Bataille des Champs de Tyrok

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Issue des annales du 8e Régiment Cadien

Lors des sombres jours chargés de mauvais présages qui précédèrent le lancement de la Treizième Croisade Noire d’Abaddon le Fléau contre les serviteurs de l’Empereur, Cadia fut le théâtre d’une indicible ignominie. Comme c’est souvent le cas quand il s’agit d’hérétiques, leurs actes malveillants ont tendance à raffermir le courage et la détermination de leurs ennemis, et peu peuvent se targuer d’avoir une foi aussi ferme que le Seigneur Castellan Ursarkar E. Creed.

À cette époque, Cadia était animée des préparatifs entrepris par les fidèles serviteurs de l’Empereur. Les Troupes d’Assaut Cadiennes se rassemblaient aux côtés des Legios Titaniques et des Skitarii, tandis que les régiments des puissants Guerriers Sauvages côtoyaient ceux des Gardes Mordians aux uniformes irréprochables. Le moral de chacun de ces soldats était au plus haut et n’avait d’égal que leur foi envers l’Empereur. Pourtant, un vil serpent était tapi dans l’ombre, prêt à mordre. Plusieurs régiments des Volscani devaient atterrir pour se joindre aux forces impériales.

Nombreuses étaient les guerres qu’ils avaient remportées contre le Grand Ennemi, et chacun d’eux avait combattu au cœur de l’enfer sans voir sa foi ni son efficacité s’affaiblir. Toutefois, leur dernier coup d’éclat remontait déjà à quelque temps, et la certitude de devoir faire à nouveau face aux pires horreurs avait agi sur leur conscience. Parfois, connaître son ennemi permet à un guerrier d’affermir sa résolution et de se protéger contre de telles abominations. Mais il arrive également qu’un tel savoir en pousse certains au-delà de ce qu’ils peuvent endurer, surtout lorsqu’on leur laisse le temps de cogiter. La Sainte Inquisition aurait sans doute dû mettre au repos les Volscani après leur dernier combat, mais en cette ère sombre, il était difficile de se priver de bons soldats. Finalement, c’est la peur même des Volscani de devoir à nouveau affronter le Chaos qui les poussa à céder à la corruption. Les puissances obscures leur promirent beaucoup, mais ils ne trouvèrent que la mort.

C’est sur les champs d’atterrissage de Kasr Tyrok que les Volscani débarquèrent. Chacun de leurs neuf régiments était précédé par un imposant Léviathan de Commandement autour desquels les compagnies se déployèrent. Neuf compagnies par régiment, chacune forte de trois cents hommes, épaulées par leur soutien blindé constitué essentiellement de Chimères et de Sentinelles. La vue de ces soldats alignés était époustouflante, et sur le pont de son propre Léviathan, le Haut Commandement Cadien s’apprêta à entamer sa tournée d’inspection. Certains se demandèrent pourquoi les Volscani portaient le casque avec visière rabattue plutôt que le képi d’apparat réglementaire, mais personne n’était assez suspicieux pour imaginer la trahison qui s’annonçait. Puis, au son des clairons, chaque Léviathan déploya de grandes bannières bleues et jaunes, arborant des symboles trop immondes pour être regardés. C’est alors que poussant leurs cris de guerre, les Volscani se jetèrent en avant tels une mer de baïonnettes.

Pris au dépourvu, les Gardes d’Honneur de Cadia n’en étaient pas moins aguerris et firent feu sans hésiter. La fine ligne du 840e tira à trois reprises sur les assaillants qui ne cédèrent pas pour autant. En représailles, les multilasers de leurs Sentinelles éclaircirent les rangs des Cadiens avant que l’infanterie Volscani n’engage le corps à corps. Les deux compagnies du 840e périrent, submergées par le poids du nombre à quarante contre un, mais leur sacrifice resterait un exemple pour tous. Dans le même temps, les Léviathans des Volscani ouvrirent le feu, et l’on put entendre le grondement de leurs méga canons frontaux depuis Kasr Valtoss, à plus de trente kilomètres de là. Chacun des gigantesques transports recula de plusieurs mètres sous l’effet du recul, et les troupes à terre qui les entouraient furent incapables de rester debout tant les explosions étaient proches. Les obus de plus de trois mètres de diamètre propulsés par les méga canons pouvaient difficilement manquer les Léviathans de Commandement Cadiens situés droit devant à tout juste plus d’un kilomètre. Cette première salve fut cependant un peu courte et n’atteignit que leurs chenilles, les immobilisant avant même qu’ils n’aient le temps d’élever leurs boucliers. Déjà, leurs homologues ennemis changeaient de position, leurs compartiments blindés remplis de renégats. Mais au même moment, un Ornithoptère aux couleurs du 8e Régiment Cadien approchait de Kasr Tyrok, avec à son bord le Général Ursarkar E. Creed et son Sergent-Major Jarran Kelt. Son instinct, affûté par une vie de batailles, l’avait averti que quelque chose allait de travers avant même que les méga canons ne donnent de la voix. On raconte que Creed renifla à la manière d’un chien louvetier flairant sa proie avant de donner ses ordres via le communicateur de l’Ornithoptère.

Pendant ce temps, sur le théâtre des hostilités, les Léviathans des Volscani pilonnaient les boucliers de leurs courageux adversaires Cadiens. Il est cependant bien connu que l’armement des Léviathans est principalement dédié à l’annihilation de l’infanterie, et une fois les champs énergétiques levés, leur puissance de feu n’était plus suffisante. Mais les Léviathans Cadiens étant immobilisés, les Volscani disposaient d’une alternative : l’abordage. Après s’être placés à proximité de l’ennemi, les Volscani envoyèrent leurs rampes d’abordage puis se jetèrent à l’assaut en hurlant leurs cris de guerre blasphématoires. Chaque véhicule Cadien résonna des hurlements des sirènes d’alarme et les ponts se garnirent de défenseurs déterminés. Au sein de l’Excubitoi Castellum, le Léviathan qui depuis quatre mille ans faisait office de transport cérémoniel du Haut Commandement Cadien, le Gouverneur Primus Marius Porelska tira son épée et organisa en personne la défense de sa passerelle de commandement.

Depuis leurs imposants ponts de débarquement, des flots de renégats se lancèrent en avant, investissant les ponts les uns après les autres. Tandis que chaque Léviathan Cadien disposait à son bord de l’équivalent d’un peloton, les Volscani semblaient innombrables. Au sol, les Chimères des renégats transportant l’infanterie eurent tôt fait de rejoindre la ligne de bataille aux côtés des Sentinelles. Chaque fois qu’un détachement impérial s’approchait du lieu des hostilités pour prêter main forte, cette force mobile fondait dessus et le détruisait avant qu’il n’ait pu remplir son rôle. Toutefois, le commandant des Volscani fut courroucé d’apprendre qu’un imposant nuage de poussière était visible à l’horizon, car il ne s’était pas attendu à ce que des renforts si importants arrivent si vite. Il ordonna à ses Chimères de s’interposer.

Selon le Departmento Munitorum, le Général Kleif fut un soldat de grand renom, et il est déplorable qu’après avoir rendu tant de services à l’Empereur, il réduise son honneur à néant par un tel acte de tricherie. Sur son commandement, plusieurs Chimères s’arrêtèrent pour permettre aux escouades d’armes lourdes qu’elles transportaient de se déployer. Un groupe de Sentinelles forma une ligne étirée au-devant d’elles tandis qu’un détachement mobile se dirigeait sur le flanc droit, prêt à intervenir. Les Chimères restantes se mirent en formation de chevron et prirent position sur le flanc gauche. Son plan était de recevoir l’assaut ennemi avec ses chevrons, de l’affaiblir avec ses armes lourdes avant de porter le coup de grâce avec ses Sentinelles et son infanterie embarquée lors d’un assaut frontal. C’est alors que Creed abandonna son ornithoptère pour rejoindre son escouade de commandement qui l’attendait. Suivant ses ordres, le 8e Cadien fut déployé en trois lignes comprenant chacune six compagnies, toutes constituées de six pelotons. Chaque compagnie placée en première ligne détacha un peloton déployé en avant en tirailleur, tandis que celles constituant la seconde ligne comptaient des Kasrkins d’élite et le QG de Compagnie, bannière au vent. Entre chaque peloton avait été insérée une escouade d’armes lourdes tandis que les flancs étaient protégés par des escadrons de Sentinelles avides d’en découdre. La dernière ligne était constituée de pelotons d’infanterie motorisée et de Leman Russ, prêts à intervenir à tout moment. Alors que Creed donnait ses ordres, Kelt déploya la bannière du 8e Régiment de Cadia. A la seule vue de l’aigle impérial orné du poing de l’Empereur, les soldats entonnèrent en cœur l’Imperium Gloriam.

Tous ceux qui étaient dans les parages purent voir Creed mettre un genou à terre et faire le signe de l’Aquila sur sa poitrine. Puis, concentré, il posa une main sur le sol. Les soldats les plus vieux disaient que Creed était capable de deviner à partir des vibrations terrestres quelles troupes se trouvaient à proximité et où, bien qu’aucun ne put certifier s’il s’agissait d’un talent ou d’un don divin. L’ordre ne tarda pas à suivre…

« On avance, baïonnette au canon ! »

… et fut exécuté promptement alors que des milliers de lames étaient fixées avec expertise tandis que la consigne se répercutait de compagnie en compagnie. Le branle-bas fit naître un sourire sans joie sur les traits de granite du Seigneur Castellan. Il avait appris à aimer le calme avant la tempête.

Soudain, les Sentinelles des Volscani surgirent, leurs multilasers pivotant de droite et de gauche, mais avant qu’elles n’arrivent à portée, les Lance-Missiles, les Canons Laser et les Autocanons des Cadiens les taillèrent en pièces. Contre d’autres ennemis, la stratégie du Général Kleif aurait pu marcher, mais face à Creed, ses forces furent anéanties en l’espace de vingt minutes et les lignes Cadiennes purent continuer leur chemin. Les escouades d’armes lourdes ennemies gisaient au fond des immenses cratères forés par les obus des canons séisme des Basilisks, guidés par des observateurs en ornithoptères. Parmi les carcasses carbonisées de leurs Chimères, les derniers Volscani furent submergés par la charge de la 7e Compagnie menée par les Kasrkins. Une salve d’obusiers des Leman Russ les avait cloués au sol avant que les tirs de presque quatre cents armes lourdes ne leur règlent leur compte. L’escouade de commandement de Creed fit la jonction avec la 7e Compagnie alors qu’il exterminait les derniers Volscani, Kell le devançant de quelques mètres et terrassant un hérétique à chacun de ses pas. Le héros escalada une Chimère carbonisée et embrocha le méprisable Général Kleif avec la bannière du régiment.

Creed se tenait aux côtés de Kell, inspectant le champ de bataille, la bannière du 8e claquant fièrement au vent. Creed était sage et il savait pertinemment que si proches les uns des autres, les boucliers des Léviathans ennemis se superposaient et devenaient quasiment impénétrables. Mais cela ne l’inquiétait pas vraiment, car il avait déjà envisagé une solution. Il ordonna que les rangs soient reformés, envoya ses Sentinelles sur un flanc et ses blindés sur l’autre. Les soldats Cadiens étaient impatients de se battre à nouveau, mais aucun n’aurait osé contrevenir aux ordres d’Ursarkar Creed, même si les renégats avaient envahi le Léviathan du Haut Commandement sous leurs yeux.

Ils comprirent bientôt pourquoi Creed les avait fait patienter : depuis Tyrok Fens arrivaient trois Titans Warlord de la Legio Ignatum. Les gigantesques machines vinrent se positionner derrière le Serre Régiment Cadien qui reçut alors l’ordre d’avancer. Personne n’oublia jamais la majesté de la procession : les blindés du flanc droit fonçant à pleine vitesse, les Sentinelles à l’opposé prenant du champ, prêtes à contourner l’ennemi, et au centre, l’avancée du 8e bannières brandies comme à la parade. À leur vue, les Volscani tournèrent contre eux toutes les armes disponibles de leurs Léviathans. Les méga Bolters et les méga canons forèrent de grandes brèches dans les lignes Cadiennes qui étaient immédiatement comblées. Mais derrière eux, les Titans dirigèrent leurs Turbolasers contre les Volscani, se concentrant sur un Léviathan après l’autre. Après avoir annihilé leurs boucliers, ils percèrent leurs coques d’énormes trous, et les fantassins ennemis périrent par centaines, préférant sauter dans le vide plutôt que de mourir incinérés.

L’instant d’après, les blindés de Creed furent sur eux, se privant de tirer et préférant se jeter sur les Volscani pour les broyer sous leurs chenilles dans l’espoir d’empêcher toute tentative de reformation. Les passagers des Chimères débarquèrent alors pour engager tels le bras de la justice les renégats qui menaçaient encore l’Excubitoi Castellum. Les mâchoires du piège tendu par Creed continuèrent de se resserrer. Mené par les Kasrkins et les escouades de commandement, le 8e Cadien entra en action, pulvérisant l’infanterie hérétique qui menaçait encore les Léviathans avant de faire la jonction avec les escouades motorisées. Sur les neuf Léviathans ennemis, deux étaient en flammes et deux autres étaient nettoyés pont après pont.

Finalement, les Titans rejoignirent la mêlée, enjambant les derniers Léviathans ennemis avant de les renverser à l’aide de leurs pattes, puis écrasant l’infanterie Volscani comme s’il s’était agi de fourmis, ne restait plus alors qu’à porter le coup de grâce, et le 8e régiment ne montra aucune pitié, se frayant un chemin jusqu’à la cime des Léviathans ennemis. À l’intérieur de ces machines corrompues, ils posèrent les yeux sur des choses que des honnêtes soldats ne devraient jamais contempler, et pourtant, ils poursuivirent jusqu’à franchir à leur tour les ponts d’abordage que les hérétiques avaient jeté jusqu’à l’Excubitoi Castellum. Creed et Kell menaient l’assaut et ce furent eux qui atteignirent les premiers le pont de commandement et évitèrent que soit profané le corps du Gouverneur Primus, tombé au combat comme il se devait : l’arme à la main et une multitude d’hérétiques à ses pieds. Le Général Creed transporta lui-même le corps du Gouverneur hors du Léviathan, enveloppé dans la bannière du 8e.

Beaucoup d’autres régiments affluaient à présent pour se rassembler alentours. Étant un homme pieu, le Général leur permit de chanter une prière à l’Empereur, et depuis sa position surélevée à la cime du Léviathan, il prononça sa première exhortation devant les armées de Cadia, les encourageant à se battre sans répit jusqu’à ce que tous les disciples du Chaos aient connu le même sort que les Volscani.

Tous demandèrent à ce que le noble Ursarkar soit nommé Seigneur Castellan, et par trois fois il refusa avant de finir par céder devant l’insistance des soldats. Ursarkar E. Creed était destiné à de hauts faits, et il était de son devoir d’en accepter le poids.

Lieutenant Orsani Ruvald, Archiviste du 8e Régiment Cadien

Source

Pensée du Jour : « Chercher des réponses mène à la damnation. »
  • White Dwarf N°111 (Juillet 2003)