Campagne de Charadon

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« La galaxie brûle.
Au fil des jours, la conflagration enfle et se répand. La moitié du royaume de l’Empereur-Charogne suffoque sous les panaches de fumée. Étouffés, ses mondes flétrissent. Parmi les cendres, ses armées se ratatinent et meurent comme autant de parchemins jetés dans les flammes.
Ce n’est pas suffisant.
Les adeptes du Cadavre s’entêtent à me défier. Les Dieux Sombres continuent de murmurer leurs fausses promesses. D’aucuns persistent à me considérer comme un faible, un fou, un raté docile à l’instar de mon sire génétique.
Qu’ils déblatèrent à leur guise. Leurs railleries se transformeront en hurlements lorsque les flammes les dévoreront.
Il reste beaucoup à faire.
Vous trouverez le Voyageur et prendrez son commandement en mon nom. Ensemble, vous rassemblerez une force capable d’assombrir les étoiles et plongerez le Secteur Charadon dans l’anarchie.
La galaxie brûle. Attisons le brasier. »
- Abaddon le Fléau.


La Campagne de Charadon.

La Grande Faille a scindé l’Imperium en deux. La région connue sous le nom d’Imperium Nihilus a sombré dans les ténèbres, ses mondes assaillis par des conquérants hérétiques et des pillards Xenos. Si l’Humanité veut subsister, les armées de l’Empereur doivent stabiliser l’Imperium Sanctus - un domaine encore éclairé par la lumière de l’Astronomican - au plus vite. Hélas, les plans du Maître de Guerre Abaddon le Fléau sont bien avancés, et sa fureur se tourne désormais vers le Secteur Charadon.

Le Trône d'Or sur Terra exerce un pouvoir absolu sur le royaume de l’Humanité. Cependant, un empire si vaste nécessite d’être compartimenté. L’Imperium est donc réparti entre les Segmentums Solar, Obscurus, Pacificus, Tempestus et Ultima. Chaque Segmentum est lui-même divisé en plusieurs secteurs, reliés par des voies de transit Warp majeures et comprenant de multiples sous-secteurs. Ces derniers contiennent des kyrielles de systèmes stellaires, dont la plupart abritent de nombreux mondes régis par l’Imperium, ainsi que des myriades d’écueils, d’anomalies, de territoires pirates et d’empires Xenos secondaires.

Niché aux tréfonds de l’Ultima Segmentum, le Secteur Charadon est situé à la périphérie d’Ultramar, l’empire stellaire des Ultramarines. Il débouche sur l’Imperium Sanctus et constitue une place forte pour les Technoprêtres de l’Adeptus Mechanicus. Mais surtout, il se trouve à portée de tir d’un des rares canaux permettant de traverser les tempêtes Warp de la Grande Faille.

Le Secteur Charadon a connu son lot d’épreuves au fil des millénaires. Au cours des derniers siècles, les Sous-secteurs Palan et Anungul ont été envahis par l’immense empire Ork de Charadon. Des vrilles de la Flotte-Ruche Tyranide Léviathan se sont frayé un chemin dans le plan galactique de la quasi-totalité des sous-secteurs de la région avant d’être finalement repoussés dans l’obscurité d’où ces monstruosités étaient venues. Plus récemment, les Sous-secteurs Psyphos et Palan ont été le théâtre de nouvelles invasions Xenos, cette fois lancées par les légions fantomatiques de la Dynastie Nécron Sautekh.

Le Monde-Forge Metalica s’est avéré la puissance motrice derrière la défense contre ces menaces. Ses cohortes de Skitarii et ses manipules de Titans ont surgi du Sous-secteur Obolis pour écraser les ennemis de l’Humanité à maintes reprises Et ils n’étaient pas seuls. Les célèbres Chevaliers de la Maison Raven, les valeureux Space Marines du Chapitre des Excruciators, les cuirassés de la Flotte Charadon, les Sœurs de Bataille du Monde Cardinal d’Alexistor et de nombreux régiments de l’Astra Militarum ont tous combattu pour faire de ce secteur une forteresse imprenable.

Mais aujourd’hui, alors que les ténèbres de la Noctis Aeterna reculent et que l’Ère Indomitus naît dans les flammes, un ost d’adeptes du Chaos s’abat sur le Secteur Charadon. La Guerre de la Rouille et de la Vase est sur le point de commencer.

MET/CI/CHRON - 716LRC-854LRC : Premières Alertes

« La puissance de Nurgle n’est ni évidente ni directe. Pas de prime abord. Nos ennemis bordent leurs remparts de soldats. Ils sillonnent le vide dans des vaisseaux de guerre hérissés d’armes. Ils pointent leurs canons vers les cieux assombris pour nous repousser au nom du Dieu—Charogne. Mais ils ne se rendent pas compte que Nurgle est déjà en eux, qu’il s’insinue dans leur chair et ronge Leurs âmes. Lorsqu’ils sentiront ses crocs noirs s’enfoncer, il sera bien trop tard… »
- Typhus, passerelle du Terminus Est, juste avant la Translalion Warp dans le Système Duralim.

Lorsque la Cicatrix Maledictum fendit les cieux, le Secteur Charadon se trouvait suffisamment loin pour échapper aux pires effets des tempêtes Warp. Mais à mesure que les ombres de la Noctis Aeterna se levaient, il devint évident au Fabricator-Général Heptus Rho-Decima Khleng - gouvernant du Monde-Forge Metalica - que des dangers bien plus insidieux se rapprochaient.

L’ouverture de la Grande Faille eut de profondes répercussions qui menaçaient l’intégralité de l’Imperium. Le Warp s’agitait furieusement. Ses convulsions rendaient les communications astropathiques et les voyages empyriques encore plus périlleux qu’avant, allant même jusqu’à perturber le cours du temps.

Au lendemain du désastre, le Fabricator-Général Khleng, réfractaire à l’impureté de l’illogisme, instaura une nouvelle méthode pour déterminer la date et le temps. Le Secteur Charadon travaillerait désormais en fonction de la Chronologie Circonscrite métalicane, soit le nombre de Cycles de Rotation de Labeur que ce monde avait effectué depuis l’ouverture de la Grande Faille. Ce ne fut pas le seul Édit de Rationalisation promulgué par le Fabricator-Général Khleng, et il fut appliqué avec une sévérité telle qu’il faillit déclencher une guerre civile sur plusieurs mondes. Cependant, l’imposition de la Met/Ci/Chron ne serait pas le décret le plus extrême publié par la prêtrise de Metalica.

Mauvais Augures

Tout commença par des murmures superstitieux et des phénomènes surnaturels. Sur Heliotyr, dans le Système Alumax, un prophète de malheur apparut parmi les ouvriers itinérants. Ses élucubrations furent réduites au silence par les forces de l’ordre, mais pas avant qu’il n’ait conduit des centaines d’adeptes à lire dans leurs propres entrailles. Une panique superstitieuse s’empara de la Ruche Achtorian dans la Baie de Dyroch lorsque les nappes phréatiques de la cité s’emplirent d’un sang fétide et coagulé. Dans le Système M’bor, un culte de la foi déviant, dénommé Ceux Qui Entendent les Murmures, apparut sur Dhaku, mais fut exterminé par les clans d’extraction minière avant que les autorités impériales puissent intervenir. À Brezantius, l’on vit des oiseaux de proie voler à contre-courant des tempêtes, tandis que sur Conception, dans le Système Feiror, les profondeurs de l’océan scintillaient d’une étrange lueur. Le taux de naissances mutantes et de phénomènes psychiques grimpa en flèche dans toute la région, notamment parmi les systèmes densément peuplés du Sous-secteur Obolis. Malaise et fanatisme s’amplifiaient de jour en jour.

Pour les gouvernants de Metalica, la source de cette perturbation était évidente. En tant qu’adorateurs du Dieu-Machine qui avaient réduit leur propre monde à un désert dans leur désir d’optimiser la production, les Technoprêtres considéraient la prolifération de la vie organique dans les systèmes voisins comme une faiblesse. L’extrait suivant d’un litho-sermon du Dogmatus Guidiocrites Ohm démontre l’ampleur de cette conviction :

« Ne vous fourvoyez pas, mes frères. C’est un fait : les émissions crypto-spectrales délétères qui répandent un trouble impie à travers le royaume de l’Omnimessie affectent les unités biologiques de chaque ordre de la création divine. Clarification : les unités biologiques qui placent à tort leur optimisation spirituelle dans la soi-disant divinité de l’Empereur sont également exposées. Conclusion : les phénomènes négatifs qui prolifèrent prendront fin par la purge de toutes les unités biologiques. La pureté réside uniquement dans la machine. »

Le Fabricator-Général Khleng eut la clairvoyance de pressentir que des idées aussi extrêmes compromettraient la sécurité de la région. Même s’il ne partageait pas l’attachement irrationnel de ses alliés impériaux pour la vie humaine, il savait que la purge biologique de mondes autres que le sien se heurterait à une violente hostilité.

Mais lorsque des maladies surnaturelles se répandirent dans la région, Khleng en profita pour prendre des mesures extrêmes. Le monde industriel de Ferryk dans le Système Feiror connut une épidémie d’engorgisme pestilentiel qui transformait la chair vivante en bouillie rance et faisait enfler les organes jusqu’à l’implosion. Parmi les sous-Ruches du Don de Saint Espin Rhodior, des milliers de victimes de la peste ressuscitèrent. Des bataillons de prévôts entiers périrent en affrontant les cadavres bouffis de maladies qui se répandaient dans les hautes-Ruches depuis les usines de fécule de cadavre. Même le Monde Cardinal d’Alexistor fut profané lorsqu’une pandémie de sorcellerie démente balaya les taudis des pèlerins jusqu’au moment où des foules d’aliénés assiégèrent les sites sacrés de la planète. Pendant ce temps, une manifestation maléfique s’empara du relais astropathique sur Kobolt dans le Système Cadras, forçant le Chapitre des Excruciators à envoyer des Forces de Frappe contre ce monde maudit et à priver le sous-secteur de leur précieuse protection.

En guise de riposte, Khleng déploya un escadron de trois Arches d’éradication de classe Quietus depuis des hangars spatiaux secrets surplombant Metalica. Dotés de trésors d’archéotechnologie interdite et commandés par les archi-Magos les plus zélotes de Khleng, les vaisseaux se dirigèrent vers le Monde-Ruche du Don de Saint Espin. Ignorant les appels alarmés des autorités de la planète, les arches d’éradication se postèrent en orbite basse. Là, elles déclenchèrent des batteries d’extermination à macroradiations sur la planète. En quelques heures, le Don de Saint Espin fut rasé. Les Ruches colossales - déjà envahies par des milliards de zombies de la peste - furent réduites à des lacs de scories. L’atmosphère fut étouffée par les cendres tourbillonnantes de milliards de victimes.

Cet acte choquant fut condamné par les Gouverneurs Planétaires effrayés. Cependant, personne ne pouvait nier qu’il avait empêché l’hérésie du Don de Saint Espin de se propager. À deux autres reprises, les Arches d’éradication frappèrent sur ordre de Khleng. Elles purgèrent la masse continentale septentrionale de Borthreas, un monde frontalier du Système Alumax victime d’une épidémie de Psykers et ravagèrent l’un des trois oublioplexes du monde carcéral d’Impie dans le Système Brezantius suite à des rumeurs de mutations parmi les condamnés.

Malgré ces mesures drastiques, les mauvais présages et les troubles ésotériques se succédèrent. Conscient que le désordre avait atteint un stade critique, le Fabricator-Général proclama de nouveaux édits. Des appels à l’aide astropathiques percèrent le Warp depuis le sanctum de Ferrovigilum. Des Légions de Skitarii, de grandes processions de zélotes du Culte Mechanicus et des manipules entières de Titans des Crânes de Fer embarquèrent depuis le Système Metalica pour renforcer les garnisons des Portes Métalicanes. Des rafales laser cryptées et des autotranslithographies psychiques émirent des ordres : toutes les garnisons planétaires devaient se tenir prêtes - tous les Esprits de la Machine devaient être éveillés et toutes les armes pointées vers les cieux. Les augures analytiques du Fabricator-Général suggéraient tous que quelque chose de pire qu’une mutation ou une épidémie ne tarderait pas à survenir. À ce stade, aucune mesure n’était considérée comme excessive si elle renforçait le contrôle de Metalica sur le Sous-secteur Obolis. De fait, deux des vaisseaux à radiations de Khleng étaient en route pour le Monde Cardinal malade d’Alexistor - le Fabricator-Général n’ayant aucun remords à irradier un monde sacré pour le Credo Impérial - quand la tempête éclata.

Le Voyageur

D’Osts et de Champions

Grâce à sa propre influence et à celle d’Abaddon, Typhus amassa une vaste force d’invasion pour frapper Metalica. Cependant, les adeptes des Dieux Sombres agissent rarement de manière cohérente et concertée. Ainsi, l’ost de Typhus n’était en réalité qu’une vague coalition de bandes, chacune servant ses propres champions effroyables, dont un grand nombre était autant rivaux qu’alliés de circonstance. Typhus lui-même envoya une puissante assemblée de vectoriums de la Death Guard et de cuirassés de Flotte de la Peste menée par son effroyable vaisseau amiral, le Terminus Est. Cette ignoble armée incluait des bandes venues de toutes les Compagnies de la Peste de la Death Guard, mais son plus grand atout résidait dans les vectoriums des 1ère, 2e, 3e et 4e Compagnies. Elles étaient appuyées par des milliards de mutants, de cultistes de la peste et de renégats de la Garde Impériale.

Pour sa part, le Seigneur Zeid détacha une flotte de cuirassés renégats ainsi qu’une immense horde de Machines-Démons et de Chevaliers du Chaos, appuyés par plusieurs bandes de la Black Legion. D’autres guerriers de l’Hereticus Astartes rallièrent l’ost de Zeid sous la forme de bandes renégates. Certaines n’étaient que des poignées de guerriers charognes tandis que d’autres - comme les Rapacitors, les Glaives Gris et les Frères de l’Anarchie - comprenaient des armées entières. L’Apôtre Noir Tsorr’Kanath des Word Bearers et le Sorcier de l’Alpha Legion Yharron Thayl menaient également de vastes bandes qui rallièrent la bannière de Typhus, appuyant leurs légions en satisfaisant les désirs d’Abaddon. Puis vinrent les Titans de la Legio Morbidus, menés par la fantomatique Funestereine Lathfyr la Noyée et accompagnés de Maisons de Chevaliers Renégates.

La créature qui approcha les Sous-secteurs Obolis et Lirae était monstrueuse et impure. Sur ordre du Maitre de Guerre Abaddon, Akhorath Zeid de la Black Legion avait sollicité l’aide de Typhus, Premier Capitaine de la Death Guard. Zeid demanda à Typhus de mettre de côté sa croisade sanglante et de rassembler une puissante armée au nom d’Abaddon. Typhus - le Voyageur, Hôte de la Ruche du Destructeur - était un grand seigneur de guerre. Il détesta d’emblée l’arrogant Seigneur Zeid, et en temps normal, aurait cherché à le tuer pour avoir osé lui donner des ordres. Mais même Typhus ployait le genou devant Abaddon.

En outre, les entités du Warp avaient évoqué les Métalicans et leur croisade de stérilité à Typhus. Il était au courant de leur croyance selon laquelle la pureté de la machine pouvait vaincre toutes les contagions empyriques et de leurs efforts pour purger les maladies de son martre, Nurgle. Typhus voyait dans l’arrogance des Métalicans une chance de les briser en leur prouvant que leurs précieuses machines pouvaient succomber au contact du Dieu de la Peste. Alors qu’il rassemblait son ost d’invasion, Typhus ordonna à ses Biologus Putréfacteurs de concocter une souche épidémique appelée Ver Némésis. S’il parvenait à porter cette maladie dans les défenses métalicanes, il scellerait le sort de ce monde.

MET/CI/CHRON - 855LRC-890LRC : Offensive Trident

Quand l’assaut eut enfin lieu, il visa trois fronts distincts du Sous-secteur Obolis. À la lisière des Systèmes Chromyd, Alumax et Duralim, la trame de l’espace réel se recroquevilla comme de la chair nécrosée et le Warp se mit à vomir une série de cuirassés hérétiques hérissés de pointes. Le Voyageur était arrivé, héraut du désespoir.

L'Attaque de Chromyd

La première frappe cibla le Système Chromyd. Considéré comme secondaire, il constituait cependant le principal lien entre la voie Warp du canal de Barlech et les Sous-secteurs Obolis et Charus. Pourtant, aucun avertissement n’avait émané du Sous-secteur Charus, ce qui n’augurait rien de bon pour les commandeurs impériaux présents lors de la première offensive du Chaos. Et ils étaient nombreux, encore plus que les envahisseurs ne l’avaient escompté. La raison en était simple : des pirates Drukharis sévissaient dans le Système Chromyd depuis de nombreux cycles.

Ces raids avaient débuté sur le monde-mausolée du Repos de la Martyre où l’infâme Lelith Hesperax avait établi une arène gladiatoriale aussi vaste qu’effroyable. Les carnages artistiques qui s’y déroulaient avaient commencé dans la capitale de Pureté avaient de se répandre à travers le globe. Ce conflit avait englouti la Mission du Châtiment Providentiel, dont la Palatine Luminas avait été chargée de récupérer une relique essentielle à la défense spirituelle de la lointaine Alexistor. Il déclencha également une série de raids lancés par d’autres chefs de guerre Drukhari désireux de surclasser Lelith.

INTERCEPTION VOX PARTIELLE

76/87/36 : ORIGINE COMMANDEUR

HÉRÉTIQUE (APLT)SEIGNEUR

THRAXOPLASMOX///

"…BROYEZ-LES LENTEMENT, SUPPÔTS DE LA CRASSE. TRANSFORMEZ-LES EN OFFRANDES, EN RUINES PUTRIDES. INUTILE DE VOUS PRESSER. LE GRAND-PÉRE AIME QU’UN LENT DÉSESPOIR SUINTE DE LEURS ENTRAILLES PUTRIDES. ENVOYEZ-LEUR UNE VAGUE APRÈS L’AUTRE. FAITES PLEUVOIR SUR EUX LES PLUS DOUX DES PESTES ET DES FLÉAUX. QU’ILS SOUFFRENT. QU’ILS FLÉTRISSENT. C’EST AINSI QUE NOUS INSTILLERONS LA VÉRITABLE DÉSESPÉRANCE."

FIN DE L’EXTRAIT

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Les milices de la défense planétaire du système avaient alors été renforcées de vingt régiments de l’Astra Militarum - dont le 14e Lumess et le 88e Savlar - ainsi que de la 2e Macroclade de Skitarii métalicane menée par le Maréchal Skitarii Decitor Septrax-Tertian. Ce dernier était un personnage bien connu à travers le Sous-secteur Obolis, à la fois pour la vitesse et l’efficacité avec lesquelles ses guerriers d’élite répondaient aux menaces ennemies, et pour la cruauté avec laquelle ils les exterminaient.

Le Maréchal Tertian avait pris le commandement des opérations antipirates dans le Système Chromyd. Il avait mené ses propres troupes et celles de ses alliés avec brio, et malgré des pertes importantes qui suscitèrent des plaintes de la part de plusieurs commandeurs de l’Astra Militarum, il avait remporté des victoires décisives contre les Xenos sur le monde industriel d’Okharium et dans les cavernes bioluminescentes de Torthusa. Malheureusement pour les défenseurs impériaux, les mesures qui avaient contribué à châtier les aliens les laissaient en très mauvaise posture pour riposter à une invasion en masse du Chaos. C’est ainsi que le seigneur Thraxoplasmox trouva ses ennemis dangereusement éparpillés.

Les conséquences les plus flagrantes se manifestèrent sous les nuages écarlates d’Okharium. Une force substantielle de Savlari venait d’achever la purge du sud de la cité tentaculaire de Linkagar quand des ogives pestilentielles et des capsules de largage saturées de maladies s’étaient abattues. Les Drukharis avaient éliminé la plupart des auto-tourelles Icarus de Linkagar quelques cycles plus tôt. Conscient que le peu qui restait ne pourrait pas empêcher le largage de troupes hérétiques, le Capitaine Savlar Glaine Kherrus avait ordonné à ses forces assiégées de battre en retraite dans le quartier nord de Linkagar en détruisant les ponts qui enjambaient les canaux chimiques au passage. L’objectif était de se replier sur des positions tenues par les cohortes Skitarii au nord de la cité. Mais dans un dernier élan de malveillance, des infiltrés Drukharis avaient tué les messagers de Kherrus avant qu’ils aient pu faire part de ses intentions aux forces du Mechanicus. Faute de consignes, des manipules entiers de Serviteurs de Combat avaient tiré sur les Savlari lorsqu’ils s’étaient trouvés à portée. Au moment où l’erreur avait été découverte, de nouvelles forces hérétiques avaient atterri sur les flancs de leurs adversaires. Les deux forces impériales furent massacrées.

Un chanceux profitant des bienfaits de Nurgle !

Les ruches-déserts scintillantes de l’Isthme de Dyroch furent également prises pour cible en raison de leur proximité avec le site où les dizaines de cuirassés du Chaos avaient émergé du Warp. Les envahisseurs étaient menés par une bande de Chevaliers Affrelames - bientôt connue sous le nom de Compagnie Malveillante - qui étrilla les milices impériales et ouvrit les défenses de plusieurs ruches. Une série de combats dévasta chaque cité et batterie de défense orbitale sur la planète, tandis que les Chevaliers sillonnaient les déserts et attaquaient les convois de ravitaillement impériaux.

Le Seigneur Thraxoplasmox mena ses troupes de la Death Guard contre l’Agri-Monde de Torthusa. Sept vectoriums marchèrent à sa suite, dont les infâmes Hommes Creux et les hordes de Machines-Démons de la Garde Suppurante. Une force aussi puissante aurait dû écraser les défenseurs torthusiens, même avec le Maréchal Tertian à leur tête. Mais Thraxoplasmox était du genre à prendre son temps, et manquait d’imagination selon ses rivaux. Il progressa lentement d’un réseau de grottes à un autre, permettant à Tertian de déborder ses troupes à plusieurs reprises et de saigner leurs forces par des raids parfaitement exécutés. Pourtant, malgré une série de victoires à travers les agri-galeries de la Seconde Strate et les fermes-mines de l’Imperitus Nocta, les forces impériales ne purent surmonter les ravages pestilentiels, la résistance impie et l’avantage numérique de leurs adversaires. Les galeries tombèrent les unes après les autres, et les agri-grottes s’emplirent de cadavres bardés de blessures. La guerre pour Torthusa s’était mue en une impasse coûteuse et consternante.

Alumax Assailli

Vu les turbulences créées par la Grande Faille, le Fabricator-Général Khleng cogita que même des cuirassés ne pourraient lancer une invasion coordonnée sans concentrer leurs efforts le long de canaux Warp stables. Cette assertion se révéla fausse lorsqu’une flottille de Space Hulks de la peste et de cuirassés Death Guard surgit du Warp pour frapper les mondes du Système Alumax. Le Capitaine de la Peste Oghlosmus Bilge mena cette seconde branche de l’invasion du Chaos depuis son vaisseau amiral, Cankersore. Bilge était un tas répugnant de chair coagulée et de crasse suppurante fusionnée à la passerelle de commandement. C’était aussi un commandeur brillant et l’un des lieutenants de Typhus. Les bâtiments de Bilge et les osts maladifs qu’ils transportaient étaient soutenus par les macro-landers ornés de crânes de la Legio Morbidus menés par la Funestereine Lathfyr, ainsi que par une flottille de vaisseau renégats et de guerriers de l’Hereticus Astartes.

Ils se retrouvèrent face à un 72e Groupe Armé cadien en sous-effectif mené par la Colonelle Elena Broski. Un aide de camp de la Colonelle raconte comment, malgré l’ampleur de la force assaillant les mondes sous sa protection, Broski demeura d’un calme glacial :

« Je ne pense pas que la Colonelle croyait pouvoir gagner. Elle n’était pas stupide. Mais elle était cadienne, et haut gradée. Vous n’êtes pas comme nous, vous ne pouvez pas comprendre ce que ça signifie, surtout à un moment pareil. Cadia résiste, toujours. Nous devons faire de même, quoi qu’il en coûte. »

La Colonelle Broski établit une défense efficace autour du Monde-Ruche du Trône de St Bartolph, matant des soulèvements hérétiques et repoussant des groupes d’éclaireurs Death Guard. Elle parvint également à émettre un appel de détresse astropathique depuis la Ruche Rastigan, mais faute de conduit viable, il y avait peu de chances pour que des forces impériales l’entendent. Ces succès furent impressionnants, mais ils n’étaient que des bougies dans un ouragan. Les Titans de la Legio Morbidus s’abattirent sur le Monde Minier pour s’approprier sa richesse minérale. Les milices de défense battirent en retraite sous leur progression, tel des insectes devant l’avancée de géants. Avec l’aide de coopératives minières, les défenseurs impériaux terrassèrent plusieurs Titans en truffant les ouvrages de charges explosives et en faisant tomber les machines dans les cratères. Mais cette résistance ne pouvait pas durer ; alors que les défenseurs cherchaient à se retirer sous terre, des vaisseaux de la peste se servirent de leurs téléporteurs pour déployer des Terminators Rouillarques et déverser des torrents de vase infectieuse dans les galeries. Les défenseurs succombèrent ou émergèrent à la surface pour affronter la fureur de Lathfyr. Heliotyr tomba en moins d’un cycle.

D’autres atrocités suivirent lorsque Oghlosmus Bilge tourna son attention vers l’invasion du trône de St Bartolph. Lors du dix-neuvième cycle de leur défense, les Cadiens avaient été forcés de céder deux Cités-Ruches aux envahisseurs ainsi que le réseau de train magnétique de la planète. Mais ils tenaient encore les ruches nord. Plutôt que de jeter de nouveaux guerriers dans la mêlée, Bilge ordonna à ses chasseurs d’aborder l’arche d’éradication Omnissiah Optimalis qui avait récemment éradiqué le monde de Borthreas. Submergeant les défenseurs du vaisseau, les Capitaines de la Peste conduisirent l’Omnissiah Optimalis en orbite élevée au-dessus du Trône de St Bartolph. Puis ils évacuèrent le bâtiment non sans l’avoir fait plonger sur la Ruche Rastigan.

L’explosion atomique vaporisa la ville - en même temps que Broski et la moitié du reste de ses forces - et bannit les Esprits de la Machine de chaque générateur de bouclier et tourelle des deux Ruches survivantes de la planète. Lorsque de nouveaux vectoriums attaquèrent les défenseurs trois cycles plus tard, ils se retrouvèrent face à de pauvres bougres irradiés jusqu’à la moelle et désespérés, dont la résistance fut de courte durée.

Un seul facteur sauva le Système Alumax d’une invasion totale. Ses voies spatiales grouillaient d’Orks Flibuztiers menés par le Capitaine Dregbad Skullbusta, qui tourna alors ses hordes contre les vaisseaux de la peste. Les Orks remportèrent plusieurs victoires sur des bandes renégates mineures avant que Bilge ne lui tende une embuscade et n’étrille sa flotte à la Clameur de Totha. Cette distraction permit à la poignée de défenseurs impériaux restante de se replier sur la station de surveillance Meta-Obol Gamma 4, cachée aux confins du système parmi les récifs skothiens. Des rapports sporadiques signalèrent que des membres de l’Adeptus Astartes avaient répondu à l’appel de détresse de la Colonelle et lançaient des raids contre les envahisseurs. Mais en pratique, Alumax était tombé.

Mort a Duralim

Dans les Ombres

L’invasion de Typhus était focalisée sur Metalica. Une fois le Monde-Forge contaminé. la puissance du Secteur Charadon et de nombreux autres bastions impériaux s’atrophierait. Le Voyageur était néanmoins conscient du danger représenté par le Sous-secteur voisin de Lirac ; si la Maison Raven venait à l’aide de Metalica, la situation se corserait. C’est pourquoi il envoya Tsorr’Kanath des Word Bearers et Varron Thayl de l’Alpha Legion dans le Sous-secteur Lirac, accompagnés de leurs bandes. Leur mission consistait à lancer des raids contre des cibles impériales à travers les Systèmes Eladagh, Cyclos et M’bor pour convaincre les chefs de la Maison Raven que leur propre système était menacé. Distraits, les Chevaliers seraient moins susceptibles d’envoyer de l’aide à leurs alliés. Du moins, c’était ce que Typhus espérait. Toutefois, même si ses alliés rallièrent le Sous-secteur Lirac, ils le firent pour leurs propres raisons. Une fois sur place, ils demeurèrent dans le vide et attendirent que leurs propres plans arrivent à maturité.

Les sacrifices que Typhus et ses alliés offrirent aux Dieux Sombres demeureront toujours un mystère. Mais ils durent en accomplir, car tandis que la flotte de Bilge fendait le voile pour attaquer le Système Alumax, l’ignoble Terminus Est de Typhus conduisait une flotte de guerre encore plus vaste hors du Warp pour se poster au-dessus du Système Duralim. Typhus, le Seigneur Zeid et un assortiment sinistre de champions du Chaos menèrent cette offensive. Pendant des cycles, le vide étincela de tirs de batterie et d’explosions alors que les envahisseurs attaquaient les moniteurs de défense et les plateformes spatiales de Duralim. Plusieurs frégates impériales se réfugièrent dans les Systèmes Brezantius et Feiror, leurs capitaines cherchant à avertir le Système Metalica. Par la grâce de l’Empereur, deux d’entre elles, l’Indomitable et le Lady Grezenta, parvinrent à plonger dans le tumulte du Warp et à s’y frayer un chemin.

Ailleurs, la guerre consuma les mondes colonisés du système. L’antique Monde-Ruche Resplendis avait longtemps maintenu sa magnificence en confinant la populace dans des macroghettos dans les sous-Ruches de ses cités. À présent, grâce à la sorcellerie des Cystlings - des Princes Démons réunis en alliance tripartite - ces ghettos s’étaient mus en foyers de vérole ambulante. Des milliards de cadavres - soutenus par des Équipes d’Extermination de Marines de la Peste et des batteries d’artillerie démoniaque - jaillirent des taudis fortifiés pour assaillir les magnifiques Ruches de Resplendis. Deux d’entre elles tombèrent en quelques cycles pendant que les défenseurs des autres Ruches, assiégés au sommet de leurs flèches, dépendaient désespérément des vols de ravitaillement effectués par des escadrons d’escorteurs Valkyrie à travers les cieux infestés de Drones Fétides.

La situation était encore pire sur le Monde-Ruche voisin de Magnifiria. Par le biais de sorts psychiques soigneusement contrôlés et de raids renégats orchestrés par le Seigneur Zeid, le vaisseau à radiations à destination d’Alexistor changea de cap pour s’installer au-dessus de les nuages saphir de ce monde tempétueux. Sourde aux suppliques des défenseurs de la planète, l’Arche d’éradication Necessitus-Ajax déchaîna son arsenal dans une purge mondiale qui dura quatre cycles entiers. Des milliards d’individus périrent, sacrifiés à la croyance des fanatiques métalicans, selon laquelle "la vie biologique étrangère" sapait les défenses du monde. La Black Legion et la Death Guard frappèrent en force. Le Necessitus-Ajax déploya trois macrodades de Skitarii et des processions du Culte Mechanicus dans la zone de guerre irradiée pour soutenir le peu de soldats de l’Astra Militarum ayant survécu à la purge. Cependant, face à la puissance des Marines de la Peste, des Machines-Démons et des Chevaliers du Chaos du Seigneur Zeid - tous bien plus résistants aux radiations que les ennemis impériaux - Magnifiria était une cause perdue. Le Necessitus-Ajax fut l’une des dernières victimes de la campagne; détruit non pas par des forces renégates mais par la dernière batterie orbitale de Magnifiria détenue par les loyalistes.

Alexistor était un moribond et Typhus un ver qui lui dévorait le cœur. Cette pensée le rasséréna, autant que les nuages de mouches de la peste qui vrombissaient à travers l’air empli de fumées et des hurlements des innombrables victimes de la Peste Spirituelle.

La démence des sorciers. Voilà comment l’avaient appelée les prêtres d’Alexistor. Un terme inélégant pour une maladie sublime, mais Typhus ne s’attendait pas à mieux de la part d’esprits aussi limités. De toute façon, la plupart d’entre eux étaient morts, ou erraient dans les rues parmi la marée de victimes. La maigre protection conférée par le pitoyable saint d’Alexistor s’était évanouie. Ses statues s’écroulaient, ses dômes se brisaient, ses sanctuaires brûlaient et ses nobles défenseurs moururent les uns après les autres, enfouis sous les monticules de cadavres appartenant aux individus qu’ils étaient censés défendre. Une chape de désespoir planait au-dessus de la planète. Typhus savourait son odeur âcre et priait pour que Nurgle fasse de même.

Mais le travail n’était pas terminé. C’était ce qui l’avait conduit sur le toit-esplanade de l’ancien Cathedrum Sanctus Absolis dans la Cité du Suppliant. C’était la raison pour laquelle Typhus et sa bande de guerriers triés sur le volet avançaient sous une grêle de tirs de Bolter qui lacérait les nuages de mouches et déchiquetait les lambeaux des jardins autrefois somptueux de l’esplanade.

Les foules criaient et hurlaient en contrebas. Dans les rues, les transports d’évacuation des Sœurs de Bataille étaient enterrés sous des strates de corps convulsants.

« Pas d’échappatoire, cette fois. Chanoinesse Joghilde, » grommela Typhus, ses paroles rendues encore plus menaçantes par le vrombissement de sa Ruche du Destructeur.

À sa droite, les Rouillarques des Âmes Gâtées de Ghorioch avançaient dans le feu ennemi. Les tuiles de la place cédaient sous leurs pas. Des douilles de Bolts ricochaient sur leur armure renforcée de maladies. Des jets de vase corrosive et des nuées de projectiles gravés de runes fusaient de leurs armes pour cingler les ennemis à peine visible dans l’obscurité tourbillonnante.

À sa gauche, les Marines de la Peste des escouades de Sholgh et de Myukus avançaient, rivalisant l’une avec l’autre pour prouver leur valeur. Ils échangèrent des tirs avec les Sœurs de Bataille, des statues et des sanctuaires explosant sous les tempêtes d’éclats de marbre chaque fois qu’un projectile ratait sa cible.

Typhus ne prêtait guère attention à la bataille. en avait vu des centaines de semblables. Il en connaîtrait bien d’autres. Son attention était rivée sur une silhouette imposante, armée d’une épée blanche qui scintillait dans son poing. Ses yeux luisaient de zèle et sa voix s’élevait en un hymne empli de défi alors même que les élus de Typhus s’efforçaient de la terrasser. Elle devait pourtant savoir qu’elle était condamnée, que son existence en tant que parangon de la résistance était terminée. Joghilde ne quitterait jamais ce toit. Néanmoins, elle ne cédait pas au désespoir Sa détermination agaçait Typhus.

Il y mettrait un terme.

Le Voyageur hurla et s’élança en faisant tournoyer sa faucheuse d’hommes tandis que Joghilde pivotait vers lui. Typhus abattit sa faux rouillée en un arc meurtrier qui aurait dû fendre la Chanoinesse en deux. Mais elle recula d’un bond avec une rapidité surnaturelle et lâcha une volée de Bolts en direction de son plastron. Les tirs ricochèrent et il se rua sur sa proie en enchaînant les moulinets avec sa faucheuse d’hommes. Sa lame trancha une malheureuse Céleste et frappa la tête d’une statue en marbre, mais elle échoua à s’abattre sur la nuque de Joghilde.

Le grondement de frustration de Typhus se mua en un rire guttural lorsque la Chanoinesse traversa le toit pour se replier. Il assena un coup suffisamment puissant pour fendre la genouillère d’un Chevalier. Mais elle parvint à parer, sa lame flamboyant de feu ivoire, ses talons au bord du vide. Les gémissements et les cris des malades s’élevaient en un chœur maudit, leurs voix implorant la Chanoinesse de tomber dans leurs bras. Au lieu de cela, elle s’adressa aux cieux torturés :

« Empereur, donnez-moi la force d’accomplir Votre volonté !"

La Chanoinesse se fendit, nimbée d’un halo blanc et Typhus gémit lorsque sa lame fendit sa garde et plongea dans son torse. Il n’éprouvait plus aucune douleur depuis longtemps, mais la brûlure qu’il sentit fut ce qui s’en approchait le plus depuis des siècles. Sa chair putride se mit à noircir. Son armure gangrenée fondit comme de la cire autour de la lame luisante.

« Ça suffit ! » beugla Typhus en rassemblant sa puissance psychique avant de la déchaîner sur la Chanoinesse tel un raz de marée. Mais alors que son halo s’éteignait enfin, que sa chair pourrissait sur ses os et que son armure se couvrait de rouille, son regard rebelle brûlait avec autant d’intensité que sa lame bénie.

MET/CI/CHRON - 891LRC-940ERC : Les Portes Assiégées

ARCHIVE-VOX INTERROGUS:::

CATÉGORIE : REDUCTUS-TRIVIA LIEU DURALIM/RESPLENDIS

DÉBUT DE L’EXTRAIT: "…JE RÉPÈTE. ICI LE SERGENT ESPANZA DU 56e BATAILLON DE GRENADIERS FOMORIADES. NOUS SOMMES COINCÉS DERRIÈRE LES LIGNES ENNEMIES DE LA ZONE INDUSTRIELLE 16 DE LA RUCHE VHORTIANNE. SI L’EMPEREUR NOUS A ABANDONNÉS, IL FAUT QUE QUELQU’UN SACHE CE QUE NOUS AVONS VU. LES FORCES DEATH GUARD TRUFFENT CETTE ZONE DE… JE NE SAURAIS MÊME PAS LES DÉCRIRE. DES FOURNAISES? DES CHAUDIÈRES? DES SORTES D’ENGINS BIOLOGIQUES… JE NE SAIS PAS CE QUE C’EST, MAIS ILS SE… DÉVELOPPENT ET CRACHENT DES FUMÉES OU DES NUAGES DE SPORES. J’IGNORE DE QUOI IL S’AGIT MAIS JE SAIS QU’ILS N’AUGURENT RIEN DE BON. SI VOUS…"

FIN<SUPPR. DONNÉES? 0/N>

L’invasion du Sous-secteur Obolis fut rapide et dévastatrice. Les Systèmes Alumax et Duralim furent submergés et celui de Chromyd s’enlisa dans une guerre d’attrition. Les défenseurs impériaux étant acculés, les Portes Métalicanes se retrouvèrent menacées. Conscient que le Système Metalica risquait de connaître le même sort, le Fabricator-Général Khleng prit des mesures drastiques.

Triage

Il avait fallu de nombreux cycles au Fabricator-Général Khleng pour concilier la réalité de l’invasion avec l’infopureté de ses augures de données et ses modèles cogitationnels. Durant ces semaines cruciales, les commandeurs impériaux au sol et dans le vide avaient reçu carte blanche pour combattre. Au bout d’un moment, Khleng proclama un édit stratégique qui contraignait ses soldats aussi sûrement que s’ils recevaient leurs ordres de l’Omnimessie en personne. Metalica devait être protégé. À cette fin, la sécurité des Systèmes Rhodior, Brezantius et Feiror devint capitale. L’ennemi avait déjà montré sa capacité à contourner les routes Warp conventionnelles. C’est pourquoi Khleng ordonna à l’armée impériale de se concentrer sur Metalica et les systèmes voisins. C’était le seul moyen d’épargner le Monde-Forge.

Lorsque l’édit de Khleng se propagea via des missives astropathiques et des communications vox, les Skitarii, Serviteurs, machines de guerre et Titans metalicans y obéirent sans sourciller. Les forces Impériales auprès desquelles ils avaient combattu pendant des cycles virent leurs alliés les abandonner. Leurs demandes de clarification n’eurent pour seule réponse que le décret de Khleng diffusé en boucle. Certains régiments de l’Astra Militarum rallièrent les Metalicans. Ailleurs, lorsque la retraite était impossible ou que la foi les aiguillonnait, les troupes de la Garde Impériale, des Sœurs de Bataille et des Space Marines défendirent les mondes que les Metalicans avaient désertés.

Dans le Système Chromyd, ce moment serait plus tard connu sous le nom de la Trahison de Khleng. Après que le Maréchal Tertian et ses Skitarii se furent extraits du front torthusan, tout espoir de stopper la progression inexorable de la Death Guard s’éteignit. Une vague de peste noya les agri-grottes. Coincés, les défenseurs de Torthusa furent massacrés ou accablés de maladies métaphysiques et forcés de se vouer à Nurgle sous peine de subir une mort atroce.

Torthusa ne fut pas le seul à tomber. Alors que le Seigneur Thraxoplasmox étrillait ses défenses, l’Agri-Monde était tout de même parvenu à envoyer des vivres. De courageux capitaines du vide avaient enfoncé le blocus de la Death Guard pour approvisionner le Repos de la Martyre et la Baie de Dyroch. Mais privés de ces ravitaillements et de leurs alliés métalicans, les défenseurs de ces deux mondes succombèrent à la famine et au désespoir. Le Repos de la Martyre, jadis un lieu de paix et de repos éternel, subissait désormais d’épouvantables excavations, ses macro-mausolées vidés de leurs ossements par des sorciers hérétiques et des chasseurs de trophées. Pendant ce temps, la Baie de Dyroch était la proie d’indicibles massacres, chaque garnison de Ruche se rendant l’une après l’autre. Les Chevaliers renégats de la Compagnie Malveillante ne montrèrent aucune pitié, et conduisirent leurs prisonniers dans les déserts avant de les chasser pour leur simple plaisir.

La résistance impériale subit le même sort sur le Monde Hostile de Sabhira que dans le Système Chromyd. Couvert de chaîne de montagnes de quartz et de forêts carnivores, Sabhira n’avait été colonisé que par les clans de prospecteurs impériaux les plus résistants. Ils savaient comment survivre aux brumes verdâtres de ce monde, qui pouvaient passer d’un état gazeux à solide en quelques secondes. Ils avaient appris à esquiver les prédateurs suprêmes appelés cacospectres. Armés de cette expertise, ils furent capables d’aider les forces impériales qui se réfugièrent à Sabhira. Peu après, menés par un groupe d’officiers impériaux et de chefs de clan locaux connus sous le nom de Lames Sabhirannes, ces survivants se muèrent en une armée de guérilla qui repoussa ou massacra une kyrielle de bandes hérétiques. Les défenseurs établirent même des bases aériennes cachées dans les étendues sabhirannes, leurs chasseurs et bombardiers transatmosphériques harcelant les vaisseaux hérétiques qui s’approchaient de trop près. Agacé par l’impertinence de ces actions et mû par son désir de broyer toute résistance, le Seigneur Thraxoplasmox retarda sa propre progression. Cycle après cycle, il déversa une quantité démesurée de troupes sur le front sabhiran.

Le Désespoir S'Étend

Les défenseurs impériaux du Système Duralim étaient dans une situation désespérée avant même de découvrir que les renforts métalicans ne viendraient pas. Les efforts combinés de Typhus et du Seigneur Zeid avaient submergé une myriade de mondes. Dans le vide, les cuirassés hérétiques rodaient en meutes, abattant les derniers bâtiments impériaux.

Cependant, l’Imperium n’avait pas totalement abandonné les Gardes Impériaux disséminés et les Sœurs de Batailles qui continuaient de combattre sur le front de Duralim. Après avoir sécurisé et purgé le relais astropathique sur Kobolt, les Excruciators employèrent son chœur étiolé et se coordonnèrent avec d’autres troupes Space Marines qui répondaient à des appels de détresse émanant du Sous-secteur Obolis. Puis ils frappèrent, de petites mais puissantes flottes de combat bravant la fureur du Warp pour contre-attaquer depuis les Systèmes Brezantius et Alumax.

Les Excruciators tournèrent leur colère vers les envahisseurs du Monde-Ruche Resplendis. Des équipes d’extermination d’Aggressors et d’Inceptors frappèrent l’artillerie démoniaque qui martelait la Ruche Kenzelghar, déchiquetant les batteries et allégeant la pression sur les défenseurs. Tanielu largua sa 1ère Compagnie de Vétérans - les célèbres Mafau’a - sur la flèche de la cité. Ils renforcèrent les 7e, l8e et 50e Vostroyens sur le point de s’effondrer. Laissant les Vostroyens épuisés et ce qui restait de la milice de la ville et des quelques Arbites tenir la flèche, les Excruciators immolèrent la ruche infestée de zombies.

L’Agri-Monde de Sustace fut également le théâtre d’une contre-attaque. Une force combinée de troupes Ultramarines, Raven Guard et d’autres Chapitres s’abattit sur les meutes de Machines-Démons rôdant dans les champs. Des plaines de céréales brûlèrent depuis la vallée threfianne jusqu’aux rives de la Rivière Bénie, tandis que des cuirassés combattaient des Métadracs au-dessus des marais et des collines parsemées de forteresses du Crakewold.

Malgré cela, la progression hérétique se poursuivait. Typhus était encore troublé par la blessure que lui avait infligée la Chanoinesse Joghilde sur Alexistor, et qui refusait de guérir malgré ses bénédictions impies. Nonobstant, il mena l’ultime assaut contre Fort Consacris sur Magnifiria. Lors d’une bataille qui dura sept cycles entiers, il mit un terme à la résistance métalicane et cadienne. Les derniers bastions irradiés de Magnifiria brûlèrent et les agents de Typhus sur la planète carcérale d’Oblekh déclenchèrent de soulèvements de masse. Des fioles de phages parasitiques transformèrent les nappes aquifères du monde en sources létales de contagion. Une profusion d’Exhausteurs Miasmatiques se dressa sur la surface d’Oblekha alors qu’une lutte intestine balayait les pénitenciers souterrains.

Le pire était à venir pour les défenseurs impériaux. Déterminé à empêcher ses ennemis de regagner de l’élan, le Seigneur Zeid mena sa Black Legion contre les membres de l’Adeptus Astartes sur Sustace. Déchainant sa nuée de Métadracs, Zeid purgea les cieux au-dessus du Crakewold et conquit les forts de la région. Avec une base d’opérations si bien défendue, les pillards de Zeid et les meutes de Machines-Démons lancèrent de multiples raids qui dévastèrent les Impériaux.

Une fois l’essentiel du Système Duralim sous son contrôle, Typhus tourna son attention sur les Portes Métalicancs. Pendant de nombreux siècles, le Voyageur avait ordonné à des entités démoniaques et des bandes d’élite de l’Hereticus Astartes d’espionner les troupes sur ces systèmes, persuadé que des contre-attaques concertées étaient sur pied. Comprenant que ses ennemis avaient décidé de trancher les systèmes infectés plutôt que de combattre son invasion, Typhus partit d’un rire sinistre.

« Les adorateurs du cadavre se tapissent dans leurs redoutes. Ils espèrent tenir. comme si les dons de Nurgle n’étaient que de simples maladies bénignes. Ils sous-estiment la générosité du Grand-père… »

À l’insu de tous hormis de ses plus proches lieutenants. Typhus avait un autre allié à qui il avait sacrifié les populations de sept mondes. Pour les entités de l’Empyrée les distances de l’espace réel ne signifient rien. Ainsi, lorsque les sermons de Typhus, résonnèrent dans le Warp, Rotigus, le Père des Pluies, répondit en déchainant une vaste invasion démoniaque qui s’étirait entre les Systèmes Feiror et Brezantius.

Des offensives conventionnelles auraient pris pour cible la flotte combinée des arches de Metalica et des cuirassés de Charadon. Au lieu de cela, les Démons surgirent de portails Warp. Ils contournèrent les immenses bastions et le regard meurtrier des macro-armes métalicanes, puis lacérèrent les esprits des Psykers en perçant de vastes lignes failles dans la réalité. Sur le monde de Laboritum, les cieux prirent une couleur cuivrée et résonnèrent des braillements de cors de chasse surnaturels. Des geysers de sang jaillirent des puisards industriels du monde, puis coagulèrent et se muèrent en portails cauchemardesques à travers lesquels les Démons de Khorne surgirent. Sur le Monde Féodal de Felhelm, des cultes du plaisir cachés se sacrifièrent dans une orgie autodestructrice Les Démons de Slaanesh s’extirpèrent des tas de cadavres avant même que le dernier cultiste ait cessé de s’agiter. La lune carcérale d’Impie se transforma en neuf cycles, ses énormes prisons se muant en labyrinthes d’argent liquéfié au travers desquels les Démons de Tzeentch fauchèrent prisonniers et gardes.

Ce fut sur le monde océanique de Concept, dans le Système Feiror, que Rotigus mena ses propres légions fécondes à la guerre. Concept était une vaste planète couverte d’immenses et turbulents océans. C’était un monde étrange ; aucun explorateur n’avait jamais été capable de localiser les fonds marins ou même un cœur solide sous les vagues. En outre, malgré des siècles d’extraction à échelle industrielle effectués par les tours de forage aquatiques de Metalica, le niveau d’eau ne semblait jamais baisser. Les flots de Concept continuaient de grouiller de vie marine bioluminescente malgré une pollution endémique et les ravages des flottes de macrochalutiers. Concept subvenait aux besoins des mondes et systèmes voisins depuis des millénaires.

Rien d’étonnant alors à ce qu’un endroit pareil attire l’œil laiteux du Père des Pluies. L’invasion commença par des tempêtes d’une violence inédite dont les pluies huileuses et puantes s’abattirent sur les derricks et chalutiers. Cycle après cycle, le déluge se poursuivit. Son contact corrodait le métal, épaississait l’eau en vase infestée d’algues et répandit une dizaine de souches de maladies parasites et bactériennes parmi la population humaine. Des régiments aériens de Skitarii et d’Élyséens mirent alors cap sur Concept dans l’espoir de trouver la source de ses maux. Ils découvrirent une masse suppurante de putréfaction figée dans les océans septentrionaux de Concept. En son centre, une gueule immense convulsait et vomissait, et depuis les fluides puants qu’elle éjectait, les légions de Nurgle émergèrent.

Lorsque l’épicentre de la menace fut repéré, il était déjà trop tard. De larges îles de graisse tremblotante et de gruau pestilentiel se détachèrent de la grande masse, chacune transportant des phalanges de Démons de la peste à une vitesse foudroyante. Des escadrons d’Archéoptères traversèrent des tempêtes sans fin pour bombarder ces îles grotesques, et réussirent à en noyer quelques-unes. Peu après, la Flotte de Chalutiers Khau-77-Vek fut prise dans une hideuse bataille contre Rotigus et sa garde personnelle de Grands Immondes, tandis que les tours de forage aquatiques neuf, onze et quinze s’efforçaient de résister aux assauts des océans.

Des vagues d’assaillants se fracassèrent contre deux des trois Portes Métalicanes. En raison du retard accumulé par le Seigneur Thraxoplasmox, Rhodior fut relativement épargné. Mais partout ailleurs, des cultes hérétiques, des bandes de renégats et de pillards de la Death Guard attaquèrent. Oghlosmus Bilge mena plusieurs escadrons de vaisseaux de la peste dans le Système Feiror. Ils bombardèrent la forteresse de Forthras depuis l’orbite et détruisirent ses stations de surveillance spatiales au cours de la bataille de la Clameur de Felathia.

Malgré cette pression constante, les forces métalicanes tinrent bon. Leurs réseaux de défense n’étaient constitués que de fortifications statiques. Des osts de zélotes du Culte Mechanicus se hâtèrent de contrer chaque offensive à bord de flottes de transports Skorpius. Leurs contre-offensives utilisèrent la puissance destructrice de super-armes de l’antique Ordinatus, et si les pertes impériales furent catastrophiques, voire intenables, seule une partie de leurs lignes de bataille subit des dégâts plus importants que des percées localisées. Cependant, ils frôlèrent le désastre sur le monde-capitale Kapston de Brezantius lorsqu’une saillie opérée par des vectoriums de la 1ère Compagnie de la Peste s’opposa à des formations d’Onagres des Dunes et s’enfonça sur quatre-vingts kilomètres dans les territoires tenus par Metalica. Cependant, ce fut l’occasion pour la Légion des Crânes de Fer de prouver sa valeur, le Princeps Van Kassen orchestra une élégante série de contre-attaques qui repoussèrent les hérétiques jusqu’à leurs aires d’atterrissage.

Guerre de Rémission

Mort sur Dhaku

Les bandes de Tsorr’Kanath et de Yarron Thayl n’avaient certes pas suivi les ordres de Typhus dans le Sous-secteur Lirac, mais elles n’étaient pas restées oisives pour autant. Les Disciples, comme ils s’étaient surnommés, avaient suivi leurs propres plans. Tels des fantômes malveillants, ils avaient neutralisé les systèmes de communication et coupé les lignes de ravitaillement dans les Systèmes Cyclos et M’bor. En parallèle, ils s’étaient efforcés d’éviter l’attention de la Maison Raven ou ses alliés, misant sur l’invasion de Typhus du Sous-secteur Obolis pour distraire l’attention des Chevaliers.

Par le biais de sermons incendiaires entremêlés de cryptage occulte, Tsorr’Kanath provoqua le soulèvement de cellules cultistes sur deux mondes du Système Cyclos et trois autres dans le Système M’bor. L’un de ces cultes - les Frères Éveillés - envahit le principal temple-usine sur le monde industriel de Ghajas, faisant exploser sa fournaise et immolant des manufactorums sur plus de trente kilomètres. Le culte des Yeux des Dieux mena une insurrection de Psykers mutants qui plongèrent les plateformes de raffineries de gaz d’Asmul dans l’anarchie. Les Écorchés tuèrent le Gouverneur Planétaire d’Amahaz et parvinrent même à déclencher une incursion démoniaque de modeste ampleur. Des décennies de préparation minutieuse menèrent à une demi-dizaine de guerres localisées que seuls les défenseurs impériaux locaux pouvaient livrer. La conquête n’était pas l’objectif des Disciples; leur seul but était de détourner le regard impérial du monde minier de Dhaku, le temps de lancer leur propre invasion de cette planète reculée.

L’on découvrit également que la cellule dormante des Disciples sur Dhaku - Ceux Oui Entendent les Murmures - avait été exterminée. Une présence tout aussi insidieuse avait revendiqué la planète et empêché que la nouvelle de l’éradication de la cellule dormante atteigne l’Alpha Legion. Ainsi, lorsque les forces du Chaos atterrirent parmi les sanctuaires miniers supérieurs et les plateformes de transit de Dhaku-Amkha et de Dhaku-Thusk, elles ne furent pas accueillies pas des foules d’adeptes, mais par des tirs de fusil et de lasers d’extraction minière. La Secte Génovore du Cœur de Guivre avait envahi les galeries et les macrocavernes servant de garde-manger réfrigéré au Système M’bor tout entier Il était déterminé à combattre pour ce monde et à empêcher les guerriers de l’Hereticus Astartes d’atteindre leur objectif.

La guerre sur les fronts de Feiror et de Brezantius demeura un long moment incertaine. D’ailleurs, pour les forces impériales, la campagne du Système Feiror devenait désespérée. Cependant, si les commandeurs impériaux avaient pris le temps de rassembler leurs renseignements stratégiques, ils auraient remarqué que, malgré la sauvagerie de l’assaut hérétique, il n’y avait eu aucun signe de Typhus ou du Seigneur Zeid. De plus, bon nombre des envahisseurs étaient soit des horreurs malveillantes auxquelles aucune explication ne fut trouvée, soit de la piétaille renégate et cultiste. Mais avant que les impériaux ne prennent conscience de cet état de fait la situation pencha soudain en leur faveur.

Dans le Système Rhodior, un vent de panique balaya les sanctums de commandement impériaux lorsque des anomalies Warp furent détectées à la lisière du système. Ce qui en émergea ne fut pas un nouvel assaut hérétique mais une puissante flotte de vaisseaux de guerre en provenance de Deimos. Ils étaient menés par la Cryptoemissarius Presumptor Lichultor L’au, une Archimagos deimosienne dont les forces comprenaient des macroclades Skitarii équipées d’armes anti-Démons ainsi qu’un Croiseur d’Assaut transportant des Frères de Bataille du Chapitre des Chevaliers Gris. L’au n’échangea que quelques bribes avec les Métalicans avant de conduire ses forces au combat dans les Systèmes Chromyd et Feiror. Ces mondes assaillis par la menace démoniaque furent assaillis avec une fureur incroyable, même si des rapports signalèrent que les Deimosiens et les Chevaliers Gris éliminèrent non seulement ces engeances du Warp mais aussi ceux qui avaient combattu ces créatures empyriques.

Profitant de l’ouverture offerte par la contre-attaque deimosienne, la Lieutenante-Heraldus Sheradane lança sa propre offensive avec le reste des bâtiments de la flotte Charadon. Après une série de frappes éclair contre Forthras, Oghlosmus Bilge et sa flotte de la Peste furent forcés de se retirer. Leur repli se mua en déroute désorganisée lorsque - parmi les poussières scintillantes de la Nébuleuse Fhorvianne - les vaisseaux de Bilge furent pris entre la flottille impériale et les vestiges des vaisseaux de guerre du Kapitaine Dregbad en quête de vengeance. Bilge fut tué, son vaisseau amiral réduit en charpie par des salves à bout portant de Kroizeur Kitu, et seuls des fragments de sa Flotte de la Peste parvinrent à fuir le système et à regagner Alumax.

Mais ce fut dans le Système Duralim que le coup le plus terrible s’abattit. Ce ne fut qu’à ce moment-là, lorsque les Chevaliers de la Maison Raven surgirent du Détroit de Thorlaf, que Typhus découvrit que ses alliés des Word Bearers et de l’Alpha Legion l’avaient trahi. Le Seigneur Zeid et lui furent pris au dépourvu par le soudain assaut des Chevaliers, qui répondaient à l’appel de détresse astropathique des Métalicans. Dispersées sur plusieurs fronts de guerre, leurs réserves engagées dans des rituels parmi les ruines de la civilisation impériale, les forces hérétiques se retrouvèrent soudain menacées d’être submergées.

Typhus, qui conduisait des rites impies sur la surface bouillonnante de Magnifiria, écouta avec une fureur croissante les rapports que lui rapportèrent ses messagers démoniaques. Alexistor avait été reconquis en moins de deux cycles par un ost de machines de guerre cuirassées de pourpre de la Maison Raven. Sur Resplendis, le siège des Ruches avait été brisé par une force combinée de Space Marines loyalistes et de lances de Chevaliers Raven, et les Cystlings avaient succombé face au Maître de Chapitre Tanielu et au Maître Archiviste Ioanu lors de la bataille pour le sanctum de Saint Bardica. En outre, le spatioport de Griffonica et tous les bastions voisins étaient désormais aux mains des Impériaux, ce qui signifiait que toutes les tentatives hérétiques pour mener une contre-invasion sur Resplendis seraient contrées par des batteries orbitales depuis la Ruche Saturnys jusqu’à l’océan polorian. Même l’Agri-Monde Sustace - qui quelques jours plus tôt avait envahi par la Black Legion - avait été visée par le Princeps Grevan et ses Compagnons. La rumeur prétendait également que trois cycles auparavant, le Crakewold avait été brisé par des géants et que le Seigneur Zeid avait disparu pendant le désordre.

Typhus conservait néanmoins des troupes prodigieuses ; il avait rassemblé l’élite de sa force en prévision de la prochaine étape de son invasion. En vérité, il se fichait que l’assaut démoniaque enfonce ou non les Portes Métalicanes, dès lors qu’il gardait l’ennemi occupé pendant qu’il terminait ses préparatifs. Cependant, à présent que des renforts ennemis arrivaient en masse et que ses lieutenants préférés commençaient à tomber, il opta pour un plan d’action qui heurtait sa fierté aussi sûrement que Joghilde avait blessé son corps. Il ordonna une retraite complète jusqu’au Système Alumax, laissant le reste des légions démoniaques, des cultes du Chaos et des bandes renégates dispersées affronter seul la colère du châtiment impérial.

Le Princeps Grevan, seigneur de la Maison Raven, observait la colline rocailleuse face à lui. Assis sur son Trône Mechanicum à l’intérieur du cockpit de son Chevalier Vigilant, Ferrous Maximus, il absorbait le flot de données stratégiques glanées par ses capteurs externes. Un déluge d’informations et d’auto-intuitions déferlait dans le nid de câbles augmentiques qui reliaient le corps cyborg de Grevan à son Trône Mechanicum. Cette transe le plongeait dans l’extase : il ne faisait plus qu’un avec la puissante machine de guerre qui le portait au combat, avec les électrospectres de ses ancêtres ; il sentait le froid des marais qui lapaient les tibias blindés de son Chevalier ; il lisait dans les couches de données multipectre de sa machine et sentait la chaleur de son cœur-générateur palpiter dans sa propre poitrine.

Oui, Grevan se glorifiait de sa fusion avec sa machine sacrée. Cependant, les informations qui parvenaient à ses synapses en silicium n’étaient pas aussi réjouissantes. Plus loin, les collines du Crakewold s’élevaient fièrement des marais fumants. La forteresse perchée au sommet était jadis un bastion de l’autorité impériale. Aujourd’hui, elle était l’antre d’Akhorath Zeid et les créneaux s’étaient mus en un cauchemar d’icônes peinturées de sang représentant les sceaux de la Black Legion.

Au sommet des remparts, des canons déversaient leur fureur sur les Boucliers Ioniques crépitants des Chevaliers de Grevan regroupés en position de siège autour de lui. Alors que le Princeps n’était sur Sustace que depuis quelques cycles, il avait déjà assisté à une débauche de déprédations commises par Akhorath Zeid. C’était depuis cette forteresse que Zeid avait coordonné sa campagne de conquête sanglante. Grevan comptait enfouir l’émissaire d’Abaddon sous les pierres maudites de ce bastion ou traîner ce dément dans la lumière de l’Omnimessie pour affronter son châtiment.

Grevan fit danser ses doigts sur les commandes noosphériques. Des ordres furent transmis à ses guerriers triés sur le volet, ses Compagnons.

>> Formez une ligne de bataille.

>> Emboitez-moi le pas.

>> Frappez toutes les techno-abominations présentes, mais laissez-moi offrir Zeid à l’Omnimessie.

Des runes de confirmation apparurent dans sa vision périphérique. Mais avant qu’il ait pu éperonner son destrier, des cors discordants résonnèrent au sommet de la forteresse. Leur hurlement ressemblait au cri d’un démon, une cacophonie saturée d’anticode qui amena Grevan à grincer des dents. La colline se mit à frémir - un frisson tectonique qui parcourut ses roches et ses eaux marécageuses. Ferrous Maximus gronda lorsque les portes de la forteresse s’ouvrirent et qu’une horde de bêtes constituées de chair et de métal jaillit dans sa direction.

>> Zeid et sa ménagerie cherchent à nous disperser.

Cette déclaration venait de Dame Aleka, pilote du Foudre de Fer.

>> Ils échoueront, répliqua Grevan avec un sourire.

Sur quoi, Grevan donna le signal à ses guerriers. Des Machines-Démons de toute sorte dévalèrent la colline à leur rencontre, leurs serres de métal labourant le sol. Et là, au centre de la horde, apparut Zeid. Juché sur son ignoble destrier, Helstalker, il fonçait droit vers les lignes des Chevaliers.

Les deux armées firent feu de toutes leurs pièces et les Boucliers Ioniques des Chevaliers se nimbèrent d’un bleu électrique à mesure que les bienfaits de l’Omnimessie interceptaient la mitraille. Bondissant autour des Machines-Démons de Zeid, des éclairs d’un noir cauchemardesque faisaient détoner les projectiles ou dévier les faisceaux laser avant qu’ils aient pu atteindre leur cible. Malgré tout, de nombreux tirs traversèrent la garde des Chevaliers et les firent tomber à la renverse, ou firent exploser les machines-démons dans des pluies de débris fumants.

Grevan maintint sa progression en méprisant la charge bestiale de l’ennemi. Quelle discipline y avait-il dans une cavalcade aussi anarchique? Quel ordre ? L’ennemi ne semblait même pas avoir de plan hormis se jeter dans les canons de l’ennemi. Alors qu’il décimait l’ennemi à l’aide de son Canon Avenger, Grevan cogitait furieusement. Une telle attaque ne collait pas avec la ruse stratégique à laquelle il s’attendait de la part de Zeid. À moins que…

Des alertes Auspex sonnèrent dans le cockpit de Grevan. Il brancha ses mécadendrites dans des ports de liaison et dirigea ses flux vidéo vers le ciel. Là, il aperçut un énorme vaisseau, plus vaste que le fort lui-même, vautré parmi les nuages. Sa coque était hérissée de pointes d’os et de gargouilles en étain qui vomissaient des traînées de flammes et de fumée.

Grevan se rendit compte avec un frisson d’horreur qu’il descendait droit sur le champ de bataille.

Pure folie, murmurèrent les spectres de ses ancêtres. Même les serviteurs des Dieux Sombres ne seraient pas si téméraires. Leurs propres guerriers périront sous l’impact. L’appareil s’échouera sur la colline tel un navire jeté sur des rochers par une tempête.

Mais était-ce de la folie ou de l’audace, se demanda Grevan ? La seule chose qui séparait l’une de l’autre était l’échec ou le succès. Il n’avait pas l’intention de laisser sa proie en décider.

>> Compagnons, protocole de tir Omnis-Annihalor. Ouvrez-moi une voie.

À la droite de Grevan, deux Ferrocerberus se jetèrent sur le Chevalier Errant de Sire Ikoras et le firent basculer à la renverse. Derrière lui, une volée de roquettes et de projectiles explosifs s’abattit en une pluie coordonnée qui déchiqueta un Profanateur et réduisit un trio d’Héxapodes à des épaves grésillantes. Grevan talonna son destrier et réduisit au silence les alertes de chavirage et les alarmes thermiques qui mugissaient dans le cockpit. D’une pensée, il activa son Canon Gatling. Sa grêle d’obus transforma l’un des monstres en boule de feu. D’une autre, il inclina son Bouclier Ionique pour dévier un projectile explosif. Ferrous Maximus fonçait à travers le nuage tourbillonnant de feu sulfurique lorsque le projectile détona.

Soudain, Zeid apparut à dix foulées de lui. Alors que les auto-viseurs de Grevan se verrouillaient sur Zeid. Le destrier de Zeid bondit avec agilité et atterrit serres en avant sur le Chevalier Paladin de Dame Ruxena, accroché au torse de la machine tel un épouvantable parasite surdimensionné. Puis il plongea une pointe de données en forme de rostre dans le plastron du Chevalier. Le Seigneur Zeid recula sur sa selle et frappa à l’aide de son glaive tronçonneur, le plongeant dans la chair d’adamantium de sa proie. Le Chevalier de Ruxena tituba, luttant pour garder l’équilibre malgré le poids de la Machine-Démon. Grevan voulut tirer, mais ennemi et allié étaient trop enchevêtrés. Soudain il sentait une terrible sensation de traction venue du ciel. Il eut l’impression que ses forces étaient extraites de ses veines telle de la limaille de fer attirée par un aimant. Puis un éclair noir parcourut le glaive tronçonneur de Zeid et dansa en travers du Chevalier de Ruxena.

Un cri effroyable perça le vox de Grevan, La douleur était aisément perceptible dans la voix de Dame Ruxena malgré le rugissement de parasites d’anticode. Son Chevalier frémit, puis s’immobilisa, mort, les articulations de ses genoux fusionnés.

Le Princeps Grevan poussa un juron binaire et lança une salve de roquettes en direction du Seigneur Zeid. Ce dernier brandit son arme et ramena les éclairs noirs vers lui avant de les envoyer décrire un arc dans l’air pour faire détoner les munitions de Grevan. Le Princeps poussa son destrier en avant, mais à ce moment-là, une ombre noire tomba sur Ferrous Maximus. L’aéronef était désormais dangereusement proche. Des alarmes de proximité hurlèrent. Cette maudite chose allait s’abattre sur eux !

>> Reculez. Tous à l’abri !

Tout en envoyant l’ordre, il fit pivoter Ferrus Maximus en direction de la colline rocailleuse. Sur le chemin, il se morigéna, sentant que l’occasion de se venger lui avait filé entre les doigts. L’idée de laisser Akhorath Zeid vivant le rendait malade, mais Grevan était un serviteur du Dieu-Machine et le protocole et la logique passaient avant tout. Il n’exposerait pas sa vie ni celle de ses Compagnons juste pour tuer Zeid.

Grevan continua d’avancer, heureux de constater que ses nobles avaient réagi promptement à ses ordres. Malheureusement, tous n’eurent pas le temps de fuir. L’énergie meurtrière des propulseurs de l’appareil faillit faire tomber Ferrous Maximus à genoux. Ils seraient tous anéantis si le vaisseau se crashait au sol. Mais au dernier moment, la coque de l’aéronef se mit à ondoyer. Des masses de tentacules biologiques et métalliques émergèrent d’innombrables failles à travers le ventre du vaisseau. La plupart se faufilèrent le long de la colline, amortissant la descente du vaisseau et le stabilisant. Quelques-unes s’agitèrent sauvagement et s’enroulèrent autour des Chevaliers Raven pour les broyer et les étouffer.

Les ancêtres de Grevan lui hurlèrent de rebrousser chemin et de combattre, d’ordonner à ses Chevaliers de faire feu de toutes leurs armes sur le vaisseau hérétique. Le Princeps reconnut ces injonctions comme de la vanité de la part d’individus déjà passés dans l’au-delà. Au mieux, ils détruiraient le bâtiment hérétique et seraient annihilés par son agonie. Au pire, ils dépenseraient leur fureur pour rien et seraient déchiquetés par ses vrilles et les jets d’énergie maléfique qui jaillissaient de ses gueules.

Au lieu de quoi, le Princeps mena ses guerriers dans une retraite disciplinée. Leurs boucliers les protégèrent des flammes tandis que l’appareil hérétique activait ses propulseurs et s’élevait majestueux et monstrueux, dans les cieux. Ils tinrent leur terrain, persuadés d’avoir brisé le dernier bastion de la résistance de la Black Legion sur Sustace.

Mais Akhorath Zeid leur avait échappé. Grevan jura alors que ce serait la dernière fois.

MET/CI/CHRON - 941LRC-989LRC : Rémission et Résurgence

Le Sous-secteur Obolis a été ravagé par une guerre ayant causé un nombre indicible de morts. Des mondes entiers ont été irrémédiablement corrompus ou réduits à des paysages infernaux saturés de radiations. Cependant, les défenseurs croyaient avoir surmonté le pire. Les forces hérétiques étant confinées aux Systèmes Alumax et Chromyd, un contre-assaut ne tarderait pas à suivre.

Pendant près de cent cycles métalicans, les défenseurs du Sous-secteur Obolis n’avaient connu qu’épreuves et sacrifices. Leurs compétences martiales et leur foi avaient été durement éprouvées par l’afflux d’abominations surnaturelles et la difficulté de combattre dans des friches irradiées ou infestées de maladies. Des régiments entiers de l’Astra Mllitarum et des macroclades de cyborgs métalicans avaient été exterminés, leurs bannières enfouies sous des tas de cadavres crasseux, leurs récits d’héroïsme ou d’horreur condamnés à sombrer dans l’oubli. Des Titans des Crânes de Fer s’agitaient, brisés et grêlées de rouille, sous les ruines des blocs d’habitation et des machines de guerre qu’ils avaient détruits sous leur chute. Les Space Marines d’une dizaine de Chapitres gisaient parmi les morts, leur chair imprégnée de tant de maladies qu’il fut impossible de récupérer leur génogerme. Un si grand nombre de Sœurs de Bataille avaient accédé au rang de martyres qu’elles répondraient aux prières de leurs camarades survivantes pour les siècles à venir. Des épaves de cuirassés impériaux dérivaient dans le vide, leurs cendres scintillant dans le noir.

Mais malgré toutes ces pertes, la victoire semblait acquise. Depuis les temples-usines fortifiés du Laboritum jusqu’aux îles volcaniques de Motulu, aux tours de forage couvertes de vase de Concept et aux macro-champs noircis de Sustace, les étendards impériaux flottaient parmi des vivats éraillés mais sincères. Bien sûr, quelques conflits localisés s’embrasaient et mouraient à travers le sous-secteur ; des cultistes du Chaos continuaient de s’adonner à des actes de guérilla malgré l’abandon de leurs maîtres ; des bandes renégates lançaient des raids pirates, leurs chefs considérant la retraite de Typhus comme un acte de lâcheté ; des pestes métaphysiques infectaient les mondes les plus ravagés, déclenchant des éruptions de violence, de mutation et de mort. Néanmoins, un grand nombre de commandeurs impériaux considérèrent qu’il était temps de profiter de l’avantage, de pourchasser les forces ennemies et de les harceler jusqu’à la destruction. Mais les choses n’étaient pas si simples, en partie à cause des dégâts catastrophiques subis par les infrastructures de la région. Entre la fureur du Warp et la dévastation infligée à de nombreux centres de logistique et de communications, tenter de coordonner toute forme de stratégie impériale frôlait l’impossible. Au moment où ils auraient dû frapper le plus fort, les défenseurs impériaux hésitèrent et les commandants de chaque système et monde s’éparpillèrent dangereusement pour poursuivre leurs propres objectifs.

Action Décentralisée

La Rouille S’Installe

Aucun envahisseur n’avait percé les Portes Métalicanes. La pureté logique de la forteresse cogitationnelle de Khleng demeurait absolue. Cependant, tout n’était pas normal dans le Système Metalica. Des données bénies se déversaient dans son cortex cérébral depuis chaque recoin de son domaine. Des rumeurs prétendaient que les individus chargés de transcrire les visions des Astropathes répandaient la Vérole Ambulante sur Ferrovigilum ; des rapports signalaient des soulèvements d’esclaves et la présence d’électro-corruption parmi les Serviteurs - sans parler des interférences avec les quotas sacrés de la planète - avaient atteint des niveaux inacceptables. Mais le plus perturbant était la hausse notable des exorcismes de données à travers le Système. Khleng n’était pas fou au point d’interroger directement les Esprits de la Machine déviants, de crainte que leur corruption souille son architecture cogitationnelle divine. Cependant, il médita longtemps sur la nature de ces intrusions techno-spirituelles, car elles n’auraient pas dû être possibles. Certes, il était au courant de l’existence du Mechanicum Noir, de ses machines interdites et des spectres de données infernaux. Mais la croyance du Fabricator-Général en la pureté de la production industrielle de Metalica, de sa noosphère et de ses machines auto-sanctifiées était absolue. Elle était l’expression physique de la divinité de l’Omnimessie. Suggérer qu’une sorte de corruption ait pu les atteindre était une hérésie que Khleng refusait de perpétrer. Ainsi le Fabricator-Général demeura au cœur de sa forge-sanctuaire, coincé dans une boucle de logique récursive de sa propre création lorsqu’il tentait de rationaliser des variables qu’il considérait comme impossibles. Obnubilé par ces problèmes, il négligea les missives stratégiques venues d’autres points du secteur. Les cycles passèrent, et tout espoir impérial d’une riposte rapide s’éteignit.

Grâce aux efforts héroïques des Lames Sabhirannes, le front de Chromyd était resté dans une impasse pendant près de trente cycles. Le Seigneur Thraxoplasmox, incapable de débusquer sa proie et s’obstinant à refuser de la contourner, avait jeté des forces disproportionnées dans le conflit de Sabhira. Les jungles du monde hostile avaient pourri et ses derniers défenseurs combattaient désormais la maladie en plus d’un ennemi en surnombre. Mais leur sacrifice avait permis au Système Rhodior de demeurer épargné par les forces hérétiques. Sous le commandement de la Cryptoemissarius L’au du Monde-Forge Deimos, une puissante contre-offensive se profilait. La blessure de la Trahison de Khleng était encore fraîche pour les officiers de l’Astra Militarum et de la Navis Imperialis, c’est pourquoi les macroclades métalicannes furent exclus des préparatifs de ce contre-assaut.

Les défenseurs étrillés des Systèmes Brezantius et Feiror - les deux Portes Métalicannes si brutalement assaillies par les hordes démoniaques - consacrèrent tous leurs efforts à la consolidation. Brezantius était encore assailli par des forces hérétiques. Une coalition de guerriers de l’Hereticus Astartes menée par Gharax le Broyeur s’était retranchée dans l’étendue amalioeinne près de la ceinture-siège équatoriale de Kapston. Chaque cycle, de nouvelles vies étaient perdues alors que des éléments des régiments blindés du 8e Catskorian, du 13e Orvari et du 10e Pelorian tentaient de les faire sortir. D’ailleurs, la Legio des Crânes de Fer sur le point d’embarquer pour le Système Duralim - fut forcée de changer de cap pour briser l’impasse grâce à sa puissance de feu colossale.

Le Système Feiror avait été le plus durement touché. La riposte de tous ses gouvernants et défenseurs n’était pas seulement entravée par les pertes subies mais aussi par les purges toujours plus vastes menées par les agents inquisitoriaux. Sous prétexte de contacts maléfiques et d’une contagion spirituelle, ces personnages sinistres passaient d’une zone de guerre à l’autre, suivis de Tempestus Scions cuirassés de noir. Des champs de brasiers crépitants et de héros trahis brûlaient dans leur sillage.

Malgré cela, les défenseurs des deux systèmes signalèrent la découverte d’ignobles structures Death Guard dans chaque sous-ruche fétide et chaque friche jonchée de cadavres. Ils détruisirent une partie de ces Exhausteurs Miasmatiques, et si les communications avaient été plus centralisées, une campagne de plus grande ampleur aurait pu être orchestrée. En l’occurrence, certaines de ces machines grotesques furent simplement mises en quarantaine sous prétexte d’affaires plus urgentes.

En raison de la présence du Princeps Grevan et de ses Chevaliers de la Maison Raven, le Système Duralim était le mieux préparé pour pourchasser les forces hérétiques, Avec le reste des commandants de l’Adeptus Astartes, des héroïnes de l’Ordre de Notre Dame des Martyrs et d’une poignée d’officiers de l’Astra Militarum, Grevan avait forgé la Cour de Défense de Duralim. Ce corps avait coordonné des purges pour stabiliser le système tout en amassant une force d’invasion prête à frapper le Système Alumax. Lié par des serments et des protocoles, le Princeps Grevan attendait l’autorisation du Fabricator-Général Khleng pour poursuivre. Les cycles défilèrent sans qu’aucun signal ne vint.

Dernier Carré à Alumax

Ce fut le Maître de Chapitre Tanielu qui finit par perdre patience. Avec le soutien de Grevan, il rassembla tous les membres de l’Adeptus Astartes dans le Système Duralim et prit la tête de la Force de Frappe Fléau, qui réunissait des éléments des Ultramarines, des Sons of Medusa, des Iron Knights, et des Obsidian Jaguars. Les Space Marines se retrouvèrent face à un système grouillant de corruption. La force de frappe lança des hostilités immédiates contre le Trône de St Bartolph et Borthreas. Même si elle élimina d’éminents champions du Chaos et perturba le contrôle hérétique de ces deux mondes, elle se retrouva en infériorité numérique. Contraint de livrer une série de guerres éclair, Tanielu envoya des frégates rapides pour avertir le Système Metalica : loin d’être vaincus, les adeptes du Chaos s’étaient regroupés dans le Système Alumax.

Pendant ce temps, Typhus n’était pas resté oisif. Depuis sa conquête à l’aube de la guerre, le Trône de St Bartolph avait accueilli un vaste convent de sorciers hérétiques. Ils avaient œuvré jour et nuit à l’intérieur d’un sanctuaire de la peste montagneux, construit à partir des décombres de la planète et des cadavres contaminés de ses habitants. À l’origine, Typhus avait eu l’intention d’utiliser ce rituel pour assener le coup de grâce aux Portes Métalicanes. Au lieu de cela, il allait donner l’occasion aux envahisseurs hérétiques de se relancer dans la guerre et de prendre leurs ennemis par surprise.

Après la retraite, alors que ses lieutenants consolidaient leurs positions autour des mondes du Système Alumax, Typhus avait passé trois fois sept jours en communion psychique avec les émissaires de Nurgle. Cette transe lui avait révélé de sombres vérités. Il savait que le Seigneur Zeid était vivant, mais il ignorait où se trouvait le champion de la Black Legion et la raison pour laquelle il avait cessé le combat n’était pas claire. C’est alors qu’il découvrit la traîtrise des Disciples et décida de se venger une fois la victoire acquise. Mais surtout, il glana un savoir occulte. Les altérations des formules numérologiques de son grand rituel étaient un don de Grand-Père Nurgle et une preuve de la confiance que le Dieu de la Peste vouait au Voyageur.

Fort de ces informations, Typhus rassembla une immense force de la Death Guard à ses côtés. L’élite Terminator de sa 1ère Compagnie de la Peste en formait le cœur, renforcée par six vectoriums triés sur le volet. Accompagnés de nombreuses Machines-Démons et des bandes renégates, ils embarquèrent dans les vaisseaux de guerre de la Flotte de la Peste. Leur cible était la station de surveillance Meta-Obol Gamma 4, dernier bastion de la résistance impériale dans les récifs orbitaux de Skothia. Alors que l’ost de Typhus s’abattait sur Meta-Obol Gamma 4, les ignobles rituels au sein du sanctuaire de la peste du Trône de St Bartolph redoublèrent de ferveur.

Dernier Dhaku

Sur Dhaku, dans le Système M’bor, une guerre souterraine faisait rage. Après avoir été pris en embuscade près de leurs sites d’atterrissage, les Disciples se rallièrent et repoussèrent les Sectes Génovores sur tous les fronts. Tsorr’Kanath et ses Word Bearers accomplirent un rituel qui piégea des milliers de cultistes à l’intérieur des silos du Consortium Ukharu, traqués par des Démons de Khorne. Yarron Thayl ordonna à ses agents de décrypter le réseau vox de l’ennemi. Même s’il ne pouvait pas perturber les communications télépathiques de l’ennemi, leur contre-espionnage vit les guerriers de l’Alpha Legion vaincre les cultistes dans les complexes d’habitation du Consortium de Rhassa et du Treizième Escalier. Lorsque les Disciples capturèrent le macro-generatorum de Ceraphus, ils coupèrent l’électricité sur des milliers de kilomètres de galeries. D’innombrables adeptes suffoquèrent ou gelèrent dans l’obscurité. Malgré tout, le Culte du Cœur de Guivre combattit pour chaque grotte, tunnel et escalier. Des véhicules creusaient de nouvelles galeries pour surgir au milieu des positions du Chaos. Des Génovores pure-souches s’enfouissaient dans les carcasses au milieu des silos avant de bondir sur les Space Marines du Chaos et de les forcer à se retirer dans des conduites de ventilation. Des masses de cultistes tenaient leurs positions malgré l’ampleur des assauts avant de faire sauter les plafonds des grottes lorsqu’ils se retrouvaient submergés par l’ennemi. Mais les Disciples affrontèrent les poches de résistance les plus coriaces lorsqu’ils s’enfoncèrent dans les Mines de Dhaku, des ouvrages récents qui plongeaient néanmoins dans les strates structurelles antiques de la planète. Les Disciples combattirent les soldats d’élite du Cœur de Guivre à travers un méli-mélo de temples préhistoriques et de tunnels d’archéotechnologie, mêlés aux industries colossales de la prospection impériale moderne. Même si leurs adversaires redoublèrent de vigueur, les Disciples touchaient au but. La résistance du culte ne faisait qu’indiquer qu’il en avait pleinement conscience.

Averti par les visions du Maître Archiviste Ioanu, Tanielu accentua les efforts de la Force de Frappe Fléau, qui cherchait à briser les hordes d’adeptes de Nurgle pour atteindre le sanctuaire de la Peste. En même temps, il ordonna à toutes les troupes Space Marines à proximité de renforcer Meta-Obol Gamma 4. Les intentions de Typhus n’étaient pas claires, mais, cette soudaine activité devait présager quelque chose de terrible.

Sur le Trône de St Bartolph, des dizaines de Space Marines s’abattirent pour percer les lignes de défense autour du sanctuaire.

Leurs escorteurs les ratissèrent de tirs de roquettes et d’obus pendant que des troupes aéroportées se jetaient dans la mêlée. Des transports blindés convoyèrent Tanielu, Ioanu et leurs vétérans Mafau’a à travers le pont pourrissant de Thremas puis dans l’ombre du sanctuaire. Ils y furent accueillis par Rotigus et un ost de Démons titubants, déterminés à se venger de leur défaite sur Concept. La bataille fit rage tandis que de nouveaux renforts arrivaient dans les deux camps, et les marches du sanctuaire furent Bientôt noyées de sang et de vase.

Des vaisseaux de guerre se joignirent à la bataille dans les récifs orbitaux de Skothia. La flottille impériale était largement surpassée en nombre, mais ses capitaines connaissaient des voies sûres à travers les forces gravitationnelles autour de la station de surveillance. Ils attirèrent le Poxmulch dans une anomalie gravitationnelle, et le vaisseau explosa. La frégate impériale Divinitus Aeternum parvint à entraîner le Hulking Menace et le Repugantor dans un canal frémissant qui déchiqueta les deux bâtiments, mais pas avant que leurs batteries n’aient taillé en pièces la frégate. La capitaine du Justice transforma son vaisseau ravagé en un brûlot qu’elle utilisa pour attirer le Soulrender dans un autre récif, détruisant les deux appareils. Puis vint le Terminus Est. Impossible à arrêter, le transport d’assaut balaya les derrières braises de la résistance impériale pour débarquer une horde d’invasion sur la station de surveillance. Le lieutenant Sarthio de la Raven Guard tendit une embuscade aux forces de Typhus, mais en vain. Au moment où Typhus enjamba le cadavre sans tête de Sarthio, il n’y avait plus de doute : Meta-Obol Gamma 4 était tombée.

Typhus supervisa alors l’implantation de ses derniers Exhausteurs, d’immenses unités palpitantes de magie noire. Alors qu’elles prenaient racine, les monstrueuses machines finalisaient un réseau micellaire stellaire dont les racines malades plongeaient dans le Warp et s’étendaient dans le Sous-secteur Obolis. Dans un crescendo de cris gargouillants, les occupants du sanctuaire de la Peste achevèrent leur rituel alors que le soleil se couchait une dernière fois sur le Trône de St Bartolph. Depuis le temple, une tempête de pourriture et de ruine éclata, forçant les derniers Space Marines à fuir en direction de leurs escorteurs. Bon nombre d’entre eux périrent. Depuis leurs vaisseaux, les survivants contemplèrent avec horreur un monde s’écroulant de l’intérieur, ravagé par une magie pestilentielle. La mort du Trône de St Bartolph fut apocalyptique, mais ce n’était que le début ; les véritables conséquences du grand rituel de Typhus ne tarderaient pas à se manifester.

Déchaînement Maléfique

>>> DIRECTIVE NOOSPHÉRIQUE GÉNÉRALE

>>> AUTORISATION : KHLENG, ALPHA-PRIME-ALPHA

>>>PRIORITÉ : MAXIMALE

IMPÉRATIF : RASSEMBLEZ-VOUS DANS LE SYSTÈME METALICA AVEC TOUS LES BÂTIMENTS MILITAIRES DISPONIBLES. URGENCE ABSOLUE. DOCTRINES OPÉRATIONNELLES STANDARDS REMPLACÉES PAR LA DIRECTIVE DE L’ALPHA. LES FORCES HÉRÉTIQUES NE DOIVENT PAS SOUILLER L’AUTO-PURETÉ DU [PARASITES] SYSTÈME PAR L’UTILISATION DE [PARASITES] ET DE [PARASITES]

      • ALARUM PURITAS !
      • ANTICODE DÉTECTÉ !***

CORRUPTION NOOSPHÉRIQUE 7 %***

CORRUPTION NOOSPHÉRIQUE 14 %***

CORRUPTION NOOSPHERIQUE 21 %***

>>>TENTATIVE DE SUPPRESSION DU LIEN NODAL CORROMPU…

>>>TENTATIVE DE SURPRESSION LIEN7DA CO#>OMPT7D[ >IN7…

>>>777 777 777 777 777 777 777

Les effets de la grande conjuration de Typhus furent doubles. Tout d’abord, le flot d’énergies impies traversa les mycéliums empyriques reliant les Exhausteurs Miasmatiques. Leurs fournaises rances s’embrasèrent. Une fumée saturée de spores et de nuées de mouches s’éleva de leurs cheminées tandis que de virulentes bactéries démoniaques jaillissaient de leurs valves et conduites. Dans les Systèmes Chromyd, Brezantius, Feiror et Rhodior, plusieurs planètes subirent de soudaines apparitions des pires épidémies de Nurgle. Sur d’innombrables champs de bataille, une lueur verdâtre s’épanouit dans les orbites pourrissantes des cadavres. D’immenses bûchers s’effondraient et des macromausolées résonnaient de grognements et de cris alors que les masses de cadavres se levaient à travers le Sous-secteur Obolis. Quelques heures après la victoire de Typhus sur Meta-Obol Gamma 4, des foules de défenseurs impériaux épuisés, démoralisés et surpassés en nombre étaient assiégées par des nuées de morts-vivants. Des campements temporaires se muèrent en charniers. Des hôpitaux de campagne et des bunkers furent transformés en places fortes tenues par des soldats désespérés. Des pestes surnaturelles ravageaient l’Astra Militarum, Adeptus Astartes et les Skitarii. Seuls l’Adepta Sororitas et les Chevaliers Gris semblaient résister au contact entropique de Nurgle, et seuls les survivants de la Force de Frappe Fléau étaient au courant de la deuxième partie de la sorcellerie que Typhus avait opérée.

La pourriture qui s’était répandue depuis le cœur du Trône de St Bartolph avait consumé la planète entière et ses habitants, mais elle ne s’arrêta pas là. Des vrilles noires surgirent dans l’espace réel, tandis qu’au cœur du monde, le puits suppurant s’enfonçait dans la chair de l’espace réel. Tel un ver de la taille d’une planète se rongeant un chemin à travers le temps et l’espace, le sort de Typhus creusa un tunnel temporaire à travers le Warp. Si tous les réseaux vox et canaux astropathiques n’avaient pas déjà été saturés de panique et de désespoir, la soudaine explosion d’appels de détresse en provenance du Système Metalica aurait indiqué à tous où les issues du tunnel se trouvaient.

Seuls les défenseurs du Système Rhodior connurent un répit suffisant pour s’intéresser aux hurlements astropathiques. Mais la Cryptoemissarius L’au avait lancé sa contre-attaque dans le Système Chromyd à peine trois cycles plus tôt. L’essentiel des troupes de Rhodior était en transit Warp et donc injoignable par vox. Alors que la fureur du Warp redoublait, il y avait peu d’espoir de savoir quand, ou même si, elles avaient atteint leur destination, et encore moins de chances de les rappeler pour qu’elles puissent venir à l’aide de Metalica.

La situation à travers la Zone de Guerre Charadon s’était renversée avec une vitesse et une simultanéité extraordinaires. Alors que quelques cycles plus tôt, les forces impériales avaient eu le dessus et que l’invasion hérétique reculait, à présent, les défenseurs étaient au bord du gouffre. Dans le Système Alumax, la Flotte de la Peste de Typhus se regroupa avec les immenses vaisseaux de la Legio Morbidus et les meutes d’appareils hérétiques qui infestaient le vide comme des nuages de mouches. Menée par le Terminus Est, cette horde effroyable plongea au travers de la trouée bouillonnante dans la réalité pour en ressortir dans le système métalican. Sur Metalica, un million de cloches en cuivre sonnèrent tandis que des cors de brume sanctifiés lançaient l’appel aux armes. Le Fabricator-Général Khleng fut frappé par une explosion de données d’augures et d’alertes chorales qui détruisirent trois de ses matrices cogitationnelles et faillirent stopper son cœur biologique. Enfin conscient du danger, il extirpa sa carcasse fumante des profondeurs de son sanctum, et chercha à coordonner une riposte. Mais son apparente impossibilité entravait son processus mental, et à chaque minute, la situation devenait incontrôlable.

La barge de combat métalicane Proximedes-Ajax vrombissait à travers le vide interplanétaire. C’était un vaisseau trapu constitué d’un sanctum de commandement, de systèmes de survie, d’auto-sanctuaires et d’un enginarium agglomérés tel du corail mécanique autour de l’énorme structure de macrocaronades galvaniques.

À bord du sanctum de commandement du navire, l’Alpha Patrouilleur Lhor-Vex-57 poursuivait sa patrouille éternelle. Elle marchait comme un métronome, ses pieds blindés résonnant sur la passerelle métallique alors qu’elle contournait la fosse centrale avec ses banques de cogitateurs et ses Technoprêtre marmonnants. De l’autre côté, elle vit Rho-Theta-9I arriver en sens inverse. Toutes les deux minutes et seize secondes, ils se croisaient avant d’entamer un nouveau cycle de patrouille. Tel était son devoir sacré, un devoir dont elle ne se lassait jamais. Elle serrait une carabine au radium contre sa poitrine. Jamais elle ne se plaignait de son poids ou ne relâchait sa posture. C’était une composante essentielle de la machine de guerre bénie qu’était la passerelle du vaisseau. Accomplir son devoir, savoir qu’elle faisait partie de quelque chose de bien plus grand, quelque chose de béni par l’Omnimessie l’emplissait d’un ravissement absolu.

> Neuf heures trente-sept minutes et sept secondes avant la convergence avec Munis Ferrum en orbite haute, lui indiqua Rho-Theta-91 à travers la noosphère.

> Confirmé, répliqua-t-elle. Signification ?

> Simple affirmation positive, répliqua-t-il, son ton parvenant à véhiculer un certain amusement face à sa propre redondance. Malgré les efforts des hérétiques, le Système Metalica continue de fonctionner avec la pureté bénie de l’efficacité totale. Des rapports du système vassal indiquent que les ennemis sont en déroute.

> Tu considères la ponctualité de la patrouille Proximedes-Ajax et du Proximedes-Cerru comme la preuve de cette pureté persistante. Une comparaison appropriée. Car nous voyons la volonté de l’Omnimessie dans toute chose.

Leur discussion fut soudain interrompue par des alarmes binaires qui résonnèrent à travers la passerelle. Les lumières au sodium virèrent au rouge. Des câbles de données secondaires descendirent depuis des ports au plafond pour se ficher dans les prises spinales des Technoprêtres qui œuvraient avec une ferveur soudaine devant leurs cogitateurs. Lhor-Vex-57 sentit la noosphère palpiter de données. À sa grande surprise, elle détecta également des traces de parasites et de fragments de code en excès. Elles furent rapidement supprimées mais leur simple intrusion était troublante. Dans la fosse de commandement, le cliquetis des cogitateurs se mêlait aux prières tandis que les Technoprêtres s’échinaient à saisir le problème.

Lhor-Vex-57 lança sa propre analyse. Elle balaya la noosphère mais ne détecta aucun danger au sein de l’architecture physique ou dataspectrale du vaisseau. Elle tourna alors son attention vers l’extérieur. Sa requête pour communier avec les flux vidéo du Proximedes-Ajax fut promptement accordée. La vision de Lhor-Vex-57 s’emplit de l’immensité noire du vide, la myriade de points lumineux représentant un nombre d’étoiles qui dépassait sa capacité de calcul. Une large bande d’interférences digitales censura la vision impie de la Cicatrix Maledictum, ce dont elle fut reconnaissante. Faisant pivoter son champ de vision, Lhor-Vex-57 repéra la lueur rouge et lointaine de Munis Ferrum à des milliers de kilomètres au-dessous de la proue du navire. Des runes l’aidèrent à discerner le Proximedes-Cerrus, leur barge de combat jumelle pour cette patrouille, à quelque quatre-vingts kilomètres à bâbord.

Elle distingua également autre chose, quelque chose qu’elle n’arrivait pas à cogiter. Au-delà du Proximedes-Cerrus, une zone de l’espace paraissait déformée, comme vue à travers un objectif hypergone. Lhor-Vex-57 demanda un agrandissement. Curieusement, l’Esprit de la Machine de ses caméras externes émit un balbutiement de code brisé et refusa d’obéir.

Sa requête devint obsolète un instant plus tard, lorsque Lhor-Vex-57 se rendit compte que le pan d’espace déformé se dilatait rapidement. Il ressemblait à une trouée dans la trame de l’espace réel, une lésion qui laissait filtrer une lumière empoisonnée. Des protocoles de reconnaissance et des alertes empiriques retentirent à travers la noosphère alors que le phénomène continuait de s’étendre. Des flux de données l’informèrent que le Magos-navilocus du vaisseau - l’équivalent des capitaines sur ce genre d’appareil - avait ordonné au Proximedes-Ajax de passer en alerte trois. L’air vibrait et s’épaississait à mesure que des bouches d’aération sanctifiées répandaient de l’encens, dont les particules électro-conductrices dansaient dans l’air. Cette brume aurait entravé tout équipage biologique, mais chez les adeptes du Dieu-Machine, elle ne faisait qu’accélérer leur transfert de données à travers la noosphère locale tout en les protégeant d’anticode maléfique ou de dataspectres.

Lhor-Vex-57 sentit la passerelle vibrer sous ses pieds et reconnut ce frisson rassurant comme le réveil des Esprits de la Machine des macrocaronades galvaniques. Elle adressa une rapide prière à l’Omnimessie pour le remercier de la protection belliqueuse de ces esprits. Des augures d’alerte fendaient l’espace local tandis que les deux barges échangeaient un brouhaha d’informations binaires pour tenter de recogiter la nature de cette menace. Pour sa part, Lhor-Vex-57 envoya une directive au reste des Skitarii de la garnison du vaisseau. Elle en déploya la moitié vers l’enginarium et le reste vers le sanctum de commandement, éveillant plusieurs d’entre eux de leurs alcôves de datapurification.

Un murmure d’angoisse traversa la passerelle, auquel la voix de Lhor-Vex-57 se joignit. Sur les flux vidéo, un tentacule colossal de chair blafarde s’agitait dans la lumière de la faille. Lhor-Vex-57 tenta de cogiter la taille de cette ignoble manifestation, mais son ampleur et sa tangibilité fluctuaient de manière impossible à travers son sensorium. Un violent éclat de lumière l’atteignit et vacilla à travers les ports d’observation du sanctum de commandement quelques secondes plus tard. Le Proximedes-Cerrus avait fait feu de ses caronades pour se protéger, et à présent, le tentacule se désintégrait en une masse de matière poisseuse que ses augures-senseurs ne parvenaient pas à identifier comme une substance organique, énergique ou simplement anormale.

Les soufflets-poumons de Lhor-Vex-57 poussèrent un sifflement de surprise lorsque de nouveaux tentacules jaillirent de la faille en expansion autour du Proximedes-Cerrus. Sa vision s’interrompit brusquement lorsqu’un baffle de données coupa son accès noosphérique. Des alertes de corruption clignotèrent dans sa vision périphérique et Lhor-Vex-57 eut un mouvement de recul, privée des trois quarts de sa matrice de perception.

> Interrogation : qu’est-ce…, s’enquit Rho-Theta-9I à travers une bande de données localisée, mais elle n’alla pas plus loin. Au moment même où la porte du sanctum de commandement s’ouvrait en corolle pour laisser passer de nouveaux Skitarii, le vaisseau s’ébranla violemment. Une onde de choc balaya la passerelle, visible quand elle se répandit à travers la brume d’encens électro-conductrice. Lhor-Vex-57 s’efforça de cogiter ce qu’elle voyait : dans le sillage de l’onde de choc, les banques de cogitateurs se mirent à grésiller et se couvrirent d’une rouille noire. Les Magos, les Serviteurs et ses propres Skitarii convulsèrent à son contact. Leurs augmentiques scintillèrent d’étincelles et se tapissèrent de corrosion. Leurs composantes biologiques se couvrirent de bubons et de lésions, et une pourriture nauséabonde s’installa. Lhor-Vex-5 respirait par bouffées douloureuses, ses soufflets-poumons grinçant comme s’ils n’avaient pas fonctionné depuis un siècle. Ses jointures étaient percluses d’une douleur atroce, et le vrombissement réconfortant des canons de la barge de combat se mua en un grondement arythmique et plaintif.

Lorsque les premiers insectes démoniaques jaillirent des grilles rouillées et des entrailles distendues des Serviteurs, Lhor-Vex-57, mue par un protocole instinctif, tenta de leur tirer dessus, tandis que son esprit conscient se rebellait face à la destruction soudaine et effroyable du mécanisme sacré dont elle avait fait si longtemps partie. Son fidèle Esprit de la Machine se révolta. Sa carabine cracha une fumée âcre et une dose de radiations si intense que même la chair de Lhor-Vex-57 protesta à son contact. L’arme tomba de ses mains et de la rouille la recouvrit lorsqu’elle toucha la passerelle. Elle donna un coup de pied dans la vague de Démons pestilentiels qui avançait vers elle en titubant vers elle tel un flux vidéo vacillant ou des augmentiques rouillées, comme pour se moquer de ses propres systèmes défaillants. Son pied métallique cueillit l’une des créatures en pleine figure, qui éclata tel un énorme bouton en éclaboussant la passerelle d’un pus infect. Ses congénères hurlèrent de rire et de rage. Ils remontèrent le long de ses jambes et la firent tomber à la renverse. Lhor-Vex-57 poussa un gémissement binaire saturé de bruit blanc. Une lumière jaunâtre se répandit tel un lever de soleil à travers la baie d’observation du vaisseau. Des crocs effilés et des mécadendrites couronnées de vers percèrent son corps. La vision de Lhor-Vex-57 s’emplit de parasites rugissants…

MET/CI/CHRON - DEPUIS 990LRC… Metalica Assiégé

Typhus a longtemps été considéré comme une sorte de croque-mitaine criblé de maladies, dont la présence augurait l’arrivée d’une nuée de Jamais-morts. À présent, par le biais de magies noires et de hordes infernales, il accablait un sous-secteur impérial entier de sa malédiction. D’innombrables serviteurs impériaux menaçaient d’être sacrifiés sur l’autel du Voyageur.

Les défenseurs impériaux baptisèrent la rupture dans l’espace réel du nom de La Plaie. En effet, cette immense anomalie suintait non seulement de hordes hérétiques, mais également de corruption métaphysique. Elle se manifesta d’abord sur Munis Ferrum, un Monde-Ruche d’immenses cités emboîtées les unes dans les autres, dont les habitants fournissaient. une grande partie de la main-d’œuvre métalicane. Dangereusement proche de la lisière bouillonnante de La Plaie, il fut bombardé d’explosions pestilentielles. Chaque onde de choc grouillait de bactéries démoniaques, de mouches de la peste et de rouille contagieuse. Des data-démons infectaient les Serviteurs et les transformaient en créatures assoiffées de sang. Ces entités maléfiques percèrent les boucliers noosphériques de plusieurs vaisseaux de contrôle Skitarii en orbite basse, prirent possession des appareils et inondèrent leurs data-câbles pour corrompre les Skitarii au sol. La guerre civile qui s’ensuivit attira bon nombre de bandes hérétiques et de prêtres du Mechanicum Noir, déterminés à transformer Munis Ferrum en un paysage démoniaque.

Le Monde Minier de Plenitas et l’astéroïde lunaire Ferrovigilum furent également pris pour cible, le premier par des vectoriums de la Death Guard menés par le Seigneur Fecuthrott l’Éventreur, le second par Lathfyr la Noyée et une force écrasante de la Legio Morbidus. Sur Plenitas, Fecuthrott rallia les cultes de la peste qui se soulevèrent parmi la population d’esclaves, mais ses forces se heurtèrent à un immense déploiement de Skitarii et de machines de guerre Ordinatus supervisées par un conclave de superviseurs Magos. La guerre dégénéra rapidement en un massacre hideux alors que la Death Guard conduisait des nuées de cultistes hurlants vers les canons du Mechanicus. Ferrovigilum fut également ébranlé par la guerre. La Funestereine avait déployé non seulement sa Legio Titanique, mais aussi ses Maisons de Chevaliers Renégats, dans l’espoir de réduire au silence le relais astropathique de Ferrovigilum. Alors qu’elle s’attendait à une conquête rapide, elle se retrouva face aux Skitarii d’élite du Maréchal Tertian, à deux manipules de vétérans de Titans des Crânes de Fer ainsi qu’à une lance entière de Sans-Fief qui se faisaient appeler la Compagnie Oubliée. Malgré une infériorité numérique écrasante, les troupes impériales purent compter sur le génie stratégique de leurs commandants, leur discipline de fer et l’héroïsme des Chevaliers pour leur permettre de résister un long moment à travers les océans de poussière, les champs de dômes et les canyons industriels de Ferrovigilum.

Pendant ce temps, Typhus tourna son attention vers l’Ancrage de Solari. En tant que base d’opération majeure de la Flotte Charadon, cet énorme agglomérat de forts stellaires et de docks spatiaux était lourdement défendu. La grande majorité de sa flottille était cependant absente, engagée dans les systèmes extérieurs sous le commandement de la Lieutenante-Heraldus Sheradane ou perdue au cours de la vaillante défense des récifs orbitaux de Skothia. Le commandant en chef de Solari, le Contre-Amiral Vordkin, prit la lourde décision d’éloigner le reste de ses capitaines avant le début de l’invasion. Ainsi, lorsque le Terminus Est mena la charge contre les canons de l’Ancrage, le vaisseau de guerre de classe Empereur Mercy of the Blade mena plusieurs appareils en direction de Metalica, escortant chaque vaisseau de soutien, barge de réparation et transport d’évacuation susceptible de s’échapper à temps. La bataille qui suivit fut courte et brutale. Les vaisseaux de Typhus enfoncèrent les points de défense de l’Ancrage et débarquèrent une horde d’envahisseurs pour broyer les soldats qui les affrontèrent à chaque barricade et blocus aérien. Les défenseurs combattirent avec courage, mais avant la fin du cycle, Typhus était devenu maître de l’Ancrage de Solari.

Alors que la pression augmentait sur tous les fronts, les légions du Monde-Forge Metalica résistèrent. Un grand nombre de Skitarii et d’adeptes du Culte Mechanicus demeurèrent pour protéger leur planète et les plateformes de défense de sa Corona Militaris. En plus de ces forces, le Fabricator-Général Khleng s’appuya sur une réserve d’une dizaine de régiments de l’Astra Militarum, ainsi qu’une demi-compagnie de Sons of Medusa qui avaient juré de défendre le Monde-Forge. Concentrant sa puissance cogitationnelle sur sa stratégie, Khleng frappa ses ennemis partout où il détectait des faiblesses. Des contre-offensives précises repoussèrent les forces renégates et une bande de Démons de Khorne du monde-batterie d’Ohmex Magnifica. Les lignes d’approvisionnement renégates de la zone de guerre furent coupées, stoppant la progression de l’offensive de la Vallée des Cratères menée par le Seigneur Fecuthrott. Trois attaques successives de cuirassés hérétiques furent repoussés de l’espace métalicans par des actions d’abordage Space Marines.

Khleng tint cependant l’essentiel de sa puissance martiale à l’écart car toutes ses cogitations indiquaient que même s’il devait ordonner une offensive totale et que ses armées se comportaient de manière exceptionnelle sur chaque champ de bataille, elles seraient vaincues par la simple ampleur des forces renégates. Il serait impossible de repousser l’invasion de Typhus sans renfort de la part du reste du sous-secteur. Acceptant cette sinistre vérité et faute de renseignements sur la situation dans les systèmes voisins, Khleng basa sa stratégie sur l’espoir de retarder l’ennemi suffisamment longtemps pour atteindre le front métalican.

Il y avait un autre problème, encore plus urgent et délicat. Les projections des empyro-savants et Magos-ethericus métalicans indiquaient que La Plaie s’étirait à une vitesse fulgurante. Ses vrilles pourries se frayaient un chemin à travers le vide, et son sillage de corruption dévorait des pans entiers de l’espace réel. Quelle taille atteindrait-elle ? Le Système Metalica était-il destiné à être englouti dans ses profondeurs ? Pire, la faille Warp provoquait des perturbations empyriques catastrophiques. Unis en une communion noosphérique, les membres du techno-clergé métalican ne purent qu’accepter l’inéluctable : même si des renforts finissaient par arriver des systèmes voisins, ces perturbations les déchiquetteraient avant même qu’ils puissent arriver dans la zone de guerre. D’ailleurs, cette catastrophe avait peut-être déjà eu lieu. Quoi qu’il en fût, les prêtres du Monde-Forge Metalica savaient que pour avoir la moindre chance de sauver leur monde et sa pureté industrielle divine, ils devaient refermer La Plaie et le plus rapidement possible.

Guerre dans le Noir

Sur Dhaku, les Disciples conduisirent leur ultime assaut contre les Grandes Mines. Des Terminators renégats envahirent ses galeries, leurs torches illuminant autant de saillies rocheuses que de Génovores sifflants. Des fusillades retentirent le long d’allées en pierre créées bien avant que l’Empereur ne monte sur le Trône d'Or. Des Xenos difformes se jetèrent sur les bandes de Space Marines du Chaos. Les plus grands héros de la Secte menèrent une série de contre-attaques dévastatrices et leur Magus conduisit son fer de lance jusqu’à l’Escalier Quatre-Vingt-Deux avant d’être terrassée lors d’un duel psychique contre Varron Thayl. Le Kelermorphe de la Secte - appelé l’Ombre - mena une bande de pillards qui cherchait à tuer Tsorr’Kanath avant qu’il ait pu achever son dernier rituel d’invocation. Cependant, l’Apôtre Noir convoqua le Gardien des Secrets Listho’shy’a le Sinueux, qui embrocha l’Ombre sur une lame dégoulinante de venin parfumé. Menés par le Démon de Slaanesh et son ost grouillant, les Disciples envahirent un immense temple aux murs formés d’une myriade de bloc d’onyx et d’argent parsemés d’aiguilles qui ondoyaient sans cesse. Ses colonnes étaient ornées de visages grimaçants, humains et Xenos. Aux pieds d’une colossale statue humanoïde faite d’ombres tourbillonnantes, les Disciples acculèrent le Patriarche de la Secte, le Grand Sire Glutt. La bataille fut sanglante mais brève, car même cette abomination Xenos ne pouvait pas lutter contre une cohorte de champions du Chaos aussi vaste. Le Patriarche tomba, mais Tsorr’Kanath préféra le soumettre plutôt que de le tuer, car en capturant le Temple Stygien, les Disciples n’avaient pas achevé leur œuvre ; elle ne faisait que commencer…

Pendant ce temps, Typhus, conscient de son avantage, ne comptait pas se reposer sur ses lauriers. Il avait remporté une série de victoires et ses bénédictions enflaient de puissance putride. Même la blessure encore béante que lui avait infligée la Chanoinesse Joghilde ne parvenait pas à le ralentir. À bord du Terminus Est, il livrait désormais un assaut brutal contre la Corona Militaris de Metalica. Entre les tirs d’enfilade des cuirassés impériaux, les salves des canons à plasma des plateformes de défense, et la fureur des batteries orbitales métalicanes, la flotte hérétique essuya de lourdes pertes afin de pouvoir débarquer Typhus, ses gardes du corps Rouillarques et un couvent de prêtres du Mechanicum Noir sur la plateforme orbitale Archimed-Tri. À l’aide de sanctuaires-parasites grotesques, les Magos Noirs accomplirent un infâme rituel pour attirer des data-démons pestilentiels depuis les remous du Warp. Typhus lui-même résista à un assaut suicidaire effectué par des Électro-Prêtres fanatiques le temps que les Démons soient canalisés dans l’architecture corticale de la plateforme. En un instant, l’Esprit de la Machine d’Archimed-Tri fut possédé. Les sous-routines de découplage qui auraient dû séparer la plateforme de ses plus proches voisines furent interrompues. Des spectres d’anticode et des vrilles de Peste Ferreuse jaillirent pour infecter les plateformes d’Aristol-Sept et de Pythorus-Oct alors que des batteries de défenses possédées faisaient pleuvoir une pluie d’obus sur les appareils impériaux. Sous leur couvert, de nouvelles forces hérétiques s’amarrèrent dans la Corona Militaris. Ce fut le début de sa chute et de l’Invasion terrestre du Monde-Forge Metalica.

Le Sous-secteur Obolis fut le théâtre de conflits localisé alors que des hordes de zombies de la peste assaillaient les coursives de cuirassés assiégés et se dressaient telles des montagnes vivantes contre les flancs des fortifications Impériales. Sur certains mondes, comme Kapston, Ferryk et Sustace, les armées des vivants parvinrent à contenir et à éradiquer la menace en ratissant les macronuées de tirs d’artillerie nourris, en les immolant à l’aide de lance-flammes dans les zones d’habitations, et en les fauchant lors de combats acharnés au corps à corps. Sur d’autres, comme Alexistor et Concept, les batailles furent plus désespérées et les défenseurs se retrouvèrent submergés par leurs anciens camarades dans chaque enclave.

L’appel de détresse du Fabricator-Général Khleng avait atteint une poignée de centres de commandement impériaux, et il sema une agitation frénétique parmi tous ceux qui servaient Metalica. Mais même pour des héros légendaires comme Grevan de la Maison Raven, le Maître de Chapitre Tanielu et le Princeps Van Kassen des Crânes de Fer, rallier des troupes tout en étant la proie de pestes et d’une entropie si effroyables s’avéra une gageure. Seul le front Rhodior-Chromyd offrit une lueur d’espoir, car là au moins, la Cryptoemissarius L’au et ses forces avaient brisé le Warp et repoussé le Seigneur Thraxoplasmox des ruines de Sabhira. Cependant, ce conflit demeurait incertain et ne montrait aucune chance d’être résolu rapidement.

Face à cette myriade de menaces, le Monde-Forge se tenait désormais seul…

Une Alliance de Fer et de Chair

Il serait bien trop simple de prétendre que parce qu’elles combattirent toutes pour défendre la même région de l’espace impérial, les armées rassemblées au cœur du Secteur Charadon étaient réellement unies. Divisées par des normes dogmatiques et sociétales, menées par des structures de commandement divergentes, les forces impériales étaient puissantes mais mal coordonnées.

De vastes forces combattirent pour la défense des Sous-secteurs Obolis et - dans une moindre mesure - Lirac au début de la guerre de Metalica, principalement les légions du Monde-Forge lui-même. Elles montrèrent une loyauté sans faille au Fabricator-Général Khleng et obtempérèrent aussi sûrement que si elles étaient une extension augmentique de sa volonté. Cependant, des dissensions apparurent çà et là.

Les cohortes Skitarii exécutèrent les directives de Khleng d’une manière très efficace. Ses ordres, transmis via le techno-clergé à bord des vaisseaux de commandement, jetèrent dans la mêlée des légions entières de fantassins cybernétique, de cavalerie canine et de machines de guerres conduites par des cyborgs. Ces forces furent disséminées à travers le Sous-secteur Obolis dès le début du conflit, car elles étaient faciles à diriger et possédaient l’autonomie nécessaire pour s’adapter aux changements de stratégie. Comparées à elles, les foules zélotes du Culte Mechanicus qui servait Metalica étaient plus difficiles à régir. Leur ferveur religieuse leur conférait vigueur et courage, mais ces qualités étaient un piètre substitut à la rigueur militaire. C’est pourquoi les tech-Magos subordonnés à Khleng concentrèrent ces forces dans de vastes réserves chargées de défendre des positions défensives sanctifiées sans avoir besoin d’être coordonnées avec d’autres cohortes ou - pire - les infidèles des armées conventionnelles impériales. Et il y avait aussi les Titans des Crânes de Fer. Alors que sa Legio était en sous-effectif en raison des pertes subies sur Armageddon, le Haut Princeps Van Kassen rechignait à l’engager sans une quasi-certitude de victoire. Cette économie permit à sa Legio de demeurer relativement épargné jusqu’aux derniers stades de la guerre, mais coûta de nombreux conflits localisés en raison de pannes de vox ou de fluctuations de réacteurs inexplicables au moment même où les Titans auraient dû s’engager.

Les plus indisciplinés furent les Magos qui commandaient les arches d’éradication de Metalica. Ces fanatiques qui vénéreraient les radiations et méprisaient toute forme de vie biologique, interprétèrent à plusieurs reprises leurs directives d’une manière qui leur permettrait de déchaîner leur armement apocalyptique et leurs vagues de Skitarii irradiés sur les ennemis comme sur leurs supposés alliés.

Mais ce ne sont là que les divisions apparues au sein des structures de commandement complexes de Metalica. Au regard du reste de la force impériale, le problème était démultiplié. La Lieutenante Heraldus Sheradane et sa flotille de la Marine Impériale étaient basées sur l’Ancrage de Solari dans le Système Metalica, leurs cuirassés à quelques encablures du cœur battant de la défense impériale. Pourtant, de nombreux Technoprêtres de Heptus Khleng les considéraient tout autant avec une méfiance paranoïaque que comme des atouts précieux. Ainsi, Sheradane fut tenue à l’écart des discussions stratégiques pendant les phases de la guerre, ce qui la força à rassembler ses propres renseignements et à opérer en conséquence. D’autres commandants des régiments de l’Astra Militarum disséminés à travers le Sous-secteur Obolis connurent les mêmes expériences. Plus d’une fois, des troupes de la Garde Impériale se retrouvèrent exposées et hors de position lorsque les forces métalicanes avancèrent ou se retirèrent sans coordination stratégique préalable. Pire, un certain nombre d’officiers déposèrent plainte auprès du Munitorum après que leurs soldats furent jetés dans les lignes de tir ennemi par le commandement métalican pour préserver les forces Skitarii, les Titans Crânes de Fer ou même les machine-sanctuaires et les manufactorums, considérés comme sacrés.

Si l’on considère la rigidité des us des Maisons de Chevaliers, l’autonomie des Chapitres Space Marines et les stratégies d’inspiration divine des Sœurs de Bataille, il paraît évident que les armées impériales agirent davantage sous la forme d’une coalition relativement lâche plutôt qu’une force unie, du moins d’un point de vie stratégique global. À ceci s’ajoutaient les tempêtes Warp et les vastes gouffres interstellaires qui compliquaient grandement les communications et la coordination. C’est pourquoi la campagne de défense de la Zone de Guerre Charadon fut constituée de milliers de fronts individuels, disputés par n’importe quelle force impériale disponible. Pour la grande majorité des fantassins impériaux, la campagne entière consista à combattre pour un monde, un continent, une étendue urbaine ou une fortification spécifique. La situation sur le reste du front interstellaire ne leur parvenait que par bribes.

Malgré tout, les armées impériales combattirent avec courage et abnégation pour repousser les envahisseurs Xenos et hérétiques. Si, lors de certains conflits, la méfiance ou le manque de communication conduisit à un désastre, de nombreux autres virent les Impériaux et les commandants de l’Adeptus Mechanicus réunir leurs forces en un tout plus solide que la somme de ses composantes. La puissance de feu de l’Astra Militarum conjuguée aux assauts orbitaux des Space Marines, à la foi inébranlable des Adepta Sororitas et du Culte Mechanicus, à la puissance des Chevaliers Impériaux et aux hordes de Skitarii combattant auprès de l’élite de l’Inquisition permit à l’Imperium de remporter la victoire sur de nombreux fronts.

Envahisseurs de l'Empyrée

Les Égarés et les Damnés

Si les membres de l’Hereticus Astartes, les Titans du Chaos, les Chevaliers déchus et leurs vaisseaux représentaient les plus puissants éléments de la force d’invasion, ils étaient loin d’être les plus nombreux. Chaque tueur en armure qui sillonnait les mondes en flammes de la Zone de Guerre Charadon avait d’innombrables cultistes, déviants et hérétiques à son service. Les soutes de chaque vaisseau de guerre renégat grouillaient de masses d’individus égarés, désespérés et déments. Alors que la lumière empoisonnée de la Cicatrix Maledictum éclairait les cieux nocturnes, la quasi-totalité des mondes du Secteur Charadon abritait des cellules cultistes, des groupes insurrectionnels ou des hordes de mutants pitoyables persuadés que leur seul espoir consistait à abandonner la miséricorde douteuse de l’Imperium au profit des Dieux Sombres.

D’autres êtres surnaturels rejoignirent le camp des envahisseurs. Par le biais des contagions impies répandues par Typhus et ses adeptes, des océans de Véroleux, de zombies de la peste et de Jamais-morts déferlèrent sur les champs de bataille de la Zone de Guerre Charadon. De sombres rituels attirèrent de vastes hordes démoniaques à travers le voile en lambeaux. Menées par l’infâme Rotigus, le Père des Pluies, elles apportèrent la mort, la peste, et une perversion infinie aux mondes impériaux assiégés. Même le Warp semblait s’être allié aux envahisseurs. Ses courants tumultueux ne perturbèrent pas leurs communications et ne ravagèrent pas leurs vaisseaux de guerre de la même manière que ceux des défenseurs impériaux. En outre, leur maîtrise de la sorcellerie et leur supériorité numérique permirent aux forces du Chaos de surpasser leurs adversaires en matière d’agilité et de stratégie.

Les osts que Typhus et Akhorath Zeid menèrent contre la Zone de Guerre Charadon comprenaient une vaste coalition d’alliances pirates, de bandes rivales, et de cultes déments, qui tourbillonnaient frénétiquement autour d’un noyau dur de guerriers de l’Hereticus Astartes et de leurs vaisseaux de guerre. Mais leur nature anarchique ne les rendait pas moins dangereux.

La vénération des Dieux Sombres est par sa nature même, une quête de faveurs et de récompenses personnelles. Il faut un seigneur de guerre particulièrement influent pour cimenter une alliance ne fût-ce que temporaire, susceptible de menacer des sous-secteurs impériaux entiers. Typhus était l’un de ces chefs de guerre. Sa réputation imposait le respect et la soumission. Soutenu par la présence de Zeid et l’autorité implicite du chef de guerre Abaddon, Typhus parvint à mettre sur pied une flotte d’invasion d’une ampleur et d’une puissance phénoménales.

En vérité, Typhus et Zeid forgèrent trois alliances distinctes et coordonnèrent leurs efforts en une force d’invasion tripartite. Tous les membres de la Death Guard ne considéraient pas Typhus favorablement ; après tout, sa relation avec leur Primarque-Démon avait connu des hauts et des bas. Néanmoins, les Champions de la peste qui répondirent à l’appel de Typhus étaient puissants et se montrèrent étonnamment loyaux envers lui, notamment deux d’entre eux : le Capitaine de la Peste Oghlosmus Bilge et le Seigneur de la Virulence Ghulgh Thraxoplasmox. Le premier était issu de la 6e Compagnie de la Peste et apporta une flotte terrifiante de vaisseaux de la peste, encore plus imposante que celle qui s’était agrégée autour du Terminus Est de Typhus. Bilge entretenait également des liens étroits avec la Funestereine Lathfyr, la Princeps dégénérée de la Legio Morbidus. Bilge fournit des vaisseaux de guerre pour convoyer les Titans de la Funestereine d’une zone de guerre à l’autre, et Lathfyr - une créature cauchemardesque qui hantait un cocon de commandement amniotique pollué - offrit à Bilge une force d’assaut terrestre sans égale en échange. Le Seigneur Thraxoplasmox, quant à lui, était un fléau vivant méthodique et implacable, qui prenait un malin plaisir à répandre le malheur et le désespoir. Il apporta un grand nombre de vectoriums à l’invasion ainsi qu’une horde de machines de guerre blindées et conclut un pacte avec Typhus pour bloquer le Canal de Barlech et saper la force ennemie sur un troisième front.

Pour sa part, le Seigneur Zeid menait un ost plus harmonieux de guerriers de la Black Legion. Sa bande, notamment sa redoutable meute de Machines-Démons, possédait encore la puissance nécessaire pour conquérir des mondes entiers. Cependant, il voyait davantage son rôle dans l’invasion comme celui d’un conseiller, chargé d’inciter des alliés qu’il considérait comme idiots et fainéants à prendre les armes au nom d’Abaddon. Ils essuieraient le gros des pertes pendant que Zeid sèmerait la dévastation et le carnage pour son propre plaisir tout en observant la guerre depuis les lignes arrières et ferait son rapport à son maître une fois la victoire assurée. Bien sûr, l’arrivée soudaine de la Maison Raven bouleversa quelque peu ses plans…

D’autres membres de l’Hereticus Astartes rallièrent également la bannière de Typhus, en compagnie de guerriers d’élite, de machines de guerre avilies et de redoutables vaisseaux, notamment la mystérieuse alliance de Word Bearers et de guerriers de l’Alpha Legion qui se faisaient appeler les Disciples. Mais il y avait aussi d’innombrables bandes de Space Marine du Chaos, qui se greffèrent à l’invasion tels des charognards à un cadavre. Des Chevaliers du Chaos répondirent également à l’appel à la guerre de Typhus. Certains suivirent les bannières de la Legio Morbidus tandis que d’autres rivalisaient de force sur le champ de bataille pour s’attirer les faveurs de leurs sombres divinités. À chaque nouvel allié, la force d’invasion gagnait en puissance, au risque cependant de provoquer de nouveaux schismes.

Zone de Guerre de Charadon

« À La fin, il ne reste que le chaos. Comme une épidémie se répand dans une Ruche surpeuplée ou un feu dévore une forêt desséchée, la guerre infecte tout. Dès le premier tir, le premier choc des armes, l’anarchie se répand et le hasard contrarie les plans les plus élaborés. La marque d’un grand commandant est de ne pas résister au chaos, mais de l’embrasser totalement, et d’en récolter les fruits. »
- Akhorath Zeid, Seigneur de la Discorde de la Black Legion.

La Guerre du Métal et du Mucus

Champions de la Guerre

Les deux camps combattant dans la Zone de Guerre Charadon disposaient de commandants aussi célèbres que compétents. Certains étaient de vrais héros, leurs noms résonnant glorieusement dans l’histoire de leur peuple. Le Maître de Chapitre Dhane Tanielu et son Maître Archiviste Mosu Ioanu des Excruciators en faisaient partie. Ces guerriers courageux avaient connu des milliers de batailles. Typhus, pour sa part, était une force de la nature dont l’influence maléfique était impossible à circonscrire, tandis que l’impitoyable Funestereine Lathfyr, dont l’engin de classe Imperator Despair Incarnate menait la Legio Titanique renégate Morbidus, était la terreur de ses ennemis. Les osts des envahisseurs comptaient d’ailleurs de nombreux champions de Hereticus Astartes, comme on pouvait s’y attendre, comme le cruellement méthodique Thraxoplasmox ou l’ambitieux et agressif Fecuthrott le Faucheur, les rusés et égoïstes Maîtres des Disciples… Tous courtisaient les faveurs des Dieux Sombres. Les plus habiles comptaient notamment parmi eux le Seigneur de la Discorde Akhorath Zeid. Il y avait aussi des capitaines de vaisseaux comme le Lieutenant de Classe Heraldus Lihua Sheradane de la Flotte de Guerre Charadon, ou l’anarchique mais mortel Kapitaine Korsaire Ork Dregbad Skulibusta, qui ravageait aussi bien les navires des impériaux que ceux des traîtres. Des stratèges à la logique froide émergeaient dans cette démence, comme le princeps très conservateur Wynsten Van Kassen ou l’inflexible Maréchal Skitarii Tertian. Il y avait aussi des régiments célèbres, comme les Chevaliers Sans-fief de la Compagnie Oubliée, ou le terrible vectorium des Coquilles Vides. Une guerre d’une telle ampleur allait forcément donner naissance à de nouveaux champions, tout en affinant les réputations de ceux qui étalent déjà connus pour leurs talents.

Évidemment, l’impitoyable machine de guerre allait aussi broyer de nombreux champions dans ses rouages. Pour chaque héros qui faisait parler de lui sur le champ de bataille, dix autres connaissaient une fin funeste et anonyme. Le Capitaine de la Peste Oghlosmus Bilge, les Princes Démons nommés les Cystlings, la Commandante-chanoinesse Joghilde de Notre Dame des Martyrs, le Contre-amiral Vordkin du Mouillage de Solari… Tous faisaient déjà partie des héros dévorés par le conflit, et l’appétit de celui-ci était loin d’être satisfait.

Comme la vague d’étrave d’un vaisseau fantôme, l’invasion de la zone de guerre Charadon fut précédée d’étranges phénomènes. Les ombres de la Noctis Aeterna venaient à peine de disparaître des Sous-secteurs Obolis et Lirac que des sectes secrètes se soulevèrent et que des maladies originaires du Warp se répandirent.

La Palatine Luminas et sa mission, disparues dans les ténèbres du Repos de la Martyre ; les aquifères rougis de sang dans la Ruche Achtorian de la Baie de Dyroch; une vague de mutations rangeant la planète-prison Impie, et une épidémie de sorciers sur le monde-sanctuaire d’Alexistor ; des suicides de masse organisés par des démagogues sur le monde minier d’Heliotyr… la liste des sombres présages était sans fin. La proximité de la Grande Faille déformait le flux temporel, par conséquent le Fabricator-Général Khleng de Metalica avait décrété que le Secteur Charadon allait adopter un nouveau calendrier de Chronologie Métalicaine Circonscrite. Dès lors, chaque cycle de travail de ce calendrier était le témoin de nouvelles atrocités.

Le techno-clergé de Metalica pratique une branche extrême de la foi en l’Omnimessie. À ses yeux, la pureté industrielle est prime sur tout le reste, et toute existence biologique superflue doit être éliminée. Alors que les horreurs s’accumulaient, le clergé de Khleng demanda l’autorisation d’agir. Le Fabricator-Général restait dans l’observation car, selon lui, ses alliés impériaux risquaient d’adopter des attitudes illogiques en cas d’intervention. Néanmoins, lorsque les cadavres pestiférés du Don de Saint Espin ressuscitèrent et assaillirent les Ruches, Khleng avait l’excuse qu’il lui fallait pour déchaîner ses arches d’éradication. Les trois vaisseaux archéotechnologiques armés de batteries macrorads se postèrent au-dessus du Don de Saint Espin et liquéfièrent ses villes, leur population et les hordes qui les attaquaient. Ce Monde-Ruche fut la première victime des Arches d’éradication, et il ne fut pas le dernier. Les autorités impériales s’offusquèrent avec de plus en plus de véhémence tandis que les Metalicains appliquaient leur doctrine extrémiste, et une guerre civile aurait éclaté si le véritable ennemi n’était pas arrivé.

Sur ordre d’Abaddon, Typhus et Akhorath Zeid de la Black Legion lancèrent un assaut en trois colonnes contre le Sous-secteur Obolis. Une des forces, sous les ordres du très méthodique Seigneur Ihraxoplasmox, plongea dans le Système Chromyde. Il découvrit des mondes aux défenseurs déjà affaiblis, empêtrés dans des combats contre des pirates Drukharis sur Okharium, Torthusa, la Baie de Dyroch et le Repos de la Martyre.

Au même moment, la seconde colonne frappait le système isolé d’Alumax. Bravant des remous du Warp dans lesquels aucun vaisseau impérial n’aurait osé s’aventurer, Oghlosmus Bilge et sa flotte de la peste usèrent de l’effet de surprise pour décimer les défenseurs impériaux. En dépit d’actes héroïques de la part des Cadiens de la Colonel Elena Broski, la région tomba rapidement. faisant des riches systèmes situés au-delà des proies faciles. Néanmoins, l’assaut le plus violent eut lieu contre le Système Duralim, un bastion impérial non seulement essentiel pour la défense de Metalica elle-même, mais qui gardait aussi l’entrée d’un passage à peu près stable à travers le Warp vers le Sous-Secteur Lirac. Typhus et Zeid menaient personnellement cette attaque. Le premier détruisit le Monde-Sanctuaire d’Alexistor pendant que le second semait l’anarchie sur les Mondes-Ruches et les Agri-Mondes.

Inquiété par la soudaineté de l’assaut, et - cherchant à stopper l’élan des hérétiques, le Fabricator-Général Khleng ordonna à ses forces de battre en retraite pour mieux contre-attaquer. Le célèbre Maréchal Decitor Septrax-Tertian des Skitarii, la Legio Titanique des Crânes de Fer du Haut Princeps Van Kassen et d’innombrables cohortes de soldats metalicains se retirèrent dans le trio de systèmes fortifiés appelé les Portes Métalicaines. C’étaient les seuls systèmes solaires avec des tiens empyréens stables vers le Système Metalica, donc Khleng pensait que tant qu’ils seraient défendus, les ravages de l’ennemi pourraient être stoppés. Même si cette stratégie permit de renforcer les Systèmes Feiror, Brezantius et Rhodior, elle poussa aussi à abandonner des armées de l’Adeptus Astartes, de l’Adepte Sororitas et de la Garde Impériale dans les systèmes évacués par l’Adeptus Mechanicus. De plus, cela laissait les coudées franches aux osts de Typhus. Au lieu d’envoyer ses troupes d’élite contre les défenses de Metalica, Typhus se concentra sur l’implantation d’Exhausteurs Miasmatiques, et sur la célébration de sombres rituels qui provoquèrent l’apparition de légions démoniaques destinées à attaquer les Portes Métalicaines. Soutenues par des vagues de sectateurs, de mutants et de renégats, les armées de l’Empyrée engluèrent les défenseurs impériaux dans une guerre d’usure pendant que Typhus se préparait à donner le coup de grâce.

Le siège des Portes Métalicaines fut une des phases les plus cauchemardesques de la guerre. Les forces impériales retranchées furent assaillies par des horreurs jaillissant de failles dans la réalité. Les canaux et les réservoirs de produits chimiques se remplirent de sang. Un feu cristallin tombait du ciel et rendait fou ceux qu’il touchait. Des macroclades entiers de soldats Métalicains furent sacrifiés, en les forçant à tenir bon en leur envoyant des imprécations neurales qui en faisaient des automates. Les cadavres formaient des montagnes, cependant les Portes Métalicaines résistèrent face à ces assaillants infernaux.

Toutefois, avant que Typhus pût porter le coup fatal, la cause impériale reçut des renforts. Le Premier Capitaine de la Death Guard avait déployé des forces dans le Sous-Secteur Lirac pour bloquer les Chevaliers de la Maison Raven, mais ces alliés le trahirent, si bien que le Princeps Grevan fut en mesure d’emmener ses Chevaliers dans le Système Duralim pour frapper les lignes arrières du Chaos. Au même moment, une autre force impériale sortit du Warp dans le Système Rhodior : les macroclades de la lune-forge Deimos arrivaient, accompagnés par une force d’élite de Chevaliers Gris. Au cours des cycles suivants, l’avantage changea de camp, au point que Typhus et ses osts furent repoussés de Feiror, Brezantius et Duralim et allèrent se réfugier dans le Système Alumax.

L’hésitation dont ils firent alors preuve coûta cher aux loyalistes. Le Warp était si destructeur pour les infrastructures du sous-secteur que toute tentative d’orchestration des manœuvres était impossible. Pire encore, le Fabricator-Général Khleng était piégé dans une boucle logique répétitive alors qu’il tentait de comprendre comment des adversaires organiques et hérétiques avaient pu surclasser à plusieurs reprises la pureté mécanique de ses armées. Lorsque le Maitre de Chapitre Tanielu des Excruciators alla à l’encontre du protocole en menant une grande Force de Frappe dans le Système Alumax, c’était déjà trop tard. Les esclaves-sorciers de Typhus achevaient un gigantesque rituel dans leur temple de la peste sur le monde récemment conquis du Trône de Saint Bartolph. Ce faisant, ils activèrent le réseau de mycélium empyréen qui s’étirait entre les innombrables Exhausteurs Miasmatiques des forces hérétiques. Sur des dizaines de mondes déchirés par la guerre, des morts infectés se relevèrent pour assaillir les forces impériales.

Les défenseurs pris au dépourvu essayèrent d’enrayer ces épidémies du Warp. Au même moment, le Trône de Saint Bartolph fut précipité dans un abyme putréfié qui s’ouvrit dans le temps et l’espace. Le navire amiral de Typhus, le Terminus Est, et sa flotte s’y précipitèrent. Cette faille Warp baptisée la Fistule les mena au cœur du Système Métalica.

La Guerre sur le Front Metalican

Le Blitz de Metalica

Pendant que la bataille faisait rage dans le reste du système, Typhus lança sa véritable offensive. Tout d’abord eut lieu l’attaque de la station de bataille du néant profond de l’Ancrage de Solari. Le Contre-amiral Vordkin envoya des navires d’évacuation sous la protection des canons du bâtiment de guerre Mercy of Blade. Ce fut le seul semblant de victoire remportée ce jour-là, car les vaisseaux de Typhus pénétrèrent le réseau défensif de Solari et abordèrent la station avec un grand nombre de troupes. Peu après, l’Ancrage de Solari fut capturé, et la station allait pouvoir servir de tête de pont aux troupes de Nurgle. Ne s’arrêtant que le temps de réarmer, de se ravitailler et de célébrer quelques sacrifices, Typhus reprit ensuite sa route vers le Monde-Forge.

L’espace orbital de Metalica était dominé par des chaînes de manufactorums appelées la Corona Industris, et par un halo de défenses semi-autonomes appelé la Corona Militaris. Des escadrons de vaisseaux spatiaux patrouillaient dans cette enveloppe orbitale. Les navires Explorators et les arches de guerre étaient accompagnés par d’agiles navires de l’Adeptus Astartes et par d’autres bâtiments ayant échappé à la chute de l’Ancrage de Solari. Ayant recours à diverses feintes, Typhus testa les défenses impériales à la recherche de la moindre faiblesse. Sept heures après le début de l’engagement, il repéra une faille et ordonna soudain au Terminus Est d’avancer avec une escorte de croiseurs bénits par Nurgle. Se servant de ces navires comme bouclier, il s’approcha de la Corona Militaris puis aborda la plate-forme Archimède-Tri a la tête de ses Terminators Rouillarques et d’un conclave de prêtres du Mechanicum Noir.

Usant de tabernacles parasites, les prêtres du Mechanicum Noir introduisirent des fantômes de données dans la plate-forme de défense pendant que Typhus et ses guerriers les protégeaient. Les fantômes prirent le contrôle des esprits des machines, puis s’infiltrèrent dans les métadonnées sanctifiées et les datacâbles des plates-formes avoisinantes. Plusieurs forteresses de la Corona Militaris furent ainsi possédées par des démons et ouvrirent le feu sur leurs alliés alors que Typhus ordonnait au reste de sa flotte d’avancer. Des Space Hulks, des navires de la peste et des croiseurs renégats s’élancèrent pour commencer le siège de Metalica, sous le feu de ses batteries orbitales…

Pour la première fois de la guerre, Metalica était attaquée dans son propre système. Pire encore, la force d’invasion était la plus terrifiante rencontrée jusqu’alors, car Typhus en personne menait ses forces contre le Monde-Forge. Des combats éclatèrent sur plusieurs planètes et dans l’espace alentour.

La Fistule apparut dans le néant, aux abords du Système Métallica. Elle s’élargit jusqu’à être visible de la Corona Militaris, auréole nauséeuse parmi les étoiles. Ses entrailles bouillonnantes vomirent des pestes entropiques. Celles-ci s’abattirent sur le Monde-Ruche Munis Ferrum, qui avait le malheur d’être le plus proche de la faille Warp. Les cités de cette planète furent les proies de pestes de l’Empyrée et d’incursions démoniaques. Beaucoup de navires de contrôle Skitarii en orbite huent assaillis par des entités anticode qui infiltrèrent les datacâbles pour corrompre les soldats-cyborgs stationnés au sol, si bien que lorsque les Prêtres du Mechanicum Noir atterrirent sur Munis Ferrum, il était déjà en proie au chaos.

Alors que les vagues de navettes d’assaut des hérétiques sortaient de la Fistule, toujours plus de planètes furent attaquées. La forteresse-astéroïde blindée de Ferrovigilum, qui abritait le relais astropathique du système, fut ciblée par la Legio Morbidus et ses meutes de Chevaliers du Chaos. S’attendant à une victoire rapide, les hérétiques se heurtèrent pourtant à des troupes impériales d’élite. Le Maréchal Skitarii Decitor $eptrax-Tertian mena ses cohortes aux côtés des Titans des Crânes de Fer et des Sans-fief de la Compagnie Oubliée. Les pertes impériales furent lourdes, cependant leurs tactiques de harcèlement bien huilées prélevèrent un lourd tribut sur les forces des hérétiques.

Au même moment, le monde-carrière de Plenitas et le monde batterie d’Ohmex Magnifica étaient les théâtres d’affrontements féroces. Sur le premier, le Seigneur Fecuthrott, le Faucheur de la Death Guard, chercha à submerger ses ennemis sous des vogues de cultistes esclaves immondes, mais la résistance des cohortes de Skitarii et de leurs machines de guerre Ordinatus fut féroce. Sur le second, les légions de l’Omnimessie parvinrent à acculer et à anéantir les troupes démoniaques de Khorne en faisant preuve d’une efficacité méthodique. Ces victoires locales auraient pu être célébrées, toutefois ces actions secondaires servaient uniquement à détourner des forces impériales de l’objectif de Typhus.

Le Système Metalica n’était pas seulement assailli, il était aussi isolé. La faille Warp qui grossissait menaçait la sécurité de toutes ses planètes et provoquait des remous empyréens ravageurs. L’Immaterium se mit à déstabiliser même les routes les plus fiables à travers le Warp. Quand des Navigators des Systèmes Rhodior, Brezantius et Feiror, c’est-à-dire les systèmes formant les Portes Métalicaines, tournèrent leur troisième œil vers Metalica, ils ne virent plus la lumière de l’Astronomican, mais uniquement un vortex de démence dans lequel aucun navire impérial ne pouvait s’aventurer sans être détruit.

Certains voulaient malgré tout essayer, jusqu’à ce que des nouvelles de la catastrophe leur parviennent. Le Princeps Greven de la Maison Raven avait prêté serment, et juré de combattre pour Metalica quelles qu’en soient les conséquences. Van Kassen des Crânes de Fer était un fidèle serviteur de son Monde-Forge, et disposait de nombreux manipules de machines-divines au sein de son système, même s’ils étaient isolés. Les maréchaux, Technoprêtres et autres chefs des légions de Metalica souhaitaient aider leur Monde-Forge, et avaient même envoyé une directive de motricité primaire allant dans ce sens. Plusieurs vaisseaux spatiaux de Metalica furent détruits par les tempêtes Warp alors que leurs capitaines tentaient désespérément de répondre à l’appel à l’aide de leur Fabricator-Général.

Cependant, il y avait aussi de nombreux chefs militaires de l’Imperium éparpillés dans la zone de guerre qui n’avaient pas pour objectif prioritaire de venir en aide à Metalica. L’Imperium est un régime oppressif, une dictature totalitariste horrible où la vie de l’écrasante majorité de la population est aussi courte que misérable. Malgré tout, même dans ce contexte de dystopie écrasante, la destruction de planètes entières sous les radiations des armes de Metalica avait profondément révolté les peuples, qui n’avaient pas oublié ces atrocités. Un tel génocide perpétré par les flottes de l’Adeptus Mechanicus avait eu pour conséquence de s’aliéner les habitants de toutes les planètes ayant été témoin de la brutalité de ce procédé.

Et de toute façon, il faut bien reconnaître que la plupart des forces impériales dans le Sous-secteur Obolis auraient été incapables de répondre au message de détresse de Khleng, même si elles l’avaient voulu. Des tours en flammes de Resplendis jusqu’aux plaines calcinées de Sustace, des océans agités de Concept aux factorums de munitions de Laboritum, en passant par les dernières forteresses montagneuses qui résistaient encore sur la planète ravagée de Sabhira, l’entropie avait étendu son emprise.

Reliés par le mycélium empyréen qui s’étirait dans l’espace Warp, et fortifiés par l’immense rituel célébré sur le Trône de Saint Bartolph, des milliers d’Exhausteurs Miasmatiques provoquaient dans la zone de guerre une tempête pestilentielle d’une ampleur inégalée. Des milliards de morts ressuscitaient, leur chair putréfiée ravagée par les mutations, et leurs yeux luisant d’une lumière verdâtre surnaturelle. Des nuées de mouches à peste jaillissaient du moindre recoin et de la plus petite fissure, et s’agglutinaient dans le ciel, provoquant un bourdonnement assourdissant à travers les terres. Des maladies étranges se répandaient comme des feux de brousse parmi les troupes loyalistes aussi bien que renégates. Les 64e et 817e Vostroyens furent décimés par une éclosion de fièvre frétillante alors qu’ils défendaient les portes de la Ruche Moshivan face à une horde de dix mille zombies. La terrifiante offensive de la Crête Rouge lancée par Maardek Khal des Iron Warriors fut stoppée à cause d’une épidémie de peste ferreuse. L’Opération Sanctuaire, destinée à transporter des personnels vitaux jusqu’au monde industriel Ferryk, tourna court quand le Titan loyaliste Will of Pire fut infecté par des vers de rouages. Réduits à l’état de poches organiques démentes, les membres d’équipage tournèrent leurs canons vers leurs alliés, puis provoquèrent la surchauffe du réacteur, dont l’explosion anéantit tout dans un rayon de trois kilomètres.

Cela continua ainsi. Des conflits localisés apparurent soudainement dans les Systèmes Duralitn, Brezantius, Feiror, Chromyde et même Rhodior. Les navires étaient eux aussi affectés, et durent affronter des épidémies de zombies apparues dans leurs morgues. D’autres furent obligés de se mettre en quarantaine alors que des maladies balayaient leurs équipages. Les guerriers harassés se postaient derrière leurs remparts pour tuer de nouveau des légions d’ennemis qu’ils avaient massacrés auparavant. Là où combattaient les forces de l’Adeptus Astartes, des Sœurs de Bataille et de la Maison Raven, les nuées d’horreurs furent tenues en respect, mais les autres armées de l’Imperium n’eurent pas un tel succès, et des dizaines de régiments de l’Astra Militarum périrent.

Sur le front Chromyde, où la Cryptoemissarius L’au et ses cohortes de Deimos venaient d’arriver, les forces impériales parvinrent à reprendre l’initiative. Elles ciblèrent le monde-industriel d’Okharium, afin d’aider le Capitaine Glaine Kherrus et ses soldats de Savlar. L’au établit une tête de pont puis, après avoir repoussé l’ennemi des ruines de Sabhira, se prépara à effectuer une poussée vers Torthusa. Néanmoins, les nouvelles de ces victoires ne se répandirent pas dans le Sous-Secteur Obolis en proie au maelström entropique, pas plus qu’elles ne pouvaient empêcher ce qui se déroulait dans le Sous-Secteur Lirac : sur le monde reculé de Dhoku, un autre rituel était célébré. Ses conséquences allaient être terribles…

Yarron Thayl était tapi aux abords du temple souterrain que les Disciples et lui avaient conquis de haute lutte. En tant que Sorcier de l’Alpha Legion, il était accoutumé à contempler des visions qui auraient broyé la raison de tout autre que lui. Néanmoins, la macabre majesté de ce lieu menaçait de le submerger eu s’y attardait trop. Plusieurs Titans Banelord auraient aisément pu tenir dans cet espace sans être à l’étroit. Les murs bougeaient constamment, des blocs d’onyx et d’argent garnis d’aiguilles qui s’imbriquaient pour se séparer aussitôt, tel un puzzle insoluble. Les seuls éléments immuables étaient les balcons richement décorés, où se dissimulaient nombre de guerriers de Thayl. Des colonnes cyclopéennes, de trente mètres de diamètre, soutenaient le plafond. Leur surface était entièrement rouverte de visages torturés - certains humains, et d’autres non, unis dans un hurlement de souffrance sans fin. Le sol était du marbre noir veiné d’or.

À l’autre extrémité du temple se dressait une statue titanesque qui semblait taillée dans les ténèbres pures. Elle était humanoïde mais dépourvue de traits distinctifs. Sa surface lisse ne réfléchissait pas la lumière, qui semblait plonger dans la statue comme si c’était un abysse sans fond. Cet effet était si déroutant désorientait quiconque l’observait trop longtemps. À ses pieds se tenait un autel sacrificiel, de noir et d’argent, dont les quatre coins étaient ornés d’une torche : une d’airain, où brûlait une flamme cramoisie ; une en or, dont la flamme produisait un éclat tour à tour bleu, rose, vert et jaune ; une torche à la hampe rouillée et sale, où brillait une flamme d’un vert écœurant produisant une immonde fumée noire ; et enfin une torche d’ivoire et de corail luisante de sueur qui émettait une flamme lilas à peine visible.

Les xénocultistes avaient lutté vaillamment pour empêcher les Disciples de s’emparer de ce lieu. Thayl supposait qu’ils avaient pris l’idole pour une représentation de leurs dieux, et qu’ils l’avaient peut-être même implorée de les délivrer de leurs adversaires. Leur méprise l’amusait au plus haut point.

« C’est interminable, » se plaignit Vekhus sur le vox de l’escouade. Sa voix était distordue. L’étrangeté de cette salle brouillait même les transmissions à courte portée.

Thayl considéra brièvement ses Élus qui l’entouraient lui dans la pénombre. Ils portaient les armures et les insignes de légionnaires du rang, mais c’était en réalité des vétérans bénis des Dieux Sombres. Cette mascarade n’était qu’un des subterfuges dont usait couramment l’Alpha Legion.

« Patience, le rituel a commencé, » répondit Thayl. Il n’esquissa pas le moindre geste. mais un clignement d’œil lui permit de télécharger des désignateurs runiques directement sur les lentilles de leurs casques, illuminant les huit cercles rituels de Word Bearers vêtus de robes qui entouraient les pieds de la statue. Les fils génétiques de Lorgar étaient en train de rengainer leurs couteaux sacrificiels, avant de placer les corps des derniers sectateurs Génovores au sommet des piles de cadavres au centre de chaque cercle. L’ichor des xénocultistes s’écoulait le long des rigoles d’argent du sol pour former une mare autour de l’autel.

Les Word Bearers entonnèrent un chant qui résonna dans tout le temple caverneux. Thayl envoya une autre rune à ses guerriers, dont le déploiement évoquait une embuscade rituelle, et ils émirent un susurrement sifflant qui formait un contrepoint inquiétant au chant plus grave des Word Bearers.

L’Apôtre Noir Tsorr’Kanath, grand prêtre des Disciples, entra dans le temple par une arche immense, accompagné de sept Frères de Bataille triés sur le volet qui se dirigeaient vers la statue. Ils étaient vêtus de robes ornées de nombreuses étoiles à huit branches et brandissaient chacun un flambeau allumé. Trois immenses Serviteurs les suivaient. Leur corps était un mélange de muscles couverts de tumeurs et de bioniques grossiers, et ils avaient des braseros en guise de tête. Ils tractaient le corps mutilé et enchaîné du Patriarche de la Secte Génovore de Dhaku.

Thayl trouvait cette créature répugnante. Elle avait éliminé ses propres agents sur ce monde et converti les clans miniers de Dhaku au culte des faux dieux, aussi l’offrir en sacrifice n’était que luette. Le Patriarche grognait et se débattait, une lueur meurtrière dans le regard. Mais amputé et couvert de chaînes de la sorte, il était totalement impuissant.

Le chant et le sifflement continuèrent comme la procession de prêtres approchait du temple, jusqu’à ce qu’enfin ils pénètrent dans le cercle de sang qui ceignait la statue. Ses optiques zoomèrent sur l’image jusqu’à ce qu’il puisse assister à la scène comme s’il se trouvait juste en dehors du cercle. L’Esprit de la Machine retors de son casque comportait des sous-programmes qui enregistraient tout à des fins d’analyse. Thayl étudierait plus tard les données, pour voir s’il pouvait y trouver une information qui lui apporterait l’avantage dans une confrontation à venir. Ces Word Bearers étaient les plus proches alliés de la bande de Thayl, et ce depuis des siècles, mais il n’était pas question pour autant de renoncer à la ruse caractéristique des fils d’Alpharius.

Le rythme cardiaque de Thayl accéléra quand, sur un ordre de Tson’Kanath, les Serviteurs soulevèrent leur captif pour le plaquer violemment sur l’autel. Les serfs cyborgs furent aspergés d’ichor acide qui rongea le métal de leurs implants et leur chair en émettant de la fumée. Le Patriarche poussa un hurlement de douleur qui n’avait rien d’humain. Avant que son écho mourût, Tsorr’Kanath tira de son fourreau une lame sacrificielle aussi longue que le bras. Il saisit la poignée à deux mains et plongea la lame dans la poitrine du Patriarche, dont les cris redoublèrent. Ignorant le liquide corrosif qui giclait sur sa chasuble, l’Apôtre Noir retira la lame et la replongea encore et encore dans le corps de sa victime. La lame s’enfonça huit fois dans les chairs du monstre supplicié. Lorsque le dernier coup s’abattit, le chant et le sifflement reptilien atteignirent leur apogée, dont l’intensité déclencha les audio-atténuateurs du casque de Thayl, l’ichor bouillonnait furieusement dans les gouttières de l’autel, produisant une épaisse fumée noire qui montait en spirale autour de l’idole. Thayl écarquilla les yeux de surprise cependant que l’immense silhouette tressaillit puis se mit à bouger.

Une obscurité totale s’abattit sur le temple. Thayl ne savait pas si les torches, les braseros et les lumières des armures s’étaient éteints d’un coup, ou s’il était soudain devenu aveugle. Son instinct lui cria un avertissement. Il avait l’impression d’être pris au piège d’un espace confiné, incapable de voir le prédateur qu’il savait rôder alentour. Il sentit l’étoffe glacée d’un suaire tissé dans le néant glisser sur sa peau en prélude à ses funérailles. La voix, lorsqu’elle vint, était semblable au chuintement redouté de l’air qui s’échappe d’une brèche dans la coque d’un vaisseau. C’était le souffle du vent sur les ossements qui jonchaient les antiques champs de bataille d’un monde mort. C’étai le râle d’agonie de l’espoir. La voix rampa jusqu’à lui comme si les lèvres d’où elle s’échappait étaient contre son oreille. Sa peau se contracta à ce son, et se couvrit d’une sueur glaciale. Ses cœurs battaient à tout rompre. Était-il le seul à l’avoir entendue ? Ou est-ce que la présence maléfique s’était adressée à tous les Disciples à la fois ?

Il savait que c’était la voix de l’entité que les Disciples étaient venus invoquer. Celui qu’ils adoraient comme un dieu, le véritable champion des Dieux Sombres, le premier et le seul à mériter leur appui. Dans ces ténèbres impénétrables, Varron Thayl entendait la voix du Maître des Ténèbres. Be’lakor.

« Vous m’avez fidèlement servi, » dit la voix, résonnant dans l’esprit de Thayl. « Vous êtes dignes de mon soutien. J’observe à travers le voile les grouillements futiles de ceux qui furent nés. Je vois tout. »

Un frisson d’excitation parcourut le corps de Thayl comme une décharge électrique. Ils avaient invoqué le Prince Démon, et celui-ci était satisfait de leurs efforts.

« Je vous donne une chance de vous montrer à nouveau dignes de ma faveur, » reprit le Démon, « Car ne suis-je pas généreux ? Rendez-vous sur Kolossi. Là, nous commencerons… »

La lumière et le son revinrent si brusquement qu’il eut l’impression qu’un obus avait explosé juste devant lui. Thayl recula en titubant, souffla longuement et faillit tomber à genoux. Il vit que les autres Disciples semblaient tout aussi désorientés. Certains étaient tombés et essayaient de se relever tant bien que mal. Il éprouvait une confusion diffuse, comme s’il avait regagné une réalité changée de façon subtile mais fondamentale. Il sonda prudemment les environs avec ses sens psychiques, à la recherche de l’origine de cette sensation. Malgré son attention surnaturelle aux moindres détails, il fallut les alarmes insistantes des sous-programmes de son Esprit de la Machine pour qu’enfin il comprenne ce qui avait changé.

C’était si énorme que son esprit avait été incapable de l’appréhender jusque-là.

À l’extrémité du temple, le ténébreux colosse avait disparu. La statue dont la présence écrasait le temple souterrain n’était plus Là.

MET/CI/CHRON - 990LRC-1014LRC : Le Trophée de Be'lakor

Kolossi, monde natal des Chevaliers de la Maison Raven, était le bastion le plus important du Sous-secteur Lirac. Si le Monde Cardinal de Vikatrina, dans le système Eladagh, était chargé de la gouvernance de la région, Kolossi fournissait l’essentiel de la puissance militaire qui mettait le sous-secteur à l’abri de toute menace. Sa puissance était incontestée - jusqu’à présent.

En dehors de la lune d’entraînement de Lith, Kolossi était le seul corps céleste orbitant l’étoile du système Tethras. C’était une planète massive dont l’atmosphère était saturée de gaz toxiques après des millénaires d’exploitation minière débridée. La majorité de la population vivait dans les complexes industriels souterrains établis dans les failles qui zébraient toute la planète. Alimentées par des générateurs géothermiques, ces cités grouillaient d’ouvriers qui travaillaient dans les mina et les temples-forges ou s’occupaient des cuves où l’on produisait la bouillie nutritive pour les habitants. Chaque ville était sous l’autorité d’un Baron de la Maison Raven. Ceci dit, ces nobles étaient bien souvent occupés à guerroyer loin de leurs planètes, et déléguaient leurs responsabilités à des subalternes.

Tel était le cas alors. La Maison Raven comptait nombre de Chevaliers, mais les quatre cinquièmes de leurs effectifs avaient accompagné le Princeps Grevan dans le sous-secteur Obolis. Sire Havlorn, Chevalier Sénéchal de Greven, s’était vu confier la garde du Fort Inviolé. Il avait l’appui d’une lance d’élite de l’Ordre des Compagnons, ainsi que de quarante Nobles pilotes de la Maison Raven, trente-six cohortes de miliciens cyborgs, une armée de Serviteurs d’appui et de combat, et tous les Sacristains qui n’étaient pas partis en croisade. L’armée de Havlorn pouvait tenir des mois durant le Fort Inviolé contre un assaillant ordinaire, suffisamment longtemps pour qu’un message de détresse parvienne jusqu’au Princeps Grevan afin que la fureur de la Maison Ravan se déchaîne contre quiconque oserait s’en prendre à leur monde natal.

Un Ciel en Flammes

Après avoir quitté les ruines jonchées de cadavres de Dhaku, les Disciples atteignirent le Système Tethras au moment où Kolossi sombrait dans les ténèbres. Tsorr’Kanath et Varron Thayl ordonnèrent à leur flotte de se diriger à pleine vitesse sur la planète. Cependant, avant d’en atteindre l’orbite, ils s’interrompirent face à une arrivée aussi soudaine qu’inattendue. De derrière la face cachée de Lith émergèrent deux énormes croiseurs de classe Piety de l’Adepta Sororitas, arborant l’héraldique de l’Ordre de Notre-Dame des Martyrs, et escortés par des frégates de la Navis Imperialis. L’Alpha Legion décrypta rapidement les codes-vox Impériaux et découvrit qu’il s’agissait de l’avant-garde d’une force plus importante. Le Groupe de Combat Tarsus de la Flotte de Croisade Indomitus Primus se dirigeait vers la Zone de Guerre Charadon, et il semblait que ces navires s’étaient déroutés vers Kolossl sitôt qu’ils avaient reçu ses appels de détresse.

Les maîtres des Disciples tinrent une brève holoconférence. La flotte ennemie les surclasserait en cas d’engagement direct, mais Thayl suggéra aux Disciples de s’approcher à toute vitesse pour être à l’intérieur de la portée minimale des canons ennemis afin de lancer un abordage pour tirer parti de leur force post-humaine et faire tourner les événements en leur faveur. Tsorr’Kanath acquiesça, et ajouta que la hâte rendrait leurs ennemis imprudents. Les seigneurs renégats savaient tous deux qu’ils n’avaient pas le droit de décevoir le Maître des Ténèbres. Ils étaient convaincus que Be’lakor avait prédit ce conflit et les avait incités à combattre en sachant qu’ils vaincraient.

Ainsi les deux flottes s’affrontèrent dans l’orbite de Kolossi. Les Boucliers Void furent court-circuités lorsque les torpilles les heurtèrent de plein fouet. Les faisceaux des lances déchirant les coques adamantines et entraînant des décompressions sur des ponts entiers. Les appareils d’abordage renégats pénétrèrent dans la coque de plusieurs frégates, et d’un des croiseurs de classe Piety. Mais dans le tumulte ambiant, le Vessel of Divinity, navire-jumeau du croiseur, parvint à larguer ses engins d’assaut planétaire dans l’atmosphère. Les Disciples ne pouvaient que poursuivre le combat, en espérant vaincre l’ennemi dans l’espace pendant que le cathedrum d’invasion des Sœurs de Bataille traversait le ciel ténébreux de Kolossi en direction du Fort Inviolé…

Mais Be’lakor n’était pas un envahisseur ordinaire. Au lieu de prendre une forme physique, le Maître des Ténèbres s’insinua dans les ombres de Kolossi et les cauchemars de ses habitants. Il sema les graines du doute et de la méfiance chez les dirigeants et les travailleurs et souffla sur les braises de la rébellion. Chaque fois qu’il s’introduisait dans un nouvel esprit, il en exhumait les rancœurs réprimées et ses secrets honteux. Il manipula les esprits les plus suggestibles pour les soumettre à sa volonté. Les outils du Démon n’étaient que des gouttes dans l’océan de l’Humanité de Kolossi, mais ils se répandirent comme un venin dans la population. Tout en murmurant ses mensonges dans l’esprit des habitants, Be’lakor utilisa sa magie pour insuffler un changement subtil sur toute la planète.

Si l’on accusa au départ des instruments défectueux ou une erreur humaine, il fallut bientôt se rendre à l’évidence : si les cycles de Kolossi conservaient la même longueur, les nuits étaient devenues plus longues. C’était illogique, impossible. La rotation de la planète n’avait pas changé, sa position relativement à son étoile n’avait pas été altérée, mais au cours d’un cycle de vingt-quatre heures, le soleil local brillait fort peu longtemps. Les Chevaliers de la Maison Raven et les maîtres des cités-forges firent tout ce qui était en leur pouvoir pour inverser ce phénomène contre-nature. Les hérétiques et ceux que l’on soupçonnait de sorcellerie furent précipités dans les flammes des macrobûchers industriels, ou enfermés dans des cages avant d’être plongés dans des puisards emplis de produits chimiques pour implorer l’Omnimessie de faire revenir la lumière. Plusieurs Nobles de la Maison Raven se lancèrent dans des quêtes pour découvrir la source de ce phénomène et y mettre un terme. Sire Havlorn descendit en personne dans les profondeurs du Fort Inviolé en compagnie de quelques-uns des meilleurs Sacristains de sa Maison pour s’assurer qu’aucun artéfact archéotechnologique aux fonctions inconnues ne s’était activé par erreur. En vain.

La panique se répandit quand il devint clair que ces nuits interminables étaient l’œuvre d’une force maléfique. Des prédateurs invisibles rôdaient au-delà des lumières artificielles, s’emparant des serfs dans les ruelles sombres ou des sentinelles montant la garde. Les Chevaliers quittèrent le Fort Inviolé pour traquer les tueurs invisibles. En vain. La panique grandit lorsque les serfs de la planète commencèrent à dire que les nobles qui les dirigeaient étaient incapables de les défendre. Le seul endroit épargné par la nuit contre-nature était le Fort Inviolé, où l’aube se levait à l’heure habituelle et où nulle horreur ne hantait la nuit. Selon certaines rumeurs, lancées par des Serviteurs de Be’lakor, l’Omnimessie était en colère, et il avait maudit toute la planète, à l’exception des Nobles. Des pénitents s’électro-flagellaient dans les rues des cités-failles et priaient dans les temples. Pourtant, les nuits continuaient à s’allonger.

Lors du premier cycle où le jour ne se leva pas du tout, Sire Havlorn, surmontant sa répugnance, fit une entorse à son code de l’honneur et ordonna à ses Astropathes d’envoyer des communiqués pour avertir le Princeps Grevan qu’un danger menaçait Kolossi. Il ordonna également à sa milice de rassembler les habitants vivant à proximité pour qu’ils s’abritent derrière les remparts du Fort Inviolé. Comme il le disait à l’époque :

Quelle que soit l’identité de l’ennemi, ce sont des chiens sans honneur, des couards qui rôdent dans les ténèbres et s’en prennent aux faibles. Qu’ils assaillent les murs de notre indomptable forteresse. Ils n’y arriveront pas.

Bien sûr, certaines villes étaient trop éloignées pour être évacuées, aussi leurs habitants se terrèrent chez eux en allumant toutes les lumières, tandis que les soldats guettaient la nuit perpétuelle. L’une après l’autre, ces cités disparurent à jamais du réseau vox planétaire. De même, certaines colonnes d’évacués n’atteignirent jamais le Cercle Sanctifié du Fort Inviolé, perdues corps et biens, de même que leurs escortes. Ceci étant dit, des centaines de milliers de réfugiés atteignirent sains et saufs la forteresse. Le donjon était suffisamment grand pour tous les accueillir, et l’état-major de la milice était ravi de cet afflux de recrues potentielles. Nul ne savait que parmi les populations reconnaissantes se cachaient ceux dont Be’lakor avait corrompu l’âme, et qui entendaient bien accomplir la volonté de leur Maître des Ténèbres.

Crépuscule

Les Disciples se trompaient. Be’lakor n’avait en rien prédit l’arrivée de l’Adepte Sororitas dans l’orbite de Kolossi. Cependant, il n’avait que faire de ces pieux renforts impériaux. Néanmoins, leur arrivée le poussa à agir : il était temps de cesser de tourmenter sa proie pour asséner le coup de grâce.

Une cacophonie de cris hideux résonnait dans les ténèbres qui cernaient le Fort Inviolé. Les sentinelles braquaient leurs armes sur des silhouettes indistinctes. L’espoir revint quand le cathedrum d’invasion du Vessel of Divinity atterrit à quelques kilomètres de leur position, dans un fracas de rétrofusées et d’hymnes religieux émis par vox. Mais alors que les lumières de l’atterrissage du cathedrum s’estompaient, les Démons attaquèrent.

Les entités empyréennes qui surgirent des ténèbres traînaient derrière elles des lambeaux de pénombre, troublant à la fois vision organique et électronique, mais les défenseurs n’en furent pas moins terrifiés par le peu qu’ils en virent. Des masses grouillantes se précipitèrent vers les remparts, certaines à pied, d’autres portés par des ailes de chauve-souris, tandis que d’autres encore galopaient juchés sur des montures difformes. Des horreurs surgies de l’abîme des légendes étaient apparues dans la froide lueur de la réalité pour charger le Fort Inviolé et dévorer les âmes qui s’y étaient abritées.

Malgré un réseau vox brouillé par des murmures impies, Sire Havlorn ordonna aux défenseurs de se mettre a leurs postes. Les Chevaliers se mirent en position pour ajouter leur puissance de feu à l’artillerie du Donjon, tandis que d’autres se tenaient prêts à lancer une contre-charge si l’ennemi parvenait à franchir l’enceinte extérieure. Les guerriers sur les remparts firent pleuvoir des grêles de tir d’armes lourdes, tandis que des troupes quittaient leurs casernes pour venir les renforcer. Les Nobles qui se reposaient ou priaient quand l’attaque avait commencé se hâtèrent de gagner leurs Trônes Mechanicum. Les Sacristains entonnèrent des rites binhaires comme des câbles et des interfaces neurales connectaient chaque Noble à son Trône. Seule une poignée de prêtres, ceux que Be’lakor avait corrompus, savaient que les Trônes étaient infestés de parasites de métaloderme démoniaque, car aucun Noble ne se rendit compte de la moindre anomalie. Les générateurs vrombirent, les canons furent armés, et les servomoteurs bourdonnèrent lorsque le tiers des Chevaliers de la garnison de Sire Havlorn rejoignirent leurs compagnons d’armes sur les zones de rassemblement du Fort Inviolé.

Ce fut alors que Havlorn s’adressait à ses troupes en vue de l’affrontement contre les hordes démoniaques que les Nobles corrompus ouvrirent le feu tandis que des émissions d’anticode saturaient le réseau vox. Havlorn mourut le premier, son cockpit réduit à l’état de ruine de métal en fusion par un tir à bout portant de Canon Thermique. Plus de la moitié des nobles loyalistes périrent avec lui dans les premiers moments confus de la bataille.

Les autres se dispersèrent, leurs Boucliers Ioniques tentant tant bien que mal d’arrêter les tirs adverses, crachant un flot d’invectives vengeresses comme ils ripostaient aux traîtres possédés.

Cette traîtrise laissa le Fort Inviolé sans direction. Les officiers des cohortes de la garnison tentèrent de prendre le relais, et renforcèrent leurs lignes de défense pour que les canons des remparts continuent de tirer tandis qu’ils redéployaient les cohortes derrière les lignes afin qu’elles puissent tenter de contrer les Chevaliers renégats qui se déchaînaient dans le donjon. C’est alors que Be’lakor frappa. Le mur de ténèbres qui cernait les remparts se mit à tourbillonner de plus en plus vite tandis qu’il était lacéré par des éclairs pourpres. Tel un raz-de-marée soudain, les ténèbres se déversèrent pour étouffer les lumières du Donjon et plonger les défenseurs dans une nuit absolue. La foi des Impériaux en la protection de l’Omnimessie vola en éclats. Les cohortes étaient trop bien entraînées pour céder à la panique, mais ce n’était pas le cas des réfugiés, qui envahirent les salles et les couloirs du Donjon dans leur course effrénée pour trouver une échappatoire. En proie à une terreur primait certains attaquèrent les défenseurs. D’autres, ceux qui étaient affligés de pouvoirs psychiques latents, devinrent des portails vivants pour les hordes démoniaques. C’est par une arche formée de la chair de ces malheureux que Be’lakor fit son apparition, à la tête d’une deuxième légion démoniaque.

Pris entre les forces hostiles en dehors des murs et celles qui semaient les chaos à l’intérieur, les défenseurs du Fort poursuivirent la lutte. Mais ce qui aurait dû être un siège difficile mais viable s’était mué en quelques heures en une bataille cauchemardesque dans les ténèbres, bataille dont l’issue ne faisait plus de doute…

La passerelle du Oathbreaker débordait d’activité. Les holo-écrans retranscrivaient la bataille qui faisait rage en dehors de la coque crénelée du vaisseau. Deux frégates impériales quittèrent leur formation, après avoir été abordées par les Word Bearers et l’Alpha Leglon puis sabordées une fois sous leur contrôle. À quelques centaines de kilomètres à bâbord, le Destroyer Iconoclast Anathema était en feu après s’être approché trop près des projecteurs de combustion du croiseur de classe Piety désemparé. La bataille faisait toujours rage dans les coursives richement décorées de cet astronef, tandis que les tirs réguliers des appareils d’escorte et des chasseurs illuminaient les ténèbres de l’espace. Vêtu de l’armure d’un Légionnaire anonyme, Yarron Thayl observait les opérations.

En dehors du petit groupe où il se dissimulait, les forces de Thayl s’étaient réparties en trois équipes d’abordage, chacune commandée par un Élu qui se faisait passer pour lui. Il était en communion psychique avec ses doublures afin de diriger les opérations à distance. En outre, il avait enseigné une technique à ses hommes qui leur permettait de relayer ses pouvoirs psychiques, qu’ils utilisaient comme si c’était les leurs, de sorte que tous trois servaient à la lois de sosies convaincants et d’agents de sa volonté.

Malgré cela, seule une fraction de son attention se portait sur la bataille spatiale, car son esprit était accaparé par les événements à la surface de la planète. Le vaste globe était entièrement plongé dans les ténèbres, hormis quelques points lumineux où les Impériaux résistaient encore. Ils étaient condamnés, Thayl le savait. Comment pouvaient-ils espérer vaincre le Maître des Ténèbres ? Ils feraient mieux de se soumettre, au contraire de l’Adepte Sororitas qui avait plongé sans hésiter dans ce chaudron ténébreux. Les augures transorbitaux indiquaient une forte concentration de lumière artificielle et de tirs, à environ cinq kilomètres au sud-ouest du Fort Inviolé. Thayl était sûr que c’était le site d’atterrissage du cathedrum, où ses défenseurs combattaient encore les Démons. Les augures énergétiques avaient relevé par deux fois que des colonnes blindées avaient quitté le cathedrum pour rejoindre le Fort Inviolé. Par deux fois, ces forces avalent été stoppées à quelques kilomètres de leur destination et, après ce qui ressemblait à un dernier carré au milieu des ombres, elles avaient disparu. Thayl méprisait tous ceux qui suivaient aveuglément le Crédo Impérial, mais il ne pouvait s’empêcher d’admirer la détermination des Sœurs de Bataille à vouloir aider leurs alliés. Il n’était pas sûr d’avoir jamais combattu aux côtés de guerriers si dévoués à leur cause.

Et franchement, comment peux-tu rallier leur foi inconditionnelle en leur soi-disant déité quand tu le fais appeler un Disciple de ce Démon ?

C’était différent, se dit Thayl. Ses démonstrations de foi avaient un but. C’était des transactions : un prix payé pour obtenir un résultat. Il respectait Tsorr’Kanath, mais il ne partageait pas le zèle du Word Bearer. Ils suivaient le même chemin sanglant, mais il soupçonnait leurs destinations finales d’être extrêmement différentes.

Je ne peux pas penser cela, se dit-il, mal à l’aise. Le Démon est incroyablement ancien, incroyablement rusé. Protège tes pensées, pour qu’il ne les perçoive pas.

Le sang de Thayl se glaça lorsque des alarmes sonnèrent et que les écrans runiques avertirent d’un déplacement maléfique sur la planète. Be’lakor avait-il perçu la duplicité dans les pensées de Thayl, malgré ses efforts ? Non, un phénomène étrange se déroulait à la surface, où les ténèbres semblaient absorber toute lumière.

++Perturbations sur la planète++ envoya-t-il à ses lieutenants, en insufflant un sentiment d’urgence à son message. ++Désengagez et revenez immédiatement. Le Maitre des Ténèbres…++ Avant que Thayl puisse terminer sa pensée, il se retrouva à nouveau seul, piégé dans les ténèbres et le néant. Le vaisseau n’était plus là. Quand la voix de Be’lakor retentit, c’était une tempête de murmures qui l’encerclaient et le traversaient de part en part.

Des adorateurs du Cadavre percent le voile, brandissant le pitoyable flambeau de leur foi. Laissez-les aux laquais du Fléau. Des tâches plus importantes nous attendent, mes Disciples. Quelle que soit notre route…

À ces mots, le Démon disparut et les ténèbres avec lui. Thayl reprit son souffle, en s’appuyant sur une console e commande. Des alarmes résonnaient partout autour. La passerelle était plongée dans une lueur rouge et des alertes de translation dans le Warp clignotaient furieusement.

Nous regagnons le Warp ? s’étonna-t-il. Je n’en ai pas donné l’ordre ! Que… Comment…?

Puis Thayl vit la nuit engloutir Kolossi et tous ceux qui combattaient sur la planète. Elle s’étendit comme de l’encre dans l’eau, dans toutes les directions, jusqu’à avaler les vaisseaux qui combattaient en orbite. Il sentit une effrayante accélération, comme s’il tombait dans un gouffre stygien, puis tout ne fut que ténèbres.

MET/CI/CHRON - 860LRC-1026LRC : Charadon en Flammes

Une Route Sanglante

Le Groupe de Combat Tarsus intervint avec une violence inouïe dans la Zone de Guerre Charadon. Malgré tout, sa progression ne se fit pas sans peine. Plusieurs régions restaient inaccessibles : le Système Alumax avait été anéanti par l’ouverture de la Fistule, alors que les tempêtes aux alentours de Metalica empêchaient le groupe de combat de Vahl d’engager la principale force d’Invasion de Typhus. De même, aucune une route stable n’existait vers le front chromyde, le groupe de combat fut donc obligé de traverser des étendues désolées et hostiles, et secourant quelques systèmes Isolés du sous-secteur.

Les alliés qu’il rencontra étaient éparpillés et, dans la plupart des cas, totalement démoralisés. Les Chevaliers de la Maison Raven avaient eu vent du malheur qui s’était abattu sur leur monde, et seule la discipline de fer instaurée par le Princeps Grevan les empêchait de rentrer en toute hâte au Système Tethras. Cependant, la détermination du Princeps lui-même n’était pas inébranlable, et chaque cycle passé à ruminer sur le déshonneur de sa maison le faisait plonger un peu plus dans les affres du tourment. Les cohortes metalicaines étalent à peine moins perturbées, car elles étaient elles aussi incapables de répondre a l’appel à l’aide lancé par leur monde d’origine. Certes, les bastions de l’Adeptus Astartes restaient fiables, toutefois ils étaient peu nombreux, d’autant plus depuis l’offensive avortée contre le Trône de Saint Bartolph. Beaucoup de régiments de l’Astra Militarum survivants étaient si atteints par les maladies ou avaient subi tant de pertes qu’ils n’étaient plus opérationnels. Et pendant ce temps, les hordes d’hérétiques et de pirates Xenos pillaient à loisir. Sur le Monde-Forteresse de Kapston, les Iron Warriors de Gharax l’Écarteleur avaient mis sur pied une alliance de plusieurs bandes et s’étaient emparé des batteries de défense orbitales pour les retourner contre les navires de la Croisade Indomitus. Le Système Duralim fut déclaré sécurisé à trois reprises, mais à chaque fois une nouvelle éclosion épidémique de zombies se produisit. Des pirates Orks du Kapitaine Dregbad Skullbusta pillaient les convois impériaux. La résistance des hérétiques était acharnée dans le Système Feiror, où le Seigneur Akhorath Zeid de la Black Legion avait décidé d’établir son domaine.

Au cours des premiers jours de la guerre métalicaine, des signaux de détresse astropathiques arrivèrent de Ferrovigillium et Kobolt. Ils bénéficiaient déjà de l’aide des Chevaliers de la Maison Raven, toutefois d’autres forces accoururent pour prêter main-forte aux défenseurs. Le Groupe de Combat Tarsus, de la Flotte de Croisade Primus, était arrivé.

Les navires du Groupe de Combat Tarsus sortirent du Warp dans le Sous-secteur enténébré de Phlegyr. Des dizaines de bâtiments de guerre jaillirent du voile, des bribes de réalité encore accrochées à leurs coques baroques. Ils étaient menés par Martyr’s Halo, le navire personnel de l’Abbesse Sanctorum Morvenn Vahl, la plus importante figure martiale de l’Adepta Sororitas. Vahl avait été informée des malheurs du Secteur Charadon. Elle avait immédiatement détaché un groupe de combat des cohortes d’avant-gardes de la Flotte Primus dont elle faisait partie pour répondre à l’appel astropathique. Elle menait une grande armée de Sœurs de Bataille des Ordres de Notre-Dame des Martyrs, du Suaire d’Argent, du Calice d’Ébène et de plusieurs autres, appuyée par des Space Marines, des régiments de l’Astra Militarum et des Chevaliers des Maisons Griffith et Draconis. Il y avait même un petit contingent des redoutables Serres de l'Empereur.

L’agitation du Warp était telle que le Groupe de Combat Tarsus (ou tout au moins la majorité de ses forces) ressortit dans l’espace réel à de nombreuses années-lumière de la destination que Vahl avait donnée à ses Navigators, et qui était censée les conduire au cœur du Sous-secteur Obolis. De plus, quelques vaisseaux se retrouvèrent éparpillés dans des systèmes et des sous-secteurs distants. De toutes les zones reculées du Secteur Charadon, le Sous-système Phlegyr était celui qui avait affecté le plus violemment pendant la Noctis Aeterna. Son Foyer de la Triple Forge, autrefois célèbre pour son niveau de production, n’était plus qu’un vaste champ de bataille où les forces de la Death Guard et des Thousand Sons s’affrontaient pour la possession des usines. Vahl découvrit néanmoins quelques poches de résistance impériale. Plusieurs garnisons planétaires tenaient bon, et une force de frappe de l’Inquisition originaire de la forteresse secrète de Vod avait été poussée à intervenir quelques cycles plus tôt contre des pillards de Tzeentch.

La stratégie de Vahl se basait sur la rapidité. Elle se coordonna avec l’Inquisiteur Bastobrevian de Vod, et détacha la Force Opérationnelle III pour l’aider dans les combats pour le Foyer de la Triple Forge. Vahl mena la majorité de son groupe de combat dans une série de sauts Warp à courte portée, se fiant à des prières massives pour s’assurer la protection de l’Empereur face aux dangers d’une telle tactique. Cela la mena le long de la Voie des Âmes et dans les Systèmes Iap et Eladagh, jusqu’au Sous-système Lirac. C’est là qu’un flot de transmissions vox et de communications psychiques atteignit la flottille. Beaucoup de ces appels désespérés remontaient à plusieurs semaines, et il n’était pas difficile de comprendre ce qu’ils décrivaient, même si c’était difficile à croire : Kolossi, le monde d’origine de la Maison Raven, forteresse du Système Tethras, avait disparu dans le néant. Nul ne savait où il se trouvait désormais, néanmoins des rapports confus citaient des activités hérétiques sur la planète peu avant la catastrophe.

Les commandants du Groupe de Combat Tarsus étaient à la fois abasourdis et désemparés, cependant ils ne pouvaient pas temporiser, car ils avaient reçu d’autres communications, sous la forme d’une cacophonie de voix damnées en provenance du Sous-secteur Obolls. Alors que des vaisseaux continuaient d’arriver au compte-gouttes par le Point de Mandeville au niveau du Détroit de Ihorlaf, la flotte de Vahl se préparait pour son prochain saut dans le Warp. Certains étaient des navires pirates chargés de butin qui pensaient échapper à rire impériale, et leur destin fut rapidement scellé par les canons de la flotte de Vatel. Les autres étaient des bâtiments impériaux transportant des réfugiés apeurés, ou encore des navettes rapides envoyées chercher du renfort au Sous-secteur Lirac. La majorité de ces vaisseaux fut détruite, car en s’enfuyant, ils avaient failli dans leur devoir envers l’Empereur. Toutefois, avant cela, leurs équipages furent torturés afin de leur extirper toutes les informations qu’ils détenaient.

La situation stratégique qui s’offrait à Vahl n’était guère engageante. L’élite des forces ennemies avait suivi Typhus dans La Fistule, jusqu’au Système Metalica. Il n’y avait que peu de nouvelles en provenance de cette zone de guerre depuis plusieurs cycles, et aucun navire impérial n’avait survécu à un passage à travers La Fistule ou les tempêtes Warp qui faisaient rage au-delà des Portes Métalicaines. Typhus laissait derrière lui des populations en rébellion, des sectes du Chaos et des bandes de renégats de l’Hereticus Astartes qui invoquaient des Démons et ravageaient les planètes. Toutes ces formes d’invasion et de soulèvements étaient dangereuses, cependant lors de circonstances normales, elles auraient été écrasées par les armées et les flottes impériales du sous-secteur. En revanche, vu la situation actuelle, elles prospéraient, et bénéficiaient de l’aide de milliards de zombies et des épidémies qui se répandaient. Toutes ces formes de corruption décimaient les serviteurs de l’Empereur et les empêchaient de se coordonner pour repousser l’ennemi. Vahl savait donc comment agir.

Les mondes du Système Eladagh avaient envoyé l’essentiel de leurs forces pour enquêter sur la catastrophe de Kolossi. Vahl ordonna aux dernières armées disponibles de se joindre à sa flotte : elle aurait besoin d’autant de soldats que possible pour la purge qui s’annonçait. Elle annonça clairement que tout refus serait perçu comme un manque de foi, et serait puni avec la plus grande sévérité. Une fois les forces locales rassemblées, Vahl leur intima l’ordre de la suivre immédiatement : le Martyr’s Halo mena la flotte dans les tréfonds de l’Immaterium. C’est ainsi que le Groupe de Combat Tarsus ressortit du Warp dans le Système Duralim et s’attela sans délai à la tache qui lui avait été fixée. Menées par Vahl en personne, des Missions de Adepte Sororitas atterrirent sur le Monde-Cardinal infesté de zombies d’Alexistor pour entamer une purge impitoyable. Les Sœurs de Bataille avançaient en lignes de plusieurs de kilomètres de long, et priaient à voix haute tout en exterminant les hordes à coups de Bolter, de Fureur et de Lance-Flammes. Elles étaient aidées par des Chevaliers, des Skitarii et des forces de l’Astra Militarum de la Cour de Défense de Duralim, qui traçaient des sillons sanglants depuis leurs bastions pour se joindre aux opérations de purification de l’Adepta Sororitas. Les complexes de temples et de macrocathédrales déjà abîmés furent dévastés par cette bataille, et à la fin de celle-ci, il n’en resta que des ruines.

Ce spectacle de rédemption par la destruction se rejoua encore et encore tandis que le Groupe de Combat Tarsus s’enfonçait dans le Sous-secteur Obolis. L’Agri-Monde Sustace, qui avait été contesté si violemment au cours des mois précédents, subit une tempête de feu à l’échelle de continents entiers, si bien que les cultistes de la peste aussi bien que le paysage furent réduits en une couche de cendres. Le Monde-Ruche Fylenis dans le Système Feiror fut considéré comme souillé irrémédiablement, ses défenseurs voués à devenir des martyrs de la cause impériale. Sans avertissement, les forces hérétiques aussi bien que loyalistes de la planète furent atomisées depuis l’orbite basse. Sur le monde industriel de Laboritum, dans le Système Brezantius, les Sœurs de l’Ordre de la Rose de Sang faillirent en venir aux mains avec les Ultramarines de la Force de Frappe du Lieutenant Aglepus. En effet, étant donné l’infestation démoniaque qui affligeait la planète, Vahl avait décrété que les soldats de l’Astra Militarum et les Skitarii loyaux qui défendaient encore les manufactorums devaient être exterminés en même temps que les Space Marines du Chaos des Night Lords et des Hollow Ghouls qu’ils combattaient. Seul le sceau de l’Abbesse Vahl put convaincre les Ultramarines d’aider les Sœurs. La bataille dura plusieurs cycles et fut si terrible qu’on la baptisa la Flagellation.

MET/CI/CHRON - IO27LRC- 057LRC : L'Antre de Zeid

Akhorath Zeid était un Seigneur de la Discorde de la Black Legion. Il était l’émissaire d’Abaddon auprès de Typhus, et avait rapporté au Voyageur les ordres de son maître, ainsi que sa bande de guerre en renforts. Lors de l’ouverture de la Fistule, Zeid avait suivi sa propre voie. Il était désormais évident qu’elle se terminerait dans un bain de sang.

Suite à sa fuite spectaculaire de la planète Sustace, Zeid avait retiré sa bande dc guerre du front pendant quelque temps. Tel un prédateur alpha, il voulait observer le conflit, et déterminer le meilleur moment et le meilleur endroit pour sauter à la gorge de sa proie. Le Seigneur de la Discorde n’avait que peu de loyauté envers Typhus et son œuvre. En réalité, même sa loyauté envers Abaddon laissait à désirer, même s’il refusait de l’admettre ouvertement. Il ne souvenait pas non plus des longues transes méditatives dans lesquelles il avait plongé pendant de longues heures, ou la voix qui parlait dans ses pensées, comme un vent glacial soufflant entre les pierres. Cependant, il était de plus en plus conscient qu’il se détournait de son maître. Zeid croyait fermement qu’il était destiné à se tailler un domaine dans la Zone de Guerre Charadon. Il laissait volontiers Typhus aller contaminer Metalica. Zeid avait ses propres plans pour créer un terrain de chasse sur plusieurs systèmes solaires, pour ses Machines-Démons et lui, en utilisant comme proies les défenseurs impériaux désespérés.

À cette fin, le Système Feiror était parfait pour Zeid. Même si les défenseurs du système avaient combattu furieusement au début de la guerre, des planètes comme Feihelm, Ferryk et Forthras avaient été ravagées par les incursions démoniaques. Non seulement ces abominations avaient tué et corrompu à loisir, mais même après leur destruction, elles attiraient des agents de l’Inquisition. La puise des régiments loyalistes qui étaient considérés comme souillés fit presque autant de morts que la guerre contre les Démons eux-mêmes. Des millions de soldats de l’Astra Militarum furent exécutés afin d’éviter tout risque de corruption démoniaque. Les Sœurs de Bataille et les Space Marines étaient capturés et soumis à un reconditionnement hypno-sanctifié.

Les cohortes de Skitarii subissaient un reformatage binhaire depuis leurs vaisseaux-mères ou, lorsque leurs Magi refusaient, étaient exterminées par des guerriers de l’Inquisition triés sur le volet. Comme le dit le Commandant de Valhalla Borshenko peu de temps avant que ses hommes et lui soient exécutés suite à des accusations de corruption :

Nous avons sacrifié tout ce que nous avions dans cette guerre, affronté des choses cauchemardesques que nous pensions appartenir aux mythes, offert à l’Empereur notre sang et nos âmes. Et maintenant, ces bâtards aux visages cachés crachent sur notre honneur et veulent nous punir pour leur avoir sauvé la vie. Ce domaine de l’Humanité ne cannait aucune justice. Il ne mérite pas de survivre.

De telles protestations furent réduites au silence impitoyablement, et les rapports furent effacés ou mis en sûreté dans des cryptes scellées. Pour les Agents de l’Ordo Malleus, la sécurité d’un sous-secteur impérial était secondaire par rapport au risque d’une propagation spirituelle de la menace démoniaque.

Le Commandant Borshenko et ses soldats auraient pu éprouver une satisfaction malsaine en contemplant les événements qui allaient suivre s’ils avaient survécu. Alors que le Système Feiror subissait les mêmes épidémies de zombies que ses voisins, Akhorath Zeid mena sa Black Legion et plusieurs bandes renégates à l’attaque. Les planètes tombèrent les unes après les autres face à son offensive. Les Inquisiteurs encore présents dans le système tentèrent d’organiser les défenses, mais ils venaient de décimer tous leurs alliés potentiels, et étaient désormais tellement haïs par les survivants de leurs purges que la simple vue de leur rosette suscitait l’animosité en lieu et place de l’obéissance.

Les premiers bâtiments de guerre du Groupe de Combat Tarsus qui entrèrent dans le Système Feiror arrivèrent plusieurs mois plus tard. Un Croiseur d’Attaque du Chapitre des Fulminators, le Kastoran, sortit du Warp à la lisière du système, accompagné par deux escorteurs légers du Lieutenant Heraldus Sheradane de la Flotte de Guerre Charadon. Les vaisseaux détectèrent immédiatement des signes d’affrontements : des détritus et des épaves dérivant dans l’espace, qui indiquaient la destruction de plates-formes de défense, des balises d’interdiction de l’Inquisition qui sommaient de faire demi-tour et de quitter le système, des bribes de transmissions vox, des appels à l’aide astropathiques… Cependant, avant de pouvoir s’enfoncer plus profondément dans le système, l’escadron fut attaqué par des navires de la Black Legion et des Night Lords. Seul le Kastoran en réchappa, et reparut depuis le Warp à l’orée du Système Duralim quelques cycles plus tard. Peu de Fulminators avaient survécu, et ils avaient été torturés avant d’être fondus aux cloisons de leur vaisseau grâce à une sorcellerie maléfique. À l’agonie, les Space Mannes révélèrent que le Système Feiror était tombé aux mains des traîtres. Leur Croiseur d’Attaque et eux furent ensuite précipités dans le soleil de Duralim pour abréger leurs souffrances.

L'Offensive de Feiror

L’Abbesse Vahl, le Princeps Grevan, le Maître de Chapitre Tanietu et divers Magos et officiers tinrent un conseil de guerre suite aux atrocités endurées par le Kastoran. L’opinion qui prévalait était que malgré la chute du Système Feiror, l’envoi du Croiseur d’Attaque mutilé était un acte de provocation, un leurre destiné à attirer les impériaux dans un piège. Néanmoins, cela ne devait pas empêcher la Cour de Défense de Duralim et le Groupe de Combat Tarsus de riposter.

Grevan brûlait de se venger, Dhane Tanielu aussi, d’autant plus que sa colère avait été attisée suite à la défaite au Trône de Saint Bartolph. Pour sa part, l’Abbesse Vahl était persuadée que le zèle et une supériorité militaire écrasante résoudraient le problème plus rapidement que toute tentative plus timorée et moins directe. De plus, sa présence offrait de fait au groupe de combat la protection et la bénédiction de l’Empereur. Tant que l’Abbesse Sanctorum était là pour mener les armées impériales, les serviteurs des Dieux Sombres étaient voués à la défaite.

Ainsi commença l’Offensive de Feiror, lors de laquelle des vagues de navires impériaux foncèrent depuis le Point de Mandeville du système, au milieu d’hymnes de guerre assourdissants. Ces appareils se heurtèrent immédiatement à une résistance : des champs de mines camouflés, des vols de Métadracs jaillissant d’astéroïdes creux, des anticodes maléfiques qui provoquèrent des épidémies de variole Geller à bord des navires… Alors que les attaquants se rapprochaient des planètes extérieures du système, ils subirent des attaques suicides de la part de brûlots, des raids effectués par des escadrons de vaisseaux renégats en embuscade, sans oublier le feu nourri des plates-formes orbitales corrompues. Les pertes loyalistes étaient élevées, et de nombreux bâtiments furent perdus corps et biens, toutefois, l’agressivité des attaquants leur permit de conserver leur élan, et heureusement pour eux, car s’ils avaient ralenti et s’étaient dispersés, ils auraient été taillés en pièces. Au lieu de cela, leur assaut massif percuta de plein fouet les mondes du Système Feiror.

À peine plus de la moitié des forces impériales survécurent pour effectuer un assaut planétaire contre les mondes tenus par les hérétiques. L’attaque du Monde-Ruche Fylenis fut menée par un fer de lance de Chevaliers Impériaux ou inféodés à l’Adeptus Mechanicus, épaulé par des manipules de Titans des Crânes de Fer. Ils affrontèrent des régiments blindés et des forces aériennes renégates, ainsi qu’une sorcellerie maléfique. L’affrontement dégénéra en guerre de mouvement extrêmement sanglante. À son apogée, les vaisseaux impériaux en orbite furent obligés de déclencher un barrage sur les Ruches Lastroghast et Yurlik, jusqu’à ce qu’elles brûlent totalement. L’invasion du monde industriel rongé par la rouille de Ferryk vit les Excruciators, les Mentors et les Novamarines guider un ost de Sœurs de Bataille, de Skitarii et de Gardes Impériaux sur le champ de bataille. Ce conflit devint une guerre d’usure ignoble, car les envahisseurs faisaient face à une horde de milliards de mutants, de traîtres et de morts-vivants. Le culte en charge des défenses avait transformé les immenses manufactorums de Ferryk en véritables forteresses nécessitant des sièges éreintants, longs de plusieurs semaines. Pendant ce temps, toute la population de la planète cherchait à submerger les loyalistes sous un raz-de-marée de corps putréfiés, avec l’aide de bon nombre des anciens défenseurs de la planète, désormais réduits en créatures corrompues. Sur ces deux planètes, la radioactivité et les maladies métaphysiques tuaient les guerriers des deux camps.

Au même moment, une flotte impériale menée par le Martyr’s Halo poursuivait sa route vers le cœur du Système Feiror. L’Abbesse Vahl avait reçu une vision de l’Empereur lui indiquant rendrait où se terrait sa proie. Elle guidait donc une force d’attaque à travers le maelstrom océanique de Concept, dans le but de débusquer Akhorath Zeid de son antre et de mettre un terme à son existence infâme.

Le Piège du Chasseur

Lorsque le fer de lance impérial fut détecté dans l’atmosphère brûlante de Concept, le Seigneur Zeid fut ravi. Ce monde océanique avait subi des changements horribles au fil des mois précédents au point que désormais, le Seigneur de la Discorde disposait d’un terrain de chasse idéal. Au cours de l’invasion menée par les troupes du Chaos, un grand nombre de plates-formes marines recycleuses d’eau avaient été fortifiées par les défenseurs. D’immenses ports flottants, des dômes aquatiques blindés, des tourelles-bouées et tout un réseau de tunnels s’étirant sous le plancher océanique avaient été créés. Des macrodragueurs avaient été réquisitionnés pour servir de ponts reliant les plates-formes les unes aux autres, une fois leurs Esprits de la Machine apaisés par les prières des Technoprêtres, pour éviter qu’ils s’offusquent d’un tel traitement. Les guerriers de la Black Legion, ainsi que leurs alliés renégats et des hordes de cultistes et de mutants, s’étaient infiltrés jusqu’à ces labyrinthes flottants et se préparaient à contester aux défenseurs chaque piste d’atterrissage, chaque couloir, chaque salle et chaque passerelle. De plus, ce n’était pas le seul champ de bataille de la planète. D’énormes dépôts flottants de matériaux biologiques adipeux s’étaient formés au cours des premiers combats, formant de véritables îles appelées fatbergs, constellées de grottes suppurantes et de tunnels pourrissants. C’étaient des endroits dangereux, mais aussi d’excellents sites pour implanter des relais de communication, des entrepôts d’armes, voire pour servir de zone de chasse aux machines-démons. Enfin, des macrotempêtes faisaient rage dans la basse atmosphère de la planète. C’étaient le terrain de jeu des Métadracs de Zeid, car ils étaient revigorés par les éclairs Warp.

L’assaut des impériaux fut aussi brutal que direct. Il se focalisait sur les trois plus grandes forteresses flottantes, car il était probable que le repaire de Zeid se trouvât dans l’une d’elles. Le bombardement préliminaire fut minimal : si une des structures était coulée, il serait impossible d’affirmer au cours de la confusion qui s’ensuivrait si le Seigneur Zeid s’était échappé, sans compter le risque de simplement rendre ces installations encore plus dangereuses et instables. Par conséquent, les navettes d’atterrissage impériales durent affronter des tirs antiaériens nourris. Les macrotransports explosaient en plein vol. Des débris et du prométhéum en feu flottaient sur les vagues. Les appareils volaient aussi près que possible de la surface pour déposer des Space Marines directement sur les positions des hérétiques. Ils parvinrent à établir des têtes de pont sur toutes les forteresses. Pilotant Martyr’s Vengeance à la tête de ses Célestes, Vahl menait la recherche de Zeid. Toutefois, alors que les pertes s’accumulaient et que la bataille restait indécise, il était impossible de savoir qui était réellement le chasseur et qui était la proie.

MET/CI/CH RON - 990LRC-1035LRC : La Corruption S'Installe

Telle une infection se propageant à travers un corps malade, les hordes de Typhus se répandirent inexorablement dans le système Metalica. Le Voyageur en personne frappa brutalement son objectif, s’assurant la domination orbitale autour du Monde-Forge au prix de lourdes pertes avant de lancer son assaut planétaire à la tête d’un ost aussi vaste que monstrueux.

Heure après heure, cycle après cycle, la corruption des Coronae Militarum et Industris s’était propagée. Des Démons de données et des tentacules de chair décatie bondirent d’une plateforme à l’autre, charriant les dons de Nurgle à une vitesse exponentielle. À mesure que les mégastructures orbitales changeaient d’allégeance, elles altéraient le cours de la guerre autour de Metalica. Alors que les envahisseurs avaient affronté une puissance de feu écrasante, les vaisseaux de guerre impériaux se retrouvèrent surpassés en armes. Des ogives et des tirs de laser fusaient encore des batteries antiaériennes de la planète, mais alors que les armes des Coronae se retournaient vers eux, les emplacements de défense furent peu à peu réduits au silence. Pire, les défenseurs ne pouvaient pas prendre le risque de tirer depuis l’orbite sur les plateformes infestées de crainte que leurs débris ne s’abattent sur la surface de Metalica en apportant leur corruption virale. En fin de compte, le Capitaine Diogenos des Sons of Medusa - le plus haut gradé ayant survécu à la guerre au-dessus de Metalica - fut forcé d’ordonner au reste des bâtiments impériaux de se désengager. Certains vaisseaux décidèrent de débarquer coûte que coûte leurs troupes terrestres en soutien au Monde-Forge ; bon nombre d’entre eux payèrent le prix ultime pour leur dévotion. La flottille impériale continuerait de harceler les flancs des hérétiques au cours des cycles à venir, mais la défaite était inéluctable. Le débarquement sur Metalica pouvait commencer pour de bon. Ignorant la blessure dans sa poitrine qui refusait de cicatriser, Typhus se lança à l’attaque de la planète. Des invocations parcoururent le vide, ordonnant à ses seigneurs de guerre d’abandonner les conflits secondaires pour rallier sa bannière sur Metalica. L’objectif principal était tout ce qui comptait, à présent.

La planète entière formait une étendue infinie constituée de manufactorums, de méga-sanctuaires industriels, de vastes dépôts de munitions et des friches toxiques créées par cet immense artifice. En son cœur s’étirait le Centre Industriel Primus : un enchevêtrement de la taille d’un continent de forges, de hangars à Titans et d’innombrables structures ésotériques reliées entre elles, au centre duquel trônait le Macrosanctum Primus du Fabricator-Général Khleng. C’était là, dans l’antre du Fabricator-Général, que Typhus comptait injecter sa dose du Ver Némésis et condamner ainsi le Monde-Forge à une lente et atroce agonie. À cette fin, il envoya d’innombrables soldats et groupes d’extermination dans le but de semer l’anarchie dans les quartiers mineurs de Metalica, déploya des forces pour former un cordon autour de son véritable objectif et jeta la grande majorité de ses troupes d’invasion contre le Centre Industriel Primus de Metalica.

Pour autant, les défenseurs impériaux n’étaient pas prêts à capituler. Des myriades de cohortes de Skitarii se tenaient prêtes à défendre leur monde jusqu’à la mort, aux côtés de robots, de Serviteurs, de Chevaliers, de cyber-prêtres, de Titans, de machines de siège de l’Ordo Reductor et de contingents impériaux alliés. À travers le globe, des kyrielles de manufactorums et de forges produisaient quantité d’armes, de machines de guerre et de guerriers cyborgs pour sc joindre au combat.

Lorsque de grotesques vaisseaux d’invasion descendirent des cieux, le Monde-Forge Metalica ouvrit le feu dans leur direction tel un vaste organisme cherchant à se protéger. Avant même que les feux de réentrée ne nimbent leurs coques, les astronefs hérétiques furent touchés par des arcs de foudre, des faisceaux d’énergie ésotérique et des salves d’obus et d’ogives. Des navires incrustés de gargouilles plongèrent en spirale avant de se crasher sur l’étendue industrielle. Des vaisseaux d’assaut couverts de chair mutante dégringolèrent des cieux et explosèrent dans des gerbes de fluides infectés. Des Métadracs, des bombardiers lourds et des nuées de Drones Fétides se battaient en duel contre des escadrons d’Archéoptères et des Escorteurs Vendetta en serpentant entre des tours de refroidissement et des derricks-sanctuaires. D’énormes obus bactériologiques réduisirent des kilomètres de lignes de défense en débris rouillés et en bouillie biologique. Le premier vaisseau hérétique atterrit parmi des nuages de fumées d’échappement saturés de spores. Des vagues de Véroleux et des masses de mutants se répandirent de leurs soutes pour se jeter sur les défenseurs en état de choc, suivis de Typhus et de sa Death Guard. L’invasion de Metalica avait commencé.

Les premières batailles livrées sur le sol de Metalica furent essentiellement des actions d’endiguement. Le quartier industriel du Pôle Sud fut envahi par un trio d’équipes de contamination de la Death Guard. Chaque force renégate ne comprenait qu’une poignée de Marines de la Peste menée par un Biologus Putréfacteur. Par le biais de téléportations, elles pénétrèrent dans les sanctuaires de récupération du pôle d’activité, où les Putréfacteurs contaminèrent les revivifactors à déchets et les réservoirs de transformation chimique avec les dons virulents de Nurgle. Lorsque les superviseurs Magos comprirent le danger, les sanctuaires avaient recyclé de vastes quantités de matériaux corrompus et les avaient transformés en Serviteurs et munitions. Les tentatives pour localiser et éliminer les équipes de contamination furent freinées lorsque les Serviteurs corrompus se mirent à ravager le centre industriel en crachant des matières infectées et en contaminant tous ceux qu’ils croisaient. Distraits, les Magos furent contraints d’assigner de nouveaux soldats à l’effort d’endiguement plutôt qu’au renfort du front principal, plus loin au nord.

Le Sort de Ferrovigilum

Alors que les combats s’intensifiaient autour du Monde-Forge Metalica, une guerre sanglante entrait dans sa phase finale sur Ferrovigilum. Malgré des efforts héroïques, les forces du Maréchal Tertian, de leurs alliés de la Compagnie Oubliée et des Crânes de Fer avaient été repoussées jusqu’aux remparts du sanctum astropathique. Si elles avaient infligé de lourds dégâts à la Legio Morbidus, le Titan Imperator de la Funestereine Lathfyr se rapprochait, menant l’assaut final qui écraserait les défenseurs. Cependant, les commandeurs Impériaux avaient élaboré un ultime plan, qui en cas de réussite, renverserait le cours de la bataille.

Alors même que les Titans du Chaos avançaient, les choristes du sanctum menèrent leurs Astropathes dans un rite qui ne visait pas à transmettre un message, mais à projeter une disharmonie empyrique dévastatrice au cœur de la Fistule. S’ils parvenaient à déstabiliser la taille Warp, ou du moins à la perturber, leur mort en vaudrait la peine. Tandis que le plain-chant psychique enflait en hurlements d’agonie, les Titans renégats redoublèrent de vigueur - Lathfyr avait détecté les pics d’énergie psychique et cherchait à mettre un terme rapide aux plans de ses ennemis. Ils faisaient face à un trio de Titans des Crânes de Fer, qui livrèrent un combat d’arrière-garde héroïque au moment même où les derniers membres de leurs alliés Chevaliers et Skitarii opéraient une percée en direction du spatioport du sanctum. Alors que la bataille atteignait son crescendo, le sanctum astropathique explosa, et une décharge d’énergie psychique surgit dans le vide. Tandis que la poignée de survivants impériaux s’échappait à bord d’une frégate, ils virent les Titans de la Legio Morbidus tomber à la renverse et brûler dans l’onde de choc de la destruction du sanctum. Néanmoins, ils ignoraient si les Astropathes avaient réussi à perturber la faille Warp. Pas encore, du moins.

Ce n’est là qu’un exemple des tactiques sournoises employées par les envahisseurs pour compenser l’avantage numérique de l’ennemi. Des cacospectres d’anticode furent déchaînés dans la noosphère de la planète et des pestes de rouille répandues par des frappes orbitales. Des cabales de Sorciers de la Death Guard bannirent des foules d’Esprits de la Machine ou transformèrent des paysages industriels en ruines démoniaques qui consumaient leurs défenseurs impériaux. En outre, Typhus ordonna à des vectoriums de la Troisième Compagnie de la Peste - les Marines de la Peste les plus intraitables de tous - de capturer des points d’étranglement et des fortifications. Des bandes telles que les Fils du Chagrin, le Chœur Putride et les Virulites se retranchèrent, appuyées par des batteries d’artillerie démoniaque. Les guerriers de ces bandes étaient déterminés à mourir jusqu’au denier pour barrer la route aux renforts métalicains et empêcher Typhus d’assener le coup de grâce au Centre Industriel Primus.

Pendant ce temps, les osts de Typhus investirent la zone mécanique appelée l’Étendue Cuirassée, une vaste steppe de tôle ondulée parsemée de montagnes de ferraille, de vallées de drainage et de lacs chimique, qui servait de terrain de tir et de décharge pour les Serviteurs défaillants. Ces derniers conservaient juste assez d’éléments organiques pour que la vérole ambulante s’empare d’eux. Ainsi, à mesure que les armées de Typhus avançaient, leurs nuées de Véroleux s’étoffaient.

Tandis que des bandes renégates et les Chevaliers du Chaos lançaient des manœuvres de contournement pour couper les voies de fuite potentielles, le fer de lance de la Death Guard poussait vers le nord, précédé par des hordes de Machines-Démons. Mais Typhus n’avait pas à s’inquiéter d’une éventuelle retraite de ses ennemis. Le Fabricator-Général Khleng était aussi proche de l’apoplexie que les algorithmes de sa personnalité binhaire l’y autorisaient. Que des pieds hérétiques aient foulé le sol de Metalica était une profanation impensable. L’idée que les défenseurs de la planète puissent esquisser ne fût-ce qu’un pas en arrière était risible. Au lieu de cela, Khleng mobilisa chaque unité à sa disposition, fit jouer chaque avantage et déverrouilla les caveaux de technologie les plus interdits. Des machines de guerre qui n’avaient pas été en service depuis les heures sombres de l’Hérésie d'Horus s’élancèrent au combat. Des macrobatteries tirèrent des ogives radioactives et des munitions proscrites en quantité suffisante pour raser des villes entières. Comme le disait un Magos Obliteratum de l’Ordo Reductor à l’époque :

Mieux vaut que cette planète meure en même temps que ses envahisseurs plutôt que de voir l’Omnimessie subir l’ignominie d’une présence hérétique sur ce monde sacré.

Des millions de Skitarii et d’Électro-prêtres marchèrent à la rencontre des forces renégates qui s’enfonçaient vers le nord et investirent les hauteurs du Canyon de Données de Saint Facsimilus le Réplicateur. Des escadres de blindés loyalistes et hérétiques s’y affrontèrent, les combats si féroces qu’une montagne de débris et de cadavres s’éleva rapidement au milieu du canyon. Pendant un temps, les lignes de front oscillèrent et les envahisseurs semblèrent perdre leur élan. Mais de nouvelles silhouettes noires descendirent des cieux - une nouvelle vague de vaisseaux de la Death Guard qui bravèrent les tirs antiaériens pour capturer le spatioport de l’Illumination par l’Artifice. Dans des hurlements sauvages, des hordes de Machines-Démons et de Chevaliers du Chaos contournèrent le flanc impérial et brisèrent l’impasse. Les macroclades métalicains furent forcés de battre en retraite et les forces de Typhus s’enfoncèrent davantage dans la périphérie du Centre Industriel Primus.

MET/CI/CHRON - 1 057LRC : La Bataille de Metalica

Typhus jeta toutes ses forces dans l’assaut contre le Macrosanctum Primus. Alors que le Voyageur avait livré le reste de sa campagne avec un mélange de ruse, de sorcellerie rituelle et de violence calculée, ce dernier coup n’était rien d’autre que de la force brute, tant il était déterminé à remporter la victoire à tout prix.

L’ultime assaut de Typhus, surnommé l’Offensive de la Peste, eut lieu sur un front d’un kilomètre de large. Cette percée brutale visait un point dans les lignes impériales déjà mis à mal par le crash du Corpsemaker. Des Chenillés Crachepeste et des Profanateurs combinèrent leur puissance de feu à celle de chars d’'artillerie renégats pour délivrer des tirs de barrage qui incendièrent des tours industrielles et des manufactorums fortifiés. Entièrement recouverte de métal et de machineries, la surface métalicaine explosa dans des nuages de shrapnels et des conduites de carburant s’enflammèrent partout où les obus atterrirent. Des barricades préfabriquées furent pulvérisées dans des gerbes de pus corrosif, les soldats dévorés par l’acide.

Rémission

Alors que les combats faisaient rage autour du Macrosanctum Primus, une nouvelle menace aux plans de conquête de Typhus apparut. Des covens de sorciers hérétiques jetaient leurs runes et conduisaient leurs rites divinatoires avec une inquiétude croissante. Au début, ils n’étaient pas sûrs de leurs effroyables prédictions, car les signatures énergétiques fluctuantes émises par le Monde-Forge Metalica interféraient avec l’énergie Warp. Mais à mesure que d’autres présages se présentaient et que les signes devenaient plus clairs, Ils furent saisis d’une terrible certitude. Le pouvoir de la Fistule - la faille Warp qui accablait le Système Metalica - faiblissait. Peut-être était-ce dû à l’assaut empyrique lancé contre la faille par les Astropathes de Ferrovigilum. Ou peut-être s’agissait-il d’une conséquence d’autres circonstances défavorables : des fluctuations dans les courants du Warp ; l’intervention de quelques serviteurs d’un des autres Dieux Sombres ayant tout intérêt à voir Typhus échouer; une chute en disgrâce auprès du Dieu de la Peste; cela aurait pu être tout et n’importe quoi, car la Mer des Âmes est ineffable, même pour les individus imprégnés de sa puissance.

La cause importait peu à Typhus. Seul comptait l’effet C’était la présence dissonante de la Fistule qui agitait les tempêtes Warp, isolant le système Metalica du reste de la zone de guerre. Si elle devait s’écrouler avant que sa bataille soit terminée, combien de temps s’écoulerait il avant que les tempêtes Warp s’apaisent à leur tour et laissent le système accessible à des renforts impériaux ? La poussée de Typhus en direction de Metalica avait toujours été un pari, une déformation de la stratégie plus solide et plus nuancée que celle qu’il avait planifiée à l’origine. Elle dépendait de la vitesse, que les forces metalicalnes avalent freinée grâce à leur défense, et des tourmentes du Warp. Le temps pressait.

Les derniers Titans de la Legio Morbidus émergèrent des flammes. Lathfyr, qui avait perdu de nombreuses machines dans l’agonie du Ferrovigilum, cherchait à se venger de tous ceux qui avaient défendu Metalica. Les Titans mutés descendirent de larges avenues, le bruit de leurs pas se répercutant sur le sol en métal, leurs immenses épaules détruisant les passerelles et conduites partout où elles saillaient sur leur chemin. Meurtrie mais résolue, la force conjointe des défenseurs impériaux se rua à la rencontre des machines divines corrompues. Des Titans des Crânes de Fer, des Chevaliers de la Maison Raven, des chars d’assaut, des troupes de l’Adepta Sororitas et de l’Astra Militarum allèrent au-devant de l’assaut ou se retranchèrent parmi les défenses et les sanctuaires industriels pour délivrer une grole de tirs sur l’ennemi. Pendant ce temps, le Maréchal Tertian contenait l’ennemi, ses cohortes de Skitarii - ainsi que des foules de Technoprêtres et de Serviteurs de Combat - formant une dernière ligne de défense devant les remparts du Macrosanctum.

Acculés dans les confins de l’étendue industrielle, les Titans se livraient un duel effroyable sur un front terriblement étroit. Des Boucliers Void s’embrasaient puis mouraient. Des bâtiments fortifiés emplis d’infanterie explosaient. Des kyrielles de machines de guerre et de blindés disparurent parmi les tempêtes de plasma. Le Titan renégat Harbinger mourut dans des tirs croisés dévastateurs, suivi par le Titan impérial Deus Exactor quelques secondes plus tard. Les Warhound Savage Stase et Lupus Rex tombèrent l’un après l’autre, le second anéanti par la fureur du réacteur surchargé du premier. Le monstrueux Flesheater tomba à la renverse au milieu d’une horde de cultistes du Chaos, en tuant des centaines.

Puis vinrent Lathfyr et Despair Incarnate. L’Imperator renégat s’avança au cœur de la bataille, tuant trois Titans des Crânes de Fer en succession rapide. Branché aux unités d’impulsion de données de son sanctuaire intérieur, le Fabricator-Général Khleng ordonna à de nouvelles forces impériales d’abattre la divinité. Des Archéoptères firent pleuvoir un déluge de tirs sur les épaulières blindées du Titan. Des Chevaliers Impériaux et des machines de guerre métalicaincs martelèrent ses Boucliers Void. Mais il continuait de piétiner les lignes de défense, ouvrant une voie à travers laquelle les blindés et les hordes de zombies de Typhus s’engouffrèrent. Dans un dernier acte de désespoir, d’anciens sanctuaires d’armement s’éveillèrent parmi les flèches du Macrosanctum et déchaînèrent une volée de missiles en direction de Despair Incarnate. Perçant la réalité, les ogives archéotechnologiques plongèrent sur le Titan Imperator et détonèrent. Le Titan Imperator s’immobilisa, silencieux et sans vie, juste devant les remparts du Macrosanctum.

La horde de Typhus se répandit à travers la plaie créée par la Legio Morbidus. À bord de transports blindés de la Deuxième Compagnie de la Peste, ses guerriers de la Death Guard s’élancèrent à l’avant de Véroleux, de entristes, de Gardes Impériaux renégats et de bandes de l’Hereticus Astartes. Tout ce qui restait à sa disposition, Typhus le consacra à un unique but : déchaîner le Ver Némésis au cœur du Macrosanctum Primus de Metalica.

Les défenseurs impériaux reculèrent. Pendant des cycles, ils avaient tenu position, galvanisés par l’idée que les renforts se rapprochaient au fil des heures. La percée de l’ennemi si près de la délivrance fut pour certains le coup de trop. Les restes éreintés de l’Astra Militarum prirent la fuite, tombant sous les tirs de l’Adepta Sororitas et des Space Marines qui cherchaient à stabiliser les lignes. Alors que la confusion régnait, le fer de lance de Typhus s’enfonça jusqu’aux remparts du Macrosanctum, où le Voyageur fut accueilli par une tempête de feu.

Le Maréchal Tertian avait combattu à travers des systèmes stellaires entiers pour protéger son Monde-Forge. Alors que les ordres de son Fabricator-Général vrombissaient à travers lui telle la volonté de l’Omnimessie, il organisa une défense magistrale. Les emplacements d’armes qui hérissaient les murs et les flèches du Macrosanctum firent pleuvoir la mort sur la Death Guard. Des rangs entiers de Skitarii, de robots de combat, de Technoprêtres lourdement augmentés et de monstrueux Serviteurs de Combat déchaînèrent leur fureur contre les traîtres depuis des positions préparées. Des chars de la Death Guard frémirent puis explosèrent en tentant de progresser. Des silhouettes en feu en sortirent et ripostèrent avec leurs tirs, mais tombèrent sous une grêle de faisceaux laser et de décharges énergétiques. Les morts-vivants qui investissaient la souricière furent fauchés par des salves de carabines et leurs cadavres s’amoncelèrent en monticules pourris.

Alors que son Land Raider convulsait sous les tirs de barrage, Typhus sentit son offensive flancher. Il était si proche de porter le coup de grâce ! Un groupe d’adeptes du Mechanicum Noir l’accompagnait dans le compartiment du char, pour veiller sur le cocon mécanique à l’intérieur duquel sa méta-peste était en gestation. Ils le dévisagèrent, sentant le désespoir de la situation, le goût amer de la défaite. Typhus avait conscience qu’à moins d’ordonner une retraite, ses dernières troupes et lui périraient.

Il appuya sur la rune d’ouverture de la rampe d’assaut du Land Raider. Cette bataille ne se terminerait pas par une défaite et une pierre angulaire de l’Imperium étrillée mais debout. Typhus vaincrait ou mourrait. Il n’offrirait pas moins à Nurgle. Alors même que la trappe s’ouvrait dans un grincement, le Voyageur ordonna à tous les survivants de la Death Guard de le rejoindre et d’avancer pendant que l’artillerie renégate tirait tous azimuts sur le champ de bataille. Les guerriers de la Death Guard étaient connus pour leur résistance et ils se montreraient à la hauteur de leur réputation. Tandis que Typhus et ses Terminators protégeaient sa précieuse maladie, et que des escouades de Marines de la Peste avançaient à pied en faisant feu de leurs Bolters, Ils traversèrent la grêle de tirs déversée par leurs alliés et leurs ennemis. D’antiques guerriers tombèrent, criblés d’impacts. Typhus fut touché à trois reprises. La discipline de tir des Skitarii flancha et devint frénétique à mesure que les Marines de la Peste se rapprochaient assez pour faire usage de leurs lance-peste.

Le Maréchal Tertian lança sa contre-offensive alors que Typhus atteignait une immense arche ornée de sigles de l’Omnimessie, où brûlaient des brasiers de prométhéum. Déterminé à achever le Voyageur et ses camarades, Tertian ordonna à ses Patrouilleurs délite d’établir une ligne de tir à travers l’entrée du Macrosanctum. Avec un rire sinistre, Typhus déchaîna la fureur de sa Ruche du Destructeur sur eux. Les Skitarii reculèrent ; le Voyageur investit l’arche en brandissant sa faucheuse d’hommes et décapita le Maréchal Decitor Septrax-Terrien. Des Marines de la Peste et des Magos noirs suivirent dans le sillage de Typhus, et avant que les troupes de flanc métalicaines aient pu converger vers eux, une déferlante de tullistes et de Véroleux les submergea pour les clouer sur place.

Quelques minutes plus tard, guidé par la techno-sorcellerie du Mechanicum Noir, Typhus fracassa les portes donnant sur le sanctuaire intérieur de Khleng. À l’intérieur, la silhouette cyborg du Fabricator-Général était reliée à d’innombrables flux de données, sa conscience quasi omnisciente éparpillée à travers les champs de bataille de la planète, si bien qu’il lui fallut de longs moments avant de remarquer l’intrusion. Aussitôt il envoya un appel au secours à travers la noosphère, mais il était bien trop tard. Sous le regard implacable de Typhus, les Magos noirs branchèrent le cocon de la peste dans le corps mécanique du Fabricator-Général.

Catastrophe

Seules quelques archives impériales partielles ont survécu à l’apogée de l’Offensive de la Peste. Ces bribes montraient une hausse catastrophique des données corrompues, qui émana du Macrosanctum Primus moins d’une demi-heure après l’intrusion de Typhus et de son entourage. Il ne reste que peu d’informations sur l’explosion d’anticode qui ravagea les soldats métalicains survivants, la violente anarchie qui éclata à travers le Centre Industriel Primus et la retraite des hérétiques qui eut lieu en son sein. Néanmoins, il en ressort qu’un demi-cycle après l’apparition du Ver Némésis sur Metalica, Typhus et l’essentiel de ses forces étaient parvenus à regagner l’orbite. Plus tard, après avoir repoussé quelques bâtiments impériaux, la flotte renégate plongea dans l’espace Warp à la lisière du Système Metalica et disparut. Ce n’était pas une retraite. Derrière elle, elle laissa un secteur impérial autrefois redoutable réduit en miettes et ensemencé des graines de nouvelles catastrophes à venir.

MET/CI/CHRON DEPUIS 1 058LRC… Répercussions

Après s’être retiré de Metalica, Typhus sembla avoir quitté la Zone de Guerre Charadon. Les données initiales suggéraient que les hérétiques avaient subi plus de quatre-vingts pour cent de pertes, sans compter les forces auxiliaires abandonnées dans leur sillage. Les stratèges impériaux les plus pompeux auraient pu parler d’une victoire pour l’Humanité. Ils auraient eu tort…

L’anarchie provoquée par Typhus laissa le Monde-Forge Metalica paralysé pendant de nombreux cycles. Des Serviteurs mutants, des pestes maléfiques et des bandes renégates demeurèrent sur la surface tandis que les entités démoniaques qui possédaient les Coronae ne seraient pas bannies sans un nouveau bain de sang. La capacité de production avait été réduite à moins d’un tiers des standards d’avant-guerre et les pénuries de matériaux bruts en provenance des mondes et systèmes voisins aggravaient la situation. Mais les pires dégâts avaient été infligés par le Ver Némésis ; l’anticode à autoréplication plongea des banques de cogitateurs dans un délire entropique et corrompit de précieuses données-reliques ; les excroissances organiques répugnantes qui se répandirent des conduites pour infester le Centre Industriel Primus nécessitaient d’être constamment immolées. Pire, le Fabricator-Général Khleng avait été réduit à une grotesque parodie de lui-même, un amas biomécanique bouffi dont les tentacules suintants s’étiraient comme du mycélium à travers l’architecture de données du Macrosanctum Primus. Une chaleur fiévreuse émanait de son corps muté et une sueur huileuse suintait, formant une mare rance qui grouillait de nématodes. Il radotait constamment en un binhaire déformé, poussait des cris et chantait dans un langage qu’aucun mortel ne saisissait.

Il fallut des milliers d’heures d’exorcisme noosphérique et de purge physique pour éradiquer la corruption du Centre Industriel Primus. Mais enfin, il fut déclaré sanctifié, même si les réparations allaient se poursuivre pendant des années et que de précieuses technologies avaient été perdues pour de bon. Le Fabricator-Général fut la dernière victime de la purge. Ses Magos demeurèrent convaincus pendant bien trop longtemps que la pureté des bienfaits de l’Omnimessie permettrait à Khleng de transcender toute corruption empyrique ou biologique. Il fallut attendre le soixante-troisième cycle après le départ de Typhus pour qui les purificateurs sanctifiés soient autorisés à bombarder de radiations meurtrières le sanctum du Fabricator-Général, éradiquant toute trace de sa présence physique. Cet acte fut malgré tout entrepris dans la peine, car Metalica avait payé un prix insupportable pour résister à la guerre. Les Magos de Metalica se consolèrent en se disant qu’ils avaient enduré le pire et qu’ils se reconstruiraient, plus forts et plus purs qu’avant.

Sept cycles après la destruction du corps du Fabricator-Général Khleng et la purge dernières traces de la corruption hérétique, le Ver Némésis se manifesta de cuveau. Des excroissances biologiques poussèrent comme des champignons sur les machines précédemment intactes, enflant et aspergeant l’environnement de gerbes pestilentielles. Des dévoreurs de données démoniaques ravagèrent des centres d’information plus vieux que le Trône d’Or. Des Skitarii se déformèrent en horreurs bouffies puis tournèrent leurs armes contre leurs camarades, tandis que les hurlements binhaires du Fabricator-Général Khleng résonnaient nouveau dans la noosphère. Pendant trois cycles entiers, le Monde-Forge lutta pour éradiquer cette nouvelle corruption.

Les Technoprêtres se rassuraient en s’imaginant qu’ils avaient dû passer à côté d’un vecteur infectieux. Cette fois, ils étaient sûrs que les derniers vestiges de la maladie hérétique avaient été éradiqués. Sept cycles après cette seconde purge, le Ver Némésis réapparut. Et une troisième fois, puis une quatrième. Peu à peu, les prêtres de Metalica prirent conscience des dégâts que Typhus avaient infligés à leur monde. Non, leur planète n’était pas tombée d’un coup ; le Voyageur n’avait pas eu cette compassion. À moins de trouver un remède ultime ou une méthode pour analyser, localiser et éradiquer la maladie, leur Monde-Forge mourrait au terme d’une longue agonie. Il faudrait peut-être des années pour arriver à cette inévitable et effroyable conclusion, mais Metalica finirait par mourir. Pire, malgré leurs prières binhaires et leurs auto-augures, les prêtres de la planète étaient totalement démunis…

Typhus n’assista pas au déroulement insidieux de son inéluctable victoire. Il était déjà loin du Système Metalica, occupé à chercher un moyen de rétablir l’effectif du Terminus Est et de sa Flotte de sa Peste. Cependant, il savait que sa victoire était totale, car son dieu lui avait envoyé un signe de sa faveur. Après de longs mois de douleur et de frustration, la blessure infligée par la Chanoinesse s’était enfin cicatrisée et Typhus sentait de nouveaux bienfaits bouillonner dans son corps et son esprit. Oui, Nurgle était satisfait de son offrande, et avec cette certitude brillant dans son âme pourrie, Typhus planifia sa nouvelle conquête.

Le Final

L’ultime bataille pour décider du sort de la Zone de Guerre Charadon eut lieu sur Concept, où le Groupe de Combat Tarsus avait affronté les hérétiques du Seigneur Zeid sur tous les théâtres de guerre possibles. Des duels tourbillonnant dans les cieux balayés de tempêtes, de violentes escarmouches sur des îles de chair et de crasse, et d’innombrables batailles sous les tours de forage de la planète avaient laissé des centaines de milliers de morts. Des théâtres de guerre entiers avaient plongé dans des abîmes insondables entraînant des armées hurlantes avec eux. Pendant tout ce temps, l’Abbesse Vahl avait pourchassé Akhorath Zeid avec une détermination et un zèle inébranlables. Dans les profondeurs de l’Aquaderrick 794/3, il tendit une embuscade bestiale qui vit des centaines de Machines-Démons et une vague de Rejetons du Chaos déferler sur les Sœurs de l’Ordre de Notre-Dame des Martyrs de Vahl. Des flammes purificatrices s’élevèrent en volutes jusqu’au moment où l’air lui-même brûla alors que le combat faisait rage pendant près d’un cycle entier. Plusieurs centaines de Sœurs de Bataille s’élevèrent au rang de martyr en combattant à travers les couloirs sinueux et les passerelles du cœur enchevêtré du derrick, repoussant des monstruosités mécaniques et des cauchemars de chair et de crocs. Enfin, Vahl mena une charge d’Exo-Harnais Parangons qui vit le Seigneur Zeid et elle manquer de s’entre-tuer, et mit la Black Legion en déroute.

Zeid et Vahl s’affrontèrent de nouveau quelques cycles plus tard. Suite à de coûteuses victoires sur plusieurs aquaderricks et une victoire aérienne concertée dans l’hémisphère nord de Concept, les forces de la Croisade Indomitus bénéficièrent d’une réelle impulsion.

Cherchant à renverser le cours de la guerre par un coup de grâce, le Seigneur Zeid organisa un autre piège sur Omnis, une vaste zone d’habitation sous-marine qui servait précédemment de point de coordination pour les flottes de macrochalutiers de Concept. L’Abbesse Vahl, qui connaissait désormais la prédilection de son ennemi pour les embuscades, opéra des bombardements précis depuis l’orbite pour compromettre Omnis, avant de la forcer à engager ses protocoles de préservation.

L’immense zone d’habitation émergea tels les vestiges exhumés d’une ancienne civilisation, projetant des geysers d’eau et d’air déplacé sur plusieurs kilomètres de haut. Avant même qu’elle ait fait surface, des milliers de soldats impériaux débarquèrent à bord d’escorteurs et d’autres appareils pour percer des brèches et envahir la mégastructure tenue par l’ennemie. Malgré toutes ses blessures, l’Abbesse Vahl mena de nouveau l’assaut, cette fois appuyée par le Maître de Chapitre Tanielu et le reste de ses Excruciators, ainsi qu’un immense effectif de Tempestus Scions et de cohortes de vétérans Skitarii. Pendant de longues heures, la bataille fit rage, les hérétiques forcés de céder du terrain tandis que les guerriers impériaux vengeurs submergeaient leurs défenses et résistaient à leurs assauts frénétiques. Mais à la fin, les champions impériaux furent privés de leur ultime bataille contre le Seigneur Zeid. Lorsque le Seigneur de la Discorde fit venir sa vaste navette orbitale pour organiser une nouvelle mission d’extraction audacieuse, l’Abbesse Vahl et le Princeps Grevan décidèrent de l’en empêcher. Les Chevaliers de Raven grêlèrent le vaisseau de tirs, endommageant ses réacteurs, et son épave en feu s’abattit sur Zeid et ses Élus. Plus de cinq kilomètres carrés d’Omnis s’enfoncèrent dans les profondeurs sous le choc de l’impact et malgré des recherches intensives, la dépouille du Seigneur Akhorath Zeid ne fut jamais retournée.

Alors que la nouvelle de la mort de Zeid se répandait dans le système Feiror, le moral des défenseurs hérétiques se brisa. Des bandes de Space Marines du Chaos se disséminèrent dans le Warp en quête de proies plus faciles. Des cultes du Chaos et des soulèvements de mutants s’effondrèrent en s’imaginant que leurs dieux les avaient abandonnés. La victoire impériale fut déclarée à travers le système. Restait à savoir s’il ne s’agissait pas d’une victoire à la Pyrrhus.

La Fin et le Début

Après le départ de Typhus, la dispersion des tempêtes Warp autour du système Metalica, et la défaite d’Akhorath Zeid, la Zone de Guerre Charadon fut déclarée pacifiée. Bien sûr, il fallut des mois pour que les rapports de suivi transmis par le relais astropathique de Kobolt parviennent à l’État-major du Segmentum, et encore plus longtemps pour que cette déclaration soit envoyée. Lorsqu’elle résonna à travers les Sous-secteurs Obolis et Lirac, elle était déjà vide de sens. Le Monde-Forge Metalica était mutilé, son infrastructure entièrement vouée à la quête d’un remède à une maladie que ses Magos comprenaient à peine. Les plus proches alliés du Monde-Forge, la Maison Raven, avaient perdu leur planète natale. Le Princeps Grevan savait que déclarer tous ses Chevaliers comme Sans-fief ne ferait qu’entériner la victoire de ceux qui avaient fait disparaître Kolossi. Mais la Maison Raven ne pouvait laisser passer cet affront Aussi se voua-t-elle à un nouvel objectif : sillonner les étoiles pour combattre les hérétiques partout où ils se terreraient et chercher des informations sur le sort de Kolossi. Ils traqueraient la puissance maléfique qui avait volé ou détruit leur monde natal, et exerceraient leur vengeance à tout prix. Cette décision laissa le sous-secteur Lirac très affaibli, mais Obolis se trouvait dans un état encore pire. Une poignée de ses mondes demeurait viable, surtout dans le système Rhodior, qui avait été moins affecté par la guerre. Mais lui aussi fut submergé par des vagues de réfugiés malades, et écrasé par le poids de ses dîmes impériales. Pendant ce temps, quelques planètes des systèmes Brezantius, Feiror, Duralim et Alumax demeuraient en quarantaine en raison de pestes ou d’infestations de morts-vivants, quand elles n’avaient pas été déclarées Exterminatus ou asservies par des seigneurs de guerre hérétiques ou Xenos. De précieux trésors de l’Adeptus Mechanicus subsistaient sur ces mondes, mais pour l’heure, rares étalent ceux qui possédait la force ou la volonté de les récupérer. Les feux de la guerre brûlaient encore sur le front de Chromyd car le Seigneur Thraxoplasmox avait enfin été repoussé par les Cohortes de Deimos. Mais même cette victoire était creuse, car Thraxoplasmox s’échappa en compagnie de plusieurs vaisseaux de la peste, laissant derrière lui un système totalement incapable d’accueillir la vie. Tel un soldat blessé sapant les ressources de ses camarades, le cœur du secteur Charadon avait été saccagé. Il allait falloir des années pour le purifier et le sauver dans la mesure du possible, et pendant tout ce temps, il servirait de foyer suppurant au développement de nouvelles maladies. Abaddon avait remporté la victoire dans le secteur Charadon et les guerriers de la Croisade Indomitus ne purent détacher que peu de troupes pour contribuer à la lutte, avant de partir en quête d’autres batailles où ils seraient réellement en mesure de renforcer le royaume de l’Empereur.

Médias Externes

Sources

Pensée du Jour : « Il est de notre devoir d’oblitérer les ennemis de l’Empereur, mais cela seul ne suffit pas. »
  • Zone de Guerre Charadon - Acte I : Le Livre de la Rouille
  • Zone de Guerre Charadon - Acte II : Le Livre du Feu