Relictors
Fondé pour repousser les Légions Renégates de l’Œil de la Terreur, le Chapitre des Relictors fut jadis des plus loyaux. Mais les promesses du Chaos sont insidieuses, et un sinistre secret hante désormais les pas du Chapitre, un secret qui a failli le détruire et menace à présent son existence même.
Origines
Bien que les archives datant de cette époque soient notoirement peu fiables et difficiles à obtenir, le chapitre des Relictors, initialement baptisé Fire Claws, fut fondé durant l’ère sombre appelée Âge de l'Apostasie. Une transcription du Mythos Angelica Mortis avance que les Fire Claws furent membres de l’Astartes Praeses, une fondation destinée à renforcer les défenses dressées autour de l’Œil de la Terreur en installant une vingtaine de Chapitres nouvellement formés en des lieux stratégiques du secteur. La Forteresse-Monastère des Fire Claws était basée sur une ancienne citadelle orbitale de classe Ramilies en position géostationnaire autour du monde de Torva Minoris, et le Chapitre défendit l’Imperium contre le Chaos pendant près de cinq mille ans.
Les glorieuses victoires des Fire Claws, dont les plus célèbres sont la Purge du Culte de l’Œil Intérieur, le Premier Siège de Cocalus et l’Assaut sur Albrecht IV, leur ont valu une place d’honneur au sein des annales impériales. Ils firent également parti des renforts envoyés pour permettre au seigneur Hendrik de rapatrier les millions de soldats de sa croisade lancée contre la Roue de Feu, malgré l’éloignement de ce secteur par rapport au siège du chapitre.
Au milieu du neuvième siècle du quarante et unième millénaire, le Tarot de l'Empereur annonça l’émergence d’un Space Hulk très endommagé aux abords du Monde-Forge de Stygies dans le Segmentum Obscurus. Les Fire Claves furent mobilisés pour intercepter l’épave codifiée sous le nom de Captor of Sin. Celle-ci abritait la bande du Champion de Tzeentch appelé l’Excoriateur. Les vaisseaux impériaux désemparèrent le Space Hulk alors qu’il s’apprêtait à entrer dans le système de Stygies, tandis que des Escouades d’Assaut Terminator, menées par l’Archiviste Decario et le mystérieux Inquisiteur De Marche, abordaient le gigantesque navire. Réalisant qu’ils étaient condamnés, les renégats livrèrent un dernier combat dans la caverneuse salle des moteurs. Une bataille acharnée s’ensuivit, au cours de laquelle Decario et De Marche affrontèrent l’Excoriateur.
Le Champion était un des guerriers favoris de son Dieu, rendu encore plus redoutable par l’arme qu’il portait, une épée investie de l’essence d’un Démon Majeur, forgée au cœur de l’Œil de la Terreur. L’Inquisiteur frappa à plusieurs reprises de sa Hache Énergétique, mais ses coups furent déviés par l’armure impie de son adversaire, et la riposte le blessa grièvement. Une nouvelle attaque du renégat brisa l’Épée de Force de Decario et ouvrit son Armure Terminator. L’Archiviste vacilla sous la puissance du coup, mais parvint à contre-attaquer à l’aide de son Gantelet Énergétique et arracha le bras du Champion. Même privé de son épée ensorcelée et mortellement blessé, l’Excoriateur continua de se battre avec férocité, jetant Decario au sol et tuant de sa seule main quatre Terminators. Malgré ses blessures, l’Archiviste, invoquant le saint nom de l’Empereur, attrapa la première arme qui lui tomba sous la main et en frappa son ennemi, le décapitant sur le coup. L’Archiviste réalisa alors qu’il s’était saisi de l’Épée Démon et avait tué le Champion avec sa propre arme.
Decario fut alors empli d’une force nouvelle, et sut instinctivement que cette arme pourrait être utilisée contre ses créateurs. De Marche lui conseilla de lâcher l’épée car lui seul avait subi l’entraînement qui permettait de manipuler de tels artefacts. L’Archiviste remit l’arme à l’Inquisiteur puis les Space Marines quittèrent le vaisseau, laissant le champ libre à une équipe d’exploration de l’Adeptus Mechanicus en quête d’objets archéotechnologiques.
Plus tard, De Marche confia à Decario que lui aussi pensait qu’il était possible, et même souhaitable, de retourner les armes de l’ennemi contre lui plutôt que de les détruire sur-le-champ comme le demandait la politique impériale. Avec l’aide de l’Archiviste, il put convaincre le maître des Fire Claws et le Chapitre se lança dans une croisade visant à explorer les abords de l’Œil de la Terreur à la recherche d’autres artefacts de ce type. Les décennies qui suivirent amenèrent leur lot de découvertes, et les Fire Claws se rebaptisèrent Relictors.
Mais d’autres finirent par découvrir cette pratique qu’ils avaient d’utiliser des armes chaotiques au combat. Une cellule de l’Inquisition, appuyée par les flottes de pas moins de quatre Chapitres de l’Adeptus Astartes et un cuirassé de classe Emperor, assiégea la Forteresse-Monastère des Relictors, exigeant qu’on leur remette De Marche ainsi que tous les artefacts corrompus qu’ils avaient rassemblés, sous peine de destruction. Le Chapitre n’eut d’autre choix que d’obéir et, en pénitence de ses crimes, s’engagea dans une croisade d’un siècle. De Marche fut remis aux Inquisiteurs qui l’exécutèrent pour hérésie.
Dans le cadre de cette croisade, lorsque le Seigneur de Guerre Ghazghkull Mag Uruk Thraka lança la plus grande invasion Ork depuis des siècles contre Armageddon, les Relictors furent le premier Chapitre parmi plus d’une vingtaine à venir en aide au Monde-Ruche. Le Commandeur Dante des Blood Angels prit le commandement de tous les Chapitres, afin d’utiliser chacun d’eux au mieux de ses capacités pour repousser la marée verte. Seuls les Relictors rejetèrent son autorité, de même que celle de tout autre officier impérial. Dante se montra moins rancunier que le Général Kurov et son entourage, qui accusèrent publiquement les Relictors de parjure après que le Chapitre eut passé la totalité de la campagne à mener ses propres opérations dans la jungle environnant le Monolithe d’Angron, une zone sombre et corrompue, uniquement habitée par des tribus d’Orks Sauvages qui dit-on pratiquait des rituels obscurs sous le couvert des arbres, au pied de la gigantesque pierre.
Alors que la première phase de la campagne se terminait et que la Saison des Feux approchait, les deux camps conclurent une trêve tacite, et chacun se retrancha en vue de l’arrivée imminente des tempêtes. De nombreux Chapitres se retirèrent alors, puisque leur style de combat, basé sur la rapidité de leurs attaques, ne se prêtait plus à cette nouvelle étape de la guerre, mais nul ne le fit avec autant d’empressement que les Relictors. Ils émergèrent de la jungle sans donner d’explications à qui que ce soit, embarquèrent dans leurs Thunderhawks et quittèrent la planète. Les vaisseaux de la Flotte en orbite autour d’Armageddon s’interposèrent, et un violent affrontement spatial, ne fut évité de justesse que lorsque le Commandeur Dante ordonna de laisser passer les Relictors.
Ces derniers refirent parler d’eux un mois plus tarda lorsque leur flotte se présenta aux docks orbitaux de Belis Corona pour être entièrement réarmé. Au terme de quelques négociations tendues avec les officiers du Departmento Munitorum, leur demande fut acceptée. Après quoi, le Chapitre partit en direction de la Porte Cadienne sans plus d’explications, et atteignirent la Porte Cadienne quelques jours seulement avant que les signes annonçant l’attaque imminente d’Abaddon ne fussent connus. Comme lors de la Troisième Guerre pour Armageddon, les Relictors refusèrent de se soumettre à l’autorité de quiconque, encourant ainsi la colère de Logan Grimnar à maintes reprises avant qu’il ne maudisse le Chapitre entier et ne se désintéresse de leur sort.
Le Chapitre a pris part à de nombreux engagements, et sa présence fut suspectée à la périphérie de nombreux secteurs. Les Relictors ont participé à une attaque contre une force de la Légion Renégate des Word Bearers sur le monde de Subiaco Diablo, pendant laquelle un groupe inquisitorial a disparu dans des circonstances suspectes. Ils furent ensuite vus dans le secteur Cadien, où ils affrontèrent les Night Lords sur Exeltra Minor, avant d’être impliqués dans une action contre des pillards Aeldaris sur Xersia. Le Chapitre apparut ensuite sur Cadia, mais refusa de donner suite aux instructions de Logan Grimnar qui leur demandait de défendre le Monde-Forteresse. Au lieu de cela, les Space Marines se dirigèrent vers l’Agri-Monde nommé Fremas. Personne ne sait avec certitude ce qui se passa là-bas, mais une meute de Scouts Space Wolves dépêchés par Grimnar découvrit que les Relictors avaient repoussé une attaque du Chaos contre les Archives de Diamedes, avant de se retourner contre les défenseurs.
Aucun n’a survécu à l'attaque, mais les hommes de Grimnar ont retrouvé des enregistrements vidéo qui suggèrent que l’objectif des Relictors était la crypte scellée se trouvant au cœur d’une forteresse sise au sommet d’une montagne. Le contenu de cette crypte n’est connu que d’une poignée de personnages hauts placés de l’Imperium, dont la plupart vivent sur Terra, et il est peu probable qu'ils laissent de telles actions impunies.
Monde Natal : Torva Minoris
Satellite de la géante gazeuse Torva Prime, Torva Minoris est située dans une zone du Segmentum Obscurus réputée pour l’intensité des tempêtes Warp qui l’affligent, et l’on pense d’ailleurs que la planète s’est retrouvée piégée dans une telle tourmente lors des premières années qui ont suivi la fondation du Chapitre, car ces événements étaient monnaie courante durant l’Âge de l’Apostasie. Les tempêtes sont si persistantes qu’à ce jour encore de fréquentes purges sont effectuées sur Torva Minoris pour contrôler le niveau de mutation de la population. Torva Minoris est classée Monde Sauvage. Sa population est composée de barbares superstitieux qui vénèrent les Relictors comme étant les émissaires du Dieu-Empereur. Ceux-ci reviennent sur leur monde natal une fois par génération pour emporter les jeunes guerriers vers leur "forteresse céleste". Il est à noter que les tribus locales voient les artefacts des Marines comme étant des armes divines que seuls les élus de l’Empereur ont le droit de porter, cette idée semble de même avoir fait son chemin dans les dogmes du Chapitre.
La "forteresse céleste" des Relictors n’est autre qu’une citadelle orbitale de classe Ramilies, en rotation autour de Torva Minoris. Les rares émissaires à en être revenus évoquent un monastère baigné dans une obscurité perpétuelle, où des acolytes travaillent longuement dans de petites cellules, recopiant des textes anciens, d’aucuns diraient interdits, dans le cadre de leur initiation dans les rangs du Chapitre. Un témoignage, rapporté par le célèbre Archiviste Hérétique du Reclusium de Gethsemane, affirme l’existence d’une salle au cœur de la forteresse, scellée par des champs de stase et protégée par les plus puissants hexagrammes. Personne ne sait ce qui s’y cache, mais le récit de l’hérétique évoque une aura de miasmes maléfiques émanant de la cellule, malgré les murs d’adamantium épais de plusieurs mètres et les sceaux de protection. Ces écrits suggèrent aussi que le témoin de ces faits a perdu la raison suite à ce qu’il a vu, avant de mourir dans de lentes et terribles souffrances dans les salles de torture de l’Ordo Malleus.
Après que l’Inquisition ai puni les Relictors pour leur association avec l’Inquisiteur De Marche, le Chapitre a perdu ses droits féodaux sur Torva Minons, ce qui signifie qu’il ne peut plus recruter de nouveaux membres sur la planète. Les Relictors sont donc contraints de chercher de nouveaux acolytes parmi les peuples qu’ils ont rencontrés au cours de leur croisade. L’Inquisition a ordonné qu’aucun Chapitre ne recrute sur Torva Minoris, et l’on pense que l’Ordo Malleus surveille de très près la planète pour s’assurer que cet édit est suivi à la lettre. Les indigènes superstitieux croient à présent que le Dieu-Empereur les a abandonnés, et leurs cérémonies de mortifications sont chaque année plus extrêmes tant ils pensent être responsables du départ des émissaires venus des étoiles.
Doctrine de Combat
Pour tout ce qui touche à l’organisation, les Relictors suivent les préceptes du Codex Astartes, mais ils en ont dévié en de nombreux domaines. Leur principale divergence par rapport au saint ouvrage réside dans l’utilisation qu’ils font d’armes prises à l’ennemi. De nombreux Chapitres ont un goût prononcé pour la collecte de trophées, mais les Relictors ont par le passé dévié de leur course pour capturer et réutiliser les armes impies des forces du Chaos. Malgré les conséquences évidentes de la sanction inquisitoriale, certains pensent que cette pratique a perduré. Une autre particularité du Chapitre est qu’il recèle une grande proportion d’Archivistes, ce que beaucoup ont attribué à sa proximité de l’Œil de la Terreur. À ce jour, l’Inquisition n’a pas enquêté sur ce sujet, mais il ne fait aucun doute qu’après les événements d’Armageddon et des Archives de Diamedes, cela ne devrait pas tarder.
De nombreux officiers impériaux s’étant battus aux côtés des Relictors ont exprimé leur mécontentement envers leur approche d’une campagne. Il semblerait que trop souvent les Relictors se soient impliqués uniquement parce que le conflit remplissait des critères qu’eux seuls connaissaient. Il est quoi qu’il en soit évident qu’ils poursuivent des objectifs qui leur sont propres, et qu’ils n’acceptent de se joindre à d’autres forces impériales que si cela les rapproche de leur but. La troisième guerre d’Armageddon en a fournit la preuve éclatante, lorsque le Chapitre, après avoir répondu à l’appel à l’aide des Forces de Défense de la Planète, a mené ses propres combats, ignorant les ordres du Commandeur Dante en personne.
Organisation
À première vue, les Relictors sont un Chapitre codex standard comprenant le mélange habituel de compagnies de combat, de Scouts, d’Assaut, Tactiques et Devastator. Les différences en revanche se font plus fortes parmi les plus hauts grades. Les officiers sont rassemblés au sein d’un groupe appelé le Conclave. et toutes les décisions concernant les opérations militaires et la doctrine sont prises par ce dernier. Seuls les Marines ayant fait leurs preuves tant au niveau des prouesses martiales que de la pureté d’esprit peuvent rejoindre le Conclave, et être instruits de la véritable nature du Chapitre. Au fur et à mesure de ses promotions, le guerrier est peu à peu initié aux secrets des Relictors, et lorsqu’il est jugé digne d’appartenir au Conclave, la vérité sur les puissantes armes que brandissent ses supérieurs lui est enfin révélée. Après des journées entières passées à prier et à vider son âme de toute pensée impure, le Marine reçoit la permission de brandir des armes démons à la bataille. Les Archivistes, bien plus nombreux chez les Relictors qu’au sein de n’importe quel autre chapitre, étudient méticuleusement les aspirants, rejetant ceux dont la volonté et la pureté laissent à désirer.
Au combat, le Chapitre déploie des forces équilibrées en fonction de la tâche à accomplir, et ne fait que peu d’écart par rapport aux doctrines habituelles. Ce n’est que lorsque des membres du Conclave sont présents que les Relictors révèlent leur nature sinistre : les officiers supérieurs emploient les armes de l’ennemi contre lui, tandis que les escouades brandissent des artefacts impies pour retourner les pouvoirs du Chaos contre ses serviteurs.
Croyances
Les croyances des Relictors sont basées sur leur conviction que le Chaos n’est pas intrinsèquement mauvais, mais simplement une source de puissance qui peut être utilisée contre ceux qui l’utilisent pour commettre le mal. Cette vue se manifeste par le fait que le chapitre fait usage d’armes démons capturées, mais aussi par la place importante des Archivistes en ses rangs. En tant que chapitre relativement récent, la confiance en soi des Relictors frise l’arrogance, car ils pensent avoir la foi et la volonté nécessaire pour résister à la corruption du Chaos. Ils méprisent ceux qui n’ont pas le courage d’utiliser des artefacts ennemis, prétendant que le pouvoir du Warp n’est qu’un outil comme un autre et que face aux démons qui menacent d’engloutir la galaxie, il convient de lutter à armes égales.
Les Archivistes et les Chapelains du Chapitre enseignent qu’un guerrier pieux peut résister aux promesses du Chaos, et ils sont persuadés que c’est le cas des Relictors. Ils pensent également qu’il est de leur devoir de retrouver des artefacts corrompus et de les étudier pour mieux comprendre l’ennemi. Cette croyance a souvent suscité des tensions entre les Relictors et d’autres organisations impériales, mais tout conflit ouvert a jusque-là été évité.
Patrimoine Génétique
Le patrimoine génétique des Relictors est basé sur des échantillons issus de Mars, qu’on pense fournis par les Ultramarines et les Dark Angels. Si c’est bel et bien le cas, il semblerait que les Hauts Seigneurs de Terra aient révisé leur position quant à l’utilisation des gènes de ces derniers. Aucune anomalie ou mutation n’a été détectée, au vu de leur proximité par rapport à l’Œil de la Terreur, les Archivistes et les Apothicaires exercent une surveillance constante sur a pureté de leurs frères d’armes. On raconte pourtant que lorsqu’un zygote défaillant est découvert, ils le laissent arriver à maturité avant de l’implanter dans un nouvel organisme afin d’étudier les effets du Chaos sur la chair humaine et la façon de les contrer. La source et la véracité de telles rumeurs restent troubles, et l’on suppose qu’il s’agit du fruit d’une imagination débordante.
Cri de Guerre
« Volonté ! Force ! Courage ! »
Le rêve commençait toujours de la même façon. Katanen voyait le visage de l’homme qu’il venait d’abattre. Celui-ci crachait du sang et le suppliait de ne pas ouvrir les portes de la crypte, sa vie s’écoulant en torrents écarlates d’un trou béant dans la poitrine. Katanen et ses frères Relictors ne regardèrent pas le gardien mourant et s’avancèrent vers leur but : les Archives Diamedes. Des battants monolithiques, érodés par la patine du temps, pivotèrent lentement sur leurs gonds. Un grincement qui ne s’était pas fait entendre depuis des millénaires brisa le silence et lorsque le Capitaine Pediese fit son premier pas dans la crypte, Katanen sentit soudain s’envoler le poids du remords. Mais le rêve s’arrêtait là de retracer des événements passés. Une lumière d’une intensité insupportable se mettait à rayonner depuis le cœur de la crypte, brûlant son corps puis s’assombrissant en un cœur palpitant de corruption et de malfaisance. Il prenait alors la forme d’un visage ricanant qui surgissait des portes. Le regard de cette chose se posait sur Katanen, ses traits se déformant en un rictus cruel, et un rayon de pure lumière en jaillissait, écorchant vif le Space Marine en une fraction de seconde. Katanen s’éveilla en sueur, les sens en alerte. Pendant une seconde, il jura sentir l’odeur de la chair brûlée, mais réfuta immédiatement cette idée. Un Space Marine ne rêve pas. Il ne savait pas ce que signifiaient ces pensées, mais elles ne pouvaient pas être de simples songes. Il était tôt, et il avait encore un peu de temps devant lui avant les rites matinaux. Il se leva et se vêtit de sa bure d’exercice avant de traverser silencieusement le dortoir jusqu’au gymnase. Il commença alors à se relaxer en récitant des psaumes tout en étirant ses muscles, rythmant leurs contractions sur les versets d’obéissance et de dévotion. Un Space Marine ne rêve pas, il le savait et pourtant les souvenirs de la mission sur Fremas continuaient de le tourmenter pendant ses heures de repos. D’après les estimations des Techmarines, les Archives Diamedes dataient de plus de quatre mille ans. Nul ne savait comment elles avaient été bâties, lovées dans l’écrin d’une montagne sans aucune entrée apparente. Un tremblement de terre survenu il y a cinq siècles avait permis leur découverte en mettant à jour une galerie, mais l’Ordo Malleus n’avait pas mis longtemps à les sceller pour en interdire tout accès, son contenu connu seulement des plus hauts Adeptes de Terra, du moins jusqu’à ce que les Relictors ne s’emparent de cette Arme-Démon des mains des Word Bearers sur Subiaco Diablo. Les Archivistes du Chapitre avaient alors réussi à plier à leur volonté l’entité qu’elle recelait, et l’avait forcée à traduire des textes rédigés par ses propres serviteurs des milliers d’années auparavant. C’est ainsi qu’ils découvrirent l’existence des Archives et du terrible secret qu’elles abritaient. Le temps avait alangui les gardes chargés de veiller sur elles, et les six Space Marines n’eurent aucun mal à les prendre par surprise, massacrant toute la compagnie avant qu’elle puisse réagir. En ouvrant les Archives, ils trouvèrent un artefact des Puissances de la Ruine, un trésor sans âge marmonnant sombres savoirs. Ils le placèrent avec précautions dans un coffre de stase et le ramenèrent à leur forteresse-monastère. Là, dans le reliquarius protégé du Warp, les plus puissants Archivistes du Chapitre pourraient l’étudier à loisir, et les secrets qu’il allait divulguer sur l’Immaterium justifieraient un milion de fois les sacrifices demandés pour l’obtenir. Les Relictors étaient pleinement conscients qu’ils seraient persécutés si l’on venait à apprendre le chemin sur lequel ils s’étaient engagés, et pour cela ils n’avaient d’autre choix que de ne laisser nul témoin de leurs actions. L’Inquisiteur Cyarro regardait impassible la carcasse en flammes par le panoramique de la Barge de Bataille Hammer of Righteousness. La machine accrochée à son dos gargouillait puis sifflait au rythme de sa respiration, des pompes remplissaient artificiellement cette fonction par l’intermédiaire de tuyaux suturés à sa cage thoracique depuis que ses propres poumons avaient été déchirés par une arme-démon sur Subiaco Diablo. La diligence d’une équipe Medicae de l’Ordo Malleus l’avait sauvé de la mort, même si beaucoup voyaient sa détermination à retrouver les assassins de ses hommes la vraie raison de sa survie miraculeuse. Il les revoyait sans cesse, foulant les ruines de cathédrale impériale. Les Space Marines du chapitre des Relictors. L’épave qui dérivait sous ses yeux était un de leurs vaisseaux, un croiseur d’attaque qu’un : détachement de la flotte de Belis Corona sous ordres de Cyarro venait de détruire alors qu’il réarmait dans un arsenal de la bordure extérieure. L’Astropathe du Hammer of Righteousness ne détectait aucun message en provenance du croiseur, et Cyarro sut qu’il avait conservé l’élément de surprise. Dans trois jours ses vaisseaux atteindraient le cœur du système où la forteresse-monastère des Relictors était en orbite. Elle avait été gravernent endommagée par les combats autour l’Œil de la Terreur pendant l’invasion d’Abaddon le Fléau et sa flotte était éparpillée. Ils n’auraient pas de meilleure opportunité de châtier ces traîtres. Il se souvint de son réveil sur Nemesis Tessera après son combat contre eux, ouvrant les yeux dans la salle d’opérations Medicae du Seigneur Inquisiteur Coteaz, son corps brisé venant juste d’être reconstruit de bioniques et de chair synthétique cultivée dans des cuves. |
Durant sa convalescence, il avait réuni un Conclave d’Inquisiteurs, les survivants du siège de la forteresse de leur ordre pendant la guerre qui venait de se produire, et ensemble ils avaient fait doléance aux Maîtres Secrets de l’Ordo afin qu’ils déclarent les Relictors Extremis Diabolus. La décision fut rapide et unanime. Les Relictors s’étaient détournés de la voie de l’Empereur et devaient être traqués et éliminés, leur patrimoine génétique détruit et toute trace de leur existence effacée des archives impériales. À cette pensée, Cyarro sourit. Katanen enclencha un nouveau chargeur dans son Bolter, et frissonna en ayant soudain un mauvais pressentiment. Il murmura la Prière de l’Armement et accomplit les sept Rites de Tir avant de s’agenouiller devant l’autel de l’Empereur qui trônait au fond de l’armurerie et de lui offrir symboliquement l’instrument de Sa gloire. Son chapitre s’était battu bravement durant la campagne de l’Œil de la Terreur, et la reconquête de Finreht leur avait causé des pertes importantes, non seulement humaines mais aussi matérielles. Leur précieuse forteresse—monastère souffrait de lourdes avaries et il avait fallu toute la compétence du Maître de la Flotte pour l’amener discrètement dans le système de Taeloth afin qu’ils puissent se réorganiser et tirer profit du précieux savoir récupéré dans les Archives Diamedes. « Sont-ils au courant de notre présence ? » La voix de Cyarro était rauque et ne trahissait aucune émotion. « Impossible, » répondit avec assurance le Maître des Auspex. « Je nous ai amenés de l’autre côté de la planète près de laquelle se trouve le Ramilies. Ils ne savent rien. » « Et leurs Astropathes ? » « Nous avons émergé du Warp bien trop loin. Même s’ils ont ressenti notre arrivée, ils penseront que nous sommes un vaisseau de la Flotte se rendant vers Chinchare ou Jubal. » Cyarro hocha la tête. Il avait une confiance totale dans l’homme en armure argentée mais avait néanmoins besoin d’entendre ces paroles. Il ne pouvait se permettre de prendre le moindre risque, les Relictors avaient commis trop de crimes et il avait trop de griefs à leur égard : sa peau rosâtre fraîchement greffée portait, tatoués à l’encre noire, les noms de ses serviteurs massacrés pas les traîtres sur Subiaco Diablo. Chouan, Kaotsu et beaucoup d’autres avaient payé le prix fort à cause de ces chiens qui avaient renié leur serment fait à l’Empereur. Bien que Cyarro ait autrefois lui-même franchi la limite du radicalisme, cela lui avait coûté cher et il avait dû faire pénitence pour le sang versé de nombreux innocents. Il était revenu depuis dans les pas du juste et même s’il luttait quotidiennement pour ne pas retomber dans l’erreur, il n’avait que mépris pour ceux qui s’y complaisaient et les poursuivait avec un fanatisme passionné. « Tous les vaisseaux sont au rapport et prêts à attaquer, » annonça le Maître des Auspex. Cyarro se retourna vers le géant en armure bleu acier debout à la barre du capitaine, et ce dernier hocha la tête. « Lancez l’assaut, » dit l’Inquisiteur froidement. Les premiers tirs des deux cuirassés de classe Retributor frappèrent de plein fouet la Forteresse-Monastère des Relictors, créant des trous béants dans sa coque, l’oxygène libéré se cristallisant immédiatement dans le froid glacial de l’espace. Des salves de torpilles lâchées par une demi—douzaine de vaisseaux de ligne tracèrent droit sur le fort spatial en prenant de la vitesse, le constellant d’explosions et le faisant trembler comme une bête blessée à mort. Même gravement endommagé, un Fort Stellaire Ramilies restait un adversaire terrifiant et une fois l’effet de surprise passé, ses défenseurs commencèrent à répliquer de tirs meurtriers. L’un des attaquants fut transformé en boule de feu en quelques secondes, ses boucliers surchargés et ses moteurs brutalement détruits. Les autres vaisseaux se dispersèrent, les plus gros concentrant leur puissance de feu sur les zones déjà endommagées tout en manœuvrant pour se mettre dans les angles morts du fort. L’espace entre les protagonistes fut saturé de torpilles et de tirs de barrage qui illuminèrent l’obscurité du vide comme un stroboscope. Le Hammer of Righteousness poussa ses moteurs vers une faille dans le blindage ravagé de la forteresse—monastère, et ses baies d’abordage s’ouvrirent, libérant des escadrons de Thunderhawks tels autant d’oiseaux de proie. Katanen tituba tandis que le fort était secoué par une nouvelle salve. Les alarmes et les cloches sonnaient de concert, comme si elles étaient la voix même de la forteresse hurlant sa douleur. Une explosion éventra le mur de basalte devant lui, jetant au sol le Space Marine et emplissant le couloir de fumée. Une voix grésillante dans son communicateur demandait l’évacuation immédiate du monastère et avertissait de la présence de troupes d’abordage au cœur même du vaisseau. Au même instant, des lames crépitantes émergèrent des volutes, puis des silhouettes fantomatiques apparurent. |
Katanen sauta sur ses pieds en criant : « À moi, frères ! L’ennemi est sur nous ! » Levant son Bolter, il tira une longue rafale sur les formes qui lui faisaient face. Les balles ricochèrent dans des gerbes d’étincelles, mais aucun des assaillants ne tomba. Les unités de recyclage avaient commencé à purifier l’air et Katanen put alors les voir distinctement : des Terminators engoncés dans des armures ouvragées bleu acier. Des parchemins et des sceaux de pureté les ornaient et une aura de majesté s’en dégageait. Katanen sut qu’il faisait face au bras vengeur de l’Empereur, les Chevaliers Gris, le dernier rempart de l’Humanité contre le fléau des Démons et des corrompus. Le Terminator de tête portait une cape pourpre au col herminé et leva un lourd gantelet dans sa direction : « Lie du Démon, prépare toi à mourir ! » Katanen plongea de côté à l’instant où une tempête de flammes et de Bolts saturait le corridor. Se relevant au milieu des cris des blessés, il para le coup d’une lame qui l’aurait sinon décapité. Celle-ci arracha son casque et s’enfonça profondément dans le mur qui se mit à fondre à l’endroit de l’impact, chauffé à blanc sous l’effet de l’énergie irradiée. Katanen dégaina son épée et se fendit dans la garde de son adversaire juste avant qu’un poing ne heurte sa poitrine avec une puissance terrifiante, l’envoyant rouler à terre. Il tenta de récupérer son épée tombée, le temps se suspendant un instant au son des combats, du fracas des armes et du rugissement des tirs. Une botte s’abattit sur son avant-bras, le clouant au sol. Il tenta de se dégager mais il sentit une lame contre son cou et se figea, grimaçant tandis que le contact de l’Épée Énergétique nécrosait sa peau. Il leva les yeux et vit un homme chauve et balafré, au corps perdu dans de grandes robes agrafées par des rosettes en or de l’Inquisition. Il semblait ployer sous le poids d’un paquetage dorsal imposant et était entouré d’adeptes et de serviteurs dont les visages étaient dissimulés sous d’amples capuches. Trois Chevaliers Gris tenaient Katanen en joue et un Servocrâne bourdonnait autour de l’Inquisiteur, son unique œil rouge fixé sur le Relictor. Des lignes de textes sinuaient sur la peau de l’homme et Katanen y lut des noms. Des dizaines de noms. Ce visage était celui d’un fanatique, et pire que tout, il lui était familier. « Je te reconnais, » souffla-t-il. « Tu étais sur Subiaco Diablo. » Les yeux de l’homme se firent deux fentes haineuses, « Oui, » dit-il, « C’est toi qui as tué mes serviteurs. » « Nous n’avions pas le choix, » rétorqua Katanen, « Ils avaient vu l’Arme-Démon. » « Tu es un assassin et un suppôt des Dieux Obscurs. Toi et les tiens allez subir le châtiment réservé aux traîtres ! » « Traîtres ? » parvint à articuler Katanen alors que la lame se pressait toujours plus sur son cou et lui brûlait la gorge. « Tu oses me qualifier de traître ? Nous ne faisons que tenter de protéger l’Imperium par tous les moyens. Si cela implique verser le sang alors qu’il en soit ainsi. » « Tu as pactisé avec les Démons et sacrifié de loyaux guerriers de l’Empereur, » le coupa Cyarro en appuyant sur sa garde. « Tu es un traître. Tu n’as plus le droit de vivre, pas plus que de tenter de te justifier. » Katanen ferma les yeux et dit, impavide : « Fait ce que tu entends, tu ne fais que rapprocher l’heure de ta perte si tu renies notre savoir. » L’Inquisiteur força son poids sur le pommeau de l’épée. Cyarro regardait la flotte pilonner l’épave de la Forteresse-Monastère. Un fort stellaire Ramilies était une structure imposante et il faudrait du temps pour le détruire entièrement et disperser ses débris dans le vide stellaire afin qu’il ne reste rien du chapitre des Relictors. Il regarda avec satisfaction une autre salve disloquer un peu plus les restes du fort, tapotant des doigts une petite boîte en bois gravée de pentagrammes et délicatement fermée par une chaînette d’argent. Il fit volte-face en entendant le pas de bottes derrière lui et la recouvrit discrètement d’un voile de velours noir. « Votre rapport, Capitaine Pelega ? » dit-il d’un air détaché. « Un petit nombre de leurs vaisseaux a forcé notre blocus et s’est échappé » répondit le Chevalier Gris. « Leur Forteresse-Monastère n’est plus qu’un souvenir, Inquisiteur, mais il nous faut prendre les fuyards en chasse avant qu’ils n’atteignent l’Œil de la Terreur. » « Oui, bien sûr… » il posa inconsciemment sa main sur le coffret. « Il est probable que l’artefact volé par les Relictors dans les Archives Diamedes se trouve à bord de l’un de ces vaisseaux. Nous devons absolument le récupérer. » « Très bien, donnez l’ordre de poursuite immédiatement. Vous avez tout à fait raison, Capitaine. L’un de ces traîtres a dû emporter l’artefact avec lui dans sa fuite. » Le Chevalier Gris s’inclina puis se retira, laissant l’Inquisiteur seul. Cyarro caressa le tissu recouvrant le coffret et sourit. |
Sources
- Index Astartes du White Dwarf N°109 (Mai 2003)
- Index Astartes du White Dwarf N°114 (Octobre 2003)
- Index Astartes du White Dwarf N°116 (Décembre 2003)