Plaies des Pécheurs des Marches de Drusus
Dans les premières décennies du huitième siècle du 41e Millénaire, les foyers de Plaies des Pécheurs bourgeonnèrent sur les mondes des marches de Drusus. Ce fut un temps de chagrin, d’insurrection et d’apostasie, un déchaînement de terreur qui répandit la mort et la corruption bien au-delà des seules victimes des Plaies. Les gens infectes connaissaient une mutation rapide et terrible qui déformait leurs os et faisait apparaître des excroissances difformes dans les heures ou les jours suivant la contagion, et la corruption de l’esprit ne tardait pas à suivre celle du corps.
L’Ecclésiarchie calixienne surnomma cela le Fléau de l’Empereur-Dieu, proclamant que les Plaies étaient le châtiment d’une corruption secrète, la révélation dans la chair des péchés de l’âme. Des faux devins et des cultes firent leur apparition, prédisant quel serait le prochain monde à être victime des Plaies des péchés révélés. Les structures civiles et militaires des marches vacillèrent.
Cependant les Plaies n’étaient pas une punition de l’Empereur-Dieu ni une malédiction des Dieux Sombres ; c’était l’œuvre de Sar Resque, une Magos Biologis Heretek. Resque fut déclarée Heretek et Excommunicate Traitoris par un tribunal du Mechanicus en 710.M41 après avoir délibérément provoqué une épidémie mutagène sur l’Avant-poste 1253. Elle prit la fuite avec ses disciples, et les Plaies des pécheurs fleurirent dans son sillage.
Ce n’est qu’en 718.M41 que l’Inquisition apprit la vérité, quand le Culte de Sollex affronta les vaisseaux de guerre de Resque dans le vide spatial à proximité de Tygress I. Le Mur de Fer du Silence avait été préserve pendant huit longues années, durant lesquelles le Sollex avait traqué l’Excommunicate Traitoris Resque alors que celle-ci semait la maladie et la mutation dans les marches.
Le dernier groupe de disciples de l’Heretek Resque fut détruit en même temps que la Ruche-colonie de Téruxyne en 722.M41, mais les Plaies ont continué depuis à ravager les marches au rythme d’une ou deux flambées mineures par décennie. Resque demeure quant à elle introuvable, travaillant à un projet dont les Ordos ne savent pas grand-chose et qui reste pour le Mechanicus un noir secret.
La vérité que cache le Mechanicus est que Resque a l’esprit contaminé par les théories de la Transcendance : elle nie l’existence de l’Omnimessie et croit que l’Omnimessie Qui Vient doit apparaître au sein du Mechanicus. Resque est en train de bâtir une grande Technohérésie de corruption génétique en récitant des psaumes de données sur les gènes sacrés et en modifiant la structure de l’homme comme s’il s’agissait d’un cogitateur et que ses Plaies étaient un code d’activation. Elle cherche le Géno-type d’Or, croyant qu’il donnera naissance à la race des Hommes Nouveaux, des êtres au savoir infini, chacun d’eux étant lui-même un Omnimessie. Les fragments d’informations laissés par des Hereteks passés ont appris à Resque qu’elle devait surveiller l’apparition des cinq Faux Génotypes qui, bien que donnant chacun naissance à un monstre Abhumain, sont toutefois des étapes essentielles sur la voie de la Transcendance.
Les dernières épidémies de Plaies des pécheurs ont déjà créé quelques exemples du premier Faux Génotype, une catégorie d’êtres profondément mutés que Resque appelle les transfigurés.
Le corps d’un transfiguré devient robuste, son aspect s’éloigne beaucoup de celui d’un humain normal, mais d’une certaine façon il rayonne en même temps la santé et la vigueur. Son visage difforme a la sérénité et la confiance de celui d’un Saint. Un transfiguré a une intelligence et une force de volonté qui rivalisent avec celle d’un Magos, mais est devenu étranger aux autres hommes et incompréhensible pour eux.
Un transfiguré est pour ainsi dire un Saint Mutant, plongé malgré lui dans une vie et une capacité de compréhension nouvelles, et il reçoit l’adoration des autres victimes des Plaies dont il prend soin du mieux qu’il peut. Cette attention est peut-être la survivance de la compassion qu’il éprouvait dans sa vie humaine d’avant, à moins que cela ne soit le signe qu’il s’est dépouillé de la cruauté qui règne dans l’Imperium. Les contaminés encore capables d’agir malgré leur état de démence n’hésiteront pas à donner leur vie pour protéger un transfiguré.
| Extrait du journal de l’Inquisiteur Felroth Gelt : 3.937.750.M41
Je suis arrivé dans les immensités glacées de Saint Drusus en 720.M41, appelé au Conclave des Plaies se réunissant sur Archaos dans les tours des Harangues. S’en suivirent des années d’opérations des Ordos qui conduisirent à la purification de Téruxyne, durant laquelle les derniers Hereteks occupés à répandre les Plaies des Pécheurs furent détruits. Mais de l’Excommunicate Traitoris Resque, il n’y avait aucun signe. Je quittai le Conclave pour aller examiner les débris et les ruines et chercher à comprendre ce que Resque avait vraiment en tête, afin de pouvoir prévoir ses actions futures. Ce que Resque avait en tête, je n’ai commencé à le comprendre qu’après mon retour sur Archaos en 727.M41, pour répondre à une vague de panique due à des mutations dans les Niveaux Défaillants. Cet endroit est un purgatoire où se regroupent les bannis de la grande Ruche, un lieu de désespoir pour les philosophes chassés des scholae de la Fondation. C’est là, comme dans cent autres Ruches des mondes de Saint Drusus, que les Plaies des Pécheurs refirent leur apparition. Nous y avons trouvé la mutation et les Plaies, oui, mais aussi une abominable parodie de la sainte transfiguration, façonnée par les instruments de l’Heretek. Je sais cela désormais : Resque croit avec ferveur dans l’imperfection et le péché, mais c’est une démente pour qui l’Humanité est au-delà de toute rédemption. Elle cherche la semence du renouveau de l’Humanité, passant les hommes au crible pour découvrir ceux qui sont exempts de tout péché, ceux qui ne sont pas contaminés par les Plaies qu’elle a conçues. Cette idée semble folle, et pourtant je l’ai apprise d’un de ces Mutants, transfiguré par les Plaies des Pécheurs et parvenu à un état d’existence qui le situait au-delà du bien et du mal, au-delà de toute santé mentale. Je ne peux expliquer comment j’ai pu apprendre cela de ses paroles brèves et étranges. Ce fut comme si son message de quelques mots avait éclos plus tard en une compréhension pleine et entière, me révélant ce qu’avait voulu dire ce Mutant. Nous avions découvert le transfiguré dans les salles d’un Librarium abandonné, servi par des Mutants mineurs qui sacrifièrent leur vie dans la tentative futile de le protéger. C’est toujours un acte de miséricorde de délivrer une victime des Plaies de sa douloureuse corruption du corps et de l’esprit. Mais le transfiguré se comportait comme un Saint emprisonné dans la plus odieuse des mutations, serein et illuminé d’une lumière intérieure alors qu’il nous attendait paisiblement dans son laboratorium biologis de fortune. Il nous parla d’une façon qu’aucun de nous n’a été en mesure de décrire depuis, puis tendit le coup sous la hache, acceptant sa mort comme une nécessité. Je n’ai jamais rien vu de pareil depuis ce jour, et je prie l’Empereur-Dieu pour que cela continue. L’Excommunicate Traitoris Resque est encore en vie, et de nouvelles éruptions de Plaies des Péchés révélés se produisent au fil des ans. L’Heretek poursuivra ses méfaits jusqu’à ce qu’elle soit trouvée, amenée à résipiscence et brûlée au nom de l’Empereur-Dieu. Ce n’est qu’alors que ces abominations cesseront. |
Source
- Warhammer 40 000 JdR - Dark Heresy : Créatures et Anathèmes
