Histoire des White Scars

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« Il n’y a qu’un seul mensonge impardonnable.
C’est le mensonge qui dit, c’est la fin, vous êtes le conquérant, et maintenant tout ce qui reste à faire est de construire de hauts murs et à s’abriter derrière eux. Maintenant, le mensonge dit, le monde est sûr.
Tous les empereurs sont des menteurs. »
- De la Sagesse des Khans : Dictons et contes de la Légion Chogorienne, tels qu’enregistrés par Ilya Ravallion.

À chacune de Ses Légions, l’Empereur a légué un héritage génétique qui leur permettait de jouer un rôle précis, faisant de chacune d’elles un outil incomparable pour la poursuite de ce rôle. La Ve Légion a été la précurseuse de la Grande Croisade, toujours en territoire inexploré et loin des frontières de l’Imperium en expansion, et souvent oubliée par les chroniqueurs qui ont suivi la conquête. Organisée en petites unités mobiles, la Ve Légion s’est avancée à l’avant des armées de l’Empereur lors des dernières conquêtes sur Terra, puis à travers les étoiles, semant la confusion et la mort dans son sillage. Elle était la lame rapide qui sondait la faiblesse avant une frappe soudaine et mortelle, et non le marteau que certaines de leurs Légions sœurs sont devenues. Une arme subtile et mortelle qui entre les mains d’un maître stratège, le Grand Khan, Jaghatai, viendrait forger ces parias des Legiones Astartes en une force qui renverserait la balance du destin lui-même.

Alors que les jours sombres de l’Hérésie d'Horus se déroulaient, beaucoup doutaient de ces guerriers imprévisibles, leur loyauté étant remise en question par ceux qui auraient dû être des alliés et assumée par ceux qui allaient devenir des ennemis. Souvent la première Légion à se retrouver dans les zone sauvages, s’aidant que de quelques cartes stellaires datant de la Longue Nuit, les White Scars n’ont jamais opéré sans le soutien de leurs frères et agissaient rarement de concert avec les autres Légions. Là où les autres Légions ont construit des héritages de confiance et ont accumulé des réseaux de traités et de serments de soutien entre elles, les White Scars sont restées isolées. Ce qui avait d’abord été une question de stratégie est vite devenu une tradition, qui a vu la Ve Légion devenir une force solitaire, réputée pour son indépendance et son caractère volontaire, même parmi les Légionnaires Astartes. Leur réputation était telle au début de l’Hérésie d’Horus, que ceux qui cherchaient à diriger l’Imperium, qu’ils soient empereurs ou tyrans, voyaient dans la Légion un trophée à gagner et s’attelaient à la gagner, un point d’appui sur lequel ils pouvaient faire basculer la guerre civile de l’Humanité en leur faveur.[1]

Origines : Les Fils Oubliés de Terra

La Ve Légion.

Comme pour la plupart des vieilles traditions concernant la Ve Légion, les premiers jours et les premières campagnes de la Légion ont été négligés par beaucoup, obscurcis par le temps, le sang et la réticence de la Légion elle-même. Pourtant, dans ces débuts, on peut voir les prémices de l’avenir de la Légion. Même depuis sa création, la Ve Légion était tenue à l’écart de ses frères, rarement présents en masse parmi les armées réunies lors des Guerres d'Unification, mais elle fut l’une des premières Légions à faire couler le sang au nom de l’Empereur. Issus d’abord des tribus technomades du Bassin de Thuléen, dont la robuste lignée avait traversé ces désolations glacées sur de vastes chenilles mécanisées pendant les longues années de l’Ère des Luttes, puis de la lignée plus large des recrues terranes, les guerriers de la Ve Légion étaient les yeux et les oreilles de l’Unification. Alors que certaines des premières Légions, comme la XVIe, étaient engagées sur les lignes de front de la conquête initiale aux côtés des Guerriers Tonnerre de l’Empereur, la Ve Légion s’était vu confier le devoir solitaire de rechercher les bases cachées des nombreux démagogues et seigneurs de guerre qui régnaient sur la Vieille Terre ravagée par la guerre.

À cette époque, la Légion ne comptait que quelques centaines de guerriers, et opérait souvent avec des cadres de moins d’une douzaine. Les opérations auxquelles ils étaient affectés mettaient à l’épreuve le physique post-humain des Space Marines de l’Empereur d’une manière assez différente de l’enfer du champ de bataille qui attendait leurs camarades. Toujours en mouvement, et bien au-delà des frontières de la domination toujours croissante de l’Empereur, la Ve Légion a enduré les pires destructions infligées à la Vieille Terre lors des ravages de l’Ère des Luttes, bravant un paysage si corrompu et brisé par les rad-bactériologiques, la guerre et les psy-pestes que de simples humains n’auraient pas pu survivre à son contact. Ces guerriers de la Ve Légion ont tracé la voie de l’ascension de l’Empereur, survivant là où peu d’autres auraient pu le faire, en courant devant les armées massives de l’Unification et en cherchant les ennemis sur son chemin. Là où ils ont rencontré de puissants seigneurs de guerre et des empires décadents qui s’étaient opposés à la Vieille Nuit, ils ont rôdé le long des frontières à la recherche d’une occasion de frapper, et là où ils ont rencontré la faiblesse, ils n’ont laissé derrière eux que des cadavres. Lorsque les principales Légions proto-Astartes et de Guerriers Tonnerre arrivaient, leurs ennemis étaient affaiblis et distraits par le travail de la Ve Légion, devenant une proie facile pour les armées de l’Unification.

C’était une tâche à laquelle ses premières recrues étaient bien adaptées. Les hommes des clans du Bassin de Thuléen avaient survécu pendant des siècles dans les désolations salins gelés du nord, farouchement indépendants et stoïques mais avec un profond puits de ruse inventive. Survivant à la terreur de la Vieille Nuit en s’isolant dans des terres désertiques Thuléenne dans le grand nord, ils comprenaient bien les cruels impératifs de la survie. Ils étaient bien plus que des tueurs accomplis, car leur héritage de mécaniciens et d’experts à la survie fut transmis aux premiers cadres de la Légion. Une fois pliés à la volonté de l’Empereur, ils se sont révélés être de bons sujets pour être Ses éclaireurs, bien que beaucoup aient remarqué leur nature préméditée, leurs commandants étant enclins à ignorer tous les ordres sauf ceux de l’Empereur ou d’un autre commandant qui avait gagné leur respect. C’est probablement un autre exemple du grand plan de l’Empereur en action, un élément de Sa clairvoyance identifiant un besoin de ce trait même, malgré les protestations qu’Il a soulevées parmi certains de Ses généraux et conseillers. Malgré la colère causée par leur nature insulaire, peu pouvaient douter de la capacité de ces guerriers, qui furent bientôt acceptés dans les grandes armées de l’Unification pour leur force d’âme et leur intelligence astucieuse.

Pourtant, c’était une tâche sans gloire. Ils ont opéré pendant des années à une époque éloignée du centre du conflit. Une fois que la Ve avait terminé son œuvre sanglante consistant à attirer les ennemis de l’Empereur, à dresser la carte de leurs forteresses et à les affaiblir, les autres Légions se mettaient en marche pour les engager au combat et à les défaire tandis que la Ve avançait. Peu d’honneurs de bataille des Guerres d’Unification font état du sacrifice de la Ve Légion, et peu d’individus connaissaient l’existence des "Star Hunters", comme on appelait la première de ces compagnies, le raid audacieux sur la forteresse albienne de Dubris, ouvrant la voie aux premières invasions de cette terre, ou la bataille de 83 jours dans les catacombes noires de Kadiru, une forteresse clé dans le domaine Yndonesic d’Ursh. Ces actes héroïques cachés ont été oubliés face aux conquêtes publiques menées par les autres Légions. Peu de membres de la Ve Légion se sont indignés de ce subtil affront, même en s’enorgueillissant tranquillement du rôle silencieux qu’ils ont joué, mais cela les a de fait isolés dans les rangs des Legiones Astartes. Ils devinrent, par les circonstances et par choix, des étrangers parmi l’élite de l’Empereur, plus à l’aise dans les régions sauvages, où ils ne suivaient que leurs propres ordres, qu’au cœur des batailles, soumis aux caprices des généraux pour lesquels ils ne se sentaient guère liés.

Alors que l’Empereur consolidait Son emprise sur Terra et les mondes environnants, la Ve Légion fut parmi les premiers de Ses osts à quitter le Système Sol, divisée en une centaine de compagnies, chacune étant une petite Légion à elle seule. Ces compagnies d’avant-gardes furent chacune dépêchées pour suivre les courants Warp qui circulaient fortement dans l’éther autour de Sol, à la recherche des mondes perdus de l’Humanité et à cartographier des fiefs des empires extraterrestres. C’est la Compagnie Pionnière du Capitaine Kornelius Dure, suivant l’un des rares courants Warp connus des rares voyageurs qui s’aventuraient à partir de Terra, qui a étudié Cthonia, avec son rapport désormais tristement célèbre selon lequel le monde était « … un nid de serpents s’enroulant dans l’obscurité que nous ferions mieux de détruire. » On sait qu’Horus a plus tard commenté ce rapport avec un certain humour, et qu’il a même favorisé le Capitaine Dure et sa compagnie, leur demandant souvent d’être les éclaireurs de sa flotte. En effet, comme pour un certain nombre d’autres Légions orphelines, Horus, seul parmi les grands généraux de cette époque, a tenu à reconnaître les Compagnies Pionnières de la Ve Légion et, en retour, les vétérans terrans de la Ve Légion ont traité Horus avec un respect qu’ils n’ont guère accordé à d’autres.

Pendant plus d’un demi-siècle, la Ve Légion a mené une croisade solitaire et fragmentée, chacune de ses compagnies étant séparée par une telle distance que chaque flotte a lentement commencé à perdre tout sentiment d’unité avec ses frères. Une fois de plus, leur héroïsme au-delà des frontières du domaine toujours plus étendu de l’Empereur ne suscita que peu d’éloges ou d’attention parmi les seigneurs de l’Imperium. C’est là, dans ces années largement oubliées, que les White Scars ont acquis la maîtrise de la guerre de choc, établie par la nécessité de leur mission. Ils étaient rarement plus de mille contre les empires obscurs au-delà du bord des cartes, les quelques braves se tenant contre les terreurs de l’obscurité extérieure loin de toute aide et de tout secours. Ils frappaient sans avertissement, pillant et tuant, attirant l’ennemi et testant ses défenses et ses tactiques, observant et apprenant toujours - diffusant les connaissances acquises avec le sang de leurs frères afin que les Flottes Expéditionnaires puissent faire tomber la colère de l’Empereur sur les ennemis de l’Humanité.

Illustration du Primarque Jaghatai Khan lorsqu’il apprit la fin de Warhammer Battle.

À cette époque, la Légion vivait selon un seul credo : chaque nouveau jour est une victoire. Survivre contre des obstacles impossibles était le défi que ces membres devaient relever, qu’ils battaient avec un pragmatisme froid et une volonté de tout sacrifier au nom de la victoire. Chaque bataille leur coûtait un peu plus, un frère mort ou une machine de guerre endommagée au point d’être irréparable, et à mesure qu’ils se battaient plus loin dans les confins de la galaxie, ils avaient de moins en moins de chances de récupérer de leurs pertes. Lentement et sûrement, la Ve Légion était érodée par les pressions de la guerre et par leur propre dévouement obstiné à la poursuivre à leur manière. Pour les guerriers de la Ve Légion, qui avaient toujours été contraints de se battre dans l’ombre des autres Légions, l’idée de demander de l’aide avait un goût pire que les cendres de leur propre disparition. Vivre et mourir à leur façon leur semblait le meilleur choix. Sans la découverte soudaine du Primarque perdu de la Ve Légion, un événement inattendu après cinquante ans de recherches, la Légion aurait pu se battre jusqu’à l’extinction. Au lieu de cela, elle a été transformée.[2]

Le Khan des Khans

L’histoire des premières années de Jaghatai Khan est bien connue. Il fait l’objet de légendes et de contes populaires sur son monde natal de Chogoris, parfois répertorié sur les anciennes cartes impériales sous le nom de Mundus Planus. C’est cet embellissement généralisé qui rend une grande partie des faits concernant ses réalisations difficiles à identifier. C’est pourquoi nous choisissons d’utiliser la version du compte enregistré par Horus Lupercal, qui se trouve toujours dans les archives de Terra. Les premières notes d’Horus sur le monde de Chogoris lors de sa découverte sont particulièrement intéressantes : « … riche en matériel et une souche humaine remarquablement stable et guerrière. Une découverte inattendue et précieuse dans ces terres d’empire. » Ceci, note le Primarque, contraste fortement avec beaucoup de ces mondes sur lesquels les autres Primarques se sont trouvés, ayant souvent à faire face à des environnements mortels ou à des races avilies de la famille perdue de l’Humanité. Jaghatai, en revanche, fut adopté par le chef, ou Khan, d’une des nombreuses tribus nomades de Chogoris. Il a dû faire face aux mêmes épreuves que celles qui ont frappé les tribus chevalines de Chogoris pendant des siècles, des raids tribaux sans fin et des guerres de querelles, ainsi que les raids d’esclaves et les parties de chasse des empires du sud.

Son chemin l’a mené à la conquête à la suite d’un de ces raids meurtriers, point culminant de quelques petits conflits commencés des générations auparavant. Une tribu rivale, le plus souvent identifiée dans les récits historiques comme les Kurayed, s’abattit sur son père adoptif et le tua, ainsi que ses Keshig, un acte qui, dans la culture nomade de Chogoris, exigeait des représailles. Dans le passé, le fils d’un Khan tombé au combat se serait lancé dans sa propre tuerie, aurait tué quelques guerriers du clan rival ou volé leurs chevaux de course, perpétuant ainsi le cycle sans fin de la querelle. Jaghatai a choisi un chemin différent et, en une seule nuit de sang et de massacre, il a mis fin à la fois à la guerre et aux Kurayed, ne laissant pas un seul de ces derniers en vie. Sa réputation de guerrier d’une cruauté et d’une habileté hors pair, mais sans pitié, est née de cet acte, et qui s’est répandu dans le Quart Vide, comme on appelait les plaines occidentales, rudes et peu habitées. Le jeune Khan poursuivit une campagne de soumission parmi son propre peuple, attaquant chaque tribu à tour de rôle et leur offrant un choix simple : la mort ou la vie sous son règne. Ayant entendu parler de la destruction qu’il avait abattu sur les Kurayed, peu choisirent de s’opposer à lui et, dans sa sagesse, Jaghatai traita avec honneur ceux qui se soumettaient librement, en élevant beaucoup de ces individus jusqu’à son Keshig pour combattre à ses côtés. Les tribus qu’il dirigeait étaient consolidées, fusionnées ou séparées afin de favoriser l’unité et de mettre fin aux querelles qui les tenaient à la gorge les unes des autres depuis des siècles. Il a remplis son propre Keshig d’hommes et de femmes de talent venant de toutes les plaines, promouvant la capacité et la loyauté envers l’ensemble par-delà les lignes de sang et les vieilles rivalités. En l’espace de quelques courtes décennies, les tribus nomades ont été unifiées sous son contrôle, le nommant Khan des Khans.

Avant même qu’un ancien des tribus nomades ne s’en souvienne, un empire avait régné sur une grande partie de Chogoris, un empire de grandes villes et de fiers princes qui s’étendait loin à l’est du Quart Vide. Les terres des nomades à cheval, stériles et inhospitalières, avaient toujours été à l’abri des convoitises, sauf comme terrain de chasse pour les nobles qui s’ennuyaient et qui cherchaient à assouvir leur soif de sang. Une expédition de chasse fatidique a choisi le nouveau Khan des Khans comme cible, mais leur embuscade s’est rapidement transformée en massacre, avec Jaghatai trucidant jusqu’au dernier des chasseurs, y compris le fils de Palatine - l’empereur de la vaste nation à l’est. En représailles, Palatine entra avec son armée de lanciers disciplinés et en armures dans le Quart Vide pour finalement éradiquer les membres de la tribu. Là, le Khan des Khans l’a rencontré avec le plein rassemblement des tribus et a détruit son armée, en utilisant pleinement les tactiques mobiles et la vitesse qu’il utilisera plus tard pour mouler les White Scars.

Cette victoire était la première étape d’un chemin de conquête qui allait voir Jaghatai être couronné souverain du monde entier de Chogoris. Il poursuivit la même stratégie qu’il avait employée chez les tribus nomades, mais sur une plus grande échelle. Dans chaque ville et nation rencontrée par ses armées invaincues, il offrait le choix de le servir ou de mourir, et à chaque victoire et soumission, son pouvoir augmentait. Avec sa cruauté dans une main et sa générosité dans l’autre, toutes deux à la vue de tous ses sujets, le Khagan a pris le dessus sur la planète et l’a plié à ses caprices. Il mit fin aux guerres qui avaient déchiré Chogoris, maintenant la paix avec la menace d’une ruine totale pour ceux qui transgressaient ses simples lois. On ne saura jamais ce que le Khagan aurait pu créer sur Chogoris sans tenir compte des braises de la civilisation, car ce n’est que peu de temps après son ascension au trône que l’Empereur de l’Humanité arriva pour changer son destin à jamais.[3]

Chogoris : le Quart Vide

Le Prix de la Liberté[4]

De nombreux chroniqueurs ont souvent négligé les décisions auxquelles ont dû faire face de nombreux Primarques de l’Empereur lors de leurs retrouvailles avec leur père. La plupart s’étaient élevés au rang de souverains, de rois et même de dieux, car ils étaient le sommet de cette science perdue du Moyen-Âge Technologique, des créatures transcendantes qui dépassaient de loin les capacités des simples humains. Pourtant, avec l’arrivée de l’Empereur, ils se sont soudainement trouvés soumis à la volonté d’un être encore plus grand qu’eux, privés de ce que beaucoup auraient pu supposer être leur droit divin de diriger des créatures inférieures ou de guider leurs dévoués serviteurs. Un roi mortel aurait-il pu plier le genou avec l’équanimité dont ont fait preuve les Primarques dans les récits que nous racontons maintenant à la suite de la rébellion d’Horus ?

Certains parmi les érudits de la cour considèrent que c’est un péché d’attribuer à ces figures de proue des émotions humaines telles que la jalousie ou les feux volontaires de l’ambition, surtout à une époque qui avait besoin de héros purs et parfaits. Mais c’est plutôt un péché, à notre avis, d’ignorer les défauts qui ont fait la grandeur de ces figures tragiques. Qu’ils aient choisi de renoncer à leurs couronnes et à leurs ambitions malgré leurs désirs et pour servir une plus grande cause est une plus grande histoire que de laisser entendre qu’ils ont été vaincus par une loyauté aveugle dès que l’Empereur les a découverts. À ceux qui trouvent une telle hypothèse difficile à croire ou quelque peu désagréable, nous rappelleront que l’Empereur a eu vingt fils. Quels choix les deux Primarques manquants ont-ils fait pour que l’Empereur ait jugé nécessaire de les retirer de l’histoire ?

Ironiquement, malgré leur rôle d’éclaireurs et d’avant-garde, ce n’est pas une Compagnie Pionnière de la Ve qui allait découvrir Chogoris, mais plutôt une flotte de la XVIe Légion commandée par Horus et l’Empereur. Sur ce monde longtemps isolé, Jaghatai avait prospéré, liant les tribus fracturées de l’arrière-pays pour conquérir des empires et soumettre le monde entier à sa volonté. Ce fut un exploit de rivaliser avec ceux de ses frères Primarques au cours de leurs années d’isolation, et l’Empereur le salua comme un véritable fils et digne héritier de ce qu’Il attendait de lui. Le Grand Khan, lui-même bâtisseur d’empires, s’est vu confier un destin qui l’a vu se résigner au rôle de serviteur et non de maître, lié aux ambitions de l’Empereur. Une telle humiliation n’était pas facile pour un conquérant comme lui, alors qu’il avait tué des rois et des tyrans dans toute l’étendue de Chogoris, mais le Grand Khan s’agenouilla quand même devant cet Empereur.

La plupart des récits historiques nous amènent à penser que Jaghatai a été trompé par l’Empereur et soumis sans question, mais ses propres publications et écrits montrent un raisonnement plus pragmatique derrière cette soumission. Jaghatai, qui a longtemps lutté contre la désunion de son peuple d’adoption, voyait clairement les avantages de l’Imperium et de la doctrine séculaire de l’Empereur qu’était la Vérité Impériale, et dans les rangs des Luna Wolves, il voyait le coût terrible de l’opposition. C’était le même choix que celui qu’il avait lui-même offert aux tribus et aux villes de Chogoris, et même lorsqu’il était couvert de faste et de cérémonie, le Khan des Khans comprenait ce que signifiait l’offre de l’Empereur de vivre comme Son vassal ou de périr comme Son rival. Le Khagan négocia donc sa loyauté et celle de ceux qu’il dirigeait, obtenant de l’Empereur les garanties qu’il jugeait équitables quant au traitement du peuple de Chogoris et à son rôle dans l’Imperium. Il se battra une fois de plus pour l’unité et se réjouissait en secret du nouveau défi qui se présentait à lui, pouvant enfin se défaire des liens du devoir qui l’avaient occupé avec les réalités mondaines de la gouvernance sur Chogoris.

Bien qu’il avait déjà maîtrisé les stratégies conquérantes dans sa propre guerre contre les petits empires de Chogoris, Jaghatai Khan ne connaissait pas les armes et les machines de guerre avancés de l’Imperium. Les combats à travers la galaxie atteignant une intensité fébrile, les forces de l’Empereur ne pouvaient pas attendre que le Primarque apprenne l’étiquette de la cour terrane ou les subtilités de l’histoire impériale. Tout était nécessaire sur le front alors que l’Imperium en expansion commençait à rencontrer des royaumes Xenos de plus en plus puissants et des royaumes déchus de l’Humanité cachés dans le vide obscur. La conquête de Chogoris était, aux yeux de l’Empereur et de nombreux Primarques, plus qu’une preuve de son habileté à faire la guerre. En effet, de tous ses nouveaux frères, seuls Roboute Guilliman et Rogal Dorn s’opposèrent à la trop brève période d’intronisation de Jaghatai. Tous deux estimaient qu’en laissant le nouveau Primarque sans une véritable compréhension des fondements et de la culture de l’Imperium, il serait mal préparé à s’intégrer correctement dans ses factions et sa politique. Malgré ces objections, dont la clairvoyance allait s’avérer malheureuse, la pleine autorité du Maître de la Ve Légion fut investie à Jaghatai, connu parmi ses frères comme le Khan et parmi les siens comme le Khagan, le Khan des Khans.

Un tel titre, Maître de la Ve Légion, n’avait guère de sens à cette époque de l’histoire, car la Ve était dispersée aux confins de la galaxie, absorbée dans un millier de guerres distinctes. Il était maître d’une Légion de vagabonds, une situation qui aurait peut-être moins bien convenu à d’autres de ses frères, mais qui était un défi bien adapté aux talents et à l’histoire du Grand Khan. Tout comme il l’avait fait dans les vastes plaines de Chogoris, le Grand Khan a cherché à construire une armée conquérante à partir de bandes nomades insulaires, et il a recommencé de la même manière. Recrutant parmi ses camarades Chogoriens ceux qui étaient en âge de subir la pénible chirurgie de transformation et de renaître en tant que Space Marines, le Grand Khan forma un nouveau noyau de guerriers pour sa Légion. Dans le même temps, il envoya une grande convocation, appelant toutes les bandes disparates de la Ve Légion, les Compagnies Pionnières dispersées qui faisaient la guerre à travers la galaxie, à lui prêter main forte. Proclamé par un signal astropathique et un navire messager, l’appel de Jaghatai mettrait de nombreuses années à atteindre le plus lointain de ses guerriers. Après sa découverte en 865.M30, le Khagan attendit pendant près de dix ans que la majorité des Compagnies Pionnières se rassemblent à Chogoris, les plus isolées ou les plus engagées étant toujours hors de contact, même jusqu’à 000.M31. La force qui s’est finalement rassemblée dans le ciel de Chogoris au cours des premières années du commandement de Jaghatai n’était pas une Légion unifiée. Chaque compagnie se tenait à l’écart, regardant ceux qui auraient dû être ses frères avec suspicion et un certain mépris, un rassemblement d’étrangers dans un pays étranger.

La Première Effusion de Sang[5]

Le rassemblement sur Chogoris a vu la première apparition d’un rituel qui allait donner à la Ve Légion son nouveau titre, les White Scars, et sceller son lien en tant qu’ost unifié. Adapté des traditions des tribus chogoriennes, le Sang, également connu sous le nom d’Ascension, est un rituel simple, qui se dispense d’une grande partie de l’apparat chamanique de l’original. Il ne comprend que deux parties, une entaille et un nom. Ce jour-là, dans les plaines du Quart Vide, plus de 50 000 guerriers prirent des lames aux formes innombrables et firent une marque sur la chair de leur propre visage, chacun mesurant la profondeur et la forme de la blessure pour marquer sa loyauté. Les cicatrices infligées dans le cadre du rituel variaient en taille, en forme et en emplacement, et parmi les membres issus d’une tribu originaire de Chogoris, cela servait à distinguer différentes tribus et lignées, bien que parmi ceux qui ne sont pas nées sur Chogoris, la signification était moins importante. Parmi les générations suivantes de la Légion, certains motifs de cicatrices ont commencé à identifier des Confréries distinctes au sein de la Légion, mais ces motifs n’ont pas commencé à apparaître avant les dernières décennies de M30.

La deuxième partie du rituel, menée ce premier jour avec le sang des cicatrices encore vif sur la peau des premiers White Scars, consistait à choisir de nouveaux noms pour représenter leur nouvelle vie en tant que membres de l’Ordu de Jaghatai, en tant que guerriers des White Scars, se débarrassant des vies qui avaient précédé. Un tel symbolisme est assez courant dans les différentes sociétés guerrières qui composaient une grande partie des vastes armées de l’Imperium, avec de nombreuses Légions qui employaient des épreuves similaires pour leurs recrues. De telles cérémonies ont été utilisées pendant des siècles comme des outils pour renforcer la solidarité et la loyauté des sociétés guerrières les plus brutales, celles chargées des tâches les plus onéreuses et des sacrifices les plus durs. Sur Chogoris, de tels rituels ont maintenu les tribus unies pendant des siècles de raids meurtriers et de chasses aux esclaves, et Jaghatai connaissait bien son pouvoir d’endurcir l’âme et de lier les guerriers entre eux. Les noms eux-mêmes étaient symboliques, et aucun modèle strict n’a jamais été imposé aux White Scars nouvellement marquées. La première génération issue de Chogoris s’est baptisée pour ses exploits, tandis que les Légionnaires des générations suivantes ont choisi des noms du monde de Chogoris en l’honneur de leur Primarque.

Quand le Khagan les a tous réunis sur les larges plaines du Quart Vide, il vit un millier d’héraldiques différents sur les guerriers d’une centaine de mondes différents liés seulement par les fils ténus de leur héritage génétique commun. Le Khan de Khans fusionna ces liens génétiques avec la culture de Chogoris, en faisant de celle-ci le ciment pour unifier sa Légion. Grâce aux rituels et les traditions des tribus des collines de Chogoris, ils sont devenus les White Scars ce jour-là, leur loyauté envers le Khagan et entre eux étant assurée par les épreuves de sang et de douleur ainsi que les serments qu’ils prêtèrent. Le Khan de Khans leur a donné plus que des cicatrices, les encourageant à l’étude des "Nobles Poursuites", comme on les appelait sur Chogoris - comme la calligraphie, la chasse et les conteurs des anciennes histoires. Il fit des voies de Chogoris la vérité de sa Légion, une étrange mélange de praticité et de superstition qui était mal à l’aise avec les principes stricts de la Vérité Impériale qui niait toute forme de religion. Le refus de Jaghatai plus tard à modifier les pratiques de sa Légion pour mieux correspondre à la Vérité Impériale étaient encore une autre source de conflit entre le Grand Khan et certains de ses frères, notamment Lorgar et Roboute Guilliman. Ce n’était que la première partie de la stratégie, car la tradition seule ne suffisait pas. À la suite des jeux et des cérémonies menées sur Chogoris, il a dirigé les rangs combinés des White Scars nouvellement baptisées en campagne, les premières batailles qu’ils menèrent en tant qu’ost unifié depuis leur départ de Terra.

Le Khagan a choisi les mondes sans loi du Cercle Kolarne pour sa campagne d’initiation. Cette région de l’espace avait été explorée plusieurs décennies auparavant par la 103e Compagnie Pionnières, les Chasseurs d’Âmes, et s’est avérée grouiller d’avant-postes sauvages de souches renégates de l’Humanité et d’osts Xenos errants. Sur chacune des douzaines de mondes sauvages et infernaux qui composaient le Cercle, une longue et vicieuse lutte attendait les White Scars, avec peu de gains évidents en termes de ressources ou de valeur stratégiques. Cependant, le Khagan avait choisi ce champ de bataille et sa stratégie avec soin. Il a opposé sa Légion à des ennemis qu’aucune compagnie ne pouvait vaincre à elle seule. Ce n’est qu’en travaillant comme une seule Légion qu’ils l’emporteraient. Il dispersa le Keshig qu’il avait élevé à Chogoris, le noyau de ses nouveaux White Scars, dans les différentes Compagnies, des guerriers dont le nom ne ferait que croître au fil des ans : Qin Xa, Yesugei, Hasik et d’autres encore. Ces guerriers en qui il avait confiance pour diffuser son enseignement et donner l’exemple, pour être ses champions au sein de la Ve Légion qui faisait la guerre en son nom.

Sur les 80 000 guerriers qu’ils ont mené au combat, un sur dix périra au cours des cinq prochaines années de lutte pour purifier le Cercle, un baptême de feu et de sang qui a scellé les liens entre les survivants plus fort que n’importe quel simple serment. Les hordes Orks de Sengr Mar et de Vorgheist ont été mises en pièces dans une série de campagnes de harcèlement qui portaient la marque des tactiques des tribus de la plaine de Chogoris. Gravement surpassées en nombre par leurs ennemis, ces tactiques, intimement familières aux initiés Chogoriens du cercle intérieur de Jaghatai, étaient les mieux adaptées pour tirer le meilleur parti de la férocité indigène des White Scars et de leurs compétences aiguisées par la guerre. Les compagnies affectées aux systèmes les plus profonds du Cercle ont combattu seules et sans soutien pendant près de trois ans avant que le reste de la Légion ne sécurise les régions extérieures. C’est là que les compétences de survie des Compagnies Pionnières ont été mises à l’épreuve, alliées à la sauvagerie et au talent des recrues de Chogoris. Là où d’autres Légions auraient pu faiblir ou se replier pour se regrouper, perdant l’élan de la victoire, ces robustes guerriers prospérèrent, se réjouissant de la présence de leur nouveau seigneur.

Dans chaque bataille où il a combattu, Jaghatai a mené l’assaut. Au début, la Légion l’a simplement suivi dans le maelström, mais lorsque les récits de la vaillance sauvage et de l’habileté consommée du Primarque se sont répandus parmi les guerriers de la Ve Légion, ils ont rapidement commencé à se concurrencer pour combattre à ses côtés. C’est son exemple qui leur servit de bannière tout au long du conflit et c’est au Khagan et aux autres qu’ils furent liés, non pas au rêve lointain de l’Imperium ou de l’un de ses mondes, mais seulement au Khan des Khans et à la joie sauvage qu’il ressentait dans la guerre et dans la vie. En ces temps de turbulences, de telles choses étaient considérées comme insignifiantes, car personne n’acceptait l’idée qu’un Primarque ayant prêté serment à l’Empereur puisse jamais renoncer à ses vœux et, en tant que tel, la loyauté absolue au Khan était considérée comme la loyauté absolue envers l’Imperium.

Avec la bataille finale pour le Cercle Kolarne qui s’est déroulée et qui fut gagnée sur les champs de cendre désolés de Kolarne même, les nombreux mondes habités sont tombés entre les mains du Grand Khan. Ces mondes avaient servi à lier sa Légion dans le sang et la guerre, et ils allaient maintenant servir à la reconstruire. Des larges plaines de Chogoris, des rudes désolations de Kolarne et des nombreux camps de recrutement de la Vieille Terre, le Khagan a reconstitué les rangs de la Légion et les White Scars ont émergé de la campagne du Cercle Kolarne comme une Légion renaissante. Ils n’étaient plus les ombres qui hantaient les franges de la Grande Croisade - le Grand Khan les avait ressusciter et il avait l’intention de se tenir au premier rang de la Grande Croisade de l’Empereur, au coude à coude avec les autres Légions.[6]

Les Tueurs qui Rient

La Ve Légion est revenue à la Grande Croisade non pas comme les Compagnies Pionnières d’autrefois, mais comme les White Scars, unies en une véritable Légion. Ce fut le sommet de la gloire de la Grande Croisade, le dernier siècle du 30e Millénaire. L’Imperium naissant avait repoussé ses frontières jusqu’aux confins de la galaxie et mis à bas les horreurs qui se cachaient aux marges de ses anciennes cartes stellaires. Puis il fut aux prises avec ceux qui voulaient contester sa suprématie. De nombreux osts et empires terribles cherchaient à revendiquer ce qui était le domaine légitime de l’Humanité et de l’Empereur, et il incombait aux Legiones Astartes de les briser complètement. Les White Scars devaient compter parmi les héros de cette époque, se répandant à travers les étoiles pour apporter la guerre et la mort au nom de leur nouveau maître. Bien que n’étant pas aussi nombreux que certaines autres Légions, ils étaient inégalés dans la ferveur impétueuse avec laquelle ils menèrent la guerre.

Ce fut une époque grisante, pleine de feu et de conquêtes, d’une course effrénée d’une guerre incessante contre des ennemis trop nombreux pour être comptés. Là où d’autres Légions cherchaient à mener une guerre avec une discipline sévère et une planification minutieuse, conquérant avec une puissance implacable et sécurisant les domaines dont elles s’étaient emparés, les White Scars sont descendues sur l’ennemi comme une tempête dans un ciel clair. Là où l’ennemi était faible ou exposé, ils enveloppaient et submergeaient ses positions sans pitié, utilisant la vitesse et la fureur pour écraser toute défense. Là où il était fort ou bien placé, ils harcelaient l’adversaire là où il était faible, le laissant vulnérable aux Légions qui suivaient la piste de la destruction que les White Scars avaient tracé. De nombreux récits de leurs exploits parlaient aussi bien de leur féroce habileté au combat que de la perspicacité stratégique de leurs commandants, différente de celle des autres Légions, plus sauvage et plus directe, mais non moins efficace.

Certains les considéraient comme de simples rédempteurs barbares, semblables aux bouchers sauvages de la Légion rouge d’Angron ou aux bourreaux de Russ, mais les archives de leurs campagnes suggèrent le contraire. Les White Scars étaient des éclaireurs au sens tactique et stratégique du terme, parmi les guerriers les plus vifs et les plus compétents des Legiones Astartes créées par l’Empereur. Ils n’avaient pas de plans exhaustifs ni de préparations interminables, ce qui les mettait souvent en désaccord avec des guerriers plus délibérés comme les fils de Dorn ou de Guilliman. Pourtant, ils accordaient une grande importance à l’apprentissage et au savoir, et nombre d’entre eux étaient des artisans, des philosophes et des artistes. Ils acquéraient de la sagesse comme les autres Légions acquéraient des armes, qu’ils devaient tenir prêtes jusqu’à ce que le moment soit venu de les déchaîner contre l’ennemi. Ils étaient le vent, partout et nulle part, sans importance et pourtant puissants, et ils se sont attelés à la tâche qui leur était confiée avec passion, tirant leur joie du frisson de la bataille et de la chasse à travers les étoiles. Comme Sanguinius l’a dit un jour de la Ve Légion renaissante, « … ils sourient souvent et ils rient quand ils tuent. »

Contrairement aux fils brutaux d’Angron ou aux loups sauvages de Fenris, les White Scars ne manquaient pas de discipline, et même s’ils portaient le manteau du sauvage, ils n’étaient pas les mêmes tueurs grossiers que ceux plus tristement célèbres de leur fraternité. Leur nature était indomptée, mais toujours liée par les chaînes du devoir et de l’honneur telles que définies par le code Chogorien. Ils étaient impitoyables et parfois cruels à l’attaque et souvent considérés comme insolents ou bruyants, mais ces rumeurs étaient fondées sur des malentendus. Lorsque les White Scars n’accordaient aucune pitié à leur ennemi, ils ne le faisaient pas pour la joie d’un simple massacre, mais en l’honneur de la vaillance dont avait fait preuve cet ennemi qui était digne de ce nom. Lorsqu’ils ne respectaient pas les politiques et les plans des autres, c’était parce que leurs propres méthodes les servaient au mieux, ils ne portaient que rarement des accusations, laissant les résultats qu’ils obtenaient parler de la justesse de leurs actions. Ils préféraient la courtoisie et l’honnêteté franche au protocole et à l’adhésion rigide à des règles mal adaptées au champ de bataille, mais ne manquaient pas de punir ceux qui transgressaient les limites qu’ils s’étaient fixées.

Pourtant, malgré ces qualités, ils étaient souvent considérés comme les derniers de leur fraternité, des affiliés et non des seigneurs, ce qui blessaient ces guerriers aussi compétents et dévoués. Pendant une grande partie de la Grande Croisade, ils sont restés à l’écart de la plupart de leurs frères, car peu de Primarques ont cherché la compagnie de Jaghatai Khan et de ses fils, et Jaghatai n’a pas fait grand-chose pour les encourager. Certains trouvaient que les stratégies par lesquelles sa Légion combattait étaient imparfaites, en particulier les fils inflexibles de Dorn et de Guilliman, tandis que d’autres méprisaient la tradition Chogorienne qui liait la Légion. Le Khan de Khans n’a pas fait grand-chose pour dissiper sa réputation de barbare grossier et de tueur sans pitié, en gardant ses propres conseils et la compagnie de ceux qui se souciaient de voir au-delà du voile de la rumeur qui cachait le vrai caractère de sa Légion. De tous ses frères, le Khagan a fait cause commune qu’avec une poignée d’entre eux. Parmi eux, le plus proche était Magnus de Prospero, car il était aussi un paria dans la petite fratrie de leurs pairs et un homme d’intégrité et d’honnêteté brusque. Quelques documents sur les deux hommes font souvent état de cette amitié entre les deux Primarques par ailleurs isolés. Horus, qui appréciait le talent au-delà des apparences, témoignait également d’une certaine faveur au Khagan, tout comme Sanguinius qui était déjà été un homme d’État et un diplomate parmi ses frères souvent querelleurs. Parmi les autres, il n’y a que peu de traces, peut-être parce qu’il y a eu peu d’occasions où les Primarques se sont réunis en nombre et encore moins où le Khagan était présent.

Jaghatai Khan était toujours en mouvement, toujours là où on l’attendait le moins et toujours à cet endroit critique qui allait décider du sort des batailles et des empires. Pourtant, alors que la Grande Croisade entrait dans sa phase finale dans les premières années de M31, les White Scars se trouvaient de moins en moins sollicitées. La Grande Croisade de l’Empereur avait éclipsé ses principaux rivaux et avait cartographié la plupart des fractures et des changements de la galaxie. Là où, au début de la longue guerre, les cartes étaient vierges et les ennemis inconnus et terrifiants, elles étaient maintenant pleines et les ennemis de l’Humanité largement connus et effrayés. Dans ces dernières années de la conquête, il y avait moins d’espaces sauvages pour que les White Scars puissent faire la guerre comme ils le voulaient. Ils devenaient obsolètes, inutiles à l’empire qui allait naître ; le Khan des Khans le savait et cela le rendait agité. La possibilité de courir devant la tempête, d’exulter dans l’inconnu et la joie pure de la destruction qui s’ensuit s’estompaient, ne laissant que le travail ennuyeux de la gouvernance. Les choses devenaient ordonnées et connues - elles gagnaient, et dans leur victoire finale, les White Scars seraient effacées. Le Khan pouvait sentir qu’un choix s’annonçait, un grand choix. Ils auraient la possibilité de redevenir ce qu’ils avaient été, mais ce faisant, ils devraient trahir tout ce pour quoi ils s’étaient battus. L’autre choix, non moins odieux, était de rester fidèles à leurs serments et de se lier à un lent déclin.[7]

L'Hérésie d'Horus

La dernière opération des White Scars durant la grande Croisade fut la Campagne de Chondax. Après son élévation au rang de Maître de Guerre, Horus chargea Jaghatai de nettoyer Chondax des vestiges de l’empire orkoïde d’Urlakk Urg. Les archives du Chapitre concernant cette période sont étrangement incomplètes. Certains prétendent que le Maître de Guerre avait dépêché l’Alpha Legion dans la zone avant les White Scars, pour gêner leurs opérations, afin qu’ils ignorassent tout des événements qui déchiraient la galaxie. On murmure qu’Horus souhaitait tenir le Grand Khan à l’écart de la guerre civile pour le rallier à sa cause, mais nul ne prend cette hypothèse au sérieux. Les archives qui ont subsisté indiquent que toute communication avec l’extérieur fut bloquée durant la majeure partie des sept années de la campagne. Certains rapports font état de conflits dans les rangs des White Scars, mais ces sources sont sujettes à caution. En revanche, il est établi que la flotte de Jaghatai capta un grand nombre d’appels à l’aide en provenance de tout l’Imperium, ainsi que des messages de propagande et de mensonges répandus par le Maître de Guerre et de l’Alpha Legion sitôt que le brouillage de leurs communications cessa.

Rares sont les informations sur les événements qui conduisirent les White Scars du système Chondax jusqu’à Terra, bien que le Khagan semblât avoir eu besoin de forcer un blocus de centaines de vaisseaux de l’Alpha Legion autour de Chondax Prime avant d’entamer son périple. Des rapports apocryphes étudient l’emploi magistral du Zao, ou Ciseau, une antique tactique chogorienne que le Chapitre utilise toujours. La flotte White Scars feignit la faiblesse, contraignant l’Alpha Legion à se diviser, avant de se regrouper pour se frayer un chemin jusqu’au Point de Mandeville du système.

Certains prétendent que certains des communiqués qui parvinrent jusqu’aux White Scars évoquaient l’attaque sur Prospero, ce qui conduisit à Jaghatai a s’y rendre pour comprendre ce qui était arrivé à Magnus le Rouge, son frère et ami. Les White Scars contestent cette affirmation avec force : il est impensable qu’un Primarque loyal tel que Jaghatai Khan puisse considérer Magnus comme autre chose qu’un traître de la pire espèce. Même en tenant compte de ces rumeurs, retracer l’itinéraire des White Scars après Chondax est impossible. Certains récits parlent d’une campagne de harcèlement contre les Emperor's Children, la Death Guard et peut-être d’autres Légions. On murmure même que Jaghatai employa des moyens anciens et interdits pour atteindre Terra, mais évoquer ces hypothèses à voix haute est passible de la peine de mort.

Lorsqu’ils eurent enfin atteint Terra, les White Scars ajoutèrent une dimension tactique bienvenue au dispositif défensif de Rogal Dorn pour Terra. Leurs méthodes de combat complétaient à merveille l’aptitude notoire des Imperial Fists à tenir le terrain. De plus, la relation privilégiée que partageaient le Faucon et Sanguinius garantissait une cooptation étroite entre les White Scars et les Blood Angels. Les Confréries harcelaient les forces ennemies sans relâche, et menaçaient constamment leurs flancs. Ainsi les White Scars gênèrent constamment les plans d’Horus ; animés par une détermination farouche, ils combattirent au milieu des incendies des bombardements, des monceaux de cadavres, refusant de céder le moindre pouce de terrain jusqu’à la victoire finale.

Après la victoire sur Terra et la fin de l’Hérésie d’Horus, Jaghatai Khan combattit aux côtés de ses fidèles compagnons durant soixante-dix années avant de disparaître lors de la Bataille de Corusil V contre les Drukharis qui durant son absence, avait ravagé son monde natal. Les White Scars racontent qu’avec ses plus valeureux guerriers, le Grand Khan combattit le chef de l’une des plus monstrueuses cabales extraterrestres et qu’ils furent aspirés au travers d’un vortex vers l’horrible royaume qui existe au-delà du temps. Il y lutterait depuis à jamais contre les Drukharis.[8]

Les Chasseurs des Étoiles

Les White Scars comptent parmi les chasseurs les plus talentueux des forces armées de l’Imperium. Aussi féroces que fiers, ils ne pardonnent ni n’oublient les torts qu’on leur cause, à eux ou aux populations humaines sous leur protection. Les fils de Chogoris sont capables de pourchasser un ennemi abhorré des décennies durant, sans relâche et sans pitié.

Dès leur enfance, les habitants de Chogoris voués à devenir des White Scars apprennent l’art de la chasse. Lorsqu’ils rejoignent le Chapitre, leurs talents sont renforcés grâce aux sens et aux réflexes posthumains, ainsi qu’au psycho-endoctrinement stratégique et à l’entraînement intensif des White Scars. Il n’est donc pas surprenant que les fils du Grand Khan soient considérés comme les pisteurs les plus aguerris de l’Imperium.

Même les personnes étrangères au Chapitre connaissent le Maître de la Chasse, ainsi que sa quête à travers les étoiles pour éliminer les proies désignées par le Grand Khan. Mais si ces chasses sont sans doute les exploits les plus célèbres des White Scars, le Maître de la Chasse n’est qu’un guerrier dans un Chapitre qui en compte un millier. Alors même que Kor'sarro Khan et ses prédécesseurs se chargeaient de leurs devoirs sacrés, au fil des ans, les White Scars ont traqué et tué d’innombrables ennemis de l’Imperium. Les insaisissables, les bestiaux comme les impardonnables, tous ont péri sous les lames des White Scars, leurs ultimes moments emplis par le rugissement des moteurs et les cris de guerre gutturaux en Korchin. La traque de l’immonde tortionnaire Drukharis connu sous le nom de Prince des Fragments était une de ces chasses mémorables.

Proie Inhumaine

C’est au début du 41e Millénaire que deux Confréries complètes de White Scars - la 3e et la 5e, appuyées par des éléments des 8e et 9e Confréries - se lancèrent d’une traque à l’échelle d’un système pour retrouver l’Hémoncule Drukhari qui s’était baptisé le Prince des Fragments. Cette vile créature s’était dissimulée dans le système Asmari, tel un parasite invisible. Ses sbires attaquaient les Agri-Mondes d’Asmari pour implanter des agents mutagènes dans les denrées à destination de plusieurs théâtres de guerre impériaux et capturer des esclaves pour les marchés de Commorragh dans les garnisons locales.

Khajaten Khan, alors Capitaine de la 3e Confrérie et commandant en chef des forces White Scars, était un chasseur rusé. Au lieu de foncer tête baissée et d’offrir à sa cible la possibilité de tendre une embuscade à ses guerriers ou - pire encore - de se glisser dans la Toile pour échapper à son juste châtiment, il dissimula ses forces dans l’espace, au-delà du Point de Mandeville du système. Le Khan dépêcha ensuite de petites bandes de guerriers à bord de cargos civils réquisitionnés pour observer et évaluer la menace Drukhari. Lorsque ses propres éclaireurs furent en position, Khajaten Khan feignit une attaque imprudente, conduisant une partie de ses troupes dans une opération de sauvetage pour aider Asmari Tertius, le monde le plus durement touché.

Sa Force de Frappe atterrit au cœur des combats qui faisaient rage sur l’agriplexe principal de la planète. Plusieurs bandes de pillards Drukharis avaient en effet franchi les fortifications impériales et s’amusaient à tourmenter les régiments survivants lorsque les White Scars frappèrent comme l’éclair. Enragé par les horreurs infligées à la population de la planète, Khajaten Khan mit en déroute les Drukharis, qui gagnèrent les marais volcaniques au-delà des frontières de l’agriplexe. La riposte Xenos ne se fit pas attendre, et elle était telle que l’avait espéré le Khan.

Mû par l’indignation autant que par l’arrogance, le Prince des Fragments achemina à la surface d’Asmari Tertius une armée imposante grâce à des portails sur la Toile dissimulés. Ses troupes fondirent telle une tempête ténébreuse sur Khajaten Khan et ses valeureux guerriers, et les cieux s’emplirent de Raider à la coque effilée et d’appareils de combat ultrarapides afin que les Drukharis capturassent l’officier White Scars. Au même moment, estimant sans doute que l’intervention impériale se limitait à Asmari Tullus, des contingents moins importants de créatures de la Coterie jaillirent de la Toile telles des araignées bouffies pour attaquer les centres de population d’Asmari Secundus, Quartus et Sextus. Sitôt qu’il se fût dévoilé, les White Scars frappèrent l’ennemi.

Appelée par la clameur psychique de plusieurs Devins d’Orage, la flotte des White Scars pénétra dans le système à pleine vitesse. Des escadrilles entières d’Escorteurs et des vagues continues de Modules d’Atterrissage s’abattirent sur chaque monde, guidées par les balises runiques placées sur les armures de leurs camarades. Certaines Forces de Frappe arrivèrent trop tard, car les valeureux éclaireurs avaient déjà donné leur vie pour occuper les Drukharis. Ailleurs, y compris sur Asmari Tertius, les renforts en armure d’albâtre arrivèrent juste à temps. Ils subirent de lourdes pertes lorsque leurs proies ripostèrent au moyen d’armes ésotériques, mais ils finirent par couper les pillards Drukharis de leurs portails sur la Toile et les écrasèrent comme s’ils étaient pris dans une gigantesque poigne de céramite. Les portails ne pouvaient quant à eux ni être détruits, ni scellés par quelque artifice que ce soit, aussi une garnison de guerriers Chogoriens fut affectée au système d’Asmari, et chargée d’effectuer des patrouilles sur chaque monde afin d’empêcher les Drukharis de tenter de se venger.

La seule faille dans le plan de Khajaten Khan fut son incapacité à localiser et éliminer le Prince des Fragments. L’Hémoncule ne quitta jamais la dimension labyrinthique et, conscient des circonstances de la disparition de son Primarque, le Khan refusa d’accorder à ses guerriers la permission de pénétrer dans les portails pour retrouver la tanière de leur proie.

Cette décision préserva sans doute la vie de nombreux White Scars, mais elle finit par coûter cher à Khajaten. Moins d’un an plus tard, on retrouva le cadavre du Khan dans sa chambre de méditation à Quan Zhou, le visage figé dans une expression d’horreur absolue, la gorge tranchée d’une oreille à l’autre et une cascade de sang glacé souillant sa poitrine. Aucun assaillant ne fut détecté, mais tous les miroirs et les fenêtres sur les trois niveaux qui entouraient les appartements de Khajaten se fracassèrent à l’instant de son trépas. Le message était clair, et une nouvelle chasse a depuis été lancée pour enfin châtier l’odieux Prince des Fragments. Les White Scars ne connaîtront pas le repos tant que leur Khan assassiné n’aura pas été vengé.

Vengeance pour Haadekh

Les Khans des Confréries ont conduit leurs guerriers lors des campagnes contre les Tyranides dans de nombreux secteurs. Se montant aussi flexibles, mobiles et sauvages que les terrifiantes Bioformes, l’acier chogorien des White Scars rencontre les crocs des Tyranides.

Les White Scars sont fiers, mais pas arrogants. Les fils du Faucon pensent que la galaxie a toujours une nouvelle leçon à enseigner, et ils ont au fil de millénaires adapté et raffiné leurs techniques de chasse pour contrer les menaces qui se dressaient contre l’Humanité. Jamais ils ne connurent de proie plus dangereuse et imprévisible que les Flottes-Ruches Tyranides. Pour les combattre, les White Scars durent apprendre et s’adapter plus rapidement que jamais, souvent au prix du sang. Sur le monde de Haadekh, une Force de Frappe de la 2e Confrérie sous les ordres du Chapelain Subdakhar perdit la chasse lorsque les essaims de la Flotte-Ruche Hydre les submergèrent. La défaite fut aussi coûteuse qu’horrible, et cet affront ne pouvait rester impuni. Mais Khajog Khan savait que de nouvelles tactiques de chasse étaient requises pour vaincre cette nouvelle proie et empêcher d’autres bains de sang. Après avoir étudié les bibliothèques de Quan Zhou et s’être longuement entretenu avec les Devins d’Orage du Chapitre, Khajog Khan imagina un stratagème.

Les White Scars retrouvèrent la Flotte-Ruche Hydre sur le monde volcanique instable de Horatian Utukh, une planète que Khajog Khan considérait comme le terrain de chasse idéal. Attirés par la biomasse présente dans les niches de forage de la planète, les Tyranides étaient déjà passés à l’attaque lorsque les White Scars arrivèrent, et les corps chitineux se massèrent au pied des murs de la cité tels des remparts vivants. Khajog Khan dépêcha une Force de Frappe équipée de toutes les armes à flammes disponibles, depuis les armes portatives jusqu’aux canons Incendium. La 2e Confrérie se déploya sur les arrières des Tyranides à la Ruche Lakhvor, puis déchaîna une tempête de feu qui décima les essaims et incinéra la chair Xenos plus vite qu’elle ne pouvait se régénérer.

Les Tyranides tournèrent leur attention sur cette nouvelle proie, poussant des hurlements psychiques pour attirer des spores mycétiques de l’orbite. Les White Scars se replièrent et pénétrèrent dans les champs de lave instables, attirant les Tyranides à leur suite. Des Frères de Bataille périrent lorsque leurs transports furent rattrapés par le raz-de-marée Xenos. Les White Scars connaissaient le prix de la victoire, et s’enfoncèrent plus profondément dans le paysage désolé de plaques de basalte fracturées et de torrents de lave. Ils tiraient sans discontinuer sur les Tyranides, appuyés par leurs Escorteurs qui mitraillaient sans relâche les bêtes dirigeantes. Dans leurs spasmes d’agonie, ces monstres appelèrent d’autres biocréatures dans les champs de lave jusqu’à ce qu’enfin le poids des monstres fût trop important pour les sols fragilisés. Sur un signal de Khajog Khan, des Escorteurs et des transporteurs de chars récupérèrent les White Scars alors que le magma submergeait les terres. Des centaines de milliers de Bioformes Tyranides furent anéanties en quelques minutes. Khajog Khan et ses guerriers s’envolèrent pour rejoindre leurs croiseurs afin de se réapprovisionner et de combler leurs pertes avant de réitérer leur ruse. Ce n’était que la première victoire d’une éprouvante campagne, mais ce n’en était pas moins une première étape sur le chemin de la vengeance.

La Troisième Guerre d'Armageddon

Armageddon fut à nouveau le théâtre d’un conflit sanglant et coûteux pour l’Imperium. Mais dans les désolations glacées des Terres Mortes, les manœuvres audacieux des White Scars leur permirent d’exploiter au mieux leur vitesse et leur puissance de feu.

Lorsque le Boss de Guerre Ork Ghazghkull Thraka déclencha sa deuxième Waaagh! contre le Monde-Ruche pollué d’Armageddon, plus de vingt Chapitres Space Marines répondirent à l’appel à l’aide. Les White Scars envoyèrent pas moins de trois Confréries sur la planète couverte de cendres pour repousser la menace Xenos.

Des millions de Peaux-Vertes déferlèrent sur la planète pour brûler et piller. Mais leurs attaques n’étaient pas aléatoires. Les Kultes d’la Vitess’ assaillirent les Terres Mortes au sud d’Armageddon, un désert glacé qui était le site d’une infrastructure vitale pour l’Imperium. Les White Scars de Jubal Khan se déployèrent dans leur totalité dans les Terres Mortes. Suboden Khan, le second de Jubal, commandait une Force de Frappe séparée chargée de sécuriser les usines de traitement d’eau et de prométhéum. Jubal conduisit ses troupes restantes sur la côte nord, où une reconnaissance orbitale avait détecté des Orks occupés à bâtir d’immenses structures. Les Peaux-Vertes ne pouvaient pas continuer sans entraves.

Lorsque Jubal Khan arriva, les Orks avaient édifié un complexe d’usines le long du littoral. Ses éclaireurs trouvèrent sur place un dédale de chantiers jonchés de débris occupés par un grand nombre d’Orks. En outre, ils découvrirent que ces installations en expansion constante étaient en réalité des chantiers navals, et que les Peaux-Vertes construisaient des dizaines de sous-marins dans un but inconnu. Cependant, tous comprenaient que ces submersibles pouvaient causer des ravages et qu’ils devaient être détruits avant de prendre la mer. Jubal Khan n’avait pas d’autre choix que d’attaquer. Sa stratégie initiale consistait à attirer les Orks loin de leur chantier. Une fois l’attention des Peaux-Vertes détournée, des équipes d’extermination White Scars attaquèrent les chantiers navals pour détruire autant de bâtiments que possible avant que les Orks pussent esquisser la moindre riposte.

Malgré ces efforts, les travaux se poursuivirent. Les Orks construisaient si vite que les raids des White Scars étaient inefficaces, et d’énormes Nobz terrorisaient les ouvriers afin qu’ils continuassent la production en dépit de l’imminence de la bataille. Jubal décida qu’il était temps de porter le combat au cœur du complexe. Les White Scars progressaient lentement dans ces chantiers navals encombrés d’engins et de matériel. Ils livraient dans chaque bâtiment rouillé des corps à corps féroces. Aux rugissements des Orks répondaient les cris de guerre des Chogoriens. Ils progressaient de jour en jour, combattant au milieu des structures en feu, roulant sur les cadavres des Orks comme sur ceux de leurs frères trépassés. Leurs respirateurs et leurs Bolters étaient souillés de cendres et de poussière, mais jamais ils ne reculèrent. Malheureusement, cela ne suffit pas.

Lorsque les White Scars virent des flottilles de sous-marins et de navires Orks semblables à des bidonvilles flottants s’élancer sur l’Océan des Tempêtes, ils comprirent qu’ils avaient échoué. Décidé à réparer cette erreur, Jubal jura de détruire les chantiers navals restants et d’empêcher les Orks de bâtir une nouvelle flotte de bâtiments d’invasion.

Le Canyon de Dante

Sur les Ailes de la Tempête

Lors des combats violents dans les chantiers navals Orks, les forces aériennes des White Scars accomplirent des prouesses. Des hordes de Peaux-Vertes chargeaient les guerriers de Jugal Khan et l’artillerie pilonnait les Space Marines. Nombre de bâtiments durent être nettoyés à plusieurs reprises, et les couloirs et passerelles ne devinrent inaccessibles pour les Orks que lorsque leurs cadavres bloquaient tout passage. Face à des effectifs si nombreux, Jugal recourut à des tactiques désespérées. Il ordonna au contingent aérien de sa Force de Frappe de se déployer sur son théâtre d’opérations. et lui demanda d’effectuer des frappes pratiquement sur la position de ses propres combattants afin de circonscrire la marée Ork.

Grâce à leurs salves de missiles précises, les Stormtalons et les intercepteurs Stormhawks réduisirent l’artillerie Ork au silence. Des Escorteurs à la livrée blanche mitraillèrent les Peaux-Vertes jusqu’à ce qu’ils tombassent à court de munitions. Les transports larguèrent des caisses de munitions et évacuèrent les blessés. Les tirs de laser et de Multi-Fuseur réduisirent les véhicules, les navires et les bâtiments Orks à l’état de monceaux de métal fondu, tandis que leurs occupants furent incinérés vivants. Enfin, les forces terrestres de Jubal Khan parvinrent à reprendre l’initiative.

L’escadrille de Stormtalon Arashei combattait aux côtés de Jubal bien avant sa demande de renforts, poussant leurs appareils au-delà de leurs limites à chaque sortie. Ils interceptèrent les Motos de Guerre qui cherchaient à prendre les White Scars de flanc.

Ils affrontèrent des chasseurs Peaux-Vertes qu’ils abattirent par dizaines à l’issue de combats tournoyants épiques. Ils détruisirent un navire Ork en cours de chargement et l’explosion qui s’ensuivit incinéra des milliers de Xenos et envoya par le fond des tonnes de matériel et des navires plus petits. Lorsqu’ils reçurent enfin des renforts, les pilotes de l’escadrille Arashei combattirent avec une vigueur renouvelée, décidés à ne pas cesser leurs attaques jusqu’à la victoire totale.

Cette supériorité prit fin lorsque les forces aériennes Orks furent mobilisées en masse pour contrecarrer les White Scars. Des jets rudimentaires et des bombardiers envahirent le ciel tels des insectes dans un marécage. Les pilotes White Scars se délectaient de les affronter partout où ils se manifestaient, impatients de livrer les combats tournoyants dont ils avaient jusqu’alors été privés. Œuvrant de conserve, les as d’Arashei affrontèrent des formations supérieures en nombre. Lorsqu’une escadrille était en mauvaise posture, les pilotes Space Marines fondaient sur l’ennemi pour permettre aux survivants de se dégager. Ils interceptèrent avec succès un appareil suicide qui fonçait droit sur la position de Jubal Khan, et lorsqu’ils combattirent l’escadrille de Blitza-Bomba de Zarbog, leurs tirs étaient si concentrés que les bombes Orks explosèrent sur leurs pylônes d’emport de charge, ce qui détruisit les appareils en plein vol. À la fin de la campagne d’Armageddon, l’escadrille Arashei était entrée dans la légende, et la simple mention de son nom suffisait à galvaniser les White Scars.

Ailleurs, dès le début du conflit, Suboden Khan avait compris que les effectifs de ses forces étaient insuffisants pour sécuriser les infrastructures vitales des Terres Mortes, aussi décida-t-il de priver l’ennemi de cette ressource, de l’attirer en un seul endroit et de l’écraser complètement. Il ordonna la destruction des stations de pompage de Valdez Gamma et de Yarrick Point. Cette stratégie risquée pousserait inévitablement les Orks à se concentrer sur le Canyon de Dante, la seule station de forage de prométhéum à des kilomètres à la ronde.

Entouré de hautes falaises de glace et de neige compactée, le Canyon de Dante était l’endroit idéal pour attirer les Peaux-Vertes dans une embuscade et les abattre. Les Scouts de Suboden Khan posèrent des explosifs pour causer des avalanches et fragiliser la glace. Seul un petit détachement de Frères de Bataille gardait la station, ce qui en faisait une cible irrésistible pour les Orks. Un deuxième détachement, plus important, avait pour mission de provoquer les Xenos pour les attirer dans le terrain piégé. Un dernier détachement, commandé par Suboden Khan en personne, comptait des Marines d’Assaut chargés d’affronter le chef de la horde Ork et de l’éliminer.

Les escouades tenant la station furent la cible d’un assaut aérien conduit par des vagues de Chokboys. Grâce à des tirs de Bolter d’une précision mortelle, nombre d’Orks périrent avant de toucher le sol, leurs cadavres s’écrasant bruyamment sur le périmètre de la station. Ceux qui se posèrent furent accueillis par les tulwars et les lames de combat des White Scars, mais leurs effectifs finirent par faire pencher la balance en leur faveur. La situation était désespérée.

Pendant ce temps, le deuxième détachement de White Scars engageait le combat en poussant force cris de joie. Le rugissement des moteurs couvrait à peine les rires des Space Marines et l’air était chargé d’une odeur de fumée, d’essence et de chair calcinée. Lorsqu’ils furent certains d’avoir attiré l’attention des Orks, les White Scars se replièrent. Abandonnant les dépouilles des frères tombés au combat, ils se dirigèrent vers le Canyon de Dante, suivis par les Peaux-Vertes. Ils attirèrent leurs poursuivants à l’endroit où ils l’avaient voulu, et déclenchèrent les explosifs, qui firent couler des torrents de neige et de blocs de glace sur les Xenos, qui furent engloutis par les avalanches, tandis que la banquise fragilisée céda sous le poids des véhicules Peaux-Vertes, qui s’enfoncèrent dans les profondeurs glaciales. De nombreux White Scars périrent, mais la majorité des Orks fut éliminée. Néanmoins, le Boss de Guerre et ses guerriers d’élite faisaient toujours route vers la station de forage. C’était à Suboden de jouer.

Lors du combat qui s’ensuivit, le chef Ork abattit de nombreux White Scars, en poussant des rugissements de rage. Suboden harcelait le Boss de Guerre comme un frelon en furie, frappant de sa lame avant de se retirer, exacerbant la rage de son adversaire. Durant ce duel sans merci, le chef Peau-Verte saisit les Réacteurs Dorsaux de Suboden Khan et les broya dans sa Pince Énergétique. Alors même que le Khan blessé semblait sur le point d’être écrasé à son tour, il parvint à décapiter le Boss de Guerre dans son dernier souffle. Face à ces lourdes pertes, dont celle de leur chef, les Orks prirent la fuite et furent anéantis. Cette victoire avait été remportée de haute lutte, face à un ennemi largement supérieur en nombre.

Des Profondeurs du Maelström

C’est à l’époque qui précéda directement l’ouverture de la Grande Faille que le Secteur Yasan fut attaqué par Huron Sombrecœur, Seigneur Space Marine du Chaos et roi pirate. Tandis que Jubal Khan dirigeait les combats sur Armageddon, c’est à Barutai Khan, Maître de la 2e Confrérie, qu’échut la défense de Chogoris. La flotte de Huron Sombrecœur jaillit du Maelström en une formation C’était un trident pointé sur le Secteur Yasan, qui s’y enfonça avec toute la férocité de l’engeance du Chaos. Des vaisseaux de classe Desolator et Repulsive éliminèrent sans mal les frégates de défense impériales. Des escadrilles de chasseurs hérétiques et des nuées de Métadracs s’élancèrent dans le vide intersidéral, tandis que des Space Hulks s’approchèrent des plateformes de défense tels des lunes malveillantes. Gartuli et Thaxis tombèrent sous les coups des envahisseurs, et les forces du Chaos massacrèrent leurs défenseurs tandis que les réfugiés fuyaient vers Chogoris.

Très peu de vaisseaux atteignirent l’orbite de Chogoris, car le Warp était secoué de courants tumultueux, engloutissant les vaisseaux impériaux dans des tourbillons de démence tout en offrant un passage sûr aux vaisseaux renégats. Lorsque les sondes de surveillance à la lisière du système signalèrent l’arrivée des forces du Chaos, Barutai Khan savait déjà que le conflit ne pourrait se régler dans l’espace. Il se tint sur les remparts de Quan Zhou pour observer le ciel qui s’embrasait, et déclara que l’issue de la guerre se déciderait sur le sol de Chogoris même.

La majorité du Chapitre était en mission loin de Chogoris lorsque Huron Sombrecœur lança son offensive. Dès les premiers signes annonciateurs du danger, les Astropathes avaient lancé des appels de détresse dans le Warp pour demander à tous les fils du Faucon de défendre la planète du Chapitre. Mais Barutai Khan savait que les renforts n’arriveraient jamais à temps : ses forces étaient surclassées par les appareils de débarquement qui s’apprêtaient à atterrir sur son monde, et elles devraient faire appel à toute leur ruse pour l’emporter.

Les White Scars font face à une invasion des forces du Chaos sur leur monde natal alors que la Grande Faille s’ouvre !

Les White Scars disposaient de deux atouts. Tout d’abord, ils connaissaient intimement leur monde natal, et savaient en prévoir la météo tumultueuse. Les White Scars exploitèrent les déconvenues de l’ennemi chaque fois qu’il s’enlisait dans les marais salants ou se perdait dans les tempêtes de poussière. Ainsi, de nombreuses bandes du Chaos tombèrent dans des embuscades au cœur d’ouragans, furent assaillies par des motards White Scars alors qu’ils parcouraient des défilés périlleux, quand ils ne furent pas la proie de super-prédateurs attirés par les Scouts du Chapitre. Ensuite, les White Scars combattaient en une force cohérente tandis que leurs adversaires s’étaient séparés en dizaines de groupes de pillards dont les champions cherchaient les faveurs des Dieux Sombres. Les envahisseurs perdirent des semaines à pourchasser les tribus du Quart Vide, qui ripostaient avec toutes leurs armes.

Malgré ces assauts, la bataille s’annonçait désespérée. Les White Scars harcelaient l’ennemi sans relâche, mais cela ne ralentissait pas les forces du Chaos pour autant. Les camps nomades étaient incendiés les uns après les autres. Les fortifications des White Scars furent démolies. Les Forces de Frappe subissaient de lourdes pertes, et partout où Huron Sombrecœur foulait le champ de bataille, les envahisseurs étaient invincibles. Même le retour de Jubal Khan avec les survivants de la Force de Frappe d’Armageddon ne permit pas de ralentir la horde d’hérétiques. Pire encore, les cieux tourmentés se déchirèrent pour vomir un flot de folie et de terreur qui balaya la planète ; dans le firmament, la Cicatrix Maledictum béait, et le Maelström s’étendit pour consumer les bordures du Secteur Yasan. Sur Chogoris, des légions de Démons se joignirent aux troupes de Sombrecœur.

Les tribus s’enfuirent devant ces entités terrifiantes, mais des centaines de milliers d’habitants n’en furent pas moins exterminées. Voyant que les tribus où les White Scars puisaient leurs recrues risquaient d’être annihilées, Jubal Khan ordonna à ses guerriers de frapper sans répit les forces du Chaos, et d’inciter le plus d’ennemis possible à les suivre. Ainsi, des mois après que le premier hérétique eut posé le pied sur Chogoris, le sort des White Scars fut décidé par un siège dans les montagnes de Khum Karta, où se dressait la Forteresse-Monastère du Chapitre.

C’est en cette heure la plus noire que Kor’sarro Khan et sa 3e Confrérie atteignirent Chogoris. Ils avaient bravé les tempêtes de démence et les ténèbres de la Noctis Aeterna pour regagner leur monde natal, et ce périple leur avait coûté cher. Mais ils ne perdirent pas une seconde et réorganisèrent les forces White Scars dispersées dans le Quart Vide, et constituèrent une milice à partir des tribus en état de combattre. À la tête de cette gigantesque partie de chasse, Kor’sarro Khan donna l’assaut sur les arrières des assiégeants. Ses Devins d’Orage invoquèrent une imposante tempête chogorienne pour dissimuler leur attaque, et avant que Huron Sombrecœur pût comprendre le danger, ses troupes furent assaillies à l’avant comme à l’arrière. Après trois jours d’une bataille sanglante, les guerriers de Kor’sarro réussirent une percée en direction de Quan Zhou et forcèrent Sombrecœur à effectuer un repli tactique.

Toutefois, les hérétiques n’avaient pas dit leur dernier mot, car leurs réserves accoururent de toutes les régions de Chogoris pour répondre à ce nouveau défi. Heureusement, la Noctis Aeterna cessa sur Chogoris, et avec elle l’énergie du Warp se retira pour un temps. Nombre des alliés démoniaques de Sombrecœur se dématérialisèrent et, voyant que l’issue était moins certaine qu’il l’avait anticipé, le Tyran de Badab décida de battre en retraite. Laissant derrière lui des bandes de renégats pour continuer à ravager Chogoris, Sombrecœur et l’élite de ses Red Corsairs regagnèrent des forteresses capturées ailleurs dans le Secteur Yasan ; la galaxie était coupée en deux, l’âge du Chaos était proche, et Huron Sombrecœur savait qu’il avait tout le temps de conquérir le foyer du Faucon. De leur côté, les White Scars purent reprendre leur planète durement éprouvée, et se préparer à affronter les horreurs qui ne manqueraient pas de se produire.

Sources

Pensée du Jour : « Il n’y a pas de miséricorde parmi les étoiles, seulement une éternité de guerre. »
  • Codex Supplement White Scars, V8
  • The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence
  1. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter The White Scars (traduit de l'anglais par Guilhem)
  2. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter The White Scars - Origins : Terra's Forgotten Sons (traduit de l'anglais par Guilhem)
  3. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter The White Scars - The Khan of Khans (traduit de l'anglais par Guilhem)
  4. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter The White Scars - The Price of Freedom (traduit de l'anglais par Guilhem)
  5. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter The White Scars - The First Blooding (traduit de l'anglais par Guilhem)
  6. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter The White Scars - Chogoris : The Empty Quarter (traduit de l'anglais par Guilhem)
  7. The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter The White Scars - The Laughing Killers (traduit de l'anglais par Guilhem)
  8. Informations issues du Codex Supplement White Scars, V8 - Annales des White Scars et résumées par Guilhem.