Première Guerre pour Armageddon
La Première Guerre pour Armageddon se déroula environ cinq cents ans avant la naissance de Ghazghkull Thraka, le Seigneur de Guerre Ork qui attaqua le Monde-Ruche à deux reprises lors du dernier siècle du quarante et unième millénaire. De nombreux citoyens impériaux ont entendu parler de la Deuxième et la Troisième Guerre pour Armageddon, mais rares sont ceux à avoir eu vent de la Première. Toutes les archives officielles ont été effacées des dossiers impériaux par un Administratum soucieux de dissimuler la vérité, à savoir que l’Humanité est menacée par des périls bien plus effrayants que ce que le citoyen impérial lambda peut comprendre. On redoute que de telles connaissances, si elles venaient à être divulguées, ne tarderaient pas à plonger dans l’anarchie et la ruine les mondes les plus paranoïaques et superstitieux de l’Imperium. Les rares informations sur la première guerre ne peuvent plus désormais être trouvées que dans les recoins poussiéreux des archives et des sarcophages de données de l’Adeptus Administratum, et posséder un tel savoir revient à encourir la colère de l’Ordo Malleus.
Armageddon
Armageddon se trouve à dix mille années-lumière au nord-est galactique de Terra, dans la région bordant le Segmentum Solar et le Segmentum Obscurus. Classée comme Monde-Ruche par l’Administratum et sujette au plus haut niveau de dîme, Armageddon est le cœur industriel non seulement de son sous-secteur mais aussi de la région entière. Les mondes situés à des années-lumière à la ronde dépendent des industries de ses immenses Cités-Ruches, et peu de planètes, à l’exception de Necromunda, peuvent rivaliser avec la quantité de biens qu’elle produit. Le prix à payer pour ces millénaires de labeur est que la planète a été réduite à l’état d’un désert stérile où rares sont ceux qui peuvent survivre à l’extérieur des immenses Cités-Ruches. La surface d’Armageddon est si ravagée par la pollution et les industries intensives qu’aucune nourriture ne peut y être produite et que l’air pur est devenu un luxe. Les cartels doivent importer chaque année des quantités astronomiques de denrées alimentaires, pendant que les familles de la noblesse récoltent les profits de leur exploitation de dizaines de millions d’ouvriers.
Sous ce régime, nombreux étaient ceux qui parlaient de libération, de renverser le statu quo et d’apporter la justice aux innombrables âmes forcées de travailler à l’énorme usine qu’est Armageddon. Des démagogues répandaient leurs paroles de rébellion, et bientôt des fauteurs de trouble prêchaient ouvertement la révolution. La population commença à s’agiter et les Forces de Défense Planétaire furent obligées de multiplier les actes de répression envers leurs concitoyens avec une fréquence de plus en plus alarmante. Les archives de l’Administratum indiquent que telle était la situation sur Armageddon au milieu du troisième siècle du quarante et unième millénaire, la planète était en proie à l’insurrection et au désordre, prête à recevoir l’attention des Puissances de la Ruine.
…doss. ref. Krr44/993/11-193/2W… Extrait des mémoires censurées du Seigneur Général Gustav Karlson II
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Les Ténèbres se Regroupent
Le Bellum Chaotica, rédigé au cours du siècle suivant la guerre par un anonyme surnommé l’Archiviste Hérétique du Reclusium de Gethsemane, relate qu’en 499.M41, le Prince Démon Angron, Primarque de la Légion Renégate des World Eaters, leva une puissante armée de mutants, de possédés et de renégats. Entourés de Démons et de ses Élus Berserks des World Eaters, Angron et ses légions jaillirent hors de l’Œil de la Terreur à bord du Space Hulk Devourer of Stars et fondirent sur Armageddon.
Le Chaos Attaque
Le Space Hulk émergea du Warp au sein des abords extérieurs du système d’Armageddon et fut immédiatement détecté par les stations de surveillance qui le quadrillaient. Alors qu’il dérivait vers le cœur du système, des vaisseaux planétaires s’élancèrent des docks orbitaux de St. Jowen et établirent le contact avec le navire pendant qu’il passait près du monde de Pelucidar, cinq jours après son arrivée.
Les équipages des vaisseaux planétaires n’avaient aucune chance mais essayèrent néanmoins de ralentir sa progression pour laisser aux défenseurs d’Armageddon le temps de se préparer à l’invasion. Des milliers périrent lors de la bataille contre le Devourer of Stars, et leurs noms sont aujourd’hui gravés sur les piliers de marbre du Hall des Martyrs des Docks de St. Jowen, mais leur sacrifice ne fut pas vain car au cours de l’attaque, les propulseurs d’une des épaves qui composaient le Devourer of Stars furent arrachés du Space Hulk, libérant un torrent de plasma qui tua par milliers les guerriers d’Angron avant d’être attiré par la gravité de Pelucidar.
Le morceau d’épave de la taille d’une petite cité pénétra dans l’atmosphère de Pelucidar, libérant un horrible mélange de carburants et de toxines issues du Warp : l’atmosphère de Pelucidar fut instantanément contaminée et seules les jungles souterraines du monde-caverne survécurent à la pollution initiale. Les habitants périrent jusqu’au dernier en l’espace d’un an, leurs esprits corrompus par la souillure du Warp et leurs corps ravagés par la radioactivité : à ce jour, Pelucidar est encore sous quarantaine.
Privées d’une partie de leur propulsion, les forces d’Angron s’efforcèrent de poursuivre leur course, mais leur arrivée fut retardée d’au moins un mois. Le sacrifice des vaisseaux planétaires et des habitants de Pelucidar avait fait gagner suffisamment de temps à Armageddon pour se préparer à l’inévitable invasion.
Le Chaos Ascendant
Malgré les sacrifices de la Flotte, le Devourer of Stars brisa rapidement les défenses orbitales d’Armageddon et les forces d’Angron se préparèrent à atterrir. Avec l’arrivée du Space Hulk, la trahison éclata et les fauteurs de troubles disséminés dans la population civile se révélèrent être des adorateurs des Puissances Obscures.
Les mémoires récemment découvertes du Seigneur Général Gustav Karlson II notent que près de la moitié des Forces de Défenses Planétaires se retourna contre les Impériaux, leurs rangs renforcés par des hordes d’adorateurs du Chaos. Karlson, chef d’état-major de la Garde d’Armageddon Secundus, réagit d’une façon efficace quoiqu’impitoyable, éliminant les unités auxquelles il n’était pas sûr de pouvoir se fier. Son homologue d’Armageddon Prime fut plus lent et tenta vainement de reprendre le contrôle d’une cité livrée à l’anarchie. Si les défenseurs avaient eu le loisir de préparer de solides défenses, les tranchées et les bastions abritaient désormais une guerre civile.
Les troupes d’Angron purent livrer un assaut planétaire sans presque rencontrer d’opposition et en moins d’une semaine, la guerre avait embrasé la totalité des Ruches d’Armageddon Prime, causant des quantités inouïes de morts. Des Démons rôdaient dans les usines aussi bien que dans les habitations tandis que les mutants et les renégats libéraient leurs instincts bestiaux sur les civils innocents. Des Legios Titaniques Renégates arpentaient les Désolations de Cendres, et les Princeps Loyalistes étaient forcés de mener des actions d’arrière-garde désespérées. Le seul espoir des défenseurs était de se replier vers les jungles équatoriales et d’essayer de se retrancher dans Armageddon Secundus.
Les dernières forces impériales s’enfuirent vers Armageddon Secundus, laissant derrière elles une terre dominée par les Démons et les fous. Des abattoirs improvisés furent construits et le sang des victimes d’Angron offert au Dieu des Crânes. Les dernières unités Loyalistes à émerger des Désolations de Cendres rapportèrent que derrière elles le sol était jonché d’ossements sur des kilomètres carrés et que les rivières polluées charriaient désormais du sang.
Vénérations
D’après l’Archiviste Hérétique, des tempêtes Warp d’une ampleur inégalée parcoururent le secteur d’Armageddon, et le carnage était tel qu’Angron et ses Démons s’en trouvèrent fortifiés. Mais une telle puissance est fugace, et leurs forces commencèrent à décroître comme les tempêtes faiblissaient. Si le Primarque Démon ne trouvait pas un moyen d’établir un lien permanent avec l’Immaterium pour renforcer son armée, ses plans échoueraient.
Incapables de poursuivre sans la force du Warp pour les pousser, les armées du Chaos ralentirent leur progression au cœur des jungles équatoriales. Angron ordonna la construction d’un immense monolithe qui permettrait à ses armées de tirer du Warp l’énergie nécessaire pour les maintenir sur le plan matériel. La construction du mégalithe prit plusieurs semaines et des milliers d’êtres y laissèrent leur vie. D’autres milliers furent massacrés au cours de rituels barbares et la jungle dépérit sur des kilomètres à la ronde lorsque le pouvoir du Chaos commença à habiter la construction arcanique.
Des énergies diaboliques revigorèrent la horde d’Angron lorsque le monolithe se mit à frémir d’une puissance obscure, mais sa construction fit perdre un temps précieux aux forces du Chaos, que l’Imperium mit à profit.
L'Imperium Contre-Attaque
Les armées des ténèbres émergèrent de la jungle et s’élancèrent vers le sud, le gros de leurs forces se ruant sur les défenseurs impériaux qui tenaient la Rivière Chaeron. Mais ceux-ci n’avaient pas gaspillé le temps gagné pendant qu’Angron édifiait son monolithe. Les envahisseurs se retrouvèrent face à des soldats bien retranchés et renforcés par la récente arrivée des Space Wolves qui avaient répondu aux appels au secours d’Armageddon depuis leur monde d’origine tout proche, Fenris.
Ne s’attendant pas à une résistance aussi bien préparée, les hordes du Chaos se brisèrent sur les lignes impériales et leurs assauts furent repoussés les uns après les autres. On raconte qu’à la fin de la bataille, la puissante Chaeron était comblée par les cadavres mutilés des traîtres et des mutants, mais la guerre était loin d’être terminée. À l’ouest, Angron mena l’attaque en personne sur les Ruches Infernus et Helsreach, ouvrant une brèche dans les défenses impériales. Des compagnies entières de Berserks se ruèrent dans les tranchées et les bunkers qui défendaient l’accès aux cités, et Angron se prépara à porter le coup de grâce.
Le commandant des Space Wolves, Logan Grimnar, avait une dernière carte à jouer. Bien que récemment promu Loup Suprême, Grimnar avait déjà une solide expérience du combat contre les forces du Chaos. Dès son arrivée sur Armageddon, il avait requis l’aide de la Chambre Militante de l’Ordo Malleus, et au vu de l’ampleur de l’invasion, une Compagnie entière de Terminators Chevaliers Gris, formation rassemblée uniquement dans les circonstances les plus graves, avait été envoyée.
Le récit des hauts faits de la dernière bataille est enfermé dans les coffres inviolables de l’Ordo Malleus, mais il est établi que les Chevaliers Gris se téléportèrent directement au cœur des lignes ennemies. On raconte que le Primarque Démon était entouré d’une dizaine de Buveurs de Sang, une garde prétorienne qu’aucun mortel n’aurait pu espérer vaincre…
L’horizon était en feu et illuminait les jungles d’Armageddon d’une couleur sanglante. Logan Grimnar, Grand Maître du Chapitre des Space Wolves, respirait profondément, sentant le picotement des toxines à chacune de ses inspirations et passant une main sale et couverte de sang caillé dans sa crinière blonde. Il observa le paysage dévasté et constellé de cratères qui s’étendait vers la jungle à partir de la ligne de front. L’odeur de la putréfaction se mêlait à celle du carburant enflammé, les panaches de fumée qui s’exhalaient des carcasses de véhicules ennemis s’élevaient lentement dans l’air et venaient lui piquer les yeux. « Ça ne suffira pas. » murmura-t-il. Son regard aguerri se porta sur les Désolations de Cendres de l’autre côté de la berge de la rivière Chaeron, percevant facilement au-dessus du camp ennemi les ignobles bannières du Dieu du Sang claquant dans le vent du nord. Des corps flottaient dans le courant, si nombreux qu’on aurait pu traverser à gué, leurs orbites creuses fixées sur le ciel embrasé. Il arpenta le mur de défense, son Armure Terminator criblée et ébréchée gémissant comme les muscles artificiels de sa jambe gauche s’efforçaient de suivre son allure. Une parade ratée avait permis à un Démon d’enfoncer sa hache d’une profondeur d’une main. Ce n’était là qu’une seule des dizaines de blessures qu’il avait subies au cours de la campagne, mais l’armure avait beaucoup souffert et bien que les Artificiers eussent fait de leur mieux, le temps manquait pour la réparer comme elle l’aurait mérité. Il espérait que l’esprit de l’armure n’en prendrait pas ombrage et continuerait de le protéger. Logan s’arrêta près d’une meurtrière et s’agrippa au parapet. Le mur, efficacement bâti par le corps d’ingénieurs du Departmento Munitorum, culminait à près de vingt mètres du sol. Il n’était pas aussi solide ni aussi haut qu’il l’aurait souhaité, mais il savait que c’était déjà beaucoup. Le retard inexplicable pris par le Primarque Démon lors de la traversée des jungles équatoriales leur avait accordé du temps pour rassembler et réorganiser les forces impériales démoralisées. À près d’une centaine de kilomètres à l’est, Grimnar pouvait distinguer les formes voilées par les fumées de la Ruche Infernus, la montagne artificielle grouillante et nauséabonde que douze millions d’hommes appelaient leur foyer. Des gens qu’il avait juré de défendre mais dont il n’était pas sûr de pouvoir le faire. Il chassa ces pensées défaitistes et se retourna lorsqu’il entendit une voix calme prononcer son nom. « Frère-Capitaine Aurellian, » répondit Logan Grimnar avec un signe de tête au nouveau venu. Aurellian avait lui aussi revêtu une Armure Terminator d’acier bleui polie et étincelante. Le Chevalier Gris portait une longue Hallebarde terminée par une large lame au tranchant argenté et couvert d’inscriptions si minuscules que même la vue améliorée d’un Space Marine ne pouvait les déchiffrer. |
Des Sceaux de Pureté et des litanies dévotionnelles étaient attachés à la hampe de son arme et la totalité de la surface de son armure était couverte d’icônes et de devises. Grimnar sentit monter en lui une pointe de colère. L’arme du Chevalier Gris était encore immaculée, ses compagnons et lui étaient arrivés la veille et s’étaient immédiatement mis à prier plutôt que de se joindre aux combats désespérés qui avaient lieu sur les remparts. « Lorsque les Adeptes du Culte Mechanicus auront terminé leurs préparatifs, nous porterons le combat jusqu’au Damné. » annonça Aurellian. « Quand ? » le coupa Grimnar. « Nos guerriers meurent, Frère Aurellian. Nous n’avons pas de temps à accorder aux caprices de vos Technoprêtres. » « Je l’ignore, » répondit Aurellian sans relever le ton agressif de Grimnar. « Eux seuls peuvent dire quand ils seront prêts. » Le jeune Maître de Chapitre serra les poings et siffla entre ses dents : « Chaque seconde que passe l’Adeptus Mechanicus à chantonner ou à agiter ses encensoirs puants sur ses machines tordues coûte des vies, vous comprenez ? Nous devons contre-attaquer tout de suite ! » « Je ne le comprends que trop bien, Seigneur Grimnar. » répondit calmement Aurellian, « mais il ne servira à rien d’attaquer si nous ne sommes pas prêts. Combien de vies allons-nous encore perdre si nous échouons dans notre hâte? » Grimnar sentit sa colère diminuer lorsque le sens des paroles du Chevalier Gris parvint à traverser le voile de sa rage et de sa frustration. Jusque-là, ils avaient pu échapper aux foudres du Primarque Démon, mais les défaites subies par ses armées sur les rives de la Chaeron allaient sûrement attirer son attention. Et que l’Empereur les protège lorsque cela arriverait. « Faites ce que vous avez à faire, mais tenez-vous prêts pour le moment où la Bête décidera de frapper. » « Êtes-vous sûr qu’il attaquera ici ? » Grimnar balaya du regard les remparts et les tranchées, ainsi que les soldats épuisés postés aux meurtrières et aux emplacements d’armes. La fatigue et la défaite étaient sur eux comme un linceul. Il hocha la tête lentement. « C’est ce que je ferais à sa place. » |
De la poussière et de la terre tombaient du ciel suite aux derniers impacts. Le Sergent Kohler pressa ses mains contre ses oreilles et ferma les yeux tout en gardant la bouche ouverte pour éviter que la pression ne fasse exploser ses tympans, comme on le lui avait appris, et pria pour que ce cauchemar prenne fin. Le sol tremblait sous le bombardement. l’air brûlait sous l’effet des gaz propulseurs. Il sentit l’odeur du sang et celle de l’urine et suffoqua, pressant son dos contre la paroi de terre de la tranchée qu’il occupait. Les hommes couraient dans tous les sens sous l’effet de la terreur, leurs silhouettes se découpant dans les flash des explosions avant d’être fauchées par la tempête de feu et de fer. Kohler se racla la gorge et recracha un mélange de sang et de poussière. Il ramassa son Fusil Laser et l’agrippa de toutes ses forces, le serrant contre sa poitrine comme un talisman de protection. Il lui fallut de longues secondes avant de réaliser que le bombardement était terminé. Le sifflement de ses oreilles s’estompa, les hurlements des blessés et les appels à l’aide remplacèrent rapidement le vacarme de l’artillerie. L’absence soudaine de bruits de tonnerres le surprit tout autant que le fait d’être encore en vie, mais sa joie disparut lorsqu’il réalisa que l’arrêt du bombardement ne pouvait présager qu’une attaque imminente. Il bondit sur ses pieds et appela son escouade : « Tout le monde debout ! À vos postes, ils arrivent ! » Les soldats, encore abasourdis et terrifiés, se redressèrent à contrecœur, leurs yeux encore pleins des horreurs et des carnages auxquels ils avaient assisté au cours des combats. Des choses si abjectes que nombre d’entre eux ne trouveraient plus jamais le sommeil, même s’ils survivaient, mais Kohler les exhorta à reprendre leurs postes de tir. Des corps mutilés et des membres sectionnés recouvraient le caillebotis de la tranchée, ses ouvertures remplies de sang. Il passa son Fusil Laser en bandoulière et colla son visage contre un périscope qu’il fit dépasser des parois de la tranchée. Des panaches de fumée grise emplissaient sa vue. traversés par des tirs sporadiques. Il perçut un grondement de haine et sentit que le sol vibrait. Des monceaux de terre et de poussière tombaient du bord de la tranchée autour de lui : quelque chose d’immense approchait. Puis la fumée se dissipa et Kohler sentit ses genoux faiblir lorsqu’il vit la horde d’Angron dans toute son horreur. Des Démons pourpres, agitant des crinières tâchées de sang, marchaient aux côtés de soldats aux uniformes en lambeaux. Les corps de ces derniers étaient déformés par des mutations et des symboles primitifs avaient été appliqués par-dessus leurs insignes, mais il était évident que ces hommes avaient appartenu à la Garde Impériale, des hommes qu’il aurait pu appeler ses frères il n’y a pas si longtemps. Une immense machine écarlate et ornée de crânes avançait à leur tête, ses énormes roues d’airain, chacune plus haute qu’un char, broyant tout sur son chemin. Elle était surmontée d’un chaudron démesuré d’où s’échappait une épaisse fumée rougeâtre, accompagnée du sifflement du métal en fusion et précédée par une onde de chaleur infernale. Kohler se retourna vers ses hommes et aboya : « Soldats, feu à volonté ! Feu à volonté ! » |
La ligne impériale s’embrasa dans une tempête de tirs de laser et d’armes lourdes, et les premiers rangs de la horde du Chaos furent instantanément fauchés. Les tirs continuaient de pleuvoir par rafales, mais Kohler comprit que cela ne changerait rien car ils étaient bien trop nombreux. La machine de guerre avançait, aussi imposante que la spire d’une Ruche, et le sifflement assourdissant de ce qu’elle transportait couvrait le vacarme de la bataille. Kohler se baissa, éjecta son chargeur et en chercha un autre. Il entendit alors un son qui ressemblait à une puissante inspiration suivie du hurlement de quelque antique monstre. La partie supérieure de la tranchée se désintégra sous le feu de la machine de guerre. Un fluide brûlant comme de la lave se déversait du chaudron, dévastant tout sur son passage avant de se dissiper dans l’air. Des dizaines de cadavres retombèrent dans la tranchée, leur partie supérieure désintégrée et le reste de leur uniforme en flammes. Des relents de chair calcinée et de graisse brûlée envahirent les poumons de Kohler et il tomba à genoux. hoquetant sous l’odeur abjecte. Alors qu’il suffoquait sur les cendres de ses camarades, il entendit une détonation tonitruante au moment où la machine de guerre déclenchait les mines qu’ils avaient disséminées par centaines aux abords des tranchées. Des explosions internes firent gicler du liquide brûlant sur tout le champ de bataille, le recouvrant de métal en fusion, et la terre gronda sous sa chute. Kohler s’effondra dans une flaque de sang. Un chœur de cris et de gémissements d’agonie s’éleva, et le Sergent sentit une haine plus forte que tout ce qu’il avait jamais éprouvé l’envahir. Il se releva et épaula son Fusil Laser, criblant de tirs les forces du Chaos. Le champ de mines avait mis un terme à leur avancée et les survivants erraient en état de confusion. Par dizaines, ils mordirent la poussière sous le feu des gardes et Kohler eut un rire de soulagement hystérique. C’était finalement possible, ils pouvaient encore gagner la bataille. Mais le ciel s’assombrit soudainement. Des nuages noirs veinés d’écarlate s’élevèrent des rangs du Chaos, puis un rugissement roula sur le champ de bataille, glaçant le sang du Sergent dans ses veines. Le battement d’immenses ailes dispersa la fumée. et Kohler crut voir une gigantesque silhouette vermillon se poser dans un choc assourdissant. La créature atterrit lourdement, bombant un torse musculeux et écartant les bras tout en rugissant son défi. Elle portait une longue épée de fer noir couverte de symboles émettant une lumière impie. Kohler commença à sangloter et la bête s’avança dans le champ de mines, suivie d’un groupe d’énormes monstres issus de ses pires cauchemars. Portant des armures de bronze, couverts d’une fourrure sale et tâchée de sang, ils brandissaient des haches luisantes et de longs fouets barbelés. Kohler laissa tomber son Fusil Laser et se recroquevilla sur lui-même en pleurant, attendant sa mort des mains des bêtes qui approchaient, le choc de leurs sabots ferrés d’airain annonçant la destruction de mondes entiers. Kohler poussa soudainement un cri, des langues d’électricité fouettaient son corps et brûlaient sa peau. Il roula sur lui-même, sentant les poils de sa nuque se consumer et essayant de comprendre ce qui se passait. Des arcs d’énergie bleue dansaient au-dessus des parois vitrifiées de la tranchée, l’emplissant d’une odeur d’ozone, puis dans un claquement d’air, les éclairs disparurent et furent remplacés par peut-être une centaine de guerriers engoncés dans des Armures Terminator polies. |
Le Frère-Capitaine Aurellian ouvrit vivement les yeux, sentant ses tripes se dénouer suite à la téléportation de masse de ses Chevaliers Gris. Il se tenait au bord d’une tranchée sinueuse pleine de gardes terrifiés. Devant lui s’étendait un champ de bataille parsemé d’explosions et couverts des débris d’une Machine-Démon. Et au milieu de cette désolation s’avançait Angron, Primarque Démon des World Eaters, le Damné. Une dizaine des Démons favoris du Dieu du Sang l’escortait, et Aurellian resserra son étreinte sur la hampe de son arme, sachant que le combat à venir déciderait du sort de la planète. Il ordonna télépathiquement à ses guerriers d’avancer tandis qu’Angron levait son glaive dans une parodie de salut.
Aurellian prit la tête, les Chevaliers Gris le suivant par petits groupes disciplinés, leurs Armes Némésis tendues devant eux. Des ondes de frénésie sanguinaire les enveloppèrent, mais leurs âmes étaient entraînées à résister à des maléfices aussi basiques et pas un seul d’entre eux ne changea d’allure. Un Démon écumant s’élança, ses puissantes ailes l’amenant en un clin d’œil devant Aurellian. Il lança sa grande hache en avant, mais le Chevalier Gris tendit sa hallebarde, parant le coup dans un éclair. Il retourna son arme et l’enfonça dans le ventre du monstre avant de lui faire décrire un arc ascendant, arrachant un cri de souffrance au Démon. Une lumière noire commença à jaillir de la blessure, et Aurellian dégagea sa lame avant d’y concentrer la force de sa pensée et de décapiter la bête. La substance du Démon disparut, se dispersant comme de la fumée dans le vent, et Angron poussa un rugissement amusé tandis que sa peau se craquelait et que des flammes orange s’échappaient de ses veines. Le visage bestial du Primarque Démon vacillait derrière le rideau de fumée, mais Aurellian pouvait toujours percevoir sa soif de combat. « Les chevaliers du Dieu-Cadavre, » dit le Démon d’une voix semblable au son d’une avalanche comme il reconnaissait ses adversaires. « Je vous ferai manger vos propres entrailles. » Aurellian ne répondit pas. Il se refusait à parler avec un Démon, leurs paroles n’étaient que mensonge et leur simple présence lui était odieuse. Des cris frénétiques jaillirent de milliers de gorges lorsqu’Angron et sa suite s’élancèrent au travers du champ de mines, leurs armures démoniaques les protégeant des explosions. Au milieu du fracas des détonations, les Démons heurtèrent de plein fouet la ligne des Chevaliers Gris. Aurellian vit une dizaine de Terminators s’effondrer en quelques moulinets de hache et claquements de fouet, découpés en morceaux par les Armes Démons mugissantes. Il détourna le regard des combats lorsque deux Buveurs de Sang le chargèrent son unité et lui, il se campa fermement sur ses jambes et cala son arme contre le sol, criant « Chevaliers Gris, tenez bon ! » alors que le premier Buveur de Sang se jetait sur eux. Son fouet claqua, disloquant l’armure d’un des Terminators et l’éventrant. Aurellian plongea, frappant la tête du monstre. Sa hache para le coup et il frappa de son sabot d’airain, déformant le pectoral du Frère-Capitaine et brisant l’épaisse plaque osseuse qui protégeait sa cage thoracique. Aurellian s’effondra, le souffle court, tandis qu’un autre de ses camarades tombait, dévoré par Angron. Où qu’il regardât, ses frères d’armes mouraient, impuissants à résister à la férocité inimaginable des avatars du Dieu du Sang. Ses hommes se battaient avec foi et courage, mais ne pouvaient s’opposer à la sauvagerie inhumaine des démons. Cependant la bataille prélevait également un lourd tribut chez les forces du Chaos. La moitié des gardes du corps d’Angron n’étaient guère plus que des ombres glapissantes, leurs formes physiques lacérées par la juste colère des Chevaliers Gris. Aurellian se releva en gémissant, l’un de ses poumons était percé. Angron faisait décrire à sa lame de grands arcs de cercle, donnant la mort de chacun de ses coups. Sa forme musculeuse luisait d’énergie, et Aurellian se rendit compte que les démons les plus proches d’Angron avaient la main haute sur ses Terminators, puisant leur énergie auprès du Primarque. Le souffle court, il tituba vers Angron en s’aidant de son arme. Les Chevaliers Gris survivants se rapprochèrent de leur chef, formant un mur autour de lui et l’aidant à se frayer un chemin. Le Primarque Démon vit son adversaire approcher et se redressa de toute sa taille, lançant un défi rugissant. Des êtres de moindre trempe se seraient enfuis, mais l’entraînement d’Aurellian et de ses Chevaliers Gris leur permettait de faire face aux pires abominations du Chaos sans vaciller. Moins de vingt Terminators étaient encore vivants, mais ils avaient presque atteint leur but. Les Démons se pressaient autour d’eux, faisant pleuvoir des coups de hache et de fouet. D’autres Chevaliers Gris moururent, leur sang se répandant sur la terre craquelée, jusqu’à ce qui Aurellian et Angron se retrouvent finalement face à face. Obéissant à un ordre muet, les Buveurs de Sang reculèrent respectueusement, sifflant de rage et de frustration. Le temps se suspendit et chacun retint son souffle comme l’homme et le Démon se faisaient face. Là où l’un était un serviteur loyal et pieux de l’Empereur de l’Humanité, l’autre était le pire des traîtres, ayant foulé au pied ses serments et étreint le mal le plus noir. |
« Vous ne pouvez pas gagner, Aurellian, » siffla Angron en plantant son épée dans le sol à ses pieds. Aurellian fit un mouvement de son arme et se mit en position de combat, sa hallebarde pointée vers le cœur du Démon. « Tu me sous-estimes, traître. » « Peut-être, mais j’ai été l’un des élus de l’Empereur et je ne peux être vaincu. Vous le savez fort bien, Aurellian, et je peux le sentir. Pourquoi combattre et mourir pour un cadavre desséché caché sur une planète que vous n’avez jamais vue ? » « Tel est mon devoir, » répondit calmement Aurellian, frappant d’estoc. Le Primarque Démon s’esclaffa et repoussa facilement l’Arme de Force, de la vapeur brûlante émanant de sa peau d’acier. Ses ailes griffues s’agitaient, soulevant un rideau de poussière autour des combattants. Aurellian bloqua un coup destiné à le décapiter et l’impact lui engourdit le bras jusqu’au coude. Il se rua dans la garde de son adversaire, lacérant son flanc et faisant couler un sang noir et bouillonnant. Angron abattit son énorme poing sur son épaule, l’envoyant à terre et arrachant son casque. Des lumières dansèrent devant les yeux du Frère-Capitaine. mais il eut le temps de voir venir un nouveau coup et leva son arme pour le parer. La lame d’Angron coupa la hampe de la Hallebarde et se planta dans son bras. suscitant une gerbe d’étincelle et de sang. Le Chevalier Gris s’effondra sur le dos, rendant grâce à l’Empereur d’être encore en vie. Il se releva malgré les dizaines de blessures dont il souffrait, le défi dans les yeux. Il perdait du sang, trop pour que ses cellules de Larraman puissent y faire quelque chose. Il put voir que ses hommes se battaient vaillamment mais tombaient l’un après l’autre. Ils n’allaient pas tarder à tous succomber. Qu’ils meurent ou pas n’avait aucune importance, mais il leur fallait accomplir leur devoir. « Frères ! Cercle défensif ! » cria-t-il, ignorant les lances de douleurs qui traversaient sa poitrine. Les quelques Chevaliers Gris survivants se frayèrent un chemin vers leur Capitaine et formèrent un mur autour de lui. Aurellian concentra toute la haine que lui inspirait le Damné jusqu’à ce qu’elle se mue en une force incandescente qui menaçait de consumer sa chair s’il ne la libérait pas. Ses frères d’armes sentirent l’énergie qui s’accumulait en lui et, comprenant ses intentions, l’imitèrent. Angron rugit, sentant la montée d’énergie, mais il ne s’en préoccupa pas, à moins qu’il ne fût suffisamment arrogant pour se croire invulnérable. Il chargea Aurellian, mugissant de rage. Ce dernier sentit les pouvoirs de ses hommes jaillir en lui et libéra un halo d’énergie psychique. Il hurla lorsque la force inexorable s’échappa de son corps ravagé et sentit les énergies vitales de trois de ses frères disparaître, consumées par le pouvoir qu’ils avaient libéré. Les Buveurs de Sang hurlèrent de rage lorsque la force de la foi des Chevaliers Gris les submergea comme un raz de marée et deux d’entre eux explosèrent dans un geyser de fluides sombres et brûlants. Angron beugla de douleur et Aurellian constata que la lueur qui émanait de son corps avait diminué. Le Primarque Démon tomba à genoux, un sang épais dégoulinant de ses traits bestiaux. Le Chevalier Gris à la droite du Capitaine s’effondra, réduit à l’état de squelette desséché dans son armure. Sous les yeux d’Aurellian, la forme d’Angron perdit de sa substance, comme si son emprise sur le monde matériel se faisait plus ténue. Mais la chair du Démon ne tarda pas à réapparaître tant était grande sa volonté. Aurellian sut qu’il n’aurait pas d’autre occasion de triompher et se jeta en avant, serrant le manche brisé de sa Hallebarde comme s’il s’était agi d’une épée. Angron releva la tête juste à temps pour voir Aurellian soulever son arme et la lui enfoncer dans le torse de toutes ses forces. De grosses étincelles s’échappèrent de la blessure et son hurlement de douleur fissura le sol autour de lui. Aurellian puisa dans ses dernières réserves de courage, de force et de foi et les libéra par l’intermédiaire de son Arme de Force, en faisant un glaive d’une pureté étincelante. La joie l’envahit lorsqu’il sentit qu'Angron se dissipait, et il sut qu’il avait vaincu le monstre. Enfonçant davantage la lame, il grogna de surprise et de souffrance lorsque l’épée d’Angron s’enfonça dans son ventre et remonta, déchirant ses poumons et son cœur. Il cracha du sang au visage du Démon, sentant ses propres pouvoirs se retourner contre lui par le biais de la lame d’Angron. Le Primarque eut un rictus méprisant. « Si nous devons mourir, alors nous mourons ensemble. Je renaîtrai dans le Warp mais la substance de ton âme sera jetée en pâture aux Démons pour les siècles et les siècles, et tu connaîtras une éternité d’agonie… » « Qu’il en soit ainsi ! » cria Aurellian, et il remplit son devoir. |
Logan Grimnar regarda les dix Chevaliers Gris agenouillés qui priaient autour du corps de leur Capitaine et baissa la tête en signe de respect. Le champ de bataille était d’un calme surnaturel, les Démons s’étaient évanouis comme de la brume matinale à la destruction de la forme physique d’Angron, et les traîtres, mutants et autres adorateurs s’étaient enfuis. Un rayon de soleil doré perçait au travers du couvert des nuages et Grimnar sentit un regain d’optimisme en regardant ses Space Wolves embarquer dans leurs Rhinos pour se lancer à la poursuite de l’ennemi. Des Gardes Impériaux maculés de sang et de boue émergeaient péniblement de leurs tranchées, leurs traits creusés par la peur et l’épuisement. Un soldat, couvert des pieds à la tête de fluides noirâtres, tituba hors de son abri et s’effondra en pleurant. « Ils ont gagné. » balbutia-t-il en pleurant de soulagement, « je n’arrive pas à le croire mais ils ont gagné… » |
Grimnar observa l’homme, distinguant son insigne de Sergent sous le sang qui couvrait son bras. Le nom Kohler y était brodé. « Oui, » dit-il lentement, « ils ont détruit la bête, mais à quel prix ? » Le Sergent leva les yeux sans comprendre tandis que le Loup Suprême poursuivait. « L’un des plus nobles guerriers de l’Empereur est tombé aujourd’hui, Sergent Kohler, et vous n’aurez plus jamais l’occasion d’admirer tant d’héroïsme. » dit Grimnar. « Rappelez-vous toujours ce que vous avez vu aujourd’hui. » « Je n y manquerai pas, » approuva Kohler, mais Logan Grimnar s’éloignait déjà. |
L'Imperium Victorieux
Privées de leur chef, les hordes du Chaos s’enfuirent. Le reste des forces repoussées à la rivière Chaeron se retirèrent complètement lorsque les Space Wolves contre-attaquèrent. Poursuivis dans les Désolations de Cendres par les forces combinées des Space Marines et de la Légion d'Acier, des milliers de cultistes, de mutants et de traîtres furent massacrés sans hésitation. Sans leurs alliés démoniaques, les envahisseurs qui n’avaient pas péri en traversant les déserts pollués furent rattrapés au pont de Minos. Aucune pitié ne leur fut accordée et leurs cadavres furent jetés dans le lit pollué de la rivière puis incinérés, créant un gigantesque bûcher visible à des centaines de kilomètres à la ronde. Le reste des envahisseurs s’enfuit dans l’ouest et trouva refuge dans les Marais de la Peste, qui sont encore à ce jour une région de corruption et de maléfices.
L’Imperium avait triomphé, bien que toutes les infrastructures industrielles d’Armageddon Prime eussent été détruites et que les victimes se comptassent par millions. Même si les forces d’Angron avaient été exterminées, le monolithe qu’il avait fait ériger était encore intact au cœur de la jungle équatoriale, balise d’abomination inviolable, et son influence maligne est aussi forte aujourd’hui encore qu’elle l’était il y a des siècles.
Ultime Trahison
Une fois Angron et ses guerriers défaits, l’Administratum effaça sans aucune pitié toute information concernant l’invasion. Laisser s’échapper la vérité sur cette guerre n’aurait fait que confirmer les pires craintes des peuples superstitieux de l’Imperium, et les Adeptes décidèrent qu’il valait mieux les laisser dans l’ignorance que d’avoir à faire face à une prise de conscience massive que l’Humanité était menacée par des êtres aussi diaboliques. La purge des archives commença, mais aucun révisionnisme n’aurait pu effacer la mémoire des survivants ayant éprouvé l’ampleur des atrocités commises lors de l’invasion. Tout autre monde aurait subi l’Exterminatus sans autre forme de procès, mais Armageddon était bien trop précieuse à la machine industrielle impériale pour connaître un tel sort.
Ainsi, l’Administratum et l’Inquisition mirent en œuvre un plan qui permettrait au monde de recouvrer ses capacités industrielles, sans que la vérité sur le conflit n’éclate au grand jour. Tous les hommes, femmes et enfants qui s’étaient battus furent arrêtés par des soldats venus d’autres mondes, puis stérilisés et déportés vers d’immenses camps de travail loin au sud d’Armageddon Secundus. Des millions de personnes furent ainsi forcées de finir leur vie dans l’esclavage, produisant les matériaux bruts dont le monde pour lequel ils avaient tout donné avait besoin pour se reconstruire.
Les Ruches étaient désormais désertes, seules les plus hautes autorités ayant été épargnées par la purge, et l’Administratum dut faire venir des millions de travailleurs d’autres planètes pour remplacer ceux qui avaient vu le visage du Chaos et survécu.
Un seul homme osa protester contre cette sanction ultime, cette odieuse trahison. Logan Grimnar, Loup Suprême du Chapitre des Space Wolves, exprima son désaccord de vive voix, et nombreux étaient ceux qui en secret étaient de son avis. Même s’il ne put pas faire changer d’avis les Adeptes anonymes de l’Administratum, il ne leur a jamais pardonné, et n’a pas non plus oublié le sacrifice de ceux qui se sont battus à ses côtés durant les heures les plus noires de la Première Guerre pour Armageddon.
Source
- White Dwarf N°106 (Février 2003)