut frappé par des embarcations d’abordage rudimentaires et rapidement infesté par des pillards Orks. Bien que les forces de secours de vaisseaux White Scars voisins, le Hawkstar et le Void-mare furent rapidement rassemblées, on pense que les forces des Orks ont percés le compartiment du moteur avant d’atteindre le croiseur sinistré, puis le "Forsworn" fut déchiré quand le réacteur explosa, faisant pleuvoir des débris brûlants sur la moitié d’un continent de la planète. Avec l’opportunisme soudain typique de sa Légion, Jaghatai Khan s’empara rapidement de cet échec apparent et en fit une sorte de victoire étrange. Avec les débris du Forsworn qui traçaient de grandes pistes enflammées dans l’atmosphère et créaient de grands nuages couleur terre pâle dans le ciel, le Khagan ordonna que les atterrissages planétaires commencent immédiatement. Il envoya son débarquement au milieu des débris qui tombaient, ce qui le protégeait à la fois des tirs d’obus des Orks et de l’observation ennemi.

Sur le Monde Blanc, les White Scars menées par Jaghatai Khan massacrent les Orks.

Leur cible initiale était la plus grande des forteresses de l’Ork, une forteresse connue sous le nom de Fléau Noir. C’était l’une des anciennes forteresses de Chondax Prime que les Orks avaient conquis durant les combats qui ponctuèrent leur arrivée lors de leur en retraite d’Ullanor. C’était une vaste et laide tour de rouille, avec d’énormes cheminées de fumée projetant des nuages de vapeurs sombres et de la suie noire qui tachaient les plaines blanches de Chondax Prime à des kilomètres à la ronde. De telles frappes orbitales n’étaient pas une spécialité de la Ve Légion. Elle préférait de loin les styles de guerre plus ouverts que le creuset brutal de l’assaut frontal et du travail de siège, où leur vitesse et leurs capacités de tirailleurs ne pouvaient pas être pleinement exploitées. Face à un tel défi, d’autres Légions, telles que les Blood Angels ou les World Eaters, auraient libéré toute la puissance de leur Légion dans une grêle de Modules d’Atterrissage et de troupes d’assaut descendantes, dont l’efficacité impitoyable n’a été contrebalancée que par le coût des pertes qu’elles entraînaient, un coût qu’une petite Légion comme la Ve ne pouvait pas se permettre de supporter. Au lieu de cela, le Khagan lâcha le Kharash.

Parfois connu sous le nom de Keshig Ébène parmi le contingent Chogorien de la Légion, le Kharash était l’une des rares unités parmi les White Scars qui allaient régulièrement à la guerre en Armure Terminator. Ses rangs n’étaient pas fixes, mais plutôt composés d’une liste de volontaires en constante évolution qui cherchaient la gloire au combat ou l’absolution d’un déshonneur perçu durant le service. Certains étrangers ont injustement qualifié le Kharash d’unité suicidaire, mais comme c’est le cas pour beaucoup de traditions des White Scars, cela rend difficile une catégorisation facile, car une position d’honneur et de respect est autant une position de punition et de repentir. Les guerriers du Kharash, vêtus d’une Armure Terminator teintée de noir, sont tombés sur Fléau Noir en profitant de la pluie de débris orbitaux. Leurs Stormbirds ont été durement touchés par les tirs de l’ennemi alors que des transporteurs plus grands et plus lourds débarquaient à l’extérieur des fortifications. Dans les confins enchevêtrés de la forteresse Ork, le Kharash livra une bataille brutale faite d’attaque et de retraite, frappant des positions défensives clés avant de se retirer dans le labyrinthe des couloirs et des bunkers derrière les murs de Fléau Noir. Leur armure lourde leur permirent de résister là où d’autres unités auraient échoué, permettant à un peu plus de 1 000 White Scars d’apporter le chaos et la mort aux centaines de milliers d’Orks dans la forteresse.

Pendant que le Kharash combattait, le reste des cinq Hordes de Jaghatai Khan se déployèrent à la surface du Monde Blanc, impatients d’affronter l’ennemi mais mal équipés pour la guerre de siège. Ce fut aux stoïques ingénieurs de siège Charonides qu’il incomba de percer les murs, les guerriers augmentés originaires de Sol étant bien équipés pour cette tâche. Avec le Kharash occupant une grande partie de l’attention de la horde Ork, les ingénieurs Charonides n’ont rencontré qu’une opposition dispersée alors qu’ils remplissaient les murs de charges de melta à haut rendement et d’autres armes plus obscures, détruisant de vastes pans des défenses rouillées de Fléau Noir et ouvrant le cœur de la forteresse à ses assaillants. Les Orks à l’intérieur, enragé par les tactiques d’appât employées par les guerriers du Keshig Ébène, se déversèrent vers ce nouvel ennemi, seulement pour trouver les rangs massés des White Scars qui les attendaient. Maintenant capable d’engager l’ennemi en terrain découvert, les White Scars tombèrent sur leur ennemi sans retenu. Des escadrons de Motojets Scimitars harcelèrent les forces des Orks, couper et isoler dans des poches qui furent détruites par les éléments d’infanterie les plus lourdement armés qui suivront dans leur sillage, tandis que les chars d’assaut Sabre ravagèrent les rangs des Peaux-Vertes pour viser les quelques véhicules blindés délabrés qui émergèrent de la forteresse en ruine. À la tête de l’assaut des White Scars se trouvait le Khagan, Jaghatai Khan lui-même, un tourbillon de mort et de carnage sous forme humaine, inspirant ses fils à des exploits d’audace sans peur et de courage bestial.

La bataille pour Fléau Noir dura un peu plus de six heures. Finalement, les Orks restants s’enfuirent dans la vaste étendue sauvage de Chondax Prime, où une ignoble masse innombrable des leurs les attendait. Cela aussi faisait partie du plan du Khagan, car il savait qu’une fois acculé, l’Ork devenait un ennemi vraiment féroce. Sa Légion était mal équipée pour l’affronter, mais dans les plaines, il n’y avait pas d’adversaire à la hauteur des White Scars au combat. Fléau Noir fut rasé pour qu’aucun Ork ne puisse s’y réfugier à nouveau, et les White Scars placèrent leur campement près de ses ruines. Ce n’était pas un campement fortifié, comme les Imperial Fists auraient pu le construire, car il n’y avait pas de remparts pour s’abriter derrière et stationner ses forces en défense. C’était un camp de guerre à partir duquel coordonner et réapprovisionner les diverses Hordes des White Scars alors qu’elles poursuivaient une campagne agressive dans les vastes plaines du Monde Blanc. Bien qu’il resterait debout pendant toutes les années où les White Scars resteraient dans le système de Chondax, seules les troupes auxiliaires resteraient en garnison, en attendant qu’on fasse appel à elles pour leurs compétences spécialisées

Les Orks sur Chondax Prime s’étaient répandus à travers la planète, en une multitude foisonnante au-delà de tout calcul, errant dans les désolations et se battant entre eux autant qu’avec les cavaliers des White Scars. Toute campagne pour les éradiquer serait longue, même pour des chasseurs aussi ardents que les White Scars.

Le Khagan envoya deux Hordes à la poursuite des Orks, avec l’ordre de rassembler les Peaux-Vertes vers le nord, où une série de chaînes de montagnes basses connues sous le nom de Grinders leur donnera l’occasion de saigner et de scruter l’ennemi avant son annihilation. Les troupes restantes furent dispersées dans tout le système, chacune assigné à un monde pour dégager la propagation vers l’extérieur à partir de sa position sur Chondax Prime, à commencer par la planète naine Kren et les mers peu profondes de Shaln. Dans chaque cas, leurs ordres étaient simples : pourchasser l’ennemi, le saigner et user sa volonté de résister avant l’anéantissement final une fois que toute sa race aura été révélée au grand jour et mise au pilori pour l’abattage. Le Khagan est resté que peu de temps sur le Monde Blanc avant de partir pour rejoindre la campagne ailleurs, toujours à la recherche de nouveaux territoires de chasse et refusant, peut-être, d’être lié par la corvée du commandement stratégique. Les White Scars semblaient n’avoir besoin que de peu de surveillance - une fois leur destination assignée, chaque détachement disparaissait dans le vide. Les sentinelles et les aides logistiques impériaux du camp de guerre de Chondax Prime n’ont presque rien entendu les concernant jusqu’au rapport de la victoire finale sur un monde donné.

C’est peut-être la nature indépendante des opérations des White Scars qui fit en sorte que le manque de communications de l’extérieur du système de Chondax passa presque inaperçu au cours des premières années de la campagne. Après l’arrivée de deux autres Hordes, détournées des zones de guerre dans l’extrême sud galactique, les White Scars et leurs alliés n’ont reçu aucune autre communication d’aucune sorte de l’Imperium. Pour toute autre Légion, une telle situation aurait été beaucoup plus préoccupante, mais la Ve Légion a longtemps été habituée à opérer loin de la surveillance de la Grande Croisade et de ses maîtres lointains. Ils n’ont guère prêté attention à l’absence de demandes de rapports de situation et de manifestes logistiques, et se sont plutôt concentrés sur la tâche qui les attendait. Certains pensaient que c’était l’œuvre de tempêtes Warp transitoires ou d’autres phénomènes qui avaient amené leurs Astropathes à se taire, car de tels événements étaient loin d’être inconnus en marge de l’espace impérial, tandis que d’autres blâmaient l’éloignement du système de Chondax, loin de l’objectif principal de la Grande Croisade. De nombreux membres du commandement de l’Auxilia étaient moins optimistes face à une telle violation du protocole standard, le Stratège Gygan déposant un certain nombre de plaintes officielles à Jaghatai Khan lui-même à ce sujet, mais le Khagan ne lui a pas prêté attention. Il s’était pleinement engagé dans les combats, cédant à la libération qu’un tel abandon sanglant lui apportait, une attitude qui prévalait dans une grande partie de la Ve Légion.

Ce n’était pas le seul problème à mettre la campagne en péril, car au fil des années, d’autres incohérences étranges commencèrent à se manifester. Les forces Orks, depuis longtemps tombées dans l’ancien conflit interne commun à leur race, et divisé en clans après la chute de Fléau Noir sur Chondax Prime, firent preuve d’un curieux sens de la stratégie. Partout où les Confréries éparpillées des White Scars étaient sur le point d’écraser une faction, ils en trouvaient continuellement une autre qui menaçait leurs flancs, les forçant à retarder la frappe finale. Même à l’échelle interplanétaire, les Orks semblaient capables de réagir aux changements de déploiement des White Scars bien avant d’en être conscients, avec des bandes de guerre traversant soudainement des planètes qui virent les Confréries des White Scars bloquées et forcées de se replier sur la défensive. À un moment donné, deux des macro-arches de la Marine Impériale furent détruits lors d’opérations de transport pour un bataillon de la Garde Séraphine - 3 000 hommes d’armes perdus lorsqu’une meute de vaisseaux de combat Orks tomba sur l’engin pendant le ravitaillement en carburant et submergea le croiseur Broken Ladder.

D’autres défaites marquèrent la campagne, comme beaucoup de victoires, mais il y avait toujours un facteur inconnu en jeu qui transformait ce qui aurait dû être des victoires décisives en succès pyrrhiques. La Confrérie des Faucons Rouges, ayant passé la plus grande partie d’une année terrane standard à harceler les clans Orks sur Honderal et en les séparant avant de chercher à écraser chaque clan isolé, constata que ses efforts ont été vains lorsqu’une série de tremblements de terre et d’affaissements inattendus a forcé plusieurs clans à se joindre à d’autres bandes de guerre voisines. Dans les déserts d’Eshmun, les Confréries du Serpent Enroulé et du Bouclier Stellaire étaient engagées dans une bataille pour pousser un ost blindé Ork dans un défilé où les ingénieurs Charonides avaient planté suffisamment de charges de phosphex pour anéantir l’ennemi, seulement pour qu’une bande d’Orks beaucoup plus petite tombe dans le piège avant que la force principale ne puisse être attirée à portée. Pire encore, dans tout le système, une maladie étrange s’était emparée d’un grand nombre de seigneurs de guerre et de chamans Orks, dont beaucoup succombaient à une folie engendrée par le Warp que les White Scars n’étaient pas équipés pour affronter. Heureusement, les Sœurs du Silence qui accompagnaient la flotte réussirent à réprimer plusieurs de ces éclosions psychiques, mais elles étaient éparpillées, et plusieurs forces des White Scars subirent de lourdes pertes pour faire face à de telles flambées. À l’époque, la plupart des commandants blâmaient la défaite écrasante infligée à la race Ork à Ullanor, mais ce n’était peut-être pas la seule cause, car le Warp faisait rage autour des étoiles de Chondax.

Pourtant, pour chaque contre-temps, il y avait un triomphe, une chasse glorieuse comme celles que les White Scars avaient entreprises dans les premières années de la Grande Croisade. Sur Teras, trois Confréries de la Horde du Noyan-Khan Krenak se battirent pendant quatre jours à la poursuite d’un ost Ork monté sur des motos recouverts d’huile à travers des plaines de glace sans fin ravagées par les tempêtes. Sur Alkonost, le Noyan-Khan Asudai, avec la Chevalier-Centura Merovin derrière lui, affronta un Pysker chaman dans les profondeurs des vastes cavernes que les Orks avaient infesté sur ce monde. Herkon vit le plus grand affrontement blindé de l’histoire des White Scars avec des escadrons de chars d’assaut Sabre, des chars de combat Predator et des chars Sicaran qui combattirent aux côtés des Dracosans des Béliers de Saturne contre une masse de béhémoths faites de ferrailles. Pendant tout ce temps, le Khagan était partout, avec des nouvelles de lui au combat, sur les planète jumelles d’Irra aux lunes de Phemus, des récits de ses prouesses qui stimulèrent les White Scars malgré les épreuves qu’ils enduraient.

Malgré les victoires que chaque année apportait, les incohérences rencontrées au cours de la campagne commençaient lentement à s’accumuler, et un maître de la stratégie tel que Jaghatai Khan ne pouvait s’empêcher de les voir. Alors que les combats sur Chondax commençaient à tirer à leur fin, les différents registres tenus par les White Scars montraient un malaise croissant chez le Khagan et dans les échelons de commandement. Sept ans s’étaient écoulés depuis leur arrivée, sept ans de combats qui avaient vu le système de Chondax presque complètement débarrassé de la souillure Ork. Pourtant, il n’y avait toujours aucune nouvelle de l’Imperium ni d’Horus, ni pour soutenir leurs efforts, ni pour condamner la longueur de leur campagne. Aucun navire d’au-delà de Chondax n’était arrivé, et les White Scars et leurs alliés avaient épuisé une grande partie de leurs stocks de munitions et d’autres fournitures essentielles. Les quelques vaisseaux qui avaient été envoyés vers l’extérieur, pour éliminer l’interférence des tempêtes Warp qui soufflaient sur les bords du système de Chondax, n’étaient pas revenus. Alors qu’autrefois la chasse était tout ce qui importait au Khagan et à ses fils, les Orks étaient à présent trop diminués pour éclipser son inquiétude. Les quelques rapports que nous avons de cette époque suggèrent que Jaghatai Khan savait que quelque chose d’important se passait dans l’Imperium. Au moyen d’un talent latent ou d’une prémonition subtile, il savait qu’il était temps pour les White Scars de quitter Chondax et de chercher des réponses. Il avait fait ce que l’honneur lui demandait et avait tenu parole à Horus, son ami et Maître de Guerre. On lui devait des réponses.[6]

L’Hydre en Guerre[7]

La taille et l’organisation du contingent de l’Alpha Legion affecté au système de Chondax demeurent difficiles à certifier. Les informations fournies par les Écailles Asymétriques et d’autres sources de l’Imperium ne concordent pas avec le compte rendu des White Scars présents lors de cet engagement, bien qu’il faut aussi noter que plusieurs de ces White Scars qui ont enregistré leurs souvenirs des événements se sont contredits les uns les autres. Telle est la nature de l’Alpha Legion, rodée pour ainsi dire à la tromperie et à la ruse. Il est probable qu’une grande partie de la confusion était une tactique de combat intentionnelle. C’est pourquoi l’auteur a choisi d’inclure une liste complète des forces enregistrées comme forces in-situ par toutes les sources. Les actifs qui ne peuvent être confirmés que par l’une des nombreuses sources et qui doivent donc être considérés comme des erreurs potentielles ont été notés comme tels.

  • La Flotte de l’Alpha Legion :

La flotte de l’Alpha Legion, qui a réussi à déployer une flottille de combat contre plusieurs Légions dans des sections disparates de la galaxie et à maintenir une supériorité numérique, s’est révélée beaucoup plus importante que toutes les estimations antérieures à la Pré-Hérésie et comportait deux composantes distinctes dans Chondax. La première d’entre elles était composé de plusieurs escadrons de petits destroyers rapides. Ces escadrons ont intercepté tout le trafic à destination du système de Chondax et on présume qu’ils sont responsables de la destruction de plus d’une douzaine de navires marchands ainsi que de quatre cargos-arches impériaux, et d’un croiseur Thousand Son qui a échappé au Sac de Prospero cherchant refuge chez les White Scars. On estime qu’il n’y avait pas plus de 100 vaisseaux, tous approvisionnés par les stations Tenebrae et actifs à partir d’un certain point au début de 001.M31.

Le deuxième déploiement de la flotte comprenait au moins 600 vaisseaux de classe capitale et plus de 1 000 navires de plus petites tailles. Cette deuxième flotte n’était prévue qu’en dernier recours, et représente la première étape de la déviation de l’Alpha Legion par rapport aux ordres d’Horus - car il est évident qu’elle a été formée dans l’intention d’engager et de détruire la flotte des White Scars dans une guerre ouverte et spatiale. Assemblées pendant les années que les White Scarss ont passé en campagne à Chondax, on pense qu’elle n’est pas entré en service avant le milieu de 006.M31, date à laquelle elle s’est positionné dans le système voisin d’Angvor. Il faut noter que de nombreux récits tirés de ceux qui ont participé aux combats ultérieurs à Chondax montrent clairement qu’un grand nombre des navires déployés par l’Alpha Legion n’étaient pas des vaisseaux de combat spécialisés, mais plutôt des transporteurs de marchandises en vrac et d’autres engins non destinés au combat, habilement déguisés et munis d’un minimum d’armements. D’autres navires utilisés par l’Alpha Legion, détruits plus tard au combat et analysés, ont été identifiés comme appartenant à l’origine à d’autres Légions et ont été portés disparus bien avant le commencement de l’Hérésie Horus.

  • Actifs de l’Alpha Legion :

Comparé au vaste déploiement naval effectué à l’intérieur et autour du système de Chondax, le nombre de troupes terrestres engagées par l’Alpha Legion est relativement faible. D’après les rapports de combat des quelques rencontres en surface connues et l’information contenue dans les Écailles Asymétriques, le nombre total d’Alpha Légionnaires présents dans le système de Chondax ne dépassa probablement pas les 30 000. Pour la plupart, cette force a été divisée en groupes beaucoup plus petits, chacun chargé de surveiller une partie du système de Chondax, bien que deux plus grands avant-postes cachés sur la quatrième lune du géant gazier Phemus et le monde de Byfrust détenaient probablement des forces de réserve plus importantes. En plus de ces forces, il y avait aussi de petits cadres en garnison à bord des postes Tenebrae, mais ces troupes ne prirent pas part à la grande bataille au sein du système de Chondax. Cependant, les dossiers indiquent que plusieurs des stations Tenebrae ont inclus un petit nombre de Word Bearers dans leur garnison. Ces troupes spécialisées semblent avoir été liées aux efforts de l’Alpha Legion pour maintenir le système isolé des déplacements et des communications Warp.

  • Commandement et Contrôle :

Même avec toutes les ressources dont nous disposons maintenant à la suite de la défaite d’Horus, on ne sait toujours pas qui commandait la force opérationnelle de l’Alpha Legion à Chondax. Certains rapports d’après-action rédigés par des vétérans de l’incident ont affirmé qu’Alpharius lui-même était présent, bien que ces récits soient souvent contradictoires, le plaçant dans des endroits très différents en même temps. Étant donné le penchant du Primarque de l’Alpha Legion pour les pièges d’orientation et le caractère divertissante de l’incident à Chondax, il est peu probable que le Primarque lui-même ait supervisé le combat. Le seul autre aperçu disponible sont les Écailles Asymétriques, et cette source d’information doit être considérée comme d’origine douteuse, qui liste le commandant à Chondax uniquement sous le pseudonyme de "Desidero", probablement un chiffre interne ayant un sens dans la hiérarchie de l’Alpha Legion.

Ombres et Malveillance

Les Boucles du Serpent[8]

Horus avait bien préparé ses plans pour Chondax et les White Scars. Il savait comment manipuler au mieux Jaghatai Khan et ses fils, et comment les avoir à ses côtés. Avec l’exécution parfaite de ses plans pour le système de Isstvan, pour Prospero et une douzaine d’autres premiers conflits, l’échec de ses projets à Chondax est une maladresse notable. Cependant, ce n’est pas un échec qui est entièrement la faute d’Horus, car la ruine principale dans ce plan fut la confiance mal placée du Maître de Guerre dans l’Alpha Legion. Pour des raisons finalement connues seulement d’Alpharius lui-même, l’Alpha Legion a choisi de ne pas tenir compte de plusieurs facteurs clés du plan. Elle a permis aux deux Légions d’en venir aux mains à plusieurs reprises, bien que des tentatives aient été faites pour dissimuler ces actions ; elle a permis de rétablir les communications trop tôt, avertissant le Khagan de la trahison dans l’Imperium ; et elle a forcé une confrontation armée avec les White Scars.

De tous ces échecs, c’est le dernier qui est le plus révélateur, la seule chose qu’Horus avait cherché à éviter, car il savait que toute tentative de forcer le Khagan et les White Scars à faire ce qu’il souhaitait aboutirait au désastre. Pourtant, l’Alpha Legion a ignoré ces souhaits. Supposer que l’Alpha Legion s’est laissée emporté par une simple folie est risible, surtout après l’habileté avec laquelle elle a mené les premières étapes de la campagne. Non, ce n’est pas un simple acte de folie indiscipliné comme on aurait pu l’attendre des berserkers d’Angron, mais un acte de trahison volontaire et malveillant. Pour une raison quelconque, une faction de l’Alpha Legion voulait que le plan d’Horus échoue, mais pas trop afin que la guerre se prolonge et refuse une victoire rapide à l’un ou l’autre des deux camps.

Pendant sept ans, les White Scars s’étaient perdues dans une guerre soigneusement arrangée et orchestrée dans le seul but de les garder occuper à Chondax. La vraie cause du retard des White Scars réside dans les actions de l’Alpha Legion. La XXe Légion n’était pas restée les bras croisés pendant que leurs anciens frères se frayaient un chemin à travers les nombreux mondes du système de Chondax. À partir de leurs redoutes cachées, ils ont lancé une campagne furtive dans le but d’annuler tous les gains stratégiques réalisés par les White Scars. Là où les Orks ont été piégés, l’Alpha Legion organisa des raids pour les libérer des pièges des White Scars. Là où les Orks se massaient pour des attaques suicidaires sur les guerriers de la Ve Légion, l’Alpha Legion assassina des seigneurs de guerre clés de Xenos pour empêcher les White Scars de livrer une bataille décisive. Sous prétexte d’événements naturels et de catastrophes, les fils d’Alpharius ont remodelé les mondes pour mieux répondre au plan qu’ils avaient établi pour le conflit. Peu à peu, les White Scars s’étaient éparpillés sur une douzaine de mondes, s’étalant et s’usant sous l’effet d’une guerre continuelle et, si nécessaire, de petites victoires leur furent accordés pour les garder motiver.

Il y avait peu de stratagèmes jugés trop extrêmes pour les infiltrateurs de l’Alpha Legion chargés de distraire et de disperser clandestinement les unités de combat des White Scars. Cependant, les ordres qu’Alpharius avait reçus d’Horus indiquaient clairement qu’ils devaient prendre toutes les mesures nécessaires pour éviter toute confrontation avec la Ve Légion. Horus avait exigé qu’aucun Légionnaire des White Scars ne soit blessé à moins que ce ne soit absolument nécessaire. Pourtant, en comparant les rapports des White Scars de la Campagne de Chondax et les informations fournies par les Écailles Asymétriques, il semblerait que même cette directive ait été violée à plusieurs reprises. De toute évidence, les navires envoyés par les White Scars pour franchir les tempêtes Warp qui entouraient le système semblent tous avoir été pris et détruits par l’Alpha Legion. On ne sait toujours pas ce qu’il est advenu de leurs équipages, mais il est probable que ceux qui ont survécu à l’abordage de l’Alpha Legion ont été torturés pour obtenir des informations et exécutés. Ajoutez à ce nombre un certain nombre de patrouilles des White Scars disparues au combat, très probablement éliminées à la suite des opérations de Chasseurs de Têtes de l’Alpha Legion. La plupart de ces incidents sont probablement le résultat de mesures prises pour éviter d’être détectés, mais d’autres semblent plus aveugles et malveillants, la cruauté occasionnelle d’un prédateur jouant avec sa proie avant le coup de grâce.

Parmi ces divers incidents, deux méritent d’être soulignés, non seulement pour leur impact sur les White Scars et la Campagne de Chondax dans son ensemble, mais aussi comme des exemples des actes auxquelles l’Alpha Legion était prête à commettre dans l’accomplissement de sa mission. Le premier de ces incidents se produisit dans les premières années de la campagne, pendant les combats sur Shain. Ici, au milieu des mers peu profondes et légèrement acides qui dominaient le monde, le Noyan-Khan Nogai mena une campagne d’éradication très réussie. Plus que n’importe lequel de ses frères Khans, Nogai avait maîtrisé l’art de traquer les tribus de Hain, tirant pleinement parti de ses meutes de chasse de Légionnaires de reconnaissance et de vétérans des Griffes de Burkhut pour isoler et piéger les parties les plus faibles de la horde Ork sur Shain. La vitesse de sa campagne personnelle était telle qu’il reçut des éloges du Khagan lui-même, et poussa les autres Hordes à des exploits toujours plus grands après chaque triomphes. En tant que tel, il représentait une menace grave pour la mission de l’Alpha Legion de retarder les White Scars, car si les White Scars prenaient trop d’élan au début de leurs efforts pour anéantir les Orks, il deviendrait pratiquement impossible de les ralentir par des moyens secrets. Ainsi, plutôt que d’employer des méthodes plus subtiles, l’Alpha Legion s’est tournée vers des moyens plus directs.

Au plus fort des combats sur Shain, lors de la bataille du grand récif de l’ouest où la puissance rassemblée de la Horde de Nogai utilisa une combinaison de frappes des Confréries montées sur Motojets et de pièges et embuscades tendus par les Griffes du Faucon, Nogai tomba. Son corps fut découvert après la bataille, une victoire posthume s’ajoutant à son long palmarès, et à l’époque, on supposait que sa mort avait été causée par la bataille contre les Orks. C’était en fait le travail d’un cadre de Chasseurs de Têtes de l’Alpha Legion sous le commandement d’un guerrier portant le titre d’"Interfector", attaquant en embuscade et laissant peu de chance au guerrier White Scar de se défendre.

Pour autant qu’il soit facile de le vérifier, il s’agit peut-être du premier cas où l’un des Legiones Astartes commis délibérément un acte de guerre contre un autre, comme ce fut le cas en 002.M31. Ce sombre honneur pourrait bien avoir fait partie de l’objectif de l’Alpha Legion sur Shaln, pour tester ce nouvel ennemi en vue d’une entreprise future autant que pour freiner les progrès des White Scars dans leur mission. Certains parmi les vétérans des Griffes du Faucon ont soulevé des inquiétudes quant à la nature de son embuscade, la considérant trop propre et bien préparée pour des Orks, et ils notèrent l’absence de cadavres Orks autour du Khan tombé au champ d’honneur. Mais sans raison de suspecter un acte criminel, ces préoccupations furent ignorées et la Horde s’est retirée du combat pour accomplir les rituels appropriés en raison de la mort d’un Khan et d’un chef de guerre honoré, permettant aux Orks de se regrouper sur Shaln.

Plus important encore que la mort du Noyan-Khan Nogai fut le Massacre de Phemus. Bien qu’à l’époque beaucoup aient négligé l’incident, il est considéré par la plupart des chercheurs qui ont étudié le conflit de Chondax comme le point tournant, l’action qui a vu la longue campagne secrète prendre fin.

Phemus était un géant de gaz froid sur le bord même du système, en orbite autour de l’étoile tertiaire jaune. Le géant gazier lui-même n’avait aucun intérêt stratégique, mais sur près de 30 lunes, il y en avait sept d’une taille et d’une densité atmosphérique suffisantes pour accueillir des populations orkoïdes, et de façon plus significative, mais inconnue des White Scars, c’était l’une des plus grandes forteresses de l’Alpha Legion dans le système. La purification des lunes de Phemus avait été assignée à la Confrérie de la Serre par le Khagan, environ six mois avant l’incident. Une grande partie des combats s’était concentrée sur la deuxième et la huitième lunes, mais sur la quatrième, un petit orbe volcanique, était également capable de subvenir aux besoins d’une population et montrait des faibles signes d’une présence inconnue.

Comme l’une des dernières actions de la campagne, avec une grande partie du reste du système déclaré libre de la souillure Xenos, des éléments de la Confrérie de la Serre ont été affectés à balayer la quatrième lune. À l’insu des White Scars, Phemus IV était l’hôte de la seconde des grandes forteresses de l’Alpha Legion dans le système de Chondax, une construction soignée et lourdement protégée, enterrée sous la cendre et la roche de cette lune inhospitalière. C’est là que se trouvait un chapitre entier de l’impénétrable Alpha Legion, destinée à servir de réserve stratégique en cas de besoin urgent, ainsi que de moyen de soulager les divers cadres d’infiltrateurs à l’œuvre dans tout Chondax.

Alors que plusieurs cadres de la Confrérie de la Serre approchaient de la base cachée, l’Alpha Legion fut forcée d’agir. Les White Scars, occupés à chasser les petites bandes d’Orks présentes sur Phemus IV, n’étaient pas préparés aux embuscades soigneusement planifiées que l’Alpha Legion leur tendit et devinrent rapidement leur proie. Une courte et vicieuse bataille à sens unique éclata sous le ciel cendré de Phemus IV, l’un des premiers à dresser frère contre frère dans un combat ouvert. Pris par surprise et ne s’attendant pas à affronter un ennemi qui leur ressemblait, les White Scars sont rapidement devenus la proie des couteaux tranchants des Chasseurs de Têtes expérimentés de l’Alpha Legion, bien que quelques membres de la Confrérie de la Serre aient réussi à s’en extirper et à monter une brève défense. Mais ils étaient condamnés en fin de compte. Au lendemain de leur victoire, l’Alpha Legion a déclenché une série de glissements de terrain et de coulées de lave pour couvrir les traces de la bataille, laissant les White Scars ensevelies dans les cendres après avoir enlevé leurs propres morts.

Ce n’était pas la première fois que l’Alpha Legion éliminait des intrus, Pourtant, à ce stade de la longue campagne, les retards continus et les événements étranges en avaient laissé beaucoup parmi les échelons de commandement des White Scars méfiants. Pour la première fois, une enquête complète a été entreprise, un Khan s’est attelé à la tâche de découvrir le sort de la Confrérie de la Serre. Avec la Confrérie de l’Orage maintenant sur Phemus IV à la recherche de réponses et l’infestation Ork du grand système de Chondax presque entièrement purgée, il a dû sembler aux commandants de l’Alpha Légion qu’il ne leur restait plus grand-chose à accomplir dans le secret. Malgré cela, il y a une certaine incertitude quant à savoir si ce qui a suivi était un choix délibéré au nom d’une Alpha Legion unifiée, ou une situation qui leur a été imposée par les actions d’une faction renégate au sein de la Légion. Mais pour une raison quelconque, le voile de silence qui était tombé sur Chondax s’est soudainement levé.[9]

Le Voile se Lève

Tenebrae 9-50[10]

Les installations Tenebrae de l’Alpha Legion sont un autre visage du mystère de cette Légion discrète. Construites en secret pendant les dernières années de la Grande Croisade, les quelques unes qui ont été découvertes ont montré des indices de technologie inconnue et de projets de recherche qui se sont penchés sur des mystères depuis longtemps jugés trop dangereux pour une exploration non autorisée. Tenebrae 9-50 était l’une des nombreuses installations dont l’objectif, du moins en partie, semble avoir concerné le système de Chondax, et a fournit une autre allégorie alléchante sur le conflit qui se déroulait au sein même de l’Alpha Legion.

À peu près au même moment que la fin soudaine de l’absence des communications qui avait handicapé les White Scars depuis le début des combats dans le système de Chondax, Tenebrae 9-50 fut complètement détruite. Il est difficile de croire que ces deux incidents ne sont pas liés. Il est plus probable que l’installation Tenebrae 9-50 a servi de pivot au réseau de stations autour de Chondax et qui a alimenté les aberrations des tempêtes Warp qui ont encerclé le système, empêchant toutes les communications d’atteindre les White Scars. Si c’est le cas, alors c’est la destruction de Tenebrae 9-50 qui donna des nouvelles de l’Hérésie Horus à Jaghatai Khan, et non une volonté de l’Alpha Legion.

Cette action, bien que finalement bénéfique à l’effort de guerre des Loyalistes, n’a été entreprise par aucun actifs connus des Légions Loyalistes. La station Tenebrae 9-50, située près du système distant d’Octiss, à une courte distance stellaire de Chondax, ne nous est connu que par les registres de l’Alpha Legion et les Écailles Asymétriques, et même ses ruines ne furent pas découvertes par les forces de l’Imperium. Considérant ceci, il semble très probable que la station ait été détruite par une faction renégate au sein de l’Alpha Legion, soit pour des raisons qui lui sont propres, soit pour servir secrètement la cause des Loyalistes. Bien sûr, nous devons également considérer que toutes les preuves indiquant l’existence de Tenebrae 9-50, une station jamais retrouvée par les forces impériales, n’est peut-être qu’un autre mensonge fabriqué par l’Alpha Legion pour confondre et obscurcir son rôle dans la guerre civile de l’Humanité.

Dans tout le système de Chondax, les Astropathes rattachés à la flotte des White Scars furent frappés par une cacophonie de voix venu de l’au-delà après des années de silence. L’effet fut catastrophique, le tsunami soudain d’informations codées surchargea la psyché des Astropathes à bord de la flotte. Pendant quelques jours périlleux, les White Scars n’ont pas été capables de traduire correctement le sens des messages qu’ils recevaient, n’ayant que le ton sinistre de sous-entendu qui ne fit que nourrir un malaise grandissant. Les premières missives entièrement déchiffrées n’ont guère apaisé les inquiétudes du Khagan et de ses proches conseillers, car bien que contradictoires à l’extrême, ils parlaient tous de troubles civils dans l’Imperium, de Légions qui s’étaient retournées contre leurs frères. Face à une telle chose impensable, et sans renseignements vérifiés sur la situation, le Khagan pris la décision fatidique de retarder toute réponse. Qu’une ligne de conduite aussi inhabituelle ait été choisi, alors que les White Scars étaient connus pour leur prise d’initiative, montrait la profonde inquiétude qui assaillit Jaghatai Khan à ce moment. Il avait été isolé pendant des années, gardé à l’écart alors que les événements l’avaient dépassé de loin. Il ne pouvait pas savoir si c’était la vérité ou une fiction exagérée, qui était l’allié et qui était l’ennemi. Pire encore, ses propres entrées dans le journal de bord suggèrent qu’il n’était pas sûr de sa propre loyauté.

La seule action prise par les commandants White Scars rassemblés alors que le Khagan luttait contre l’indécision, était d’ordonner un rappel de tous les moyens de combat du système de Chondax, en convoquant les Hordes à Chondax Prime au plus vite. Pourtant, dans toute la confusion causée par les nouvelles choquantes de la guerre entre frères dans l’Imperium et la surcharge des réseaux vox et des relais astropathiques à l’échelle du système par le simple volume de nouveaux signaux, peu notèrent qu’un certain nombre d’avant-postes et de détachements n’avaient pas accusé réception de l’ordre de rappel. Une discipline aussi laxiste dans les communications stratégiques était loin d’être inhabituelle parmi les White Scars à l’esprit indépendant, mais c’était là le premier signal de la terrible intention de l’Alpha Legion. Dans tout le système, alors que Jaghatai Khan se débattait avec ses doutes, les White Scars furent attaqués.

Les premières agressions sont survenus aux confins du système de Chondax, où des escadrons détachés de l’importante flotte de l’Alpha Legion qui attendait à Angvor tombèrent sur des patrouilles isolées des White Scars. D’après le nombre de navires qui n’ont pas répondu à l’ordre de rappel de Jaghatai Khan et qui ont par la suite été portés disparus, on peut estimer qu’une trentaine de vaisseaux de classe capitale furent perdus. L’embuscade du groupe de patrouilleurs sous le commandement du Tenri-Khan Naran, seigneur du croiseur Eagle’s Claws, est emblématique de ces engagements largement oubliés. Composé de quatre croiseurs légers : l’Eagle’s Claws, le Serengrel, le Hawkstar et le Narsukh, et accompagné par un petit groupe de destroyers, c’était la petite patrouille typique des White Scars durant les derniers jours de la campagne de purge. Elle détecta des signaux inhabituels dans les secteurs les plus inconnus du système, où l’orbite des étoiles Chondax Alpha-Prime et Chondax Alpha-Secundus voilait les scans Auspex. Les navires s’étaient déplacés pour enquêter, s’attendant à ne trouver rien de plus que quelques grossiers vaisseaux de combat Orks. Au lieu de cela, ils ont découvert un seul croiseur White Scar le long du bord du champ d’astéroïdes extérieur du système. L’embarcation White Scar était inerte et rapidement identifiée comme étant le Dark Moon, qu’on croyait perdu pendant les premières années de la campagne.

Les White Scars n’avaient aucune raison de suspecter un acte criminel et ils s’approchèrent pour porter secours à leurs frères apparemment touchés et, alors qu’ils se rapprochaient, le Dark Moon, se révélant être une carcasse brisée, explosa. La déflagration, très probablement le réacteur du vaisseau qui était surchargé, accabla la patrouille, laissant le Narsukh paralysé et l’Eagle’s Claws avec des failles dans la coque et des incendies sur plusieurs ponts. Au même moment, un trio de croiseurs lourds de l’Alpha Legion sortit de sa cachette dans le champ de débris autour de Chondax Alpha-Secundus et ouvrit le feu sur les vaisseaux touchés. Dans l’intention de distraire les vaisseaux de l’Alpha Legion de leurs camarades assiégés, le Hawkstar et le Serengrel bondirent vers l’avant avec un coup d’accélération soudain pour engager les croiseurs lourds à courte distance, les destroyers les suivants dans leur sillage. Le passage à grande vitesse des croiseurs légers n’a pas fait grand-chose pour dissuader les lourds navires de guerre et laissa les débris du Serengrel à la traîne, son blindage pelée le long d’un de ses flancs avec des fuites visibles sur les scanners Auspex. Les destroyers à leurs talons n’ont guère mieux réussi, les frappes de torpilles qu’ils ont réussi à tirer avaient endommagé le bouclier avant du croiseur de tête, ralentissant son avance. Mais ils furent immolés par les canons lourds concentrés des autres vaisseaux de l’Alpha Legion.

Ignorant les deux croiseurs légers alors qu’ils passaient devant, les navires de l’Alpha Legion convergèrent vers les deux vaisseaux endommagés, attaquant les flancs de l’Eagle’s Claws, qui ne pouvait riposter que faiblement avec ses quelques batteries en état de marche, tout en lançant un blizzard d’embarcations d’abordage vers la coque du Narsukh. Avec peu d’options restantes, les deux croiseurs opérationnels des White Scars firent un second passage, se concentrant sur le vaisseau blessé de l’Alpha Legion. Passant devant sa proie à une vitesse difficile à égaler pour les vaisseaux de l’Alpha Legion, le tir de précision du Hawkstar ne réussit guère plus qu’à frapper l’épais blindage de la coque du vaisseau de l’Alpha Legion, et en retour, il subit le plus gros du tir de riposte. Avançant péniblement avec des trous dans sa coque et des vapeurs qui s’y échappaient, le Hawkstar ne pouvait pas faire plus que regarder le Serengrel, en suivant son vecteur au-delà des vaisseaux de l’Alpha Legion, virer au dernier moment et frapper la proue dans le blindage affaiblie de sa cible, piégeant les deux vaisseaux ensemble dans un enchevêtrement d’épaves. Bien que le sacrifice du Serengrel ait paralysé l’un des attaquants, les vaisseaux restants de l’Alpha Legion massacrèrent l’Eagle’s Claws tandis que le Narsukh restait silencieux et mort. Le Hawkstar fut forcé de se désengager aussi vite qu’il le pouvait, espérant distancer ses poursuivants en plongeant désespérément dans la couronne extérieure de l’étoile Chondax Alpha-Secundus, où les vaisseaux de l’Alpha Legion ont été présumés détruits par les radiations et la chaleur intense.

Sur les planètes éloignées, où la taille même du système de Chondax imposait un décalage de plusieurs heures entre les transmissions vox conventionnelles, plusieurs des détachements au sol de White Scars ont également été attaqués. Dans chaque cas, les assauts ont été soigneusement planifiés et cruellement exécutés, privant aux défenseurs la possibilité d’organiser une défense. Dans presque tous les cas, les unités attaquées furent soit anéanties en l’espace de quelques heures environ, soit tellement assiégées qu’elles n’ont pu signaler leur détresse ou s’extraire de la zone de combat. L’Alpha Legion a pris soin de ne cibler ouvertement que les unités qui étaient isolées du soutien et à une distance appropriée de la force principale sur Chondax Prime, limitant les options de leurs proies soit à une mort silencieuse et oubliée, soit accomplir des actes héroïques désespérés et futiles qui étaient l’antithèse de la doctrine des White Scars.

Dans le monde éloigné d’Herkon, depuis longtemps purifié de la présence Xenos, les deux Centuries de la Garde Séraphine laissées comme sentinelles ont été approchés par un détachement de Légionnaires portant l’héraldique des White Scars. Ces derniers ont retourné leurs armes contre les troupes auxiliaires non préparées, une fois à l’intérieur de leurs fortifications. Ce stratagème d’infiltration a été utilisé à nouveau sur Honderal et les différentes lunes de Pharas, capitalisant sur la difficulté qu’avaient de nombreuses unités auxiliaires à interpréter les héraldiques souvent impénétrables utilisés par les White Scars. Dans les jungles vaporeuses d’Epihelikon, les soldats plus disciplinés des Béliers de Saturne étaient moins faciles à tromper, mais ils n’ont pas réussi à ouvrir le feu lorsqu’ils furent confronté à des Légionnaires ennemis portant les couleurs alliés, même après réception de mauvaises réponses codées. Le régiment a subi de lourdes pertes et a été forcé d’abandonner son camp pour la sécurité douteuse de la forêt profonde. Toujours ignorant de l’éclatement de la guerre civile d’Horus, il était impensable pour les guerriers de la flotte de Chondax que des Legiones Astartes puissent être considérés comme des ennemis.

Sur l’Irra Minor, la jumelle glacée d’Irra Majoris, la Confrérie de la Hache Noire a été ouvertement approchée par une force de Chasseurs de Têtes de l’Alpha Legion qui se trouvait sur la planète, permettant à ce qu’ils percevaient comme des frères Space Marines d’entrer dans leur camp, où la cohorte de l’Alpha Legion a rapidement ouvert le feu. Ce n’est que grâce aux efforts héroïques de Sengur Khan qui, avec quelques-uns de ses anciens combattants lança une contre-attaque suicidaire contre l’ennemi, que quelques frères de la Hache Noire purent s’échapper dans les désolations glacées d’Irra Minor, emportant le corps mutilé de leur Khan.

Beaucoup d’autres petites garnisons, généralement des avant-postes isolés de la taille d’une Confrérie, ont tout simplement disparu. L’Alpha Legion avait depuis longtemps établi ses plans, connaissait avec précision les déploiements de chacun des détachements des White Scars, avait déchiffré leur cryptage vox et conservé tous les avantages de la surprise. C’était un témoignage de l’habileté et de la bravoure obstinée des White Scars que ces attaques initiales n’ont pas vu la Légion être détruite au coup par coup.

En effet, un certain nombre d’éléments des White Scars réussirent à repousser leurs attaquants, bien qu’aucun d’entre eux n’ait été capable de transmettre plus que des parasites pour avertir le Khagan de la trahison qui les attendait. Sur Phemus IV, où un cadre de reconnaissance avait été laissé à la recherche d’autres causes pour la perte de la Confrérie de la Serren, les White Scars montraient plus de prudence que leurs frères sur d’autres mondes. Quand le contingent de l’Alpha Legion sur la planète révéla sa présence, en déployant une macro balise à partir de leur base cachée, ils n’ont pas été pris par surprise. Une tentative de l’Alpha Legion de les attirer dans une embuscade avec des signaux de détresse envoyés avec le code de la Ve Légion fut rapidement retournée contre la XXe Légion, avec les guerriers des Griffes du Faucon qui jouèrent à égalité avec l’Alpha Legion dans une lente bataille de furtivité et d’élimination silencieuse. Les White Scars, pleinement conscients de la dangerosité de leur ennemi, avaient maintenu l’initiative en utilisant leurs Motojets pour se redéployer rapidement à travers le paysage escarpé par la lave, pour finalement reculer lorsque l’Alpha Legion renforça sa position autour de la balise.

Byfrust, l’une des cibles finales de la campagne de purge, était encore l’hôte d’une force importante de White Scars, peut-être huit Confréries et des milices rattachées qui comprenaient des détachements des Sentinelles Charonides et de la Sororité du Silence. Monde de glace où les Orks avaient creusé de vastes tanières fortifiées dans les profonds canyons, loin des vents violents qui balayaient la surface du globe, Byfrust s’était révélé un défi bienvenu pour les White Scars. Leurs Confréries montées avaient été plus qu’habiles à déblayer les plaines glaciaires de la présences des Orks, mais moins efficaces pour combattre dans les tunnels sous la surface. Ils s’étaient plutôt appuyés sur les formidables compétences des ingénieurs Charonites pour forcer les Orks à remonter à la surface, et pour le dynamitage des puits avec des charges de fonte avant de remplir les dédales sous la surface avec du phosphex. Après quoi les Peaux-Vertes pouvaient être facilement harcelés à travers la glace.

Ce n’est que récemment que les Confréries, sous la direction générale de Tsolmon Khan, avaient cessé leurs opérations de combat après la bataille finale, et accomplissaient des patrouilles dans les désolations glacées, à l’affût de tout vestige ennemi sur Hain. Ainsi, par pure chance, les patrouilles sont tombées sur les forces de formation d’un bataillon complet de guerriers de l’Alpha Legion et sur la deuxième des bases cachées du système de Chondax. Refusant de permettre que l’avantage de la surprise soit perdu, l’Alpha Legion envoya et perdit ses propres escadrons montés, partit poursuivre et faire taire les patrouilles White Scars avant qu’elles ne rejoignent l’ost principal de la Ve Légion sur Byfrust. Cependant, ils ne pouvaient pas rivaliser avec les guerriers de la Ve Légion pour la vitesse ou le contrôle inégalé qu’ils avaient sur leurs supports mécaniques, et ils furent rapidement dépassés. Tsolmon Khan, prévenu de l’approche de l’ost, a eu amplement le temps d’abandonner sa base de fortune et d’échapper à l’Alpha Legion, mais ce faisant, il abandonnera toute chance d’avertir le Khagan de la trahison de l’Alpha Legion. Ni lui ni ses guerriers ne faillirent à leur devoir, et malgré l’approche de la force beaucoup plus importante de l’Alpha Legion, ils ont tenu bon et ont tenté de transmettre un message à travers le maelström grâce aux nouveaux signaux qui inondaient maintenant le système.

Le Prix de la Victoire[11]

Sept années de guerre avaient fait des ravages sur la Flotte de Purge. D’après les dossiers disponibles, les White Scars avaient été saignés ligne par ligne à travers les douzaines de mondes du système de Chondax. Sans doute tous cela faisait-il partie des plans de l’Alpha Legion. Au début de 007.M31, ils avaient peut-être perdu 9% de leur effectif, soit environ 6 000 Légionnaires, en tant que victimes directes et 15 % avaient été suffisamment blessé pour limiter leur potentiel de combat. Au total, près de 16 500 Légionnaires White Scars n’étaient pas aptes au combat lorsque l’Alpha Legion décida de frapper. Bien qu’ils aient été limitées à des actions spécifiques de faible intensité, les différents régiments de l’Auxilia avaient subi des pertes relativement faibles.

Pire encore, en raison de la nature tentaculaire du système et des manipulations de l’Alpha Legion, les White Scars étaient disséminés à travers tout le système de Chondax dans des détachements qui étaient rarement plus grands que quelques Confréries. Ce n’est que sur les mondes centraux de Chondax Prime : Kren et Shaln, qu’ils étaient présents en grand nombre, avec la majorité des forces de quatre Hordes présentes sur ces mondes. Les régiments d’auxiliaires étaient également dispersés autour du système - sur beaucoup de mondes mineurs que les White Scars avaient déclaré exemptes de la souillure Xenos, ce sont des compagnies de la Garde Séraphine qui servaient de sentinelles. Tous les moyens de combat dont disposait Jaghatai Khan montraient également les premiers signes d’épuisement, des munitions limitées et autres approvisionnements apportés avec eux à Chondax en déclin, car pendant les longues années du xenocide, aucun ravitaillement n’était arrivé. Alors que les combats entraient dans leur phase finale et que la principale force de l’ennemi était brisée, les inquiétudes concernant la logistique ont été jugées non critiques.

Les éléments de la flotte des White Scars étaient également dispersés, avec la force principale de l’armada présente au mouillage sur Chondax Prime. Ailleurs, de petits escadrons de navires de classe capitale, principalement les croiseurs légers privilégiés par la Ve Légion pour leur vitesse, patrouillaient dans les mondes isolés de Chondax et le vaste champ d’astéroïdes qui se trouvait à sa périphérie. Heureusement, la flotte des White Scars avaient subi peu de dégâts pendant la Grande Croisade, les quelques rencontres avec les vaisseaux Orks ayant été menées des années auparavant et s’étant terminé de manière décisive en faveur de la Ve Légion. Ainsi la flotte était abondamment pourvue en munitions.

Il n’y a pas eu d’attaques seulement sur Chondax Prime. Ici, l’Alpha Legion a poursuivi une stratégie différente. Au lieu de lames et des Bolts, elle a déployé une arme beaucoup plus meurtrière : le mensonge et la désinformation. Pendant des années, les White Scars avaient combattu sans être au courant des grands bouleversements de l’Imperium, du Concile de Nikaea, de la mort de Prospero et du Massacre du Site d’Atterrissage. La nouvelle de ces événements était plus dévastatrice pour le moral de la Ve Légion que toute simple victoire martiale que l’Alpha Legion aurait pu remporter. Les Khans des White Scars sur Chondax Prime furent ébranlés par l’annonce de la guerre civile, de la mort d’un frère tué par un frère dans les confins de l’Imperium, de la fin sanglante de la Grande Croisade et de tout ce pour quoi ils se sont battus pendant près de deux siècles. Certains se sont demandés comment, dans ces premières étapes de l’incident de Chondax, les White Scars ont pu ignorer tous les signes de danger. La réponse est simple. Dans la vague de choc, de colère et de désespoir qui a suivi les nouvelles qui leur sont parvenues dans les derniers jours, avant que l’Alpha Legion ne referme son piège, ils ont découvert que toutes les valeurs qui formaient autrefois le fondement de leur univers avaient disparus. La loyauté et le devoir avaient été oubliés, et à la suite d’une telle trahison, des préoccupations moindres sont apparues.

Les premiers messages à atteindre l’état-major de commandement de White Scars et le Khagan troublé furent les demi-vérités d’Horus, longtemps préparées et répétées. Elles racontèrent l’histoire cruellement déformée d’un Leman Russ renégat qui avait assassiné Prospero et déclenché une guerre civile, un mensonge si dévastateur qu’il était crédible. La haine de Russ pour le Roi-Sorcier et son monde était bien connue, tout comme sa tendance à faire preuve de brutalité. C’est Horus lui-même qui a soutenu cette histoire en appelant son fidèle ami Jaghatai Khan à venir à sa rescousse pour l’aider à abattre le loup enragé et ses fils renégats. Si ce message était arrivé sans opposition, il est probable que les White Scars auraient rejoint Horus ce jour-là, que le Khagan serait parti à la guerre pour venger son frère Magnus et damné l’Imperium sans réaliser sa duplicité. Pourtant, malgré tous les plans bien établis du Maître de Guerre, ce ne fut pas la seule missive à atteindre la Légion des White Scars. Rogal Dorn, Prétorien de Terra sous le sceau personnel de l’Empereur, apporta aussi des nouvelles. Il envoya la nouvelle de la trahison d’Horus à Isstvan et convoqua les White Scars sur Terra en toute hâte.

Face à la trahison d’un ami ou de son propre Père, Jaghatai Khan tenait maintenant entre ses mains le sort de l’Imperium. S’il se ralliait à Horus, son inébranlable allié et ami, l’équilibre du pouvoir favoriserait rapidement la cause des Traîtres et aurait probablement vu Terra assiégée en moins d’un an, mais s’il ralliait Dorn et Terra, en tenant compte de l’autorité de l’Empereur lointain, les Loyalistes récupéreraient l’avantage et Horus verrait ses ambitions brisées. Il nous est impossible, ici, dans le sillage de l’Hérésie d’Horus, de savoir quelles luttes impossibles firent rage dans l’esprit de Jaghatai Khan en cette heure fatidique. Beaucoup de Primarques furent confrontés au destin dans les premiers jours de la guerre civile de l’Humanité - Magnus à Prospero, Ferrus Manus à Isstvan V et Guilliman à Calth. Pourtant, ils avaient tous été confrontés à une menace qui les avait forcé à se battre, un ennemi contre lequel ils pouvaient exprimer leur rage. Jaghatai Khan n’avait pas eu ce luxe. On l’a laissé décider du sort d’un empire en se basant sur les rumeurs, les ouï-dire et sur les rêves à moitié compris des Astropathes.

Nous ne saurons jamais quelle décision il aurait pu prendre, car pendant que le Khagan se débattait avec ses doutes, l’Alpha Legion joua sa dernière carte en main, faisant une dernière tentative pour faire basculer le destin là où elle voulait qu’il aille. Avec le chaos qui éclata dans les mondes du système de Chondax, et le doute qui se propagea à travers leurs commandants, Jaghatai Khan avait enfin un ennemi à affronter.[12]

Ne Vous Inclinez Devant Personne (L'Engagement de Chondax)

Les Légionnaires de l’Alpha Legion sortent de leurs antres pour attaquer les White Scars.

L’arrivée de l’Alpha Legion fut si inattendue qu’elle passa d’abord inaperçue. Au moment où le mot a été passé au Khagan, il y avait déjà 50 vaisseaux de l’Alpha Legion dans le système. En quelques minutes, ce nombre avait doublé, puis triplé. De plus en plus de navires apparurent, arrivant du Warp avec une précision qui exigeait habituellement une balise de guidage. En l’espace d’une heure, il y avait plus de 1 000 navires portant la marque de l’Hydre flottant dans le canal étroit de l’espace entre la paire binaire centrale de Chondax et son étoile extérieure. Il y avait tout le spectre des navires de guerre existants, depuis les rapides destroyers d’attaque jusqu’aux croiseurs lourds hérissés de batteries de canons. En nombre, ils surpassaient de loin les vaisseaux des White Scars - même avec la plupart de la flotte de Chondax rassemblée sur Chondax Prime par l’ordre de rappel du Khagan, ils n’avaient pas plus de 700 vaisseaux, et la plupart d’entre eux étaient plus petits et plus légers que les navires de guerre de l’Alpha Legion.

Les deux flottes se firent face avec des milliards de kilomètres dans l’espace entre elles, mais aucun mot n’a été échangé. Les navires des White Scars qui avaient répondu à l’appel de Khagan se mirent dans des formations de combat à l’image de leurs cousins de l’Alpha Legion alors qu’il n’y avait toujours pas de communication, ni pour menacer ni pour contraindre. Rien ne changea pendant quelques heures, alors que de plus en plus de missives se forçaient un chemin à travers l’Æther pour atteindre l’esprit réceptif des Astropathes du Khagan. Pourtant, chaque nouveau message ne faisait qu’embrouiller davantage la question, certains parlant en faveur de Terra et Dorn, et d’autres pour Horus. Chaque mouvement fait par les White Scars, chaque tentative pour provoquer une réponse du cordon silencieux de l’Alpha Legion, a été reflété par la Légion d’Alpharius. Le Khagan ignorant toujours le rôle qu’avait joué l’Alpha Legion dans la Campagne de Chondax et le conflit qui se déroulait alors qu’il réfléchissait à l’avenir de sa Légion à bord du Swordstorm, aucun des deux camps ne semblait désireux de déclencher un affrontement violent.

Puis la tempête éclata avec la soudaineté qui caractérisait les campagnes des White Scars. La flotte de Jaghatai Khan bondit en avant derrière le Swordstorm, vers le cordon de l’Alpha Legion, avec toute sa puissance. Le Khagan n’avait pas été oisif pendant qu’il réfléchissait sur la flotte de son frère Alpharius, et malgré la difficulté de la situation, il vit un seul point faible dans son déploiement, une chance de briser la confusion qui maintenait sa propre Légion dans l’immobilité et l’impuissance. La flotte de l’Alpha Legion tenta de déplacer sa formation pour contrer l’attaque, concentrant les escadrons de croiseurs lourds vers ce qui semblait être un assaut désorganisé par les White Scars. Ce fut le début de ce que les Légionnaires sauvages de Chogoris appelaient un Zao, une tactique issues des tribus de chevaux qui parcouraient les vastes plaines de ce monde et que l’Alpha Legion ne connaissait pas. Il devait se révéler aussi mortel dans le vide que sur Chogoris.

Le Swordstorm demeura à l’avant-garde de l’assaut, un vaste navire de guerre hérissé de canons, mais aussi tranchant et rapide qu’un croiseur léger. Mais les premiers vaisseaux entrer au contact de l’Alpha Legion furent les escadrons de destroyers éloignés et les lignes de corvettes. Alors qu’ils arrivaient à portée de leurs adversaires, des escadrons de vaisseaux aux blindages légers marqués du symbole de l’Hydre, ouvrirent le feu sans avertissement ni défi formel. Des salves de Macrocanons et des faisceaux de lances brûlants déchirèrent le vide, mais l’Alpha Legion était loin d’être vulnérable. La décharge scintillante des Boucliers Voids marqua le premier échange ouvert de tirs entre les Légions qui avaient été des frères assermentés si peu de temps auparavant. Malgré leurs écrans de défense, le poids du feu nourri avait laissé plusieurs navires de l’Alpha Legion brûlés, dérivant silencieusement dans le vide. Mais les autres ripostèrent avec la même vigueur. Les croiseurs des White Scars qui remontaient dans le sillage des destroyers ouvrirent le feu dès que leurs officiers d’artillerie purent calculer les solutions de tir. Mais à cet instant, l’Alpha Legion était plus proche et leurs vaisseaux plus lourds, quoique plus lents, répondirent aux tirs.

Les escadrons en avant-garde des deux flottes s’affrontèrent, mais aucun des deux camps n’a pris l’avantage, tous les deux aussi talentueux et féroces les uns que les autres. Tous deux subirent des blessures, peu de navires étaient exempts de dommages. Plusieurs finirent en débris ou étaient envahis d’embarcations d’abordage. Mais aucun navire du cordon n’était encore détruit. Pourtant, malgré leur ferveur initiale, l’assaut des White Scars s’était ralenti rapidement, et la fuite en avant s’était rapidement transformée en une escarmouche désastreuse. Alors que l’Alpha Legion commençait à avancer avec ses escadrons de réserve, les White Scars firent une retraite hésitante et leurs lignes commencèrent à se replier sur elles-mêmes. Pire encore, avec la flotte de l’Alpha Legion qui comptait beaucoup plus de vaisseaux que celle de Jaghatai, les capitaines vétérans de l’Alpha Legion se sont déplacés pour encercler les assaillants apparemment téméraire du Khagan. La bataille en orbite était incertaine, mais le Zao n’avait pas encore commencé.

Ailleurs dans le système de Chondax, les White Scars ont dû faire face à des batailles plus désespérées, une campagne qui n’avait rien à envier à d’autres par sa pure malveillance, sinon par son ampleur. Une centaine de petites guerres se sont toutes déroulées dans l’espace durant ces quelques jours où le Khagan fit sa guerre spatiale. Chondax Prime était maintenant pratiquement abandonné à la suite de l’évacuation, les guerriers qui s’y étaient battus pour la purifier luttant maintenant pour leur vie dans le vide spatial, alors que des détachements sur des mondes lointains étaient par nécessité laissés à eux-mêmes pour sécuriser leurs propres moyens d’évacuation. N’ayant plus besoin de se cacher, les cadres de l’Alpha Legion qui se terraient à travers le système se sont déplacés pour s’opposer à leur évasion. Les agressions audacieuses et les offensives ont remplacé le sabotage et la furtivité, avec de nombreux petits avant-postes annihilés dans les premières heures de la bataille, car difficiles à tenir pour les White Scars en pleine retraite.

À Herkon, huit Confréries, soit près de 10 000 guerriers, se sont rassemblées pour embarquer dans leurs transports quand une force de frappe de l’Alpha Legion composée de chars d’assaut Spartan, et d’autres unités blindées, a dévasté leur campement. La Confrérie de la Lune Rouge, après un dernier salut à leurs frères, s’aventura dans les plaines à bord des Motojets et de leurs Speeders lourds pour repousser l’ennemi du mieux qu’elle le pouvait et périt au service du Khagan. La désolée Kren n’avait que quelques petites frégates encore en orbite pour servir de moyens de transport à plus de 12 000 guerriers, parmi lesquels se trouvaient aussi bien des Legiones Astartes que des milices. Ils tirèrent au sort, non pas pour savoir qui serait sauvé, mais plutôt pour l’honneur de rester derrière et combattre l’ennemi. Dans les jungles d’Epihelikon, où il ne restait aucun vaisseau White Scars de quelque sorte que ce soit, l’Alpha Legion se rassembla avec une sinistre confiance, s’attendant à affronter un ennemi apeuré et battu, seulement pour voir ses lignes percer par Argus Gygan et les Béliers de Saturne aux côtés de la Confrérie du Serpent Pâle dans un assaut quasi suicidaire. Les troupes impériales prirent le contrôle d’un ensemble d’aéronefs tout en repoussant les contre-attaques de l’Alpha Legion dans une tentative désespérée de rejoindre la flotte. De tels récits de bravoure sinistre étaient nombreux, bien que nous devons supposer que beaucoup d’autres héros sont morts au cours des combats chaotiques sans qu’on se souvienne d’eux. Phemus IV, où les White Scars avaient d’abord pris conscience de la trahison de l’Alpha Legion, fut le théâtre d’un de ces récits. Ici, la petite force qui restait pour poursuivre l’enquête, maintenant bloquée par le départ de ces croiseurs en orbite, était piégée dans une guerre meurtrière d’ombres et de fureur soudaine. La garnison de l’Alpha Legion, sa base cachée maintenant révélée et réputée être le repaire de nul autre que le Primarque Alpharius lui-même, opposa ses Chasseurs de Têtes et ses infiltrés aux cavaliers rapides et tueurs hilares de la Confrérie des White Scars du Loup de Sable.

Ulkanor Khan, soupçonnant à juste titre que la macrobalise gardée par l’Alpha Legion était essentielle à leurs plans, mena ses gardes du corps Keshig dans une attaque audacieuse. Pourtant, malgré leur vitesse et leur habileté, les White Scars furent rapidement victimes des pièges meurtriers de l’élite de l’Alpha Legion. Pris à l’écart parmi les flaques de lave et les dérives de cendres, sa Motojet Scimitar écrasé et ses Keshig dispersé, Ulkanor Khan cria un défi au commandant de l’Alpha Legion, l’invitant à l’affronter en duel pendant que ses guerriers regardaient dans l’ombre. Sans un mot, Siridor Vhen, le Préteur de l’Alpha Legion, fit signe à ses hommes d’ouvrir le feu, abattant le courageux Khan.

Sur la lointaine Byfrust, où les White Scars sous le commandement de Solmon Khan ne pouvaient pas savoir que leur Khagan s’éloignait directement d’eux, les combats étaient encore plus sombres. Les tentatives de Tsolmon Khan pour avertir le Khagan de la trahison de l’Alpha Legion avaient échoué, noyé par les signaux qui avaient inondé le système, et la force qui s’approchait des fils d’Alpharius avait assez de puissance de feu pour réduire rapidement ses maigres fortifications en ruines. En dépit de l’écrasante majorité des chances, Tsolmon est enregistré comme ayant fait la déclaration suivante aux White Scars et aux soldats impériaux rassemblés, qui est depuis entré dans la légende : « Frères, nous ne savons pas d’où vient notre trahison, du Maître de Guerre ou de notre Empereur, et cela importe peu. Nous nous battons pour notre honneur et le Khagan, pas à la demande d’un tyran lointain. Nous nous battons parce que nous sommes nés pour le faire, pas pour les ambitions des empereurs. Nous sommes les White Scars, nous sommes la tempête à l’horizon et nous ne nous inclinons devant personne. » Et les White Scars chargèrent, fonçant vers les combats en riant.[13]

Le Ciseau

La Tête de l’Hydre[14]

L’implication d’Alpharius pendant l’Engagement de Chondax est une question offrant beaucoup de spéculations, mais peu de preuves directes. Compte tenu de la taille de la flotte impliquée, beaucoup ont supposé sa présence à sa tête, bien qu’aucun document ne dise la vérité à ce sujet. Divers rapports non confirmés provenant de tout le système revendiquent sa présence lors des combats qui ont éclaté à Chondax. Certains guerriers disent l’avoir vu au cœur des combats à Epihelikon, Irra Minor, Kren et plus. La seule observation de ce genre qui soit étayée par des preuves est celle qui a été relevée lors des combats sur Phemus IV, où de multiples guerriers de renom mentionnent la présence d’un guerrier qui correspond à la description du maître de la XXe légion dans sa panoplie la plus connue. Cependant, compte tenu du penchant d’Alpharius pour la tromperie et du nombre d’autres incidents documentés où des doubles, des sosies et des déguisement plus ésotériques qui ont été utilisés, ainsi que du fait que beaucoup de ces observations placent le Primarque dans des lieux très éloignés en même temps, nous devons supposer que la plupart, sinon tous, sont faux. Ainsi, cette chronique a choisi de ne pas enregistrer la majorité d’entre eux au nom de la clarté, ne retenant que la rencontre de Phemus IV.

Le changement fut si soudain que peu de membres de l’Alpha Legion a eu le temps de mettre en place ses défenses. En orbite haute de Chondax Prime, alors que quelques instants auparavant, la flotte des White Scars semblait sur le point d’être mise déroute, sa formation s’est soudainement transformée en un fer de lance de vaisseaux spatiaux, le Swordstorm à sa tête. La phase finale du Zao avait commencé, exactement comme le Khagan l’avait prévu. Le Swordstorm frappa la zone la plus vulnérable du cordon de l’Alpha Legion, affaiblie lorsque les Traîtres libérèrent leurs réserves pour poursuivre la retraite feinte des White Scars, balayant le moindre vaisseau qui cherchait à lui barrer le passage. Des faisceaux de laser vacillèrent dans le vide et de brèves coulées de flammes et d’épaves marquèrent le chemin du vaisseau amiral White Scars, un poignard pâle enfoncé dans le ventre de la flotte de l’Alpha Legion.

De la même façon, les guerriers sous le commandement de Tsolmon Khan sur Byfrust formèrent un fer de lance volant de Motojets, de Speeders d’Assaut terrestres et de blindés légers visant le cœur de la formation de l’Alpha Legion. Ne s’attendant pas à cette férocité subtile, l’Alpha Legion a d’abord été prise par surprise, bien qu’avec les guerriers de la Legiones Astartes, une telle surprise ne pouvait être que momentanée. Pourtant, c’est tout ce que les White Scars attendaient. Un détachement du Keshig d'Or créa une brèche dans les rangs de l’Alpha Legion, leurs lances brisant la céramite et transperçant même la plaque des Terminators. Derrière eux se trouvaient presque tous les guerriers que Tsolmon pouvait rassembler, White Scars et soldats impériaux, qui ont tout misé sur une seule et même charge désespérée. La cible de l’assaut était le commandant de l’Alpha Legion au centre de l’attaque, Malek Striga et ses acolytes, afin de couper les têtes de l’hydre. Les éléments les plus lourds de l’attaque de White Scars ralentirent pour engager le corps principal de l’ennemi, donnant aux Motojets Scimitars et Erinyes des White Scars, ainsi qu’aux Sœurs du Silence, l’occasion de s’enfoncer plus profondément dans leur formation, à la recherche de son cœur corrompu.

Le Grand Khan ordonnant de mettre en place le Zao, ou "ciseau" contre la flotte de l’Alpha Legion.

Au milieu du fracas des lames et du tonnerre des canons lourds, les phalanges des White Scars, plus nombreuses, ont utilisé leur vitesse au mieux, traçant un chemin à travers l’Alpha Legion alors que les guerriers vêtus d’azur essayaient de réorganiser leurs lignes. Se précipitant sur le cadre de commandement de l’Alpha Legion, les guerriers montés sur des Motojets ont été accueillis par un mur de flammes sombres et rugissantes, l’œuvre des pouvoirs maléfiques du Consul Alpha Légionnaire Striga et encore un autre signe de la corruption de l’Alpha Legion dans la trahison et l’abomination. Les White Scars s’effondrèrent alors que Striga et ses acolytes déchaînèrent l’enfer sur eux, des jaillissements de flammes rances et des faisceaux hurlants d’énergie impossible perçant leur phalange et retardant l’assaut le pourchassant. Cependant, la tempête a fait surgir les guerrières survivantes de la communauté des Sœurs du Silence, les flammes maléfiques reculant face à elles comme si elles étaient terrifiées par leur présence. Immunisées contre les arts sombres du sorcier de l’Alpha Legion, les Sœurs du Silence se jetèrent sur les Légionnaires renégats, les acolytes tombant devant leurs lames alors que leurs glaives psychiques leurs étaient inutiles.

La Chevaleresse Centura Merovin, blessée et épuisée par la bataille, affronta Malek Striga en combat singulier. Bien qu’elle était une guerrière hors pair, la Sœur du Silence n’a pas pu rivaliser avec la puissance post-humaine du Consul des Legiones Astartes et a été battue, blessée mortellement par la lance du guerrier de l’Alpha Légion. Alors que Striga se préparait à porter le coup de grâce, Tsolmon Khan est apparu à travers les miasmes psychiques défaillants qui entouraient les deux duellistes, affaibli comme il l’était par la malédiction génétique de la Chevaleresse Centura, et le frappa à mort avec son Marteau Tonnerre. Leur chef ayant été tué et les White Scars envahissant leurs lignes, les guerriers de l’Alpha Légion sentirent qu’ils avaient perdu l’initiative et entamèrent un désengagement soigneusement coordonné. S’enfonçant dans les tunnels de glace sinueux et les redoutes si récemment tenues par les Orks, l’Alpha Legion abandonna, ne voulant plus affronter les White Scars dans une bataille ouverte.

À ce moment-là, comme en réponse à l’alarme désespérée diffusée sur ordre de Tsolmon, un croiseur solitaire arriva sur l’orbite haute de Byfrust. Ce n’était pourtant pas un élégant navire White Scars, mais la forme émoussée et efficace d’un croiseur de bombardement de l’Alpha, Legion identifié plus tard comme le Phi-Hekator. Le vaisseau Alpha Legion entra en orbite géosynchrone au-dessus du champ de bataille, ses batteries d’armes s’amorçant et se verrouillant sur le site de la courte victoire des White Scars. Puis ils apprirent seulement à cet instant que le Khagan et sa flotte se trouvaient loin dans le système, laissant Tsolmon et ses troupes sans espoir de sauvetage ou de renfort. Les derniers centaines de White Scars se sont rassemblés, cherchant leurs blessés sur le terrain pour qu’ils puissent faire face à la mort débout et avec fierté. Tsolmon Khan lui-même, dont le succès éphémère n’avait plus de sens, jeta le corps de Malek Striga et porta la Chevaleresse Centura avant de rejoindre ses hommes pour qu’ils puissent rencontrer leur destin ensemble.

Avec la mort d’Ulkanor Khan, la situation sur Phemus IV semblait tout aussi désastreuse, avec quelques officiers restant pour prendre le commandement de la Confrérie du Loup de Sable. En effet, le guerrier le plus haut gradé qui restait était Munokhoi, connu dans le charabia gothique de la Ve Légion sous le nom de Chien Noir, Kharakhor, un tueur Moritat et peu habitué à l’autorité ou à la grande stratégie. Contrairement à son Khan, il n’avait que faire de l’honneur et se mit en route vers les ruines de Phemus IV avec un seul objectif : tuer le plus grand nombre possible d’ennemis avant que la mort ne le rattrape. Son rire braillard résonnait dans les dunes de cendres. Le boucan de ses pistolets attiraient l’Alpha Legion à chaque nouveau massacre laissé dans son sillage, et à chaque victoire, de plus en plus de ses frères se joignirent à sa chasse sauvage. L’Alpha Legion répondit à cette furie insouciante par une froide cruauté, envoyant l’Assassin Vigilator connu sous le nom d’Interfector pour éliminer les derniers White Scars.

Les combats firent rage sporadiquement sur le terrain accidenté de Phemus IV, avec des assauts de guérilla suivis d’embuscades et d’éliminations ciblées se répétant à l’infini. Sans les effectifs nécessaires pour lancer un assaut direct sur la base fortifiée de l’Alpha Legion, Munokhoi et les White Scars qui l’ont suivi se sont contentés de faire un carnage sur les patrouilles qui s’aventuraient en dehors. En retour, l’Alpha Legion a mis en place une série de pièges complexes, peut-être pour tester ses tactiques en combat ouvert contre d’autres Légionnaires autant que pour mettre fin aux combats. En raison de la nature irrégulière de cet engagement, il est difficile de reconstituer entièrement les événements. Les White Scars se sont fortement appuyés sur leur connaissance des opérations indépendantes et n’ont déposé que quelques rapports concernant leurs actes après les combats. Parmi ceux que nous possédons, la plupart traitent des dossiers des soldats tombés au combat et de leurs ennemis, ignorant souvent la situation tactique et les détails des dispositions des unités. Il est intéressant de noter que malgré la gravité de leur situation, beaucoup éprouvent une admiration réticente pour la nature rusée de leur ennemi, même ceux comme l’Interfector, dont les compétences en matière d’embuscade et de tir à longue distance ont réduits au silence de nombreux White Scars. Quelques rapports font même mention de rencontres avec un personnage imposant en armure fortement ornée brandissant une lance, une figure que certains ont supposé être Alpharius lui-même.

Les White Scars embourbés et l’Alpha Legion ne voulant pas mettre fin rapidement aux combats sur Phemus IV, la guerre de l’ombre se poursuit. Peut-être l’Alpha Legion avait-elle maintenue cette situation jusqu’à ce qu’elle décrète avoir rempli sa mission et utilise son avantage numérique pour purger la lune de ses ennemis. Ce qui aurait pu se produire ne sera jamais connu, car si les combats au sol ont tourné en faveur de l’Alpha Legion, ce ne fut pas le cas de la bataille orbitale. Le fer de lance du Khagan avait brisé les lignes de la flotte de l’Alpha Legion, le Swordstorm balayant les croiseurs qui cherchaient à lui barrer la route dans une tempête de tirs d’artillerie et de salves de torpilles à courte portée. Avant que l’Alpha Legion ne puisse réorganiser ses lignes, le Swordstorm et les autres escadrons de tête se frayèrent un chemin à travers le point le plus faible de leur formation, le reste de la flotte à leur suite.

Les navires portant la marque de l’Hydre chavirèrent et brûlèrent dans le vide, frappés par des barrages successifs à chaque vague de navires qui passaient, mais les croiseurs marqués de l’insigne de l’éclair du Khagan souffraient en retour de leur charge insouciante. Pire encore, les vaisseaux White Scars qui prirent du retard en raison de dommages ou qui ont été coupés de la formation principale par les manœuvres du navire de l’Alpha Legion, ont été rapidement débordés, démantelés ou infestés par des embarcations d’abordage et capturés.

Malgré les pertes subies, le Zao, ou "ciseau" dans la langue du Chogoris, plongea en avant, coupant à travers les couches extérieures de la formation complexe de l’Alpha Legion et dans son cœur, où la doctrine impériale commune plaçait les vaisseaux du vide les plus lourds et les plus puissants. Des douzaines de vaisseaux de guerre et de barges de l’Alpha Legion se trouvaient à proximité du Swordstorm et de ses alliés, chacun d’entre eux étant apparemment armés de grandes batteries et de hangars, surpassant en nombre et en masse le fer de lance des White Scars. Nous devons supposer que le Khagan comptait sur la rapidité et la férocité de son assaut pour mener le combat, car il n’avait pas l’intention de se battre longtemps, mais simplement de percer la formation qui se trouvait devant lui, même s’il se peut que le Primarque des White Scars, au sang sauvage, ne se soit tout simplement pas soucié des rapports de force qui l’attendaient. Avec le Khagan en tête, aucun des navires qui suivirent ne se refusa à la défaite qui les attendait face aux canons des cuirassés qui les précédaient. En effet, de nombreux croiseurs des deuxième et troisième vagues de la formation Ciseau ont canalisé la puissance des principaux systèmes défensifs afin d’accélérer et de rejoindre l’attaque.

Que ce soit par clairvoyance ou par la bénédiction de la fortune, l’attaque de Jaghatai Khan a mis à jour la faille dans la stratégie de l’Alpha Legion. Le Swordstorm et les vaisseaux qui l’accompagnait ont laissé voler chaque obus, torpille et dernière charge à leur disposition, transformant le vide profond en une lumière éclatante grâce à leur puissance de feu, ne s’attendant pas à autre chose que de marquer le blindage de ces puissants navires de leur première salve. Au lieu de cela, le barrage a semé le chaos parmi leurs ennemis, transformant un certain nombre des plus grands vaisseaux en des carcasses en feu. Si certains des navires ennemis faisaient effectivement la fierté de la flotte de l’Alpha Legion, peut-être un tiers d’entre eux n’étaient guère plus que des cargos modifiés pour apparaître comme des croiseurs lourds et des Barges de Bataille, mal protégés et faiblement armés. La puissance écrasante de la flotte de l’Alpha Legion n’étant qu’une fiction intelligente, et il n’y avait pas grand-chose pour contenir la fureur du Khagan. Le Zao traversa le centre de la flotte de l’Alpha Legion, les plus petites embarcations à l’arrière suivant dans le sillage de la destruction causée par ceux qui étaient en tête. Le Khagan ne s’est pas arrêté pour livrer bataille, même si les chances étaient équilibrées entre les deux flottes, et a plutôt atteint la vitesse maximale pour atteindre l’autre côté du système, là où ses vaisseaux pouvaient se déplacer en toute sécurité vers l’espace Warp.

Les White Scars poussèrent à leurs limites leurs pulsions sub-luminescentes finement réglées, se propulsant à travers le vide sur un parcours qui les mènerait au-delà de Phemus et des mondes périphériques avant de quitter les confins de la triple gravité des soleils de Chondax. Les vaisseaux de l’Alpha Legion avaient peu de chances d’atteindre une telle vitesse et n’étaient guère enclins à poursuivre le combat. Au lieu de cela, ils se sont consolidés autour du système intérieur, avec seulement quelques petites escadrilles de frégates qui suivaient la retraite des White Scars. L’Alpha Legion semble avoir reçu pour ordre de ne pas poursuivre le Khagan et de rester à Chondax, peut-être pour inciter Jaghatai à continuer sa lancée et de ne pas lui donner envie de s’attarder. Ainsi, le Khagan et sa flotte arrivèrent enfin sur les lunes de Phemus, meurtries par la bataille, mais leur soif de vengeance était loin d’être assouvie.[15]

Un Aigle, un Serpent et un Loup

En arrivant à Phemus, qui se trouvait à l’extrémité du grand système de Chondax, Jaghatai Khan découvrit ce qu’il était advenu des détachements de ses fils qui n’avaient pas pu répondre aux ordres de rappel. Phemus comptait 30 lunes, dont sept avaient connu des batailles datant de la campagne contre les Hain. Seuls deux des petites Confréries qui restaient pour les surveiller avaient fait un rapport dans le cadre du rappel. Parmi celles qui étaient restés, soit elles n’avaient jamais reçu l’appel, soit elles avaient été empêchés de partir par l’Alpha Legion. Il n’en restait plus grand-chose. Il n’y avait des signes de survivants qu’à partir de la quatrième lune, où le Chien Noir et les restes de la Confrérie du Loup de Sable continuaient à se battre.

Ici, sans vaste flotte d’ennemis pour le retenir et furieux en contemplant le massacre de ses fils, le courroux du Khagan s’abattit sur l’Alpha Legion. Des escadrilles massives de vaisseaux de combat Storm Eagles et d’autres aéronefs de débarquement descendirent à la surface, portant la garde personnelle Keshig du Khagan et les autres éléments de la Légion qui purent être rapidement mobilisés pour le combat. Une marée de blindés blancs et de Motojets élégantes déferlèrent sur les cendres de Phemus IV en direction de la base qui leur était auparavant cachée. Les guerriers de chaque Confrérie rivalisèrent pour suivre le rythme du Khagan qui était en première ligne de l’assaut. L’Alpha Legion envoya une phalange de béhémoths blindés, un trio de puissants chars Fellblades gardés cachés dans les profondeurs de leur base en prévision à un tel moment, pour bloquer l’approche du Khagan soutenu par l’artillerie et les cadres de l’infanterie. Les escadrons de Motojets qui s’élancèrent enveloppèrent rapidement les Fellblades et leur soutien, un essaim blanc tourbillonnant autour d’un petit nid couleur bleu.

Les cavaliers talentueux de la Ve Légion évitèrent des tirs de canon dévastateurs et traversèrent des grêles de tirs d’artillerie avec le même aplomb, en délivrant des ripostes ponctuelles à partir de multi-meltas ou en balançant des Bombes à Fusion. À l’arrière, les survivants de la Confrérie du Loup de Sable, qui connaissait maintenant bien les canyons tortueux de Phemus IV, tombèrent sur le train d’artillerie, causant beaucoup de ravages alors qu’ils remboursaient la dette de sang qui leur était due. En peu de temps, les troupes du Khagan avaient encerclé, neutralisé et contourné la force de l’Alpha Legion, poussant jusqu’à la base elle-même. Là, le Khagan chercha son frère, Alpharius, qui, selon les rapports, était présent à la surface, afin qu’il puisse répondre de ses actes. Mais malgré tous ses efforts, Jaghatai Khan ne trouva rien, sauf des fantômes et des rumeurs. Selon les rapports, Alpharius aurait d’abord repoussé les troupes d’assaut des White Scars aux portes inférieures, puis aurait traversé le champ de bataille principal en compagnie des Chasseurs de Têtes de l’Alpha Legion. Attiré d’escarmouche en escarmouche, le Khagan n’a rencontré que des leurres, des erreurs d’observation et des pièges, l’Alpha Legion l’ayant habilement empêché de prendre part à l’assaut.

Le Sanglant Bilan de la Victoire[16]

Sur les quelque 60 000 White Scars aptes au combat pendant la Campagne de Chondax, seule une petite fraction n’avait pas été recueillie dans le cadre du grand ordre de rappel émis par le Khagan. Parmi les conflits mentionnés ici, dont la plupart se sont déroulés dans des garnisons isolées et parmi des unités situées à une certaine distance de l’ost principal, il y avait peut-être moins de 10 000 White Scars impliquées.

Malgré le caractère vague des registres logistiques de la Ve Légion, nous pouvons estimer le total de leurs pertes au combat contre l’Alpha Legion à environ 6 000 Légionnaires. Parmi eux, environ 2 000 ont péri au cours de la bataille spatiale, soit affectés à l’un des navires détruits ou endommagés, soit comme membres d’équipage à bord de l’un des escadrons de navires de combat engagés dans les actions d’abordage qui ont eu lieu. Les autres guerriers perdus ont tous été affectés aux petites garnisons du système de Chondax qui ont été détruites par l’Alpha Legion.

Sur les 4 000 restants, seule la moitié peut être comptabilisés comme ayant été tués au combat - beaucoup de leurs corps n’ont jamais été retrouvés, et bien que l’on suppose qu’ils ont connu leur fin au combat, il se peut que certains aient été pris vivants par l’Alpha Legion. Il est peut-être préférable de ne pas explorer, au-delà des informations les plus évidentes, l’avantage que la XXe Légion aurait pu gagner en faisant des prisonniers. La présence dans les dernières années de l’Hérésie Horus d’unités dont les performances opérationnelles et de combat semblent rappeler les doctrines des White Scars est très probablement une coïncidence plutôt qu’une sinistre expérience avec des gènes chimériques.

La flotte des White Scars a subi des pertes légères, avec un total de 30 vaisseaux notés comme absents de la dernière translation hors système. Il s’agit notamment d’un certain nombre d’embarcations perdues avant l’ordre de rappel, très probablement tombées dans une embuscade tendue par les escadrons de chasseurs tueurs de l’Alpha Legion, ainsi que des embarcations détruites pendant l’exécution de la manœuvre dite du Ciseau. Là encore, comme le Khagan a choisi d’abandonner le système et de partir à toute la vitesse à Prospero. Les carcasses de ces navires furent abandonnées à l’Alpha Legion. Plusieurs de ces vaisseaux furent plus tard notés comme étant actifs. En effet, à plusieurs reprises, l’Alpha Legion a utilisé ces vaisseaux réparés et restaurés dans le cadre de ses opérations de cheval de Troie dans leur panoplie originale White Scars, attirant les escadrons de l’Imperium dans des embuscades avec de faux signaux.

Il est à noter que les forces rassemblées à Chondax ne représentaient pas la totalité des effectifs de la Ve Légion. On sait que cinq autres Hordes, soit environ 30 000 à 40 000 Légionnaires, ont été affectées à d’autres tâches. Certains sont restés en garnison à Chogoris, tandis que d’autres ont été affectés à des croisades et des conflits le long de la frontière la plus éloignée du nouveau domaine de l’Humanité. On sait qu’au moins une de ces hordes s’est déclarée pour Horus, peut-être sans savoir que Jaghatai refusait de le faire, après avoir été nourrie de nouveaux mensonges par Horus et ses agents.

On sait peu de choses de la flotte de l’Alpha Legion - peu d’expéditions de l’Imperium se sont aventurées dans le système isolé de Chondax pendant les années noires de l’Hérésie Horus. Les prochains vaisseaux loyaux à pénétrer dans le système furent des escadrons de raid des Légions Éclatées dans les années 010.M31, et ils n’ont signalé aucun signe de navires ou de bases stellaires ennemis.

Jaghatai Khan et son élite étant distraits, les guerriers restants de l’Alpha Legion ont mené une action de défense bien planifiée, en tenant les intersections et les positions fortifiées à l’intérieur de la base aussi longtemps que possible avant de se replier. Les White Scars répondirent par un assaut dont la vitesse pure menaçait de submerger la défense, contournant souvent les positions de l’Alpha Legion avant qu’ils ne puissent se déplacer. Lorsqu’elle était débordée, l’Alpha Legion se battait avec une détermination calculée, vendant chèrement sa vie pour gagner le plus de temps possible face à la férocité sans bornes des White Scars. Le temps qu’ils ont acheté a été payé dans le sang car, bien que distraits, le Khagan ne pouvait pas être ignoré, et là où il marchait, les défenses de l’Alpha Legion s’effondrèrent, les commandants tombèrent et la juste fureur des White Scars fit un lourd bilan de vies dans l’Alpha Legion. Ce court répit, acheté par la tromperie, l’action et le sacrifice, a permis à l’Alpha Legion de saboter les générateurs endo-thermiques enfouis profondément sous la forteresse autrefois cachée, déclenchant une réaction en chaîne d’explosions massives qui ont commencé à pulvériser la base.

Les combats atteignirent leur paroxysme lorsque les White Scars, désormais pris au piège de l’Alpha Legion, se sont tournés vers le combat pour s’échapper de la fin violente de la forteresse. Des fusillades acharnées ont éclaté dans les quartiers intérieurs en ruine alors que les White Scars se battaient pour se replier, l’Alpha Legion luttant pour les bloquer à l’intérieur alors même que leur base s’effondrait autour d’eux. Ici, au milieu des fortifications en ruine, Jaghatai Khan s’est retrouvé face au commandant de l’Alpha Legion, non pas Alpharius, mais simplement le Préteur Siridor Vhen. N’ayant pu trouver son frère qu’il avait cherché, Jaghatai Khan donna libre cours à sa frustration et à sa colère en attaquant le Préteur Vhen. Bien qu’il était un puissant guerrier, ne manquant ni de compétence ni d’expérience, le Préteur n’était pas de taille face au Primarque de la Ve Légion. Même épuisé par la bataille et la trahison, Jaghatai Khan aurait pu abattre son ennemi au premier croisement de leurs lames, mais le Khagan décida de ne pas le faire, jouant plutôt avec le guerrier de l’Alpha Legion comme cette Légion en tenue d’azur avait joué avec ses propres hommes. Un tel échange cruel ne donnait que peu de satisfaction au Khagan, et le maître de la Ve s’en lassa rapidement, assénant un coup mortel à son adversaire. Là, alors que la forteresse tremblait, Jaghatai Khan se tint au-dessus de Siridor Vhen qui lui aurait prononcé ces paroles : « Dois-je te parler de la terreur dont nous t’avons sauvé, petit Khan ? Tu peux maintenant grogner et nous frapper avec ta canne, mais à la fin, tu nous remercieras. Il y a des destins bien pires que celui vers lequel tu cours. Je vais peut-être te parler du sort de Magnus, car il me fera plaisir de vous voir pleurer. »

Siridor Vhen ne parlera plus, car avant de pouvoir prononcer un autre mot, il fut réduit au silence par l’impact d’un Bolt à grande vitesse tiré par un tireur d’élite inconnu.

Privé à la fois d’une victoire et de tout sentiment de certitude sur les actions de l’Alpha Legion, Jaghatai Khan avait plus de questions et de doutes sans réponse. Il avait sauvé ceux de ses fils échoués sur Phemus IV et sorti la Ve Légion du piège de l’Alpha Legion à Chondax, mais il avait encore peu de faits concernant les circonstances qui avaient mis en branle un complot aussi désastreux.

La satisfaction qu’il avait trouvé dans la distraction viscérale du combat lui fut volée par le dilemme imminent de l’avenir de sa Légion. À qui, parmi ses frères, devait-il sa loyauté ? Et lequel d’entre eux lui était encore fidèle ? Quel sort terrible fut réservé au Seigneur de Prospero, l’un des rares frères qu’il tenait pour un véritable ami parmi ses lointains et impénétrables parents ?

Alors qu’il se tenait sur la surface cendrée de Phemus IV, il devait lui sembler que tout l’Imperium s’était retourné contre les White Scars, que toutes les choses auxquelles le Khagan avait jadis fait confiance et auxquelles il avait accordé sa loyauté s’étaient effondrées, tout comme la forteresse de l’Alpha Legion. Une forteresse du mensonge dont les supports avaient été arrachés.

Pour ceux des White Scars éloignés du Khagan, une telle notion d’ambiguïté avait depuis longtemps été supprimée de par leur situation qui était simple : ils étaient peu nombreux et entourés de tous côtés par l’Alpha Legion, n’ayant que peu d’espoir de s’échapper. Ceux qui combattaient à leurs côtés étaient des alliés et tous les autres étaient des ennemis. Telle était la leçon que leur avaient apprises les ruses des fils d’Alpharius : ne pas faire confiance aux uniformes et aux symboles, mais seulement à l’action. Sur Byfrust, la planète la plus éloignée de Phemus dans le système, ces leçons avaient été forgées dans le trépas et écrites dans le sang des morts et il ne restait que peu de monde pour assister à leur fin. Sur les milliers de guerriers de Tsolman Khan, il restait moins de 300 guerriers - les Légionnaires Astartes, les Sœurs du Silence et les sentinelles Charonides, tous liés par la trahison dont ils ont été victimes. Tous attendaient en silence leur fin alors que le croiseur Phi-hekator de l’Alpha Legion tournait lentement en orbite pour mettre à profit ses vastes batteries de Macrocanons. Pourtant, le destin avait décrété une fin différente, et lorsque le ciel s’est illuminé, ce n’était pas avec la lumière brûlante du feu d’un laser descendant, mais par les affres de la mort du Phi-hekator lui-même frappé sans avertissement par un autre vaisseau qui avait émergé de la couronne de Chondax Alpha-Secundus.

Ce nouveau venu était à peine reconnaissable. Sa coque était fondu et déformé par la chaleur extrême qu’elle avait subie et portait encore les marques d’une bataille antérieure, mais les quelques bribes d’héraldique qui restaient permirent de l’identifier comme étant le Hawkstar. Présumée perdue lors d’une bataille précédente, de l’autre côté de la petite étoile du système de Chondax, le Hawkstar avait contourné l’étoile Alpha-Secundus sous le couvert de sa couronne extérieure, pour finalement émerger près de Byfrust. Sa première salve avait paralysé le Phi-hekator et déclenché une cascade de panne dans les systèmes du Hawkstar. Alors que sa charge thermique augmentait, sa deuxième salve a anéanti le vaisseau de l’Alpha Legion avant qu’il ne puisse récupérer ou riposter, mais elle a également cramé un certain nombre de systèmes secondaires du Hawkstar. Le croiseur des White Scars s’est mis en orbite autour de Byfrust, en continua à dégager l’excès de chaleur accumulé pendant son voyage et l’exécution du Phi-hekator, alors qu’il envoyait des transporteurs pour récupérer les survivants.

En surface, Tsolmon Khan et ses guerriers ont retardé leur évacuation pour accomplir un dernier devoir. Sur les plaines glacées de Byfrust, ils élevèrent un cairn de pierre et de pièces de véhicules, un monument brut et hâtif à la mémoire de ceux qui étaient tombés vaillamment au combat en tant que frères. Ils y enterrèrent tous les corps des Loyalistes qu’ils purent trouver, du plus humble Frère de Bataille de la Légion Ve Légion, de l’initié de l’Auxilia Charonide à celui du Chevalier-Centura Merovin. Dans la mort, tous étaient égaux, et ceux qui vivaient encore étaient admiratifs devant le courage dont ils avaient fait preuve sur le champ de bataille. Sur ce tombeau grossier, élevé sur la surface sombre et solitaire d’un monde inconnu des sages et des puissants, ils n’ont pas inscrit de longs hommages ni de lauriers dorés, mais seulement quelques courts mots de louange dans l’écriture fluide du Korchin de Chogoris, traduite ici en bas gothique à partir du vieux Chogorien :

Sous un ciel bleu,
Les empires s’élèvent et puis ils tombent.
Mais les héros ne peuvent mourir.
Le Chien et le Chasseur[17]

La mort de Siridor Vhen n’était pas un incident isolé - au cours de la bataille finale qui s’est déroulée sur Phemus IV, six officiers au total ont été tués par un tireur d’élite non identifié. Parmi eux, deux étaient des guerriers de l’Alpha Legion, tous deux tombés mais non tués au cours de la bataille contre les White Scars, tandis que les quatre autres étaient des vétérans des White Scars et des Khans. Tous les meurtres ont été perpétrés selon le même schéma, un seul Bolt tiré avec une précision à couper le souffle, son auteur étant invisible pour les personnes impliquées. Un seul rapport offre une identité au tueur. Le témoignage de Munokhoi, le Chien Noir, affirme qu’il s’agissait d’un agent connu sous le nom d’Interfector, qu’il traqua et confronta, mais qu’il n’a pas pu abattre.

Parmi les White Scars tués, il semble à première vue y avoir peu de raison au-delà du meurtre opportuniste d’ennemis. Cependant, le recul et la connaissance des événements qui allaient bientôt survenir dans la Ve Légion nous permettent de voir les choses différemment, car tous les officiers de White Scars tués étaient connus pour être les plus farouchement opposés à la propagation des Loges Guerrières au sein de leurs Confréries. En effet, au moins deux de ces officiers furent remplacés par des vétérans d’origine terrane qui avaient combattu aux côtés du Maître de Guerre et avait fait preuve d’une certaine loyauté envers Horus. Cela aura des répercussions terribles sur les White Scars, faisant pencher la balance de la brève insurrection qui allait plus tard avoir lieu sur Prospero juste assez pour qu’elle cause le plus de dégâts possible à la Légion sans la briser ou la voir tomber entre les mains d’Horus. Une fois de plus, la motivation complète des actions de l’Alpha Legion reste inconnue.

Les derniers guerriers survivants à la bataille ayant été ramenés sains et saufs à bord, le Hawkstar fit pleuvoir des tirs sur la forteresse de l’Alpha Legion en contrebas, ne laissant derrière lui que des ruines à son départ. Brisé mais pas encore prêt à mourir, le Hawkstar s’éloigna à la fois de la vaste flotte de l’Alpha Legion et des navires du Khagan à l’autre bout du système, car même le plus petit des vaisseaux aurait probablement submergé le croiseur ravagé s’il avait été repéré par l’ennemi. Prenant note du propre stratagème de l’Alpha Legion, le Hawkstar a utilisé l’ombre gravitationnelle de Chondax Alpha-Secundus pour atteindre le Point de Mandeville entre les systèmes intérieur et extérieur avant de mettre à rude épreuve ses Moteurs Warp endommagés pour ouvrir un passage vers les régions les plus éloignées de Chondax où le Khagan et sa flotte passaient sur l’orbite de Phemus.

Le retour du Hawkstar et de quelques autres navires errants fut une petite bénédiction parmi les malheurs de la Légion, et coïncidera avec l’arrivée de malheurs pour le Khagan.

Un message avait été envoyé directement par les Astropathes rattachés à la VIe Légion, les Space Wolves. Leman Russ et ses guerriers étaient en difficulté dans la Nébuleuse d’Alaxxes, attaqués par une autre flotte de l’Alpha Legion, et le Seigneur Loup demandait le soutien du Khagan. La VIe Légion, comme tant d’autres, avait depuis longtemps - négligé tout lien avec les White Scars. Les deux Légions étaient presque étrangères l’une à l’autre. Peu de membres d’entre elles pourraient prétendre avoir combattu ensemble pendant toutes les années de la Grande Croisade, et la maladresse de son message avait trahi le manque de considération de Leman Russ. Il daigna les appeler seulement quand aucun d’autres choix s’est présenté à lui, exprimant peu d’inquiétude pour les problèmes de son frère. À Jaghatai Khan et aux White Scars, il n’a pas fait appel à des frères d’armes, mais a plutôt lancé une convocation envers un subordonné.

Malgré la nature de l’appel du Seigneur Loup, il y avait là une chance de se venger, car la bataille ouverte et franche leur avait jusqu’ici été refusé, mais cela demandait une confiance absolue dans le Seigneur Loup malgré les accusations portées contre lui par les précédentes suppliques du Maître de Guerre. Il semblait que peu de ses frères s’étaient souciés de Jaghatai Khan ou des White Scars, si ce n’est comme des outils pour servir leurs propres ambitions. Horus souhaitait l’enchaîner, l’Alpha Legion le tenir en laisse et Dorn le commander - chacun exigeait sa loyauté comme une ressource à marchander. Chacun tenait à souligner les conséquences désastreuses d’ignorer leur sommation, avec des menaces proférées à la fois contre sa Légion et contre l’Imperium lui-même, le mettant face à ses responsabilités. Son choix placerait les White Scars à la merci des ambitions d’une faction qui s’en souciait peu, pour en faire soient des sbires de l’ambition d’Horus ou comme serviteurs des plans impénétrables de l’Empereur. Mais son inaction entraînerait la perte de l’Imperium.

De tous les frères du Khan qui auraient pu faire appel à sa loyauté, il n’avait entendu que des rumeurs terribles et inquiétantes sur celui dont il cherchait le plus anxieusement des nouvelles - Magnus le Rouge, Roi Sorcier de Prospero et aussi étranger à ceux de ses frères qui cherchaient à régner sur l’Imperium que lui-même. Les deux hommes avaient déjà été liés par le mépris de nombre de leurs confrères Primarques, non seulement par leur loyauté envers l’Imperium qu’ils servaient, mais aussi en tant qu’alliés et voyageurs sur des chemins étranges. Il semblerait maintenant que l’Imperium se soit retourné contre le Roi Pourpre, soit en l’attaquant frontalement, soit en permettant à un Primarque de rendre sa propre justice, Jaghatai Khan ne pouvait pas en connaître la vérité. Pourtant, avec le retour du Hawkstar, l’ancienne sagesse de Chogoris revint dans son esprit : Sous un ciel bleu, les empires s’élèvent et puis ils tombent. Les héros ne peuvent mourir. Le Khagan savait où il devait aller.

La puissance rassemblée des White Scars, un ost sur lequel reposait le destin de l’Imperium, tourna silencieusement dans le vide, s’alignant sur une étoile lointaine. Cet ost avança en formation serrée, prêt à partir en guerre avec ses canons à portée de main et des couleurs vives et claires. Partout dans la flotte, les guerriers de Chogoris se préparaient, car les ordres du Khagan avaient été transmis à toute l’armada, ils allaient maintenant à la guerre, peut-être la plus grande guerre qu’ils auraient jamais à affronter. Il n’y avait plus de confusion, aucun doute ne subsistait parmi les Khans et les guerriers rassemblés. Ils n’étaient plus à l’écart, mais lâchés comme un aigle à la chasse, les serres déployées pour frapper. Terra les appelait à ses côtés et le Maître de Guerre les convoquait au combat. Un Empereur et un Tyran attendaient la décision du Khagan. Mais ils étaient les White Scars, l’ordu de Jaghatai, ils n’étaient les esclaves de personne. Ils étaient seuls, comme ils l’avaient toujours été, et ils allaient chercher leur propre vérité.

Ils allaient à Prospero, et l’Imperium brûlerait.[18]

Des Empereurs et des Mensonges

La Nébuleuse d’Alaxxes[19]

Alors que le Khagan affrontait l’Alpha Legion sur Chondax Prime, Leman Russ des Space Wolves fut pris à partie par une flotte similaire portant la marque de l’Hydre dans la nébuleuse d’Alaxxes. Cependant, contrairement à l’incident de Chondax, l’Alpha Legion n’a pas hésité à engager les Space Wolves dans une bataille directe. Leur objectif dans cet engagement semble plus explicitement la destruction de l’ennemi sans recours à aucune forme de coercition. En effet, il n’existe pratiquement aucune trace de communication entre Leman Russ et un commandant de l’Alpha Legion. Au moment où Leman Russ a jugé bon de contacter son frère Primarque pour lui demander de l’aide, la bataille avait déjà mal tourné pour la VIe Legion, avec des pertes importantes, avec des pertes significatives dans leurs flottes contingentes, et avec l’Alpha Legion utilisant pleinement l’élément de surprise sans être gênée par le besoin de suborner leur ennemi.

Les événements de cette bataille et la décision du Khagan, qui devaient avoir leurs propres conséquences sur la guerre civile, méritent d’être discutés à un autre moment, lorsque l’on pourra y consacrer le temps et l’attention nécessaires. Cependant, il est intéressant de noter que la Bataille Spatiale à Alaxxes se déroulant à peu près au même moment que les combats à Chondax, l’Alpha Legion était capable d’opérer simultanément un certain nombre de contingents de flottes de la taille d’une armada. Même en tenant compte de l’inclusion d’un certain nombre de vaisseaux Q et d’autres vaisseaux civils déguisés, il s’agissait d’une flotte bien supérieure à celle déployée par n’importe quelle autre Légion. De plus, selon la politique de la Légion et les rapports des éléments des White Scars et des Space Wolves qui ont réussi à monter à bord des vaisseaux de l’Alpha Legion au cours de ces affrontements, il n’y a pas de raison de s’attendre à ce qu’il y ait un conflit entre l’Alpha Légion et les White Scars. L’Alpha Legion au cours de ces engagements, les deux Flottes ont maintenu une force de sécurité assez importante de Legiones Astartes à bord des vaisseaux de classe capitale. Cela nous amène à penser que non seulement la Flotte de l’Alpha Legion a dépassé les estimations d’avant l’Hérésie, mais aussi que leurs chiffres de recrutement ont dû être largement sous-estimés par les recensements militaires de l’Imperium.

Au total, la bataille du vide connue dans l’histoire sous le nom d’Engagement de Chondax avait duré un peu plus de huit heures. La campagne entière, de l’arrivée de la Flotte de l’Alpha Legion au départ de Jaghatai Khan, avait duré quatre jours. Les pertes totales parmi les deux Légions impliquées sont bien inférieures à celles de batailles similaires. Alors que les massacres d’Isstvan et la Bataille de Calth ont décimé les participants, les combats de Chondax n’ont servi qu’à aiguiser les guerriers du Khagan, en éliminant les plus faibles et les moins aptes. En effet, leurs premières vraies pertes viendraient de leurs propres mains dans l’espace au-dessus de la tombe de Magnus, un creuset de leur propre fabrication.

Pour un si court incident, son impact sur la guerre est stupéfiant, non pas pour les événements de la bataille elle-même, mais pour les tragédies qu’il a laissées se produire et la promesse de salut qu’il a laissée naître. Dans la nébuleuse d’Alaxxes, les Loups de Russ ont été battus et empêchés d’intervenir dans la guerre, mais ils n’ont pas été détruits comme Horus l’avait espéré. Avec ce désastre s’évanouit tout espoir de voir la cause loyaliste entreprendre une grande contre-offensive. Avec Ultramar assiégé, Rogal Dorn installé sur Terra et les Dark Angels et les Blood Angels pratiquement disparus, il ne restait que peu de grandes forces offensives. Russ, bien que souvent décrié par ses frères comme un commandant grossier et vulgaire, faisait partie des quelques Primarques dont la loyauté était irréprochable, et même après les pertes brutales subies lors de la campagne de Prospero, il commandait toujours l’une des Légions les plus féroces, et était le seul à avoir une expérience significative du combat avec d’autres forces des Legiones Astartes. Pourtant, sans le soutien des White Scars, l’assaut surprise de l’Alpha Legion a laissé le Seigneur Loup ébranlé et sur la défensive, garantissant à Horus les coudées franches dans le nord galactique pour consolider sa base de pouvoir.

Mais considérer cette bataille comme une victoire pour Horus, c’est ne pas voir en quoi le choix de Jaghatai Khan a nui à la cause des rebelles. Au mieux, le résultat de la bataille peut être considéré comme une victoire à la Pyrrhus pour la rébellion naissante d’Horus, car si le choix de Jaghatai Khan a laissé les Space Wolves à la merci de l’Alpha Legion, il les a également retirés du camp d’Horus, le privant ainsi d’une Légion complète de guerriers d’élite. Rogal Dorn, agissant en tant que Sénéchal de Terra, s’est vu refuser la possibilité de mettre rapidement fin à la guerre, mais Horus en a fait de même. Bien qu’il puisse être considéré comme déloyal d’écrire de tels mots, l’Imperium aurait pu être moins destructeur si Horus avait été en mesure d’obtenir une victoire rapide, épargnant ainsi aux mondes de l’Humanité sept années de lutte cataclysmique. Jaghatai n’a choisi ni la voie du Loyaliste, ni celle du Traître, et ce faisant, il n’a épargné ni à lui-même, ni à l’Imperium dans son ensemble, la moindre douleur.

Des Empereurs et des Mensonges

Les Perdus et les Abandonnés[20]

Le retrait de Jaghatai Khan et de sa flotte du système Chondax marque la fin des combats dans la plupart des documents conventionnels. Peu d’érudits font référence au système de Chondax pendant les années de l’Hérésie d’Horus. Aujourd’hui encore, il est considéré comme une zone désolée et sans intérêt stratégique. Cependant, de petites bandes de White Scars sont restées actives dans le système pendant un certain nombre d’années après le retrait, bien plus longtemps que ne le reconnaissent la plupart des récits.

Ces groupes de survivants obstinés ont été contraints de se tourner vers une guerre de harcèlement, comptant sur leur vitesse pour garder une longueur d’avance sur leurs poursuivants. La plupart d’entre eux ne comptaient guère plus de quelques dizaines de guerriers et en furent rapidement réduits à fouiller les décombres des batailles passées pour rester aptes au combat, reprenant à bien des égards les tactiques des Orks qu’ils avaient chassés jusqu’à l’extinction peu de temps auparavant. La plupart de ces résistants furent exterminés par l’Alpha Legion en l’espace de quelques semaines, mais quelques-uns survécurent bien plus longtemps.

Le dernier groupe de survivants de White Scars à avoir été sauvé de Chondax fut découvert en 017.M31, dix longues années après l’abandon du système par l’Alpha Legion, par un croiseur de patrouille de la Raven Guard qui cherchait la trace des flottes de Traîtres fuyant l’échec du siège de Terra. Pris au piège sur Irra Minor depuis une décennie, les guerriers de la Confrérie de la Hache Noire, dirigés par Sengur le Manchot, que ses troupes appelaient le Khan de Fer en raison du patchwork d’augmentiques qui le soutenaient, ont d’abord pris la Raven Guard pour une force hostile. Une longue guerre solitaire contre les chasseurs de têtes de l’Alpha Legion, les Serviteurs chasseurs-tueurs du Mechanicum et d’immondes apparitions du Warp avait fait de la paranoïa une vertu. Ce n’est qu’après une brève escarmouche avortée que les guerriers de la XIXe Légion parvinrent à les convaincre de leurs intentions. Sengur Khan et ses huit guerriers survivants furent invités sur Terra par Rogal Dorn pour y recevoir les honneurs de leur bravoure, mais ils choisirent plutôt de rentrer tranquillement à Chogoris, sans fanfare.

Il serait injuste de rejeter la responsabilité de ces conséquences uniquement sur Jaghatai Khan, car ses actions sont dans une large mesure dictées par celles de l’Alpha Legion. Malgré toutes les ressources consacrées à la découverte des plans de l’Alpha Legion et de son mystérieux Primarque, nous ne savons toujours pas grand-chose de la vérité à cet égard. Les ordres donnés par Horus à Alpharius à Chondax sont désormais connus, de nombreuses données étant tombées entre les mains des Flottes de Purge à la suite de la Bataille de Terra, mais cela montre simplement à quel point l’Alpha Legion s’est écartée de ses souhaits. Il convient de se demander ce qu’ils pensaient tirer de cette trahison. Ils n’ont pas cherché à tirer profit de sa conclusion, que ce soit en termes de territoire, de matériel de guerre ou de pouvoir politique. En fait, il est difficile de voir comment ils auraient pu le faire, car les actions des White Scars n’ont favorisé que le chaos et la destruction. Est-ce là ce qu’Alpharius recherchait ? Prolonger la guerre et affaiblir celui qui finira par monter sur le Trône ? Peu de gens à l’intérieur des frontières de l’Imperium profiteraient d’une telle issue, mais alors qui peut savoir où se trouvent les véritables maîtres d’Alpharius ?

Une autre théorie existe, bien que sa crédibilité soit mise en doute par les érudits de l’Imperium. Cette théorie soutient que l’Alpha Legion n’était pas la force unifiée que beaucoup voyaient en elle, et que dans ses rangs obscurs se déroulait une guerre cachée qui cherchait à changer la trajectoire de la Légion. On ne sait pas qui aurait pu défier Alpharius à la tête de sa propre Légion, ni comment il aurait pu rallier ses propres fils contre lui, mais peut-être que le penchant de la Légion pour le secret et les fausses pistes aurait permis à un chef astucieux de la manipuler de l’intérieur. Cependant, cette théorie explique en grande partie les choix étranges de l’Alpha Legion au cours de la Campagne de Chondax.

Voici donc l’héritage de la bataille de Chondax. La destruction et la fin d’un âge d’or, peut-être le dernier âge d’or de l’humanité. La malveillance dans sa forme la plus pure, une intention calculée et délibérée de causer du tort et de la misère. Nous avons parlé de nombreux maux au cours de cette histoire de l’Hérésie d’Horus, de Démons et de dieux obscurs déterminés à détruire l’Homme. Mais le plus grand des maux, la pire des malveillances, se trouve peut-être dans le cœur des hommes.[21]

Une Porte non Scellée

« Le plus dangereux pour la Vérité qui abrite l’Humanité n’est pas le menteur, mais plutôt l’honnête homme. Car le premier craint ce qui arrive quand la vérité est renversée, tandis que le second ne craint que l’échec de ses convictions[22]. »
- Attribué à Fridrek Neetcher, ancien érudit terrien.

Des Couteaux dans l’Obscurité

« Horus était un monstre, un traître et un fou, mais à sa manière, il était le plus honnête de sa famille. Il n’a pas nié l’ambition qui couvait dans son cœur, mais l’a simplement saisie maladroitement. »
- Artor Calanax, érudit et théoricien de la cour impériale.

Ce fut donc la déclaration de guerre discrète d’Horus, le premier coup de couteau planté dans le dos de l’empire de son père. Tout ce qui avait précédé n’avait été que murmures dans des salles obscures et plans à moitié élaborés, mais voici les premiers pas hésitants de la rébellion, prélude sanglant à une ère de feu et de ténèbres qui balaierait l’Imperium. Il avait ouvertement déclaré la guerre à l’Empereur qui l’avait trouvé et élevé, aux frères qui s’étaient battus à ses côtés, et avait ainsi offert à ses amis et alliés une vision de ce qu’il souhaitait pour l’Imperium. Les outils qu’il avait choisis n’étaient pas ceux d’un guerrier, ni la lame et le Bolt qui avaient sculpté un nouvel Imperium, mais plutôt les mensonges et les ténèbres qui se cachent entre les étoiles.

Ce qui avait été entrepris sous le commandement du Maître de Guerre à Chondax et à Signus ne pouvait être défait, ne pouvait être rappelé ou caché. Horus avait ouvert la digue du passé et libéré une telle marée de rancunes cachées et de griefs étouffés qu’elle ne pouvait être arrêtée. Tout comme il avait lui-même agi pour courtiser ceux qu’il voulait avoir pour amis et pour écarter ceux qu’il considérait comme des menaces, ses cohortes agirent de même, déclenchant une chaîne d’événements qui conduisit inévitablement à l’avenir que nous connaissons aujourd’hui. Ses outils ne pouvaient pas non plus être remis en place aussi facilement une fois qu’ils avaient été relâchés. Les mensonges recouvraient désormais l’Imperium comme un linceul, masquant les premiers pas des traîtres et laissant les loyalistes confus et dispersés, tandis que les Démons du Warp revendiquaient de leur côté de nombreux mondes du domaine de l’Empereur. Mais pour ceux qui avaient combattu dans ce prélude sanglant, qui avaient été témoins de l’ouverture de la porte, il restait encore un long et sombre chemin à parcourir, avec peu de lumières pour guider leurs pas.[23]

Une Question sans Réponse

ADDENDA/087.M31-Guerre sans fin[24]

« Nous retournerons à notre croisade perdue, au-delà du bord des cartes, là où l’Épervier nous attend toujours. Ne vous affligez pas pour nous, ni pour ceux qui nous ont quittés, car nous pouvons encore nous attarder de nombreuses années dans notre lutte, et c’est dans l’incertitude de notre disparition que réside le salut de notre Grande Croisade. Car si l’une des légions de l’Empereur combat encore en son nom, la croisade n’est pas terminée et les vies consacrées à sa cause n’auront pas été vaines. »

- Khan Yeke Negurin, commandant de la Confrérie du Faucon Bleu, 087.M31.

Les années de la Grande Obscurité sont passées depuis longtemps, et les années de votre humble auteur sont désormais courtes, mais la légende de l’Hérésie d’Horus continue de grandir. J’ajoute un dernier document à ce traité, un testament final dans l’héritage de la rébellion qui a déchiré notre Imperium. En 087.M31, la dernière Confrérie est revenue dans l’espace de l’Imperium, émergeant du Warp à la lointaine Station de Theogranth, dans les confins méridionaux de ce petit Imperium. La Confrérie du Faucon Bleu ne comptait que 132 guerriers à son retour, ayant été chargée de cartographier la bordure méridionale en vue d’une éventuelle conformité par la Grande Croisade, une tâche qu’elle avait entreprise avec une diligence rigoureuse. Pourtant, au moment de leur triomphe, ils ont été attaqués par des guerriers renégats de l’Alpha Legion, venus à Theogranth pour piller des vivres.

Choquée de se retrouver en guerre contre ceux qu’elle considérait comme ses frères, la confrérie souffrit beaucoup dans la bataille, repoussant l’Alpha Legion au prix d’une grande partie de ses propres forces. Ce fut la dernière bataille des Legiones Astartes, les autres Légions ayant depuis longtemps été divisées en Chapitres distincts par l’édit de Guilliman lors de la Seconde Fondation. Le dernier coup vicieux de l’Hérésie d’Horus, la dernière trahison d’un frère contre un autre, car ceux qui avaient survécu à l’Âge des Ténèbres ne considéraient plus les restes des Traîtres comme des parents. Le triomphe s’est transformé en amertume avec le sang versé de leurs frères, et la victoire a été achetée à un prix élevé. Seuls 28 des White Scars survivraient jusqu’à Chogoris, où ils apprendraient toute l’horreur de l’Hérésie d’Horus, la paralysie de l’Imperium et la disparition de leur propre Primarque au cours des années de tumulte et de guerre qui suivirent.

Ils étaient partis à l’apogée de l’Imperium et étaient revenus pour le trouver écrasé, pour découvrir que la Légion qu’ils avaient connue n’existait plus, remplacée par une création bâtarde issue de la nécessité. Lorsque la nouvelle de leur retour parvint à la lointaine Terra, Roboute Guilliman les fit venir, cherchant à donner en spectacle cette Confrérie perdue et à la voir réintégrer le nouvel ordre de l’Imperium. Pourtant, tout ce qui arriva à Terra fut une courte missive, rédigée par le Khan Yeke Negurin avant que lui et les guerriers de la Confrérie du Faucon Bleu ne quittent Chogoris, pour ne plus jamais revenir. À ce jour, aucune trace de leur mort n’a jamais été retrouvée, et il est possible qu’ils fassent encore la guerre au nom de l’Empereur bien au-delà des frontières réduites de notre Imperium.

Tout comme son frère, Jaghatai Khan n’obtint guère plus qu’une victoire à la Pyrrhus à Chondax, se vantant d’avoir blessé son ennemi autant qu’il l’avait lui-même été, mais ne récoltant que peu de trophées d’une réelle importance. Le Grand Khan allait quitter Chondax en quête de réponses, mais sur le cadavre de Prospero, le Monde-Trône de son vieil ami Magnus le Rouge, il n’allait trouver que davantage de questions. Ceux qu’il considérait comme des amis de confiance s’étaient révélés faux et ceux qui étaient autrefois des rivaux pouvaient maintenant être des alliés dont on avait désespérément besoin, mais le prix de la confiance était devenu très élevé, car ce serait une époque où la véritable loyauté aurait une valeur plus grande que n’importe quel trésor des âges oubliés. Pour trouver ses réponses, le Grand Khan emmena sa légion dans l’espace entre les pages de l’histoire, aux confins inexplorés et invisibles de l’espace, où elle pourrait chasser la vérité à sa guise.

Le Khan ne serait pas le seul à se poser des questions, car ceux qui cherchaient à lui prêter allégeance ou à le détruire se demandaient à qui il se rallierait le moment venu. À Chondax, il s’était défendu et avait défendu sa Légion, ne professant aucune loyauté à l’égard d’une cause en particulier, ce qui laissait suffisamment de raisons à chaque faction pour penser qu’il pourrait encore être rallié à leur cause. La folie de ces années sombres fut telle que le Primarque, autrefois ignoré par sa famille, devint l’objet de tant d’intrigues, de nombreuses vies des deux côtés du conflit étant dépensées dans la lutte pour s’assurer la loyauté du Grand Khan, que ce soit à la pointe d’une épée ou d’un stylo. Pourtant, Jaghatai Khan est resté insaisissable pendant une grande partie de ce que l’on appelle l’Âge des Ténèbres, un spectre dont on parle avec effroi ou crainte, mais que l’on ne voit que rarement.

L’exil qu’ils s’imposèrent devait une fois de plus éloigner les White Scars des yeux des puissants, mais il ne les empêcha pas de participer à la guerre. Ils se livrèrent à une chasse dans les étoiles à grande échelle, s’attaquant à des cibles aussi bien traîtresses que loyalistes dans leur recherche de la vérité sur la rébellion, ses méchants et ses victimes. Bien qu’ils soient passés inaperçus durant les années chaotiques de l’Hérésie d’Horus, un certain nombre de mondes frappés et pillés le long du bras de rotation du Maelström portent les marques de leurs opérations : les vastes chantiers de Prométhéum d’Orythane, la petite Forge de Martius-Maximus et même les quartiers extérieurs des grandes Cités-Ruches de Lamrys. Chacune fut frappée à son tour, ses défenseurs repoussés ou détruits et ses ressources pillées pour réapprovisionner la Légion meurtrie, car sans l’autorité de la Divisio Militaris ni le soutien de Terra ou du Maître de Guerre, les White Scars étaient obligés de se tourner vers une autorité plus viscérale pour soutenir leurs campagnes.

Ces guerres cachées occuperont la Légion sous une forme ou une autre pendant une grande partie de l’Hérésie d’Horus, l’empêchant de connaître la gloire des batailles qui forment le cœur de la légende de l’Hérésie d’Horus. Cependant, ces batailles finirent par donner au Grand Khan la sagesse qu’il recherchait, et il prit sa décision fatidique en amenant ses fils sur Terra pour faire pencher la balance du destin.[25]

Des Confréries Proches et Lointaines

La majorité des White Scars a été mobilisée pour la Campagne de Chondax, mais cela a laissé une force importante de la Ve Légion en liberté dans les endroits vides de la galaxie. Pour de nombreuses légions, la disparition soudaine de leur géniteur et de l’essentiel de la Légion aurait pu laisser ces vestiges paralysés et dépourvus d’élan stratégique, mais les White Scars étaient depuis longtemps habitués à des opérations indépendantes. L’absence soudaine de Jaghatai Khan n’a pas limité l’ambition de ses commandants, et chacun d’entre eux n’a pas hésité un instant à poursuivre ses guerres personnelles pendant que leur Primarque cherchait des réponses dans les étoiles.

Voici un bref résumé des confréries et hordes les plus importantes, engagées dans des campagnes indépendantes à travers la galaxie, les plus actives et les plus renommées[26] :

  • Horde du Khan Duua Sokhat Noyan

Duua Sokhat commandait l’une des plus petites hordes, comptant au total quelque 2 000 guerriers. Connu pour son style de commandement téméraire, qui témoignait d’un certain aveuglement face à certaines nécessités tactiques, Sokhat jouissait d’un respect quasi fanatique de la part de ses partisans, car il menait toujours ses troupes depuis la pointe de son avancée. Sa horde fut affectée à la reconnaissance de l’espace noir le long de l’extrémité nord des nouvelles frontières de l’Imperium, une position dangereusement proche du Système d’Isstvan. Comme pour la plupart des commandements de White Scars, l’absence de contacts réguliers empêcha Duua Sokhat et ses guerriers d’être au courant de la rébellion du Maître de Guerre malgré leur proximité, et à leur retour dans l’espace de l’Imperium, ils tombèrent dans une embuscade tendue par les Traîtres. Sokhat survécut, ainsi que le noyau de sa horde, devenant une menace constante pour les convois de ravitaillement des Traîtres et les avant-postes isolés.[27]

  • Horde du Khan Jirghadai Noyan

Chargés de repérer et de harceler les infestations de Xenos le long de l’arc de progression de la Grande Croisade, Jirghadai et ses 6 000 guerriers ont été lourdement engagés au moment des massacres d’Isstvan. Les compagnies d’assaut lourdes qui les suivaient, composées en grande partie de World Eaters et de guerriers de la Death Guard, se sont retournées contre les White Scars sans crier gare, mettant la Horde à rude épreuve. Cependant, alors que le Khan Noyan et son commandant Keshig étaient pris au piège et encerclés, les traîtres nouvellement révélés s’en allèrent soudainement, permettant à la Horde décimée de se replier. Jirghadai et ses guerriers survivants finirent par atteindre Nocturne, se réfugiant auprès d’éléments de la légion des Salamanders afin de se réapprovisionner et de reconstituer leurs rangs. Dans les années qui suivirent l’Hérésie d’Horus, il apparut clairement que le retrait de leurs assaillants avait été ordonné directement par Horus, car l’attaque violait son souhait de voir les White Scars transformés plutôt que massacrés, laissant entrevoir les profondes dissensions entre les différents commandants de l’ost rebelle.[28]

  • Confrérie du Grand Œil

Affectée à la 905e Flotte Expéditionnaire aux côtés d’un important contingent de Sons of Horus, la Confrérie a longtemps servi aux côtés des guerriers du Maître de Guerre. Lorsqu’Horus déclara ouvertement sa rébellion, Nayaga Khan s’engagea à soutenir le Maître de Guerre, ignorant ou ne se souciant pas des événements survenus à Chondax, et rejoignit les rangs des traîtres. Nayaga Khan et sa Confrérie participèrent à plusieurs batailles sous le drapeau du Maître de Guerre, avant d’être pris en flagrant délit de réapprovisionnement par Duua Sokhat et sa horde de White Scars loyalistes. Aucun membre de la Confrérie du Grand Œil n’a survécu à cette rencontre.[29]

  • Confrérie du Bouclier Brisé

Après avoir été déployé pour des expéditions de reconnaissance en profondeur au-delà des frontières orientales de l’espace connu en 002.M31, Bujir Khan avait perdu tout contact avec sa Légion depuis une demi-décennie au moment de leur retour en 007.M31. Le Khan avait prévu d’amener sa Confrérie à Nostramo pour se réapprovisionner, mais il découvrit que le secteur était plongé dans une guerre totale, les Dark Angels et les Night Lords cherchant à s’éradiquer l’un l’autre. Dans une répétition des événements de Chondax, Bujir Khan se retrouva courtisé par les Traîtres, qui murmuraient que Jaghatai avait rejoint Horus, et se méfia du Lion et de ses fiers officiers, qui le considéraient comme un barbare de base. Malgré cela, lui et sa confrérie se révélèrent essentiels à la victoire des Loyalistes lors de la lointaine Croisade de Thramas.[30]

Une Tempête Montante

Bien que les actions d’Horus aient irrévocablement changé les deux Légions, ce n’était pas le seul héritage de ses plans qui continuerait à hanter l’Imperium. De sa propre main et par son sceau, il avait libéré deux maux qui s’avéreraient aussi dangereux pour l’Imperium que n’importe quelle guerre civile, amplifiant la destruction de cet âge sombre. C’était là la véritable malignité de l’Hérésie d’Horus, non seulement parce que, pour sa propre fierté blessée et sa basse ambition, il avait lâché le spectre de la guerre sur le royaume qu’il avait aidé à forger, mais aussi parce qu’il avait choisi de le ravager si profondément et avec une indifférence si désinvolte à l’égard des souffrances qu’il causait. Le Maître de Guerre n’a pas réfléchi aux conséquences de ses actes, si ce n’est qu’il pourrait être placé sur le brillant trône de l’Imperium, et n’a éprouvé aucun remords pour les millénaires de souffrance que son ambition lui a fait endurer.

La plupart des récits de l’Hérésie d’Horus ne parlent que de la Legiones Astartes et des autres armées de l’Imperium, de la dévastation qui a suivi leurs batailles, mais pour un instant, voyons au-delà de la terrible guerre de parenté qui a enveloppé la galaxie. Car si la Grande Croisade a conduit les empires autrefois puissants de nombreuses races Xenos au bord de l’effondrement, elle ne les a pas tous détruits. Alors même que les Flottes Expéditionnaires se retournaient les unes contre les autres, les extraterrestres et les Démons rassemblèrent leurs forces restantes et s’avancèrent à nouveau pour regagner une partie de leur gloire perdue. Au milieu des années de la rébellion, l’Âge des Ténèbres, les frontières de l’Imperium se contractèrent alors que de plus en plus de systèmes tombaient sous l’emprise de seigneurs Xenos et d’envahisseurs parasites. Une nouvelle obscurité s’abattit sur les mondes de l’humanité, une obscurité qui ne pouvait se produire que grâce aux actions du Maître de Guerre, car ce n’est que lorsque l’Imperium se battait contre lui-même que les extraterrestres pouvaient prospérer.

Ce qu’Horus avait lâché sur Signus pour que nous soyons ses chiens de chasse échapperait également à la laisse et ferait des ravages dans une galaxie qui n’était pas prête. Car lorsque Lorgar a agité les marées du Warp pour créer une Tempête destinée à dissimuler les mouvements de ses co-conspirateurs, centrés sur le sacrifice de Calth, il a réveillé une puissance endormie que l’Empereur lui-même s’était efforcé de dissimuler. Au cours de la guerre, des Failles Warp et des incursions Démoniaque ont été signalées dans tout l’Imperium, certaines n’étant qu’un bref cauchemar dissipé par l’arrivée d’une nouvelle aube, mais d’autres s’étendant jusqu’à envelopper des mondes entiers. En effet, certaines planètes étaient tellement envahies que la souillure du Warp s’enracinait dans le sol et les branches - ces mondes étaient voués à un destin funeste, subsumés dans la substance du Warp lui-même. Même ceux qui échappèrent à une telle fin furent changés à jamais par le contact du Démon, marqués d’une tare subtile qui perdurait pendant des siècles, parfois pour produire une fleur de corruption fétide et la replonger dans les griffes du Warp.

Ces deux malédictions sont le véritable héritage de Chondax et Signus, le prix que le nouvel Imperium doit payer pour l’orgueil et la fierté d’Horus. C’est une cicatrice qui ne guérira probablement jamais complètement, qui ne se refermera jamais et ne redeviendra jamais ce qu’elle était autrefois. Je crains qu’il s’agisse d’une malveillance qui ne fera que s’aggraver, peut-être un jour pour marquer la galaxie elle-même.[31]

Source

Pensée du Jour : « Une lame, plongée dans le bon cœur, au moment adéquat, sauvera ou condamnera un monde aussi sûrement que des armées entières. »
  • The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence
  1. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter Betrayal At Chondax - The Unbalanced Scales (traduit de l'anglais par Guilhem)
  2. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter Betrayal At Chondax (traduit de l'anglais par Guilhem)
  3. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter Betrayal At Chondax - Plans within Plans (traduit de l'anglais par Guilhem)
  4. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter Betrayal At Chondax - A Storm on the Horizon (6244 Standard Fractionals Before) (traduit de l'anglais par Guilhem)
  5. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter Betrayal At Chondax - The Chondax Cleansing Fleet (6244 Standard Fractionals Before) (traduit de l'anglais par Guilhem)
  6. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter Betrayal At Chondax - The Veil Closes (5964 Standard Fractionals Before) (traduit de l'anglais par Guilhem)
  7. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter Betrayal At Chondax - The Hydra at War (traduit de l'anglais par Guilhem)
  8. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter Betrayal At Chondax - The Hydra's Coils (traduit de l'anglais par Guilhem)
  9. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter Betrayal At Chondax - Shadows ans Spite (137 Standard Fractionals Before) (traduit de l'anglais par Guilhem)
  10. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter Betrayal At Chondax - Tenbrae 9-50 (traduit de l'anglais par Guilhem)
  11. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter Betrayal At Chondax - The Price of Victory (traduit de l'anglais par Guilhem)
  12. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter Betrayal At Chondax - The Veil Lifts (8 Standard Fractionals Before) (traduit de l'anglais par Guilhem)
  13. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter Betrayal At Chondax - Bow to No One (The Chondax Engagement) (traduit de l'anglais par Guilhem)
  14. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter Betrayal At Chondax - The Chisel - The Hydra's Head (traduit de l'anglais par Guilhem)
  15. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter Betrayal At Chondax - The Chisel (traduit de l'anglais par Guilhem)
  16. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter Betrayal At Chondax - The Bloody Toll of Victory (traduit de l'anglais par Guilhem)
  17. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter Betrayal At Chondax - The Hound and the Huntsman (traduit de l'anglais par Guilhem)
  18. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter Betrayal At Chondax - An Eagle, a Serpent and a Wolf (traduit de l'anglais par Guilhem)
  19. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter The Betrayal at Chondax: The Alaxxes Nebula (traduit de l'anglais par Trazyn l'Infini)
  20. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter The Betrayal at Chondax: The Lost and the Forsaken (traduit de l'anglais par Trazyn l'Infini)
  21. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter The Betrayal at Chondax: Of Emperors and Lies (traduit de l'anglais par Trazyn l'Infini)
  22. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter A Gate Unsealed (traduit de l'anglais par Trazyn l'Infini)
  23. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter A Gate Unsealed: Knives in the Dark (traduit de l'anglais par Trazyn l'Infini)
  24. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter A Gate Unsealed: Addenda/087.M31 - War without End (traduit de l'anglais par Trazyn l'Infini)
  25. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter A Gate Unsealed: An Unanswered Question (traduit de l'anglais par Trazyn l'Infini)
  26. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter A Gate Unsealed: Of Brotherhoods Near and Far (traduit de l'anglais par Trazyn l'Infini)
  27. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter A Gate Unsealed: Of Brotherhoods Near and Far - Duua Sokhat Noyan-khan's Horde (traduit de l'anglais par Trazyn l'Infini)
  28. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter A Gate Unsealed: Of Brotherhoods Near and Far - Jirghadai Noyan-khan's Horde (traduit de l'anglais par Trazyn l'Infini)
  29. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter A Gate Unsealed: Of Brotherhoods Near and Far - Brotherhood of the Great Eye (traduit de l'anglais par Trazyn l'Infini)
  30. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter A Gate Unsealed: Of Brotherhoods Near and Far - Brotherhood of the Broken Shield (traduit de l'anglais par Trazyn l'Infini)
  31. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter A Gate Unsealed: A Rising Storm (traduit de l'anglais par Trazyn l'Infini)