Seconde Bataille d'Agrellan

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Seconde Bataille d’Agrellan.

Un engin T'au extrêmement sophistiqué dérivait dans les profondeurs de l’espace. C’était une station-relais sentinelle portant le matricule 7221 :499. Elle tournait lentement, stabilisant de temps à autre son orbite à l’aide de ses rétrofusées. À intervalles précis, ses écoutilles s’ouvraient et des appareils de détection montés sur des bras articulés en sortaient. Une fois leurs prélèvements terminés, ils se rétractaient et les écoutilles se refermaient tels des iris métalliques.

Mu'gulath Bay était si distant que ce n’était qu’un point de lumière, car cette station n’était qu’une des centaines d’installations qui entouraient le nouveau Sept des T’au. Elle faisait partie de la septième ligne de défense qui protégeait cette zone. Ce territoire avait été capturé récemment et formait la frontière de l’Empire T’au. Tout ce qui passait à proximité, vaisseau spatial, astéroïde ou créature stellaire, était analysé sous toutes ses coutures. L’information était ensuite envoyée à une, vitesse quasi luminique tandis que les stations la relayaient jusqu’au centre de traitement des donnés de Mu’gulath. Nul Space Hulk ou nuage de gaz ne dérivait dans les environs de Mu’gulath sans que les scientifiques de la Caste de la Terre l’analysent.

Le néant s’ouvrit et une armada impériale constituée de bâtiments de guerre couronnés de cathédrales en émergea. La station 7221 :499 ronronna et ses instruments se mirent au travail. La sonde scanna la flotte. Cette dernière était colossale. Le navire de tête émettait à lui seul des milliards d’informations, et il n’était même pas le plus grand bâtiment de cette armada qui en comptait des centaines. La sonde identifia des vaisseaux gigantesques, des escorteurs et des transports. Elle calcula les vecteurs de trajectoires, et le nombre exact de formes de vie à l’intérieur des vaisseaux, repérant même les machines de guerre et les Chevaliers Impériaux. 7221:499 enregistra les échanges vox frénétiques à l’intérieur du premier navire, les crypta et les envoya à Mu’gulath Bay.

Une autre faille dans la réalité s’ouvrit et l’armada s’y dirigea, puis y disparut dans un bouillonnement d’énergies surnaturelles avant qu’elle se referme. La Flotte Impériale avait surgi dans l’espace réel tel un immense prédateur marin faisant surface pour repérer sa proie, avant de s’évanouir dans les profondeurs du néant. En quelques instants, des centaines de navires avaient disparu en ne laissant derrière eux que quelques artéfacts d’ondes radios.

Une flotte bien plus vaste que nécessaire se préparait à reconquérir Mu’gulath Bay, et semblait sur le point de l’atteindre bien avant que le message soit relayé par les stations de surveillance.

Zone de Guerre Damoclès

Les T’au durant la Croisade de Damoclès.

Lorsque la Troisième Sphère d’Expansion de l’Empire T’au dépassa le Golfe de Damoclès, elle pénétra dans les domaines du plus grand empire de la galaxie : l’Imperium. Évidemment, l’issue d’une rencontre aussi cataclysmique ne pouvait être que la guerre !

En effet, ce conflit était non seulement militaire, mais aussi idéologique. Les T’au se fiaient à la logique et aux progrès techniques, alors que l’Imperium se réfugiait dans la stagnation et résistait à la marche du temps en s’agrippant à un passé noyé dans la superstition. Les batailles furent livrées dans les profondeurs de l’espace, sur des lunes désolées et des planètes densément peuplées. Au fil des années, des centaines d’affrontements ravagèrent la région du Golfe de Damoclès, chaque camp buvant tour à tour à la coupe amère de la défaite.

L’Empire T’au opposa ses merveilles de technologie et ses prouesses tactiques à la force brute et à la détermination de l’Astra Militarum. Lors des assauts primordiaux, les T’au employaient leurs meilleurs Exo-Armures. Pourtant, à leur grand étonnement, ils constatèrent que la puissance de feu et la mobilité de leurs cadres de chasse étaient égalées voire surpassées par les Space Marines, l’élite de l’Humanité.

Alors que l’Imperium s’accrochait au moindre pouce de terrain conquis, les T’au ne tentaient pas de tenir leurs positions s’ils étaient en mauvaise posture. Dans de tels cas, ils battaient en retraite et contre-attaquaient lorsque la situation devenait propice. Pour leur part, les armées impériales avaient reçu l’ordre de remporter la victoire ou de mourir en essayant. Les attaques des T’au se heurtèrent donc à la volonté inébranlable de leurs ennemis. Cependant, les ripostes de l’Imperium parvenaient rarement à acculer leurs proies. Chaque manœuvre était contrée, mais cette fois, l’Empire T’au avait provoqué la venue de la plus grande Flotte Impériale jamais vue dans le secteur. Le vacarme des Bolters et des Fusils à Impulsions résonnait sur les champs de bataille alors que le Bien Suprême se mesurait à la Volonté de l’Empereur. Des planètes entières furent dévastées tandis que la guerre engloutissait la Bordure Orientale.

Riposte. Escalade dans la violence. Ce n’était plus un conflit pour une poignée de systèmes solaires, mais pour tout un pan de la galaxie.

Chaque camp croyait en ses chances de victoire, pourtant le destin de la Bordure Orientale ne se déciderait que lorsqu’un des protagonistes serait enfin écrasé par son adversaire.

La Guerre sur le Front Damoclès

Le Golfe de Damoclès servait depuis longtemps de frontière entre l’Imperium et l’Empire T’au. Lorsque ce dernier franchit cet obstacle, les deux domaines en vinrent inévitablement aux mains, débutant une série de conflits meurtriers. Alors que chaque camp en apprenait davantage sur son adversaire, les batailles devinrent plus féroces et violentes que jamais.

Le Golfe de Damoclès est une zone de phénomènes célestes anarchiques située à l’est de la galaxie. Pour les T’au, il s’était avéré impossible de naviguer dans cette région pendant longtemps, si bien que leur progression était bloquée. Les étranges nuages interstellaires parasitaient les instruments de navigation, par conséquent les visées expansionnistes des T’au étaient contrariées. Néanmoins, comme à chaque fois, ils surmontèrent le problème grâce à leur persévérance et leurs innovations technologiques.

Au cours de la Deuxième Sphère d’Expansion, les T’au parvinrent enfin à franchir le Golfe de Damoclès en repérant des voies navigables qui le traversaient. Cet exploit coûta de nombreuses vies, mais au-delà du Golfe, les T’au découvrirent ce qu’ils espéraient : des planètes habitables et riches en ressources minérales que leur empire pouvait assimiler. Cependant, ils trouvèrent aussi la guerre.

En traversant le Golfe de Damoclès, l’Empire T’au s’approcha des systèmes solaires de l’Humanité. Au départ, ils les soumirent facilement, car ce n’étaient que des colonies isolées ou dissidentes, éloignées des centres gouvernementaux de l’Imperium. Ceux que les T’au ne purent soumettre par la diplomatie furent éliminés par la Caste du Feu. Finalement, les T’au commencèrent à conquérir des planètes sous l’influence directe de l’Imperium. Ce faisant, ils éveillèrent la colère d’un colosse galactique. Par leur violence, les guerres qui allaient suivre seraient sans commune mesure avec celles que les T’au avaient connues auparavant.

Alors que l’Empire T’au apportait une civilisation éclairée, l’Imperium se réfugiait dans la superstition rituelle. Là où les T’au mettaient à profit la technologie, l’Humanité craignait aussi bien les innovations techniques que le futur, et s’en remettait à un régime brutal et aux reliques d’un passé glorieux. Le choc entre cet empire ambitieux et les monarques figés de la galaxie était inévitable.

En réponse à l’expansion des T’au sur ses domaines, l’Imperium xénophobe lança la Croisade de Damoclès, une attaque de grande envergure destinée à reprendre les planètes conquises par les T’au. L’Imperium les repoussa au-delà du Golfe de Damoclès, jusque sur leur Sept de Dal'yth. La fureur de l’assaut de l’Humanité ne prit fin que lorsque ses armées furent rappelées pour faire face à d’autres menaces galactiques. Toutefois, cette défaite ne balaya pas les ambitions des T’au, qui reconstituèrent leurs forces en vue d’une prochaine invasion.

La Troisième Sphère d’Expansion fut le plus grand effort militaire jamais consenti par les T’au. Sous l’impulsion du Suprême Commandeur Shadowsun, l’Empire T’au franchit une nouvelle fois le Golfe de Damoclès et reprit les territoires perdus. Au cours d’une attaque audacieuse, ils s’emparèrent du Monde-Ruche Agrellan et le rebaptisèrent Mu’gulath Bay. Ils firent de cette planète dévastée par les humains un nouveau Sept, et le point de départ de leurs futures expansions. En effet, l’emplacement de Mu’gulath Bay était idéal : son orbite la rapprochait souvent du Système Dovar, dont les planètes étaient riches en minerai.

Malgré tout, la présence impériale était toujours forte dans les secteurs environnants, au grand dam des T’au. Une mission sur la planète Voltoris avait pour but d’éradiquer les survivants qui s’étaient échappés d’Agrellan, néanmoins les T’au y firent face à une défense acharnée. Il n’est pas dans les habitudes des T’au d’attaquer frontalement de telles défenses, car ils préfèrent contourner les planètes les mieux défendues et conquérir le reste d’un système pour isoler les points de résistance pour les asphyxier. Ce fut donc logiquement la stratégie suivie par Aun'Va, et les T’au prirent Doth, Belfurnace, Delinquence et 9-Jodran.

L’affrontement majeur suivant entre les T’au et l’Imperium eut lieu sur Prefectia, un Monde-Forteresse pourtant délaissé par l’Humanité. Les T’au surclassèrent les derniers défenseurs. Ils avaient à peine entamé la colonisation de la planète que l’Imperium contre-attaqua. Des éléments de plusieurs Chapitres Space Marines, dont la Raven Guard et les White Scars, exécutèrent des assauts planétaires simultanés puis des missions de recherche et destruction afin d’éliminer l’état-major adverse. Kor'sarro Khan, le Capitaine de la 3e Compagnie des White Scars, jura de décapiter personnellement le Commandeur Shadowsun pour se venger des affronts subis sur Agrellan et Voltoris.

Shadowsun décida alors d’adopter un rôle de leurre pour retourner contre l’Imperium son obstination à la tuer. Les Space Marines subirent de lourdes pertes, dont le Maître de Chapitre de la Raven Guard Corvin Severax, qui fut abattu par Shadowsun elle-même. Même un important contingent de Chevaliers Impériaux arrivé de Voltoris ne put mettre fin aux contre-attaques dévastatrices des T’au. Les forces impériales ne purent évacuer leurs survivants que grâce à des actions d’arrière-garde héroïques. Une fois l’ennemi vaincu, les T’au pensèrent que leur expansion dans le système Dovar et au-delà pourrait se poursuivre sans plus de heurts, puisque l’Imperium pansait ses plaies. Une fois de plus, ils allaient être surpris par l’acharnement dont pouvait faire preuve l’Humanité…

Le Pire Reste à Venir

Suite à la grande victoire remportée sur Prefectia, l’Éthéré Suprême Aun’Va fit un discours enflammé. Ce fut une intervention en grande pompe, où l’Éthéré flottait au-dessus d’un champ de bataille constellé de cratères, avec en arrière-plan la silhouette en flammes d’un Chevalier Impérial détruit. Chaque T’au assista à ce discours, même les enfants.

Dans cette harangue, Aun’Va annonça un nouveau triomphe de la race T’au. Il loua le talent du Commandeur Shadowsun et l’esprit de sacrifice de la Caste du Feu. Il insista sur le fait que la race des T’au était sur le point d’atteindre l’apothéose. Autrefois, le Golfe de Damoclès avait stoppé l’expansion des T’au, tout comme la puissance de l’Humanité. Désormais, les T’au avaient vaincu tour à tour ces deux obstacles.

Alors qu’elle attendait qu’on la convoque pour le conseil de guerre, O’Shaserra, le plus haut gradé de toute la Caste du Feu plus connu sous le nom de Commandeur Shadowsun, observait à travers le dôme transparent de la tour. Au-dessus d’elle, le ciel était bleu, mais des nuages toxiques s’amoncelaient à l’horizon. Mu’gulath Bay était le site de sa plus grande victoire, cependant O’Shaserra détestait cette planète. Elle n’y voyait qu’un immense champ de bataille, aucunement un Sept similaire à ceux qu’elle connaissait, comme T’au. En dehors des quelques zones nettoyées par la Caste de la Terre, ce monde n’était que désolations et ruines à l’air difficilement respirable.

« Vous aimez notre nouveau sept, n’est-ce pas ? » demanda Aun’Va en s’approchant d’elle.

« Les machines environnementales le rendront peut-être à mon goût… » dit-elle sans quitter des yeux la tempête radioactive qui grondait au nord. Aun’Va rit sèchement.

« Jamais vous n’auriez pu appartenir à la Caste de l’Eau, O’Shaserra. Vous êtes bien trop franche. Cela n’a pas d’importance. Un guerrier n’a pas besoin de savoir négocier. » Il allait ajouter quelque chose lorsqu’une sirène sonna une alerte planétaire de Niveau 1. O’Shaserra alluma sa radio pour recevoir les rapports qui affluaient.

Le ciel rougeoya tandis que des événements cataclysmiques se déroulaient dans l’espace. L’Imperium était revenu…

Aun’Va déclara que la Troisième Sphère d’Expansion n’était que le commencement, et appela chaque Sept à se consacrer corps et âme à la poursuite du Bien Suprême. Les garnisons frontalières de la Caste du Feu devaient redoubler d’efforts au nom du Tau’va, ainsi que chaque citoyen de l’Empire. La production devait monter en flèche, de nouvelles technologies devaient être développées et chaque pan de la société des T’au devait fonctionner à son plein potentiel.

C’était une déclaration osée, car l’Empire T’au était déjà sur le pied de guerre. La production atteignait des records, pourtant elle parvenait à peine à fournir le matériel requis pour poursuivre la Troisième Sphère d’Expansion. Malgré cela, Aun’Va en demandait toujours plus. Et les T’au lui obéirent avec dévotion, car ils donnaient ce que leur chef spirituel exigeait sans jamais protester. Ils ne pointèrent pas du doigt les sacrifices nécessaires, et se consacrèrent entièrement à satisfaire les demandes d’Aun’Va.

Puisque l’ennemi avait évacué Prefectia, Aun’Va entama la phase suivante de son plan d’expansion. La moitié des forces de la Caste du Feu sur Prefectia partit pour aider l’exploitation du système Dovar en éradiquant ou en rassemblant dans des camps la population indigène, en protégeant les installations de la Caste de la Terre et en escortant les congrégations diplomatiques de la Caste de l'Eau. Le reste des forces militaires retourna sur Mu’gulath Bay afin de se ravitailler et de s’entraîner pendant que l’état-major préparait les invasions planétaires suivantes. On considérait que l’emprise impériale sur la région avait été brisée, et qu’il faudrait longtemps avant que l’adversaire revienne en force. Si les T’au avaient subi des pertes équivalentes à celles de l’Imperium, ils auraient été forcés à l’immobilisme pendant des générations. De plus, le Roi des Space Marines était mort. L’Humanité était sans aucun doute profondément déstabilisée…

Bien évidemment, l’interprétation que les T’au faisaient de la situation de l’Imperium était aux antipodes de la réalité.

Bien avant l’attaque d’Agrellan, les méthodes sournoises de la Caste de l’Eau avaient été remarquées. Des Chœurs Astropathiques avaient envoyé des avertissements et des armées se mobilisaient déjà alors que les T’au achevaient leur première offensive. Et ces succès initiaux ne firent qu’amplifier la réponse impériale. La perte de plusieurs secteurs mineurs à cause des machinations et des pots-de-vin de la Caste de l’Eau n’avait fait que décupler le désir de revanche de l’Imperium, car il supportait encore moins la corruption et la trahison que les invasions d’une espèce Xenos, ce qui n’était pas peu dire. En effet, la sédition était un péché capital et honni plus que tout le reste.

Des armées étaient rassemblées. Elles étaient si nombreuses que jamais les T’au n’auraient pu envisager de telles multitudes. Les armadas et les armées de l’Imperium étaient lentes à se mobiliser, et devaient parcourir des distances impossibles, mais lorsque la Force d’Intervention Retribution se lança enfin dans le Warp, il n’y avait aucun moyen de la dévier de sa mission : reconquérir au nom de l’Empereur tous les territoires perdus. Lorsque la Force d’Intervention émergea du Warp dans le hurlement des sirènes d’alerte, ce fut au plus près de l’orbite d’Agrellan, afin de bénéficier d’un effet de surprise maximum.

Bientôt, tous les torts infligés à l’Imperium seraient lavés dans le sang.

CHAPITRE 1 : VENGEANCE DÉVASTATRICE

Le Marteau de la Justice Impériale

L’Imperium envahit Agrellan.

La Force d’Intervention Retribution n’avait qu’une seule mission : purger Agrellan de toute présence Xenos. Les forces rassemblées étaient bien trop vastes pour la reconquête d’une seule planète, et ce quelle que fût sa taille. Cependant, l’Imperium voulait apprendre aux T’au une leçon qu’ils ne seraient pas près d’oublier de sitôt.

La partie navale de la Force d’Intervention Retribution était menée par le 478e Flotte de Guerre Ultima, commandé par le très compétent Seigneur Amiral Hawke. D’expérience, il savait que la partie la plus délicate d’une invasion était son lancement. Chaque minute économisée pouvait sauver des millions de vies. C’est pour cette raison que la flotte avait pénétré l’espace réel à vitesse maximale afin de se ruer aussi vite que possible sur le récent Sept des T’au.

Pour sa part, le kor’vattra, c’est-à-dire la marine des T’au, se retrouvait dans une position inconfortable. La plupart des navires interstellaires étaient éparpillés dans le système Dovar, si bien que les bâtiments qui protégeaient Mu’gulath Bay étaient largement surclassés. La flotte impériale disposait de plus de canons d’artillerie navale que les T’au n’avaient de navires. Et puisque le kor’vattra était incapable de voyager dans le Warp, l’arrivée de renforts susceptibles d’équilibrer la partie prendrait du temps. Pour l’heure, le kor’vattra tentait tant bien que mal de ralentir la flotte impériale, même si c’était davantage un coup de bluff qu’une résistance héroïque. Le but était uniquement de gagner du temps pour les défenseurs situés au sol de la planète. Malgré tout, ces manœuvres évasives coûtèrent aux T’au une douzaine de leurs bâtiments. Obligé de choisir entre la fuite ou l’annihilation, le kor’vattra se retira face aux myriades de vaisseaux impériaux. Les T’au mirent à profit la force gravitationnelle de Mu’gulath Bay pour se propulser dans l’espace. Ils espéraient attirer des poursuivants et réduire ainsi la pression exercée sur la planète elle-même. Ce fut effectivement ce qui se produisit, car une partie de la flotte impériale donna la chasse au kor’vattra, le reste formant un cordon défensif.

Même privé de sa flotte, Mu’gulath Bay restait bien défendue. Les stations orbitales, ou kir’norsla, comme les T’au les nommaient, étaient équipées de puissants générateurs de boucliers et de batteries d’artillerie. De plus, chaque kir’norsla était le centre d’un réseau de satellites défensifs. Ces constructions orbitales tissaient une toile de tirs croisés tout autour de la planète, qui pouvait détruire aisément tout appareil ennemi qui tenterait de la braver. Jusqu’à ce que ces défenses soient neutralisées, le Seigneur Amiral Hawke ne pouvait pas prendre le risque de tenter de débarquer des troupes au sol. Il était temps de faire appel aux Space Marines, les redoutables guerriers d’élite de l’Humanité.

Des Thunderhawks et des torpilles d’abordage emmenèrent des forces de frappe jusqu’aux stations orbitales. Lors des combats qui se déroulèrent dans une gravité faible, les Space Marines affrontèrent des tourelles automatisées, des drones de protection et des guerriers de la Caste du Feu en combinaisons spatiales. La rapidité d’exécution était primordiale afin de laisser le moins de temps possible aux forces de Mu’gulath Bay de s’organiser.

L’Adeptus Astartes déploya des Escouades d’Assaut équipées de Réacteurs Dorsaux qui s’élancèrent depuis les rampes des Thunderhawks et utilisèrent leur équipement pour se diriger vers les structures des T’au et s’y agripper avec leurs semelles magnétiques. Elles purent alors détruire les tourelles défensives à l’aide de Bombes à Fusion. Finalement, les Space Marine pénétrèrent à l’intérieur des stations et les dévastèrent. Avec leurs boucliers énergétiques et leurs Canons à Ions de gros calibres, les kir’norsla aurait pu causer de gros dégâts à la Flotte impériale. Les Space Marines venaient de prouver leur valeur en démontrant ce que de petits groupes de guerriers d’élite de l’Empereur pouvaient accomplir.

Parmi l’Adeptus Astartes, nul ne combattit avec plus de férocité que la Raven Guard, car elle était enragée par la mort de son Maître de Chapitre. Son successeur Kayvaan Shrike menait l’assaut de la plus grande station, et plaça personnellement des charges à plasma sur son réacteur. L’explosion disloqua la station et illumina le ciel de Mu’gulath Bay pendant des jours.

Kor’sarro Khan abattit Croc Sélénite. L’antique Épée Énergétique crépita d’énergie. Le coup était si violent qu’il sectionna au niveau de la taille deux Guerriers de Feu avant que la lame se loge dans la cloison. Feulant de colère, le Capitaine White Scar tenta de libérer son arme coincée. Les T’au profitèrent de ce répit pour l’arroser de tirs de Carabines à Impulsions. Plusieurs projectiles firent mouche mais ricochèrent sur l’armure en céramite de Kor’sarro. Khan délaissa son épée et chargea ses adversaires en poussant son cri de guerre. Son gantelet brisa un casque et le crâne en dessous, et il dégaina de l’autre main son Pistolet Bolter pour mitrailler ses ennemis. Lorsque le dernier T’au encore en vie s’enfuit le long du corridor, l’instinct de Khan le poussa à le poursuivre, toutefois il ne pouvait pas abandonner son épée. Il fit volte-face pour la récupérer, et sentit un frisson de panique courir le long de son échine : l’arme avait disparu. Il la repéra une fraction de seconde plus tard, entre les mains d’un individu qui restait invisible derrière un pilier. Kor’sarro se hérissa, car nul Xenos n’avait le droit de toucher cette relique de son Chapitre. C’est alors qu’il comprit et émit un rire sec. « Sors de là, mon ami, je t’ai vu ! »

Kayvaan Shrike émergea des ombres. « Les charges sont en place, Kor’sarro. Rassemblons nos escouades et partons. C’était la dernière station orbitale. » Puis, lisant la soif de sang dans le regard de son camarade, il ajouta: « Il y aura beaucoup d’autres ennemis sur le sol de cette planète. »

« Effectivement, » acquiesça Khan en récupérant son épée. « Et j’ai encore une tête à prendre. »

La Guerre sur Tous les Fronts

Les forces spatiales T’au sont submergées.

Les atterrissages impériaux sur Agrellan déclenchèrent des vagues de violence tandis que les T’au faisaient tout pour les repousser. Cependant, l’Imperium disposait d’une supériorité numérique écrasante et était disposé à subir de lourdes pertes. Une fois les têtes de pont établies, la puissance brute de ses armées laminerait tout sur son passage…

Les T’au n’étaient pas totalement pris au dépourvu. Mu’gulath Bay était certes éloignée du cœur de l’Empire T’au, mais elle était aussi bien équipée que n’importe quel autre Sept pour repousser une invasion de grande envergure. Néanmoins, en dépit d’un état d’alerte constant et des innombrables stations-senseurs établies à la demande personnelle du Commandeur Shadowsun, une force impériale colossale était parvenue à apparaître comme par magie à proximité de Mu’gulath Bay. Les T’au furent donc sonnés par l’ampleur et la rapidité de l’attaque. Ils ne s’attendaient pas à affronter une telle armada, et n’étaient pas préparés à la repousser.

Pendant que les Space Marines neutralisaient les stations orbitales, la phase suivante de l’invasion planétaire se mettait en place. De vénérables croiseurs surmontés de cathédrales se placèrent en orbite haute au-dessus de Mu’gulath Bay et ouvrirent le feu avec leurs batteries d’artillerie. Le premier objectif était d’achever les stations déjà endommagées, et ils ne tardèrent pas à l’atteindre. Ensuite, les bâtiments impériaux engagèrent un duel à longue portée contre les batteries de défense situées au sol de la planète.

Sous les ordres du Commandeur Shadowsun, celles-ci donnèrent de la voix, même si certaines n’ouvrirent pas le feu afin de rester cachées grâce à leurs champs de camouflage, afin que les scanneurs de la Flotte Impériale ne les repèrent pas. Malgré tout, les salves des T’au rappelèrent sans tarder à l’Imperium pourquoi il était si risqué de s’attaquer à un Sept.

Plusieurs bâtiments subirent de lourds dégâts, notamment le croiseur de bataille de classe Lunar Herald of Terra qui fut forcé de quitter l’orbite après avoir encaissé de terribles coups de Canons à Ions. Il eut de la chance comparé au navire de classe Dauntless Will of Iron. Ce dernier subit un tir d’hypercanon Rail à travers son réacteur. Les explosions internes qui s’ensuivirent ne laissèrent à la dérive qu’une carcasse noircie et presque coupée en deux. Celle-ci fut attirée inexorablement par la gravité de la planète. Le Seigneur Amiral Hawke et la 478e Flotte de Guerre Ultima ne pouvaient rien faire pour aider le Will of Iron, toutefois sa destruction ne fit que renforcer la détermination du reste de la flotte. La planète vibrait sous les coups de boutoir de la Flotte Impériale, qui rasait jusqu’aux fondations les récentes colonies des T’au.

Après plusieurs jours de pilonnage en règle, la majorité des canons des T’au avaient été réduits au silence. Quelques-uns restaient protégés par des boucliers énergétiques si puissants qu’il faudrait trouver d’autres moyens de les détruire. Sous le commandement de Kayvaan Shrike, les Space Marines eurent recours à des assauts par le biais de Module d'Atterrissage afin de détruire les dernières batteries qui osaient encore tirer sur la flotte impériale. Ce n’est qu’alors que la première vague de chasseurs et de bombardiers pénétra dans l’atmosphère de Mu’gulath Bay et s’attaqua aux cibles qu’on lui avait assignées. Des forces de Scouts Space Marines furent les premières troupes impériales à toucher le sol. Répondant aux signaux de leurs balises, des transports et des navettes de convoyage commencèrent à acheminer les milliards de soldats et leur matériel.

Shadowsun scrutait la flotte ennemie sur la carte holographique, sous les lumières blafardes du dôme de commandement. « Amiral-stellaire O’Kor’sha’nos, pouvez-vous estimer quand le kor’vattra sera en mesure de repousser les envahisseurs ? » demanda-t-elle tout en poursuivant ses propres calculs.

Pendant un instant, le commandant gracile fit courir ses doigts sur des rangées d’icônes, ouvrant et fermant des affichages holographiques avec une aisance acquise au fil de nombreuses années de service. « Pas avant 77 cycles, O’Shaserra, » répondit-il en faisant une pause avant de rependre ses estimations. « Et pas plus tard que 103 cycles, » ajouta-t-il enfin.

« Si je dois retenir des forces supérieures pendant plus de 80 cycles, » déclara Shadowsun sans plus s’adresser personnellement à O’Kor’sha’nos, « Je ne vais pas pouvoir empêcher l’ennemi d’établir des têtes de pont, car je vais devoir économiser mes réserves. Et si nous ne pouvons pas évacuer l’Éthéré Suprême, sa protection sera ma priorité. »

On entendit un soupir dans les ombres. Pour la première fois, Shadowsun vit à quel point Aun’Va était fatigué. « Nous sommes piégés. Mon futur et sans doute celui de l’Empire dépendent de toi désormais, » dit-il. Shadowsun ne sut quoi répondre, toutefois Aun’Va poursuivit. « Tu voudrais que je me cache sans éprouver de la frustration ? Mais j’ai bien choisi mon Suprême Commandeur, et je serai idiot de ne pas me fier à son avis. Je vais me retirer dans mon bunker, et ne m’adresserai aux troupes que par le biais de vidéos. »

Faisant preuve de la même minutie que pour ses opérations précédentes, le Commandeur Shadowsun utilisa des contre-mesures. Des escadrilles de chasseurs de la Caste de l'Air qui étaient restées camouflées apparurent soudainement pour intercepter les transports. Des batteries cachées sous des champs Stealth ouvrirent le feu et abattirent plusieurs des gigantesques aéronefs. Dans l’espace, des forces de frappe de navires T’au saisirent cette occasion pour harceler le blocus impérial et provoquer autant de dégâts que possible. Toutefois, l’Imperium n’était pas désemparé. Kayvaan Shrike avait vu Shadowsun à l’œuvre sur Prefectia, et s’attendait à une cette ruse. Telles des nuées d’insectes, des chasseurs atmosphériques impériaux décollèrent pour engager l’ennemi, des Modules d’Atterrissage tombèrent sur les batteries de canons tout juste révélées et l’invasion de la planète reprit de plus belle.

Des vagues de troupes impériales furent amenées sur Agrellan. La majorité des forces terrestres était sous le commandement du Seigneur Général Troskzer de Cadia. Il avait sous ses ordres dix-huit régiments d’infanterie de l’Astra Militarum, six régiments blindés et deux régiments d’artillerie. Les troupes auxiliaires comprenaient huit pelotons de Tempestus Scions, des dizaines de compagnies d’Abhumains et trois escadrons de Cavaliers Impériaux.

Quelques heures avant de quitter le Warp, le Seigneur Général Troskzer avait reçu la visite de Kayvaan Shrike, à bord de son vaisseau-amiral Indomitable. Le Maître de Chapitre avait écouté le plan de bataille de Troskzer, puis lui avait prodigué conseils et avertissements, car il avait combattu le Commandeur Shadowsun, et en était venu à respecter les prouesses martiales et la ruse des T’au. La supériorité numérique et la guerre d’usure projetée par Troskzer allaient laisser Shrike libre de lancer des assauts précis contre des cibles vitales. Les éléments de plusieurs Chapitres Space Marines combattaient au sein de la Force d’Intervention Retribution, notamment des guerriers de la Raven Guard ivres de vengeance et de belliqueux White Scars. En tant qu’officier le plus haut gradé des Space Marines, Shrike avait pour tâche d’organiser les actions de tous les Frères de Bataille qui, s’ils n’étaient pas nombreux, avaient tout de même le pouvoir de renverser le cours de la guerre. Shrike avait déjà établi un plan pour débusquer les batteries d’artillerie camouflées afin d’aider à établir une solide tête de pont.

En plus de l’avantage numérique considérable apporté par l’Astra Militarum, l’Imperium disposait de plusieurs Chevaliers Impériaux, dont un important contingent de la Maison Terryn et un assortiment éclectique de Chevaliers Sans-Fief. L’allié le plus mystérieux restait néanmoins une flottille de l’Adeptus Mechanicus, qui transportait de nombreux Technoprêtres et leurs cohortes de Skitarii. Ils étaient commandés par le Magos Arcotholitis. Ce dernier ne participait pas aux conseils de guerre, et restait toujours à bord de son vaisseau baptisé Archaetrove.

Même si le Seigneur Général Troskzer avait demandé plus de régiments au Departmento Munitorum, en particulier une Legio Titanique, les autres conflits de l’Imperium avaient empêché ces doléances d’aboutir. Toutefois, on avait dit à Troskzer que d’autres renforts seraient mis à sa disposition si son assaut terrestre s’enlisait. Néanmoins, le Seigneur Général comptait bien tout mettre en œuvre pour empêcher une telle éventualité, et ne pas avoir à s’accommoder de ces renforts qui lui paraissaient déjà de mauvais augure, car ils témoigneraient de son échec.

Le plan d’attaque de Troskzer prévoyait une dizaine de sites d’atterrissage éparpillés sur la planète, mais trois d’entre eux étaient essentiels. Ils ouvriraient trois fronts : à l’est, à l’ouest et au centre, afin de laminer toute opposition. Ces fers de lance convergeraient vers la plus grande colonie des T’au près d’Agrellan Prime, puis se regrouperaient pour porter le coup de grâce.

Le Seigneur Général Troskzer avait depuis longtemps dépassé l’âge de combattre au front. Il avait livré tant de guerres qu’il en avait oubliées la plupart, et avait appris à repérer les officiers prometteurs afin de pouvoir s’en remettre à eux pour appliquer ses ordres sur le terrain. Ainsi, Troskzer resterait à bord de l’Indomitable et confierait le commandement au sol au chef du 625e Cadien, le Colonel Starkzahn.

Au cours de son illustre carrière, le Commandant Suprême Troskzer avait connu beaucoup de Cadiens aussi féroces et déterminés que le Starkzahn. Cependant, aucun d’entre eux n’avait survécu assez longtemps pour dépasser le grade de Capitaine. Tôt ou tard, la témérité de ces officiers finissait par causer leur perte. Pourtant, à chaque fois qu’il avait remporté la victoire en donnant de sa personne, le Colonel Starkzahn avait évité la mort. Il était le Sauveur de Darristen, le chef de guerre qui avait écrasé la Rébellion d’Hellicom, celui qui avait mené ses hommes derrière les lignes ennemies pendant la campagne qui avait mis un terme au conflit séculaire de Boxian. Les officiers du Colonel Starkzahn étaient prêts à se sacrifier pour lui, et ses hommes auraient chargé des Orks ou des Space Marines renégats à la baïonnette s’il le leur avait ordonné.

Starkzahn fit partie de la première vague d’assaut, et fut le premier à descendre de son transport. Derrière lui, le Sergent Lokski, un vétéran couturé de cicatrices, planta l’étendard du régiment dans la terre craquelée des désolations. Ainsi, le 625e débarqua sous ses couleurs et sous le regard sévère de son chef. L’Astra Militarum était prête pour la bataille.

« Monsieur, le Capitaine Czensk signale une faible présence des T’au à proximité des sites d’atterrissage, et ils semblent battre en retraite, » indiqua l’opérateur vox Konev.

Le Colonel Starkzahn hocha la tête. En dépit de sa concentration, il sentit ce qui se passait derrière lui et se tourna vers le Sergent Lokski, puis le foudroya du regard en voyant qu’il souriait de toutes ses dents. Il connaissait bien ses hommes. « Ça suffit, Sergent ! » aboya-t-il.

Le sourire de Lokski disparut instantanément, mais ses yeux continuaient de pétiller. « On savait que ces salopards de Xenos étaient des lâches et qu’ils s’enfuiraient, mon Colonel ! »

Starkzahn secoua la tête. Il détestait les voyages dans le Warp. En dépit des séances d’entraînement prolongées pour les occuper, ses hommes finissaient toujours par colporter des rumeurs. « Non, » dit-il d’une voix mesurée. « Les T’au vont battre en retraite, mais ce ne sont pas des lâches. On va bientôt les affronter, et pas comme on le voudrait. Ne les sous-estimez pas. On pourra s’autoriser à sourire quand l’Aquila flottera de nouveau au sommet d’Agrellan Prime. » Il se tourna et donna une série d’ordres à ses aides de camp avant d’appeler sa Chimère. « Le Capitaine Malinovsky va superviser la fin du débarquement. Il est temps d’aller au front. » Il ne pouvait s’empêcher d’éprouver des doutes, même si ses officiers avaient été briefés sur les tactiques de harcèlement des Xenos, car sur Cadia, reculer face à l’ennemi était un acte de couardise. Les stratégies des T’au allaient les forcer à changer leurs habitudes.

Colonel Starkzahn

Le Colonel Starkzahn menait personnellement le fer de lance ouest. En plus du 625e Cadien, ce dernier comprenait certains des meilleurs éléments de soutien de la Force d’Intervention Retribution. Le plan de Starkzahn était de commencer par rejoindre le point de rendez-vous, afin de prouver au Seigneur Général Troskzer qu’il avait eu raison de le nommer commandant en chef.

Mené par le Colonel Starkzahn et le 625e Cadien, le fer de lance ouest fut le plus prompt à se rassembler et à se mettre en route. Pendant que les commandants des autres sites d’atterrissage étaient encore affairés à regrouper leurs troupes ou à établir un périmètre défensif dans lequel battre éventuellement en retraite, le Colonel Starkzahn progressait aussi vite que possible. En dépit de la taille monstrueuse des vaisseaux de transport, et leur nombre tel qu’ils noircissaient le ciel, il allait falloir des jours, voire de semaines pour que la force d’invasion soit entièrement déposée au sol. Starkzahn ne comptait pas perdre autant de temps avant de foncer vers son objectif. C’est pour cette raison qu’il beuglait sans cesse des ordres et poussait ses troupes à avancer à marche forcée.

Même si aucun des sites d’atterrissage n’avait été contesté par l’ennemi, ils subissaient des attaques par intermittence. Des chasseurs de la Caste de l’Air passaient parfois le cordon défensif aérien et mitraillaient les troupes et les transports terrestres. Des escouades de Cibleurs bien camouflées se servaient de leurs désignateurs pour déclencher des frappes de missiles, puis s’échappaient sous les tirs de couverture de XV25 Stealth apparues subitement.

Tous les Gardes Impériaux savaient qu’Agrellan était une planète rude, mais lorsqu’ils débarquèrent sur leur site d’atterrissage, leurs pires craintes ne firent que se confirmer. Les hommes de Starkzahn avaient atterri dans les Plaines Mortes, un désert toxique. Le champ de vision était limité, car le bombardement planétaire avait soulevé des nuages de soufre, sans compter les tempêtes de sable mortelles qui balayaient régulièrement la région. Les hommes avaient été dotés de respirateurs afin de survivre dans ces conditions, mais une campagne prolongée finirait sans doute par avoir raison des soldats, car ils seraient exposés trop longtemps aux toxines qui saturaient l’air. Starkzahn y voyait là une raison de plus de mener à bien son offensive le plus vite possible.

Certains commandeurs se seraient satisfaits de mener leurs troupes depuis l’arrière, mais pas le Colonel Starkzahn. Aussi agressif qu’à l’habituée, il forma rapidement son propre Groupe de Bataille et quitta le site d’atterrissage, puis disparut bientôt dans les nappes de poussière irradiée. Il s’attendait à des embuscades, toutefois cela ne l’effrayait pas ; il était même pressé de se mesurer aux Xenos à la tête de ses valeureux soldats de l’Astra Militarum.

Groupe de Bataille Thunder

Assemblée à partir des troupes de la première vague d’assaut et mené par le Colonel Starkzahn en personne, cette formation fut nommée Groupe de Bataille Thunder en raison de la présence du Stormlord Impervious Honour.

Faisant partie du 423e Régiment Blindé, Impervious Honour fut choisi pour rejoindre les fers de lance blindés. Son dernier combat remonte à Cyphus IV, où son Méga-Bolter Vulcan mit en déroute à lui seul une offensive majeure des Orks. Des nuées de Peaux-Vertes se jetaient vers les lignes impériales, mais le canon à fûts multiples du Stormlord cracha une tempête de mort qui abattait les Orks au fur et à mesure qu’ils jaillissaient leurs couverts. Ce Char Super-Lourd fut le premier à arriver sur un site d’atterrissage, et dès que le Colonel Starkzahn vit Impervious Honour descendre de la rampe de son vaisseau de transport, il ordonna que le véhicule rejoigne son Groupe de Bataille. Starkzahn savait que l’épaisseur du blindage du char et ses capacités de transport de troupes seraient des atouts inestimables dans la lutte à venir.

Progressant aux côtés du Char Super-Lourd, un Commandant de Peloton sous les ordres du Lieutenant Kreenok forme le noyau de la force de Starkzahn. Aussi courageux que son colonel, Kreenok est un jeune officier respecté pour son zèle au combat et sa détermination. Depuis leurs actes héroïques lors de la Rébellion Hellicom, les hommes de Kreenok sont baptisés les Linewreckers par le reste de leur régiment. Ce sont eux qui ont mené le combat urbain qui permit de faire tomber l’ultime îlot de résistance, le tristement célèbre "Quartier du Boucher". Plusieurs pelotons avaient été massacrés en tentant de s’emparer de cette zone. Saisissant une occasion de se couvrir de gloire, Kreenok avait dégainé son Épée Tronçonneuse et s’était rué à l’attaque. Les rares soldats qui avaient survécu à l’assaut avaient été promus Sergents, et avaient pris le commandement des escouades venues remplacer les pertes. Ce furent donc ces pelotons qui embarquèrent dans les navires de transport de la Force d’Intervention Retribution. En plus de l’escouade de commandement de Kreenok, les Linewreckers comptaient cinq escouades d’infanterie, deux escadrons de Sentinelles et deux Escouades d’Armes Lourdes. Généralement, les Sentinelles étaient conservées sur les flancs pour partir en reconnaissance, mais elles pouvaient également apporter leur puissance de feu là où elle s’avérait nécessaire. Les Escouades d’Armes Lourdes étaient chargées d’assurer des tirs d’appui pendant que l’infanterie avançait. Les servants de Bolters Lourds étaient surnommés "Les Grondeurs" par leurs camarades en raison du vacarme de leurs armes, tandis que les opérateurs des Canons Laser étaient appelés "Les Tueurs de Chars", en référence à leur rôle au combat.

Un Commandant de Peloton grossissait les rangs de l’infanterie. Elle était menée par le Lieutenant Drazda, un vétéran expérimenté. Ses trois escouades de vétérans étaient baptisées "Les Sureshots", car elles rassemblaient les meilleurs tireurs du régiment. Ils servaient sous les ordres de Starkzahn depuis sa promotion, et celui-ci appréciait les tactiques audacieuses de Drazda ainsi que le professionnalisme de ses hommes. Sur Darristen, les Sureshots se rendaient au combat à bord de Chimères, ne débarquant que pour repousser à bout portant les vagues de cultistes. Toutefois, l’adversaire ne comptait pas que des fanatiques en robes, mais aussi une poignée de redoutables Space Marines du Chaos. Le fait que les Sureshots aient survécu face à un adversaire aussi terrible en dit long sur leur talent et leurs nerfs d’acier. Ce fut au cours de ces mêmes affrontements que le Hellhound qui soutient les Sureshots gagna son sobriquet "Fureur de Cadia", tant les ravages qu’il fit furent atroces.

Le dernier élément assigné à ce Groupe de Bataille fut un Commandant de Compagnie. Originaires du 423e, les Indefatigable étaient sous les ordres du chef de char Urdrake. Ils devaient fournir un appui blindé au Groupe de Bataille Thunder, et avaient déjà joué ce rôle au cours de leur dernière bataille, à l’occasion de la défense de Cyphus IV. Ils s’étaient avérés à hauteur de la tâche, et chaque rugissement de leurs obusiers avait transformé en boule de feu un des transports brinquebalants des Orks. Le combat avait été si violent que le Technoprêtre Vinctius avait passé la totalité du voyage de la Force d’Intervention Retribution à réparer les dégâts mineurs subis par les chars. La bataille susdite avait été remportée lorsque les Canons Laser d’Impervious Honour avaient réduit à néant un méga-tank Ork, et que le Stormlord avait poursuivi sa route en écrasant sous ses chenilles les Peaux-Vertes pris de panique.

Enfin, le Commissaire Fremantle avait rejoint le Groupe de Bataille Thunder. Toujours à l’affût d’une éventuelle promotion, Fremantle avait tout fait pour rejoindre l’état-major du Colonel Starkzahn, car il savait que le bouillonnant officier était toujours le premier au combat, et c’était précisément là que les talents du Commissaire feraient merveille. Fremantle n’allait pas être déçu, car le plan du Colonel Starkzahn était d’avancer aussi vite que possible à la tête Groupe de Bataille Thunder afin d’être le premier à atteindre le point de rendez-vous fixé à Agrellan Prime, exactement là où les T’au avaient établi leur colonie majeure.

Conformément au plan du Colonel Starkzahn, le fer de lance ouest était composé d’une nuée de Groupes de Bataille œuvrant dans un but commun. En plus de 625e Cadien de Starkzahn, on dénombrait des soldats du 168e Cadien et du 22e Rhundvarian, ainsi que des éléments du 423e Cadien et du 72e Régiment Blindé. Lorsque c’était possible, le Colonel Starkzahn tentait de maintenir la cohésion de ses régiments, mais c’était une tâche ardue à cause du chaos suscité par les atterrissages et la nécessité d’avancer aussi vite que possible. En général, les Groupe de Bataille étaient un mélange d’infanterie et de chars. La seule arme manquante était l’artillerie, car ses brigades devaient atterrir en dernier, par conséquent l’infanterie devait compter sur ses propres pièces d’artillerie régimentaire. Néanmoins, Starkzahn ne pensait pas que cela poserait un problème. Il envisageait un front mobile où la supériorité aérienne serait plus importante que les convois d’artillerie peu manœuvrables.

Jetant un coup d’œil par-dessus l’affleurement rocheux, le Shas’ui Tra’erro scruta l’horizon avec son scanner. Des nuages de poussière signalaient l’approche des gue’la. Seuls de lourds véhicules chenillés pouvaient soulever autant de particules. Trois équipes de Cibleurs étaient dispersées dans les environs. Le Shas’ui entra des coordonnées dans la console fixée à son poignet, et son système de communication relaya les informations à ses camarades. La triangulation était parfaite. Chaque unité ennemie avait été signalée et les cibles prioritaires avaient été établies, des escouades d’infanterie jusqu’aux chars pesants qui avançaient derrière elle. Derrière les Cibleurs s’étiraient des dunes où se cachaient des Armoured Interdiction Cadres. Le chef de chaque Hammerhead recevait lui aussi les informations des Cibleurs, et son holocarte indiquait la progression de l’ennemi. Les Cibleurs observaient et attendaient tandis que les nuages de poussière se rapprochaient. Finalement, ils purent distinguer des silhouettes. Tra’erro savait qu’il n’avait pas besoin de dire à ses guerriers d’attendre, car leur discipline était parfaite. Ils finirent par voir les optiques des respirateurs des gue’la. Ils tournaient parfois la tête en direction des Cibleurs, mais sans les voir tant ils étaient bien camouflés. Finalement, les équipes allumèrent les désignateurs. Derrière eux, des sifflements typiques se firent entendre comme les Sky Rays libéraient leur première salve…

Les désolations traversées par le fer de lance ouest étaient très hostiles à cause des tempêtes radioactives fréquentes qui soulevaient des nuages de poussière. Comme leur nom l’indiquait, les Plaines Mortes étaient planes, seulement ponctuées d’affleurements rocheux. Les seuls signes d’une précédente présence humaine étaient les zones industrielles à l’abandon qu’on apercevait de temps à autre. Chaque élément du terrain semblait une cachette idéale pour un des cadres de chasse des T’au. Parfois, des fusillades éclataient, ou des missiles jaillissaient de nulle part pour percuter les chars impériaux. Les hommes de l’Astra Militarum restaient imperturbables en dépit de ces attaques, de la chaleur écrasante et de la poussière, cependant les raids des Xenos leur mettaient lentement les nerfs à vif. Tous les soldats, du simple seconde classe jusqu’à l’aspirant, en virent à espérer une vraie bataille. Le Colonel Starkzahn s’attendait à ce que tôt ou tard, les T’au acceptent le combat face à la progression des forces impériales en direction de leur colonie.

Les rapports crépitaient dans le vox comme chaque Groupe de Bataille avançait dans le désert et envoyait régulièrement des nouvelles. À chaque fois, elles étaient plus ou moins les mêmes : des assauts en provenance de nulle part et qui prenaient fin avant que la Garde Impériale puisse organiser une contre-attaque. Ces raids étaient soudains et imprévisibles. Les humains en vinrent à redouter le hurlement des réacteurs des aéronefs T’au ou le sifflement de missiles qui filaient depuis l’horizon. Cependant, il y avait une chose qu’ils commencèrent à craindre plus que toutes les autres : les redoutables Canons Rails montés sur les tourelles des Hammerheads. Ces chars antigrav se mettaient à portée ou émergeaient de derrière les dunes pour lâcher une salve avant de s’enfuir. Le craquement caractéristique du Canon Rail sonnait le glas aussi bien des blindés que de l’infanterie. Parfois, les Hammerheads étaient accompagnés par de l’infanterie mécanisée dont les Fusils à Impulsions à longue portée semaient la mort. Au cours de ces courtes fusillades, les troupes impériales, notamment les chars, ne trouvaient pas de couvert dans le désert. Et si les Impériaux parvenaient courageusement à se rapprocher de l’ennemi, ce dernier rembarquait à bord de ses Devilfishs et battait en retraite.

La grande majorité des Thunderbolts de la Marine, ainsi que les Valkyries et les Vautours de l’Astra Militarum, avaient pour mission de protéger les sites d’atterrissage, si bien que les forces impériales au sol étaient incapables de riposter efficacement face aux tactiques de harcèlement des T’au. En de rares cas, le Maître de Chapitre Shrike organisait des frappes ciblées de l’Adeptus Astartes, lors desquelles de rapides Thunderhawks amenaient une puissance de feu écrasante. Mais de telles opérations étaient minoritaires face aux milliers d’embuscades et de fusillades. Certes, les effets des contre-attaques des Space Marines étaient évidents, car ils ne laissaient derrière eux que des carcasses de véhicules T’au et des corps Xenos démembrés. Ces petites victoires maintenaient à flot le moral de l’Astra Militarum lorsque les Groupes de Bataille passaient à proximité.

Embuscades dans les Ruines Noires

Le Colonel Starzahn.

Les T’au avaient été sonnés par l’ampleur de l’armada impériale et par la rapidité de son arrivée. Le Commandeur Shadowsun savait qu’elle ne pouvait pas empêcher l’ennemi d’atterrir, car ses forces seraient anéanties par les bombardements orbitaux si elles s’y essayaient. Dans un tel cas, le Kauyon recommandait plus que jamais de faire preuve de patience.

Le Capitaine Shaposhnik observa l’horizon avec ses magnoculaires, même s’il savait qu’il ne verrait rien. L’air empoisonné était chargé de poussière au point que la visibilité était réduite à moins d’un kilomètre. À cette distance, on ne pouvait pas voir bouger la moindre chose dans les ruines. De toute façon, ses magnoculaires semblaient en panne, et refusèrent de marcher même après qu’il eût essuyé les optiques sur le revers de sa manche afin d’éveiller l’Esprit de la Machine. La poussière radioactive parasitait aussi les émissions, voire les coupait complètement pendant plusieurs minutes. Le Capitaine était nerveux à cause du silence radio observé par son escadron de Sentinelles et son peloton de reconnaissance. Ils avaient disparu depuis trop longtemps. L’absence de communications était peut-être due aux parasites, mais le Capitaine n’oubliait pas que le Colonel Starkzahn l’avait alerté à propos de possibles embuscades. La seule véritable inconnue était le moment où les T’au frapperaient.

Ayant le choix entre foncer la tête la première dans une embuscade ou attendre, Shaposhnik n’eut guère de mal à se décider. Il ne voulait pas encourir la colère de son Colonel en se montrant pusillanime, et ordonna donc à son opérateur vox de signaler aux troupes de former trois lignes de batailles. Lorsqu’elles eurent terminé, il fit signe à la première ligne d’avancer. De toute façon, aucun Xenos ne pouvait se montrer aussi féroce que Starkzahn…

Alors que les humains avançaient, on les observait silencieusement grâce à des lunettes infrarouges et des optiques sophistiquées. Des capteurs de chaleur évaluaient la puissance émise par les moteurs des chars, et pouvaient également repérer les battements d’un cœur de gue’la. Les scanners de densité repéraient les points faibles dans les blindages, tandis que les équipements soniques enregistraient les communications, et même les respirations saccadées des soldats. Toutes ces données étaient partagées entre les divers postes de surveillance, qui profitaient aussi des informations que parvenaient encore à transmettre les rares satellites géostationnaires ayant survécu à la colère de la Marine Impériale.

Le Cadre Sabre de Feu Shas’nel Rhu’var appuya sur plusieurs icônes de la console de son poignet afin de relayer le code secret du plan de bataille. Ainsi, sans qu’il prononce un mot, le message se propagea dans les ruines.

L’embuscade se produisit en un éclair.

Des équipes de Cibleurs bien cachées dans les décombres utilisèrent leurs désignateurs pour marquer tous les Leman Russ de l’escadron de tête. Des Missiles Seeker partirent si rapidement que l’œil peinait à les suivre. Ils percutèrent les blindés à l’arrière, là où leur blindage était le moins épais. Les tanks explosèrent en projetant des éclats chauffés à blanc sur l’infanterie qui les accompagnait. Avant que les Gardes Impériaux puissent réagir et se jeter à couvert ou riposter, les tirs de Fusils des Drones Snipers commencèrent à abattre les cibles prioritaires. Les Sergents, les Lieutenants, les Commissaires et les soldats portant les armes lourdes s’écroulèrent tandis que les salves de plasma les trouaient de part en part.

Le Capitaine Shaposhnik et les officiers survivants tentèrent de restaurer l’ordre alors que la panique commençait à se répandre, mais au même moment, le reste du Cadre de Chasse se joignit à l’attaque. Des transports Devilfishs jaillirent de derrière les ruines, leur accélération soudaine soulevant des nuages de poussière noire. Les véhicules s’arrêtèrent brusquement aux positions présélectionnées afin de débarquer des Guerriers de Feu qui se mirent instantanément en formation de tir. Les lignes des Xenos s’illuminèrent de salves bleutées tandis que les tirs de plasma emplissaient l’air. Les cris d’agonie des humains ne tardèrent pas à se faire entendre. Alors qu’il se tournait vers son opérateur vox pour lui ordonner d’envoyer la deuxième ligne de bataille en soutien, le Capitaine Shaposhnik fut stupéfait de voir son corps décapité par un tir. Il gisait au sol dans une mare de sang.

D’autres régiments auraient sans doute fui face à ce déferlement de violence soudain, mais ces soldats étaient des Troupes d’Assaut Cadiennes du 625e, et ils n’avaient pas peur de mourir. Les survivants étaient déjà en train de se regrouper et de riposter. Les faisceaux des lasers perçaient la pénombre. Certains Cadiens rampèrent pour récupérer les armes lourdes de leurs camarades défunts, toutefois ils furent abattus les uns après les autres par les Drones Snipers dès que ces derniers les repéraient.

Hurlant des ordres, le Capitaine Shaposhnik signala à ses hommes de se mettre en position défensive, et rassembla ses dernières escouades autour de lui et des équipes de mortiers. Celles-ci s’affairaient à tirer des obus vers les positions supposées de l’ennemi. Une fois la situation stabilisée, le Capitaine Shaposhnik fit appel à un nouvel opérateur vox et commanda à la deuxième ligne de bataille d’ancrer ses positions. Un second escadron de Leman Russ arriva bientôt, leurs obusiers donnant de la voix pour assurer des tirs d’appui à l’infanterie en dépit du manque de visibilité flagrant. En effet, les artilleurs ne voyaient guère plus que des explosions et des flashs lumineux à travers la poussière. Plusieurs escouades d’infanterie vinrent renforcer la ligne, puis Shaposhnik transmit ses coordonnées pour tenter d’obtenir un soutien aérien, et surtout, de l’aide de la part des autres Groupes de Bataille.

Une fois ces dernières communications transmises par l’opérateur vox du Capitaine, le Shas’nel Rhu’var ordonna au porteur du brouilleur radio de son cadre de l’activer, afin d’empêcher toute émission ultérieure : le piège avait été déclenché, mais le pire de l’embuscade était à venir…

Armoured Interdiction Cadre de Longstrike
Longstrike

Longstrike était si bon tireur qu’il fut choisi pour tester le prototype d’Exo-Armure de pilote de char XV02. Grâce à son interface améliorée, Longstrike ne fait plus qu’un avec son char, et même avec le reste de son cadre. L’Exo-Armure interagit à la perfection avec l’intelligence artificielle de son Hammerhead, ce qui lui permet de verrouiller rapidement ses cibles et de soutenir efficacement ses alliés. Mais en dépit des modes de vision et des holocartes fournies par la XV02, Longstrike préfère toujours passer la tête par la coupole de son char pour observer la bataille de ses propres yeux. À ceux qui le lui reprochent, il répond avec un ancien proverbe de T’au : "Vrass al’shon kwn’sha", qu’on peut traduire approximativement par "certaines traditions ne meurent pas". En effet, Longstrike reste traditionaliste et se lie aux enseignements qu’il a reçus dans les académies de la Caste du Feu. Il s’entraîne quotidiennement avec le reste de son cadre, jusqu’à ce que chacun connaisse par cœur les tactiques et les matrices de visée de chaque membre. Toutefois, lorsque les nouveaux camarades de Longstrike lui proposèrent de célébrer ensemble le rituel du Ta’lissera, ce dernier refusa, car suite à la mort de ses premiers partenaires de Ta’lissera sur T’ros face aux humains, Longstrike jura de ne plus jamais célébrer ce rituel. Depuis, il est entièrement dévoué à son devoir et à la bataille.

Les Armoured Interdiction Cadres sont conçus pour être mobiles avec une excellente puissance de feu, et le plus redoutable char de ces formations est sans conteste celui du maître pilote Shas’la T'au Sha'ng, plus connu sous le nom de Longstrike.

Lorsque les T’au dérobèrent Mu’gulath Bay des mains de l’Imperium en une seule journée, le plus grand héros de la bataille fut Longstrike. Les Armoured Interdiction Cadres sont entraînés à se battre comme si leurs chars n’étaient que les composantes d’une même entité. Au début de cette campagne éclair, la formation de Longstrike fut déployée dans le fer de lance de l’assaut, qui était chargé d’engager les chars impériaux et de détruire les positions fortifiées. Et ce jour-là, Longstrike fit jouer à ses tanks une symphonie de mort parfaitement orchestrée.

Usant au mieux de leurs moteurs gravitiques, les chars de Longstrike s’élancèrent au combat à pleine vitesse. Ils faisaient face à une compagnie entière de Leman Russ, et aux armes lourdes qui tiraient depuis une ligne fortifiée. Tout d’abord, le Sky Ray utilisa ses désignateurs multinodes pour indiquer les cibles prioritaires au reste du cadre. Il ne tira pas ses Missiles Seeker, et les conserva pour parer aux impondérables qui ne manqueraient pas de survenir.

Avec l’assistance des désignateurs, les Hammerheads ouvrirent le feu. Deux d’entre eux étaient équipés de redoutables Canons Rails. Puisque les véhicules de Longstrike étaient dépassés en nombre, chaque tir comptait, et pas un ne manqua sa cible. En dépit des lourds blindages de l’adversaire, les tirs de Canons Rails pénétrèrent les meilleures protections et mirent hors de combat les Leman Russ les uns après les autres. Le troisième Hammerhead était doté d’un Canon à Ions. Lorsque l’arme atteignit sa masse critique, l’équipage ouvrit le feu, et la boule ionisée et bleutée qu’il projeta réduisit en cendres les gardes impériaux terrés dans leur bunker en ferrobéton.

Longstrike prenait soin de rester toujours en mouvement avec sa formation. Zigzagant entre les épaves de leurs premières victimes, les chars du cadre poursuivirent leur progression. Dans un sifflement perçant, le Sky Ray tira plusieurs missiles qui anéantirent des véhicules ennemis qui tentaient une manœuvre de flanc afin de prendre pour cible le blindage des T’au là où il était vulnérable. Cependant, les blindés adverses n’étaient pas le seul souci de l’Armoured Interdiction Cadre. De l’infanterie équipée d’armes antichars attendait dans les tranchées ou se cachait derrière les épaves de ses transports en feu.

Mais alors que les humains se préparaient à faire feu sur les agiles véhicules des T’au, ces derniers eurent recours à leur armement secondaire. Les Canons à Induction déchiquetèrent les soldats faiblement protégés, et les Lance-Missiles à tête chercheuse délogèrent les humains les mieux retranchés. Lorsque ces derniers plongeaient pour se mettre à couvert, les petits missiles autoguidés les suivaient et explosaient au beau milieu des redoutes.

À la fin de la journée, Longstrike avait personnellement détruit tant de cibles, aussi bien des chars que d’immenses marcheurs, qu’il venait d’asseoir sa réputation de plus grand pilote de char de la Troisième Sphère d’Expansion. Malgré tout, il souligna que c’était les talents des guerriers de son cadre qui lui avaient permis d’accomplir de tels exploits. Pour avoir tué tant d’ennemis, son Armoured Interdiction Cadre fut félicité par le Commandeur Shadowsun en personne. Seule une recommandation de la part d’Aun’Va lui-même eût été un plus grand honneur.

Depuis, Longstrike a poursuivi ses exploits sur Mu’gulath Bay. Les ordres du Commandeur Shadowsun sont simples : éroder les forces ennemies par des tactiques de guérilla, tactiques que Longstrike et son Armoured Interdiction Cadres maîtrisent à la perfection.


Escadron Batalica

L’Escadron Batalica était certain qu’il n’y avait aucun ennemi qu’il ne pourrait pulvériser puis broyer sous les chenilles de ses Leman Russ.

L’Escadron Batalica était le premier de la 3e Compagnie du 423e Régiment Blindé de Cadia. Ses membres avaient été triés sur le volet par le Commandant de la Compagnie, si bien que chaque char bénéficiait d’un équipage d’élite. Le Commandant de la Compagnie avait un don pour repérer les talents de ses hommes, car il ne s’agissait de nul autre que du Chevalier Commandeur Pask, l’as des blindés le plus célèbre de l’Imperium.

Les chars Leman Russ ont toujours été le poing de fer avec lequel l’Imperium écrase les lignes défensives et martèle les formations ennemies. Nul ne peut s’acquitter de telles tâches avec autant de brio que le Chevalier Commandeur Pask. Son tableau de chasse dépasse de loin celui de tous les autres pilotes de chars Cadiens, et les hommes de sa compagnie, particulièrement ceux de son Escadron, ont pris l’habitude d’émuler l’exemple de leur chef.

Pendant les guerres qui assaillent l’Imperium de toutes parts, le 423e Régiment Blindé a été envoyé partout dans la galaxie, en se joignant successivement à diverses Forces d’Intervention. Partout où il a été déployé, l’Escadron Batalica s’est illustré. Sur Haytor’s Hole, il est parvenu à stopper la progression des chars antigrav Aeldaris, et n’a laissé que des épaves derrière lui. Pendant la campagne des Sept Lunes, l’Escadron Batalica a affronté des blindés rebelles, et a vaincu non seulement d’autres chars Leman Russ, mais aussi des véhicules des Space Marines du Chaos.

Le secret de la réussite du Chevalier Commandeur Pask est simple, car c’est un tueur de chars inégalable. Sa stratégie est tout aussi directe : tirer en premier et ne pas rater sa cible, et c’est un conseil qu’il ne manque pas de prodiguer aux membres qui rejoignent régulièrement sa compagnie. Pendant la plupart des engagements, Pask préfère évoluer avec son char au sein de son escadron personnel, en utilisant son Canon Vanquisher pour détruire les ennemis qui posent la plus grande menace à ses camarades. Son escadron assure une tâche similaire, et ses obusiers ne manquent jamais de protéger les flancs de leur chef au cours de sa progression.

L’entraînement des tankistes de la Garde Impériale est aussi rude et efficace que les Leman Russ qu’ils pilotent. Ils apprennent à se fier à l’épais blindage frontal de leur engin, et à tirer avant de réfléchir, tout simplement pour détruire l’ennemi avant qu’il puisse ouvrir le feu. C’est plus ou moins cette tactique que le Chevalier Commandeur Pask a employée avec son escadron sur Agrellan, en avançant sans jamais ralentir. Si l’ennemi était bien équipé en armes antichars, Pask restait parfois en réserve et envoyait d’autres escadrons en guise de leurre pour que l’adversaire se dévoile. Ensuite, Pask l’éliminait aussi rapidement que son pourvoyeur était capable de recharger son Canon Vanquisher. Dans le cas où les escadrons servant d’appât étaient détruits, l’Escadron Batalica prenait leur place.

Malgré ces méthodes expéditives, tous les soldats du 423e vouent un véritable culte à leur commandant. Pendant qu’ils attendaient les ordres suivants, qui leur indiqueraient les positions T’au à attaquer, les hommes passaient leur temps à ressasser les exploits de Pask, en racontant avec force détails ses tirs extraordinairement précis, ou ses nerfs d’acier qui lui permettaient de ne jamais flancher même lors des situations les plus stressantes. Cependant, leurs histoires préférées étaient celles qui racontaient comment Pask perdait le véhicule qu’il commandait.

Et c’était vrai. Pask finissait rarement une campagne dans le véhicule avec lequel il la débutait. Une fois, une Forteresse de Bataille Ork avait broyé son Leman Russ. Une autre, c’était un Prisme de Feu Asuryani qui avait coupé son char en deux. Sur Trogos IV, le Canon Vanquisher de Pask abattit un Titan du Chaos, mais la machine de guerre s’écroula droit vers le tank. Il sembla au départ que Pask allait réussir à éviter le choc, car il avait fait marche arrière dès qu’il avait vu le géant d’acier commencer à tomber, toutefois le Leman Russ n’avait pas été pas assez rapide pour échapper à l’explosion du réacteur à plasma du Titan lorsque celui-ci entra en fusion.

Au final, cela n’avait pas d’importance. Qu’il ressorte d’une carcasse en flamme, ou qu’il s’extirpe par une écoutille une fois son tank détruit, Pask s’en tirait toujours. Son uniforme était brûlé, sa peau noircie et couverte d’estafilades, mais il était vivant. Et lorsqu’on lui assignait un nouveau char, Pask lui donnait toujours le même nom : Hand of Steel. Ses vétérans racontaient ces histoires à chaque bivouac, au point que même de jeunes recrues les connaissaient par cœur et pouvaient les narrer plusieurs années après qu’elles se fussent produites.

Jusqu’à présent sur Agrellan, les Xenos ont fui face à la progression des Leman Russ, mais le Chevalier Commandeur Pask a le pressentiment qu’une bataille de grande envergure se profile, et son instinct le trompe rarement.

Bataille Blindée

Bataille Blindée.

Alors que des colonnes de blindés impériaux fonçaient pour contrer les embuscades des T’au, elles tombaient à leur tour dans des pièges. Le Commandeur Shadowsun avait lâché l’essentiel de ses Armoured Interdiction Cadres pour infliger un coup terrible avant de battre en retraite. C’est ainsi que débuta une bataille de chars de grande envergure…

Le Chevalier Commandeur Pask sut d’instinct que quelque chose clochait. Sa radio captait plusieurs appels à l’aide, et toutes les situations décrites étaient étrangement similaires. De puissantes embuscades des T’au avaient enrayé la progression, et les éléments de tête avaient tout juste le temps de faire appel à des renforts avant que leurs communications soient coupées. Le propre vox de Pask ne tarda pas à tomber en panne lui aussi, comme si une zone de silence recouvrait les Groupes de Bataille. On ne pouvait plus recevoir par radio que des grésillements parasites. Le dernier message capté par Pask informait que plusieurs Groupes de Bataille se dirigeaient vers les sites de combats. Tous avaient été prévenus de la tendance des T’au à avoir recours à des équipes embusquées pour piéger les renforts, si bien que les progressions étaient prudentes. Pour sa part, Pask avait une autre idée en tête.

Au lieu de foncer droit vers les dernières coordonnées reçues, le Chevalier Commandeur Pask opta pour un détour qui effectuerait une boucle avant de rejoindre la localisation donnée. Sortant le torse par la coupole, il fit signe de le suivre au reste de l’Escadron Batalica et aux deux autres escadrons de la compagnie. Cet itinéraire serait plus long, cependant Pask craignait des embuscades bien plus importantes qu’on ne le pensait. Il nota au loin que le ciel noircissait, prémisse d’une tempête. Et ils allaient se diriger droit vers elle…

Blotti derrière la carcasse d’une Chimère, le Capitaine Shaposhnik avait enfin compris que sa compagnie n’avait fait que servir de leurre pour attirer d’autres troupes impériales dans un piège. Partout dans la zone de combats qui s’étirait sur trois cents kilomètres, beaucoup d’autres officiers de la Garde Impériale arrivaient aux mêmes conclusions que lui. Sous les cieux menaçants, des soldats et des chars s’étaient rués à travers les désolations pour venir en aide à leurs camarades, et étaient tombés nez à nez avec les canons des T’au.

Les hommes de la Garde Impériale avaient appris à craindre l’arme racée et sinistre qui coiffait la plupart des Hammerheads, et haïssaient le son qu’elle produisait en tirant. Les premiers arrivants étaient généralement les rapides Compagnies de Sentinelles, et les malheureux marcheurs étaient aussitôt mis en pièces par les Missiles Seeker, les Canons à Ions et les Canons Rails.

Venaient ensuite les Compagnies Blindées, qui comptaient chacune une dizaine de tanks. Une bataille de chars s’engagea peu à peu tandis que de plus en plus d’éléments du 423e Cadien et du 7e Régiment Blindé venaient soutenir les véhicules légers des régiments d’infanterie. Ils ne se doutaient pas qu’ils se jetaient la tête la première dans la gueule du loup, car Shadowsun avait rassemblé l’essentiel de ses Cadres de Chasse et Armoured Interdiction Cadres.

Les T’au avaient bien choisi le champ de bataille. Les plaines de cendres étaient quasiment dénuées de couverts en dehors des installations minières éparses. Les rares collines étaient couvertes de détritus et de sable vitrifié, et ressemblaient en tout point à des dunes. Les chars antigrav des T’au pouvaient pleinement profiter de ces couverts, se contentant de laisser dépasser leurs tourelles pour ouvrir le feu. Et comme une tempête électrique était sur le point d’éclater, l’Imperium ne pouvait pas compter sur sa supériorité aérienne pour équilibrer la partie.

En quelques heures, les plaines furent recouvertes d’épaves fumantes. Les escadrons de chars impériaux étaient en difficulté, car leurs armes étaient hors de portée et ils devaient progresser à découvert. Et au milieu de cet affrontement de monstres d’acier, une autre bataille prit forme. Les survivants des compagnies de la Garde Impériale mirent à profit les épaves des tanks pour poursuivre leur progression. Les Équipes d’Armes Lourdes couraient d’un couvert à l’autre, s’aidant de la lumière des chars en feu pour s’orienter dans la pénombre. Quelques Sentinelles parvenaient à se rapprocher pour tenter de riposter contre les Hammerheads et les Sky Rays. Ces éléments impériaux se heurtèrent rapidement à des Strike Teams et des Cibleurs.

Pour Longstrike, cette bataille s’apparentait à un tir aux pigeons. Il était si rapide et précis qu’à lui seul, il mettait hors de combat des escadrons entiers, et il trouvait encore le temps de guider les deux Hammerheads et le Sky Ray sous ses ordres. Déjà plus de quarante cibles blindées abattues par son cadre… Pourtant, il n’était pas confiant.

L’holocarte lui avait révélé plusieurs détails troublants. Tout d’abord, la tempête électrique aurait dû maintenir à l’écart les aéronefs, toutefois il avait remarqué les silhouettes de plusieurs gros engins évoluant au nord dans le ciel. Ils ne ressemblaient pas à des chasseurs, et cela l’inquiéta. Ensuite, le nombre de chars impériaux était hallucinant, bien plus qu’il ne l’avait imaginé. S’ils parvenaient à s’organiser pour avancer de concert, les cadres T’au seraient submergés. Enfin, un nouveau fer de lance ennemi composé de tanks était apparu à l’ouest, à la limite de la portée du scanner de Longstrike. Il semblait qu’il tentait de prendre les T’au à revers.

Sentant qu’il s’était déjà attardé plus que de raison, Longstrike donna l’ordre de battre en retraite. Les uns après les autres, les véhicules antigrav des T’au reculèrent sans cesser de tirer. Longstrike observa ses bancs de Hammerheads s’éloigner progressivement à travers les ruines. Ils avaient frappé fort, mais ils devaient se redéployer rapidement pour éviter de se retrouver pris en tenaille par les formations impériales.

L’Orgueil de Cadia

La Compagnie IV du 78e Régiment Blindé de Cadia est une "Compagnie Super-Lourde Emperor’s Fury", et son déploiement est réservé aux plus terribles champs de bataille de la galaxie. Surnommée, "l’Orgueil de Cadia", cette compagnie comprend le Baneblade Foebreaker, le Banesword, Blessing of Obliteration et le Hellhammer Emperor’s Decree. Ces trois Chars Super-Lourds proviennent du plus éminent Monde-Forge : Mars. Ils servent Cadia glorieusement depuis des millénaires. Chacun de ces chars est une forteresse mobile dotée d’un blindage impénétrable et de canons d’une puissance prodigieuse.

Le commandant de la Compagnie IV est le chef de char vétéran Vroskni. Depuis la coupole de son char de commandement Foebreaker, il a mené l’Orgueil de Cadia de victoire en victoire. Même si la compagnie dispose d’une puissance de feu suffisante pour raser des cités, Vroskni a appris à optimiser l’efficacité de ses chars en leur assignant le rôle pour lequel ils sont le plus aptes. Récemment, la compagnie a été appelée pour rejoindre les groupes d’assaut combattant sur Thraxdon. Pendant une décennie, les forces impériales avaient assiégé le Monde-Forteresse rebelle, sans toutefois parvenir à briser les formidables lignes défensives érigées par les traîtres pour les préserver du courroux de l’Imperium.

Le jour de son arrivée sur la planète, Vroskni prit la tête d’une nouvelle attaque contre les fortifications. Les tanks de l’Orgueil de Cadia progressaient pesamment et essuyaient sans broncher les tirs ennemis tout en ripostant avec leurs canons. Au centre, Foebreaker eut recours à son canon principal pour détruire les tourelles ennemies au loin, tandis que son Canon Démolisseur de coque pulvérisait les bunkers en plasbéton et réduisait les lignes de défense en gravats afin que les véhicules puissent les traverser.

À la droite de Vroskni, le Banesword Blessing of Obliteration se servait de son Canon Quake pour pilonner la citadelle hérissée d’armes au centre du dispositif défensif. Chaque obus arrachait un pan du bastion, et l’onde de choc fissurait les murs de cette structure pourtant réputée invincible. Finalement, incapable d’en supporter davantage, la tour s’écroula dans un nuage de poussière, suscitant des vivats au sein des lignes impériales.

Cependant, les hérétiques étaient loin d’être vaincus. Les tranchées regorgeaient de cultistes équipés d’armes lourdes et avides de se venger de ceux qui étaient parvenus à franchir la première ligne de défense. Les tourelles secondaires du Baneblade et du Banesword ouvrirent le feu, mais elles ne pouvaient stopper une telle marée humaine, et même l’épais blindage des Chars Super-Lourds allait fini par ployer sous les coups de boutoir des canons laser. Néanmoins, le Commandant Vroskni avait prévu cette éventualité, et fit appel à Emperor’s Decree, le troisième char de sa compagnie. Le Hellhammer était inestimable lors de tels combats rapprochés. Ses tourelles de flanc crachaient des flammes qui nettoyaient les environs des chars, tandis que les obus de gros calibre de son Canon Hellhammer détruisaient non seulement les ennemis cachés derrière les barricades, mais également les barricades elles-mêmes. Les Redoutes et les tranchées furent rapidement réduites en cratères fumants jalonnés de cadavres.

Le Commandant Vroskni ordonna au Hellhammer de poursuivre son avance pendant que le Baneblade et le Banesword tenaient leurs positions pour lui fournir des tirs d’appui. Emperor’s Decree s’enfonça profondément dans les lignes de défense, ses alliés lui frayant un passage à coups de Canon Démolisseur et de Canon Quake. Face à un tel déferlement de puissance, les hérétiques ne pouvaient rien faire pour se défendre.

En une heure, les troupes impériales avaient percé les défenses, et cet exploit n’avait été rendu possible que par la puissance de feu terrifiante de la Compagnie IV, l’Orgueil de Cadia. Cependant, celle-ci n’eut pas le temps de se reposer sur ses lauriers, car dès que les équipes de Technaugures eurent terminé de bénir les machines, celles-ci furent chargées dans des transports et emmenées par la flotte, car d’autres zones de guerre avaient besoin d’elles. Malgré cela, les éléments aussi précieux que les compagnies de Chars Super-Lourds ne sont jamais engagés à la légère. Ainsi, la Compagnie IV n’a servi qu'à juguler les invasions Orks les plus importantes, à briser les statu quo les plus essentiels et à broyer les rébellions les plus intenables sous ses chenilles d’adamantium. Au fil de campagnes triomphales, Vroskni a appris que tant que ses Chars Super-Lourds se soutenaient mutuellement, rien en dehors des super-lourds adverses ne pouvait résister à leur puissance de feu combinée.

Même si la Compagnie IV n’avait jamais affronté les T’au, Vroskni avait été mis au fait des tactiques des Xenos et de leur supériorité technologique. Starkzahn lui dévoila aussi son plan audacieux : au lieu de déployer la compagnie super-lourde sur un site d’atterrissage relativement sécurisé, Starkzahn allait lui faire effectuer un assaut aéroporté au beau milieu du territoire adverse. C’était une manœuvre risquée, mais elle donnerait un avantage considérable à l’Imperium si elle était couronnée de succès.

La Fureur de l'Empereur

Le plan des Armoured Interdiction Cadres était de battre en retraite avant de se retrouver enlisés dans un affrontement de grande envergure, mais il est bien connu qu’aucun plan ne survit bien longtemps à la réalité… Avec l’arrivée inattendue d’une compagnie de Chars Super-Lourds, les T’au furent forcés d’engager des réserves pour sauver leurs propres blindés.

Les Armoured Interdiction Cadres qui battaient en retraite virent leur route coupée par les plus gros chars impériaux jamais rencontrés. Alors qu’ils essayaient de les contourner, le Chevalier Commandeur Pask et ses trois escadrons arrivèrent en fanfare, leurs obusiers crachant des flammes. La bataille de chars qui éclata fut d’une violence inouïe. Les deux camps subirent de lourdes pertes. Des véhicules explosaient et des épaves noircies continuaient de brûler férocement. Tandis que les tanks manœuvraient au milieu des restes calcinés, les tirs de Canons Laser et de Canons Rail zébraient le champ de bataille. Les obus d’artillerie du Baneblade Foebreaker détonaient avec une telle force que la zone ressembla bientôt à la surface d’une lune constellée de cratères fumants.

Tant que les Hammerheads avaient maintenu leurs adversaires à distance, ils avaient bénéficié d’avantages décisifs : les chars antigrav étaient plus manœuvrables, et les Canons Rail plus puissants et dotés d’une plus longue portée que les armes antichars de l’Imperium. Mais en combat rapproché, comme c’était désormais le cas, les T’au étaient à la fois surclassés en nombre et en puissance de feu. Leurs meilleurs pilotes conservaient leur sang-froid, et usaient au mieux de la rapidité et de la mobilité de leurs chars pour rester à couvert face aux escadrons de Leman Russ, tout en effectuant des tirs d’opportunité quand ils en avaient l’occasion. En revanche, les pilotes qui commettaient l’erreur de s’arrêter quelques secondes pour prendre le temps de viser étaient bien souvent vaporisés par les tirs de plusieurs obusiers. L’arme la plus terrifiante des impériaux était bien sûr le Canon Quake du Blessing of Obliteration. Même lorsqu’il ratait sa cible, le souffle de l’explosion était tel qu’il pouvait renverser les tanks à proximité. Après qu’un banc de Sky Rays eût été pris dans une de ces explosions, les T’au adoptèrent des formations beaucoup plus éparses.

Au milieu d’une telle profusion de cibles, le Chevalier Commandeur Pask était dans son élément. Il était tout entier dédié à l’extermination de ses ennemis. Il ordonnait à son artilleur de tirer à un rythme effréné, et à chaque fois, les flammes qui jaillissaient de son Canon Vanquisher précédaient l’explosion d’un véhicule antigrav. Une fumée noire commençait à brouiller les environs. La bataille était un ballet de mort ; les T’au tentaient de battre en retraite, mais le nœud coulant de l’Imperium se refermait sur eux.

Pour Longstrike, la retraite en bon ordre avait tourné au cauchemar. L’ennemi était partout autour de lui. Il assignait et établissait sans cesse de nouvelles cibles prioritaires, tout en virant de bord brusquement avec son Hammerhead pour éviter les tirs adverses.

En dépit de ses efforts, Sha’ng avait déjà perdu des membres de son cadre. Les tanks de ses camarades avaient été détruits les uns après les autres, si bien qu’il ne restait plus que deux Hammerheads, dont celui de Longstrike. Cependant, il n’avait pas le temps de se lamenter sur son sort, car des explosions commençaient à le quadriller, et son holocartes lui indiquait d’autres chars impériaux en provenance du sud-est. Alors que Longstrike coupait les alarmes qui le prévenaient de dommages mineurs et de l’épuisement du stock de contre-mesures, il nota qu’un des réacteurs du Hammerhead de Shul’mur avait des ratés. Faire preuve de lenteur revenait à signer sa condamnation à mort, surtout que plusieurs icônes se rapprochaient…

« Shas’la Shul’mur, » dit-il. « Coupe ton réacteur gauche et laisse-le refroidir avant de le redémarrer. Mais ne reste pas immobile. Tu peux encore virer sur la gauche. Va derrière les dunes pour te mettre hors de vue des gue’la. »

L’image-pict dans l’Exo-Armure de Longstrike lui montra le visage d’un guerrier sur le point de craquer, dont le rythme cardiaque était anormalement élevé. Alors que Longstrike lui parlait, il ajusta en même temps son Canon Rail et tira à trois reprises en direction de l’ennemi. Deux chars adverses se mirent à cracher une fumée noire tandis que leurs équipages ouvraient les écoutilles pour s’en extirper. Le troisième tank avait viré de bord au bon moment, si bien que le projectile avait ricoché contre l’épais blindage de sa tourelle. Son long canon ne tarda pas à riposter.

D’expérience, Longstrike savait qu’un tir au jugé de la part d’un Leman Russ lancé à pleine vitesse n’avait que des chances infimes de faire mouche. Pourtant, ce ne fut pas le cas cette fois-ci.

Une nouvelle alarme prévint Longstrike une fraction de seconde avant l’impact, et il eut le temps de faire une embardée afin que son blindage n’essuie par le tir de plein fouet. Malgré tout, le choc fit trembler tout le véhicule. Même le champ de suppression de son Exo-Armure XV02 ne parvint pas à le protéger totalement, et sa vision se brouilla momentanément. Il continua d’avancer à l’aveuglette, se fiant à son instinct, tout en faisant pivoter sa tourelle pour qu’elle reste dans l’alignement de sa cible. Il devait continuer d’attirer l’attention de cet adversaire, le temps que le Shas’la Shul’mur se mette à couvert.

Faisant preuve d’une précision inouïe, le tank gue’la au long canon ouvrit de nouveau le feu. Son obus perforant transperça le Hammerhead de Shul’mur. L’engin fut ravagé par une boule de feu orange qui le projeta haut dans les airs.

Longstrike vira de bord et accéléra. L’holocarte lui indiquait qu’il avait beaucoup d’autres ennemis à esquiver s’il voulait s’en sortir vivant.

CHAPITRE 2 : FER DE LANCE IMPÉRIALE

Manœuvres et Contre-Manœuvres

Les commandants de l’Imperium s’étaient mis d’accord sur le fait qu’une fois l’ennemi sous pression, ils ne devaient pas la relâcher, pour ne pas laisser les T’au combattre selon leurs propres termes. L’Imperium devait les empêcher coûte que coûte de se désengager pour établir d’autres embuscades, si bien que les forteresses de T’au furent visées en priorité.

Suite à la terrible bataille contre les blindés ennemis, y compris une compagnie de redoutables chars super-lourds, les T’au étaient parvenus à se mettre dans une sécurité relative et purent reprendre leur souffle. Une fois à portée des machines environnementales de la Caste de la Terre, le ciel redevint bleu, contrairement au reste de Mu’gulath Bay, où il était constamment voilé par des nuages toxiques. À l’exception de la Ruche Agrellan Prime qui dominait l’horizon telle une montagne de rouille orangée, le reste du paysage avait été débarrassé des reliquats des anciens maîtres de la planète.

Cependant, les forces impériales les talonnaient, si bien qu’au moment où les premiers Armoured Interdiction Cadres durement étrillés arrivaient aux abords des périmètres défensifs des T’au, le Commandeur Shadowsun commença à mobiliser des renforts. Elle fit appel à ses précieuses réserves, un mélange de Cadres de Chasse et de Forces d’Insertions Rapides, ainsi qu’à des bancs complets de Bombardiers Sun Sharks, et ce afin de couvrir la retraite des blindés. Sa stratégie consistait à contre-attaquer durement puis, lorsque l’ennemi se regrouperait, à profiter du répit pour se positionner derrière les lignes de défense. Lors d’un millier de batailles, de telles tactiques avaient réussi aux T’au, et nul n’était plus talentueuse dans leur emploi que Shadowsun. D’ailleurs, au départ, ce plan fonctionna…

Les premiers Leman Russ furent facilement mis hors d’état de nuire lorsqu’ils arrivèrent en terrain découvert et qu’ils furent pris dans les tirs croisés de Canons Rail. Alors que de plus en plus de troupes impériales affluaient, des Équipes Crisis tombèrent du ciel, leurs répulseurs leur permettant de sauter des transports Orca volant à haute altitude. Avant même d’atterrir, elles lâchaient des salves de missiles au beau milieu des formations adverses, puis à courte portée, leurs Éclateurs à Fusion venaient facilement à bout des blindages impériaux. Ensuite, les Équipes Crisis s’esquivaient agilement, avant que les survivants puissent riposter.

La Garde Impériale était désemparée et stoppée dans son élan. Les T’au avaient obtenu le répit dont ils avaient tant besoin, et ils allaient se retirer derrière leur première ligne de défense. C’est alors que le ciel s’emplit d’un grondement semblable à celui du tonnerre.

Trop rapides pour être interceptés par les chasseurs T’au, des Modules d’Atterrissage de l’Adeptus Astartes tombèrent vers le sol. Le ciel s’emplit de sillages de flammes et de fumée, et du hurlement des rétrofusées. L’Imperium tentait de contrer les frappes fulgurantes de Shadowsun avec ses propres troupes d’assaut d’élite. En quelques secondes, la retraite des T’au fut bloquée par les masses des Modules d’Atterrissage et par les Space Marines qui en sortaient en ouvrant le feu.

Kor’sarro Khan exultait, et emplit ses poumons d’une bouffée d’air frais avant de charger. Voilà qui était mieux, se dit-il en abattant Croc Sélénite pour sectionner la jambe d’une Exo-Armure. Sans ralentir dans son élan, le Capitaine de la 3e Compagnie des White Scars inversa sa prise sur l’épée et l’enfonça jusqu’à la garde dans la poitrine de l’Exo-Armure. Une fois le pilote à l’intérieur embroché, il retira sa lame, et fut satisfait de la voir maculée de sang. Les prières et les rituels étaient une chose tant qu’on se trouvait à l’intérieur d’un Module d’Atterrissage, mais la meilleure façon de laver un affront était bel et bien en restaurant son honneur au combat.

Même si Khan en était venu à respecter les prouesses martiales des T’au et les talents de leur chef, le Commandeur Shadowsun, il trouvait que leur manie des embuscades et du combat à longue portée était déshonorante. De plus, il s’irritait du fait que des Xenos puissent être doués dans les tactiques de guérilla, qu’il considérait comme l’apanage de son Chapitre. D’ailleurs, tout ce qui touchait aux T’au le plongeait désormais dans une colère noire. C’était un sentiment familier, car ce n’était que lorsqu’il était en chasse que Khan se sentait vivre. Se trouver sur la même planète que sa proie le galvanisait. Il traquait le Commandeur Shadowsun depuis trop longtemps : c’était la quatrième campagne au cours de laquelle il la poursuivait. C’était d’ailleurs sur cette planète que Khan avait juré pour la première fois de décapiter Shadowsun.

Désormais, il était proche de son repaire. Il se doutait qu’elle n’allait pas encore se montrer sur le champ de bataille, car elle n’avait pas pour habitude de mener systématiquement ses troupes au combat. Néanmoins, elle était bel et bien prise au piège, et cette pensée le satisfaisait. Une fois sa mission accomplie, la 3e Compagnie pourrait retourner défendre Chogoris. Shadowsun ne devait pas lui échapper une fois de plus.

D’un bond, il sauta par-dessus le mur et se retrouva au milieu des Guerriers de Feu. Il était tel un loup dans une bergerie.

La lame bénite de son Chapitre frappait encore et encore en répandant le sang des Xenos. Nul ne pouvait le stopper tandis qu’il se retrouvait parmi des membres tranchés et des geysers écarlates. Il entendait derrière lui les aboiements des Pistolets Bolters et le hurlement des Épées Tronçonneuses de ses frères, qui faisaient tout pour suivre le rythme de leur chef. Kor’sarro savait qu’ils n’y parviendraient pas, toutefois il respectait leur obstination, car elle était digne des véritables Fils de Jaghatai et leur donnait des forces.

La tuerie se termina rapidement ; le combat était trop déséquilibré. Seul un Drone-vidéo échappa au massacre et s’enfuit en bourdonnant. Frère Subetei pointa son Bolter dans l’intention de le détruire, mais Khan l’obligea à baisser son arme.

« Laisse-le partir, » ordonna Khan en ayant une moue dédaigneuse à l’encontre du petit Drone qui s’éloignait au plus vite. « Je veux qu’ils voient nos visages. Je veux qu’elle sache que je viens pour elle. »

Les Soldats du Dieu-Machine

L’Adeptus Mechanicus affronte les ignobles blasphémateurs Xenos !

Avec l’aide de l’Adeptus Astartes, la percée impériale en territoire T’au put se poursuivre. Ce fut à cet instant qu’une nouvelle année se joignit à la Bataille d’Agrellan Prime. En effet, sur ordre des Technoprêtres, les rangs disciplinés d’une Cohorte de Guerre Skitarii se préparèrent à attaquer les créations impies des T’au.

Les T’au avaient érigé leur plus grande colonie dans l’ombre monolithique de la Ruche Agrellan Prime désormais à l’abandon. Il y avait là des dômes d’habitations, un complexe d’entraînement de la Caste du Feu, et tous les bâtiments administratifs d’un nouveau Sept prometteur. Désormais, cette ville était le théâtre d’une bataille à laquelle les T’au ne s’étaient aucunement attendu.

Le Commandeur Shadowsun se trouvait sur les murailles qui protégeaient la colonie. Elle avait prévu de faire chèrement payer aux gue’la leur percée avant de battre en retraite derrière ses lignes de défenses. Toutefois, un assaut de Space Marines arrivés en Module d’Atterrissage avait mis son plan à l’eau. De plus en plus de ses maigres réserves étaient envoyées pour tenter de sauver ce qui pouvait encore l’être, si bien qu’un nombre croissant de troupes T’au se retrouvait empêtré dans les combats.

Pendant que les Space Marines attaquaient la première ligne de défense, le Colonel Starkzahn arriva sur le front. Il rencontra alors une armée imprévue, qui s’était rassemblée sur les plaines désertiques aux côtés du 625e Cadien et du 423e Régiment Blindé. Le Colonel ne savait pas quand et comment cette Cohorte de Guerre Skitarii avait quitté l’Archaetrove, son Technocroiseur de classe Macroclasm. En voyant la poussière qui recouvrait les robes rouges des soldats et le métal de leurs machines de guerre, il estima que l’Adeptus Mechanicus venait d’effectuer une marche forcée. Quoi qu’il en fût, l’important était que les Skitarii étaient là, prêts à se joindre à l’attaque. Au loin, des explosions retentissaient comme les Space Marines finissaient de mettre en pièces la première ligne de fortifications des T’au.

Ce n’était pas la première fois que le Colonel Starkzahn combattait avec les Légions Skitarii. Il savait qu’il ne devait pas se mêler de leurs affaires. Au dernier moment, le Magos Arcotholitis était apparu au conseil de guerre et avait déclaré que sa Cohorte de Guerre protégerait le flanc droit de la Garde Impériale, et cela suffisait au Colonel Starkzahn. Des alliés aussi implacables et féroces que les Skitarii étaient inestimables. Sans hésiter, il donna l’ordre à ses troupes d’avancer. Simultanément, depuis l’orbite haute au-dessus d’Agrellan, les Technoprêtres envoyèrent leurs propres signaux, et les Skitarii frémirent légèrement tandis que les doctrines martiales se déclenchaient et les préparaient au combat.

La première ligne défensive des T’au était en lambeaux suite à l’assaut foudroyant des Space Marines. Néanmoins, la deuxième et la troisième lignes étaient toujours opérationnelles et ripostaient férocement. Les tirs à haute vélocité des Canons Rails se mirent à siffler dans les airs et à frapper de plein fouet les chars impériaux qui s’étaient mis en branle. Plusieurs Leman Russ explosèrent, produisant d’épaisses colonnes de fumée âcre dans le désert. En revanche, les étranges marcheurs quadrupèdes des Skitarii progressaient sans trop de difficultés. Leurs champs énergétiques crépitaient lorsqu’ils absorbaient les tirs. Les machines continuaient d’avancer à un rythme soutenu, sans pour l’instant riposter avec leurs propres armes.

L’avance des forces impériales se poursuivait. La ligne de la Garde Impériale se morcelait car des explosions ravageaient ses rangs. Les tirs d’armes à impulsions massacraient les soldats qui n’avaient pas pris la précaution de se cacher derrière les silhouettes des chars. Mais bientôt, plusieurs pelotons furent à portée de tir, et s’arrêtèrent pour riposter contre les fortifications. La progression n’était pas aussi difficile sur le flanc droit.…

Les Skitarii avançaient d’un pas mécanique et régulier. Quelques guerriers étaient renversés par les tirs de Fusils à Impulsions, mais il n’était pas rare qu’ils se relevassent et reprennent leur place au sein de leur formation. Dès qu’ils furent à portée, ils ouvrirent le feu. Les piaulements de leurs armes étranges contrastaient avec le grondement des obusiers et l’aboiement des Bolters Lourds. Des faisceaux actiniques grillaient les Guerriers de Feu agglutinés sur les barricades tandis que les faisceaux d’éradication des Onagres des Dunes se mirent à les atomiser par groupes entiers. Faisant preuve d’une vitesse inhumaine, des Corrôdeurs aux membres métalliques parcourent en quelques bonds la distance qui les séparait de l’ennemi, puis sautèrent par-dessus les murs pour engager les T’au au corps à corps. Le bruit des armes transsoniques vrillait les oreilles, et n’était entrecoupé que par les cris d’agonie des guerriers de la Caste du Feu. Des Équipes Crisis tentèrent de s’interposer en utilisant leurs répulseurs pour se poser à proximité et faire usage de leur terrible arsenal, mais elles furent contre-chargées par des Dragons Sydoniens. Leurs Lances Taser produisaient des gerbes d’étincelles en ouvrant les Exo-Armures comme de vulgaires boites de conserve. Une fois les Crisis exterminées, les marcheurs bipèdes reprirent leur avance méthodique.

Pour sa part, la Garde Impériale éprouvait plus de difficultés à percer les fortifications. Les pertes montaient en flèche comme les Troupes d’Assaut Cadiennes tentaient d’avancer de quelques mètres de plus, en se mettant à couvert derrière les épaves en feu de leur véhicules. Cependant, les tirs des innombrables Fusils Laser et des mortiers, ainsi que l’assaut des derniers chars, permirent d’ouvrir une brèche dans la seconde ligne. Malgré tout, la progression de l’Astra Militarum accusait un retard certain par rapport à celle des Space Marines et des Skitarii.

Depuis son poste de commandement secret, Shadowsun observait les vidéos et les holocartes. Elle esquissa un sourire en entrevoyant une opportunité. Fondamentalement, son plan n’avait pas changé : infliger un maximum de pertes tout en minimisant les siennes…

Assiégeants Impériaux

Les forces de l’Imperium repoussent les T’au.

Les forces impériales ne s’attendaient pas à affronter un tel réseau défensif. Là où il n’y avait auparavant qu’un désert se trouvaient désormais des tourelles et des murs Tidewall. C’était comme si ces fortifications avaient poussé du sol stérile.

Les Canons Rails des Tidewall Gunrigs tiraient sans discontinuer. Leurs projectiles soulevaient des geysers de sable mêlés de corps démembrés. Pourtant, l’Astra Militarum avançait en abandonnant derrière elle des monticules de cadavres. Les fusillades de lasers qu’elle déclenchait étaient si intenses qu’elles forçaient les Strike Teams à se mettre à couvert derrière leurs murs, sans qu’elles puissent riposter. Dans un hurlement de turbines, les Escouades d’Assaut des Space Marines se servaient de leurs Réacteurs Dorsaux pour franchir les défenses et s’attaquer directement aux T’au. L’Adeptus Astartes atterrissait au beau milieu de l’ennemi et semait la mort à coups de Pistolet Bolter et d’Épée Tronçonneuse. Parfois, les Space Marines faisaient jeu égal avec les Exo-Armures. Quant aux Skitarii, même s’ils étaient beaucoup moins nombreux que leurs alliés de la Garde Impériale, leur puissance de feu prodigieuse dévastait les tours et les réseaux de défense.

Les T’au ne se contentaient pas de rester terrés derrière leurs murailles. Ils lançaient souvent des contre-attaques. Des bancs de Devilfishs amenaient des Strike Teams afin de déclencher des tirs croisés, ou des Breacher Teams repoussaient à bout portant les assauts adverses. Les Équipes Stealths et les Équipes Crisis arrivaient à l’instant propice pour sauver les situations désespérées. C’est ainsi que le carnage se poursuivait sous la lumière brûlante du soleil.

Un Dernier Effort…

Alors que le combat se poursuivait dans le désert, chaque camp cherchait une ouverture, une occasion pour porter un coup fatal à l’adversaire. Le Commandeur Shadowsun et le Colonel Starkzahn savaient que la chance sourit aux audacieux et que la victoire se mérite. C’est ainsi que le cours de la bataille fluctuait au gré des attaques et des contre-attaques…

Les tenaces Skitarii continuaient leur assaut. Les troupes en robes rouges absorbaient une puissance de feu terrifiante sans sourciller, car leurs corps bioniques étaient capables de résister à des coups qui auraient terrassé un humain ordinaire. Malgré tout, la fusillade qu’ils subissaient était si intense que des cadavres à moitié métalliques s’amoncelaient lentement, toutefois le programme qui poussait les survivants à avancer les empêchait aussi de réaliser qu’ils étaient sacrifiés. Le désert était le théâtre de scènes atroces, où des cyborgs mutilés se traînaient sur le sol avec leur dernier bras, en laissant derrière eux un sillage sinistre de câbles électriques grésillants.

La Garde Impériale et les Space Marines attaquaient les unes après les autres les lignes de défense des T’au, et détruisaient les tourelles avec une efficacité méthodique. En revanche, les Skitarii avançaient en formant une ligne vers les plus grandes installations, sans se soucier du risque de subir des tirs en enfilade, pas plus d’ailleurs qu’ils ne prenaient la peine d’éliminer toutes les menaces pour dégager le passage à leurs alliés. Les manipules de l’Adeptus Mechanicus avançaient, tuaient, et reprenaient leur progression.

Le Commandeur Farsight et ses forces armées viennent à la rescousse !

Puisque Mu’gulath Bay n’avait été que récemment conquise par les T’au, elle ne ressemblait pas encore à un véritable Sept en dépit des efforts des ingénieurs de la Caste de la Terre. Le périmètre intérieur de la première ligne de défense était encore un désert, bien que purgé de toutes ses toxines au prix de gros efforts. Les T’au avaient prévu la future expansion des colonies, mais il aurait fallu de longues années pour que Mu’gulath Bay rivalise avec les autres Septs de l’empire. Désormais, les T’au cherchaient simplement à survivre assez longtemps pour voir arriver des renforts. L’Éthéré Suprême Aun’Va était bloqué sur ce monde, et il fallait le protéger à tout prix.

Dépassant les dômes d’entraînement de la Caste du Feu, les survivants de la Cohorte de Guerre se dirigèrent directement vers les machines environnementales. Ces structures étaient protégées par des Drones d’Attaque qui ouvrirent le feu et abattirent plusieurs soldats du Dieu-Machine. Ce furent les Infiltrateurs Sicariens qui éliminèrent finalement les défenseurs de ces installations. Leurs ondes disruptrices parasitèrent les intelligences artificielles des Drones, les laissant à la merci de leurs ennemis. Alors que les Skitarii formaient un cordon défensif autour des machines environnementales, l’air fut parcouru de vagues de chaleur inquiétantes. Se téléportant depuis l’orbite basse apparut un Saint Réquisitionneur, un des individus les plus avides du Culte Mechanicus. Il était entouré de Brècheurs Kataphron, et s’approcha des machines qu’il palpa avec les Mécadendrites de son paquetage dorsal. Il ordonna alors aux Breachers de démonter l’appareil. Ces derniers se mirent à l’œuvre avec leurs pinces énergétiques. Lorsque le réacteur, les cylindres ionisés et les autres pièces technologiques furent retirés, l’air surchauffa de nouveau, et le Technoprêtre ainsi que sa Cohorte de Guerre s’évanouirent.

Le Commandeur Shadowsun vit sur ses holocartes les brèches qui s’ouvraient entre les formations impériales. Elle avait prévu de battre de nouveau en retraite, cependant elle ne résista pas à cette opportunité de faire payer chèrement à ses ennemis le terrain conquis. Contrairement à ses habitudes, elle se laissa aller à sa pulsion et envoya la quasi-totalité de ses réserves, et envisagea même de participer directement aux combats. Elle continuait d’éprouver des doutes, car cette fois, son but n’était pas de remporter la bataille, mais de protéger Aun’Va. Ce faisant, elle commit une erreur, car la portion des réserves qu’elle jetait dans la fournaise n’était pas suffisante pour démoraliser l’ennemi.

Survolant le désert à basse altitude, les Piranhas massacraient les Cadiens. Au-dessus, des bancs de Bombardiers Sun Sharks synchronisaient parfaitement leurs attaques. Leurs générateurs de bombes à impulsions larguaient des sphères d’énergie dévastatrices. À droite, là où se trouvait quelques minutes plus tôt une armée de Skitarii, les Cadiens voyaient désormais leur flanc menacé par des Guerriers de Feu débarquant de leurs Devilfishs et ouvrant le feu contre les lignes impériales.

Si Shadowsun avait envoyé ses équipes d’Exo-Armures, elle aurait peut-être pu vaincre les forces de l’Imperium, toutefois ses demi-mesures furent facilement contrées. Le Colonel Starkzahn aboya des ordres dans son vox pour lancer ses propres réserves. Les escadrilles de Valkyries lancèrent immédiatement des contre-attaques. Du soutien aérien, des régiments blindés et des auxiliaires Abhumains entrèrent dans l’arène pour repousser les T’au.

Si les Space Marines étaient infatigables, les soldats de l’Astra Militarum n’étaient pour leur part que de simples hommes. Pourtant, ce jour-là, le 625e Cadien fit preuve de la même obstination que son Colonel et ne capitula pas. À la vue des Valkyries et des troupes aéroportées qu’elles amenaient, les Cadiens reprirent courage. On murmurait même qu’une compagnie super-lourde arrivait. Enfin, lorsque Starkzahn et l’étendard du régiment vinrent pour mener la charge, la victoire impériale sembla imminente. C’est alors que les cieux rougeoyèrent…

La Fureur du Mont'Ka

Le soleil était à son zénith et brillait férocement au-dessus du centre de commandement de Mu’gulath Bay. Des piliers de lumière transpercèrent les nuages toxiques et jetèrent des ombres funestes sur le champ de bataille. La luminosité devint presque insoutenable, puis soudain, le soleil prit une teinte rouge. Et c’est à cet instant fatidique qu’ils arrivèrent…

Comme s’ils jaillissaient de l’astre lui-même.

Des vagues d’Exo-Armures Crisis rouges tombèrent à travers l’atmosphère. Des centaines de traînées de flammes zébrèrent le ciel tandis que les nacelles de missiles libéraient une pluie de mort. Des faisceaux de plasma bleutés s’ajoutèrent à ce déferlement de violence et fauchèrent aussi bien les Gardes Impériaux que les robustes Space Marines. Les Canons à Inductions tournaient à toute vitesse et tiraient des milliers de projectiles sur les Cadiens. Des rangs complets d’humains s’effondraient en quelques secondes. Des sphères d’énergie explosaient avec fracas comme les armes à ions dévastaient les formations de la Garde Impériale. Une fois de plus, les XV104 Riptide prouvaient leur puissance destructrice.

Au dernier instant, les Exo-Armures écarlates freinèrent leur descente dans les hurlements de protestation de leurs répulseurs. Elles atterrirent derrière l’ultime ligne de défense jalonnée de cadavres de Guerriers de Feu, dernier obstacle entre les forces impériales et la colonie des T’au.

Pour la Garde Impériale, cette attaque aérienne était une embuscade de plus, bien que particulièrement meurtrière. La vision de ces armures rouge ne signifiait rien pour les humains, qui ne voyaient là que d’autres Xenos à la technologie avancée. Mais pour les T’au, leur apparition avait une tout autre signification. Les guerriers de la Caste du Feu acculés levèrent des yeux plein d’espoir vers le ciel. Au même instant, Shadowsun et Aun’Va observaient la scène d’un air incrédule par le biais d’un drone vidéo. Le champion de l’empire ravalé au rang de renégat était revenu. Farsight venait les sauver.

Le Soleil Rouge des Enclaves Farsight

Quand le Commandeur Farsight mène ses Enclaves à la guerre, il utilise des stratégies offensives et dynamiques. Il est le maître incontesté du Mont’ka, c’est-à-dire l’art d’identifier une cible prioritaire et de l’anéantir par l’application d’une force supérieure. Traduit en haut gothique, ce terme T’au signifie à peu près "Coup Fatal".

Ici, c’est le Commandeur Farsight qui mène l’assaut, souvent en se déployant depuis un Vaisseau de Transport Super-Lourd Manta. Se servant de ses répulseurs, Farsight fond sur sa proie, car il est primordial que la rapidité et la force de l’assaut ne laissent aucune chance à l’ennemi. Tirant avec son Fusil à Plasma et broyant ses adversaires sous les pieds de sa lourde Exo-Armure, le Commandeur Farsight atterrit dans une orgie de violence. Il abat son épée ésotérique avec force. Cette arme est si redoutable qu’elle peut ouvrir le ferrobéton aussi facilement qu’un couteau fend l’eau. Avant même que les derniers morceaux de sa victime s’éparpillent au sol, Farsight est de nouveau en mouvement, et continue son ballet mortel jusqu’à ce que tous ses adversaires gisent morts ou mourants. Ensuite, il active ses répulseurs et s’élance dans les airs à la recherche d’une nouvelle cible.

Non loin du Commandeur Farsight arrivent les autres membres de son état-major. Ils forment un groupe légendaire nommé Les Huit, et servent à la fois de conseillers et de gardes du corps à Farsight. Chacun de ces guerriers est un tourbillon de destruction. Malgré leur individualisme, ces héros combattent avec une synchronisation parfaite, le style de combat de chacun complétant à merveille ceux de ses camarades afin de jouer une symphonie de mort sans fausse note.

Le Sous-Commandant Torchstar projette des jets de flammes avant même que son Exo-Armure touche le sol. Les deux Éclateurs à Fusion de Brightsword font fondre le blindage des chars comme de la cire. Le Fusil à Plasma de Bravestorm abat méticuleusement ses victimes tandis qu’il se rapproche pour éliminer les plus grosses cibles avec son Gantelet Onagre. Un peu en retrait, le Shas’vre Ob’lotai déclenche un barrage de missiles avec ses nacelles à haut rendement, son IA avancée lui permettant d’engager plusieurs cibles à la fois, même si elles sont très éloignées les unes des autres. En revanche, le combat à distance n’est pas l’apanage d’O’Arra’kon, dont l’Exo-Armure est garnie d’armes antipersonnel. À chaque bond, Arra’kon laisse derrière lui des piles de cadavres si vastes qu’elles recouvrent souvent le sol sur des dizaines de mètres carrés. Au sein des Huit, O’Vesa est sans doute le plus redoutable, car son énorme XV104 Riptide peut déchaîner un orage ionisé mortel contre l’ennemi. Entre deux salves de Fusil à Plasma, le Shas’o Sha’vastos relaie les vecteurs de mouvement projetés de l’ennemi, car il sait que lors d’un Mont’ka, l’attaquant doit toujours avoir une longueur d’avance pour espérer détruire entièrement ses adversaires.

En dépit de sa puissance, les Huit n’est que la pointe d’un fer de lance de plus grande envergure, car derrière ces héros arrivent invariablement d’innombrables Exo-Armures Crisis. Elles plongent vers le sol en ouvrant le feu à volonté. Des équipes de Guerriers de Feu, souvent appuyées par des transports Devilfishs, ajoutent au carnage le volume de feu de leurs Armes à Impulsions. Bien souvent, une équipe de Cibleurs aidée d’un Drone joue un rôle essentiel. Elle se sert de ses désignateurs pour guider les tirs, et peut aussi participer directement à la tuerie avec ses Carabines à Impulsions et ses Fusils à Ions.

Le Commandeur Farsight a guidé ses Enclaves vers bien des victoires grâce à de telles tactiques. Lorsqu’une marée de Peaux-Vertes menaça le Sept Nepshoon, les Enclaves Farsight ne se lancèrent pas dans une guerre d’usure contre cet ennemi largement supérieur en nombre. Au lieu de cela, Farsight planifia et exécuta avec brio un Mont’ka audacieux. Déployées depuis des transports volant à haute altitude, ses Exo-Armures fondirent sur le Boss de Guerre Gnashjaw et ses gardes du corps. Les Huit abattit les Orks en méga-armures avec une facilité déconcertante, puis Farsight décapita le chef Peau-Verte d’un seul revers de la Lame de l’Aube. Ensuite, l’infanterie des T’au attaqua sur un des flancs des Orks, en déclenchant une telle fusillade qu’aucun chef Ork n’en réchappa. Soudainement privés de tous leurs leaders potentiels, les Orks se retournèrent les uns contre les autres (comme on pouvait s’y attendre) et furent facilement exterminés par des frappes ciblées ultérieures.

Au cours de siècles écoulés depuis que Farsight s’est détourné de l’Empire T’au, il n’a jamais cessé de perfectionner ses talents de commandant. Depuis la mort de son mentor, le révéré Commandeur Puretide, aucun T’au vivant ne peut égaler son tableau de chasse, pas plus que son talent dans l’exécution du Mont’ka.

Même si le Commandeur Farsight est officiellement considéré comme un renégat par l’Empire T’au, et détesté par de nombreux T’au qui le considèrent comme un parvenu qui a trahi le Bien Suprême, il n’a pas hésité à venir au secours de son peuple sur Mu’gulath Bay. Dans un éclair écarlate, le Commandeur Farsight a de nouveau lancé un des assauts qui ont fait sa réputation.

La Bataille de Blackfossil Ridge

L’Imperium allait devoir prendre des mesures désespérées pour contrer l’assaut imprévu des Exo-Armures rouges. Profitant de l’appui d’un bombardement orbital, le Colonel Starkzahn retira ses forces et se repositionna près d’une crête. Grâce à un afflux de renforts, la Garde Impériale prévoyait de tenir là un baroud d’honneur.

Le choc psychologique de l’attaque des Exo-Armures écarlates avait été incroyablement violent, et toutes les formations impériales avaient été plongées dans la confusion la plus totale. Le Colonel Starkzahn comprit que tout espoir de victoire venait de s’envoler. Pire encore, la contre-attaque avait été si féroce qu’il craignait que toute son armée déroute. Ne disposant pas de réserves immédiates pour stabiliser la ligne de front, le Colonel Starkzahn ordonna le déclenchement d’un bombardement orbital. En quelques minutes, les cieux s’enflammèrent et la terre trembla.

Avertis au dernier instant pas les senseurs de leurs armures, de nombreux pilotes d’Exo-Armures s’élancèrent pour tenter d’échapper au maelström imminent. Pendant un temps qui sembla interminable, le monde sombra dans l’obscurité et fut ravagé par les explosions. Les nuages de poussière soulevés par le pilonnage éclipsèrent le soleil.

Les Space Marines évacuèrent le champ de bataille à l’aide de leurs Thunderhawks juste avant que le barrage orbital se déchaîne. Ils étaient conscients que leurs forces étaient trop dispersées pour faire face à une arrivée massive d’Exo-Armures. En dépit des tirs qu’ils essuyaient, les Space Marines exécutèrent leur manœuvre avec brio, et en quelques instants l’Adeptus Astartes - à l’exception notable des White Scars - avait disparu du champ de bataille.

Refusant d’abandonner si près du but, Kor’sarro Khan et sa Compagnie se joignirent aux survivants d’une formation de Sentinelles pour mener une action d’arrière-garde. Cet acte aurait été suicidaire si Starkzahn n’avait pas demandé de bombardement orbital. Les tirs d’artillerie tombèrent au beau milieu des combats et firent des milliers de victimes dans chacun des camps. C’était une décision risquée de la part du Colonel Starkzahn, pourtant il savait que même s’il sacrifiait ainsi une partie de ses troupes, au moins les autres pourraient-elles battre en retraite sans être poursuivies. Tandis que les obus de plusieurs tonnes continuaient de pleuvoir, ils formèrent une véritable muraille d’explosions entre les T’au et les forces impériales. Le Colonel Starkzahn n’avait pas attendu pour se mettre en route, et son ordre de ralliement au niveau de la crête fut relayé à toutes les formations de la Garde Impériale. Quand à ceux qui étaient rendus sourds par les explosions, ils n’avaient qu’à suivre leurs camarades…

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O’Shovah secoua la tête à l’intérieur de son Exo-Armure XV08 Crisis. Malgré son générateur de champ de force, l’onde de choc l’avait jeté à terre et enterré sous une épaisse couche de sable. Il sentit que ses systèmes lui injectaient des stimulants, et il éprouva une brève montée d’adrénaline avant de retrouver pleinement ses sens.

Alors que sa vision et son ouïe redevenaient claires, il perçut quelque chose au milieu du chaos, puis vérifia rapidement les signaux et les hologrammes qui défilaient dans l’affichage interne de son Exo-Armure. En même temps, il s’assura que les autres membres des Huit étaient tous en vie. Normalement, ils s’étaient suffisamment éloignés de la zone de bombardements pour s’en sortir, mais la plupart avaient subi des dégâts et perdu des Drones. Farsight vérifia ensuite l’état de ses cadres, puis l’avancement des sept assauts ailleurs sur Mu’gulath Bay. Il fit signe à ses gardes du corps de se rassembler et consulta la carte de l’orbite.

Il vit qu’ils avaient un petit répit, le temps que le vaisseau qui venait de tirer s’éloigne et qu’un autre prenne sa place au-dessus du champ de bataille. Ils avaient quatre minutes, peut-être cinq, pour mettre les voiles. Il était temps de choisir entre poursuivre l’attaque ou se regrouper. Dans tous les cas, rester à découvert était suicidaire.

Farsight analysa rapidement les informations dont il disposait puis alluma ses répulseurs pour se débarrasser des débris et se relever. Il se retrouva au milieu d’une tempête de sable, néanmoins ses senseurs n’étaient pas inopérants. Il était évident que ces gue’la étaient menés par un chef compétent. Farsight savait qu’ils étaient sur le point de craquer et qu’il aurait pu les exterminer facilement, cependant, les icônes qu’il voyait s’éloigner vers la crête sur son holocarte n’étaient pas celles de troupes paniquées. Les gue’la ne fuyaient plus, ils battaient en retraite en bon ordre. Une ligne de bataille se formait déjà sur la crête. Visiblement, c’était là qu’ils comptaient tenir leurs positions. Farsight éprouva un certain respect pour son adversaire. Il avait fait preuve de cran et d’audace, et de suffisamment de détermination pour reprendre les rênes de son armée.

Trois minutes. Le temps pressait.

« Honorable chef » dit le Commandeur Brightsword en s’approchant de lui. Farsight fit volte-face et s’aperçut que le jeune guerrier avait ramassé la Lame de l’Aube et la lui tendait avec révérence. L’arme scintillait d’énergies étranges même au milieu de la tempête. Farsight la saisit tout en prenant sa décision. Il brancha sa radio et désactiva volontairement tout cryptage pour s’adresser à ses cadres et à tous les autres T’au à des lieues à la ronde.

« Reformation. Que les Contingents Dawn Blade me suivent. Cadres Counterstrike avec O’Shundra. Cadres Aériens un à cinq en protection, six à dix en supériorité aérienne. Nous attaquons dans une minute aux coordonnées suivantes, » déclara Farsight en transmettant les vecteurs d’approche et les données de localisation. « Quittez cette zone sur-le-champ. » Il bondit sans attendre en direction du point de rendez-vous, immédiatement imité par ses gardes du corps. Derrière eux, le monde se remit à trembler sous les coups de boutoir de la Flotte Impériale.

Conservant toujours ses équipes vox à moins de cinq mètres de lui, le Colonel Starkzahn arpentait la ligne de bataille formée en haut de la crête. Elle n’était pas très élevée, mais sur ces plaines désespérément planes, c’était mieux que rien. On pouvait entendre au loin les obus d’artillerie navale qui continuaient de marteler le champ de bataille vidé de tout adversaire. Starkzahn se doutait bien que l’ennemi n’avait pas été anéanti.

La Bataille de Blackfossil Ridge fait rage !

Même si Blackfossil Ridge offrait un bon point de vue sur les plaines environnantes, la visibilité était drastiquement limitée par les nuages de poussière soulevés par la frappe orbitale. De plus, les dégâts infligés à la principale machine environnementale des T’au permettaient de nouveaux aux tempêtes toxiques de recouvrir le périmètre. Il semblait que des silhouettes se déplaçaient au loin, au milieu du simoun, et que des fusillades intermittentes commençaient à éclater le long de la ligne impériale. Toutefois, on ne pouvait apercevoir avec certitude aucun ennemi pour l’instant. Ce qui était certain, c’est qu’au fil des minutes, les forces de Starkzahn grossissaient, car des compagnies, voire des régiments entiers arrivaient des sites d’atterrissage. Alors que le Colonel commençait à croire que l’ennemi avait lui aussi battu en retraite, l’assaut débuta.

Une fois encore, l’attaque était menée par des Exo-Armures. Des Équipes Crisis jaillirent de la tempête de sable, portées par leurs répulseurs. En dépit de la mauvaise visibilité, les tirs des T’au étaient redoutablement précis. Chaque faisceau de plasma et chaque rafale de Canon à Induction faisaient mouche. En quelques sauts, la première vague d’Exo-Armures rouges s’abattit sur la ligne impériale.

Venaient ensuite d’autres Exo-Armures plus massives. Dès qu’une XV104 Riptide apparaissait, elle attirait une quantité invraisemblable de tirs de la part de la Garde Impériale, car les soldats avaient appris à redouter la puissance destructrice de ses armes. Néanmoins, les pilotes des Riptides s’attendaient à cela et avaient canalisé toute la puissance de leurs réacteurs Nova vers le générateur de bouclier de leur Exo-Armure. Ainsi, les tirs de Canons Laser et d’obusiers rebondissaient contre une barrière invisible et impénétrable. Ce fut au tour des Riptides de pointer leurs armes. Les Canons à Induction lourds fauchèrent les soldats, tandis que les explosions des accélérateurs à ions les vaporisaient purement et simplement.

Voyant que le centre de sa ligne de bataille était en train d’être éventré par l’attaque des Exo-Armures, le Colonel Starkzahn prit des mesures pour les contenir. Des escouades d’Ogryns s’avancèrent depuis les réserves avec un entrain non dissimulé. Starkzahn avait remarqué que les T’au disposaient d’une meilleure mobilité et d’une excellente puissance de feu, mais qu’ils se retrouveraient fort démunis au corps à corps face au déchaînement de brutalité des Abhumains.

Pour l’heure, la bataille sur la crête se déroulait comme Farsight l’avait prévue. Les tirs de Fusils à Plasma et les salves de missiles ouvraient peu à peu une brèche dans la ligne de bataille impériale. Des jets de flammes inondaient la zone tandis que de plus en plus d’Exo-Armures rouges se joignaient à l’attaque. Les tirs de Bolters Lourds qui tentaient de les repousser avaient le plus grand mal à pénétrer leur blindage. C’est alors qu’apparurent d’énormes créatures protégées par de lourds boucliers, ou brandissant des armes automatiques de gros calibre. Elles se dirigeaient droit vers les Équipes Crisis.

Les Ogryns avaient beau être touchés par des tirs de plasma et engloutis par les flammes, ils paraissaient presque impossibles à abattre. Se frayant un chemin à travers la tempête de tirs, ils arrivèrent enfin à courte portée et ouvrirent le feu. Ils étaient si près que la plupart de leurs tirs firent mouche. La grêle de balles perforantes tomba sur les Crisis, qui cette fois ne purent y résister. Des membres métalliques et des armes étaient arrachés de leurs fixations. Pire encore, les Ogryns n’allaient pas se contenter d’une simple fusillade : ils étaient venus pour en découdre au corps à corps. Quelques Exo-Armures bondirent pour se mettre hors de portée, mais la plupart étaient trop surprises pour réagir de la sorte, ou espéraient encore que leur ultime volée à bout portant viendrait à bout des Abhumains. L’impact de la charge des Ogryns résonna le long de la crête, puis ils se mirent à rouer de coups les Exo-Armures, ou à les démembrer à mains nues. Pour couronner le tout, des Gardes Impériaux se précipitaient à la suite des Abhumains, profitant de leur contre-attaque pour se réorganiser et harceler les T’au avec une tempête de tirs de Fusils Laser.

Pendant quelques instants, l’élan des T’au fut ralenti tandis que les Exo-Armures étaient broyées au corps à corps. Face à la puissance de feu du reste de la Garde Impériale, la situation risquait de tourner carrément au vinaigre, pourtant Farsight et ses gardes du corps saisirent leur chance. Après tout, le Commandeur avait affronté trop de fois les Orks pour se laisser impressionner par la force brute. Les Éclateurs à Fusion de Brightsword commencèrent à abattre les Ogryns. O’Vesa pointa son accélérateur à ions et pulvérisa aussi bien les boucliers des Bullgryns que leurs porteurs. Cependant, aucun de ces héros ne pouvait égaler la fureur de Farsight. Il frappait et tailladait avec la Lame de l’Aube, se frayant un chemin à travers les Abhumains, droit vers les régiments d’infanterie qui les soutenaient.

L’arrivée au combat de Farsight était synchronisée avec celle des Piranhas et des Razorsharks. En quelques secondes, le centre de la ligne de bataille de Cadia devint un gouffre béant, et les deux flancs furent forcés de battre en retraite. Les T’au profitèrent de cet avantage et s’élancèrent pour porter le coup de grâce, tout en activant leurs brouilleurs afin que nulle communication ne puisse être transmise à la Flotte Impériale.

Maudissant cet adversaire qui venait de le surclasser à deux reprises, le Colonel Starkzahn se prépara à un dernier carré lorsqu’il perçut un bruit familier, celui de Leman Russ lancés à pleine vitesse. Émergeant de la brume toxique au sud, les blindés du 423e et du 78e Cadiens commandés par le Chevalier Commandeur Pask arrivèrent à point nommé.

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Le Chevalier Commandeur Pask savait qu’il aurait dû communiquer avec ses chefs d’escadrons et coordonner son attaque, toutefois il oublia tout cela lorsqu’il repéra une grosse cible bien juteuse. C’était une Exo-Armure colossale dont la silhouette se découpait idéalement au sommet de la crête. Elle n’était aussi grosse qu’un Titan, mais c’était le modèle le plus imposant que Pask eût vu jusqu’alors sur Agrellan. Il avait hâte de l’ajouter à son tableau de chasse.

Il n’était pas encore parfaitement habitué à la dernière incarnation en date du Hand of Steel. Son prédécesseur avait été mis hors de combat par un missile alors que Pask et sa compagnie poursuivaient les Hammerheads en déroute. Sur le char actuel, la chenille droite était tordue, ce qui provoquait des cahots intempestifs. Pask attendit, estima la distance, vérifia le sens du vent, et attendit quelques secondes de plus, juste pour être sûr. Et pendant ce temps, son char fonçait à travers le désert à la tête d’un fer de lance de Leman Russ.

Même si l’optique de visée indiquait que la cible était hors de portée, Pask s’en moquait. Sa radio grésilla ; il l’ignora. Seul le tir imminent importait. L’énorme Exo-Armure se déplaçait avec agilité, mais il l’avait verrouillée. Finalement, le Canon Vanquisher rugit. Pask observait intensément à travers les explosions et la fumée, et vit l’obus percuter la Riptide de plein fouet et éventrer son cockpit. L’Exo-Armure s’effondra telle une marionnette à laquelle on aurait coupé les fils. Pask ne la regardait plus. Le Chevalier Commandeur était déjà à la recherche d’une autre cible de valeur…

Pour le Bien Suprême

Personne ne se rendra.

Les escadrons de chars Leman Russ ouvrirent le feu en une symphonie évoquant le tonnerre roulant dans une vallée. C’était comme si la Grandeur de l’Empereur se manifestait.

Faites d’un alliage de nanocristaux léger mais incroyablement solide, les Exo-Armures T’au offraient une excellente résistance aux impacts. Leurs formes et angles élaborés contribuaient à dévier les projectiles, les envoyant ricocher au loin sans causer de dégâts. Leur couche de métal liquide réfléchissant les protégeait même des armes à rayons. Des Drones Boucliers planaient à leur côté, en les défendant grâce à des barrières invisibles capables d’arrêter net un tir de Canon Laser. Mais face à la puissance de feu déployée par la Garde Impériale, les Exo-Armures rouges finirent pulvérisées par dizaines. Le cours de la bataille s’était inversé.

Comme la majeure partie de l’artillerie des Enclaves Farsight - les Riptides et Armoured Interdiction Cadres venaient juste d’arriver à portée effective, elle n’offrit qu’une maigre assistance aux Exo-Armures. L’infanterie de la Garde Impériale, qui n’était plus l’objet principal de l’attention de Farsight, put se regrouper. Les volées de Fusils Laser et d’armes lourdes prirent une mesure de revanche sur les Exo-Armures T’au qui avaient déjà étrillé deux fois les humains.

Farsight avait conscience que son peuple subissait des perte. Alors même qu’il bondissait sur un Leman Russ et plantait la Lame de l’Aube dans sa coque, le Commandeur T’au vérifiait son holo-écran. Farsight activa ses répulseurs, et fut dans les airs avant que l’explosion interne éventre le char d’assaut. Puis il vit ce qu’il avait espéré - son holo-écran s’anima soudain de mouvements.

Des Exo-Armures fondirent des cieux tandis que des Devilfishs fonçaient sur les flancs, et en altitude, des bancs de Razorsharks noircirent l’horizon. Farsight vit avec soulagement que ces troupes portaient les marquages blancs du Sept de T’au, les lignes orange de Sa'cea et les insignes rouges de son sept d’origine, Vior'la ; Shadowsun arrivait à la tête des forces de l’Empire Tau.

Conflagration et Expansion

La bataille faisait rage. C’était un embrasement qui dévorait le paysage désertique, et les deux camps l’alimentaient avec toujours plus de troupes. Cela devint bientôt le plus grand conflit jamais livré sur Mu’gulath Bay, et aucun belligérant ne pouvait se permettre de battre en retraite. Le sort de la planète, et donc du système stellaire, dépendait de son issue.

Les forces T’au combinées enfonçaient les armées de l’Imperium quand le ciel s’obscurcit. Les vents chauds charriaient de grands nuages de poussière, transformés en brume opaque par le soleil. La zone d’air purifié s’écroulait depuis que des pans entiers du réseau d’enviro-machines avaient été arrachés. Des nuées de poussière toxique se refermaient sur la Bataille de Blackfossil Ridge.

Le Commandeur Shadowsun était en tête du largage d’Exo-Armures, tandis que des bancs de Devilfishs et de Hammerheads remontaient les flancs impériaux. Mais les forces T’au avaient un autre atout. En altitude, à la limite de l’espace, trois Mantas projetèrent chacune une colonne gravitique. Quelques secondes plus tard, les faisceaux avaient disparu, et leur cargaison était livrée. C’était un risque immense pour des éléments aussi précieux.

Les puits magnétiques percèrent les nuages et s’ancrèrent au noyau de la planète. Quelque chose de gros s’agitait dans ces rayons crépitants. Grâce à des fusées de recul et des champs de suppression, l’objet filant dans chaque faisceau ralentit sa descente au tout dernier moment, mais frappa quand même le désert de Mu’gulath tel un éclair. Trois Exo-Armures balistiques KV128 Stormsurge émergèrent des cratères et des volutes de poussière. Elles avancèrent lentement vers la bataille, pendant que les deux pilotes dans chaque machine enregistraient déjà des données de visée. Plusieurs bancs de Devilfishs surgirent des nuages pour escorter les géants au pas pesant.

La présence des éléments tactiques T’au les plus imposants devait encore se faire sentir sur le champ de bataille, mais cela ne signifiait pas que leur arrivée était passée inaperçue. En orbite au-dessus de Mu’gulath Bay, les scanners du Technocroiseur de classe Macroclasm Archaetrove s’animèrent. Une alarme retentit tel le glas. Des yeux télescopiques s’allongèrent, et des Technoprêtres accoururent d’un pas cliquetant devant des moniteurs bleu vert. Il n’y eut un temps que le bruit des ajustements de cadrans et de tours de manivelles, ponctué par le sifflement régulier des respirateurs. Les Technoprêtres avaient eu vent de ces armes T’au à grande échelle, et espéraient avoir la chance de les observer. Et ce qu’ils regardaient, ils le convoitaient. À présent qu’ils avaient vu la KV128 Stormsurge, ils la voulaient pour eux, afin de la disséquer et de l’étudier. Les Skitarii furent activés et missionnés en quelques secondes.

Pendant ce temps, les troupes du Colonel Starkzahn - les survivants - étaient repoussées progressivement du bord de la crête. Le Colonel espérait former une ligne solide avant l’arrivée des Compagnies Blindées, mais un nouvel assaut d’Exo-Armures aéroportées et la tempête de sable avaient conspiré contre sa stratégie. La bataille était désormais décousue, éclatée en une centaine d’affrontements plus petits au milieu des nuages de gruau écœurant.

À gauche du Colonel Starkzahn, un escadron de chars Leman Russ avança, avec des fantassins dans leur sillage - tous tiraient sur les formes véloces des Piranhas T’au. À sa droite, quelques unités de Space Marines White Scars épaulaient un Peloton d’Armes Lourdes Cadien, repoussant les assauts d’Exo-Armures qui tentaient de réduire la masse de Canons Laser au silence. Dans un tel chaos, Starkzahn n’avait guère la main sur le contrôle opérationnel. Les transmissions étaient brouillées ; il n’y avait rien d’autre à faire que de se battre. Le Colonel fit planter la bannière régimentaire, dégaina son Épée Énergétique et organisa sa QG de Compagnie pour qu’ils tiennent leur position.

Pour le Mechanicus, la guerre contre les T’au relève d’un affrontement spirituelle au non du Dieu-Machine.

Entre-temps, les KV128 Stormsurges étaient arrivées à portée des premières lignes impériales. Leur carrure colossale était occultée par l’épais brouillard de sable et de toxines, mais les photo-régulateurs et traqueurs avancés qui équipaient chaque Exo-Armure balistique présentaient aux pilotes une carte illuminée de cibles.

Les Gardes Impériaux n’avaient pas encore conscience de la menace qui approchait. Le premier indice qu’on utilisait une nouvelle arme contre eux fut une série de flashs stroboscopiques dans le cœur de la brume. Des centaines de missiles plus rapides que le regard furent lancés, chacun laissant une traînée spiralante derrière lui. Quand le souffle de leur lancement parvint aux oreilles des Gardes, l’ouragan de missiles avait déjà dépassé les premières lignes impériales pour aller s’écraser sur les forces qui s’abritaient en arrière. Le barrage érigea un mur d’explosions incendiaires. Puis des munitions à impulsion - plus grosses que toutes les précédentes - fendirent les bancs de brume. Les Gardes ne savaient pas où viser, car à tout moment, de toute direction, une équipe d’Exo-Armures Crisis pouvait bondir de nulle part, lâcher des salves mortelles, avant de disparaître à nouveau.

Dans cette bataille tourbillonnante s’invita une nouvelle armée : les Légions de l’Omnimessie, les Skitarii. Nul ne pouvait dire d’où ils venaient - mais ces troupes étaient apparues comme si elles avaient été ensevelies sous le sable, ou qu’elles avaient voyagé dans la tempête. Leurs yeux projetaient une lumière incandescente, brillant tels des feux follets dans le brouillard. Ils ne saluèrent pas leurs alliés impériaux, se contentant de les dépasser de leur marche mécanique. Leur vocation était tout autre.

Par hasard ou à dessein, la tempête toxique couvrait la Cohorte de Guerre Skitarii, les radiations émises par les légionnaires ne faisant qu’ajouter une tache de pollution sur les scanners perfectionnés des T’au. Ni les Stormsurges, ni les Guerriers de Feu qui s’étaient déployés autour d’elles ne remarquèrent les soldats en robes rouges jusqu’à ce qu’ils sortent de la brume. Des arcs électriques jaillirent, et une nouvelle phase de la bataille éclata.

De l’orbite descendit le cantique binharique, capté par les antennes des Skitarii. Leur cible devait être abattue. Ainsi l’exigeaient les commandements encodés en altitude, et ces ordres venaient de Mars elle-même. Seul importait de servir de l’Omnimessie pour les guerriers du Culte Mechanicus.

Avec l’appui des énormes Stormsurges, les T’au firent parler une terrifiante puissance de feu. Les Guerriers de Feu, et les Drones qui planaient à côté d’eux, déclenchèrent une portée, leurs faisceaux d’éradication n’étaient mortels que pour l’infanterie ; ils poursuivirent donc leur avancée sur leurs pattes de crabes mécaniques. Plus près. Ils devaient aller encore plus près. Les Rangers Skitarii déclenchèrent leur propre tempête électrique, pendant que les Patrouilleurs Skitarii se mettaient à portée de leurs carabines à radium.

Les deux forces se heurtèrent dans la brume contaminée. L’une des armées - celle de la race arriviste des T’au - croyait que la technologie était la voie du progrès, le meilleur moyen de parvenir à toutes ses fins. L’autre - les Skitarii de l’Adeptus Mechanicus - vénérait la technologie non pas pour ses promesses de progrès, mais pour elle-même, tel un fétichisme. Elle la convoitait, afin de trouver son dieu caché dans ses secrets mécaniques.

Ainsi, deux idéologies s’affrontèrent, opposant leurs terribles puissances de tir respectives.

Et Nul ne Résistera à sa Colère…

Ressentez la colère du Dieu-Machine Xenos !

Dans la tempête qui gonflait, la bataille se subdivisa. Ce n’étaient plus deux fronts qui se heurtaient, mais de petites formations, des escadrons, voire des individus. Dans ce brouillard de guerre, Farsight poussa son assaut, fonçant sur les vagues de chars venues renforcer la position précaire des Cadiens au sommet de Blackfossil Ridge.

Les membres du régiment du Chevalier Commandeur Pask qui avaient survécu à maintes batailles au côté de leur illustre chef de char avaient appris une dure leçon : Pask était un commandant indifférent, sinon insensible.

Le Chevalier Commandeur Pask était un as de char hors pair. Dans le gros des combats, il maniait et faisait feu avec son char comme s’il s’agissait d’une extension de son propre corps. Comme d’instinct, Pask savait quand faire marche arrière et se repositionner, quand s’arrêter et lâcher des tirs rapides, et quand mettre les gaz pour éviter les obus. Pask manœuvrait le Hand of Steel de couvert en couvert comme personne, en esquivant les missiles avec une adresse inimitable. Bien que ses hommes ne le disent jamais, ils savaient que Pask utilisait parfois leurs propres chars comme couverts. Même en l’absence de couvert, Pask savait présenter son blindage le plus épais à l’ennemi, ou faire tanguer son char afin que les obus et les faisceaux d’énergie adverses ricochent sur sa coque au lieu de la percer. Outre toutes ces astuces défensives, il savait qu’il valait mieux viser juste et tirer le premier. Quand il faisait feu, Pask était si sûr de sa visée qu’il ne se contentait pas de cibler les chars ennemis, mais les jointures vulnérables entre les plaques de blindage, ou le long de lignes où le tir ferait mouche au lieu de rebondir. Toutes ces choses étaient si instinctives chez Pask qu’il ne trouvait pas les mots pour les expliquer au reste de son régiment. Et cela ne lui vint jamais à l’esprit d’essayer de partager sa sagesse militaire. S’il s’était graduellement élevé dans la hiérarchie grâce à son tableau de chasse inégalé, les menus détails du commandement d’un régiment n’avaient jamais été sa tasse de thé.

Ceux qui avaient servi le plus longtemps sous les ordres du Chevalier Commandeur Pask avaient appris à faire comme lui. S’il accélérait, eux aussi. S’il s’arrêtait pour balayer l’horizon avec sa tourelle en quête de cibles, ils le copiaient. Ce mimétisme les avait portés au-delà de lignes rebelles et de Blitz Brigades Orks. Mais ce n’était pas une méthode infaillible, car les yeux de Pask étaient toujours à l’affût de la prochaine cible ou menace potentielle. Personne ne pouvait reproduire ses décisions prises en une fraction de seconde, ni égaler son adresse au tir et à la manœuvre.

Lors de cette bataille tentaculaire et déchirée par la tempête de sable, Pask fut une machine à tuer. Il désignait les cibles si vite que son artilleur avait de la peine à le suivre. Chaque tir allongeait son tableau de chasse déjà impressionnant. Le blindage des Hammerheads et des Devilfishs était percé par des obus hautement explosifs qui ravageaient leurs systèmes vitaux, et la seconde suivante, les véhicules ennemis tressautaient avant d’être éventrés par des détonations internes. Quand une Exo-Armure XV8 Crisis atterrit devant Pask, en minutant parfaitement son saut pour intercepter le Leman Russ quand son Canon Vanquisher était tourné dans la direction opposée, le chef de char ne paniqua pas. Alors même que l’Éclateur à Fusion du guerrier T’au se mettait à luire, Pask cribla l’Exo-Armure à bout portant avec son Bolter Lourd de coque. La Crisis fut renversée, mais son exosquelette était à peine fissuré. Son opérateur était toujours vivant, comme le prouva sa tentative de lever son arme redoutable. Voyant la menace, Pask dirigea son char droit sur l’Exo-Armure Crisis, entraînant une série de craquements et un cri bref, tout juste audible dans le fracas de la bataille.

La majeure partie du 423e Régiment Blindé de Pask était éparpillée sur le champ de bataille, mais deux escadrons complets avaient réussi à rester en vue de leur commandant. Ce furent les premiers à subir l’assaut de Farsight.

Après s’être élevé loin au-dessus de la mêlée, Farsight prit un moment pour observer le carnage en dessous. Même à travers la tempête de sable, son photo-régulateur et son holo-carte lui en montraient une image précise. Il n’était pas difficile d’identifier la plus grande menace - un fer de lance blindé s’enfonçait dans les forces des Enclaves et de l’Empire T’au. Farsight coupa ses répulseurs et tomba en chute libre, la Lame de l’Aube miroitant d’un pouvoir à peine contenu. Déclenchant ses rétrofusées, il ralentit sa descente jusqu’en vol plané, et abattit son épée en atterrissant. La Lame de l’Aube fendit la tourelle du char le plus proche, entaillant sa coque de métal et tranchant le conducteur. Mais l’attention de Farsight était déjà ailleurs. Avec son Fusil à Plasma, il lâcha deux tirs à l’arrière d’un autre Leman Russ avant d’activer ses répulseurs et de prendre à nouveau son envol. Les deux projectiles pénétrèrent les échappements, qui crachèrent une épaisse fumée noire, mais Farsight était déjà loin. Le troisième char de l’escadron faisait pivoter sa tourelle vers Farsight, quand sa poupe fut éperonnée par le char hors de contrôle dont le pilote avait été coupé en deux. L’équipage n’avait rien de mieux à faire que de sortir de l’épave de leur véhicule et d’entamer la longue et périlleuse marche vers leurs lignes.

Le dernier escadron s’efforçait de coller aux basques du Chevalier Commandeur Pask tout en cherchant l’Exo-Armure qui avait vaincu ses camarades. Le chef d’escadron fut le premier à voir le mirage rouge approcher dans le brouillard pollué qui flottait au-dessus du désert. Farsight atterrit sur la tourelle dans un fracas de métal retentissant, et planta la Lame de l’Aube avec toute sa force augmentée, fichant son épée jusqu’à la garde dans la peau métallique du char. Il libéra la lame en activant ses répulseurs, filant dans le ciel tel un missile.

Avant que les autres chars de l’Escadron Batalica puissent réagir, les gardes du corps de Farsight fondirent des cieux. Les Éclateurs à Fusion jumelés du Commandeur Brightsword creusèrent un trou dans une coque avant même qu’il ait atterri. Le Commandeur Bravestorm dut esquiver la salve d’une Hydre et toucha le sol désertique trop loin de sa cible. Cela donna l’occasion au dernier char de tirer, et son obusier rugit. L’explosion de l’obus créa une boule de feu autour de Bravestorm, mais l’Exo-Armure en sortit encore enveloppée de flammes, le générateur de bouclier levé. D’un bond, Bravestorm couvrit la distance en armant son poing pour donner le maximum d’inertie à son coup. L’attaque fut parfaitement minutée ; il activa son Gantelet Onagre, et son coup de poing enfonça la coque du Leman Russ pour propulser un ouragan de fragments de métal qui déchira l’équipage.

Grâce à leur aptitude à voltiger et à planer quelques secondes, les Huit firent des ravages parmi les escadrons de Leman Russ venus en renforts. Le désert fut bientôt rempli de carcasses noircies, dont les coques éventrées et fondues crachaient des colonnes de fumée. Farsight ne ralentit pas son attaque féroce pour autant; il emmena les Huit contre une compagnie d’infanterie montant à l’assaut. Le Commandeur Farsight savait mieux que quiconque que pour réussir, le Mont'ka devait causer un maximum de pertes.

Indifférent au massacre perpétré derrière lui, le Chevalier Commandeur Pask pressa le mouvement. Il s’inquiétait de devancer les fantassins qui l’appuyaient, mais de temps à autre, le Hand of Steel dépassait de petits groupes de Cadiens accroupis dans des positions défensives. Le chef de char pensa d’abord qu’il était plus sûr d’avancer que de s’arrêter, mais bientôt il ne put plus distinguer aucune forme dans la tempête de sable. Pask sortit de son écoutille pour scruter le désert puant, et constata que les conditions étaient de plus en plus défavorables. La foudre dardait dans le maelström ; un éclair tomba si près qu’il frôla son char et força Pask à se baisser rapidement à l’intérieur du véhicule. Ce fut ainsi qu’il ne remarqua pas les trois Hammerheads qui arrivaient du nord.

À portée maximale, le maître pilote d’escorteur Shas’la T’au Sha’ng, mieux connu sous le nom de Longstrike, organisa les deux autres escorteurs de son Interdiction Cadre en une formation de front. Grâce à leurs senseurs et leurs photo-régulateurs, les Hammerheads avaient progressé prudemment vers une grande concentration de forces ennemies. Même si c’étaient des pilotes aguerris, ils venaient d’intégrer le cadre de Longstrike et il voulait évaluer la qualité de leur travail d’équipe. Quand une cible esseulée - probablement un char gue’la vu la pollution, la chaleur et le bruit qu’il produisait - apparut sur leurs écrans, Longstrike laissa ses nouveaux camarades régler leur attaque. Les trois tirs de Canon Rail firent mouche, pulvérisant le Hand of Steel. Un bon début.

La Tempête Enfle

Le Chevalier d’Obsidienne est de retour !

Les Gardes Impériaux du Colonel Starkzahn s’efforçaient de se mettre à l’abri le temps que les renforts arrivent. Dans le même temps, les T’au cherchaient à infliger autant de pertes que possible à leur ennemi pilonné. Le Commandeur Shadowsun poursuivait cet objectif mais prévoyait de se retirer avant que les forces impériales soient trop imposantes.

Alors que les renforts impériaux continuaient d’affluer du sud, la bataille s’étendait sur un front plus large. Chaque camp cherchait à prendre l’autre de flanc, et tous redoutaient d’entrer dans la mêlée chaotique au centre. La tempête grossissait, envoyant des tornades de poussière, et lorsque les combattants se protégeaient derrière un couvert épais, le vent balayait tout et modifiait le paysage.

Même en combinant les forces de l’Empire T’au et des Enclaves Farsight, les T’au étaient en infériorité numérique. Or, leurs senseurs et équipements de communication avancés leur donnaient l’avantage. Les forces T’au, les formations mobiles d’Exo-Armures en particulier, utilisaient leur vitesse pour localiser les positions ennemies. Elles saisissaient chaque opportunité de concentrer leur puissance de feu sur une cible et de disparaître dans la tempête avant de subir des représailles. Les opérateurs d’Exo-Armure étaient experts à cette technique, enclenchant leurs répulseurs pour s’évanouir dans le couvert nuageux.

Si le Colonel Starkzahn avait pu organiser ses lignes selon la méthode traditionnelle des armes combinées de l’Astra Militarum, il aurait certainement réussi à repousser ces attaques de guérilla. En l’état, le Colonel était cloué sur place. Dans cette étrange tempête, les communications vox connaissaient des dysfonctionnements ou, comme Starkzahn commençait à le soupçonner, étaient brouillées par cet adversaire Xenos à la technologie perfectionnée.

Les enviro-machines T’au restant éteintes, la zone continentale était à nouveau soumise à la fureur des tempêtes de sable polluées, et puisque rien ne les arrêtait, la cellule de convection grandissante aspirait de l’air contaminé de la haute atmosphère. Le cyclone devint encore plus fort, avec des tornades électriques et des orages de radiations. Ce climat infernal n’était pas sans rappeler les super-dépressions de l’hémisphère nord, appelées Mont’shidar par les T’au - vent-de-mort - et Zone Contaminée par l’Imperium.

Le Commandeur Shadowsun, en stratège méticuleux comme à son habitude, avait placé des équipes de Cibleurs entre le site de la bataille et les voies d’accès au sud. Elle voulait des rapports exhaustifs sur les troupes ennemies en approche. Elle savait que d’importants renforts impériaux étaient en chemin, mais elle souhaitait pilonner l’ennemi le plus longtemps possible. Or, lorsque le Commandeur Shadowsun emmena ses gardes du corps détruire un autre peloton de Gardes, le message qu’elle redoutait apparut sur son terminal interne. Les renforts arrivaient en nombres effarants ; des régiments entiers accouraient.

Alors même qu’elle lâchait des traits d’énergie surchauffée avec ses Éclateurs à Fusion, Shadowsun mesurait le temps qu’il lui restait avant que ces renforts atteignent une masse critique. Chaque seconde pendant laquelle elle prélèverait un tribut sur les effectifs adverses se révélerait lucrative plus tard. Tandis que son Drone Bouclier absorbait les tirs d’armes lourdes, Shadowsun faisait fondre les ennemis les plus proches. Avant que les derniers Gardes aient le temps de tourner les talons pour fuir, le Command-link Drone de Shadowsun transféra des coordonnées de tir améliorées à son Équipe Stealth, et les Canons à Induction ne ratèrent aucune cible. Shadowsun vérifia que tout était prêt, puis donna l’ordre aux enviro-ingénieurs et aux opérateurs de satellites climatiques. Il était temps de nourrir la tempête ; elle débita les calculs d’accroissement d’énergie tout en menant ses troupes vers leur prochaine cible.

Plus au sud, de nouveaux régiments étaient en mouvement. Infanterie, blindés, artillerie et Chevaliers Impériaux accompagnaient la tempête de sable. Les éléments de tête venaient juste de passer les guetteurs T’au cachés quand le temps empira encore, les bourrasques les plus violentes rendant même difficile la station debout. Peut-être était-ce une facétie de la tempête, mais les holo-cartes révélèrent un signal distinctif, que les T’au qui avaient déjà combattu sur Mu’gulath Bay et Prefectia reconnurent instantanément. La signature unique qui apparut brièvement était celle du Chevalier d'Obsidienne, un cauchemar ambulant qui avaient fait durement souffrir les enfants du Bien Suprême. L’idée de la présence de cette machine de destruction provoqua des frissons de peur chez les T’au qui avaient remarqué l’icône clignotante avant qu’elle s’éteigne. Néanmoins, les T’au n’étaient pas superstitieux, et ils avaient vu le Sans-Fief faire une chute mortelle sur Prefectia. Les senseurs devaient avoir subi une défaillance, car le retour du Chevalier d’Obsidienne défiait la logique. Du côté des Impériaux, le Seigneur Tybalt de la Maison Terryn avait reçu des rapports similaires, et il n’était pas aussi sceptique ; ce ne serait pas la première fois que le Chevalier d’Obsidienne surgirait sur un champ de bataille où sa présence était inexplicable.

La force de l’Imperium grandissant, Shadowsun sentit qu’il était trop risqué de continuer l’assaut, et elle diffusa le plan de repli à tous les T’au - de l’Empire et des Enclaves Farsight. En quelques instants, les armées T’au s’étaient retirées sur les coordonnées de rendez-vous avec leurs transports, et s’éclipsèrent dans les sables aveuglant. En outre, Shadowsun avait transmis des coordonnées spéciales sur des canaux inutilisés depuis l’époque de Puretide. Elle décida qu’il était temps de réunir ceux qui étaient séparés.

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Aun’Va regarda le Commandeur Farsight avec mépris quand il entra dans la salle d’état-major. Il y eut de longues secondes gênantes, aucun des deux n’esquissant le moindre signe de salut. Comprenant que toute déférence et toute étiquette en présence de l’Éthéré Suprême ne seraient jamais observées, Aun’Va prit la parole. Usant de tout son contrôle, il s’exprima d’un ton sec et sévère - celui d’un père réprouvant l’attitude entêtée de son enfant. « Bienvenue, Shas’o Vior’la Shovah Kais Mont’yr. » Il inclina la tête de manière subtile, mais gracieuse.

Toujours perspicace, Aun’Va remarqua que beaucoup l’imitaient dans la salle de contrôle, en hochant la tête à l’adresse du Commandeur à la cape rouge. Toutefois, certains s’inclinaient trop bas, montrant trop de respect au goût d’Aun’Va. Tous devaient savoir qui commandait. Aun’Va ajusta immédiatement le ton de sa voix, et parla cette fois à tout l’auditoire. « Honorables guerriers du haut commandement, hauts conseillers, voici le Commandeur Farsight. Autrefois élève brillant de Puretide, il est désormais ma plus grande déception. »

Cela ne devait pas être son heure de gloire, pensa Aun’Va. En aucun cas.

L’ancien officier de la Caste du Feu était impossiblement vieux, mais toujours agile et encore capable de captiver son audience. Farsight détourna les yeux de l’Éthéré Suprême. Son regard balaya la salle d’état-major et, enfin, il inclina la tête. Son geste s’adressait à l’auditoire, cependant, et manifestement pas au personnage trônant sur l’estrade. « Autant que vous êtes la mienne, Aun’Va. Je ne suis pas venu pour palabrer, ni pour recevoir les remerciements qui me sont dus. Je suis venu pour un conseil de guerre, et seulement pour cela, » dit Farsight.

Aun’Va ouvrit la bouche pour admonester le rebelle, mais fut immédiatement coupé par une violation outrageante du protocole qui ne s’était jamais produite depuis qu’il était Éthéré Suprême.

« Assez ! » dit Farsight en levant la voix. « Gardez vos manipulations, Aun’Va. Je ne suis pas ici pour débattre. Mes forces ont sauvé, pour le moment, les T’au piégés sur cette planète. Mais la surprise de mon attaque n’est plus, et l’ennemi est toujours là. Si nous voulons partir vivants de ce monde, nous devons travailler ensemble… pour le Bien Suprême. »

Suite à un silence pesant, Farsight ajouta : « La prochaine vague ennemie s’amasse déjà. Elle arrivera bientôt. Dans cette direction. »

Un bref instant, l’Éthéré Suprême fut abasourdi. Il réalisa trop tard que sa bouche était restée ouverte. Une rage pure rougeoya dans ses yeux et son esprit hurla, mais il inspira et retrouva son calme. Il devait trouver un moyen de reprendre l’initiative dans cette rencontre cruciale.

Puis le Commandeur Shadowsun parla. Aun’Va nota, avec fierté, que sa voix était plus froide qu’à l’accoutumée, mais gardait son autorité habituelle. « O’Shovah, l’ennemi devrait approcher le long de cet axe. » Elle montra l’holo-carte. « Les premiers rapports suggèrent qu’il ignore que nous contrôlons le climat. Si nous minutons correctement l’opération, nous pourrons l’attirer dans une tempête que nous maîtrisons. » Farsight étudia la carte, et reconnut un plan digne de son propre génie tactique.

L'Heure de l'Exécuteur

La véritable horreur vient d’arriver sur Agrellan.

Lors de leur attaque initiale, les T’au avaient capturé Agrellan en un jour. En comparaison, les efforts du Seigneur Général Troskzer pour reprendre ce monde au nom de l’Empereur duraient depuis des semaines, sans conclusion en vue. Les principaux éléments de la Force d’Intervention Retribution avaient eu leur chance. D’autres agences allaient prendre la main.

Agrellan brûlait.

De l’espace, le conflit qui ravageait la planète était étrangement beau. Les ouragans de feu continentaux et les énormes batailles formaient des motifs spiralés d’ombres et de lumière. Le monde contesté était comme un charbon dans un brasier. En orbite, dans les ténèbres de l’espace, non loin des vaisseaux sentinelles impériaux les plus en retrait, un Adepte était assis sur le trône de commandement de sa frégate. Autour de lui, le pont était dans la pénombre, et l’équipage s’adonnait à son industrie silencieuse entre les colonnades. Des runes colorées clignotaient sur les consoles d’ivoire au milieu de jauges de cuivre et d’horloges d’os. Des acolytes accouraient entre les banques de données, leurs robes chuchotant à chaque pas.

L’attention de l’Adepte passa de l’imécran au gros chronocadran d’onyx accroché à la cloison juste à côté. Ses yeux bioniques cliquetèrent et grincèrent comme il regardait défiler les dernières secondes, les mains d’os se refermant inexorablement à minuit. Une cloche sonna dans le pendule-de-mort - une seule note solennelle résonnant sur le pont et les membres d’équipage se dévisagèrent sous leur capuche. On avait laissé suffisamment de temps à Troskzer pour purger Agrellan. Il avait échoué. Il leur incombait désormais de réparer ces erreurs.

Avec un grand soin ritualisé, l’Adepte retira le sceau frappé d’un crâne qu’il portait au doigt. Il ouvrit un panneau articulé dans le bras de son trône, et inséra l’anneau dans le creux en os gravé ainsi révélé. Il entonna une courte et sinistre prière, et tourna l’anneau dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. Un signal parcourut des milles de câbles, enclenchant un processus de revitalisation occulte. Dans les entrailles de la frégate, les agents de l’Officio Assassinorum s’éveillèrent lentement.

Une procession d’acolytes chantants vêtus de robes noires et de masques d’os se dirigea vers quatre cellules blindées. Certains des servants portaient des encensoirs exhalant une fumée âcre. D’autres battaient un rythme lent, funéraire, sur de gros tambours.

Les autres portaient des équipements sacrés : des armes à feu façonnées de main de maître, dont la valeur était supérieure à certains mondes, des lames ésotériques et des casques macabres.

Les acolytes prirent place autour des cryo-cryptes sépulcrales dans lesquels reposaient les Assassins. Comme le chant se faisait plus aigu, les couvercles de verre blindé des cryptes couvertes de glace se mirent à luire de l’intérieur, leurs occupants enveloppés d’ombre tressaillant en reprenant conscience. Des tuyaux crachèrent une boue nutritive et toussèrent un gaz piquant en se détachant et en tombant des flancs des cryptes. Enfin - quand les tambours retentirent et les voix montèrent en crescendo - les couvercles de trois des quatre cryptes s’ouvrirent lentement, et leurs occupants se levèrent. Callidus, Culexus et Vindicare, chacun se mouvant avec l’agilité et la grâce mortelle d’un vrai prédateur. Il n’y eut aucun discours, car les détails de leur mission avaient déjà été chargés dans leurs cortex améliorés pendant le transit. Silencieusement, les Assassins prirent leurs armes des mains des acolytes tremblants, puis s’éloignèrent en direction du pont d’embarquement où leurs appareils les attendaient.

Seule la quatrième crypte, celle de l’Eversor, resta scellée. Cette chambre de stase enserrait l’Assassin fou furieux comme une mouche dans l’ambre depuis la fin de sa dernière mission. D’énormes Serviteurs Ogryns soulevèrent le cercueil de l’Eversor et l’amenèrent au Module d’Atterrissage qui l’emporterait au cœur de la mêlée.

Surveillant ses instruments depuis son trône, l’Adepte hocha la tête d’un air satisfait en observant les trois premières signatures énergétiques qui s’éloignaient de son vaisseau en direction d’Agrellan. Les premiers éléments de la Force d’Exécution étaient en route, et le dernier ne tarderait pas à les suivre. Ayant accompli son devoir, l’Adepte se cala dans son trône, convaincu que les Xenos allaient payer que la Volonté de l’Empereur serait faite.

Sur l’imécran, Agrellan continuait de brûler.

Force d’Exécution

Les agents de l’Officio Assassinorum ne sont jamais déployés à la légère. En fait, il faut un vote des Hauts Seigneurs de Terra à la majorité des deux tiers simplement pour valider le déploiement d’un seul agent. La décision de déployer une Force d’Exécution - quatre Assassins, un de chacun des temples majeurs de l’Officio Assassinorum - est la peine de mort suprême, une solution gardée en réserve pour les situations les plus désespérées.

Seul l’Officio Assassinorum connaissait les noms et les antécédents des Assassins qui formaient cette équipe spécifique. Trois des membres - la Callidus, le Vindicare et le Culexus - avaient déjà effectué une mission ensemble : l’exécution des neuf Vils Vizirs qui dirigeaient le culte des Disciples de la Flamme Bleue. La mission fut une réussite, néanmoins, l’Eversor assigné à l’opération mourut en emportant le dernier Vil Vizir.

Le Vindicare était un maître de la précision à longue portée. Équipé de son Fusil Exitus, il avait bien servi l’Empereur, réussissant des milliers de tirs meurtriers au cours de sa longue carrière. D’un seul tir parfaitement placé, il avait mis fin à des rébellions, tué des seigneurs de guerre despotiques, et apporté le Jugement de l’Empereur aux hérétiques. Son aptitude à tirer loin s’était bien employée contre les Vils Vizirs des Disciples de la Flamme Bleue, et son fusil avait pris les vies de quatre des cibles, dont deux, et de manière assez spectaculaire, abattus avec la même balle qui traversa successivement leurs crânes. Sa méthode d’assassinat préférée était le tir depuis une position cachée et lointaine, qu’il atteignait discrètement avant de faire pleuvoir la mort sur sa victime désignée.

La marque de l’Assassin Callidus était très différente. Elle œuvrait à proximité de la cible, en employant la furtivité et la confusion. Elle utilisait une drogue spéciale, appelée Polymorphine, pour modifier son apparence. Elle pouvait remplacer des membres du cercle de la cible, semant la discorde chez l’adversaire. Grâce à ce mimétisme, elle avait discrédité des démagogues, mettant fin aux martyres et à la dissidence contre l’Imperium. En matière d’assassinat, c’était une experte des lames empoisonnées, et sa méthode de prédilection était de s’infiltrer à côté de sa cible en prenant l’aspect d’un camarade ou d’un conseiller fidèle. Ce n’était que lorsqu’elle reprenait sa forme véritable -généralement pendant les dernières convulsions de sa victime - que les soupçons naissaient. Elle avait imité des traîtres, des contrebandiers et toutes sortes de Xenos humanoïdes. Pour tuer à distance, elle utilisait un Neuro-Lacérateur, une arme cruellement efficace contre les cibles vivantes. Malgré une courte portée, l’arme projetait un cône de disruption psionique qui déchirait le système nerveux de ses victimes. Une armure n’offrait aucune protection - un Seigneur Terminator du Chaos s’était un jour écroulé devant elle, le cerveau liquéfié.

Le Culexus était un tout autre type de tueur. Chacun de ces Assassins est porteur du Gène du Paria, une terrible mutation qui les rend psychiquement nuls. Les autres personnes évitent et craignent instinctivement de tels individus. Et pour les Psykers, la simple présence d’un Culexus est horriblement douloureuse, chaque seconde étant un cauchemar éveillé aux proportions dantesques. Son casque, l’Animus Speculum, peut soit étouffer soit amplifier le pouvoir du Culexus, ce qui lui permet soit de passer inaperçu, soit de libérer toute l’horreur de leur vide psychique en vagues lacérant l’âme. Les Psykers Renégats, les Bizarboyz gavés de Warp et les Sorciers du Chaos étaient les cibles favorites de ce Culexus - bien que quelques gouverneurs corrompus et agitateurs rebelles aient péri en hurlant d’une terreur indicible.

Comparé aux autres Assassins de la Force d’Exécution, l’Eversor n’était pas un scalpel affûté pour tuer d’une manière particulière - c’était un meurtrier de masse maniaque, une massue conçue pour causer des bains de sang. Des chargeurs de stimulants saillaient de son corps modifié, lui permettant de combattre dans un état de frénésie plus que surhumain. Armé d’une Épée Énergétique, d’un Neuro-Gantelet et d’un Pistolet Executor, l’Eversor était un tueur de corps à corps qui ne s’embarrassait pas de choisir une seule cible. Il transperçait toute chose vivante qui le séparait de son but, sans se préoccuper d’attirer l’attention. Comme tous les disciples de son temple, l’Eversor était une arme vivante à plus d’un titre, car s’il devait succomber à un coup mortel, le cocktail chimique dans son corps se mélangerait pour créer une bombe biologique d’une puissance prodigieuse.

Pour cette mission, le mot d’ordre de l’équipe était simple. Même si la planète Agrellan ne pouvait être purgée des Xenos, il était essentiel que les plus grands chefs de guerre T’au périssent. Ainsi, chaque membre de la Force d’Execution se vit assigné une proie à traquer. Ces Xenos apprendraient que la vengeance de l’Empereur était inéluctable. Privés de leurs plus hauts gradés, l’effort de guerre des T’au dans le Golfe de Damoclès partirait à la dérive, et leur empire s’écroulerait le temps que la prochaine force opérationnelle impériale soit rassemblée afin de le détruire définitivement. Ce ne serait qu’une question de temps.

Derniers Préparatifs

L’ultime bataille se profilait, et les deux camps dressaient des plans pour saisir cette chance de contrôler la planète. Les stratèges des forces impériales pensaient qu’ils avaient les effectifs suffisants pour écraser les dernières résistances de leurs adversaires Xenos. Les chefs T’au, quant à eux, virent une opportunité splendide, mais risquée…

Bien des batailles avaient été livrées sur Agrellan, mais la plus grande était désormais imminente. Depuis l’engagement majeur de Blackfossil Ridge, il n’y avait eu que des escarmouches. Les forces de l’Imperium avaient utilisé ce répit pour se regrouper et se réarmer. Les survivants de trois fers de lance continentaux s’étaient réunis, chacun ayant rencontré une forte opposition et donc subi des retards en chemin. Toutefois, à présent, tous se consacraient aux préparatifs de l’offensive finale.

Pour la plupart, les T’au avaient continué de livrer une guérilla, leurs armées se retirant devant les pesantes forces impériales. Les Space Marines avaient effectué des dizaines de sorties - pour détruire des batteries d’armes et des relais de communications notamment. Ces missions avaient globalement réussi ; les seuls échecs notables furent les tentatives répétées d’abattre le commandement T’au. Shadowsun les avaient évités, et malgré des renseignements précis, Aun’Va restait introuvable.

À la fin, et en dépit du fait que les T’au avaient remporté toutes les batailles majeures livrées sur Mu’gulath Bay, il ne leur restait plus qu’une place forte. L’assaut de ce bastion - le Seigneur Général Troskzer avait insisté sur ce point - devait être la bataille finale.

La destination des armées de l’Imperium était la cité nouvelle T’au dans les plaines à l’est de l’ancienne capitale, la Cité-Ruche d’Agrellan Prime. L’assaut initial du Colonel Starkzahn et des forces de l’Adeptus Mechanicus avait causé des dégâts considérables aux défenses extérieures et aux machines de recyclage d’air, mais les générateurs de boucliers étaient intacts. Des champs invisibles soutenaient encore un dôme au-dessus de l’espace aérien, empêchant les barrages orbitaux de réduire l’endroit en ruines.

Ce fut le Colonel Starkzahn qui eut l’idée de coordonner l’attaque avec l’arrivée d’une grosse tempête. Depuis que les enviro-machines T’au avaient été endommagées, la zone avait été consumée par les tempêtes de sable et de radiations. C’était une curieuse requête, car c’était le fer de lance de Starkzahn qui avait subi le plus de pertes à cause de ces phénomènes, mais il argua que c’était dû au fait que ses forces avaient été prises au dépourvu, sans plan cohérent. Cette fois, même privés de communications vox, les officiers connaîtraient le plan de bataille exact. Les senseurs et les traqueurs T’au étaient supérieurs, mais au milieu d’un tel ouragan, leurs armes à longue portée allaient souffrir. Et Starkzahn voulait se battre au plus près.

Les interminables compagnies de fantassins et de blindés de la Garde Impériale reçurent l’appui de régiments d’Abhumains, de Chevaliers Impériaux et de la compagnie de chars super-lourds qui avait si bien servi Starkzahn plus tôt dans la campagne. Tout fut bientôt prêt.

Ils n’avaient plus besoin que de la tempête.

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Le Commandeur Shadowsun se détourna de l’holo-carte et s’adressa solennellement à Aun’Va : « Avant de mettre la tempête en mouvement, je vais vous le demander à nouveau, Éthéré Suprême, consentiriez-vous à être exfiltré ? Il y a des risques, mais cette option a la plus forte probabilité de succès. Je ne me préoccupe que de votre sécurité. »

Aun’Va se raidit, levant les yeux de l’affichage numérique pour se dresser de toute sa hauteur. « Non, O’Shaserra. Je resterai sur Mu’gulath Bay. Ceci sera notre plus grand triomphe. Le front de notre guerre est ici et ma présence motivera les adeptes du Bien Suprême. »

« Si ma présence vous dérange, » l’interrompit le Commandeur Farsight, « soyez rassuré. Dès que nous aurons détruit l’ennemi, je partirai pour Vior’los. Je ne suis pas en compétition pour la direction de l’Empire T’au, si c’est ce que vous craignez. »

Aun’Va se tourna pour regarder le personnage si prometteur autrefois. « Je ne le crains pas, O’Shovah. Bien que vous vous soyez égaré, j’ai confiance en votre parole. Ce ne sera que lorsque vous vous serez souvenu que le Guerrier de Feu a le droit de servir, non de régner, que vous pourrez revenir. »

Farsight, dont le visage était un masque inexpressif, laissa son multi-écran de troupes déployées et de vidéo-captures pour croiser le regard d’Aun’Va. Shadowsun redoutait que son ancien camarade morde à l’hameçon, que son sale caractère et les vieilles récriminations de l’Éthéré Suprême le fassent sortir de ses gonds. Elle parla soudain, d’une voix froide. « Seule l’unité nous permettra de vaincre notre ennemi commun - ses effectifs sont trop grands. Puis-je continuer ? Le temps nous est compté. »

Shadowsun prit le silence pour une approbation, et ses doigts dansèrent sur les panneaux de contrôle pour donner le signal aux ingénieurs de la Caste de la Terre. Quelques instants plus tard, les trois chefs virent les cieux s’assombrir sur leurs écrans ; l’inversion de l’atmosphère supérieure débutait. « L’opération commence. Lancez le compte à rebours synchronisé… maintenant. »

« Je pars prendre position, » dit le Commandeur Farsight. Il s’arrêta au niveau de la porte blindée du centre de commandement, et jeta un regard en arrière. « Le Commandeur Puretide croyait en l’équilibre. S’il était là pour voir mon Kauyon et votre Mont’ka, O’Shaserra, le vieux guerrier serait fier. » Sur ces dernières paroles, le Commandeur Farsight s’inclina brusquement à l’adresse de chacun et sortit de la salle. La bataille l’attendait.

CHAPITRE 3 : ULTIME RÉTORSION

Kauyon, le Chasseur Patient

Les Commandeurs T’au respectaient la formidable machine de guerre qu’était l’Astra Militarum, mais ils étaient carrément époustouflés par les Space Marines. Ces troupes de choc de l’Humanité faisaient preuve d’une rapidité et d’une férocité terrifiantes. C’étaient les plus redoutables adversaires jamais rencontrés par les T’au, de plus, d’une certaine façon, ils combattaient d’une manière similaire à la Caste du Feu. Même si les Space Marines étaient peu nombreux sur Mu’gulath Bay, ils avaient réussi le tour de force d’influencer grandement le déroulement des opérations militaires.

Shadowsun et ses meilleurs conseillers étaient persuadés que les Space Marines mèneraient leurs propres missions au cours de l’offensive à venir. Les cibles potentielles incluaient les générateurs de boucliers qui protégeaient le dernier bastion des T’au dans la zone de Lo’vasht’au, le centre de commandement de la Caste du Feu et bien sûr, Shadowsun elle-même. Le Commandeur Farsight suggéra également que ses forces aéroportées faisaient partie des cibles éventuelles : tout comme les T’au cherchaient à neutraliser les troupes d’élite mobiles de l’Imperium, l’ennemi tenterait sûrement d’appliquer une tactique identique. Farsight et ses cadres seraient donc des leurres idéaux pour attirer l’ennemi dans un piège.

Alors qu’il attendait de voir si l’Imperium mordrait à l’hameçon, Farsight observait la tempête surnaturelle qui se formait au loin. Finalement, lorsque les nuées de sable se rapprochèrent, ce qu’il attendait se produisit, et il aperçut les traînées enflammées des Modules d’Atterrissage qui traversaient les nuages d’orage.

Le Piège se Referme

Assaut Total.

Un maître du Kauyon se reconnaît au minutage parfait de ses embuscades. Trop tôt, et la proie peut se retirer et préparer ses défenses. Trop tard, et le leurre sera perdu. C’est ainsi que la victime ne doit sentir le piège se refermer que lorsqu’il est trop tard pour réagir, et avant qu’elle ait pu faire des dégâts.

Au cours des semaines qui suivirent la Bataille de Blackfossil Ridge, de nombreuses escarmouches eurent lieu entre les Scouts Space Marines et les Cibleurs dans le no man’s land, car chaque camp tentait d’évaluer les forces de son adversaire. Le Commandeur Shadowsun avait fait de son mieux pour que les Scouts finissent par progresser suffisamment afin de repérer le lieu de stationnement des Exo-Armures des Enclaves Farsight, et ce sans qu’ils comprennent que les T’au les avaient laissés faire. Des casernes protégées par une ceinture de Tidewall Gunrigs avaient été installées au milieu de vieilles ruines impériales afin d’accueillir les forces d’O’Shovah.

Le Commandeur Farsight ne s’était pas trompé lorsqu’il avait prédit que les Space Marines arriveraient au combat d’une façon totalement inattendue. Alors que la tempête envahissait le ciel au-dessus de Lo’vasht’au, les Modules d’Atterrissage tombèrent des nuages et des Thunderhawks effectuèrent des attaques en rase-mottes contre les batteries antiaériennes des T’au. Les largages à basse altitude amenèrent de nombreux Marines d’Assaut sur le champ de bataille, et un fer de lance de White Scars arriva à bord de Rhinos. Il était accompagné par toute une Compagnie à Moto. Une force de la Raven Guard émergea de tunnels inconnus des T’au, tandis que d’autres Fils de Corax apparurent comme par magie au beau milieu du campement des Enclaves Farsight.

L’attaque était bien minutée et parfaitement coordonnée. La Caste du Feu était formée de soldats professionnels qui savaient apprécier la valeur d’un ennemi, et même si les Space Marines fonçaient droit dans un piège, il ne serait pas aisé de les vaincre.

Au signal du Commandeur Farsight, les images holographiques de guerriers de la Caste du Feu en train de s’entraîner furent coupées. Alors que les Space Marines atterrissaient, des missiles guidés et des roquettes transformèrent la zone en enfer. Quelques secondes plus tard, les tourelles camouflées ouvrirent le feu, et les portes des bunkers s’ouvrirent pour dégorger des équipes de T’au prêtes à contre-attaquer.

Les Exo-Armures Crisis décollèrent dans des nuages de poussière pour aller à la rencontre des Marines d’Assaut, et bientôt une bataille éclata dans le ciel. Les guerriers foudroyés des deux camps tombaient vers le sol comme des comètes. Les blessés et les morts s’écrasaient, tandis que les vivants atterrissaient au sommet des vieilles ruines impériales et engageaient le combat.

C’est alors qu’arrivèrent des Piranhas afin de contrer les Motards White Scars. Menée par Kor’sarro Khan en personne, la Demi-Compagnie de Bataille Stormlance maintint sa trajectoire tout en ouvrant le feu avec ses Bolters, jusqu’à ce qu’à la dernière seconde, deux groupes se séparent selon un plan convenu à l’avance. Sur des kilomètres de désert, les combattants se traquèrent mutuellement tout en évoluant à des vitesses ahurissantes. Des groupes mineurs se séparèrent et partirent dans toutes les directions en négociant les zones de débris avec adresse.

Grâce à leurs scanners et leurs pilotes automatiques, les Piranhas tentaient de prendre l’ascendant sur leurs adversaires. Leurs Drones d’Attaque ouvraient le feu dès que possible ou se détachaient pour monter des embuscades. Pour leur part, les White Scars comptaient sur leurs réflexes surhumains pour surclasser l’ennemi. Un des Space Marines jeta au passage une grenade antichar sur un Piranha, qui explosa dans une boule de feu. Un autre se servit de son Épée Tronçonneuse pour découper un Drone d’Attaque avant d’effectuer un dérapage contrôlé et de bondir de sa monture pour s’accrocher à un Piranha qui le frôlait. Il décapita promptement les deux membres d’équipage puis sauta de l’engin hors de contrôle qui alla s’écraser dans le sable. Le White Scar retomba agilement sur la selle de sa moto et remit les gaz. Cependant, il restait risqué pour les combattants des deux camps de se concentrer sur une cible unique et se désintéressant des autres menaces.

Des Devilfishs fonçaient à travers la tempête qui grondait. Des Strike Teams en débarquèrent pour délivrer des fusillades meurtrières. Les Space Marines arrivés par Modules d’Atterrissage se retrouvèrent face à une puissance de feu supérieure à la leur. Les Rhinos et autres chars débarqués des Thunderhawks tentèrent une percée pour venir en aide à leurs Frères de Batailles, toutefois les T’au avaient astucieusement caché des Exo-Armures Broadsides sur les étages supérieurs des ruines, ainsi que des Cibleurs chargés de guider leurs tirs avec leurs désignateurs. Rapidement, des tirs de Canons Rails mirent hors d’état de nuire les Rhinos de toute une Compagnie. Leurs équipages furent forcés de les abandonner et de continuer le combat à pied. Ils se retrouvèrent face à un rideau de feu de la part des Broadsides, mais également d’équipes de Drones Snipers. Ces derniers ne pouvaient qu’être entraperçus, et encore, seulement lorsqu’une rafale de vent dégageait momentanément un pan de ciel bleu.

Le Maître de Chapitre Kayvaan Shrike menait deux Compagnies de la Raven Guard depuis des tunnels à l’abandon. Aux cris de "Victorus Aut Mortis !" et "Pour Severax !", les Space Marines avides de vengeance jaillirent sur le champ de bataille. Cette attaque n’avait pas été prévue par les T’au, et elle fut de loin la plus couronnée de succès. Des Guerriers de Feu s’étaient rassemblés à proximité et attendaient l’ordre de se joindre au combat, et ils furent subitement assaillis par une horde de Space Marines vociférants. À courte portée, ces derniers étaient invincibles, c’est pourquoi les shas’ui ordonnèrent à leurs guerriers de tenter de fuir à bord de leurs Devilfishs. Cependant, la plupart n’en eurent pas le temps et furent massacrés.

Le Grand Assaut

L’heure était venue. Les forces de l’Imperium avaient lancé leur plus grande attaque contre Agrellan. Cet assaut devait exterminer les Xenos, toutefois ces derniers attendaient en embuscade. Comme Aun’Va le disait, c’était à cet instant que le cours de la bataille serait renversé et que cette guerre entrerait dans les légendes du Bien Suprême.

L’artillerie de la Garde Impériale commença son pilonnage. Ces salves avaient été prévues pour coïncider avec le début de l’assaut des Space Marines. Les Modules d’Atterrissage étaient en train de descendre à travers l’atmosphère lorsque le barrage débuta. Les explosions tapissèrent le sol afin d’ouvrir la voie aux forces terrestres qui allaient se mettre en mouvement.

Sous les cieux menaçants, de profondes lignes d’infanterie et des escadrons de chars se mirent en branle. C’était le marteau de l’Astra Militarum, d’innombrables soldats dont l’élan était capable d’écraser toute opposition. À cause de la tempête de sable et de l’air pollué, les troupes ne pouvaient pas voir les énormes explosions de l’artillerie tandis que les obus passaient au-dessus de leurs têtes, toutefois elles pouvaient entendre les détonations, et sentaient le sol qui tremblait sous leurs pieds. En dépit des pertes enregistrées jusqu’alors, la taille de l’armée Impériale était toujours impressionnante. Le simple fait de se retrouver noyé dans cette masse de plusieurs millions d’êtres humains avait de quoi galvaniser le soldat le plus désabusé et le plus rétif.

Depuis le départ, le but de la campagne d’Agrellan avait été de châtier les Xenos. Aucun effort n’avait été fait pour tenter de libérer les anciens citoyens impériaux enfermés dans les dômes de travail, ou pour secourir ceux qui avaient été envoyés suer sang et eau dans les colonies minières. L’Imperium ne tenterait pas de recoloniser cette planète, de récupérer ses ressources ou de la dépolluer. Cette guerre avait pour unique but d’exterminer les T’au, afin de leur montrer ce qui arrivait à ceux qui s’attaquaient à l’Imperium. Et cette bataille était l’ultime assaut majeur contre Agrellan, c’est pourquoi le Colonel Starkzahn envoya toutes ses troupes. Il ne voulait pas simplement vaincre les T’au, il projetait de les tuer jusqu’au dernier.

À cause de la tempête et des risques non négligeables de voir les communications coupées au pire moment, le Colonel Starkzahn avait mis en place un plan soigneusement minuté. Une fois lancée, la machine de guerre impériale devait traverser le désert et resserrer le nœud autour d’Agrellan Prime pour étouffer les T’au dans la cité qu’ils tentaient de bâtir à l’ombre de l’antique Cité-Ruche. C’était une opération de grande envergure, mais Starkzahn disposait de millions de soldats.

Se frayant un chemin à travers les ruines, le Maître de Chapitre Kayvaan Shrike fit une pause et jeta un coup d’œil derrière lui. En dessous, le désert était tel un océan, battu par un vent qui soulevait des vagues de sable. En dépit de l’air saturé de débris, Shrike pouvait voir des Devilfishs chargés de guerriers T’au qui progressaient entre les ruines. Ils le traquaient. Une fois de plus, Shrike tenta de contacter quelqu’un, n’importe qui : le Colonel Starkzahn, le Croiseur d'Attaque Shadowblack ou le Capitaine Solaq de la 5e Compagnie. En vain. Seules les communications astropathiques passaient, malheureusement son seul Archiviste, frère Zorticae, avait écopé d’un tir d’Arme à Impulsion en pleine tête dès le début de l’engagement. Shrike réfléchissait à toute vitesse. Même après les leçons apprises durement sur Prefectia, il sous-estimait encore les compétences des T’au. Les Space Marines étaient une fois de plus tombés dans un piège mortel. Et il n’y avait pas de raison que la Garde Impériale échappe au même traitement. Malgré cela, il ne parvenait pas à faire marcher son vox, et il n’avait pas le temps de mettre en place un plan longuement étudié, comme le prouvait le canon de fusil qui venait d’apparaître sous une arche brisée. Un Sniper Drone avait repéré les camarades de Shrike et se préparait à tirer. Sans hésiter, le Maître de Chapitre activa ses Réacteurs Dorsaux. Le Drone le détecta et tenta de s’échapper, mais il était trop tard. Shrike déchiqueta le disque métallique avec ses griffes, puis poursuivit sur son élan et percuta le mur d’une ruine proche. Il se releva et fit signe à ses Frères de Bataille de continuer d’avancer. Nul doute que les T’au qui le cherchaient l’avaient entendu…

La dernière zone aux mains des T’au sur Agrellan était protégée par de puissants boucliers énergétiques capables de résister à un bombardement orbital. Il était possible pour les chasseurs et les bombardiers de passer à travers ces champs de force, mais les reconnaissances avaient confirmé que le secteur fourmillait de tourelles antiaériennes. De plus, les T’au avaient visiblement économisé l’essentiel de leur puissance aérienne. Pour toutes ces raisons, le plan de Starkzahn consistait à attendre qu’une nouvelle tempête serve de couvert à la progression de ses troupes. À longue portée et au cours d’embuscades rapides, les T’au s’étaient révélés mortels. Mais lors d’une guerre d’usure faite de fusillades et de corps à corps, l’Imperium savait que la victoire serait inéluctable.

Le Colonel Starkzahn établit son quartier général aux abords d’une forêt pétrifiée, et observa les compagnies d’infanterie tandis qu’elles disparaissaient dans la brume. Les bannières des compagnies et des régiments claquaient au vent. Celui-ci auraient pu écorcher vif un homme, car l’air était chargé de toxines et de sable. Vinrent ensuite les Chevaliers Impériaux, qui marchaient au son de leurs haut-parleurs. Ceux de la Maison Terryn saluèrent le Colonel Starkzahn en passant devant lui. Les heures défilaient, et toujours plus de troupes étaient englouties par le brouillard.

Comme les scans l’avaient suggéré, la tempête ne faisait que croître en intensité. La plupart des commandants impériaux pensaient qu’il faudrait plusieurs jours de marche avant que leurs troupes atteignent les abords des installations des T’au. Les premières lignes de défenses où avaient eu lieu les batailles précédentes étaient à des centaines de kilomètres, par conséquent la route serait longue et ardue.

Les premiers signes annonciateurs de problèmes survinrent plusieurs heures plus tard. On entendit un grondement sourd, à peine audible à cause du hurlement du vent. Le sol tremblait sous l’effet des milliers de blindés qui avançaient, cependant on distinguait de mieux en mieux des explosions de mauvais augure. La portée des vox était considérablement réduite, si bien que Starkzahn ne pouvait rien faire à part envoyer toujours plus de groupes de combat vers le front. Il savait que le prix à payer pour la destruction de la colonie des T’au serait terriblement élevé.

Loin au-dessus de Mu’gulath Bay, les officiers de la Marine Impériale s’étaient rassemblés sur le pont de commandement du Seigneur Amiral Hawke. Ils observaient d’un air horrifié les nuages surnaturels qui continuaient de s’amonceler au-dessus du champ de bataille, alors qu’une zone calme perdurait au niveau d’Agrellan Prime. Contre toute attente, il semblait que les Xenos étaient parvenus à dompter les terribles tempêtes de la planète. Des éclairs d’une ampleur monstrueuse zébraient les continents où les nuages se formaient. C’était là le signe d’explosions terrifiantes, sans doute dues à l’usage d’armes titanesques. Ils pensèrent que les forces impériales au sol étaient harcelées par les bombardiers des T’au, et envoyèrent leurs propres chasseurs. L’attaque devait réussir malgré la perfidie des Xenos.

Le Choc des Dieux Guerriers

L’affrontement final sur Agrellan.

Les épais nuages disparurent subitement et le vent se calma. Les Gardes Impériaux faillirent se réjouir de ce répit dans les intempéries, mais ils s’aperçurent bien vite que la lumière du soleil d’Agrellan était devenue douloureuse. Puis le cataclysme survint.

Dans plusieurs secteurs, les T’au firent exploser à distance les réacteurs surchargés des machines de la Caste de la Terre. Des champignons atomiques montèrent vers le ciel. Ailleurs, des salves de missiles si nombreux qu’ils voilèrent la lumière du jour furent tirées. Leurs explosions vitrifièrent le sable sur des kilomètres carrés. Les soldats furent vaporisés, les chars soufflés. Mais tout ne périt pas dans ce maelström.

En effet, les Chars Super-Lourds de la Garde Impériale résistèrent aux flammes et aux ondes de choc. Ils continuèrent d’avancer telles des forteresses mobiles aussi indomptables que l’Imperium lui-même. Les tourelles aux énormes canons tournaient lentement à la recherche d’une cible contre laquelle exercer leur vengeance. Derrière ces chars suivaient les Chevaliers Impériaux, dont les Boucliers Ioniques crépitaient.

Les troupes de la contre-attaque de Shadowsun étaient restées à bonne distance de l’épicentre de l’explosion, et fonçaient désormais à la rencontre de l’ennemi. De plus, d’autres éléments T’au étaient déjà présents sur place. Les armures balistiques KV128 étaient si résistantes qu’elles avaient été placées en avant-garde, car elles n’avaient pas à craindre le souffle de la détonation. Elles s’animèrent soudain, et leurs torses pivotèrent pour aligner les chars qui continuaient de progresser imperturbablement dans le désert transformé en fournaise mortelle.

Tels des dieux de la guerre, les engins super-lourds des deux camps vomirent des torrents de feu avec des armes si colossales qu’elles auraient pu raser des montagnes.

Le Coup de Grâce est Porté

Le Choc de deux Empires.

Les troupes de l’Astra Militarum pensaient qu’elles allaient profiter du couvert de la tempête pour se rapprocher des Xenos et leur porter un coup fatal. Elles étaient confiantes, car les T’au étaient encerclés et largement inférieurs en nombre. Toutefois, ces derniers avaient réussi à attirer leurs ennemis exactement là où ils le voulaient…

Des géants s’affrontaient dans le désert. L’air crépitait à cause des faisceaux chargés d’une énergie démentielle, et des roquettes striaient le ciel. Les explosions formaient des novas miniatures alors que des armes terrifiantes martelaient les champs énergétiques. Les Boucliers Ioniques des Chevaliers Impériaux ondoyaient et menaçaient de disjoncter en résistant aux tirs des Stormsurges KV128.

Pendant que ses propres boucliers dispersaient la puissance de feu combinée de toute une compagnie de Chars Super-Lourds, une Stormsurge tirait avec son canon catalyseur à ions dont le recul soulevait des nuages de poussière. Ce tir était un trait de fureur incandescente. Il aurait pu traverser plusieurs mètres d’adamantium et abattre un Titan. C’était la plus puissante arme mobile jamais créée par la Caste de la Terre, une arme à impulsions d’un tel calibre qu’elle était normalement réservée aux vaisseaux stellaires.

Le Baneblade Foebreaker servait l’Imperium de l’Humanité depuis plus de dix mille ans. Il avait participé à des batailles légendaires aux côtés des Primarques quand ils arpentaient encore les étoiles. Il n’y avait pas le moindre morceau de sa coque qui n’avait pas été réparé et sanctifié au moins cent fois. Foebreaker avait encaissé les coups les plus terribles de ses adversaires et s’en était toujours sorti. Mais pas cette fois…

Dénué de bouclier énergétique, le Baneblade n’avait aucune chance. Le jet de plasma bleu de la Stormsurge était aussi brûlant qu’un soleil, et sa vitesse lui permit de percer aisément le blindage de Foebreaker et d’atteindre son réacteur, avec des conséquences cataclysmiques. Pas un seul pan de plastacier ne résista à l’explosion qui s’ensuivit.

Ailleurs, les Chevaliers Impériaux de la Maison Terryn étaient abattus à un rythme alarmant. Un trio en formation Avenger Lance fut exterminé en quelques minutes. Dans un des cas, les jambes du marcheur super-lourd continuèrent d’avancer sur quelques pas alors que le torse de la machine avait été désintégré. Un autre Chevalier reçut un tir en pleine poitrine et s’effondra lentement dans le sable. Au final, il ne resta plus que des cratères noircis et des épaves là où se trouvaient auparavant trois fières machines de guerre impériales. Le Haut Roi Tybalt hurlait de rage, mais sa colère était aussi inefficace que sa Gatling, dont les obus ricochaient sur le blindage des Stormsurges.

Lorsque des bancs de Hammerheads arrivèrent, le crépitement caractéristique des Canons Rails se joignit à la bataille. De plus, des XV104 Riptides tombèrent du ciel depuis leurs transports aériens. Leurs répulseurs émettaient des bruits stridents, tout comme leurs armes, qui accumulaient de l’énergie avant d’ouvrir le feu.

La bataille était déséquilibrée, toutefois les forces impériales provoquaient quelques dommages. Le Hellhammer Emperor’s Decree arracha la jambe d’une KV128 Stormsurge et abattit trois Hammerheads avant que l’équipage soit forcé d’abandonner sa machine, lorsque sa coque fut percée à plusieurs reprises et que des incendies la ravagèrent. Les Nobles de Voltoris, c’est-à-dire les célèbres Chevaliers de la Maison Terryn, chargèrent droit vers un énorme banc de Hammerheads et en détruisirent un grand nombre avec leurs Tronçonneuses Reaper et leurs Gantelets Thunderstrike, mais ils souffrirent en retour. Depuis les jours sombres de l’Hérésie d'Horus, jamais autant de Chevaliers de la Maison Terryn n’étaient tombés au combat en une seule bataille. Le Roi Tybalt lui-même aurait été tué s’il n’avait pas été sauvé par une apparition étrange.

Au moment où le Bouclier Ionique de Tybalt le trahit et que ses gardes personnels périssaient les uns après les autres, un Chevalier couleur d’ébène et arborant des crânes émergea de la tempête. Le Chevalier d’Obsidienne était revenu, et il était animé d’une colère vengeresse. Il surgit à temps pour sauver ses camarades en s’interposant avec son Bouclier Ionique. Tybalt était abasourdi. Le titan noir résistait aux tirs et se rapprochait de ses ennemis, jusqu’à ce qu’il soit à portée pour éventrer les Exo-Armures avec sa tronçonneuse.

La tempête reprit de plus belle, si bien que le Chevalier d’Obsidienne disparut au milieu des rafales de vent. Cependant, son acte héroïque avait donné le temps à la Maison Terryn de se regrouper. Tybalt avait perdu la moitié de ses forces, et il devait battre en retraite s’il voulait que sa Maison survive à cette bataille. Privé de la protection de son Bouclier Ionique, le Chevalier en piteux état de Tybalt fit demi-tour en emmenant les survivants de son contingent. À l’exception de la zone où combattait le Chevalier d’Obsidienne, le plan de Shadowsun se déroulait à merveille. Les Cibleurs tendaient des embuscades. Les Drones Stealth assuraient l’invisibilité des Ghostkeels. Les formations impériales qui sortaient de la tempête étaient accueillies par un mur de feu érigé par les T’au. Les machines environnementales de la Caste de la Terre et leurs satellites météo avaient permis de contrôler avec précision l’atmosphère de la planète. Néanmoins, en dépit du nombre dantesque de troupes impériales détruites par les T’au, toujours plus de soldats continuaient d’affluer pour tenter de les submerger sous le poids du nombre.

Le Chasseur Chassé

Un Vindicare traquant sa proie.

La patience n’était pas une vertu acquise par Farsight au cours de sa longue vie. Il avait hâte de terminer sa mission et de rejoindre les combats contre la Garde Impériale, et surtout les Space Marines. Même s’ils avaient perdu la moitié des leurs au cours des embuscades des T’au, les guerriers de l’Adeptus Astartes restaient difficiles à éliminer. Ayant été témoin des dommages que ces combattants surhumains pouvaient provoquer, le Commandeur Farsight savait qu’il était sage de les tenir éloignés du gros des combats. Le plan minutieux de Shadowsun risquait d’être contrecarré si les Space Marines parvenaient à échapper à Farsight et à se regrouper. Avec leur appui, la Garde Impériale serait en mesure de s’extirper du piège dans lequel elle était tombée. Par conséquent, Farsight continuait de mener ses forces dans des missions de recherche et destruction pour anéantir les poches de résistance des Space Marines. Toutefois, il ne se doutait pas qu’il était lui-même traqué.

Un Assassin Vindicare avait été déployé avec pour mission de tuer le Commandeur Farsight. Une fois que son transport avait atterri, il avait mis plusieurs jours pour infiltrer les installations des T’au. Il avait fait preuve d’une discrétion époustouflante, néanmoins lorsque la situation ne lui permettait pas de prendre son temps, il avait été forcé de recourir à des talents beaucoup plus mortels, si bien qu’il avait laissé derrière lui des monticules de cadavres.

En effet, une équipe de Cibleurs avait fini par enregistrer des données étranges, ce qui avait forcé le Vindicare à agir. Il ne lui avait fallu qu’une seule balle en pleine tête pour tuer chaque Xenos. Ensuite, il avait été obligé d’abattre deux Exo-Armures Broadside qui surveillaient une rue qu’il devait traverser. Puis des Guerriers de Feu, des Équipes Stealth et même un Hammerhead avaient été ajoutés par nécessité à son tableau de chasse.

Ayant finalement atteint sa destination, le Vindicare avait cherché un poste de tir lui offrant le meilleur champ de vision possible. Il avait escaladé les ruines et sauté d’un toit à l’autre, telle une ombre parmi les ombres. Enfin, il avait repéré un perchoir idéal au sommet d’un bâtiment et s’y était installé en silence. Le caméléolin de sa combinaison lui permettait de se fondre dans le décor, si bien qu’il ressemblait à une des gargouilles de pierre qui ornaient les rebords de l’édifice. Sauf que cette statue observait calmement, le doigt posé sur la détente de son Fusil Exitus. L’Assassin fut forcé à un moment donné de changer position à cause d’un Drone passant à proximité. Ce dernier avait ralenti près de la cache du Vindicare en faisant bourdonner ses senseurs. Visiblement, la technologie des T’au était assez avancée pour le repérer. L’Assassin ne prit pas de risque et effectua une roulade en ouvrant le feu. Le tir perça l’optique du Drone et détruisit la puce contenant son IA. Le petit robot tomba comme une pierre. Même s’il était certain que personne n’avait été témoin de cette scène, le Vindicare changea de position.

L’Assassin savait que sa cible était proche. Même si la technologie des T’au pouvait brouiller les émissions impériales, son équipement était si perfectionné qu’il n’était pas affecté. Grâce à son Masque d'Espion, le sniper interceptait toutes les communications des T’au, qui étaient aussitôt traduites. Il écoutait les rapports afin d’évaluer quand sa cible allait se rapprocher. Il savait que le Commandeur Farsight avait prévu de s’envoler avec ses cadres à bord de transports Orcas, c’est pourquoi il s’était posté à portée de leur zone de décollage, là où O’Shovah allait embarquer. Il n’avait plus qu’à être patient… À plusieurs kilomètres de là, des chasseurs pistaient le Vindicare et s’en rapprochaient inexorablement. Le Sous-Commandeur El'Myamoto, plus connu sous le nom de Darkstrider, faisait signe à ses Cibleurs de le suivre. Quelques jours plus tôt, quelque chose qui l’avait interpellé était apparu brièvement sur son analyseur structurel. Se fiant à son instinct, Darkstrider avait suivi la piste de cette signature énergétique inconnue. Ses pires craintes s’étaient confirmées lorsqu’il était tombé sur les premières victimes, en l’occurrence une autre équipe de Cibleurs. Ils étaient tous morts sans avoir tiré une seule fois avec leurs Carabines à Impulsions. Bientôt, d’autres cadavres furent mis à jour. L’ennemi qu’ils traquaient avait réussi à pénétrer le réseau défensif des T’au, et faisait preuve de talents de tireur dépassant de loin les prodiges que les T’au pouvaient accomplir avec l’aide de leurs meilleures IA. La piste menait droit vers les Enclaves Farsight. Était-ce là l’œuvre d’un agent impérial, ou d’un de ces T’au qui s’étaient détournés du Bien Suprême ?

Darkstrider et ses Cibleurs étaient désormais dans les ruines d’une raffinerie. Ils tombèrent à deux reprises dans des escarmouches, lors desquelles ils firent usage de leurs désignateurs pour aider des Équipes Crisis à détruire des motards White Scars. Le signal inconnu était proche, toutefois l’analyseur structurel ne parvenait pas à indiquer sa localisation exacte. Parcourant les ruines du regard, Darkstrider finit par repérer le plus haut des bâtiments. Son instinct le poussa à se rendre au sommet.

Même depuis son perchoir au-dessus des ruines, le Vindicare put sentir le déplacement d’air chaud provoqué par l’atterrissage d’un Orca. Bientôt, les premières Exo-Armures rouges apparurent. Dès que sa cible se présenta, l’Assassin tira deux projectiles. Le premier était une balle perce-écran. Elle traversa le champ de force de Farsight et détruisit le générateur qui l’alimentait dans un flash aveuglant. Privé de cette protection, O’Shovah allait être une proie facile pour le second projectile qui filait droit vers sa tête…

La Bataille de Gargoyle Spire

Darkstrider prend par surprise le Vindicare.

Depuis qu’un des gardes du corps de Farsight s’était interposé entre le second tir et son maître, l’Assassin était devenu une bête traquée. Le Commandeur Bravestorm avait protégé O’Shovah avec son propre générateur de champ de force, tandis que les autres membres des Huit avaient formé un cercle défensif autour de leur chef. Les autres T’au avaient riposté en direction de l’endroit d’où provenaient les tirs. Calmement, le Vindicare avait enchaîné les tirs mortels contre les T’au rassemblés sur la piste de décollage. Une Strike Team avait couru pour se mettre à couvert, mais les Guerriers de Feu étaient tombés foudroyés les uns après les autres en quelques battements de cœur. Ce fut ensuite au tour d’une Équipe XV8 Crisis d’être décimée alors qu’elle s’élançait vers le perchoir du sniper. Lorsque leurs pilotes mouraient, les Exo-Armures hors de contrôle tombaient vers le sol comme des pierres. Des tirs imprécis crépitaient autour de l’Assassin, mais il continuait à viser et à presser la détente avec une rapidité foudroyante. Une Riptide touchée au niveau du cockpit mit un genou à terre et ne bougea plus. Cependant, dès que le Vindicare fut certain qu’il n’aurait pas d’autre occasion de prendre pour cible Farsight, il se mit à courir. Il bondit depuis le rebord, effectua une roulade et atterrit sur le toit le plus proche. Pendant son saut, il tira à deux reprises avec son pistolet et abattit les pilotes d’un Piranha qui fonçait vers lui.

Suivant l’itinéraire de fuite qu’il avait mémorisé, il continua de bondir d’un toit à l’autre en tuant tout ce qui passait à sa portée, toutefois il n’avait pas prévu l’embuscade de Darkstrider. Les Cibleurs tirèrent dès qu’ils le virent. Grâce à l’assistance de l’IA de l’analyseur structurel, les T’au anticipaient les mouvements du Vindicare, qui fut touché plusieurs fois. Une grenade à photons lancée avec précision acheva de le désorienter, mais il eut le temps de riposter avec son pistolet. Six Cibleurs s’écroulèrent, néanmoins Darkstrider ne fut que blessé. Ce dernier épaula sa Carabine à Impulsions et fit mouche à bout portant. Il ne s’arrêta de tirer que lorsque le cadavre du Vindicare fut méconnaissable…

L'Horreur Vivante

En massacrant des cibles civiles, l’Eversor espérait forcer le Commandeur Farsight à se montrer pour tenter de mettre fin à la tuerie. L’Assassin au masque funeste ne reculerait devant rien pour accomplir sa mission, mais il allait devoir trouver un moyen d’outrepasser les gardes du corps du Commandeur, ainsi que les Équipes Crisis qui l’accompagnaient partout.

Le module de l’Eversor avait atterri en disloquant au passage le dôme nanocristallin d’un centre scientifique de la Caste de la Terre. Des alarmes avaient sonné, et des équipes de Guerriers de Feu s’étaient précipitées vers le lieu du crash. Elles avaient rapidement entendu le vacarme d’une fusillade et des cris de terreur. Après s’être extirpé de son module, l’Eversor s’était rué sauvagement sur les premiers T’au qu’il avait rencontrés. Il était telle une ombre à la vivacité surnaturelle dont l’arme crachait la mort. Les Guerriers de Feu furent projetés si violemment contre les murs que leurs échines se brisèrent, ou furent mutilés par des rafales de Bolts. Les ingénieurs de la Caste de la Terre tentaient de se défendre avec les armes expérimentales qu’ils mettaient au point, mais tous finirent éviscérés sans être parvenus à toucher leur cible. La panique se répandit et en quelques minutes, des appels à l’aide atteignirent les troupes stationnées dans les environs. Parmi elles, un héros était lié par le serment qu’il avait fait de défendre son peuple, et il ne pouvait se dérober face à cette menace.

Même si son générateur de bouclier avait été détruit par le tir du Vindicare, le Commandeur Farsight restait désireux de se joindre à la bataille. D’après les rapports qu’il recevait, les forces de Shadowsun commençaient à fatiguer, pourtant il était vital de maintenir la pression sur les troupes impériales afin qu’elles ne puissent échapper à la tempête. Le Mont’ka nécessitait une détermination et une force inébranlables. Farsight avait prévu de laisser la moitié de ses forces traquer les Space Marines pendant que les autres cadres viendraient en aide aux forces de l’Empire T’au. Il avait demandé que les réparations de son Exo-Armure soient réalisées pendant son transfert, si bien qu’il était à bord d’un Orca lorsqu’il reçut le signal de détresse : le plus grand des dômes scientifiques de la Caste de la Terre était attaqué. Shadowsun avait envoyé à l’assaut toutes les forces disponibles, par conséquent personne d’autre n’était en mesure de porter secours rapidement aux scientifiques de Lo’vasht’au.

Sans hésiter, O’Shovah ordonna à l’Orca de changer de cap. Se déployant depuis les airs, Farsight et ses Retaliation Cadres atterrirent sous le grand dôme en passant par le trou béant foré par le module de l’Assassin. Le premier à poser le pied au sol fut Farsight. Il avait vu bien des horreurs au cours de ses guerres menées dans les étoiles, malgré cela le spectacle qu’il découvrit lui glaça le sang. L’Eversor avait perpétré un massacre indescriptible. Il n’avait atterri que depuis quinze minutes, pourtant les laboratoires de la Caste de la Terre ressemblaient à des abattoirs. Du sang et des membres tranchés recouvraient le sol, car l’Assassin ne se contentait pas de tuer ses ennemis : il les démembrait et répandait leurs entrailles aux alentours. Le corps saturé de drogues, il se mouvait avec une agilité surhumaine et faisait preuve d’une force terrifiante. L’Eversor était un instrument de terreur, une aberration. Il servait à montrer jusqu’où l’Imperium était prêt à aller pour remporter la victoire.

Duel avec la Mort.

Réalisant que sa cible était arrivée, l’Eversor cessa le massacre des civils et se rua vers Farsight sans se faire repérer. Alors que les senseurs des Exo-Armures avertissaient les pilotes d’une présence hostile, l’Eversor était déjà sur eux. Il venait de défoncer un mur et de bondir sur la première Crisis XV8 en esquivant ses tirs de plasma. Dégainant son Épée Énergétique, il découpa sans difficulté l’alliage nanocristallin, puis s’empara du pilote avec son Neuro-Gantelet et le projeta au sol. Ravagé par les toxines, le cadavre du malheureux T’au n’était plus qu’une masse informe quand il s’écrasa au sol. L’Assassin était déjà sur sa victime suivante. Il lui trancha la jambe avec son épée, tout en abattant une autre Crisis d’une rafale précise de pistolet. Utilisant l’Exo-Armure qui s’effondrait comme tremplin, il bondit et intercepta deux autres Crisis qui lui tiraient dessus, et les démembra en quelques coups d’épée. Finalement, il termina son saut sur un Drone Bouclier qu’il obligea à virer de bord en appuyant dessus de tout son poids.

Les T’au perdaient leur sang-froid. Une des Crisis qui tentaient d’abattre l’Assassin tira malencontreusement sur ses camarades avec son Canon à Induction, tandis qu’un rayon d’Éclateur à Fusion trop hâtif détruisit une bobine à plasma entreposée dans une zone de test. Celle-ci explosa et fit un carnage. La lourde armure d’Ob’lotai 9-0 s’interposa alors entre Farsight et l’Assassin. Elle tira une salve de missiles, toutefois l’Eversor les évita aisément et gratifia la Broadside d’un coup de Neuro-Gantelet au niveau de la fente de vision. Si un pilote vivant s’était trouvé à l’intérieur de l’armure, il n’aurait pas survécu. Ob’lotai s’en tira avec un contrôleur d’IA gravement endommagé. Malgré tout, son intervention avait donné un répit à Farsight, qui parvint à toucher l’Eversor avec son Fusil à Plasma. L’Assassin fut ralenti, et les autres membres des Huit purent alors le mettre en charpie avec leurs armes.

Duel Avec la Mort

Criblé de tirs de plasma, l’Eversor était à terre. Encore sonnés par la violence et la soudaineté de l’attaque frénétique de l’Assassin, Farsight, son escorte et son Équipe Crisis regardaient le corps vêtu de noir encore fumant. Avant que la Riptide d’O’Vesa n’avertisse qu’elle percevait encore non pas un pouls mais plusieurs, l’Eversor bondit et plongea son Neuro-Gantelet à travers le joint de la Crisis la plus proche. Alors que le pilote était pris de convulsions fatales, l’assassin vrilla autour du bras de l’Exo-Armure équipé d’un Lance-Flammes, pour veiller à ce que la dernière action du pilote soit de calciner des camarades.

Les glandes adrénalines synthétiques de l’Eversor déversaient un cocktail de drogues de combat dans ses veines. D’une roulade, le tueur ramassa son Épée Énergétique et fit pleuvoir les coups. Après d’être taillé un chemin sanglant, l’Eversor atteignit sa cible et lança un assaut féroce sur le Commandeur Farsight. La Lame de l’Aube et l’Épée Énergétique de l’Assassin s’entrechoquèrent dans des gerbes d’étincelles avant que le Commandeur T’au ne tire à bout portant avec son Fusil à Plasma froid en libérant une décharge cinglante. Propulsé en arrière, l’Eversor heurta la bobine de la tour à plasma endommagée, et fut pris un instant dans les courants insoutenables avant de rebondir avec une vitesse incroyable. Farsight s’était préparé.

Avec une parfaite synchronisation, Farsight plaça un coup de taille qui trancha la créature en deux. Les T’au regardèrent incrédules la partie supérieure du torse ramper vers sa cible tout en riant. À son trépas, la biochimie de l’Eversor explosa. La déflagration fit s’effondrer le dôme.

Le Trépas Déguisé

L’Assassin Callidus s’en prend à Shadowsun.

Pour ceux qui connaissent l’Assassinorum et ses temples, la Callidus est la plus redoutée des Assassins Impériaux.

Ces change-forme peuvent être quiconque et n’importe où, et lorsque le tueur se dévoile, il est trop tard. Sous les traits d’un membre de la caste la plus digne de confiance, l’Assassin Callidus sur Agrellan s’en prit directement à sa cible assignée.

La veille, la Callidus atterrit aux abords de Lo’vasht’au. En trois heures ignobles, l’assassin polymorphe incarna un Cibleur dont elle massacra l’équipe, puis un shas’ui assigné à une base de surveillance à l’est. Enfin, grâce à la ruse et aux lames empoisonnées, la Callidus tua celui dont elle voulait revêtir l’apparence. Lorsqu’il marcha vers son transport personnel quelques minutes plus tard et demanda à être conduit auprès d’O’Shaserra, le noble Aun’Kar n’était plus du tout lui-même.

Pendant ce temps, l’assaut principal avait débuté. En bien des façons, c’était moins une bataille qu’un shas’ohdra, un exercice de tir soutenu pour les formations de la Caste du Feu. Depuis son poste de commandement mobile, Shadowsun surveillait l’orage et les vagues de Counterstrike Cadres qu’elle envoyait dans ce mur de sable et de toxines. Elle suivait tout à la fois, les communications, les caméras, les Command-link Drones et les rapports des messagers.

Les T’au étaient médusés de voir la Garde Impériale poursuivre en dépit de pertes abominables tandis que les vagues d’hommes et de machine continuaient d’affluer. Les T’au avançaient, abattaient les cibles et semaient la panique, avant de se replier en ordre pour se reposer et faire le plein de munitions, libérant la voie pour les cadres suivants. Le besoin constant de mener de nouvelles attaques pour prélever un tribut sanglant était harassant, mais les T’au n’osèrent pas se relâcher, car l’Astra Militarum s’avérait inexorable. Régulièrement, certains capitaines, lieutenants ou sergents inspirés tentaient de briser le piège des T’au. Certains tentèrent de s’enterrer dans le sable ; d’autres lancèrent des assauts féroces pour échapper à la ceinture d’orage et de lignes T’au qui les encerclait. Tous échouèrent.

Le centre de commandement mobile de Shadowsun se résumait à des véhicules sur une dune. Un anneau de Cibleurs délimitait un périmètre et des ingénieurs de la Caste de la Terre veillaient au bon fonctionnement des générateurs de boucliers et des Drones Stealths qui protégeaient le groupe. Un transport Orca volait au-dessus, prêt à atterrir si une évacuation d’urgence était requise. Lorsqu’un Devilfish arriva avec à son bord Aun’Kar, un Éthéré siégeant au Haut Conseil d’Aun’Va, on lui ouvrit le passage. La venue d’un tel dignitaire si près de la ligne de front signifiait un message prioritaire. Lorsque l’Éthéré et ses gardes approchèrent, Shadowsun laissa ses écrans holographiques et l’accueillit. Toutefois, au dernier moment, O’Shaserra fut frappé par quelque chose d’étrange. L’imitation du ton de l’Éthéré était parfaite, mais elle était accoutumée à la présence autoritaire et à l’odeur singulière de la caste dominante. Shadowsun marqua un temps d’arrêt. Cette hésitation lui sauva la vie. Tandis qu’il s’inclinait, les traits d’Aun’Kar se brouillèrent et sa main brandit soudain une épée. La lame sembla vaciller, et plongea dans l’armure XV22 comme si elle était faite d’eau, perforant le flanc du Commandeur. Si elle ne s’était pas reculée, son cœur aurait été atteint. Shadowsun activa ses répulseurs et se dégagea douloureusement de l’Épée de Phase, titubant tout en tirant sur son assaillant.

Où s’était tenu Aun’Kar se trouvait à présent une humaine en justaucorps. L’Assassin polymorphe s’était dévoilé. Elle n’avait jamais manqué sa cible jusqu’ici. La Callidus avait tué si souvent qu’elle sut que sa lame avait frappé profondément, mais n’avait pas atteint son véritable objectif. Tirant son Neuro-Lacérateur, l’Assassin projeta des vagues d’énergies électromagnétiques qui mirent à genoux les T’au alentours comme leurs cerveaux et leurs terminaisons nerveuses étaient saturées. La Callidus se déplaça pour achever la proie, bondissant au-dessus des guerriers pris de convulsions, son épée miroitant une lueur maléfique.

Shadowsun était blessée mais restait une féroce guerrière, seul Farsight ayant jamais battu ses scores aux entraînements de combat à l’académie. Pourtant, ses attaques les plus rapides ne pouvaient rivaliser avec la vitesse de l’Assassin. La Callidus bondissait au-dessus ou poignardait toute opposition, tout en esquivant les tirs des Éclateurs à Fusion de Shadowsun.

Encore un bon et la Callidus planterait sa lame dans le cœur du Commandeur, mais ce bon n’eut jamais lieu.

Les Cibleurs qui encerclaient le centre de commandement avaient entendu le tumulte et s’étaient rués au secours de Shadowsun. Deux Fusils à Ions manquèrent de loin leur cible, mais la Carabine à Impulsions du shas’ui Kalas Starshroud, à la tête des Cibleurs, atteint la Callidus avec une telle force qu’elle l’envoya voler contre les projecteurs holographiques. Elle se releva aussitôt, son épée menaçant à nouveau Shadowsun, mais cette fois, le Commandeur écarta l’avant-bras de l’Assassin avec son Éclateur à Fusion, tout en parant avec le genou le coup de pied visant son ventre. C’était sans compter l’autre main de la Callidus, dans laquelle avait jailli une longue lame effilée. Starshroud était aux côtés de Shadowsun à présent, et luttait avec ses deux mains pour arrêter la lame qu’abaissait la Callidus, cette dernière possédant une force prodigieuse malgré sa silhouette svelte. Dans une torsion désespérée, l’Assassin se dégagea afin de frapper sa cible mais il était trop tard, car Shadowsun avait activé autre son Éclateur à Fusion.

Il ne resta pas grand-chose de l’Assassin, qui avait été touché à bout portant. Même ses os avaient fondu. Saignant abondamment, Shadowsun se tourna pour remercier son sauveur, mais Kalas Starshoud avait mis un genou à terre. Son armure de reconnaissance n’avait pu le protéger de la lame empoisonnée qui l’avait frappé. Le shas’ui avait payé son héroïsme au prix fort. Suffocant comme des toxines mortelles le consumaient, il haleta ses derniers mots.

« Pour le Bien Suprême… »

La Peur Rampante

Son aura sans âme masquée par un Animus Speculum, nul Drone ou senseur ne pouvait détecter sa présence. Même en le regardant directement, aucun des Guerriers de Feu perplexes envoyés inspecter le Module d’Atterrissage ne pouvait le voir. Pourtant, en montant dans leur transport pour retourner à la base, les membres de la Strike Team n’expliquaient pas la peur qui les étreignait. Cette sensation aurait viré à la terreur si l’un d’entre eux avait pu distinguer le spectre au casque en forme de crâne qui avait pris place avec eux dans le véhicule, et qui se pressait dans un coin du compartiment de transport, attendant son heure comme il entamait sa quête pour atteindre sa proie ultime.

Dans la grande bataille qui avait lieu autour de Lo’vasht’au, les contre-attaques d’envergure du Commandeur Shadowsun saignaient à blanc les forces ennemies, drainant petit à petit leurs ressources supposées inépuisables. L’ironie n’était pas une chose commune chez les T’au, car ils auraient probablement relevé que la pollution répandue sur la planète par les humains se retournait à présent contre eux, canalisée par les ingénieurs de la Caste de la Terre. Les T’au n’avaient qu’à tenir. Il fallait un peu plus d’un mois à la kor’vattra, la marine des T’au, pour arriver en force suffisante afin de repousser l’armada impériale qui encerclait Mu’gulath Bay. C’était une tâche essentielle, car le monde Sept bourgeonnant devait devenir le nouveau joyau de l’Empire T’au, un symbole de progrès et d’invincibilité du peuple T’au, et une plate-forme d’expansion vers le fond du Golfe de Damoclès qui serait source de gloire pour l’espèce. Conquérir était légitime pour les T’au, qui apportaient le Bien Suprême à tous.

Aun’Va en personne était piégé sur Mu’gulath Bay. En tant qu’Éthéré Suprême, il représentait l’autorité du peuple T’au, mais aussi auprès des races intégrées à son empire grandissant. Aun’Va était le plus âgé et le plus sage de la caste dirigeante, le plus éminent de son espèce. Ce fut lui qui avait lancé la Troisième Sphère d’Expansion et lui qui guidait son peuple vers le Bien Suprême. Les T’au ne reculeraient devant rien pour protéger le plus révéré des Éthérés. Ainsi, l’emplacement d’Aun’Va sur Mu’gulath Bay était un secret bien gardé. Il ne se trouvait pas dans la cité de Lo’vasht’au en dépit de la présence de plusieurs holo-clones. Au lieu de cela, les ingénieurs de la Caste de la Terre avaient installé un module de commandement incluant des quartiers résidentiels, caché dans le cloaque de construction humaine appelé autrefois Agrellan Prime.

Les ruines de la Cité-Ruche montaient jusqu’aux couches supérieures de l’atmosphère et s’étendaient sur des centaines de milles. Les citoyens et la vermine parasite qui pullulait jadis dans les centres d’habitation avaient été tués ou délocalisés sur d’autres mondes afin de contribuer par leur labeur à la prospérité de l’Empire T’au. Un jour, Agrellan Prime serait démolie, car les T’au estimaient qu’il n’y avait rien à récupérer. Entre-temps, ces terriers crasseux constituaient une cachette sûre.

En plus d’être enterré sous l’étendue tentaculaire de la Cité-Ruche, le lieu était dissimulé sous un bouclier et gardé par plusieurs cadres de Guerrier de Feu. C’est là, dans ces profondeurs, qu’Aun’Va était informé du cours des batailles, en regardant les holo-cartes tout en dérivant sur son disque antigrav, ses stoïques gardes d’honneur ne le quittant pas d’une semelle. Se cacher avait été difficile pour l’Éthéré Suprême, et en dépit des purificateurs d’air, le lieu empestait le gue’la et la barbarie. Aun’Va était affairé à préparer des discours de triomphe à diffuser à travers l’Empire T’au. L’Éthéré Suprême hésitait encore entre ne pas faire mention du Commandeur Farsight, ou présenter son intervention comme le retour d’un élève rebelle auprès de son maître indulgent. Il révisait ses plans à haute voix lorsque les lumières vacillèrent et s’éteignirent, baignant le lieu dans la lueur de l’éclairage d’urgence. Les systèmes de secours et les générateurs secondaires s’enclenchèrent, et le centre de commandement revint à la normale.

Les conseillers et les Éthérés se regardèrent, interloqués. La technologie T’au était infaillible. Des équipes d’ingénieurs courraient déjà dans les allées, suivies de leurs Drones ouvriers. Il ne devait s’agir que d’une anomalie mineure causée par quelque chose qui avait bougé dans les fondations chaotiques de la cité. Toutefois, l’inquiétude se répandit dans le centre de commandement. Le malaise grandit jusqu’à ce qu’une nervosité ambiante soit palpable. Il y avait une excellente raison d’avoir peur. À travers les rues et les ruines désertées d’Agrellan Prime avançait une véritable horreur. Elle passait inaperçue, ne laissant qu’un sentiment d’inconfort se propageant comme une onde autour de sa présence sinistre. Telle une araignée elle rampait, descendant dans les puits d’accès, se frayant un chemin dans les tunnels étroits, cherchant sa proie. Resplendissant et net au milieu des ruines, le complexe T’au luisait, sa construction récente se détachant dans les tréfonds lugubres de la vieille Cité-Ruche. La chose rampante et obscure ouvrit un conduit d’aération et s’y faufila. L’Assassin Culexus était arrivé, sa cible : Aun’Va.

Glissant à l’intérieur et hors de la réalité, le Culexus était indistinct pour les T’au et leur myriade de senseurs. La peur le devançait, faisant frémir ceux qu’il croisait et ralentir voire figer les fonctions régies par IA. Cette horreur vivante était une anomalie sans âme, un spectre inhumain empli des horreurs du Warp. Il rampa au plafond au-dessus des ingénieurs contrariés, se laissant tomber pour marcher après leur passage. Sa tête en forme de crâne pivota et son regard perça les murs à la recherche de sa proie.

La Mort d’Aun’Va.

Une impulsion de son Animus Speculum ouvert abattit deux gardes, leurs armures n’offrant aucune protection contre la décharge mentale. Une paire de Drones d’Attaque, incapable de repérer un ennemi, fut décrochée de l’air et s’écrasa. La créature vêtue de noir pénétrait de plus en plus profondément dans le complexe en laissant un sillage de mort derrière elle. Les Strike Teams de Guerriers de Feu, alertées d’une intrusion, tiraient frénétiquement dans les couloirs, pour finir abattues par des flux psychiques négatifs ou déchiquetées au corps à corps.

Le Culexus s’approchait de sa cible.

Le Spectre de la Mort

Tout commença par un malaise qui se mua en peur. Puis l’Assassin Culexus surgit dans le centre de commandement dans une débauche de destruction. Les Guerriers de Feu en faction se recroquevillèrent, usant de leur dernier souffle pour hurler d’horreur. Le Culexus semblait se solidifier et s’évanouir en libérant la pleine puissance de son Animus Speculum.

Aun’Va était blessé, son esprit en feu. Ses Gardes d’Honneur, sachant leur fin venue, s’interposèrent entre le spectre et leur maître et absorbèrent l’assaut. Ce n’est que grâce à ce noble sacrifice qu’Aun’Va put s’échapper, son Hover Drone heurtant des corridors immaculés comme le Éthéré Suprême regardait derrière lui de crainte d’être poursuivi.

Les allées étaient jonchées de corps dont les expressions témoignaient d’une mort atroce. Assumant que personne ne restait pour le défendre, Aun’Va se résolut à fuir. Les portes triplement protégées s’ouvrirent à son ordre, et l’Éthéré Suprême entra dans la ruche abandonnée. La terreur le talonnait, la certitude que le cauchemar vêtu de noir le poursuivait calmement poussa Aun’Va en avant. Son esprit fébrile était assailli d’images de masque grimaçant. Lorsque le Hover Drone cessa de fonctionner, endommagé par le vol ou les combats, Aun’Va se déplaça aussi vite que ses jambes âgées le lui permirent. Il tourna dans des couloirs, trébucha-dans des rues désertées et gravit des marches usées menant à une vaste structure en forme d’arche. L’édifice constellé de gargouilles était ancien, grotesque, son objet depuis longtemps oublié ; tout ce qu’Aun’Va haïssait chez l’homme. C’est là, sous ces arches, que le Culexus attrapa enfin sa proie.

La fin fut lente et exempte de toute miséricorde.

Repli Impérial

La Force d’Intervention Retribution devait purger Agrellan de la race Xenos appelée T’au, car ceux qui avaient osé défier l’Imperium devaient en mesurer les conséquences. Cette mission avait été considérée comme un échec, d’autres éléments au sein de la force prenaient le commandement, et l’évacuation des contingents de l’Astra Militarum débuta.

Les Impériaux quittent Agrellan.

Les Space Marines rescapés de l’embuscade de Farsight s’étaient frayé un chemin jusqu’à leurs points d’évacuation et avaient rejoint leurs vaisseaux en orbite. Ils se réarmaient et coordonnaient leur redéploiement lorsqu’ils apprirent qu’un nouveau général avait remplacé le seigneur Troskzer, et que son premier ordre avait été de décréter l’évacuation immédiate de l’Astra Militarum. Tous les Chapitres se tournèrent vers Kayvaan Shrike, car l’Adeptus Astartes ne reconnaissait que sa propre autorité, et ils voulaient savoir ce que ferait leur officier de plus haut rang. Shrike annonça que la Raven Guard partirait dans l’heure. Ainsi l’Adeptus Astartes s’embarqua rapidement vers d’autres destinations, car il y avait plus d’appels de détresse que de forces impériales pour y répondre. Ainsi combattaient les Space Marines, l’issue d’une campagne ou le sort d’une planète leur importait peu, mais Kor’sarro Khan enrageait.

Une fois de plus, le Khan était spolié, il avait échoué à ramener la tête du Commandeur Shadowsun. Il était assez entêté pour ne pas tenir compte des actions de ses confrères et poursuivre avec sa Compagnie qui s’amenuisait à mesure. Or un ordre supplémentaire fut donné, émanant cette fois du Maître de Chapitre Jubal Khan des White Scars.

Les survivants de la 3e Compagnie et leurs soutiens étaient attendus d’urgence sur Chogoris. Le Khan devait aider à affronter les Red Corsairs.

Le Colonel Starkzahn était en train d’envoyer de nouvelles compagnies braver la tempête lorsqu’il fut informé. Un repli n’était pas une manœuvre aisée, et particulièrement dangereux face à un ennemi agressif et dans des conditions climatiques mortelles. Si Agrellan avait été pacifiée à l’échelle du globe, un repli aurait pris entre quinze et vingt jours standards. Le Colonel Starkzahn n’en avait pas trois.

Quelques heures après le début de la retraite, la tempête diminua, ce qui confirma les soupçons de l’Imperium. Quelques heures plus tard, les T’au commencèrent à harceler les flancs des colonnes de retraite impériales. Le Colonel Starkzahn en personne organisa les actions d’arrière-garde, repoussant plusieurs assauts menés par les forces T’au, très mobiles, et empêchant l’évacuation de se transformer en déroute. Il était clair que toutes les forces ne pourraient êtres mises en sûreté, même après que le Seigneur Amiral Hawke ait multiplié les sites d’évacuations et permis à davantage de troupes impériales de s’échapper.

Non content de leur triomphe, ou peu convaincu par la retraite ennemie, l’Empire T’au contre-attaqua souvent et sans pitié. Les embuscades ralentirent les forces impériales ou les épuisèrent dans des poursuites désespérées, mais le pire restait les frappes aériennes. Les appareils atmosphériques impériaux étaient concentrés autour des zones d’atterrissage, laissant les masses en repli au sol à la merci des T’au de la Caste de l’Air et leurs bombardements et mitraillages incessants. Vaincus, dépenaillés et montrant les premiers signes de contamination par radiations, les fantassins de l’Astra Militarum se traînaient sous un soleil de plomb.

À la fin, de nombreux officiers de haut rang furent extraits des masses et acheminés jusqu’aux zones d’atterrissage à bord de Valkyries. Les élus étaient les plus décorés, comme le Chevalier Commandeur Pask en rémission. Des opérations spéciales emportèrent par les airs le Haut Roi Tybalt et ses derniers Chevaliers, qui rentrèrent sur Voltoris pour subir d’indispensables réparations. Le Chevalier d’Obsidienne ne donna aucun signe de vie, mais Tybalt était certain que le sinistre Chevalier Sans-Fief reviendrait hanter les T’au une fois encore. C’était bien la seule pensée qui le réconfortait.

Outre les officiers triés sur le volet, les équipements lourds furent prioritaires. À l’autre bout de la galaxie, des membres du Departmento Munitorum avaient décrété à raison que ces objets étaient de loin plus difficiles à remplacer que les millions d’hommes qui seraient bientôt abandonnés. Le Colonel Starkzahn aurait refusé de laisser ses soldats, mais sa voix ne fut pas entendue, car il ne bénéficia d’aucune évacuation d’urgence.

Le Seigneur Amiral Hawke regarda les officiers peupler le pont. Il appréciait que leur professionnalisme les retint de demander quels membres manquaient au conseil. Il avait connu pareilles situations tant de fois que cela ne le gênait plus, mais il était plus facile de travailler avec ceux qui comprenaient le prix de l’échec. Il s’éclaircit la voix et débuta.

« Comme vous le savez, l’évacuation est presque achevée. Nous sommes légèrement en retard sur l’heure prévue de départ, ainsi nous ne pourrons faire qu’un effort symbolique pour rapatrier toutes les forces au sol, » dit gravement Hawke. « J’ai alloué des transports supplémentaires dans les limites de la prudence. » L’amiral s’interrompit et balaya l’assemblée du regard, comme pour se rappeler qui était présent. « En vérité, j’ai fait fi de toute prudence, car j’ai envoyé tous les transports disponibles. Malgré tout, nous estimons que dans l’heure, cinquante pour cent des forces survivantes de l’Astra Militarum seront à bord de la flotte. »

Le seigneur amiral marqua une pause, car tous savaient qu’un tel acte condamnait les soldats encore sur Agrellan. Il s’attendit à ce qu’un des officiers les plus jeunes proteste, mais personne n’objecta. « Enfin, » conclut Hawke, « avant de nous séparer, je dissous officiellement la Force d’Intervention Retribution. Bonne chance, que l’Empereur vous garde. » Il fit le salut de la Marine Impériale comme l’exigeait le protocole. Les hommes lui retournèrent son salut et commencèrent à partir, excepté le Technoprêtre de l’Archaetrove. Ce n’est pas bon signe, pensa Hawke.

« Amiral Hawke, » dit le Technoprêtre d’une voix rauque, « Mars a formulé une dernière requête. »


Le Seigneur Amiral Hawke, commandant de la 478e Flotte Ultima, attendait impatiemment. Le Technoprêtre était courbé, respirait dans un sifflement de valves, et avait une démarche mécanique. Il se mut lentement devant lui, à la tête de ses suivants, qui agitaient des encensoirs et chantaient. Ils portaient un sarcophage.

Le Technoprêtre s’inclina devant l’Amiral Suprême Hawke et, commutant plusieurs boutons sur son plastron, il s’adressa à lui. Sa voix était fluette, sa syntaxe, mécanique.

La créature rit de nouveau avant d’éteindre le cadran de son plastron. Elle esquissa une dernière courbette, et ses mains offrirent la bénédiction de l’Omnimessie pour mettre un terme à l’entrevue. La délégation en robes rouges entama la longue procession jusqu’à sa navette en attente.

« Seigneur amiral, voici un présent de Monseigneur Nyle, 96e Voxodecimus de Mars. Il vous transmet de don du monde-flamme. La tête se fixe sur une torpille. Mon seigneur vous prie de la tirer guise de cadeau d’adieu, en visant les tempêtes nébuleuses dans l’hémisphère nord d’Agrellan. Nemo mea poena effugit. »

Il éclata de rire, un son horrible, avant de poursuivre. « Ceux qui ont semé le vent récoltent à présent la tempête. Notre vaisseau, l’Archaetrove, peut à présent bénir tout le Golfe de Damoclès. »

Sa longue carrière chargée d’histoires laissa le Seigneur Amiral Hawke observer l’Exterminatus à deux reprises, et il sut qu’il n’en était pas question ici. Il ignorait la nature de ce qu’il avait tiré sur Agrellan, mais était soulagé de ne plus l’avoir à bord.

Depuis le pont de commandement, il vit comment la tête altéra Agrellan ; elle engendra une mer de feu qui balaya le globe, le faisant virer du gris à un orange flamboyant et artificiel.

Il ne fallut pas longtemps avant que l’Archaetrove ne tienne sa promesse lugubre et n’embrase la nébuleuse.

Le Golfe de Damoclès s’illumina.

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L'Aube d'Une Nouvelle Ère

"Aun’Va" s’adresse à l’Empire après le désastre de Mu’gulatyh Bay.

Le monde qui avait autrefois représenté l’espoir et l’aspiration de l’Empire T’au en expansion revêtait à présent un tout autre symbole. Les T’au n’avaient jamais auparavant goûté si amèrement à la défaite. Les pertes épouvantables qu’ils avaient subies maquèrent la fin d’une ère et l’entrée lugubre dans un nouvel âge guerrier.

Mu’gulath Bay brûlait.

Avant de quitter l’orbite, les forces impériales avaient mis à feu l’étrange fusion de gaz qui tourbillonnait autour de l’hémisphère nord de la planète géante. La réaction en chaîne avait engendré une tempête de feu qui avait balayé les terres. Le phénomène dépassait les capacités des régulateurs climatiques. Tout ce qui n’était pas sous un dôme protecteur était condamné, et il n’en restait qu’un : l’énorme bulle englobant Lo’vasht’au. Des millions de T’au moururent, comme les soldats abandonnés par l’ennemi.

Lorsque la kor’vattra arriva, elle ne reconnut pas la planète. Les nouvelles qu’elle apportait étaient pires. Mu’gulath Bay ne brûlait pas seule, l’étrange phénomène appelé Golfe de Damoclès était devenu une fournaise. Les passages labyrinthiques qu’il avait fallu tant de temps aux T’au pour découvrir étaient devenus impraticables. Durant des jours, ceux qui étaient piégés au-delà de la grande barrière furent confrontés à une terrible réalité, celle de ne peut-être jamais pouvoir rejoindre les mondes Septs, d’être coupés à jamais de l’Empire T’au. Les communications pouvaient traverser la barrière, pas les vaisseaux spatiaux.

Les ingénieurs de la Caste de la Terre travaillaient sans relâche à mettre au point un bouclier capable de protéger les navires des gaz corrosifs. Les premiers tests furent concluants, certains vaisseaux résistant au passage à travers le Golfe de Damoclès, mais le taux d’échec était élevé.

Shadowsun avait guéri de ses blessures, mais se fatiguait encore vite. En tant que Suprême Commandeur de la Caste du Feu de l’Empire T’au, elle participait à de longues sessions avec le Haut Conseil des Éthérés, car il y avait beaucoup à débattre et à planifier. De terribles rumeurs faisaient le tour de l’Empire T’au, mais les doutes et les peurs se turent lorsqu’il fut annoncé qu’Aun’Va allait diffuser un discours dans quelques jours, sa déclaration devant atteindre les mondes Septs et au-delà. Il s’agissait d’un message d’espoir et de courage, que tous les enfants du Bien Suprême pourraient voir.

Le Commandeur Farsight avait quitté Mu’gulath Bay pour s’exiler à nouveau dans ses Enclaves. Son départ fut soudain et discret, car il s’en alla avant que le Haut Conseil des Éthérés ne parvienne à l’inévitable conclusion de le capturer et le juger pour trahison envers l’Empire T’au.



Farsight retourne défendre ses Enclaves contre le Grand Dévoreur.
D’une pression, le Commandeur Farsight augmenta l’énergie de sa Lame de l’Aube. Dans un grésillement incandescent, l’ichor Xenos qui maculait la lame partit en fumée. Ses senseurs lui montrèrent que la prochaine vague d’assaillants Tyranides atteindrait bientôt la crête. Si le Commandeur Brightsword n’arrivait pas rapidement avec des renforts, Farsight et ses cadres restants allaient être submergés.

Farsight avait déjà affronté ces créatures. Dans leur langue, les T’au les appelaient les insatiables Yhe. Il avait vu de ses yeux la destruction qu’ils provoquaient, en consommant des planètes entières, ne laissant de des noyaux dépouillés de toute vie. Les trouver ici, sur le monde fertile de T’lasla, si près de ses Enclaves, était une situation périlleuse. L’infestation devait être éradiquée. Pourtant, malgré la menace alien qui se ruait vers lui, le Commandeur Farsight laissa ses pensées dériver. Il ne s’était pas écoulé beaucoup de temps depuis qu’il avait quitté l’enfer surchauffé de Mu’gulath Bay, et ses derniers instants passés sur la planète repassaient en boucle dans son esprit.

Farsight avait observé les préparatifs cérémoniels du discours de l’hologramme d’Aun’Va lorsqu’arriva le Commandeur Shadowsun. Il lui avait demandé ce qu’elle pensait de l’emploi d’hologrammes pour convaincre le peuple T’au que l’Éthéré Suprême vivait toujours, mais elle l’avait coupé en annonçant : « le Haut Conseil des Éthérés m’ordonnera bientôt de te capturer. Tu vas devoir subir l’Épreuve du Jugement. »

Bien sûr, il le savait déjà, mais il ignorait pourquoi sa camarade d’antan lui révélait une telle chose. Aun’Va vivant, Farsight aurait flairé une manœuvre inscrite dans une manipulation de plus grande ampleur. Or il avait péri, et O’Shovah estima que Shadowsun avait elle-même décidé de divulguer cette information. C’était courageux de sa part.

Dans le silence, Shadowsun avait parlé. « Je pense que revenir ici aider l’Empire était un acte noble, digne du Bien Suprême. Il mérite d’être considéré avec gratitude. » Elle s’interrompit, comme si elle mesurait chaque mot de sa réponse. « Je suggère que tu t’en ailles à présent. »

« Et que feras-tu si je n’en fais rien ? » lui avait-il demandé.

« Je suivrai les ordres, » fut sa seule réponse.

Farsight quitta les flammes de Mu’gulath Bay alors même que débutait la diffusion de l’hologramme du défunt Éthéré. Pendant que ses guerriers entamaient leur périlleux voyage de retour, ils écoutèrent le discourt d’Aun’Va. Il parla des pertes tragiques de l’Empire, qui le rendraient plus fort. Il insista plus que jamais sur l’illumination devant l’emporter sur la barbarie. L’image d’Aun’Va avertit de ne plus jamais sous-estimer un ennemi.

Ce fut seulement près de T’lasla, une planète prévue pour une colonisation future, que la flotte des Enclaves reçut l’appel de détresse. Cette fugue mentale toucha à sa fin comme une nuée arriva sur la crête : les hordes de Léviathan étaient là. Les Armes à Impulsions les accueillirent. Sans signe du Commandeur Brightsword, Farsight transmit un nouveau plan tout en s’élevant poussé par ses répulseurs, son Fusil à Plasma froid arrosant les ennemis en approche.

Source

Pensée du Jour : « Méprisez l’hérétique : sa voie le mènera à la damnation éternelle. »
  • War Zone Damocles : Mont'Ka, 2015