Histoire des Tyranides
Des ténèbres glaciales du vide intergalactique viennent les Tyranides, une race d’aliens voraces, une horde innombrable de super-prédateurs gouvernés par l’instinct de chasser, de tuer et de se nourrir. Chaque Tyranide est une arme vivante, parfaitement adaptée à la fonction qui lui a été assignée, une cellule d’une vaste entité collective contrôlée par la volonté de l’Esprit-Ruche. Les Flottes-Ruches Tyranides dérivent dans l’espace, dépouillant les mondes-proies de toute leur biomasse, ne laissant que la roche nue dans leur sillage. Elles sont le fléau ultime qui menace la galaxie, et toutes les races qui la peuplent.
Voici l’histoire des incursions Tyranides, depuis les premières batailles contre l’Imperium de l’Humanité jusqu’au cauchemar de la Troisième Guerre Tyranique.
Première Guerre Tyranique
Le premier contact enregistré avec les Tyranides eut lieu au début de 745.M41, aux frontières orientales de l’Imperium. Jusqu’à cet instant, l’Humanité était totalement inconsciente de cette nouvelle menace, et si un des anciens empires de la galaxie la connaissait, aucun d’eux ne jugea utile d’en informer l’Imperium.
La Flotte-Ruche Béhémoth - 745.M41
Le premier contact entre l’Imperium et la menace tyranide, eut lieu sur un avant-poste isolé du système Tyran situé aux confins sud-est de la galaxie. La planète Tyran abritait des installations de l’Adeptus Mechanicus servant de relais pour l’étude de secteurs inconnus aux frontières de l’Imperium. En raison de son isolement, le complexe était bien protégé et doté d’un chœur astropathique capable de communiquer avec la Sainte Terra, située à plus de 60000 années-lumière.
La base principale, Tyran Primus, était implantée au milieu des vastes océans de la planète, profondément enfouie sur une île à l’extrémité d’une ancienne chaîne volcanique. Elle était lourdement fortifiée afin de résister aux puissantes tempêtes ainsi qu’aux voraces formes de vie océanique. Quatre grands lasers, protégés par des silos blindés, assuraient donc sa défense aussi bien contre les vaisseaux spatiaux en maraude, que contre les monstruosités qui rôdaient dans les fonds abyssaux.
La Venue des Tyranides
Les premiers signes d’une menace à la frontière orientale de l’Imperium prirent la forme de rapports en provenance de Tyran, qui indiquaient qu’à la limite de l’univers connu se trouvaient plusieurs mondes entièrement ravagés. Or, d’antiques comptes rendus les décrivaient comme étant propices à la vie, mais les expéditions plus récentes ne découvrirent que des rochers nus et sans atmosphère. Au début, ces signes ne furent pas pris au sérieux car les premières explorations dataient de centaines, voire de milliers d’années en arrière et il se pouvait fort bien que leurs procès verbaux soient entachés d’erreurs.
Puis les Technomages découvrirent d’autres mondes, connus pour leurs riches écosystèmes, qui avaient été transformés en planétoïdes désertiques. Les équipes d’enquête dépêchées sur place furent incapables de découvrir la cause de ce phénomène inquiétant, et les rapports rédigés passèrent inaperçus. Les astres qui en faisaient l’objet n’étaient pas connus comme abritant des formes de vie intelligentes et ils se trouvaient à des milliers d’années-lumière de tout système colonisé par l’homme. Dans une galaxie comprenant des millions de mondes, de tels mystères ne sont pas rares, ainsi ces informations inquiétantes furent recouvertes d’une épaisse couche de poussière comme tant d’autres blocs de données des archives de l’Administratum sur Terra.
Tandis que l’avant-poste de Tyran continuait à signaler les mondes morts, ce faisceau d’indices attira l’attention d’une organisation qui exècre les faits inexpliqués : l’Inquisition. L’éminent Kryptman, Inquisiteur respecté pour sa clairvoyante condamnation de l’Hérésie Macharienne, commença à poser des questions à propos de ces étranges événements du sud-est galactique. Les Adeptes du bureau de l’Explorator n’avaient que peu d’informations à lui fournir, mais en les recoupant avec celles des rapports en provenance de Tyran, il mit en évidence une tendance dans le phénomène : il s’étendait de plus en plus profondément dans la bordure galactique et se dirigeait droit sur Tyran. L’Inquisiteur présenta ses conclusions à ses pairs lors d’un conclave et reçut l’autorisation d’aller enquêter sur place. Malheureusement il était déjà trop tard, et tandis que l’astronef qu’il commandait voyageait à travers le Warp, Tyran fut attaquée.
La Destruction de Tyran
L’Inquisiteur Kryptman reçut le dernier message de Tyran des mois après l’attaque, et il s’écoula plus d’un an avant que son vaisseau n’atteigne le système. Tout d’abord, il lui fut impossible de reconnaître la planète océanique dont la surface était, à présent déshydratée et dépourvue de toute matière organique. Au terme des longues recherches sur place, il parvint à exhumer un bloc de données profondément enfoui sous la surface du globe. C’est ainsi qu’il découvrit quels furent les derniers instants de Tyran, ainsi que la nature de la menace Xenos qui pesait sur l’Imperium.
Le bloc lui révéla que le Magos Varnak, membre de l’élite dirigeante du Culte Mechanicus, était en train d’étudier des mondes de la Bordure Orientale lorsque Tyran Primus détecta un nuage d’un millier d’objets pénétrant le système. Le propre vaisseau de Varnak fut endommagé par un champ de mines organiques situé en périphérie de ce nuage, mais il parvint à rejoindre la base. Moins d’une semaine plus tard, les premières attaques Xenos débutèrent. Kryptman et sa suite observaient, impassibles, d’innombrables images des cieux de Tyran déchirés par les éclairs des lasers de défense qui tentaient de repousser les envahisseurs extraterrestres. La bataille inégale dura un peu plus d’une heure, durant laquelle les équipages des batteries antiaériennes firent feu sur des centaines de Bio-vaisseaux essayant d’atterrir à la surface de l’astre. Soudain, à leur grand étonnement, l’ennemi battit en retraite. Pourtant Kryptman savait que le pire restait à venir.
Varnak avait envoyé ses trois vaisseaux planétaires restants à la poursuite de l’adversaire inconnu. Malgré les parasites, les enregistrements de leurs auguroptiques étaient assez clairs pour que Kryptman puisse voir enfin son visage : les envahisseurs étaient des Xenos de grande taille, dotés d’épaisses carapaces et selon toute vraisemblance parfaitement adaptés à la vie dans l’espace.
Leurs capacités de combat n’étaient pas en reste, et l’un après l’autre, les vaisseaux planétaires furent désemparés ou détruits. Les défenses de Tyran n’avaient éliminé qu’une douzaine de ces monstres alors que l’essaim en comptait un millier. Varnak compris qu’en cas de nouvelle attaque, Tyran était perdue.
Or, pour une raison inconnue, son Astropathe n’avait émis aucun message de détresse. Le Psyker de Kryptman, la mine grave, lui annonça que plus d’un an après le passage des extraterrestres, la perturbation du Warp engendrée par leur présence rendait presque impossible l’emploi de l’astrotélépathie. Ce codex de données était le seul moyen que Varnak avait trouvé pour conserver le savoir acquis au prix d’une planète entière.
Kryptman observa en silence le reste de l’enregistrement qui montrait des milliers de spores mycétiques traversant l’atmosphère de Tyran. Les lasers de défense désintégraient tous ceux qui auraient pu se poser sur Tyran Primus, mais des centaines d’autres tombaient dans les eaux qui se mirent à bouillonner du combat entre les voraces espèces locales et extraterrestres. Les formes victorieuses de ces dernières sortirent des flots pour partir à l’assaut de la base. Grâce aux images capturées par les yeux de Servocrânes, Kryptman put observer le Magos Varnak surveillant la progression ennemie sur ses écrans de contrôle. Ils montraient des créatures bipèdes à six membres, armées de griffes et de crocs. Les tirs de défense légers ricochaient sur leurs carapaces comme de vulgaires grêlons et ils se taillaient un chemin à travers les champs énergétiques et les plaques de plastacier comme s’il ne s’agissait que de verre et de papier. Les Serviteurs qui gardaient le spatioport ripostaient efficacement avec des lance-flammes jusqu’à ce que des créatures géantes avec des pattes en forme de faux et apparemment insensibles aux flammes n’enfoncent leurs lignes.
À présent, chaque écran en face de Varnak montrait une marée de Xenos qui envahissait la base, détruisant tout sur son passage. L’index du Magos était nerveusement tendu au-dessus du bouton qui allait envoyer en sécurité ce bloc de données, au plus profond de la base. Kryptman aurait aimé que Varnak attende encore, sachant que chaque seconde pouvait livrer de précieux indices sur la nature de l’ennemi.
Mais il prit fin avec une prière fervente adressée à l’Empereur, qui couvrait à peine les rafales désespérées et les cris des mourants, les ultimes paroles de Varnak prenant la forme d’une prophétie funeste. L’écran était à présent occupé par une image fixe du ciel de Tyran, obscurci par des milliards d’extraterrestres. Kryptman était atterré par sa découverte et ses implications. Tout ce qui restait du monde perdu de Tyran fut le nom donné à ses destructeurs : les Tyranides.
Thandros
Kryptman ordonna immédiatement à son Astropathe d’envoyer un message à l’Imperium, mais le Psyker ne parvint pas à contourner les perturbations Warp engendrées par le passage de la flotte Tyranide. Même la matrice de relais de l’Adeptus Telepathica, dans le système Thandros situé non loin, était également impossible à contacter. En désespoir de cause, Kryptman décida de se rendre sur Thandros pour essayer d’y rétablir le contact avec l’Imperium.
Mais les Tyranides avaient également attaqué cette planète, et elle était bien moins défendue que Tyran. Les mineurs de Thandros II et III ne purent ni se réfugier dans des abris fortifiés, ni fuir dans l’espace, et furent tous pourchassés et massacrés par des horreurs sans nom dans le labyrinthe des galeries souterraines qu’ils avaient creusé. La matrice de relais en orbite autour de Thandros I avait mieux résisté, mais une fois à cours de munitions et d’énergie, elle avait aussi été submergée. Tout comme sur Tyran, l’équipage de la station n’avait pas pu lancer de signaux de détresse en raison du blocus psychique Tyranide. Les humains du système Thandros s’étaient battus seuls et étaient morts de même.
Les savants de la suite de Kryptman réussirent à réactiver la matrice de relais et un message pu être enfin envoyé pour prévenir l’Imperium de l’importance de la menace Tyranide. Son Astropathe, les yeux rouges de fatigue après les jours de concentration nécessaires à l’envoi du codex de Varnak et du rapport de son maître, reçut un message. Les Seigneurs de l’Ordo Xenos ordonnaient à l’Inquisiteur Kryptman de se rendre sur la planète Macragge, dans le système Ultramar, l’empire du Chapitre Ultramarines de l’Adeptus Astartes. Il devrait ensuite aider le Maître du Chapitre à localiser et détruire la flotte Tyranide. Comme l’exigeait la tradition impériale, la menace extraterrestre fut baptisée d’un nom terrifiant et légendaire : Béhémoth.
La Bataille de Macragge
Nous pouvons tuer les Tyranides sur nos mondes, chasser leurs flottes de l’espace, broyer leurs armées et les réduire en pièces. Mais leur faim ? Elle, nous ne pourrons jamais la faire disparaître. »
Des dizaines de bâtiments étaient déjà présents dans le système, et il en surgissait de nouveaux hors du Warp tous les jours. Des forteresses orbitales ceignaient Macragge d’une importante puissance de feu, et de massives barges de bataille Space Marines se tenaient prêtes, tels d’immenses monolithes d’azur, gravées des gueules béantes de leurs ponts de lancement et de leurs tubes lance-torpilles. Ces vastes vaisseaux ridiculisaient par leur taille les Croiseurs d’Attaque élancés rappelés depuis des avant-postes éloignés.
Les Ultramarines se préparaient à une guerre totale contre les Tyranides, et Kryptman s’autorisa même une lueur d’espoir lorsqu’il apprit que la flotte de guerre Tempestus avait quitté les docks orbitaux de Bakka pour venir leur prêter main-forte. L’Inquisiteur avait rencontré Marneus Calgar, Maître du Chapitre, et au terme d’une longue discussion, il avait convenu que Macragge était le système le plus directement menacé par la Flotte-Ruche Béhémoth. La planète Macragge elle-même, déjà fort bien défendue, voyait ses fortifications renforcées, et les Ultramarines aidés des groupes de défense auxiliaires en assureraient la protection jusqu’à ce que les flottes arrivent pour engager les Tyranides.
Un mois plus tard, les Xenos attaquèrent Macragge. Une flotte de plus d’un millier de Biovaisseaux écarta sans peine le premier barrage constitué de Croiseurs d’Attaque Space Marines, et s’enfonça plus profondément dans le système. Une part importante s’en détacha pour fondre sur Prandium, un Monde Jardin paradisiaque surnommé "le Joyau d’Ultramar". Elle ne laissa dans son sillage qu’un astre dévasté et stérile.
Malgré les mises en garde de Kryptman, Calgar fut atterré par le destin de Prandium. Toujours sans nouvelles de la flotte de Bakka, il dut se résoudre à employer celle d’Ultramar dans un plan risqué consistant à attirer les Tyranides vers les puissantes défenses de Macragge. Lorsque les extraterrestres l’encerclèrent, Calgar, ayant feint de quitter le système, contre-attaqua en profitant de leur éparpillement qui les rendait plus vulnérables. Les vaisseaux Space Marines se frayèrent un chemin sanglant afin de rejoindre à nouveau la protection des lourds armements de Macragge.
Au plus fort de la bataille, des chasseurs basés sur la planète réussirent à désemparer l’un des plus grands navires organiques, or cela perturba la cohésion de la Xeno-flotte. Ses attaques se firent moins coordonnées et les bâtiments Ultramarines éliminèrent un grand nombre de vaisseaux ennemis. Simultanément, il pleuvait des milliers de spores sur les stations de défense polaires de Macragge. En peu de temps, une marée de Tyranides se ruait vers ces lieux stratégiques, clefs de voûte du système de défense planétaire.
Dans les profondeurs de l’espace, les Space Marines prenaient le dessus et des Vaisseaux-Ruches battaient en retraite. Calgar ordonna à sa flotte de donner la chasse malgré son inquiétude quant au destin des forteresses polaires. Il savait que leur protection avait été confiée aux Ultramarines de la Première Compagnie, secondés par des groupes de défense auxiliaires et les Titans de la Legio Praetor. La plus grande partie des Space Marines étaient rassemblés en escouades Terminator équipées du meilleur matériel que l’Imperium puisse fournir. Confiant la destinée de Macragge à ces guerriers vétérans, Calgar poursuivit la flotte extraterrestre.
Près des pôles de Macragge, les essaims Tyranides, tels une vague de griffes et de crocs, assaillaient les forteresses à travers les éclairs saccadés des lasers. Le bruit assourdissant des rafales de Bolters et des barrages d’artillerie couvrait le cliquetis et les cris stridents des extraterrestres qui avançaient inexorablement.
Peu à peu, les défenseurs se retranchaient de plus en plus profondément dans la base, tout en faisant payer au prix fort chaque mètre de terrain cédé. Les Titans de la Legio Praetor arpentaient les champs de glace en creusant, avec plasma et obus, de larges sillons dans la marée de Xenos. Stationnés en orbite basse, les vaisseaux désemparés de la flotte de Calgar, restés en arrière, bombardaient les Tyranides avec des charges explosives de plusieurs mégatonnes. Mais rien ne semblait pouvoir arrêter leur avance. La férocité des essaims était incroyable. Autour de la forteresse du nord, ils franchissaient les fortifications en montant sur les cadavres des leurs. Leur nombre suffisait pour venir à bout des Titans, à l’image du lion terrassé par des fourmis. Les canons surchauffaient malgré le froid polaire et les stocks de munitions prévus pour soutenir un siège s’épuisaient rapidement. Partout autour des défenses, la neige était teintée des fluides vitaux des Tyranides.
Dans l’espace, la poursuite continuait en direction des anneaux du monde de Circe, à la limite du système Macragge. C’est à cet instant qu’arriva la flotte de guerre Tempestus de Bakka, dirigée par le cuirassé de classe Emperor Dominus Astra, et sa présence sonna le glas de la Flotte-Ruche, prise entre les tirs croisés des deux armadas. Cependant la résistance Tyranide fit des ravages : les deux cents vaisseaux de guerre que comptait la flotte Tempestus furent presque tous détruits. La bataille autour de Circe ne fut gagnée que grâce au sacrifice du Dominus Astra qui fonça au cœur de l’armada ennemie, puis déclencha ses moteurs Warp. Tout le centre de la flotte Xenos fut ainsi aspiré dans un vortex, ainsi que le bâtiment amiral impérial. Les vaisseaux rescapés de la flotte de Calgar firent demi-tour à toute vitesse dans l’espoir de rejoindre les forteresses polaires de Macragge, et de prêter main-forte à leurs garnisons avant qu’il ne soit trop tard.
Calgar et ses Frères de Bataille furent accueillis par des scènes de carnage invraisemblables, des piles de carcasses d’extraterrestres enchevêtrées et de matériel militaire endommagé étaient éparpillées sur la glace, de vastes cratères fumants parsemaient le paysage enneigé, là où les réacteurs à plasma des Titans avaient fondu. Partout planait une odeur de mort. Près de la forteresse sud, il ne restait qu’une poignée de Tyranides mais au nord, les essaims luttaient encore férocement. Les corps à corps désespérés qui éclataient dans et autour des installations étaient sanglants et de nombreuses escouades d’Ultramarines se sacrifièrent pour tenir leurs positions. Le manque de stratégie dont faisaient preuve les envahisseurs finit par leur coûter la victoire, et les créatures furent pour la plupart éliminées.
Dans les couloirs encombrés de cadavres des forteresses polaires, témoins de l’âpreté des combats, les renforts Ultramarines, aux effectifs réduits, se frayèrent un chemin au Lance-Flammes. Dans celle du nord, les survivants de la Troisième Compagnie atteignirent finalement le generatorium inférieur, mais il était trop tard. Les carcasses de Tyranides s’entassaient en cercle autour des dépouilles de Terminator qui avaient combattu et péri dos à dos. La Première Compagnie avait assuré avec succès la défense de leur objectif, mais au prix de la vie de chacun de ses membres. Ce fut une perte irréparable pour le Chapitre.
- Pour plus de détails, voir l’article dédié : la Bataille de Macragge.
Deuxième Guerre Tyranique
Au cours des deux cents ans qui suivirent Béhémoth, l’Imperium ne fut plus attaqué par les Tyranides. Même si plusieurs Flottes-Ruches arrivèrent, elles s’en prirent à des mondes extraterrestres. Les scientifiques croyaient que ces invasions étaient des vrilles éparses de Béhémoth, et que la menace des Tyranides avait disparu. Rien n’était plus éloigné de la vérité.
La Flotte-Ruche Kraken - 993.M41
L'Éveil du Kraken
L’Imperium fut incapable de contre-attaquer après la Première Guerre Tyranique. La Flotte-Ruche Béhémoth était arrivée d’une zone inexplorée de l’espace et avait disparu après la Bataille pour Macragge.
Les Technomages de Mars consacrèrent plusieurs années à l’étude et à la classification des artefacts et des extraterrestres trouvés sur Macragge, mais restaient impuissants à identifier leur origine. Il était avéré que les Tyranides formaient une race incroyablement variée, usant d’une biotechnologie avancée, mais la seule découverte notable fut que les Tyranides avaient utilisé des Génovores comme troupes de choc. Auparavant, il était admis que ces créatures extraterrestres étaient originaires des lunes d’Ymgarl et s’étaient répandues dans l’espace en infestant des vaisseaux, mais leur présence aux côtés des Tyranides réduisait à néant cette théorie. Des analyses génétiques poussées révélèrent que même les Génovores à la bouche garnie de tentacules d’Ymgarl étaient en fait des organismes Tyranides. Pourquoi donc peuplaient-ils le nord-ouest de la galaxie ? Le Chapitre Space Marine des Salamanders se lança dans une campagne xénocide pour purger les lunes d’Ymgarl, tandis que l’Inquisition restait vigilante afin de prévenir toute infestation. Mais rien de plus n’en ressortit.
Deux siècles et demi passèrent sans que les Tyranides ne refassent parler d’eux. Cependant, lorsque des mondes du sud-est de la galaxie furent agités par divers actes de sabotage, de terrorisme, voire de soulèvement, l’Ordo Hereticus de l’Inquisition ne perdit pas de temps et alla rapidement enquêter. Le premier souci de l’Imperium était la rébellion du monde industriel d’Ichar IV. Peu après le début des troubles, l’Inquisiteur Agmar, jeune mais néanmoins efficace membre de l’Ordo Hereticus, mena plusieurs forces de combat dans la capitale, Lomas. Peu à peu, le mystère entourant les événements ayant conduit à la présente situation fut éclairci. Les divinations du Tarot de l’Empereur et de l’Adeptus Astra Telepathica indiquèrent quelque chose de bien pire qu’une simple rébellion : une infestation Génovore d’une ampleur sans précédent était à l’origine des soulèvements sur Ichar. Aussi, dans le plus grand secret, Agmar envoya un message au Conclave de l’Inquisition et attendit l’arrivée de renforts Space Marines.
L'Invasion des Ultramarines
Trente-neuf jours après le début de la rébellion, la barge de bataille Octavius des Ultramarines entra dans l’orbite d’Ichar et se prépara à envoyer ses Modules d’Atterrissage. Les défenses de la planète avaient été lourdement endommagées par l’Adeptus Arbites lors des combats de rue qui avaient suivi l’insurrection, aussi les pertes subies par l’Astartes lors de sa descente furent minimes. Les Marines s’emparèrent rapidement de l’arsenal et des quartiers généraux de la milice, établis dans le palais du gouverneur. De petits groupes de fanatiques tenaient encore la moindre tour et le moindre bastion, tandis que des essaims de Génovores durent être délogés de leurs repaires souterrains dans les catacombes et les cathédrales de Lomas. La rébellion fut frappée au cœur après une bataille désespérée dans les entrailles de la planète, et peu après l’Imperium reprit les rues dévastées, écrasant les ennemis qui y résistaient.
Ichar IV était revenue dans la main de fer de l’Imperium après trois semaines de combats. La moindre trace de l’infestation avait été éliminée grâce au zèle de l’Inquisiteur Agmar, avec l’aide des Ultramarines.
Mais les événements d’Ichar IV demeuraient inexpliqués. Les rapports des Astropathes signalaient la présence d’une légère perturbation psychique. Semblable à une longue plainte, ce signal émanant de la planète avait cessé lorsque l’infestation avait été annihilée. Le plus vieux et le plus puissant des Astropathes avait révélé à Agmar que lui aussi avait senti cet appel, et qu’il avait ensuite perçu un très lointain mouvement dans le Warp. L’impression qui s’en dégageait était celle d’une forme immense et agitée, l’ombre terrible d’une entité tournant son attention vers Ichar.
Lorsqu’Agmar fit son rapport au Conclave de l’Inquisition, il apprit que de plus en plus de gens fuyaient les abords extérieurs du système. Les informations qu’il reçut étaient floues et parfois contradictoires, mais une chose était sûre : les Tyranides étaient revenus avec une nouvelle Flotte-Ruche, qui reçut le nom de code "Kraken".
Les Tentacules du Kraken
L’invasion vint sans s’annoncer, et nul ne pouvait dire combien de planètes étaient déjà tombées sur son passage. Kraken s’avéra être constituée de multiples flottes mineures qui frappèrent simultanément en différents endroits du système. La perturbation engendrée dans l’Empyrée par le passage de l’ennemi avait bloqué les communications astropathiques, et tout voyage Warp devint extrêmement dangereux. Des sous-secteurs entiers avaient déjà été engloutis sans qu’aucune information n’en provienne. Les rares survivants s’étaient enfuis à bord de vaisseaux de fortune, et les remous de l’Immaterium les avait fait dévier de leur course de plusieurs centaines d’années-lumière. Le peu qu’ils rapportèrent constitua bientôt l’essentiel des informations disponibles sur la progression de la Flotte-Ruche.
Ils racontèrent comment le ciel était devenu noir au-dessus de continents entiers, comment des vents empoisonnés charriaient des nuages de spores dans l’atmosphère, comment des monstres gigantesques avaient foulé leur planète, tuant de leurs griffes quiconque croisait leur route. Ils racontèrent comment des millions de créatures pouvaient grouiller sur le visage d’un monde, dévorant tout sur leur chemin et ne laissant derrière elles qu’un désert stérile. Des villes entières avaient disparu en une nuit, et leurs survivants ne pouvaient qu’envier les morts.
Dans le système de Miral, des régiments de la Garde Impériale, accompagnés du Chapitre des Scythes of the Emperor, tenaient bon face aux Tyranides qui avaient envahi les jungles et les plantations de Miral Prime. Les forces impériales s’étaient retranchées sur un immense plateau rocheux, appelé le Cercueil du Géant, et c’est là qu’elles affrontaient désormais quotidiennement les nuées voraces jaillies de la jungle à leurs pieds. La végétation même avait acquis une vitalité extraordinaire depuis l’invasion, et seul un déboisement quasi-constant empêchait des lianes chargées de spores ennemies de recouvrir l’îlot de roc.
Un marchand rapporta des rumeurs venant du Monde Sauvage de Lamaron, une planète tombée sous la coupe des Génovores. Lorsque la Flotte-Ruche Tyranide arriva, les féroces tribus qui y vivaient embarquèrent calmement dans les vaisseaux organiques Tyranides, heureuses d’être consommés par leurs nouveaux dieux. Il rapporta aussi une histoire selon laquelle les moines du gigantesque astéroïde-monastère de Salem avaient répandu un virus nécrotique dans leur fragile éco-système pour empêcher leurs os et leurs chairs d’être absorbés par les Tyranides. Salem n’était désormais plus qu’un tombeau.
Un autre capitaine marchand participa à l’évacuation de millions de personnes des Mondes Miniers de Devlan avant que celui-ci ne soit absorbé : le périmètre de surveillance composé de stations Sentinel réussit à ralentir les Tyranides assez longtemps pour qu’une flotte de plusieurs cargos géants ait le temps de s’échapper. Une compagnie de Space Marines du Chapitre des Lamenters repoussa les attaques frénétiques des Tyranides jusqu’à ce que le dernier vaisseau ait décollé. Encerclés et coupés de tout, les Lamenters recommandèrent leurs âmes à l’Empereur et réussirent à infliger de lourdes pertes aux envahisseurs avant que leurs précieux gènes ne soient consommés.
Même la fuite ne semblait pas être une solution. L’un des énormes cargos échappés de Devlan arriva à destination, mais à bord tout était noir et silencieux. Aucune communication n’émanait du vaisseau, qui effectua un atterrissage automatisé loin de toute habitation. Les équipes qui l’explorèrent découvrirent ses corridors transformés en abattoir. Hommes, femmes et enfants avaient été massacrés par centaines, par milliers. L’Inquisition soupçonna qu’un manquement au protocole de quarantaine avait permis à un organisme Tyranide de monter à bord, mais ils ne purent le retrouver. L’identité de la créature et son devenir restèrent donc un mystère.
Pendant ce temps, les défenses orbitales de Graia avaient su retenir pour un temps la Flotte-Ruche, mais les agresseurs avaient pris pied sur sa lune. Des pluies de spores mycétiques descendaient du ciel, chacune apportant son lot de destruction. Des explorateurs racontèrent avoir découvert un monde inhabité au cœur du Bord Oriental, fertilisé avec des organismes d’attaque Tyranides lors d’un raid éclair des dizaines d’années auparavant. Des nuées de monstres aux griffes acérées avaient massacré tous les habitants, et se retournaient à présent les unes contre les autres dans leur frénésie guerrière.
À l’échelle galactique, Kraken se déplaçait comme une nuée de flottes indépendantes, attaquant sur un front large de milliers d’années-lumière. Certains mondes étaient évités, d’autres isolés, d’autres enfin attaqués par surprise, aussi une défense cohérente était-elle impossible à organiser. L’Imperium était obligé de concentrer ses défenses sur les Mondes-Ruches et les Mondes-Forges les plus importants stratégiquement parlant, tout en évacuant et abandonnant à leur sort les planètes mineures, laissant ainsi passer les tentacules de la Flotte-Ruche en maints endroits. Les divinations d’Agmar et les événements qui s’étaient déroulés sur Ichar permirent toutefois à l’Imperium d’anticiper la direction vers laquelle convergeait la majorité de la Flotte-Ruche, et ceci donna lieu à la terrible bataille d’Ichar IV en 933M.41.
La Bataille d'Ichar IV
Grâce aux avertissements donnés par ceux qui avaient permis d’écraser l’insurrection, les Ultramarines furent en mesure d’organiser une défense solide autour du système d’Ichar. Le Maître du Chapitre était présent, et mena sa flotte vers une éclatante victoire contre l’armada Tyranide, tandis que des équipes de vétérans de la Bataille pour Macragge purgèrent les ruches d’Ichar en une série de combats épouvantables qui dura près d’une année. La population de ce monde dévasté paya un lourd tribut à la guerre, et la planète fut pratiquement réduite à un immense charnier.
À peu près au même moment, l’Inquisiteur Czevak rapporta que le Vaisseau-Monde d’Iyanden était la proie d’une série d’attaques Tyranides. Le Vaisseau-Monde avait repoussé des vagues et des vagues d’agresseurs, mais avait vu sa flotte pratiquement détruite. Plusieurs essaims de Tyranides avaient atteint le Vaisseau-Monde même et les combats avaient fait rage parmi les graciles tours de moelle spectrale et sous les magnifiques dômes de cristal. La majeure partie du Vaisseau-Monde était à présent en ruine, ombre décrépite de sa grandeur passée. Les quatre cinquième de la population étaient morts ou mourants : un coup terrible avait été porté à la race Aeldari. Bien que les forces de la Flotte-Ruche Kraken fussent brisées par les deux défaites qu’elle essuya à Ichar et sur Iyanden, des centaines de mondes habités étaient tombés. Deux Chapitres de Space Marines basés sur la Bordure Orientale, les Scythes of the Emperor et les Lamenters, avaient été réduits à néant, l’équivalent d’une seule compagnie survivant dans chacun d’eux. Et pire que tout, si l’essentiel de la Flotte-Ruche avait été contré et que la situation de la bordure orientale semblait stabilisée, un nombre inconnu de flottes mineures s’était éloigné du gros de l’incursion.
Le Fléau d'Iyanden
Mais elle n’a pas été soufflée. Parias et exilé, partons à la guerre. Nous percerons les ténèbres comme une lance de feu. Nous exterminerons la vermine qui cherche à profaner le Temple d’Asuryan.
Si nous devons mourir, qu’il en soit ainsi. Que ce soit la lame à la main, parmi les esprits de nos ancêtres et les cadavres de nos ennemis. Qu’en dites-vous, exilés, d’Iyanden ? Êtes-vous avec moi ? »Au moment même où la Flotte-Ruche Kraken affrontait l’Imperium sur Ichar IV, une de ses vrilles s’approchait d’Iyanden, un des Vaisseaux-Mondes les plus vastes et les plus peuplés. C’est au cœur de son étrange architecture de moelle spectrale qu’allait se dérouler la bataille la plus sanglante entre les Aeldari et les Tyranides.
Même si les Grands Prophètes d’Iyanden avaient lu des présages inquiétants dans les runes, la première preuve tangible de la présence des Tyranides fut rapportée par les Rangers. Une vrille de la Flotte-Ruche Kraken se dirigeait droit sur Iyanden. Elle était trop vaste pour que les Aeldaris puissent lui échapper et aucune défense ne pourrait lui résister. Le Grand Prophète Kelmon, le chef spirituel d’Iyanden, déclara que tout le Vaisseau-Monde devait se préparer à la guerre pour espérer vaincre un tel ennemi, et un rituel sacré fut célébré pour éveiller l’Avatar du Dieu à la Main Sanglante.
La Mort en Marche
Malgré la mobilisation de tous les habitants d’Iyanden, les Tyranides écrasaient toujours les Aeldaris sous le nombre. Kelmon dut se résigner à ordonner le déploiement des Soldats Fantômes, une décision aussi grave qu’une profanation de tombe aux yeux du peuple Aeldari. Les pierres-esprits des ancêtres d’Iyanden furent ainsi retirées de leurs lieux de repos pour être enchâssées dans des exosquelettes de moelle spectrale afin de se battre aux côtés des vivants. Cet acte désespéré était la preuve du danger que représentait la Flotte-Ruche Kraken. Sans les Soldats Fantômes, les Tyranides auraient submergé le Vaisseau-Monde, mais en tirant les morts de leur sommeil, Kelmon mettait en péril la sagesse millénaire et la mémoire du peuple d’Iyanden.
L'Ombre s'Abat
Les premières nuées Tyranides attaquèrent Iyanden une vingtaine de jours après que les Rangers eurent averti le Vaisseau-Monde. Celui-ci était déjà isolé depuis une semaine par l’ombre dans le Warp, et tous les Aeldaris en ressentaient un malaise. Des milliers de Bio-vaisseaux entourèrent la gigantesque nef comme un banc de requins, et l’attaquèrent par vagues, sans relâche. La formidable flotte d’Iyanden détruisit ces formations les unes après les autres, mais la capacité des forges du Vaisseau-Monde à produire de nouveaux bâtiments était largement dépassée par les pertes qui s’accumulaient dans ce combat spatial. Peu à peu, les navires Aeldaris périrent dans les mâchoires du Grand Dévoreur, et avant que leur flotte ne puisse se réorganiser, deux vagues Tyranides colossales se jetèrent sur le Vaisseau-Monde. Les bâtiments Aeldaris survivants furent balayés par cet assaut. Les Bio-vaisseaux bouffis masquèrent les étoiles tandis qu’ils encerclaient leur proie et s’y agrippaient pour y vomir des myriades de créatures hideuses qui envahirent les jardins délicats d’Iyanden. Un hurlement horrible résonna à travers le circuit d’infinité tandis que les hordes de créatures griffues se déversaient au cœur du sanctuaire des Aeldaris.
L'Attaque de Kraken
Des fusillades et des corps à corps éclatèrent partout dans le Vaisseau-Monde, les adversaires n’étant souvent séparés que par un mur de moelle spectrale ou par un couloir. Les Gardiens affrontaient des milliers de Termagants, en échangeant des volées de shuriken et de larves d’écorcheurs. Les Guerriers Aspects et les Soldats Fantômes se frayaient un chemin à travers la marée de Génovores et de Guerriers Tyranides qui obstruaient les artères du Vaisseau-Monde tel un cancer. Sous les voûtes des plus grands halls, les Éperviers Voltigeurs combattaient les Gargouilles dans un ballet aérien mortel, tandis que les appareils d’attaque Aeldari et les Virago des Ruches aux ailes de cuir étaient tour à tour prédateurs et proies alors qu’ils évoluaient à des vitesses vertigineuses entre les piliers d’albâtre. Les Carnifex se mesuraient aux vénérables Seigneurs Fantômes, les Trygons luttaient contre les Chevaliers Fantômes pendant que des Titans Fantômes gracieux affrontaient d’immenses Biotitans sur un sol recouvert d’une épaisse couche de spores. La guerre s’étendit sur le plan psychique lorsque Zoanthropes et Spirites engagèrent des duels mentaux. Les Aeldaris n’avaient nulle part où se cacher, aucun abri que les Tyranides ne pouvaient atteindre et aucune arme ni guerrier que les envahisseurs ne pouvaient égaler. Rapidement, le nombre de Soldats Fantômes dépassa celui des Aeldaris encore en vie.
Les Aeldaris vendirent chèrement leurs vies, mais cela ne s’avéra pas suffisant. La Forteresse des Larmes tomba la première, puis le Temple d’Asuryan fut détruit. La perte la plus terrible fut celle de la Forêt du Silence. On dit que les Aeldaris pleurèrent des larmes de rage et de désespoir en voyant les Tyranides abattre les fragiles structures cristallines, et que ce fut à cet instant qu’ils comprirent qu’ils étaient condamnés.
Le Fils Prodigue
La nouvelle du péril qui menaçait Iyanden parvint au Prince Yriel malgré l’Ombre dans le Warp. Il avait juré de ne jamais retourner sur son Vaisseau-Monde depuis qu’il avait été dégradé plusieurs années auparavant, mais il ne put se résoudre à abandonner les siens en cette heure sombre. Ravalant sa fierté, Yriel vint porter secours à Iyanden.
Ses forces percèrent le blocus de la Flotte-Ruche comme la lance de Khaine. Le prince renégat était un amiral inégalable, et il parvint à joindre ses forces à celles des survivants de la flotte d’Iyanden pour arracher le cœur de la nuée Tyranide. Il empêcha d’autres vagues d’atteindre le Vaisseau-Monde tout en organisant des contre-attaques sur les plus gros Bio-vaisseaux. Kraken lança deux vagues de plus, mais elles furent annihilées. À bout de force mais indomptée, la flotte d’Yriel se prépara à son ultime bataille, sachant pertinemment qu’elle ne résisterait pas à un nouvel assaut. Les minutes passèrent, puis les heures, tandis que les navires Aeldaris scrutaient le vide dans l’attente d’une attaque, mais les Tyranides ne vinrent jamais. La Flotte-Ruche avait été détruite.
La Mort de la Bête
Sur Iyanden, la bataille continuait à faire rage. Les Tyranides luttaient à présent avec la fureur d’animaux acculés. Un énorme Tyran des Ruches menait les assauts. Ni les shurikens, ni les lames ne pouvaient percer sa carapace et partout où il se trouvait, les Aeldaris étaient massacrés. À travers tout le Vaisseau-Monde, les Tyranides réussissaient des percées et exterminaient les dernières poches de résistance des Aeldaris. L’ultime instant de la bataille était sur le point de se jouer et la victoire était à portée de griffe de l’Esprit-Ruche.
L’Avatar du Dieu à la Main Sanglante avança au milieu du carnage. Il rugit son défi à l’encontre de son ennemi, sa voix grondant comme un volcan. Toutefois, au lieu d’affronter en personne l’être de métal, le Tyran envoya une douzaine de Carnifex à la rencontre de l’Avatar. Contre de tels adversaires, même l’incarnation du Dieu à la Main Sanglante ne pouvait espérer l’emporter.
Avec la perte de l’Avatar s’envolèrent les derniers espoirs des Aeldaris. Ce fut alors que, dans un acte de bravoure qui allait le propulser au firmament des héros de sa race, Yriel débarqua avec son équipage pour renforcer les défenseurs d’Iyanden. Les Tyranides étaient sur le point de submerger leurs lignes lorsque le prince corsaire en personne se jeta dans la mêlée en brandissant la Lance du Crépuscule. Cette arme antique conservée dans un champ de stase par les prophètes d’Iyanden était si puissante qu’elle drainait non seulement la force vitale, mais également l’esprit immortel de son porteur. Le fait qu’Yriel consente à se sacrifier témoignait des extrémités nécessaires pour vaincre les Tyranides.
D’un seul coup d’estoc, Yriel transperça le crâne du monstre à travers sa gueule béante. La créature s’effondra à ses pieds en poussant un cri horrible. L’écho de sa mort psychique se répercuta dans toute la horde extraterrestre. Une fois son ultime relais synaptique détruit, celle-ci cessa d’agir de façon coordonnée et retourna à ses réactions instinctives. Les Tyranides s’éparpillèrent, devenant par là même des proies faciles, et furent impitoyablement traqués et exterminés par les Aeldaris. La bataille d’Iyanden était terminée.
Une Amère Victoire
La victoire d’Iyanden avait eu un coût exorbitant. Bien que l’assaillant eût été défait, le Vaisseau-Monde était en ruines. Quatre cinquièmes de sa population gisaient morts. C’était un revers terrible pour les Aeldaris. Parmi les défunts figurait le Grand Prophète Kelmon. Son cadavre était entouré par ceux d’une douzaine de Tyranides calcinés par le feu psychique qu’il avait déchaîné avant de périr. Pire encore, les âmes contenues dans les pierres-esprits détruites par les Tyranides avaient été perdues. Iyanden ne s’en remettrait jamais. Les Aeldaris avaient appris la leçon dans la douleur et ne sous-estimeraient plus jamais la menace du Grand Dévoreur.
La Flotte-Ruche était à présent réduite à une parcelle de ce qu’elle était, mais une telle prouesse n’était pas seulement le fait des défenseurs d’Iyanden, ni des Ultramarines d’Ichar IV. Les Aeldaris et l’Imperium avaient sans le savoir combattu pour la même cause : si Kraken n’avait pas attaqué Iyanden, la victoire des Ultramarines sur Ichar IV aurait été impossible, et inversement. Si Ichar ou Iyanden était tombé, la Flotte-Ruche se serait révélée impossible à arrêter.
Les Flottes Mineures
Les restes éparpillés de l’attaque Tyranide sur Ichar IV semblent s’être enfuis vers le cœur de la galaxie, bien au-delà des périmètres de défense établis pour contrer la Flotte-Ruche Kraken. Ces flottes mineures sont devenues un danger considérable car elles s’en prennent aux mondes mal défendus éloignés des zones des combats. Elles peuvent comprendre moins d’une dizaine de Vaisseaux-Ruches, mais cette quantité reste tout à fait capable de submerger un monde entier, comme ce fut le cas sur Tyran voici plus de deux siècles. Des combats continuels contre les flottes mineures détournent des ressources de la lutte contre Kraken, tandis que ces sous-flottes gagnent chaque jour en force en assimilant les mondes qu’elles dévorent.
Mais le combat n’est pas vain, car l’Imperium a pu glaner de nombreux renseignements sur la meilleure façon de contrer cet ennemi extraterrestre. À plusieurs reprises, des groupes de Space Marines ont abordé des vaisseaux Tyranides alors que leur équipage était encore endormi suite à sa sortie du Warp. Ces escouades se sont ensuite faufilées jusqu’au cœur des entrailles du vaisseau, rassemblant un maximum d’informations sur les créatures avant de les détruire par milliers tandis qu’elles reposaient, inertes, en hibernation. Les informations rassemblées par ces vaillants soldats se sont révélées vitales pour contrer la menace.
Guerre Totale
L’Adeptus Terra était suffisamment perturbé par les rapports émanant de l’Ultima Segmentum pour en référer aux Hauts Seigneurs de Terra. Leur conclusion fut rapide et laconique : les intrusions Tyranides dans l’Imperium devaient être arrêtées à tout prix, la race Tyranide devait être étudiée et, si possible, totalement exterminée. Le Tarot de l’Empereur prédisait la venue d’un âge de ténèbres sans pareil depuis l’Hérésie d'Horus, lorsque le Dévoreur de Mondes s’en prendrait à la galaxie entière, celui-ci n’ayant révélé qu’une partie de ses véritables forces. Au commandement des Hauts Seigneurs, la machine militaire impériale se mit en branle, lentement mais inexorablement, et se tourna vers l’Ultima Segmentum, prête pour une guerre totale.
La Flotte-Ruche Naga
Pendant près de deux siècles, l’Imperium estima que la Flotte-Ruche Naga (que les Aeldaris appellent Shai’naid, le Serpent aux Anneaux Infinis) n’était qu’une vrille secondaire de la Flotte-Ruche Béhémoth qui dérivait dans le vide en attendant d’y mourir de faim. Ce point de vue est compréhensible, car jusqu’à l’émergence de la Flotte-Ruche Kraken, peu de membres de l’Administratum étaient prêts à croire que la menace Tyranide n’avait pas été exterminée et que d’autres Flottes-Ruches allaient déferler sur la galaxie. Cette hypothèse était renforcée par le fait que la zone de déprédation de Naga ne débordait que légèrement sur des mondes impériaux. La seule véritable concentration de ces mondes, l’Amas Ybarique, se trouvait au-delà de la frontière orientale du secteur Vidar. À l’époque de l’invasion de la Flotte-Ruche, des tempêtes Warp avaient coupé ces mondes de l’Imperium pendant plusieurs siècles. Lorsque les tempêtes se calmèrent, les planètes de l’Amas Ybarique avaient été vidées de toute vie et la Flotte-Ruche Naga n’était plus.
Or, si l’attaque de la Flotte-Ruche Naga n’a eu que peu d’impact sur l’Imperium, cela ne veut pas dire qu’elle représentait une menace mineure. L’essentiel des planètes humaines avait été épargné par son passage, mais elle avait ravagé d’innombrables mondes Xenos. Les Asuryanis perdirent deux Mondes Vierges et sept mondes Exodites sous ses griffes, et près de trois douzaines de civilisations mineures disparurent dans ses fosses de digestion. Si Naga était entrée dans le plan galactique un peu plus au sud, elle aurait sans doute exterminé la civilisation naissante des T'au.
La destruction de la Flotte-Ruche Naga ne fut donc pas du fait de l’Imperium - bien que les mondes de l’Amas Ybarique lui eussent résisté avec vaillance - mais de celui des Asuryanis. Des flottes des Vaisseaux-Mondes Malan’tai, Iyanden et Idharæ convergèrent sur l’armada ennemie et la vainquirent au terme d’une série d’attaques que seuls des Asuryanis auraient pu exécuter en subissant aussi peu de pertes. Au final, Naga figurait parmi les Flottes-Ruches les plus réduites, mais se rassurer de ce constat n’est possible que si l’on oublie que toutes sont dirigées par l’Esprit-Ruche.
La Flotte-Ruche Naga fut donc exterminée, mais elle eut avant cela le temps de "goûter" à plusieurs dizaines de formes de biomasse inconnues. Et comme Béhémoth avant elle, elle apprit beaucoup sur les défenseurs de cette galaxie. L’Esprit-Ruche avait déjà eu un bon aperçu des capacités martiales et des tactiques employées par l’Imperium, mais à présent qu’il avait goûté à l’âme et à la chair des Asuryanis, sa faim n’en était que plus grande…
La Flotte-Ruche Gorgone
Kraken n’était pas la seule Flotte-Ruche à écumer la galaxie dans le sillage de Béhémoth. Plusieurs Flottes-Ruches de moindre importance étendaient également leurs vrilles à la Bordure Orientale, et si elles ne firent qu’effleurer le domaine de l’Imperium, l’Empire T’au émergeant fut moins chanceux et dut lutter pour éviter sa propre extinction.
La Flotte-Ruche Gorgone comme de nombreuses autres, telles que Naga, Chimera ou Scarabus, fut au départ considérée comme une simple vrille de Béhémoth. Même ainsi, une telle distinction n’est pertinente que si on écarte le fait que tous les Tyranides sont sous la direction d’une seule conscience. L’Esprit-Ruche sondait les défenses de la galaxie à la recherche d’une faiblesse qu’il pourrait exploiter tout en poursuivant sa quête de nouvelles races à dévorer. Il avait eu l’occasion de goûter aux T’au, et cela l’avait mis en appétit.
Les T’au ne furent alertés de l’arrivée de la Flotte-Ruche que lorsque plusieurs planètes périphériques qui commerçaient avec eux devinrent soudain muettes. Puis des vaisseaux de réfugiés rapportèrent les horreurs Xenos qui avaient dévoré leurs mondes. Toutes les tentatives pour établir un contact pacifique avec les Tyranides furent désastreuses et la Caste du Feu se résolu à déployer ses forces pour endiguer l’assaut.
Malgré sa taille modeste, la Flotte-Ruche Gorgone mit les T’au en grand péril. Elle possédait assez de Bio-vaisseaux pour submerger les armadas qui patrouillaient sur les frontières de leur domaine, et pouvait libérer suffisamment d’organismes guerriers pour engloutir une planète entière. Toutefois, ses effectifs n’étaient pas son arme la plus redoutable, car la Flotte-Ruche Gorgone possédait des capacités d’adaptation exceptionnelles au niveau biologique. À chaque nouvelle bataille apparaissaient de nouveaux organismes conçus spécifiquement pour défaire les ennemis qui avaient eu raison de la génération précédente. Cela définissait la véritable nature de la guerre contre les T’au : s’adapter ou périr.
Chair contre Technologie
Le T’au choisirent d’intervenir sur le monde forestier Sha’draig. Les colonies périphériques furent simplement évacuées tandis que l’ombre de Gorgone menaçait de les recouvrir. De cette façon, les T’au purent concentrer leurs forces au lieu de les étirer à travers des dizaines de mondes affrontant un ennemi à la supériorité numérique avérée. Le premier assaut des Tyranides sur Sha’draig fut un échec retentissant. Les T’au avaient patiemment attendu que la horde se fût approchée à distance de tir optimale pour faucher des centaines de créatures à chaque volée de projectiles à impulsions. Les quelques organismes Tyranides massifs qui avançaient pesamment vers les ligne des défenseurs furent ensuite méthodiquement abattus par les blindés T’au faisant feu à portée maximale, et qui criblaient les monstres avec leurs canons à ions avant même que les bêtes puissent utiliser leurs énormes pinces. De rares Tyranides parvinrent à essuyer la tempère de tirs de plasma, mais alors qu’ils fonçaient tête baissée sur les exo-armures en faction, leurs corps furent mis en pièces par les systèmes d’armes œuvrant de concert. Naïvement, les T’au crurent que leur technologie était supérieure à tout ce que le Tyranides pourraient leur opposer. Puis une autre vague d’organismes tomba du ciel, et le deuxième assaut débuta.
Afin de contrer les puissants fusils à impulsions des T’au, la Flotte-Ruche Gorgone restructura les carapaces de ses guerriers pour absorber les décharges de plasma, et les armes qui avaient été si meurtrières perdirent leur efficacité. Alors qu’il suffisait auparavant d’un tir pour tuer un Hormagaunt, deux voire trois étaient à présent requis pour en faucher un. Pire, des Tyranides monstrueux qui avaient fusionné avec des biocanons géants dépassant de leur dos rôdaient sur le champ de bataille, chassant les chars T’au à distance et brisant le exo-armures Broadside qui dépassaient des lignes des défenseurs. Les T’au durent battre en retraite sous le tir de couverture de leurs alliés Kroots, dont les balles sniper avaient conservé tout leur potentiel meurtrier. À couvert dans la forêt, les Kroots furent capables de rester hors d’atteinte des Tyranides, et leurs tireurs d’élite parvinrent à ralentir la progression de l’essaim. Mais l’Esprit-Ruche libéra une nouvelle vague de créatures, des bêtes bouffies dont les armes dorsales projetèrent des flammes qui incinérèrent leurs proies dans leur sanctuaire. À leurs côtés, des silhouettes serpentines avançaient sans être gênées par la végétation. Elles se ruèrent sur les poches de survivants et les massacrèrent en un battement de cœur.
Les Kroots moururent par milliers, mais leur sacrifice laissa assez de temps aux T’au pour se regrouper et réarmer leurs exo-armures. Ils équipèrent leurs unités de nacelles de missiles et de fusils-rails expérimentaux, dont les projectiles n’avaient pas encore été employés contre les Tyranides. La balance pencha de nouveau en faveur des T’au tandis que ces nouvelles armes creusaient des sillons sanglants dans les rangs des Tyranides, et avec beaucoup d’efforts, ce deuxième assaut fut repoussé. Gorgone était toutefois un ennemi implacable et le cycle d’adaptation reprit de plus belle après cette défaite.
Lorsque les Tyranides revinrent à la charge à la surface de Sha’draig, l’Esprit-Ruche avait engendré des créatures frêles qui se mêlaient à la nuée en émettant d’épais nuages de spores, masquant ainsi l’approche de la horde. Les tirs de plasma et de munitions solides pouvaient difficilement atteindre les créatures ainsi dissimulées, et seuls les missiles perfectionnés des exo-armures Broadside conservèrent leur efficacité malgré la brume. Leurs barrages saturèrent de larges zones, et chaque explosions réduisaient des dizaines de Tyranides en charpie. Il ne fallut pas longtemps avant que le sol tremble sous les Broadside, et que des Mawlocs surgissent sous leurs pieds et les engloutissent. Les T’au étaient trop peu nombreux à présent pour tenir leur position et c’est avec le cœur lourd qu’ils abandonnèrent Sha’draig à la Flotte-Ruche Gorgone et se replièrent sur le sept de Ke’lshan.
Retraite vers Ke'lshan
Bien qu’il fût poursuivi par des dizaines de Bio-vaisseaux, seuls quelques navires du cadre furent abordés et détruits avant que les T’au traversent le blocus des Tyranides. Insensibles à l’Ombre dans le Warp, les moteurs ZFR Horizon des bâtiments T’au les propulsèrent à vitesse sub-luminique à travers l’espace matériel et ils arrivèrent sans encombre sur Ke’lshan. Il fallut beaucoup plus de temps aux Tyranides pour couvrir cette distance, et pour la première fois depuis plusieurs mois, les T’au bénéficiaient d’un bref répit.
Toutefois, ils découvrirent en arrivant sur Ke’lshan que le sept était aux prises avec l’Imperium de l’Humanité. Sans perdre une seconde, la flotte T’au s’abattit sur les intrus, mais ces derniers s’étaient déployés en force. Une douzaine de régiments de Gardes Impériaux du célèbre 18e Cadien étaient déjà retranchés à la surface de la planète et déterminés à reprendre ce monde au nom de l’Empereur. La bataille fit rage durant plusieurs jours, tandis que la Flotte-Ruche se rapprochait inexorablement.
Étrange Alliance
Lorsque les Tyranides pénétrèrent dans le système de Ke’lshan, les Psykers Primaris cadiens furent pris de crises. Leur babil dément alerta les Impériaux du danger. Comprenant l’ampleur de la menace et sa nature universelle, la Castellan Crask, commandant des forces impériales, accepta un cessez-le-feu et convint d’une trêve avec les T’au afin d’affronter cet ennemi commun. Pendant une des rares périodes répertoriées de l’histoire, Gardes Impériaux et Guerriers de Feu se tinrent côte à côte, en frères d’armes, contre les Tyranides.
Œuvrant de concert, les T’au et les Impériaux ravagèrent l’avant-garde de la Flotte-Ruche Gorgone. En dépit de lourdes pertes, les alliés détruisirent la plupart des Bio-vaisseaux, ce qui handicapa sévèrement les capacités incubatrices des Tyranides. Quelques navires organiques quittèrent le système, non sans avoir déposé leurs essaims sur Ke’lshan, mais les T’au les traquèrent, déterminés à les éradiquer. Pendant ce temps, à la surface, les alliés luttaient contre la horde. Trois régiments de la Garde Impériale et deux cadres furent submergés par le premier assaut. Cependant, contrairement à ce qui s’était produit sur Sha’draig, les Tyranides ne purent s’adapter à la diversité des armes et des tactiques employées par les alliés. Lentement les T’au et les Impériaux firent reculer l’essaim, et durant la bataille de Worldspine Ridge, le dernier Tyran des Ruches fut abattu. Laissées à elles-mêmes, les bêtes furent purgées sans grande peine. L’alliance fut vite rompue, mais la Flotte-Ruche Gorgone avait été vaincue.
La Flotte-Ruche dévasta ainsi une bonne partie de l’Empire T’au, mais l’Imperium estima qu’il ne s’agissait que d’une menace mineure. En effet, les Tyranides rencontrés par les Cadiens à la surface de Kel’shan ne représentaient qu’une fraction minime des effectifs originels de la Flotte-Ruche. Le Castellan Crask ne se priva pas de déclarer que les T’au étaient des faibles pour n’avoir pas su gérer seuls une invasion Tyranide aussi réduite. Ce point de vue, avec les conclusions volontairement mal interprétées qui en étaient la cause, fut le principal facteur déclencheur de la campagne du Marteau de Fer, qui ne tarda pas à devenir le plus terrible engagement opposant l’Imperium aux T’au. Mais ceci est une autre histoire.
L'Ombre du Futur
Malgré sa défaite, l’invasion de la Flotte-Ruche Gorgone allait avoir des implications à long terme pour les T’au. Avant sa destruction, trois de ses Vaisseaux-Ruches quittèrent le gros de la flotte et firent demi-tour vers le vide, poursuivis de prés par des navires T’au. Ces derniers croyaient que ces Vaisseaux-Ruches détenaient la totalité de la mémoire biologique de la flotte, le souvenir des armes ennemies et le potentiel de leur chair, alors que ces informations étaient déjà parvenues jusqu’à l’Esprit-Ruche. Les T’au pensèrent, de manière erronée, que ces connaissances ne seraient transmises que si les Vaisseaux-Ruches survivants contactaient les autres flottes Tyranides qui avançaient vers leur empire.
L’invasion de la Flotte-Ruche Gorgone allait avoir des implications à long terme. En constatant à quelle vitesse leur technologie avait été surpassée, les T’au développèrent de nouvelles armes à un rythme effréné. Cependant, plus d’un siècle s’écoulerait avant que les T’au aient à affronter de nouveau les Tyranides, aussi l’efficacité de leur arsenal avancé contre l’insatiable Esprit-Ruche resterait à déterminer.
La Flotte-Ruche Jormungandr
Vers la fin de 995.M41, la Grand Amiral Vortigern Hanroth livra la Bataille de la Nébuleuse Noire qui aboutit à la la destruction de la Flotte-Ruche Jormungandr. À cette époque, la nouvelle de l’arrivée des Tyranides s’était propagée dans toute la Bordure Orientale, et des systèmes qui pensaient être à l’abri de leurs déprédations furent saisis par la peur.
C’est pour cette raison que la flotte d’Hanroth alignait non seulement le fleuron des vaisseaux en provenance des docks de Bakka et de Sodremund, mais aussi une alliance disparate de navires originaires de mondes mineurs. Des Slavebird Vassaliens, des Shadowcruisers Cimmériaques, des Thunderprows de Donarathi et quelques autres bâtiments tels qu’on n’en avait plus vu depuis la destruction de Golgotha progressaient aux côtes des formes colossales des Croiseurs super-lourds et des Barges de Bataille de la flotte impériale. On raconte même que deux vaisseaux de commerce Demiurges étaient présents. Cependant, aucune faction de cette alliance ne faisait réellement confiance aux autres. D’ailleurs, Vassaliens et Donarathi étaient en guerre avant l’arrivée de Jormungandr, et Hanroth mènerait cinq ans plus tard l’anéantissement de la civilisation Cimmériaque. Quoi qu’il en soit, Jormungandr représentait un péril tel que nul ne pouvait l’ignorer ou s’y opposer seul.
Même avec une telle armada, la victoire d’Hanroth fut particulièrement difficile. La Flotte-Ruche Jormungandr avait amassé des quantités prodigieuses de biomasse et n’avait pas encore livré de bataille à grande échelle. De plus, elle obéissait à une conscience unique, alors que la flotte d’Hanroth était une alliance composée de factions peu enclines à coopérer. Heureusement, la flotte impériale au cœur de l’armada d’Hanroth était particulièrement disciplinée et expérimentée. C’est ainsi que le grand amiral mena ses navires sur Jormungandr depuis le pont du croiseur Crusade. De nombreux officiers Telepathica furent rendus fous par l’Ombre dans le Warp, mais les autres parvinrent à localiser des vaisseaux nodaux essentiels au réseau synaptique de l’Esprit-Ruche. Les plus petits furent pulvérisés par les bordées du Crusade et de ses avisos pendant que des Équipes d’Extermination Space Marines du Chapitres des Death Spectres abordaient les plus gros. Petit à petit, Jormungandr fut démantelée et éparpillée, non sans avoir auparavant désemparé les trois-quarts de l’armada alliée. Le Crusade dérivait dans l’espace ; tous ses ponts étaient en feu, et pourtant c’était un des vaisseaux qui s’en était le mieux sorti. Comme les Flottes-Ruches Béhémoth, Kraken, Gorgone et Naga, Jormungandr n’avait pas succombé facilement.
L'Éveil du Serpent
Jormungandr n’était pas à l’origine une Flotte-Ruche particulièrement imposante, mais en s’attaquant au départ à des mondes peu protégés, elle avait accumulé une grande quantité de biomasse disponible pour des attaques ultérieures. De plus, elle ne dépensait pas son énergie en s’en prenant aux planètes les plus importantes, comme le faisaient les autres Flottes-Ruches, en tout cas pas immédiatement. Au lieu de cela, Jormungandr avait encerclé le Secteur de Thalassi comme un immense serpent, formant des anneaux dont on ne pouvait s’échapper. Moins de deux ans après les premières attaques enregistrées, Jormungandr avait réussi à isoler totalement le secteur, coupant des centaines de planètes du reste de la galaxie. Cela dura presque trois mois, pendant lesquels les anneaux de Jormungandr ne bougeaient pratiquement pas, se contentant de se défendre quand ils étaient attaqués. Puis, comme s’ils réagissaient à un signal silencieux, ils commencèrent à se refermer.
La Menace Souterraine
Jormungandr adoptait des tactiques subtiles au lieu des assauts massifs des autres Flottes-Ruches. Ses Bio-vaisseaux entraient rarement en orbite d’une planète. À la place ils s’emparaient d’astéroïdes et autres débris spatiaux pour le projeter contre celle-ci. La planète n’était pas préparée pour un bombardement orbital de la part des Tyranides, si bien qu’il provoquait invariablement des dégâts massifs. De plus, l’impact de ces météores provoquait d’importants nuages de poussière qui s’élevaient dans l’atmosphère, ce qui empêchait les armes d’interception des défenseurs de repérer leurs cibles. La Flotte-Ruche lançait alors des spores mycétiques et la grande majorité d’entre elles atterrissaient saines et sauves. Elles s’ouvraient ensuite pour libérer un essaim de Rôdeurs, parfois un Mawloc ou un Trygon. Ces créatures s’enterraient immédiatement pour éviter d’être détectées et plongeaient dans un état d’hibernation. Elles restaient inertes sous terres pendant des semaines, le temps que Jormungandr rassemble ses forces. Ce n’est que lorsque l’infestation atteignait une masse critique que l’Esprit-Ruche envoyait un stimulus psychique pour réveiller ses enfants. Tous les Tyranides surgissaient alors en même temps du sol tandis que les Bio-vaisseaux se plaçaient en orbite basse pour débuter l’invasion. Au moment où de nouvelles spores mycétiques libéraient des Génovores et des Carnifex à la surface, la planète était déjà envahie par des créatures fouisseuses.
Une Défense Désespérée
La plus forte résistance rencontrée par la Flotte-Ruche eut lieu sur le Monde-Ruche de Sephrax. La milice planétaire y combattait une bande de pirates formée par des renégats du Chapitre Space Marine des Crimson Castellans. Leurs anciens camarades loyalistes menés par le Maître de Chapitre Antori Sojai s’étaient joints aux défenseurs de Sephrax pour combattre les traîtres, et avaient réussi à contrecarrer bon nombre de leurs opérations. L’arrivée de Jormungandr sur Sephrax était une menace telle que même le chef des pirates, l’Archi-Commodore Bloodspite, fut forcé de remettre à plus tard ses rêves de conquête et de gloire pour affronter les Tyranides. Même s’il n’y eut jamais de trêve officielle entre les loyalistes et les renégats, leurs forces ne s’affrontèrent plus pour se consacrer à l’extermination de la Flotte-Ruche. Les deux camps furent ainsi en mesure de ralentir considérablement l’absorption de Sephrax par Jormungandr.
Malheureusement, ralentir la Flotte-Ruche était le mieux que les défenseurs pouvaient espérer. Les Mawlocs creusaient le sol de Sephrax comme des vers dans un fruit. Leurs galeries ébranlaient les fondations des Cités-Ruches et des forteresses. Des milliers de gens périrent, et avec eux tout espoir de chasser les Tyranides de ce monde. Antiro mourut dans le sous-monde de la Ruche Hoventa en affrontant des Rôdeurs. Quant à Bloodspite, il choisit la fuite, mais l’astéroïde qui lui servait de repaire fut englouti par un Bio-vaisseau gargantuesque.
Sur le Monde-Forge de Megyre, la garnison de Gardes Impériaux défendit le complexe de Manufactorum sacré avec touts les armes étranges à sa disposition. Les défenseurs piégèrent des pylônes de force pour tenir les Tyranides à distance, mais ceux-ci creusèrent à travers le sol bétonné pour faire s’effondrer ces défenses. Les Gardes utilisèrent des canons thermiques, des fouets pulvérisateurs, des fusils tonnerre et toutes sortes d’armes expérimentales, mais la nuée résista à tout ce qu’ils lui envoyèrent en se rapprochant inexorablement. Le dernier espoir de Megyre reposait sur les épaules de la Legio Annihilator. Ses Titans barrèrent la route aux Tyranides et dispersèrent les essaims de Termagants et de Carnifex, mais l’Esprit-Ruche réagit prestement. À peine les Princeps pensaient-ils avoir remporté la victoire qu’une nouvelle menace apparut sous la forme d’une créature ressemblant à un Trygon mais aussi grande qu’un Titan Reaver, et dont la gueule ruisselait d’un venin acide. La chose démembra un Titan Warhound avec facilité avant de s’attaquer aux autres machines de la Legio Annihilator. Elle ignora la tempête de feu qui s’abattait sur elle et détruisit une à une les pesantes machines qui tentaient désespérément d’échapper à ses griffes.
Les Titans de la Legio Annihilator n’étaient plus, et rien ne semblait pouvoir stopper ce monstre. Seule la puissance de feu monumentale de la Basilica Mechanicus réussit finalement à l’abattre, mais dans son agonie, il arracha d’immenses pans du mur d’enceinte de la forteresse, ce qui permit aux essaims de Rôdeurs de s’engouffrer dans la faille. Le destin de Megyre était scellé.
Les Graines d'un Futur Désastre
Sephrax et Megyre ne furent que deux des planètes à être dévorées par Jormungandr. Plus de dix ans plus tard, l’Imperium n’a qu’une idée très vague des dégâts réellement causés par cette Flotte-Ruche. Malgré sa destruction, Jormungandr a eu une influence durable sur la galaxie, tout d’abord psychologiquement, car sa route d’invasion se trouvait beaucoup plus au nord que les Flottes-Ruches précédentes ; les défenseurs devraient désormais rester sur leurs gardes partout dans la galaxie, et pas uniquement au niveau de la Bordure Orientale. De plus, d’innombrables rejetons de la Flotte-Ruche sont toujours en hibernation sous le sol de plus d’une centaine de planètes et attendent l’heure de leur réveil. Jormungandr reviendra un jour, et sa sauvagerie fera trembler une nouvelle fois la galaxie.
Troisième Guerre Tyranique
Au crépuscule du 41e Millénaire, les plus imposantes Flottes-Ruches Tyranides pénètrent dans la galaxie. L’Esprit-Ruche avait tiré les leçons des invasions précédentes, et sa nouvelle bio-armada, Léviathan, mit à profit ces renseignements au détriment de toutes les autres formes de vie qu’elle rencontrait.
La Flotte-Ruche Léviathan - 997.M41
Nouvelle Menace
À la fin de l’année 997.M41, le contact fut rompu avec plusieurs systèmes situés dans le Segmentum Tempestus. Le Seigneur Inquisiteur Kryptman y vit l’empreinte des Tyranides avant même ses confrères de l’Ordo Xenos. Après deux siècles et demi passés à combattre ces créatures, Kryptman était parfaitement au fait de leurs remarquables capacités d’adaptation et d’évolution et possédait en outre une connaissance approfondie des stratégies des Flottes-Ruches. C’est ainsi que fut mis en œuvre le célèbre Recensement de Kryptman, un augure astrotélépathique visant à entrer en contact avec tous les mondes connus se trouvant aux frontières de l’Imperium. Des dizaines de puissants Astropathes périrent, consumés par l’effort fourni pour tenter d’atteindre des planètes avec lesquelles nul n’avait communiqué depuis des siècles. Au fil des mois, il devint possible de recouper les informations concernant les mondes avec qui le contact était impossible, et c’est ainsi que Kryptman fut en mesure de tracer l’itinéraire d’une Flotte-Ruche d’une taille inégalée.
L’Inquisiteur, d’un naturel flegmatique, en fut bouleversé, car les communications avaient été rompues avec des systèmes se trouvant dans les Segmentum Tempestus, Ultima et Solar, indiquant une offensive galactique qui avait déjà causé la mort de milliards de citoyens impériaux. Cependant, le fait le plus inquiétant était sans doute que cette Flotte-Ruche attaquait la galaxie par le "dessous", contournant ainsi les puissantes défenses de la Bordure Orientale pour frapper au cœur de l’Imperium.
Mais il y avait pire. L’avance de cette Flotte-Ruche, baptisée Léviathan, formait deux vastes tentacules éloignés de plusieurs centaines d’années-lumières. Lentement mais inexorablement, le contact avec les mondes se trouvant entre ces deux bras fut rompu. Curieusement, tout se passait comme si les mondes pris au centre de la "fourche" n’étaient pas conscients de l’horrible destin qui les attendait, ce qui ne pouvait signifier qu’une seule chose. L’Ombre psychique qui accompagnait les Tyranides était si puissante qu’elle empêchait toute communication avec ces mondes, et perturbait tellement l’espace Warp environnant qu’il était impossible d’y acheminer des renforts. Les mâchoires du Léviathan étaient grandes ouvertes, prêtes à engloutir une immense portion de l’espace impérial qu’il pourrait ensuite dévorer à loisir.
Kryptman savait qu’à moins qu’un des bras de la Flotte-Ruche ne soit détruit, les vies de tous les êtres résidant dans cette région de l’espace étaient perdues. Peu importe les renforts qui pouvaient être rassemblés, s’ils ne parvenaient pas à dissiper l’obscurité qui étouffait la lueur de l’Astronomican, les impériaux n’arriveraient jamais à temps. Pire, la trajectoire de cette Flotte-Ruche l’amenait fatalement au Segmentum Solar, berceau de l’Humanité et centre névralgique de l’Imperium.
Mais les systèmes visés n’étaient pas tous sans défense. Tarsis Ultra, monde fertile à la population dévote, abritait une compagnie entière d’Ultramarines qui honorait un ancien pacte de protection. Les Mortifactors, originaires de la planète enténébrée Posul, située à proximité, se joignirent aux Ultramarines. Tarsis Ultra se trouvait en effet sur la trajectoire d’un des tentacules de la Flotte-Ruche Léviathan. Plusieurs Équipes d’Extermination de la Deathwatch furent dépêchées dans le secteur Tarsis, sous la supervision de l’Inquisiteur Kryptman en personne, afin de trouver le meilleur, moyen d’en finir une bonne fois pour toutes avec cette abomination.
La Défense de Tarsis Ultra
La plupart des armées impériales n’atteignirent Tarsis Ultra que quelques semaines avant les Tyranides. Les vétérans Ultramarines enseignèrent aux régiments de la Garde Impériale et aux Forces de Défense Planétaire les tactiques les mieux adaptées contre les Tyranides alors que l’hiver s’installait lentement, et une flotte se déploya pour repousser les Bio-vaisseaux de l’envahisseur. Puis vint la neige et avec elle, un véritable déluge de spores.
Les forces impériales durent se replier vers le cœur du système devant la taille incommensurable de la flotte Tyranide, avant de livrer un ultime combat. Tarsis Ultra fut assiégée durant de nombreuses semaines et ses défenseurs, commandés par le Capitaine Uriel Ventris de la 4e Compagnie des Ultramarines puis par l’Inquisiteur Kryptman, pouvaient à peine espérer retarder l’inévitable. L’ennemi était innombrable, et c’est seulement lorsque Ventris et ses hommes capturèrent un Lictor de la première vague d’invasion que les événements prirent une autre direction.
Grâce au code génétique du Lictor, le Magos Biologis Locard, un scientifique appartenant à l’équipe de Kryptman, parvint à créer un virus en mesure de détruire les Tyranides, à condition d’être acheminé jusqu’au cœur de la Flotte-Ruche. Le Capitaine Ventris entreprit cette mission impossible, et à la tête d’une Équipe d’Extermination de la Deathwatch, inocula le virus à la Reine Norne. Au début, rien ne se passa et les Impériaux sur Tarsis crurent que tout était perdu mais rapidement, les Tyranides commencèrent à s’entretuer, victimes de l’agonie de l’esprit qui coordonnait leurs actions. La contre-offensive impériale détruisit des milliers d’organismes Tyranides sur Tarsis Ultra et l’invasion fut mise en échec.
Progression Inexorable
Après l’élimination du tentacule de Léviathan se dirigeant vers Terra, les mondes pris entre les "mâchoires" de la Flotte-Ruche donnèrent à nouveau signe de vie. L’Inquisiteur Kryptman était donc parvenu à rétablir le contact, mais sa satisfaction fut de courte durée, car l’Ordo Xenos apprit bientôt que des systèmes entiers avaient été dévastés.
Valedor, monde peuplé de pèlerins et de moines, avait été submergé en quelques heures. Des fleuves de sang avaient souillé les nefs et les cloîtres de ses cathédrales. Ste. Capilene, autre monde de l’Ecclésiarchie, était parvenu à tenir plusieurs semaines grâce à la défense héroïque des Sœurs de Bataille, mais était finalement tombé quelques jours avant la victoire impériale sur Tarsis Ultra. Son sol sacré était profané, ses trésors architecturaux jetés à bas et les Missionnaires consumés pour renaître sous forme de monstres. La nouvelle de ces conquêtes ravagea les rangs impériaux aussi sûrement que la peste, car chacun savait désormais que la foi ne les sauverait pas.
Le moral des troupes plongea à mesure que des mondes étaient perdus. Kryptman et ses alliés ne pouvaient être partout à la fois, et chaque monde dévoré par les Tyranides fortifiait la Flotte-Ruche. Il était en outre impossible de faire parvenir des renforts de l’est galactique, car une Waaagh! Ork issue de l’empire de Charadon cherchait à tirer profit de la diminution des effectifs des Ultramarines aux frontières du territoire Ork.
Le vénérable Inquisiteur Kryptman dut alors prendre une décision douloureuse. Il comptait faire évacuer plusieurs mondes se trouvant sur le chemin de la branche principale de Léviathan, et les raser jusqu’à l’assise rocheuse pour interdire aux Tyranides d’en absorber les matières premières. Ceci devait ralentir suffisamment l’avance de la Flotte-Ruche pour permettre aux flottes de guerre Solar et Tempestus de se regrouper. Tout monde situé dans ce cordon sanitaire et menacé d’invasion devait être soumis à l’Exterminatus au moment où les Tyranides débarqueraient. Kryptman pensait qu’ainsi les Tyranides mettraient en œuvre de vastes ressources pour conquérir des planètes en vain, car celles-ci seraient incinérées par les torpilles cycloniques et les bombes virales. Tout efficace qu’il fut, cet ordre n’en condamnait pas moins des milliards d’êtres humains à une mort atroce, et demeure à l’heure actuelle le plus grand acte de génocide commis par l’Imperium contre les siens depuis l’Hérésie d’Horus.
La décision d’abandonner des centaines de mondes aux Tyranides déclencha une véritable vague d’indignation. Plusieurs Inquisiteurs influents demandèrent la tête de Kryptman. Lorsque les mondes désertés furent rapidement annexés par les Orks, les détracteurs de Kryptman le maudirent et l’accusèrent de radicalisme et de trahison. Une Carta Extremis fut promulguée qui le privait de son titre et en fit un fugitif forcé de fuir comme un criminel. Cependant, la progression de la Flotte-Ruche Léviathan avait bel et bien ralenti. Parmi les mondes abandonnés se trouvait Tesla Prime, une planète servant de champ de tir pour les nouvelles armes forgées par l’Adeptus Mechanicus sur Gryphonne IV et conquise depuis par les Orks. Les Peaux-Vertes étaient bien entendu absolument ravis d’avoir pu mettre la main sur un armement aussi destructeur que leur fiabilité était douteuse. De gigantesques explosions pouvaient d’ailleurs être vues depuis l’espace tandis qu’ils testaient leurs nouveaux jouets.
Lorsque les Bio-vaisseaux de la Flotte-Ruche Léviathan atteignirent Tesla Prime, les Orks eurent une occasion rêvée de tester leurs dernières acquisitions. La guerre qui fit rage entre les Orks et les Tyranides, telle que la rapportaient les quelques Astropathes encore fidèles envers Kryptman, semblait épuiser les ressources des protagonistes des deux camps. Sur Rigant, jadis monde agricole servant de grenier pour les systèmes environnants, une bataille d’une échelle monumentale eut lieu entre les deux races. Cette découverte, ainsi que les leçons tirées de l’insidieuse avance de la Flotte-Ruche Kraken, joua un rôle capital dans l’élaboration de la stratégie de Kryptman.
La Bataille de Gryphonne IV
Cependant, certaines institutions avaient suffisamment d’influence pour désobéir à l’ordre d’un Seigneur Inquisiteur et préserver les planètes sous leur contrôle de l’Exterminatus. Ainsi, l’Adeptus Mechanicus abandonna à regret Tesla Prime, mais refusa de quitter Gryphonne IV. Cette planète dont la surface était quasiment recouverte de structure industrielle était en effet l’un des principaux Mondes-Forges de la galaxie, ainsi que la base d’opérations des Griffons de Guerre, une des plus puissantes Legio de l’Adeptus Titanicus. Avec l’appui des cohortes de Skitarii, des Serviteurs de Bataille Prétoriens et des créations des Technoprêtres, Gryphonne IV avait plus de chances que quiconque de survivre à l’assaut de la Flotte-Ruche Léviathan. Les membres de l’Adeptus Mechanicus, seuls dans un système abandonné, se préparaient à livrer bataille avec leur efficacité coutumière.
L’arrivée des premières spores mycétiques sur la surface métallique de la planète fut le signal d’une bataille aux proportions dantesques. Des légions de Skitarii lourdement cybernétisés marchèrent à l’unisson sur l’ennemi et leurs tirs fauchèrent des centaines de Gaunts avant même que ceux-ci n’aient le temps de quitter leurs capsules. Lorsque davantage de spores atteignirent le sol, les unités de Prétoriens entrèrent en action, et le sang noir des envahisseurs souilla bientôt le sanctuaire du Dieu-Machine.
Dans l’heure qui suivit le début de l’attaque, les Titans émergèrent de leurs hangars-cathédrales pour se joindre à la bataille, et le pas pesant de ces machines divines résonna bientôt tandis qu’ils pourchassaient les abominations qui hantaient les complexes industriels comme autant de gigantesques araignées. L’élimination de chaque Biotitan Tyranide se payait par la destruction d’un de ses équivalents mécaniques sous les coups de griffe et les décharges de pyro-acide. Le pas des géants de métal et de chitine se fit entendre pendant des jours, chaque camp refusant de céder. Mais ni la détermination farouche des Technoprêtres ni les terribles pertes que leurs créations infligèrent ne purent empêcher l’inévitable. Les Titans de la Legio des Griffons de Guerre furent abattus les uns après les autres, jusqu’à ce que nul ne demeurât pour défendre les forges qui les avaient vues naître. Le monde fut consumé en quelques jours, et la Flotte-Ruche Léviathan reprit sa route.
Le Pari de Kryptman
Malgré sa disgrâce, Kryptman ne pouvait se résoudre à abandonner les mondes menacés par la Flotte-Ruche Tyranide à leur sort. La bataille de Tesla Prime et la capture d’un spécimen vivant sur Tarsis Ultra l’avaient convaincu qu’il existait un moyen de ralentir, voire d’arrêter, la progression de Léviathan sans mettre en danger des vies humaines.
L’Inquisiteur, accompagné d’une petite escouade de la Deathwatch qui lui était dévouée, partit à nouveau à la rencontre de la Flotte-Ruche. Cette fois-ci cependant, il ne s’agissait pas de livrer bataille, ni d’organiser la défense d’un monde assiégé, car Kryptman savait que la Flotte-Ruche Léviathan était trop vaste pour être arrêtée, même avec l’appui de toutes les flottes de guerre du secteur.
L’Équipe d’Extermination se rendit donc sur la planète labyrinthique de Carpathia, déclarée Perdita par les Inquisiteurs qui avaient hérité des fonctions de Kryptman. C’est là que les chasseurs d’extraterrestres entreprirent la plus périlleuse de leurs missions, c’est-à-dire piéger plusieurs Génovores vivants dans un champ de stase et les ramener intacts à leur vaisseau. Après des semaines de préparation, Kryptman et son équipe réussirent, bien que cet acte coûtât la vie de plusieurs grands héros de la Deathwatch. L’Inquisiteur put s’échapper des catacombes de Carpathia avec sa cargaison mortelle, et son navire quitta rapidement la planète maudite.
Une semaine plus tard, le Space Hulk Perdition’s Flame fut vomi par le Warp en avant de la Flotte-Ruche. L’Équipe d’Extermination de Kryptman y plaça les Génovores avant de désactiver les champs de stase. Grâce au téléporteur de leur vaisseau, les Marines de la Deathwatch envoyèrent des explosifs d’une puissance de plusieurs mégatonnes au cœur de Gheist, une lune toute proche. L’explosion ne détruisit pas seulement le satellite, mais modifia également la trajectoire du Space Hulk, le dirigeant vers l’empire des Orks d’Octavius. Cette région barbare, presque aussi vaste que le territoire d’Ultramar, était en effet un obstacle constant à la prospérité de l’Imperium.
Bientôt, des pillards Orks abordèrent le Space Hulk dérivant dans leur système, mais ils furent rapidement attaqués et assimilés par les Génovores et les survivants ramenèrent sur leur monde natal des passagers indésirables. Dans une zone où abondaient les formes de vie, les Génovores prospérèrent sans peine et nichèrent dans les Cités-ruches tenues par les Orks. Bien que l’essaim originel fût promptement exterminé par les Peaux-Vertes, les organismes Tyranides infestèrent bientôt tout l’empire d’Octavius. Leur signal psychique devint très vite assez puissant pour attirer l’avant-garde de la Flotte-Ruche Léviathan vers cette région où, à la différence des mondes morts du cordon sanitaire, la vie grouillait.
Les stratèges impériaux virent avec soulagement que les Tyranides s’éloignaient de l’espace impérial pour assaillir les Orks. Nul ne savait ce qui les avait décidés à agir ainsi, mais cela donna aux flottes impériales le répit dont elles avaient besoin pour se regrouper et se préparer. Selon ce que rapportèrent les intrépides Équipes d’Extermination envoyées observer le conflit, des combats d’une férocité inouïe faisaient rage sur les mondes Orks.
Certains membres de l’Inquisition redoutent les conséquences de cette manipulation. Selon eux, et en dépit de l’indéniable réussite de Kryptman, ces deux races occupées à s’entre-détruire sont notoirement fortifiées par les guerres qu’elles livrent. Il est possible que la Flotte-Ruche Léviathan ressorte de ce conflit plus puissante que jamais, grâce à l’ADN qu’elle aura assimilé suite à ses combats contre les Orks. Comme pour appuyer ces craintes, les planètes situées à l’orée de la zone de guerre ont transmis des rapports décrivant des organismes d’attaque d’une taille sans précédent. La combinaison du patrimoine génétique de la race orkoïde, dont les capacités de survie dans un environnement hostile et les facultés d’adaptation sont bien connues des autorités impériales, avec l’ADN Tyranide est une perspective effroyable en vérité.
L’Imperium a pu gagner du temps, cette ressource si précieuse, mais cela lui a coûté la vie de millions d’êtres humains innocents, sans parler de la naissance d’une menace plus grande encore.
La Guerre d'Octarius
Kryptman avait attiré la Flotte-Ruche Léviathan dans le Secteur Octarius infesté d’Orks, dans l’espoir que les deux engeances Xenos s’entre-tuent. Toute autre race aurait été terrifiée à l’approche de l’essaim, mais pas les Peaux-Vertes qui ne vivaient que par la guerre : ils jubilaient. Seul le temps dirait qui des Orks ou des Tyranides seraient les plus implacables.
Le premier monde du Secteur Octarius à subir l’assaut de Léviathan fut Orrok. Le tonnerre gronda et le ciel vira au noir au-dessus des campements orks, tandis que les Bio-vaisseaux se plaçaient en orbite. Les Psykers Bizarboyz baragouinaient de terreur : quelque chose cherchait à s’emparer de leur esprit, une chose avide, dont le regard de prédateur affamé était fixé sur les Orks. Puis la tempête éclata.
Le Trépas d'Orrok
Des millions d’organismes guerriers s’abattirent sur Orrok. Pour les Orks, la meilleure défense est de battre l’ennemi à mort, ainsi ne fallut-il pas longtemps avant qu’une marée de Peaux-Vertes déferle à la rencontre de l’essaim. Des milliers de Xenos des deux camps moururent en quelques secondes sitôt les crocs et les lames assez proches pour mordre la chair. Tout semblant de stratégie avait disparu, remplacé par une fureur aveugle, mais l’enthousiasme des Orks ne put avoir raison des Tyranides. À la tombée de la nuit, tous les Orks d’Orrok avaient péri, et leurs corps dissous furent acheminés jusqu’aux Bio-vaisseaux pour créer toujours plus de Tyranides. La mort avait atteint le Secteur Octarius.
La Waaagh! sans Fin
Des dizaines de planètes furent bientôt infestées de Tyranides, et chaque fois que le ciel s’obscurcissait, les Orks à la surface rugissaient de contentement, se tapaient dans le dos et souriaient férocement à l’unisson, en sachant que la guerre venait les trouver. La plus grande bataille eut lieu sur la planète Octaria, au cœur de l’empire peau-verte. C’est sur ces terres montagneuses que des milliards d’Orks et de Tyranides se massacrèrent, chaque camp bénéficiant d’un afflux constant de renforts pour alimenter une gigantesque guerre d’usure. Le sol finit par se couvrir d’un mélange visqueux de sang et d’ichor Xenos. Le conflit était total, incessant. Les Orks ne pouvaient espérer mieux.
La bataille d’Octaria poursuivit son escalade et aucun des deux camps ne semblait à cours d’effectifs. Les Orks arrivaient des secteurs alentour pour se joindre à la guerre du siècle, et les Bio-vaisseaux Tyranides engendraient sans relâche de nouveaux guerriers à mesure qu’ils assimilaient la biomasse. Ainsi la guerre fit-elle rage, et la Flotte-Ruche Léviathan fut forcée de chercher des mondes-proies à proximité pour alimenter le moulin à viande qu’était devenu Octaria.
L'Essaim de Ghorala
Les vaisseaux éclaireurs Tyranides parvinrent aux abords de Ghorala, une planète riche en biomasse et qui servait de base d’opération à Skarfang, le Boss de Guerre pirate et sa redoutable Flotte Skar. Cette armada délabrée mais puissante s’abattit sur les nefs Tyranides avant qu’elles ne puissent réagir, et les éliminèrent. Cependant, un unique Bio-vaisseau parvint à traverser le blocus Ork dans le tumulte et fondit sur la planète comme un vautour sur un cadavre. La nef laissa derrière elle une traînée de viscères et de fluides vitaux mais avant de mourir, elle déposa plusieurs essaims de Tyranides à la surface de Ghorala. Skarfang fut attristé de voir que la bataille était déjà terminée, et il décida de prendre part au conflit sur Octaria, certain que les rares Tyranides parvenus jusqu’à la surface seraient bientôt massacrés.
La Survie de l'Essaim
Pour la première fois depuis l’arrivée des Tyranides dans le Secteur Octarius, ils étaient impliqués dans une guerre où les effectifs de leur proie dépassaient allègrement les leurs. La horde de Skarfang était puissante, et les Tyranides sentirent d’une façon ou d’une autre qu’une guerre d’attrition aboutirait à leur extinction. En réponse, l’essaim de Ghorala s’adapta pour survivre. Au début, les Tyranides rôdaient et ne s’attaquaient qu’aux patrouilles orks isolées, mais les Peaux-Vertes entreprirent rapidement une purge en bandes trop importantes pour que le fragile essaim les affronte. Contraints d’abandonner leur guérilla, les Tyranides se mirent à attaquer à découvert sans espoir de survie. Chacun de leurs assauts ne visait qu’un carnage maximum. En dépit de la frénésie des bioguerriers, la supériorité numérique des Orks leur conféra un avantage décisif lors de ces escarmouches sanglantes. Cependant, dès qu’ils allaient être submergés, les Tyranides changeaient subitement de comportement. Comme un seul être, ils se repliaient dans les cavernes voisines ou s’enfouissaient pour échapper aux battues de leurs poursuivants. Puis, à la tombée de la nuit, les créatures synapses renvoyaient les essaims éparpillés sur le champ de bataille, où les créatures se nourrissaient autant des cadavres des Orks que de ceux de leurs semblables, avant de se rendre aux bassins d’assimilation dissimulés sur les plateaux rocheux. Lentement mais sûrement, les effectifs tyranides croissaient.
La Fureur de Skarfang
À mesure que les nuées de Ghorala grandissaient, elles changèrent de tactique une fois de plus, et s’attaquèrent aux plus grosses concentrations d’Orks. Leurs victoires rapportaient toujours plus de biomasse à reconstituer, mais elles attirèrent l’attention de Skarfang en personne. Là où tonnait son cri de guerre, les Orks redoublaient de vigueur. Même lorsque les Tyranides étaient sur le point de l’emporter, le Seigneur de Guerre se montrait capable de renverser le cours de la bataille, en exhortant ses Boyz à se ruer sur l’ennemi. Les Tyranides étaient peu à peu repoussés par les contre-attaques des Peaux-Vertes, et leur nombre diminuait. Malgré ses succès initiaux, il semblait que la horde Tyranide était sur le point d’être annihilée par une armée Ork avide d’en découdre. Tant que Skarfang vivrait, la nuée de Ghorala serait condamnée.
Diviser pour Dévorer
En réaction, les Tyranides créèrent des Lictors dans le but d’éliminer Skarfang. Les créatures localisèrent leur proie en quelques jours, mais les meutes de Squigs de garde empêchèrent toute tentative d’assassinat. Les Lictors sont des créatures patientes, toutefois la nuée ne pouvait se permettre le luxe d’attendre. Elle dut se créer une opportunité.
Une marée de Hormagaunts suivit une piste de phéromones jusqu’aux lignes des Orks. Lorsque ceux-ci se postèrent derrière leurs barricades, des guerriers Tyranides ordonnèrent à la horde de battre en retraite. La frustration de Skarfang se mua en colère noire à mesure que les Tyranides répétaient cette tactique, approchant à chaque fois d’une direction différente et s’éloignant avant que les Orks ne puissent leur infliger des dommages sérieux. La dixième itération mit la patience de Skarfang à bout, et il ordonna à ses bandes de poursuivre les essaims qui s’éparpillaient. Rapidement, le ciel s’emplit de la fumée noire des chariots de guerre et des kamions lancés aux trousses des Tyranides. Ceux-ci avaient réussi à attirer le Boss de Guerre loin du gros de ses troupes pour le faire tomber dans une embuscade.
Les Tyranides avaient engendré des essaims de Venomthropes pour noyer les Peaux-Vertes dans un épais nuage toxique. Alors qu’ils se ruaient à la poursuite de leur proie, les Orks foncèrent tête baissée dans une véritable purée de pois. Tout le convoi dut s’arrêter tandis que des véhicules cahotaient sur le sol rocailleux ou entraient en collision les uns avec les autres. Toussant et éructant, les Orks qui ne s’étaient pas étouffés dans leur propre sang s’extirpèrent des carcasses de leurs véhicules. Skarfang arpenta la zone jusqu’à ce qu’il tombe sur les créatures responsables de ce nuage impénétrable et caustique. Alors qu’il hurlait sa haine à leur encontre, le brouillard commença à se dissiper. Tout autour du Boss de Guerre gisaient les corps éviscérés des Orks. Des Lictors s’étaient faufilés à travers la brume et avaient massacré les Peaux-Vertes un par un jusqu’à ce qu’il ne reste que le Seigneur de Guerre Skarfang en personne. Désormais, ils se rassemblaient autour de lui pour la curée. L’énorme Boss de Guerre démarra sa hache tronçonneuse et chargea la créature la plus proche en hurlant de défi à pleins poumons. Cependant, à peine avait-il fait deux enjambées qu’une douzaine de griffes longues comme un homme l’avaient transpercé de part en part.
Une fois Skarfang mort, il ne fallut pas longtemps pour que les Orks se battent entre eux pour essayer de prendre sa place. Les tribus s’affrontèrent, devenant des proies faciles pour les Tyranides. Les bandes furent isolées et assimilées une à une et en quelques jours, les Orks de Ghorala avaient été abattus comme du bétail pour venir grossir les rangs des Tyranides.
La Nuée Ressuscite
Grâce à la matière assimilée sur Ghorala, l’essaim engendra de nouveaux Bio-vaisseaux et put rallier la Flotte-Ruche sur Octaria. La biomasse qu’il avait consommée permit d’alimenter la phase suivante de l’invasion planétaire. La guerre faisait toujours rage sur la planète mais une chose était claire en dépit des manigances de Kryptman et de la férocité des Orks, Léviathan ne montrait aucun signe de faiblesse. Les Tyranides ne se contentaient pas de survivre, ils proliféraient.
De fait, l’Esprit-Ruche a déjà commencé à tirer profit de la vaste quantité de biomasse générée par la guerre. Il a consommé les ressources nécessaires pour poursuivre sa progression vers le cœur de la galaxie, en laissant derrière lui des mondes-proies prédigérés, en vue de la prochaine vague d’invasion. Ces planètes fournissent une manne essentielle à des Flottes-Ruches mineures comme Hydre et Kronos. Pire encore pour les autres espèces de la galaxie, des vrilles issues des Tyranides de la Guerre d’Octarius ont été créées. Elles sont formées à partir de la biomasse des Orks, et se sont détachées de la Flotte-Ruche principale en suivant d’autres vecteurs d’attaque.
La Mort de Gorgo
La Flotte-Ruche Leviathan est à ce jour l’invasion Tyranide la plus importante à avoir pénétré l’espace impérial. Ses vrilles s'étendent à travers le vide spatial pour dévorer des centaines de mondes. Bien que le nombre de bio-vaisseaux constituant la Flotte-Ruche soit incalculable, chaque invasion planétaire débute par l’envoi d’une horde à peu près toujours similaire, divisée en plusieurs essaims. L’exemple le plus récent de l'invasion d'un monde impérial par une vrille de la flotte-ruche est l’Agri-Monde de Gorgo, qui fut ravagé en moins d'une semaine.
Lorsqu’une vrille d’une Flotte-Ruche attaque, ses composantes testent toujours de la même façon les défenses de l’ennemi. Tout d'abord, des organismes d’avant-garde apparaissent au sol de la planète pour semer la terreur et la confusion au sein de la population de Gorgo tandis que le ciel est pollué par des spores extraterrestres. Une fois la panique installée, des milliers de Guerriers Tyranides lancent un assaut orbital à l'aide de nodules cartilagineux appelés spores mycétiques, et se rassemblent pour former une horde impossible à arrêter. Si cette marée vivante n’est pas suffisante pour engloutir les défenses de la planète, les créatures synapses contactent les bio-vaisseaux pour qu’ils acheminent des renforts. D’autres spores mycétiques atterrissent alors, cette fois chargées de bêtes gigantesques qui fonctionne comme des béliers vivants pour enfoncer les lignes adverses. C’est cette troisième vague d’assaut qui pulvérisa les défenses de Gorgo et permit aux organismes plus petits d’exploiter les brèches pour massacrer les habitants. Heureusement pour la planète, les nouvelles de l’invasion arrivèrent jusqu’aux oreilles du célèbre Capitaine Cato Sicarius des Ultramarines, qui monta rapidement une contre-attaque. Cependant, même si la planète put être sauvée par cette intervention providentielle, ce ne fut pas le cas de sa population, qui fut massacrée et assimilée par les Tyranides avant l'arrivée des Ultramarines.[1]
La Chute de Shadowbrink
Tandis qu’elle dérivait a travers la zone morte laissée par Kryptman, la Flotte-Ruche Léviathan ne trouva que des mondes dépouillés de toute vie. Le Monde-Cathédrale de Shadowbrink faisait toutefois exception. Mais lorsque l’Esprit-Ruche étendit ses veilles pour s’en saisir, il ne pouvait pas prévoir les horreurs que son avidité était sur le point de libérer.
Lorsque l’ordre d’évacuer atteint les régents de Shadowbrink l’indécision les paralysa. Les directives du commandement du segmentum étaient on ne peut plus claires, et il était certains que la planète était sous la menace d’une vrille conséquente de la Flotte-Ruche Léviathan. Cependant, sous ses spires et ses macromausolées. Rossov, la capitale planétaire, dissimulait un terrible secret. Dans une vaste sépulture. enfouie profondément sous les artères de la cité, se trouvait un anneau d’obsidienne datant du Moyen-Âge Technologique. Depuis sa découverte par des acolytes de l’Inquisition quelque trois décennies plus tôt, la relique avait été baptisée le Berceau du Maelström. Cet engin maléfique émettait une ondulation Warp en constante augmentation et avait résiste à toutes les tentatives pour le détruire. Ainsi, une garnison permanente de Chevaliers Gris avait été assignée à sa surveillance, et exécutait quotidiennement des rituels de confinement tandis que leurs Archivistes travaillaient sans relâche à sceller la faille démoniaque potentielle. L’arrivée de la Flotte-Ruche Léviathan laissait peu de temps aux Chevaliers Gris et leur chef, le Frère-Archiviste Cadulon ne pouvait pas permettre l’évacuation alors que la faille pouvait s’ouvrir. Si l’engeance du Warp envahissait Shadowbrink, l’Imperium risquait une incursion démoniaque majeure en plus d’affronter la Flotte-Ruche Léviathan. Les forces impériales ne pouvaient pas se permettre de laisser une telle chose se produire. Appuyant de toute son autorité, Cadulon intima au gouverneur de Shadowbrink de refuser l’évacuation, et de renforcer les défenses afin de repousser les Tyranides.
Jusqu'au Dernier Homme…
Shadowbrink était un monde d’importance. dont les cités bondées abritaient des reliques inestimables, aussi la planète n’était pas démunie face à Léviathan. Aux côtés des forces de défense planétaires et des militia frateris trouvaient deux pleins régiments de Cadiens et une formation vostroyenne blindée, sans mentionner la force restreinte, mais néanmoins redoutable, de Chevaliers Gris, menée par Cadulon en personne. En orbite, Shadowbrink était protégée par trois plates-formes orbitales hérissées d’armes à rayon et de batteries de torpilles, ainsi que par un escadron de six destroyers impériaux de classe Cobra. Pourtant lorsque les écrans des scanners à longue distance se couvrirent de signaux rouge vif, il devint évident que même un tel dispositif n’avait pas l’ombre d’une chance face à la tempête qui s’annonçait.
Tout à leur honneur, les défenses orbitales résistèrent plus de trois heures avant d’être submergées. Peu après, les Cobra et les plates-formes furent réduits au silence, leurs courageux équipages massacrés par des Viragos, des Harpies et d’autres bêtes expédiées. Lorsque le ciel de Shadowbrink s’obscurcit et que l’oppressante Ombre dans le Warp resserra son étreinte sur la planète, des milliards d’organismes Tyranides se déversèrent à sa surface. Une marée de créatures submergea les tranchées impériales, l’implacable Esprit-Ruche dépensant sans compter les vies de ses esclaves pour s’assurer que le monde-proie fût conquis le plus rapidement possible. De vaillants Gardes Impériaux se tinrent épaule contre épaule jusqu’au dernier, mais nul ne pouvait contenir l’assaut. La même scène se répéta dans tous la campements et les cités à travers toute la planète lorsque des défenseurs disparaissaient sous une marée de griffes et de crocs.
Finalement, les innombrables Tyranides affluèrent dans la crypte abritant le Berceau du Maelström, où Cadulon et sa poignée de Frères de Bataille les attendaient. Deux Cuirassiers Némésis menèrent la charge, leurs espadons tranchant dans la masse des Xenos, mais même ces nobles champion ne pouvaient espérer tenir tête à la nuée éternellement. L’un après l’autre, les frères de Cadulon tombèrent, leurs cris de guerre laissant place à des craquements épouvantables tandis qu’ils se faisaient dévorer. Puis les Tyranides envahirent la crypte pour consommer leur monde-proie, sans se soucier des runes qui commençaient à fumer sur les côtés du Berceau du Maelström.
Depuis le Cœur du Maelström
À peine quelques heures après le dernier carré de Cadulon, ce que les Chevaliers Gris avaient tenté d’empêcher se produisit. Gorgé des âmes des humains massacrés par les Xenos, le Berceau du Maelström revint à la vie en rugissant. Des étincelles dansaient dans la crypte et le cœur de l’artefact commença à émettre une lueur maladive. Le voile de la réalité se déchira et des légions démoniaques traversèrent la faille en jubilant. Des rejetons du Warp prirent forme et se déversèrent telles des tumeurs animées dans les tunnels et les catacombes serpentant sous la cité de Rossov avant de surgir dans ses rues jonchées de cadavres. Un puissant champion de chacun des quatre Dieux du Chaos pataugeait à travers la marée de Démons mineurs. Le Buveur de Sang Hak’Vasha mugissait des louanges à Khorne tandis que le Grand Immonde Shub’Luth’Gug se traînait à ses côtés avec un gloussement rauque et humide. Se glissant avec précaution par la faille, le Duc du Changement K’rix’xi’kra fixait son vieux rival, le Gardien des Secrets Lesh’Jae’Thi’Hah, qui bondissait à la recherche de victimes. Cette cabale d’éminents Démons, répertoriée dans les archives impériales en tant que Quatuor Abominatum avait déjà soumis une myriade de mondes au cours des dix millénaires d’existence de l’Imperium, et avait jeté son dévolu sur Shadowbrink pour l’ajouter à la liste de ses conquêtes. Cependant, il ne fallut guère longtemps avant que les seigneurs de l’incursion démoniaque perçoivent que quelque chose allait de travers.
Le Courroux du Warp
Alors que la horde démoniaque se déversa à travers Rossov, son élan faiblit. En effet, elle pensait s’y repaître de mortels, mais elle ne trouva que des tas de cadavres infestés de voraces. Les bâtiments étaient réduits en ruine et toute la cité était étouffée sous une couche de brouillard psionique qui perturbait la présence des Démons dans l’univers matériel. Projetant leur perception surnaturelle à travers Shadowbrink, la confusion des seigneurs démoniaques se mua en outrage en constatant la marée d’organismes Xenos qui grouillait à sa surface et dans le ciel. Ces créatures ne possédaient pas d’âme à corrompre ou à manipuler, elles ne pouvaient pas plus être conduites à leur damnation qu’un tas de pierres. Cependant, la simple présence des Tyranides était un défi que les Démons ne pouvaient ignorer, et les légions de l’Empyrée ne rechignaient pas à exterminer cette vermine avant de tourner leur attention sur les citoyens de l’Imperium. Des milliers de soldats démoniaques émergeaient du Berceau du Maelström à chaque minute, et l’Abominatum se préparait à déchaîner ses serviteurs sur les essaims Tyranides afin de purger Shadowbrink de leur présence. L’énergie du Warp souffla si fort que les débris de Rossov et la chair de ses habitants massacrés se tortillèrent. Alors que la réalité était prise de convulsion, une citadelle démente s’érigeait du néant, une estrade depuis laquelle l’Abominatum superviserait sa guerre d’extermination.
Massacre sur les Plaines
Jusque-là, l’Esprit-Ruche avait ignoré l’arrivée des Démons. Si elle avait bien conscience d’une perturbation psychique importante au niveau des continents septentrionaux, la conscience supérieure de l’essaim Tyranide n’avait pas détecté d’apparition de biomasse suite à l’étrange phénomène, et ne le jugea donc pas digne d’intérêt. Toutefois, ce statut fut vite remis en cause par la destruction causée par les serviteurs des Dieux Sombres dans l’espace matériel. Des millions de Démons jaillirent des portes de la forteresse impossible qui avait émergé des tombeaux de Rossov. Des Équarrisseurs et des Bêtes de Slaanesh se ruèrent sur les organismes Tyranides et les massacrèrent avec une sauvagerie débridée. Les Portepestes et les Nurglings se répandirent sur les plaines du nord de Shadowbrink en une marée titubante, leur simple contact empoisonnant la biosphère que l’Esprit-Ruche convoitait. Des Broyeurs d’Âmes cliquetants abattaient les cheminées à spores en rugissant, avant de les piétiner rageusement tandis que des Horreurs Roses, gambadaient au milieu des bassins d’assimilation en transmutant les riches sucs digestifs en feu kaléidoscopique. L’Esprit-Ruche réagit comme l’aurait fait un animal blessé. Ses organismes nourriciers reculèrent face à cet étrange ennemi tandis que les Bio-vaisseaux en orbite libéraient des nuages de spores. Le ciel de Rossov se rebella sous l’effet de l’incursion des êtres du Warp, oscillant entre la réalité des étoiles occultées par les nefs organiques agglutinées autour du globe et le spectacle des nuages d’orage injectés de sang. Les spores qui plongeaient à travers cette tempête furent ravagées par les énergies éthériques et explosaient en une pluie d’acide et de cendres. Celles qui atteignirent le sol se brisèrent, desséchées, à l’impact, ou éclatèrent en libérant des créatures contrefaites qui se tortillaient comme des vers en geignant.
Les agri-plaines inondées autour de Rossov avaient été transformées par les Tyranides en un cauchemar de vrilles de chair et de vase frémissante. Une horde de bêtes Tyranides galopait à travers ce passage torturé. Des Hormaugaunts, des Termagants et des Rôdeurs fonçaient au-devant de Carnifex et de Guerriers Tyranides. Toutefois, cette offensive terrestre ne fut guère plus fructueuse que l’attaque lancée plus tôt depuis l’orbite. Alors que les bêtes approchaient de l’avant-garde démoniaque, les nuages qui la surplombaient se fendirent et il s’en échappa le cri de douleur d’un milliard d’âmes, puis une pluie de sang et de bile. L’ichor impie, très gras, changea la boue des plaines en mélasse qui entrava la progression des Tyranides. Des Chars Incendiaires plongèrent alors sur leurs ennemis embourbés. Alors que les Tyranides ondulaient parmi les flaques poisseuses et le pus, ils furent incinérés par des flammes éthériques, et des centaines d’organismes guerriers périrent en quelques minutes, leur chair vaporisée. Des vols de Gargouilles harcelaient les Tyranides depuis le ciel, en esquivant les jets de bio-acide. Mais fort de leurs effectifs pléthoriques, les Xenos poursuivaient l’assaut, grimpant sur leurs propres congénères à demi morts en bravant l’épouvantable déluge. Puis un bourdonnement emplit l’air. Un vaste essaim de Drones de la Peste s’abattit sur les Tyranides, décapitant les créatures et éparpillant leurs protections de chitine. Des Démonettes virevoltaient telles des plumes à la surface du bourbier, en effectuant de gracieux mouvements avec leurs membres tranchants, se délectant de voir tant de créatures à faucher. Une vague d’Haruspex se pressa alors dans la mêlée. De leurs gosiers dentelés jaillirent des appendices protractiles qui prirent des Démons au collet avant de les tracter puis de les engloutir, mais la chair du Warp se rebella et les rejetons du Chaos jaillirent des entrailles des bio-horreurs comme les graines d’un fruit pourri.
La Roue Tourne
Alors que les maîtres de la horde se joignaient à la bataille, l’Esprit-Ruche s’adaptait. Il ne percevait plus les Démons comme des proies mais comme des prédateurs rivaux menaçant de gâter sa source de nourriture. Les Tyranides redoublèrent d’efforts afin de dévorer la biomasse de Shadowbrink avant qu’elle soit gâchée. Tandis que des marées de Voraces écumaient les masses continentales australes et équatoriales, l’Esprit-Ruche envoyait tous ses combattants affronter l’engeance du Warp. Ce nouvel ennemi capable de redéfinir les lois de la réalité était aussi mortel au corps à corps que les Tyranides eux-mêmes. Ainsi, l’essaim déploya-t-il des Exocrines et des Biovores pour former un cordon autour des forces démoniaque qui affluaient sans relâche. À l’unisson, cette artillerie vivante libéra un barrage d’une échelle inimaginable sur l’ennemi. Des orbes d’énergie bioplasmique crépitante s’abattirent en trombe sur les Démons, les annihilant par milliers. Des nuages de Spores-Mines dérivèrent au milieu de ce déluge avant de détoner en répandant des shrapnels osseux sifflants.
L’offensive démoniaque s’essouffla et l’Esprit-Ruche envoya alors ses Tervigons. Heure après heure, des vagues de Termagants fraîchement engendrés s’extirpèrent des poches d’incubation de leurs organismes porteurs, et s’accroupirent dans la boue des plaines de Shadowbrink pour tirer des volées successives de scarabées écorcheurs sur les Démons qui faiblissaient. Shub’Luth’Gug, le Grand Immonde de Nurgle, tenta de briser l’étreinte de l’essaim et se pressa contre le cordon des Tyranides. Mais alors que cette montagne de crasse concentrait son énergie psychique, celle-ci fut amenuisée par l’Ombre dans le Warp. Quelques instants plus tard, le Démon pachydermique éclata en projetant des viscères en tous sens tandis que des essaims de Zoanthropes criblèrent sa masse bouffie d’un redoutable barrage d’éclairs psioniques libéré avec une parfaite coordination.
Il ne restait plus que trois seigneurs de l’Abominatum, qui réalisèrent que la nature de la bataille avait changé. L’Esprit-Ruche drainait leurs pouvoirs, privant les Démons de l’énergie de l’Empyrée. Nul sang ne coulait pour Khorne, juste de l’ichor Xenos sans valeur. Il ne fallait qu’une génération aux Tyranides pour être immunisés à chaque nouvelle maladie libérée par les enfants de Nurgle. Sans la peur ou la dévotion des mortels pour les soutenir, les Démons étaient vulnérables.
Les heures devinrent des jours sans que les Tyranides ne relâchent leur pression, et le nombre de Démons s’amenuisait à mesure que faiblissait leur emprise sur la réalité. K’rix’xi’kra, le Duc du Changement, se fraya un chemin jusqu’au cœur de ce qui restait de la cité de Rossov, et s’échappa en empruntant le Berceau du Maelström. Les deux Démons Majeurs encore présents, Hak’Vasha et Lesh’Jae’Thi’Hah, menèrent une ultime charge pour franchir les lignes Tyranides, en dirigeant toute leur ire sur les créatures qui leur faisaient face.
Toutefois, l’Esprit-Ruche, qui avait assimilé les diverses tactiques de ses ennemis, avait anticipé cette attaque. Alors même que le Buveur de Sang et le Gardien des Secrets se ruaient sur les organismes guerriers à la tête de dix mille Démons, un énorme essaim de Tyrannofex et de Trygons leur barra le passage. Les bioprojectiles frappèrent la chair corrompue et les rangs des Démons se clairsemèrent. Puis, soudainement, le Berceau du Maelström implosa, et la citadelle démoniaque s’effondra dans un grondement de tonnerre. Hak’Vasha, le Buveur de Sang, fut le dernier Démon aspiré par le Warp, sa forme impie luttait férocement contre trois monstrueux Trygons lorsqu’elle fut bannie du plan matériel. Le rugissement rageur du Démon Majeur s’évanouit dans l’air. Sur Shadowbrink, l’Esprit-Ruche avait remporté une victoire capitale contre les légions du Chaos. Cependant, alors que les Tyranides reportèrent leur attention sur le monde en ruine pour le dévorer, au cœur du royaume torturé du Warp, des intelligences malignes étaient consumées par la colère et ourdissaient déjà leur revanche.
La Bataille de Baal
À la fin du 41e Millénaire, la plus grande vrille de la Flotte-Ruche Léviathan jamais rencontrée attaqua Baal, le monde chapitral des Blood Angels, ainsi que ses lunes jumelles, Baal Prime et Baal Secundus. La bataille qui allait suivre serait la plus violente et la plus meurtrière livrée par les fils de Sanguinius au cours de leur histoire.
L'Ombre du Léviathan
Le Maître de Chapitre Dante, le Seigneur des Blood Angels et un des guerriers les plus vénérés et respectés de l’Imperium, était au courant depuis longtemps de la menace Tyranide qui approchait de Baal. Plusieurs mois auparavant, le système Cryptus, un des Mondes-Boucliers qui protégeait les abords de Baal, était tombé sous les coups de boutoir de la Flotte-Ruche Léviathan. Baal était sa cible suivante, et même si ses défenseurs comptaient parmi les plus redoutables guerriers de la galaxie, ils n’allaient pas la protéger seuls.
Sachant que le destin de son Chapitre, et peut-être même de l’Imperium, reposait sur la survie de Baal, Dante avait fait appel à tous les Chapitres successeurs des Blood Angels, les informant de la menace qui pesait sur la planète d’origine de leur Primarque Sanguinius. Tous répondirent à l’appel de détresse des Blood Angels, comme les féroces Flesh Tearers, les nobles Blood Drinkers, et même les guerriers reclus et sauvages des Carmin Blades. Chaque Frère de Bataille allait s’avérer précieux dans la guerre qui s’annonçait, car la Flotte-Ruche des Tyranides était gigantesque, de loin la plus vaste jamais rencontrée par l’Imperium.
Des centaines de milliers de Bio-vaisseaux, si proches les uns des autres qu’ils ressemblaient à un seul super-organisme de la taille d’un secteur spatial, se dirigeaient en effet vers Baal. La flotte des Blood Angels les rencontra de front. Elle était appuyée par les navires de plusieurs Chapitres successeurs. Le ciel au-dessus de Baal se mua en une tempête de feu d’une rare violence alors que les bâtiments de guerre trapus des Space Marines s’enfonçaient dans la nuée de Bio-vaisseaux en tirant des bordées dévastatrices et des myriades de missiles à charge nucléaire. Aussi courageuse que fût cette charge, elle était également suicidaire. Les barges de bataille et les croiseurs furent isolés et détruits les uns après les autres, martelés par des projectiles organiques et enveloppés des essaims de petits Bio-vaisseaux. La Flotte-Ruche se plaça ensuite en orbite basse au-dessus de Baal et de ses lunes, et vomit des nuages de spores et des transports organiques dans leurs atmosphères. Alors que la bataille spatiale continuait de faire rage, les défenseurs de Baal attendaient les premières vagues de Tyranides. Ils avaient pris position dans les fortifications datant de l’Hérésie d’Horus, qui avaient été déblayées et remises en état pour l’occasion par les serfs et les Serviteurs du Chapitre. Baal et ses lunes jumelles avaient été jalonnées de redoutes pour l’artillerie, de champs de mines et de zones de tir croisé mortelles.
Face à la Nuée
Les premières nuées Tyranides qui atterrirent furent anéanties par des bombardements d’artillerie préréglés et par les salves de Bolters Lourds bien avant d’atteindre les lignes défensives.
Cependant, les minutes passant, de plus en plus de Tyrannocytes tombaient de l’orbite et s’ouvraient comme des fruits trop mûrs pour libérer des hordes de créatures tueuses. Lorsque la dixième vague d’assaut atterrit, le sol était à peine visible sous les cadavres de monstres chitineux. Sur ce tapis de chair se dressèrent d’immenses créatures synapses : des Tyrans des Ruches, et surtout des Tervigons, qui dégorgèrent des centaines de Gaunts. Ces monstres entreprirent de guider les essaims qui les entouraient tout en lâchant des salves de plasma et en éventrant les fortifications avec leurs griffes. Des essaims de Génovores se précipitèrent dans les brèches, et le combat dégénéra en corps à corps frénétique. À l’arrière des formations Tyranides, un monstre immense supervisait le carnage et observait les stratégies des Blood Angels. Il orchestrait les manœuvres de ses essaims pour contrer les tactiques de ses ennemis avec une maestria acquise au cours de longs siècles de guerre. Le Maître des Essaims, héraut de l’Esprit-Ruche, avait ressuscité pour le plus grand malheur des Blood Angels.
Au fil des semaines suivantes, les fils de Sanguinius repoussèrent dix-neuf vagues d’assaut. Ils combattirent avec un courage et une adresse qui firent honneur à la mémoire de leur Primarque. Les Blood Drinkers se battirent dos à dos avec les Angels Encarmine, formant un cercle de lames et de Bolters face à l’avance des Guerriers Tyranides. Les guerriers d’assaut des Blood Angels bondissaient au cœur des formations de Tyranides pour traquer les plus grands d’entre eux. Au milieu des vallées désertiques irradiées, des régiments de chars et d’artillerie affrontèrent des meutes de Carnifex dans un ouragan de métal et de chair. Toutefois, la bravoure de Baal ne pouvait suffire à stopper cette horde sans fin. À chaque nouvelle attaque des Tyranides, de nouveaux Frères de Bataille périssaient. Cinq Maîtres de Chapitre des successeurs des Blood Angels donnèrent leurs vies pour ralentir les nuées, mais alors que les cadavres s’empilaient toujours plus haut, il devint évident que ces sacrifices étaient vains. Baal allait tomber.
La Grande Faille s'Ouvre
Ce fut à cet instant qu’une nouvelle calamité frappa le système Baal. Au cours d’une explosion d’énergie empyrique cataclysmique, la tempête Warp à l’échelle galactique nommé la Grande Faille déchira la réalité. Les cieux au-dessus de Baal se mirent à brûler d’un feu éthérique, et dans les profondeurs de l’Immaterium, des choses antiques et malveillantes tournèrent leurs regards vers l’univers réel. Sur Baal Prime, les successeurs des Blood Angels redoublèrent d’efforts contre les Tyranides, mais ce fut sur cette lune que la réalité vacilla le plus, et que la puanteur du soufre et du sang caillé s’immisça. Poussant des cris de guerre en l’honneur du Dieu du Sang, des légions démoniaques de Khorne se déversèrent de la faille béante. Ces osts étaient menés par une créature de cauchemar, un monstre ailé qui maniait une hache runique et un fouet barbelé. C’était Ka'Bandha, un Démon Majeur de Khorne. Il était le pire ennemi des fils de Sanguinius, car des milliers d’années plus tôt, il avait instillé en eux la Soif Rouge, l’affliction génétique qui ravageait le Chapitre depuis lors. Ka’Bandha venait pour massacrer les Blood Angels, et il n’avait aucune intention de laisser les Tyranides le priver de ses proies.
Ses légions assaillirent aussi bien les Tyranides que les défenseurs de Baal, si bien que le sang humain et l’ichor Xenos furent répandus en égales quantités. Les Guerriers Tyranides hachaient les Sanguinaires hurlants, tandis que des troupeaux d’Équarisseurs de Khorne labouraient les terres de leurs sabots et piétinaient les Termagants. Ka’Bandha arpentait le carnage et moissonnait les âmes avec ses armes colossales. Les défenseurs Space Marines, menés par le Maître de Chapitre Gabriel Seth des Flesh Tearers, battirent en retraite précipitamment. Seul le sacrifice des Knights of Blood, un Chapitre successeur excommunié qui était tout de même venu à la rescousse de Dante, permit aux survivants d’embarquer à bord de leurs vaisseaux et de décoller avant que Baal Prime soit entièrement submergée par les horreurs du Warp. Alors que les forces de Seth se retiraient, elles aperçurent une dernière fois les Knights of Blood qui se jetaient au combat avec une férocité décuplée par la Rage Noire.
Dans l’orbite de Baal, des milliers de Bio-vaisseaux de Léviathan étaient pris dans les remous de l’Empyrée et engloutis par des trous béants dans la réalité. Il ne resta bientôt plus que les carcasses béantes de Vaisseaux-Ruches, qui furent attirés par la gravité de Baal et descendirent en flammes à travers son atmosphère.
Sous cet enfer rugissant, le Maître de Chapitre Dante mena ses derniers guerriers dans une retraite martiale à l’intérieur des murs de la Forteresse-Monastère des Blood Angels. Même le cours du temps était altéré par les ondes d’énergie Warp, et les combattants eurent l’impression que la bataille durait des années. Le Maître des Essaims intervint à ce moment critique. Chaque coup de ses épées d’os coupait en deux un Space Marine. Épuisé et désespéré, mais toujours défiant, Dante se fraya un chemin à travers ses ennemis en abattant sa Hache Mortalis, déterminé à tuer le Maître des Essaims ou à mourir en essayant. Les deux généraux s’affrontèrent sous un ciel écarlate jusqu’à ce que Dante, après avoir subi une douzaine de blessures mortelles, parvienne à occire son adversaire. Alors que le Maître de Chapitre s’effondrait, ses guerriers s’élancèrent pour tenter de récupérer son corps. Au même instant, les cieux s’éclaircirent. La tempête s’était enfin calmée. Il ne restait plus le moindre Bio-vaisseau dans le ciel. À leur place se trouvaient les navires de la Croisade Indomitus du Primarque Roboute Guilliman.
La Fureur du Primarque
Des Modules d’Atterrissage et des Stormravens apparurent dans les cieux, emmenant Guilliman et ses guerriers au milieu des nuées de Tyranides. Les forces terrestres de Léviathan dépassaient toujours les Space Marines en nombre, toutefois la mort du Maître des Essaims et la destruction de la Flotte-Ruche les avaient désorientées et elles n’obéissaient plus qu’à leurs instincts. Les Space Marines Primaris de Guilliman lâchèrent des salves dévastatrices, et seules quelques poignées d’organismes parvinrent à fuir dans les déserts radioactifs de Baal. Il faudrait des mois pour les traquer et les exterminer jusqu’au dernier, mais la planète avait été sauvée. Gravement blessé mais toujours vivant, Dante s’agenouilla devant Guilliman. Ce dernier constata la noblesse et la valeur des Blood Angels survivants, et décela en eux la flamme du passé glorieux de l’Imperium. Il leur fit un présent des formations de Space Marines Primaris dérivés du patrimoine génétique de Sanguinius afin de combler leurs pertes.
Il n’y avait plus aucun signe des Bio-vaisseaux de la Flotte-Ruche Léviathan. Quant à Baal Prime, toute forme de vie y avait été éradiquée. Les Démons étaient retournés dans le Warp en laissant derrière eux des montagnes de crânes de Tyranides. Vues du ciel, ces ziggourats funestes formaient le symbole honni de Ka’Bandha, un message menaçant à l’encontre des fils de Sanguinius. Léviathan avait été vaincu, mais les épreuves des Blood Angels n’étaient pas terminées.
- Pour plus de détails, voir l’article dédié : la Dévastation de Baal
Médias Externes
Sources
- Codex Tyranids, V8
- Codex Tyranides, V6
- Codex Tyranides, V5
- Codex Tyranides, V4
- Warhammer 40,000: Assauts Planétaires, V5
- ↑ Informations issues de Assauts Planétaires - La Mort de Gorgo