Histoire des T'au
Un nouveau pouvoir se manifeste aux frontières orientales de la galaxie. L’Empire T'au s’étend, et pour l’instant, ses ambitions n’ont pas été contrariées. De nombreux mondes sont déjà tombés sous leur coupe, pourtant les T’au ne considèrent cela que comme un début, car ils sont convaincus d’être destinés à régner, sans que nul n’ait le droit de s’opposa à leur hégémonie.
Tout comme une étoile naissante inonde de lumière les ténèbres, la puissance de l’Empire T’au irradie et grandit sans cesse. Les T’au sont une espèce dynamique dont l’unité et la technologie avancée permettent des progrès rapides dans tous les domaines. Il n’y a pas si longtemps, lorsque les T’au levaient les yeux vers le ciel, ils voyaient des étoiles inexplorées. Aujourd’hui, ils peuvent contempler leur nouveau domaine.
Lors de leurs expansions, les T’au ont réussi à créer des colonies florissantes sur des planètes désolées, Dans leur sagesse, ils ont transformé des orbes dénués de vie, voire à l’atmosphère empoisonnée, en mondes féconds capables d’accueillir une population nombreuse. Des planètes artificielles, des docks stellaires et des stations orbitales forment des axes de communications dans des étendues jadis vierges. Bien que les autres espèces dominantes de la galaxie les considèrent comme des arrivistes, les T’au ont une confiance absolue en eux-mêmes et ne voient dans les événements actuels que la logique des choses : ainsi que de nouvelles étoiles émergent des nébuleuses et remplacent les naines mourantes ou les supernovæ, les empires atteignent leur apogée avant de décliner.
L’Empire T’au continue de s’agrandir par paliers toujours plus importants. Cette expansion provoque des conflits lorsque les territoires colonisés sont déjà occupés par des races ignorantes et hostiles. Malgré tout, cela ne dissuade pas les T’au : chacune de ces guerres renforce la volonté collective des T’au et cimente leur unité.
L'Avènement des T'au
- « Étranger, je vous salue au nom des T’au.
- Si vous lisez ce message, cela signifie que vous avez rencontré un de nos drones messagers et que vous êtes une espèce capable d’effectuer des voyages interstellaires. Vous allez bientôt découvrir d’autres preuves de notre existence ; ne vous en inquiétez pas.
- Quand vous apercevrez l’un de nos vaisseaux ou l’un de nos avant-postes, comportez-vous pacifiquement. Nous avons beaucoup à offrir à nos amis. Nous sommes cinq castes unies en un seul peuple destiné à instaurer l’harmonie en œuvrant pour le Bien Suprême.
- J’espère que vous déciderez de partager notre culture, notre science, et bénéficierez de notre protection.
- Le sage sait s’adapter.
- Croyez en notre destin. »
- - Traduction de sonde xenos, Système de Koath, 696.M41.
Un dicton T’au dit : "la lumière jaillit toujours des ténèbres". Cette phrase est chargée de sens à plus d’un titre, car elle se réfère à la fois au lever du soleil qui est très prompt sur la planète T’au, aux légendes racontant la venue des Éthérés, et au début de l’expansionnisme T’au à travers la noirceur de la galaxie, qui se poursuit vigoureusement aujourd’hui encore.
Tout près de la Bordure Orientale de la Galaxie se trouve une petite planète nommée T’au. C’est un monde aride, parsemé de rares zones de végétation et d’océans peu profonds. Ce monde est dominé par un immense continent dont les savanes et les plaines giboyeuses sont séparées par des ergs. Bien avant que les T’au s’envolent pour les étoiles, ils formaient des tribus de chasseurs-collecteurs. Leur population se développa en suivant les migrations des grands troupeaux, en évitant les catastrophes naturelles et les affrontements entre tribus. Au fil des siècles, les branches du peuple T’au évoluèrent selon leur environnement de prédilection.
Ceux qui vivaient dans les montagnes apprirent à planer sur les courants ascendants sur des ailes membraneuses. Ils devinrent recherchés en tant que messagers et éclaireurs par les autres tribus. Les T’au des vallées fertiles se sédentarisèrent, apprirent à extraire le minerai et développèrent la métallurgie et l’artisanat. Certains comprirent que les autres tribus pouvaient leur fournir ce qu’ils ne pouvaient produire eux-mêmes, et négocièrent des traités commerciaux en tirant parti des compétences de chaque clan. Les T’au perpétuant le mode de vie ancestral dans les plaines devinrent des chasseurs toujours plus forts et endurcis.
Évolution Avancée
L’évolution de l’âge de la pierre à celui de la métallurgie se répète régulièrement partout dans la galaxie. Les T’au se distinguèrent par la rapidité de leur développement technologique. Il ne se passa que quelques générations entre les premiers villages et l’érection de puissantes forteresses, et le passage des armes de pierre aux armes à poudre, tandis que les T’au sédentaires apprenaient à se défier des T’au des plaines alliés à ceux des montagnes. Les routes commerciales furent coupées, et les T’au qui servaient d’intermédiaires entre clans furent pris à partie afin de saper les alliances. Des guerres tribales menées avec des armes à feu primitives embrasèrent le continent. Ces conflits durèrent des années et firent des milliers de morts sans qu’aucun camp entrevoie une issue au conflit.
Les conditions de vie se dégradèrent, les disettes et le manque d’eau favorisant des épidémies qui firent plus de victimes que les combats eux-mêmes. Les T’au étaient au bord de l’extinction.
La Venue des Éthérés
Le premier contact impérial avec les T’au survint six mille ans plus tôt en 789.M35, lorsqu’un vaisseau d’exploration de l’Adeptus Mechanicus, le Land’s Vision, découvrit et étudia la planète nommée T’au. Les recherches initiales révéleront la nature sèche et aride de la planète, couverte de quelques zones de végétation et peuplée de nombreux xenomorphes aquatiques, terrestres et aériens. Les toutes premières équipes de l’Adeptus Mechanicus notèrent que les extraterrestres habitant la savane maîtrisaient le feu et l’usage d’armes primitives, mais que leur existence ne leur présentait aucun intérêt ce monde fut donc classé dans la catégorie "Nettoyage de routine et colonisation". Des vaisseaux d’implantation furent envoyés pour entamer l’exploitation de T’au mais ils furent pris peu avant leur arrivée dans des orages Warp d’une fureur inimaginable. En dépit de la présence de capitaines et Navigators de grande compétence, la flotte de colonisation fut perdue jusqu’au moindre vaisseau. Plutôt que de s’éteindre, les tempêtes Warp rendirent les voyages spatiaux impossibles dans toutes les directions sur plusieurs années-lumière et T’au acquit la réputation de monde maudit. L’Imperium en détourna son attention, accaparée par d’autres affaires d’un ordre plus pressant. Goge Vandire, 361e Haut Seigneur de l’Administratum, s’avéra être un mégalomane paranoïaque qui entraîna l’Imperium dans l’une des périodes les plus sanglantes de son histoire, dite l’Âge de l’Apostasie. Traiter du Règne de Sang de Vandire n’est pas notre propos, nous nous contenterons d’ajouter qu’il fut finalement renversé et que l’Imperium retrouva la stabilité lorsque Sebastian Thor fut nommé Ecclésiarque. La reconstruction de l’Imperium prit plusieurs centaines d’années et durant toute cette période les tempêtes Warp qui coupaient T’au de la vigilance impériale continuèrent de faire rage, lui dissimulant le développement croissant de cette race. |
Les T’au vivaient la plus sombre période de leur histoire. Tous observèrent d’étranges présages tels que des lumières dans le ciel nocturne et des silhouettes dans les montagnes. Beaucoup pensèrent que ces signes annonçaient la fin. "Les Éthérés de Fio’taun" est l’une des plus anciennes légendes des T’au, elle raconte comment ils furent sauvés in extremis de l’annihilation.
Sur le plateau de Fio’taun, une alliance de T’au des plaines et des airs assiégea la plus puissante ville des T’au bâtisseurs. Les commerçants avaient tenté de négocier avec les guerriers des plaines, mais ces derniers ne voulaient rien entendre et firent parler les armes. Cinq saisons durant, les canons de Fio’taun repoussèrent les attaquants, mais les vivres se faisaient rares et les épidémies décimaient les habitants. Tandis que la nuit tombait sur les antagonistes, les dirigeants de Fio’taun prièrent pour obtenir un miracle, sans se douter qu’ils allaient être exaucés.
Émergeant de l’obscurité, un T’au d’apparence inhabituelle s’avança dans le camp des assiégeants et demanda à parler à leur chef. Sa voix était douce mais d’une autorité indéniable et les sentinelles auxquelles se sentirent obligées de l’escorter jusqu’à leur commandeur. Au même instant, à l’intérieur des murs de Fio’taun, un autre individu se présenta aux gardes de la forteresse. Il ne voulut pas révéler comment il avait pénétré dans la ville et ne demanda qu’à être amené en présence de son dirigeant. Là aussi, les gardes obtempérèrent et il fut reçu. Dans l’heure, les portes de la cité s’ouvrirent sur l’étranger qui guidait les autorités de la citadelle vers les feux du campement de leurs assaillants.
Les deux nouveaux venus se présentèrent comme des Éthérés et ordonnèrent aux autres de s’asseoir. Sous une lune du blanc le plus pur, ils se mirent à parler, expliquant que les talents de chacune des tribus pouvaient être mieux employés. Ils évoquèrent le Bien Suprême qui pouvait être atteint à condition qu’ils mettent de côté leurs conflits pour rechercher l’unité. Les deux étrangers, leurs mots chargés de pouvoir, parlèrent toute la nuit, et alors que le soleil illuminait à peine l’horizon, un accord de paix fut conclu entre les deux factions ennemies. Fio’taun ne fut que le premier pas. D’autres Éthérés apparurent, leurs idées de paix et d’un Bien Suprême se répandant aux quatre coins de la planète en éteignant les brasiers de la guerre. La nouvelle philosophie prit racine et les T’au connurent une prospérité sans précédent. Des agglomérations solidement établies se répandirent sur le continent, les routes commerciales furent rouvertes, et les T’au ailés se chargèrent des communications avec célérité.
Les farouches guerriers des plaines furent les plus durs à convaincre que telle était la voie à suivre, mais dès qu’ils virent les merveilles créées par les autres castes, ils se plièrent aux instances des Éthérés. À dater de ce jour, il fut décrété que chacune des tribus serait désignée par l’élément représentant le mieux son rôle au sein du Bien Suprême. Les artisans et constructeurs devinrent la Caste de la Terre, les négociants la Caste de l'Eau, les messagers et les éclaireurs la Caste de l'Air tandis que les guerriers des plaines reçurent le nom de Caste du Feu. Pour avoir sauvé les T’au d’une lente extinction, les Éthérés furent révérés avec dévotion par les autres castes, qu’ils continuèrent à guider, car ils percevaient avec davantage d’acuité ce que l’avenir pouvait réserver. Ensemble, les T’au pouvaient l’aborder avec confiance.
Expansion Dynamique
Les T’au entrèrent dans une période de développement sans précédent caractérisée par des progrès phénoménaux dans tous les domaines. Chaque caste était entièrement dédiée à la poursuite du Bien Suprême. Leurs succès fluent innombrables dans des domaines aussi variés que la métallurgie, la science, la production énergétique et l’armement. Les découvertes étaient presque quotidiennes et avec l’éradication des pandémies, la planète T’au eut rapidement des problèmes de surpopulation. Une fois de plus, les Éthérés agirent sans tarder et donnèrent les étoiles comme objectif. La Caste de la Terre fabriqua et testa ses premières fusées pendant que celle de l’Air entraînait des pilotes.
Au cours de cette époque, seule la Caste du Feu connut une certaine stagnation. Elle apprit à manier les nouvelles armes et poussa à l’extinction les plus grands prédateurs de T’au, toutefois il n’y avait nul besoin de disposer d’une armée permanente. Les Éthérés anticipèrent la frustration des Guerriers de Feu et ordonna à leur caste de s’entraîner pour former des régiments parés au combat, en se basant sur le Code du Feu, le code d’honneur suivi depuis des générations par les combattants des plaines. Ainsi, la "voie du guerrier" fut placée au cœur des doctrines de la Caste du Feu, qui mit en place un système d’entraînement pour ses troupes dès leur plus jeune âge. Ces traditions formalisées de façon à doter les T’au d’une armée de métier performantes perdurent jusqu’à l’époque actuelle.
Toutes les castes assimilèrent rapidement l’idée que le futur de leur race dépendait de la conquête des étoiles. Lorsque les premières fusées quittèrent l’atmosphère de la planète, les T’au furent en mesure d’implanter en peu de temps des communautés orbitales, suivies d’une base sur Lu’val, la lune la plus proche. Des vaisseaux, des sondes et des appareils d’exploration au long cours s’aventurèrent ensuite dans l’espace. Les T’au s’aperçurent que le monde se trouvait dans un amas d’étoiles très dense dans lequel se situaient des dizaines de mondes rapprochés, un grand nombre d’entre eux étant propices à la vie. La construction de docks orbitaux immenses permit la réalisation des navires spatiaux plus grands nécessaires à la colonisation, qui commença par le monde de T'au'n.
Destinés à Régir les Étoiles
- « Notre réussite est inévitable ; notre suprématie, une question de temps. Nul sage ne saurait le contester. »
- - L’Éthéré Suprême Aun'Va.
Septs de la Première Sphère | |||||||||||||||||
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Les T’au continuèrent à étendre leur domaine à une cadence soutenue, cependant les pertes parmi les explorateurs étaient élevées. Non seulement les voyages spatiaux et les environnements variés étaient dangereux, mais pour couronner le tout, plus les T’au s’éloignaient de leur monde natal, plus ils rencontraient d’extraterrestres hostiles à la colonisation.
À présent que l’Empire se heurtait à l’hostilité de la galaxie, l’entraînement rigoureux des Guerriers de Feu s’avéra finalement utile. Les colossales bêtes reptiliennes de D'yanoi dévorèrent de nombreux colons, mais le déploiement et les volées de tirs disciplinées de la Caste du Feu parvinrent à les repousser. Sur Sa'cea, le désert était parcouru par des prédateurs voraces que les Guerriers de Feu furent forcés de traquer et d’éliminer avant même l’atterrissage des colons.
Au cours de ces premières expansions, les T’au rencontrèrent aussi des civilisations. La Caste du Feu se chargea d’anéantir celles qui s’opposaient aux T’au, les éradiquant tout comme elle avait éradiqué les bêtes sauvages, mais les Éthérés leur donnaient auparavant l’occasion de se joindre au Bien Suprême plutôt que de périr. De la même façon qu’ils avaient mis fin aux guerres sur T’au et uni les tribus dans un but commun, ils désiraient que les extraterrestres se joignent à leur cause. Les Éthérés apprirent aux autres castes à accepter la présence des autres espèces, quelle que fût l’étrangeté de leur apparence et de leurs coutumes. Leur barbarie, leurs superstitions ou leur ignorance du grand destin qui s’offraient à eux n’avaient aucune importance : il était essentiel de les aider à franchir le pas pour comprendre l’importance du Bien Suprême, et de se rallier au jeune empire des T’au.
Ainsi, lorsqu’une civilisation était découverte, les Éthérés mettant en œuvre un plan dans lequel chaque caste avait un rôle à jouer. Les planètes étaient d’abord survolées par la Caste de l’Air afin de déterminer si elles étaient habitées par des civilisations. Dans l’affirmative, les ambassadeurs de la Caste de l’Eau à l’habileté inégalable dans le domaine de la diplomatie étaient envoyés prendre contact.
De telles propositions furent ainsi faites aux Thraxians aux membres multiples, aux Greet invertébrés, aux Nicassar et à bien d’autres encore. Tous se virent offrir la possibilité de rejoindre l’Empire T’au et de former une alliance par le biais d’une protection mutuelle, d’accords commerciaux et d’échanges de technologie. La plupart des extraterrestres les plus primitifs se prosternèrent sans hésiter devant l’affabilité des émissaires de la Caste de l’Eau, tandis que les autres acceptèrent peu à peu l’idée d’un partenariat. Au final, le résultat fut le même, et en l’espace de quelques années, l’hégémonie culturelle des T’au prit le dessus, et toutes les espèces prirent part à la poursuite du Bien Suprême.
Cependant, toutes les races extraterrestres ne se révélèrent pas aussi complaisantes. Celles qui refusèrent de coopérer se virent soumises à de sévères ultimatums. La toute-puissance de la Caste du Feu fut déchaînée contre celles qui ne s’exécutèrent pas. Lorsqu’ils en recevaient l’ordre, les Guerriers de Feu lançaient un assaut orbital et effectuaient des frappes sur des objectifs précis avant de se retirer pour échapper aux représailles. Suite à de telles attaques, chaque faction extraterrestre (en dehors des plus agressives) bénéficiait d’une occasion de faire amende honorable. Dans la plupart des cas, l’adversaire avait subi des dommages irréversibles à son industrie et ses lignes de communications étaient coupées, si bien que ses populations se retrouvaient isolées. Cette stratégie consistant à diviser pour conquérir poussait l’ennemi à négocier, même si en de rares occasions, les guerres d’extermination furent inévitables.
En dépit de la multiplication rapide de la population des T’au, leur expansion était si foudroyante que les Guerriers de Feu commençaient à manquer affectifs. Ils se retrouvaient souvent en infériorité numérique face à l’adversaire, toutefois leurs excellents Commandeurs apprirent rapidement que même les armées nombreuses pouvaient être vaincues par l’application de frappes chirurgicales et d’une puissance de feu écrasante. Face à la menace de l’annihilation et à l’alternative de survivre au sein des domaines T’au, tous les extraterrestres en dehors des plus obstinés choisirent la seconde solution. Néanmoins, il y eut une exception notable.
La Menace Ork
Les Orks sont une peuplade à la peau verte, prolifique et brutale qui répond par la violence au problème le plus trivial. Les T’au rencontrèrent pour la première fois les Orks sur les planètes proches de T’au’n, leur première colonie majeure. Bientôt, les drones signalèrent la présence de tribus Orks dans tous les systèmes solaires explorés. Les T’au prirent l’habitude de repérer la signature énergétique inimitable des Orks sur leurs équipements de détection. Celle-ci était présente à une fréquence alarmante aussi bien sur les planètes que sur les lunes, les ceintures d’astéroïdes, bref, partout où la vie avait la possibilité de s’implanter.
Les premières tentatives des diplomates de la Caste de l’Eau visant à conclure un traité avec les Orks furent de sanglantes tragédies. Plusieurs négociateurs hardis furent tués sur place, massacrés par les sauvages verts en mal de divertissement. Les représailles de la Caste du Feu ne parurent qu’exciter davantage les tribus éparses, qui s’unirent pour former de grandes hordes avant d’aller piller l’espace T’au. Au bout de nombreuses batailles, les T’au se rendirent à l’évidence : il était vain d’essayer de persuader les Orks de rejoindre le Bien Suprême, comme ils avaient pourtant réussi à le faire pour une dizaine d’autres espèces belliqueuses. Les Éthérés eux-mêmes acceptèrent le fait que les Orks fussent irrécupérables et que le Bien Suprême doive se passer de leur concours.
Désormais, lorsque ces extraterrestres sont rencontrés, la procédure standard consiste soit à les exterminer aussi rapidement que possible dans le cadre d’une guerre ouverte, soit à baliser leur territoire à l’aide de sémaphores spatiaux et à établir un cordon de sécurité autour de leurs planètes. Néanmoins, ces solutions pleines de bon sens ne sont pas infaillibles, car les Peaux-Vertes sont totalement imprévisibles. Ils adorent les conflits interminables et s’avèrent souvent impossibles à éradiquer, car ils ont tendance à réapparaître sur des planètes qu’on croyait pourtant débarrassées de leur présence. Leurs flottes d’invasion ont également la fâcheuse manie d’échapper aux radars et de surgir à un endroit inattendu pour ravager les alentours. De fait, seules la vigilance et la célérité sont des contre-mesures efficaces contre l’inépuisable marée verte.
Les Sphères d'Expansion
Jusqu’à présent, l’expansion des T’au a eu lieu au cours de trois phases distinctes appelées "sphères d’expansion". Ces vagues d’exploration, de conquête et de colonisation sont précédées par une accumulation de ressources, suivie de nombreuses missions d’exploration, et éventuellement de campagnes militaires chargées d’assurer de nouveaux gains territoriaux. Une fois qu’une colonie est assez prospère, elle sert de point de lancement pour la sphère d’expansion suivante. En consolidant leurs acquis de la sorte, sans hâte, les T’au s’assurent de ne pas s’étirer dangereusement.
À la fin du millénaire que dura la Première Sphère d’Expansion (comme elle fut nommée ultérieurement), l’Empire T’au s’était étendu à travers les étoiles et consistait en huit systèmes très densément peuplés appelés "Septs". Un Sept est baptisé selon sa principale planète, et peut comprendre un nombre variable de lunes et de mondes secondaires, ainsi que des avant-postes, des satellites, des cités orbitales et des installations minières. Tous sont reliés entre eux par des stations spatiales et un vaste réseau de relais de communications tissé autour des installations majeures. Un Sept n’achève son développement qu’au bout de plusieurs générations ; par conséquent, chacun d’eux est unique, avec ses propres coutumes et une proportion variable de représentants des cinq castes aussi bien que des populations issues des espèces extraterrestres ralliées à la cause.
Plusieurs facteurs contribuèrent à achever la première période d’expansion des T’au. Tout d’abord, l’augmentation de la population ne pouvait pas suivre le rythme effréné des conquêtes, si bien qu’une pénurie de main-d’œuvre se fit sentir dans toutes les castes. La demande en combattants de la Caste du Feu était particulièrement élevée, car les guerres étaient meurtrières et continuaient de faire rage sur plusieurs zones. Cela, d’autant que le conflit larvé contre les barbares Orks mobilisait encore des forces conséquentes, après avoir prélevé un tribut terrifiant dès les premières rencontres avec ces pillards belliqueux.
La seconde raison était les distances toujours plus importantes qui séparaient les systèmes stellaires. Après avoir colonisé les amas proches de T’au, les planètes suivantes s’avérèrent beaucoup plus éloignées. Déjà à cette époque, il était impossible de traverser l’Empire d’un bout à l’autre en une seule vie : un tel voyage aurait demandé plusieurs générations. Les T’au devaient impérativement innover en matière de voyage interstellaire s’ils voulaient continuer à répandre le credo du Bien Suprême dans le reste de la galaxie.
Une Alliance Fortuite
Vers la fin de la Première Sphère d’Expansion, une flotte d’exploration de Dal'yth repéra grâce à ses scanners longue portée une flotte Ork qui s’attaquait à des Sphères de Guerre Kroots. Ces derniers tentaient de défendre leur enclave sur la planète Krath, mais ils étaient en infériorité numérique flagrante. Au départ, les T’au pensaient rester neutres dans cet affrontement, cependant l’amiral de la Caste de l’Air et le Commandeur de la Caste du Feu refusèrent de laisser des Orks sans honneur remporter une victoire sous leurs yeux. Les T’au déployèrent leur flotte et détruisirent les vaisseaux des Peaux-Vertes, ne comprenant que trop tard qu’il s’agissait là de l’avant-garde d’une immense armada qui menaçait désormais de les encercler.
C’est ainsi que débuta une guerre de grande ampleur, à la fois dans l’espace et sur plusieurs planètes, qui serait baptisée plus tard la Guerre de l’Union, car elle fut le premier conflit mené par l’alliance des T’au et des Kroots. Cette dernière fut si efficace qu’elle tint tête aux Orks suffisamment longtemps pour permettre à des renforts de Sa’cea d’arriver et de triompher. Les T’au furent si impressionnés par le talent martial des Kroots qu’ils acceptèrent de prolonger l’alliance afin de libérer les autres enclaves des Kroots attaquées par les Peaux-Vertes. Au cours de la décennie suivante, les T’au aidèrent les Kroots à chasser les Orks de leurs planètes et atteignirent enfin Pech, le monde d’origine de cette espèce, et y rencontrèrent son plus grand chef, Anghkor Prok. Là, au pied de la Pierre de Serment, le meneur des Kroots jura allégeance à l’Empire T’au et assura que ses guerriers se battraient pour le Bien Suprême (et contre un généreux paiement). Ce serment est encore honoré de nos jours, et les Kroots sont de loin les auxiliaires les plus répandus au sein des armées T’au, en tant qu’éclaireurs et tirailleurs doués pour tendre des embuscades et assaillir les positions isolées. Ceux-ci apprécient énormément les compétences guerrières des Kroots, et espèrent également que l’exposition des Kroots à leur culture supérieure les poussera un jour à abandonner leurs tendances cannibales.
Progrès sans Entrave
L’Empire était plus grand qu’il ne l’avait jamais été, cependant la planète T’au resta toujours son cœur spirituel. Seuls les plus aisés parmi ceux qui naissaient sur les Septs distants pouvaient effectuer le pèlerinage jusqu’à leur monde d’origine, toutefois tous les T’au avaient le plus profond respect pour le plus vénérable de leurs Septs. Là, les membres les plus éminents de chaque caste formaient un concile sous les dômes rutilants qui s’élevaient vers le ciel, et bénéficiaient de la sagesse de la Caste des Éthérés. Le haut conseil planifiait les expansions avant de relayer ses instructions à travers les stations de communications éparpillées dans l’Empire.
Les Éthérés poussaient sans cesse le haut conseil et les différentes castes à se surpasser. Les T’au consacrèrent les cinquante années suivantes à regarnir leurs armées disséminées, à renforcer leur puissance industrielle et à se préparer pour la sphère d’expansion suivante. Des sondes autonomes furent lancées afin d’explorer les étendues spatiales au-delà des frontières de l’Empire. Elles marquèrent notamment la première occurrence lors de laquelle les T’au firent usage d’intelligences artificielles.
La Caste de l’Eau chercha à résoudre le problème du sous-peuplement en redoublant ses efforts d’intégration de ses vassaux extraterrestres dans l’Empire. Elle procéda de nombreuses façons selon les cas ; par exemple, les robustes mais primitifs Anthrazodes s’avérèrent parfaits dans le rôle de mineurs sur des astéroïdes désolés, tandis que les espèces de crustacés frêles mais dotées de membres habiles de Brachyura furent enrôlées afin d’assembler les minuscules générateurs à plasma chargés d’alimenter les dernières inventions de la Caste de la Terre. Néanmoins, ce fut l’alliance avec les Kroots qui s’avéra décisive, car en peu de temps, les armées de la Caste du Feu furent renforcées par des milliards de guerriers prêts à défendre le Bien Suprême, bien que ce fût hélas davantage par appât du gain mercenaire que par altruisme désintéressé.
Seule la Caste de la Terre n’avait pas atteint les objectifs fixés par les Éthérés. En effet, en dépit du travail des centres de recherches de tous les Septs et de leurs innovations, il restait encore à mettre au point une technologie permettant d’accélérer de façon décisive les voyages spatiaux. Finalement, le Sept de Fal'shia apporta une solution en développant le Moteur à Accélération Horizon ZFR. Cette invention permit au navire d’atteindre des vitesses frôlant celles de la lumière. La sphère d’expansion suivante pouvait débuter.
Septs de la Deuxième Sphère | |||||||||||||||
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La Deuxième Sphère d'Expansion
Grâce à des flottes plus rapides et à des armées appuyées par des millions de parentés de Kroots, l’Éthéré Suprême Aun’Wei put déclarer la fin des préparatifs. Lors d’un discours retransmis à travers tout l’Empire, il annonça le début de la Deuxième Sphère d’Expansion. D’immenses flottes décollèrent de tous les Septs majeurs des colonies de la Première Sphère, et s’élancèrent dans l’espace afin d’apporter la parole du Bien Suprême sur des planètes qui n’étaient que des points lumineux dans le ciel étoilé de T’au.
La Deuxième Sphère d’Expansion fut encore plus dynamique que la Première. Elle s’aventura loin dans l’espace et établit une dizaine de nouveaux Septs. Au cours de cette période, une légende naquit au sein de la Caste du Feu avec l’émergence du plus grand stratège militaire de son époque, et peut-être même de tous les temps : le Commandeur Puretide. Il guidait ses guerriers vers des victoires rapides. Des systèmes solaires entiers tombaient en quelques semaines face à ses campagnes magistralement orchestrées. Beaucoup de Septs de la Deuxième Sphère, comme Elsy'eir et Tash'var, doivent leur existence aux stratégies brillantes de Puretide. Ses contre-attaques avisées repoussèrent les Orks du Sept Au'taal. On raconte que même les Peaux-Vertes en vinrent à haïr les armées commandées par Puretide, car ces dernières les privaient de la joie du combat en pratiquant le harcèlement et en restant insaisissables. Les applications brillantes par Puretide des théories militaires furent enregistrées pour la postérité et sont encore enseignées de nos jours dans les académies de la Caste du Feu. Maintes statues et fresques en son honneur entretiennent sa mémoire, chose rare chez une société où la collectivité prime sur l’individu.
La dernière avancée notable de la Deuxième Sphère d’Expansion fut la traversée du Golfe de Damoclès, une région mystérieuse située à l’est de la galaxie, qui avait jusqu’à présent résisté aux tentatives d’exploration des T’au. Une fois de l’autre côté de cette zone aux remous imprévisibles, les T’au établirent des colonies et des avant-postes, et ne tardèrent pas à rencontrer la plus grande puissance de la galaxie : l’Imperium de l’Humanité. Suite à une campagne ingénieuse, l’Empire T’au parvint à amener pacifiquement dans son giron plusieurs planètes humaines situées dans le sous-secteur Timbra de l’Ultima Segmentum. Les T’au ignoraient encore qu’ils venaient de rencontrer leur némésis la plus implacable, un adversaire aussi tyrannique que fanatique, nanti de ressources apparemment illimitées en personnel, en munitions et en engins de guerre.
Aux yeux des dirigeants xénophobes de l’Humanité, la notion de coexistence pacifique avec les T’au était simplement inconcevable, et la moindre tentative ultérieure de diffuser le Bien Suprême se heurta à une réaction agressive et féroce. Les deux puissances étaient vouées à faire une guerre inexpiable. Les conflits qui allaient suivre sonnèrent la fin de la Deuxième Sphère d’Expansion et marquèrent durablement l’esprit collectif des T’au par leur violence.
La Croisade Damoclès
- « Lorsque c’est possible, nous devons toujours privilégier les paroles de paix sur le sang versé, car tous méritent une chance de laisser la lumière du T’au’va éclairer leurs cœurs. Or nous devons rester pragmatiques. Il est triste et indéniable que certaines espèces de cette galaxie sont incapables d’embrasser le Bien Suprême. À ces déviants nous pouvons offrir que le feu purificateur du Fusil à Impulsions, certain que nos actions assurent un avenir de paix et d’unité. »
- - Aun’Tol, Flamme de Bork'an.
Depuis leurs premiers pas dans les étoiles, les T’au ont volé de succès en succès. Guidées par les Éthérés, les castes ont surmonté tous les obstacles, au point que nul ne pouvait nier la réussite des T’au. Toutefois, de l’autre côté du Golfe de Damoclès, ils se heurtèrent à un ennemi inconnu, et le conflit qui s’ensuivit augura d’une nouvelle ère de guerre.
La première rencontre entre l’Empire T’au et l’Humanité n’eut pas lieu avec l’Imperium proprement dit, mais avec des éléments dissidents qui opéraient à la périphérie de cette superpuissance galactique. L’Imperium est le plus grand domaine de la galaxie, mais une grande partie de ses frontières n’a jamais été explorée ou ses colonies ont sombré dans l’oubli. Le volume d’espace aux alentours du Golfe de Damoclès était une telle région, une étendue sauvage au sein de laquelle les T’au purent s’enraciner.
Les T’au rencontrèrent d’abord des libres capitaines, des pirates et des colonies isolées qui avaient régressé au point d’avoir oublié leurs origines et la présence d’autres planètes humaines. Ces premiers contacts aboutirent à des accords commerciaux, parfois à des conflits militaires. Finalement, la Caste de l’Eau comprit que ces humains étaient des rebuts d’un empire galactique d’une taille inimaginable. Les planètes habitées par des humains dissidents furent annexées à l’Empire T’au ; et quant à celles qui étaient encore liées à l’Imperium, les dirigeants des castes débattirent du comportement à adopter, avant que les Éthérés tranchent.
Pour une partie du haut conseil, l’Imperium était tellement puissant qu’une agression ne pourrait mener qu’a un conflit que les T’au ne pouvaient espérer remporter. Les chefs de la Caste du Feu désiraient la guerre, cependant Aun’Va, le bras droit de l’Éthéré Suprême Aun’Wei, opta pour un autre plan. La Caste de l’Eau reçut pour mission d’infiltrer les mondes loyaux à l’Imperium, tout particulièrement les cours des gouverneurs planétaires. Au bout de quelque temps, plusieurs mondes de l’Imperium commencèrent à commercer avec les T’au plutôt qu’entre eux. Les marchandises extraterrestres, et spécialement la technologie très convoitée de la Caste de la Terre, inondèrent les marchés, bafouant ouvertement la loi impériale. La suite du plan d’Aun’Va pouvait commencer.
Sur ces mondes impériaux sortis du droit chemin et jugés mûrs, les émissaires de la Caste de l’Eau commencèrent à murmurer des discours éprouvés à des oreilles qui leur étaient acquises. Les graines de la rébellion avaient été plantées de longue date et les fruits étaient arrivés à maturité : chaque gouverneur impérial se déclara libre des contraintes de la loi totalitaire de l’Imperium. L’influence des T’au s’étendit ainsi plus vite qu’elle n’aurait pu le faire par des actions militaires, si brillantes fussent-elles.
Comme d’habitude, la réponse de l’Imperium fut lente à venir mais terriblement brutale. Les T’au furent classés en tant qu’espèce xenos particulièrement dangereuse, et une croisade fut lancée pour les expulser du secteur. Les forces impériales étaient importantes, articulées autour d’une dizaine de bâtiments de guerre, et comprenaient dix-neuf régiments de l’Astra Militarum et l’équivalent de cinq compagnies de Space Marines issus de douze Chapitres différents. Les premières batailles furent des victoires écrasantes pour l’Imperium, car la puissance de ses navires de guerre et la rapidité de leurs attaques anéantirent les avant-postes et les colonies isolées. En un court laps de temps, les T’au furent repoussés du Golfe de Damoclès, même si lors des derniers combats, les victoires de l’Imperium ne furent pas aussi facilement remportées.
Les planètes d’où les T’au furent expulsés subirent de sévères représailles. L’Inquisition s’en prit aux humains qui avaient trahi la cause de l’Imperium et leur infligea des châtiments cruels. Pendant ce temps, la croisade impériale poursuivit les T’au de l’autre côté du Golfe de Damoclès et, ce faisant, pénétra même jusque dans leur empire.
Dal'yth Tient Tête
Les premiers signes l’invasion furent donnés par les scanners de Pra’yen, la planète la plus à l’écart du Sept de Dal’yth. Après avoir repéré des signatures inhabituelles, les T’au passèrent en mode optique longue portée et furent choqués de contempler des failles béantes dans le voile de la réalité, d’où émergèrent les immenses bâtiments de guerre impériaux et leurs escorteurs. La flotte des T’au et les stations orbitales de Pra’yen provoquèrent des dégâts, mais elles furent promptement anéanties. La voie était libre vers Dal’yth Prime elle-même.
Lors de la plus importante bataille de toute cette guerre, les forces impériales atterrirent sur Dal’yth Prime. Elles ne s’attaquaient pas à un monde impérial récemment converti au Bien Suprême ou à une nouvelle colonie, mais à un Sept T’au très peuplé. L’assaut orbital fut intercepté par des escadrilles de chasseurs atmosphériques, néanmoins l’Imperium parvint à établir une tête de pont. Ses forces terrestres, menées par un fer de lance de Titans et de régiments blindés, avancèrent aussitôt vers la zone urbaine de Gel’bryn.
La percée impériale fut confrontée à une tempête de missiles qui plongèrent depuis les collines. Lorsque des unités furent envoyées déloger les observateurs T’au, elles furent prises à partie par des unités équipées de répulseurs et de champs de brouillage. À chaque fois que les forces impériales tentaient de reprendre l’initiative, elles subissaient des contre-attaques minutées de la Caste du Feu sous la direction des Commandeurs Farsight et Shadowsun. La nuit était le pire moment pour les forces de l’Imperium, car les T’au profitaient du couvert des ténèbres pour effectuer des raids avec leurs exo-armures sophistiquées. Grâce à leur technologie supérieure, les T’au parvinrent à détruire un grand nombre de chars humains sans subir de lourdes pertes. Les Space Marines essayèrent d’organiser un assaut orbital derrière les lignes ennemies, mais ils furent laminés par des équipes en exo-armures lourdes, dont l’armement réduisit en miettes la majorité des transports de l’Adeptus Astartes.
En dépit de leurs pertes, les forces impériales continuaient d’avancer. Plusieurs régions de Dal’yth furent ravagées ou durent être évacuées à cause des combats. Toutefois, l’arrivée de renforts T’au affaiblit grandement la suprématie spatiale de l’Imperium, qui fut finalement obligé de se retirer en abandonnant une grosse partie de son matériel. Les T’au auraient sans doute pu encercler les forces terrestres humaines, mais les Éthérés insistèrent pour ouvrir des négociations et proposer un cessez-le-feu, ce qui permit aux envahisseurs de se retirer sans être inquiétés.
Préparatifs avant la Tempête
Suite à la bataille de Dal’yth, une trêve s’installa entre les deux camps au niveau du Golfe de Damoclès. Mais alors que l’Imperium regroupait ses forces en préparation de l’offensive suivante, des problèmes plus urgents conduisirent à leur redéploiement sur d’autres fronts.
L’Imperium n’avait pas déployé toute sa puissance contre les T’au, néanmoins cela avait suffi pour les refouler brutalement. Cependant, les T’au avaient beaucoup appris de ce conflit. La Caste du Feu avait constaté qu’elle faisait face à un adversaire prêt à accepter des pertes colossales, comme les Orks, mais contrairement aux Peaux-Vertes, l’Imperium employait des stratégies plus variées et un arsenal autrement plus développé et efficace.
Les Éthérés ordonnèrent qu’on étudie les prisonniers et le matériel capturé. La Caste de la Terre s’aperçut que la technologie humaine était inférieure à la sienne, et souvent trop instable pour permettre une utilisation sûre, notamment dans le cas des appareils à plasma. Malgré tout, les T’au firent des découvertes effarantes, entre autres un moteur Warp en état de marche, dont ils ne purent percer les secrets, puisqu’ils n’avaient aucune connaissance à propos du Warp. Pour couronner le tout, les captifs humains eux-mêmes étaient incapables d’expliquer comment cette machine fonctionnait, car ils se contentaient de l’utiliser en appliquant des procédures rituelles ponctuées d’hymnes.
L'Avance se Poursuit
Durant la période de consolidation qui suivit l’expansion de la Deuxième Sphère, leurs avant-postes prévinrent les T’au d’une menace d’invasion. Il s’agissait de la Flotte-Ruche Gorgone, qui n’était qu’une vrille mineure comparée aux principales incursions qu’avait connues la galaxie, mais les T’au n’avaient jamais connu de menace comparable aux Tyranides, une race extragalactique dont la voracité dépouillait des planètes entières de toute matière organique. Les Tyranides faisaient preuve d’une remarquable adaptabilité physique, et évoluaient d’une bataille à la suivante pour mieux venir à bout des défenseurs. Face à un tel assaut, les T’au durent constamment altérer leurs plans, à mesure qu’apparaissaient de nouvelles formes de vie Tyranides annihilant les avantages technologiques de la Caste du Feu. Les Tyranides anéantirent de nombreuses colonies avant d’être bloqués par les grandes manœuvres défensives T’au sur la planète forestière Sha’draig. Bien que ladite planète fut finalement assimilée, les Tyranides avaient été ralentis le temps que les T’au améliorent la défense de Ke’lshan Prime. Par un caprice du destin, le Sept Ke’lshan fut attaqué en premier par une flotte de l’Imperium, envoyée pour soutenir la croisade du Golfe de Damoclès plus d’un siècle et demi auparavant, et récemment surgie du Warp. Face à l’ennemi commun, les T’au et les officiers impériaux conclurent une trêve fragile. Les Tyranides ne pourraient pas s’adapter si les deux forces agissaient de concert, et c’est ce qui causa la perte de la Flotte-Ruche Gorgone, dont une vrille mineure put cependant s’échapper. Les alliés T’au et impériaux manquèrent l’occasion de la traquer car un regain de tension les divisa aussitôt que le péril principal avait été tenu en échec. Sur Ke’lshan, la Caste de la Terre commença immédiatement à rebâtir son Sept, les Éthérés soulignant la possibilité du retour d’un des envahisseurs, voire des deux. |
Suite à la guerre contre l’Imperium, Aun’Va s’adressa au Haut Conseil pour exposer ses inquiétudes. Il implora l’Éthéré Suprême, Aun’Wei, qui était alors au crépuscule de sa vie, de reprendre ce que les T’au avaient perdu. Les T’au sont animés par une confiance absolue dans leur propre destinée et sont convaincus que leurs méthodes sont les meilleures. Cependant, après leur retraite à travers le Golfe de Damoclès, et leur expérience de première main avec les forces considérables de l’Imperium, de nombreux T’au étaient gagnés par le doute. La race entière, au cours de ses longues entreprises, n’avait jamais connu l’échec. Aun’Va prévint que faute d’action, des fissures apparaîtraient dans le socle de leur système de valeurs, ce qui était une éventualité intolérable. L’ancien Éthéré se rangea à l’opinion d’Aun’Va, et lui confia le soin de prendre les mesures nécessaires.
Aun’Va savait que les mondes affranchis par l’Imperium pouvaient être manipulés, et d’après les communications interceptées, il savait que les secteurs entourant le Golfe de Damoclès ne pouvaient pas espérer davantage de renforts. Par conséquent, Aun’Va ordonna à la Caste du Feu de repasser la frontière mouvante entre l’Empire T’au et le domaine de l’Humanité, cette fois pour reprendre les colonies récemment perdues.
Bien qu’il eût des réserves à son sujet, Aun’Va choisit le Commandeur O’Shovah pour régir les aspects militaires de l’effort de reconquête. Protégé du légendaire Commandeur Puretide, O’Shovah était un chef dynamique et volontaire qui s’était rendu célèbre au cours de récentes campagnes contre les Orks. Le génie tactique du jeune Commandeur lui avait déjà valu le titre de Commandeur Farsight, car il était capable d’anticiper et d’exploiter les mouvements adverses comme s’il connaissait déjà les plans de l’ennemi.
Tout d’abord, le choix d’Aun’Va se montra judicieux : toutes les planètes prévues furent rapidement reconquises. L’essentiel de leurs forces armées ayant été appelé sur d’autres fronts, les défenseurs restants n’avaient aucune chance face aux frappes audacieuses et dévastatrices dont le Commandeur Farsight s’était fait une spécialité. L’Empire T’au tout entier acclamait chacune de ses victoires.
Les Chemins Divergent
Alors qu’il ne lui restait qu’un monde à recoloniser, le Commandeur Farsight fut distrait de sa mission par ses vieux ennemis les Orks. Cela commença par des interventions ponctuelles contre les incursions Peaux-Vertes aux limites de l’espace récemment reconquis, puis devint bientôt une guerre prolongée contre un conglomérat de clans Orks venus à bord d’astéroïdes grossièrement aménagés. Les forces d’O’Shovah finirent par disperser l’invasion Ork, et poursuivirent le Boss de Guerre jusqu’à un Monde-Artéfact abandonné depuis longtemps par l’Imperium. Son nom était Arthas Moloch, et c’est là que les forces de Farsight furent attaquées par un ennemi féroce et non identifié, tandis que les Orks s’échappaient à la faveur de la confusion.
On en sait peu sur la bataille, si ce n’est que tous les Éthérés qui accompagnaient l’expédition furent tués dans les affrontements, et que le mystérieux ennemi avait disparu, laissant de nouveau Arthas Moloch à l’abandon. En dépit des pertes et des ordres formels de revenir, le Commandeur Farsight refusa de rejoindre le gros des forces de l’Empire T’au. Au lieu de cela, les restes de son armée repartirent à la poursuite des Orks. Bientôt, ils furent hors de portée de communication, partis plus loin qu’aucun T’au avant eux.
L’Empire T’au envoya de nombreux messages via la chaîne de communications, qui furent relayés par les balises aux confins du système jusque dans l’espace inexploré où l’expédition T’au avait disparu, mais aucune réponse ne parvint.
Peut-être que l’immensité du vide ou quelque étrange interférence empêcha que les messages atteignent leur destinataire, mais après plusieurs années sans réponse, l’expédition fut déclarée perdue. L’Empire T’au porta le deuil de son Commandeur le plus illustre. Or, des années plus tard, des sondes explorèrent en profondeur la région où le Commandeur Farsight avait été vu pour la dernière fois, et transmirent des rapports inquiétants : O’Shovah était en vie, et il avait établi ses propres colonies à l’autre bout du Golfe de Damoclès. Cette mystérieuse trahison du Bien Suprême hante l’Empire T’au aujourd’hui encore.
Les T’au envoient beaucoup de sondes vers la Zone Interdite, l’ensemble de systèmes solaires situé de l’autre côté du Golfe de Damoclès, bien que peu d’entre elles en reviennent un jour. Les flux étranges de cette région endommagent ou dévient bon nombre de ces sondes, tandis que la plupart des autres sont détruites par les stations de défense orbitales qui empêchent quiconque de passer en dehors des navires alliés. Au-delà de cette sphère de forteresses flottantes se trouvent les Enclaves Farsight. Les enregistrements des rares sondes étant parvenues à renvoyer des signaux font état de mondes très urbanisés à la population abondante, notamment des cités nodales s’étant étendues à partir de dômes de colonisation, et de lunes entières transformées en usines. La dernière fois que les forces de Farsight ont été aperçues en train de traquer les Orks, elles portaient encore les symboles de leurs Septs (principalement Vior’la, mais aussi Sa’cea, Tau’n et quelques autres). Plusieurs générations plus tard, ces armées et ces flottes affichaient des emblèmes rappelant ceux de l’Empire T’au, mais dont les couleurs et les formes différaient notablement. Comme n’importe quelle colonie distante, le matériel des Enclaves Farsight est vétuste, car il date de la scission entre la colonie et ses Septs d’origine. Néanmoins, les T’au supposent que des prototypes récents sont utilisés au sein des Enclaves Farsight. Le temps dira si cette technologie a bel et bien été dérobée par des traîtres au Bien Suprême qui continuent d’aider les rebelles… En dépit des efforts des T’au pour réécrire l’histoire, que ce soit en évitant de citer Farsight ou en le présentant comme un déserteur, le Commandeur jouit toujours de nombreux soutiens dans les différents Septs. Beaucoup de membres de la Caste du Feu, notamment de Vior’la, considèrent O’Shovah comme un guerrier honorable bien que téméraire, même s’ils n’osent pas exprimer ouvertement cet avis en présence d’un Éthéré. Le haut conseil a interdit tout voyage vers et toute communication avec les Enclaves Farsight. Des conclaves spéciaux d’Éthérés et de gardes sont chargés de questionner (et bien souvent de faire disparaître) ceux qu’on soupçonne de soutenir, voire d’entretenir des liens avec cette zone de la galaxie. Les rares fois où des guerriers portant l’armure rouge et les marquages des Enclaves Farsight apparaissent dans l’Empire T’au, les Éthérés réagissent sur-le-champ, même si aucune confrontation directe n’a eu lieu pour l’instant. |
Un Nouvel Âge de Suprématie
- « Nul ne doit douter que l’Empire T’au apportera l’unité - nul ne doit douter que notre heure est venue. En avant, pour le Bien Suprême ! »
- - Aun’Va, s’adressant aux cadres de la Caste du Feu du sommet des ruines de la Ruche Agrellan.
D’un bout à l’autre de l’Empire T’au, des flottes coloniales récemment bâties stationnaient en orbite en prévision du lancement d’une nouvelle sphère d’expansion. En pleins préparatifs, des signaux d’alerte retentirent le long des relais de transmission T’au. Des ennemis ancestraux attaquaient, inimaginablement nombreux : les Orks étaient de retour.
S'Unir pour Vivre
Venue des confins de la nébuleuse du Voile Occidental, l’armada de bric et de broc émergea subitement des grands nuages de gaz. Aux premiers signaux, les techniciens de la Caste de la Terre crurent à une défaillance de leurs senseurs, tant la taille de la flotte peau-verte était invraisemblable. L’invasion était constituée d’une douzaine de Waaagh! distinctes, chacune menée par un Boss avide de suprématie. Seules les querelles incessantes des Orks et la vétusté de leurs vaisseaux laissèrent à l’Empire T’au le temps de réagir.
De nombreux T’au furent pris de panique face à l’immensité de la menace, mais l’un d’eux vit que si l’Empire agissait de concert comme toujours, il pourrait vaincre même une invasion de cette magnitude. Aun’Va, alors Éthéré Suprême, demeura calme comme un miroir. Il réunit les dirigeants de tous les Septs pour établir un plan d’action. Les Septs les plus directement menacés - Vior'la, Sa’cea, et T’au’n - attaqueraient de concert pour retarder les Orks. Derrière eux, l’ensemble des autres Septs dépêcheraient des troupes et des astronefs vers le front en vue des prochaines contre-attaques.
À travers l’Empire, la Caste de l’Air mobilisa ses flottes en toute hâte, reconvertissant les transports coloniaux et autres navires de commerce en transports de troupes afin de convoyer les forces qui endigueraient la marée verte. Alors que les T’au formaient un front commun contre les Orks, les premiers contacts eurent lieu aux marches de l’Empire. La marine T’au lança des attaques de harcèlement pour attirer les vaisseaux Orks à portée de tir des stations de défense orbitales. La puissance de feu combinée de ces dernières et de la flotte infligea de lourdes pertes aux Peaux-Vertes, bien que plusieurs stations fussent détruites lorsque des vaisseaux Orks percutèrent les structures pour y déverser des groupes de saboteurs. Des Guerriers de Feu furent dès lors déployés dans les stations restantes, et des batailles désespérées se poursuivirent dans l’espace profond, parfois des mois durant. Le chantier naval de Tu’val, un des plus grands de Kor’vattra, demeura infesté d’Orks plus d’un an, le temps de purger les immenses et graciles installations au prix d’escarmouches quasi constantes.
Tandis que les différents clans Orks se dissociaient pour agir chacun de leur côté, le conflit s’étendit à travers l’espace et en plus de douze lieux en surface. Partout où les Orks débarquaient, des renforts terrestres t’au atterrissaient, y compris sur des lunes désolées, pour priver l’envahisseur des moindres sources d’approvisionnement et l’empêcher de prendre racine en territoire t’au. On eut dit que dès qu’une bande de primitifs était anéantie, une autre surgissait ailleurs pour commettre des déprédations.
Une fois que le risque d’être submergé fut écarté, Aun’Va estima que le moment était venu d’exécuter son maître plan. Des siècles auparavant, quand le conseil des Éthérés sut que le Commandeur Puretide déclinait rapidement et allait bientôt mourir, des mesures furent prises. La Caste de la Terre avait sauvegardé les souvenirs de Puretide pour les compiler sous forme d’IA holographique ayant son apparence, sa manière d’agir, et surtout son mode de pensée. Or, à l’époque, rien ne garantissait le succès de cette forme de préservation du maître. Il fut donc décidé, par précaution, de placer en stase plusieurs disciples de Puretide parmi les plus doués - par un procédé à l’épreuve du temps qui venait d’être développé par la Caste de la Terre. Ainsi, en temps de guerre ou d’expansion future, l’Empire pourrait de nouveau faire appel aux maîtres de l’art de la guerre. En l’occurrence, face à la plus grande invasion Ork jamais rencontrée, Aun’Va décida qu’il fallait un chef à la destinée glorieuse.
Une Nouvelle Héroïne du Peuple
Parmi les sujets placés en stase cryogénique, se trouvait un Commandeur du nom d’O’Shaserra. Parmi sa promotion de Guerriers de Feu, un seul de ses rivaux égalait O’Shaserra en audace et en sens tactique. Ce guerrier, O’Shovah, n’avait pas été cryogénisé, car il reçut l’honneur de diriger les forces expéditionnaires T’au qui reprendraient les colonies après la guerre avec l’Imperium.
O’Shaserra acheva son réendoctrinement alors que le conflit avait duré depuis près de six ans ; l’invasion Ork initialement massive et compacte s’étendait désormais aux frontières de nombreux Septs. Grâce à leur supériorité technologique et à la cohésion de leurs forces, les armées T’au avaient su tenir en échec les hordes Orks, malgré leur infériorité numérique. La situation était figée, car les Peaux-Vertes désorganisés n’avaient ni l’élan ni l’unité requis pour conquérir un Sept, et les T’au n’étaient pas en mesure de les éradiquer.
Le Commandeur O’Shaserra prit la tête d’un cadre de chasse pour entrer en lice. Après une série de victoires, elle reçut le commandement d’un contingent, une formation de plusieurs cadres. Quand la plus grande lune de Sa’cea Prime, Vay’harra, fut déclarée purgée de tout Ork, le Commandeur O’Shaserra jouissait déjà d’une notoriété certaine. Elle remporta encore des victoires dans les éocosmes de Kormusan, et enfin dans les Expansions K’resh. Chaque triomphe libérait davantage de forces pour faire pression sur les Peaux-Vertes restants. Après le nettoyage exhaustif des Expansions K’resh, les Orks furent définitivement brisés. Sachant combien cette engeance était difficile à extirper, O’Shaserra dépêcha ses cadres en missions de recherche et destruction, afin de dépister et d’éliminer les poches de résistance peau-verte les plus problématiques avant qu’elles puissent s’agréger en horde dangereuse. Cette diligence et cette précision implacable ont probablement sauvé des milliers, voire des millions de vies les décennies suivantes.
Ce qu’on appela ensuite la Grande Guerre de Confédération dura douze ans et consacra une nouvelle héroïne dans les cœurs et les âmes de toute une génération T’au. O’Shaserra était désormais connue sous le nom de Commandeur Shadowsun. Ses manœuvres étaient exécutées à la perfection par tous les échelons de commandement, et elle faisait personnellement preuve d’héroïsme. Son penchant pour l’infiltration et l’embuscade étaient déjà légendaires. Dès lors, des lendemains radieux attendaient l’Empire T’au.
La Troisième Sphère d'Expansion
Septs de la Troisième Sphère | ||||||
La Troisième Sphère d’Expansion a déjà établi plusieurs nouveaux septs, et le nombre de cadres expéditionnaires envoyés en quête de futures colonies dépasse tout ce que les T’au ont connu au long de leur histoire.
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Après la défaite de l’invasion Ork et l’avènement d’une nouvelle héroïne à la tête de la Caste du Feu, Aun’Va jugea le moment venu de déclarer la Troisième Sphère d’Expansion. Grâce au surcroît de ressources fourni par les Septs désormais bien établis, l’Empire T’au entreprit cette campagne de conquête à une échelle sans précédent.
Malgré leur dynamisme et leur audace, les précédentes Sphères d’Expansion s’étaient cantonnées aux amas stellaires denses proches de la planète T’au. Leur ambition était limitée, car les T’au n’avaient pas les moyens démographiques de s’étendre davantage, et ils n’avaient pas encore appris à exploiter pleinement les capacités de leurs alliés. S’y ajoutaient les contraintes d’ordre technique ; ainsi la Caste de la Terre cherchait constamment à développer des astronefs capables de franchir plus vite les distances interstellaires.
Aun’Va savait que c’était le moment ou jamais pour les T’au de maîtriser leur destinée. La Grande Guerre de Confédération avait mobilisé les T’au pour un conflit global, les Éthérés poussant chaque caste à produire plus et mieux. L’invasion Ork avait servi d’entraînement impitoyable pour la Caste du Feu, et les pertes de cette campagne prolongée avaient été remplacées. De nombreux Guerriers de Feu et leurs Commandeurs avaient gagné une expérience inestimable face aux Peaux-Vertes. Plus que jamais, ils étaient en mesure de coordonner leurs efforts avec d’autres Septs et avec la marine T’au. Les effectifs d’auxiliaires prêts à se déployer avec la Caste du Feu furent augmentés jusqu’à atteindre un niveau sans précédent.
Afin d’atteindre au plus vite les systèmes lointains jugés prioritaires par les éclaireurs avancés, les armadas de vaisseaux T’au avaient été équipées des dernières modifications de la Caste de la Terre. La propulsion des astronefs fut améliorée de sorte que les moteurs puissent fournir une poussée accrue, pour atteindre des vélocités jusque-là inconcevables. Pour alléger le fardeau des navires de transport destinés aux plus longs périples, la Caste de la Terre les équipa de vastes chambres de stase, pour permettre à des cadres de chasse, voire à des commandements entiers, de passer des mois ou des années en transit sans vieillir d’un jour.
Inclinez-vous devant le Bien Suprême
Tous les Septs envoyèrent des flottes pour contribuer à la grande expansion. Cette force, plusieurs fois plus grande que les précédentes, serait dirigée par le Commandeur Shadowsun en personne, en sa nouvelle qualité d’officier supérieur de toute la Caste du Feu. Son cap traverserait le Golfe de Damoclès, et doublerait les champs d’astéroïdes de Gri-lok. Les destinations avaient été planifiées méticuleusement : toutes les lunes et planètes propices à la colonisation étaient marquées sur les holo-cartes de la flotte. Les populations indigènes avaient déjà reçu la visite de marchands et d’ambassadeurs de la Caste de l’Eau pour explorer les possibilités d’annexion pacifique.
Certaines planètes vouées à l’absorption par l’Empire T’au appartenaient à l’Imperium de l’Humanité. En l’occurrence, Aun’Va n’aurait pas pu choisir un meilleur moment pour lancer la Troisième Sphère d’Expansion. Des agents de la Caste de l’Eau et des Gue’vesa - auxiliaires humains loyaux aux T’au - confirmèrent ce que la Caste de la Terre avait déduit de transmissions interceptées : pour faire face à d’autres conflits plus lointains, le nombre de défenseurs avait été fortement réduit aux frontières du territoire impérial.
La marge Septentrionale du Golfe de Damoclès fut bientôt totalement rattachée au domaine T’au, et vers l’ouest galactique, les secteurs adjacents aux systèmes du Soleil Rouge furent purgés des Hruds, Orks et humains rebelles. Les flottilles des conclaves de liaison avec les peuples indigènes de la Caste de l’Eau se déployèrent en vue du long processus d’intégration de ceux qui souhaitaient accéder aux lumières. Plus d’un monde humain désirait être annexé pour échapper à l’emprise tyrannique de l’Imperium. La Caste de la Terre, pressée d’exploiter ses nouveaux domaines, larguait déjà ses dômes de production sur les sites riches en ressources. Pour maintenir l’élan de la conquête, les T’au devaient établir des sources de carburant proches du front d’expansion. Reliée à l’Empire T’au par de longues chaînes de relais de communication, l’expansion englobait des dizaines de mondes, et ce n’était que le début.
Shadowsun Triomphe
Portée par ses premiers succès, Shadowsun mena son armée toujours plus loin en territoire impérial. Elle semblait être partout à fois, poussant ses forces en avant. À l’avant-garde de l’offensive, les fers de lance de la Caste du Feu se dirigeaient vers leurs cibles avant même que les troupes de consolidation qui les talonnaient aient fini de se déployer sur la conquête précédente.
Shadowsun rencontra une résistance croissante vers l’intérieur l’Imperium, et vit que l’étirement de ses forces épuiserait son élan. Au lieu d’assaillir des planètes bien défendues, elle divisa ses flottes, et les envoya dans douze directions à la fois pour pratiquer un harcèlement que l’Imperium ne pouvait contrer efficacement. À la longue, ce dernier se contenta de défendre passivement une poignée de mondes clés. Shadowsun sut en tirer parti pour concentrer ses forces à loisir et attaquer la planète de son choix. Sa première cible fut l’Agri-Monde d’Agrellan, dont l’orbite le désignait comme portail vers un amas de riches mondes impériaux.
Des convois de troupes fraîches de la Caste du Feu, ainsi que de nombreux prototypes d’armes, furent dépêchés en vue du conflit décisif. Aun’Va lui-même vint motiver la Caste du Feu, et à sa vue, les T’au surent que la victoire était certaine. Enfin, on mobilisa la plus lourde classe d’exo-armures sous la direction inspirée de Shadowsun, et son utilisation fut couronnée de succès. De manière appropriée, ce fut cette Exo-Armure XV104 Riptide qui infligea le coup de grâce lors de la bataille finale, en anéantissant les chars lourds qui avaient si longuement défendu les portes de la capitale planétaire. Malgré l’obstination fataliste des défenseurs impériaux, les couloirs de la ruche ne tardèrent pas à être noyés dans le sang, hormis de rares poches de résistance. La planète fut renommée Mu'gulath Bay par les T’au, puis le système tomba à son tour.
La Revanche de l'Imperium
Les T’au remportèrent tant de victoires que de nombreux stratèges de la Caste du Feu crurent que la guerre était déjà gagnée, et que l’Imperium de l’Humanité était en déroute. Ce vœu naïf eut pour démenti l’arrivée d’une énorme flotte de guerre impériale dans l’orbite de Mu’gulath Bay. L’Humanité était revenue, pour reprendre son monde, ou à défaut pour le réduire en cendres.
La bataille qui s’ensuivit fut une boucherie telle que les T’au n’en avaient jamais connue. Il ne semblait pas y avoir de limite au personnel et aux blindés dont l’Imperium disposait. Les défenseurs de la Caste du Feu combattaient jusqu’à leur dernier souffle pour le Bien Suprême, mais même le Kauyon impeccablement exécuté du Commandeur Shadowsun n’était pas de taille face à la fureur de l’Imperium. Alors que tout espoir semblait perdu, des exo-armures rouges plongèrent du ciel dans les formations impériales, atomisant l’ennemi à courte portée. Le paria qu’était le Commandeur Farsight était venu à la rescousse des siens.
La noble intervention du rebelle Farsight sauva les forces T’au sur Mu’gulath Bay de l’anéantissement, mais l’Imperium de l’Humanité ne pouvait se reconnaître vaincu par un empire xenos parvenu. Les humains envoyèrent des assassins cauchemardesques traquer les officiers supérieurs T’au, en espérant décapiter l’ennemi. Pour ajouter aux représailles, les agents de l’Adeptus Mechanicus mirent en œuvre une archéotechnologie insondable pour incendier Mu’gulath Bay, et en faire un brasier défiant les lois physiques qui se répandit dans le Golfe de Damoclès. Le rêve du nouveau Sept partit en fumée, et cette atrocité mit le point final à la Troisième Sphère d’Expansion. Shadowsun et les restes de sa coalition battirent en retraite loin de Mu’gulath Bay, et entreprirent la patiente consolidation de leurs autres gains significatifs.
Le Sort de la Quatrième Sphère
- « La perte tragique de la flotte de la Quatrième Sphère fut la plus terrible événement dont j’ai été témoin. Il me hantera jusqu’à mes derniers jours. Pourtant, le pire désastre recèle une opportunité. L’obscurité peut laisser entrevoir une lueur d’espoir. Le progrès ne peut se laisser arrêter par la tragédie, ni l’innovation par l’hésitation. Notre œuvre se poursuit. L’esprit clair et les mains sûres, nous tirerons les dures leçons du passé. »
- - Fio’vre Ka’buto, inventeur de module AL-38 Sillage.
La Troisième Sphère d’Expansion avait amené de nombreux mondes dans le giron du Bien Suprême, mais elle s’acheva dans les flammes et la destruction, en isolant les T’au du reste de la galaxie. L’Empire avait besoin de nouvelles technologies pour quitter la Bordure Orientale, mais en cherchant à s’étendre rapidement à tout prix, les T’au couraient au désastre…
Franchir les Étoiles
Tout en se remettant des suites de la guerre de Mu’gulath Bay, l’Empire T’au expansionniste se heurta à un dilemme. Grâce à une archéotechnologie occulte, les Technoprêtres de l’Adeptus Mechanicus avaient plongé un grand volume d’espace dans les flammes, et coupé la route que les T’au étaient destinés à emprunter vers le noyau galactique. À l’est de l’Empire s’étend une région désolée, privée de vie par l’appétit de la Flotte-Ruche Gorgone, et à l’ouest, la dynastie Nécron Sautekh fourbissait ses flottes. Cernés, les T’au se retrouvaient privés de voie de conquête spatiale libre de tout obstacle.
En cette période de tension exacerbée, un autre cataclysme frappa, entre autres, l’Empire. Le phénomène de la Grande Faille - baptisée Mont’yhe’va, ou "Dévoreuse d’Espoir" - déchira la galaxie et stria le ciel de l’Empire T’au, tout en entraînant de violentes tempêtes autour de colonies cruciales. Des millions de vies furent perdues. Plus d’un stratège T’au craignait que même les Septs les mieux établis puissent être mis en péril si de tels troubles perduraient.
Sur la planète T’au, au cœur de l’Empire, le Haut Conseil des Éthérés discuta de la question à huis clos. Une faction minoritaire proposa de négocier un passage à travers le territoire de l’Imperium de l’Humanité, mais les humains furent jugés trop versatiles et hostiles pour une telle approche diplomatique. D’autres proposèrent de bâtir de grands cryo-vaisseaux de colonisation, quitte à ce qu’ils mettent des siècles à atteindre de nouveaux mondes. Mais un mode de prolifération aussi lent n’était pas du goût des T’au. On ne pouvait retarder davantage l’édification des peuples arriérés, car chaque jour la galaxie souffrait davantage de leurs querelles.
C’est ainsi que la Caste des Éthérés choisit un moyen plus dangereux, mais qui pouvait résoudre tous les problèmes. Depuis les premières rencontres entre T’au et humains, les divisions scientifiques de la Caste de la Terre eurent pour tâche d’étudier la technologie primitive de l’Imperium, afin de comprendre comment ses navires pouvaient exécuter de tels sauts à travers le vide. Une percée survient après des décennies d’étude et d’altérations, au cours desquelles la technologie impériale fut adjointe à des épaves de Sphères de Guerre Kroots récupérées en secret sur les sites de batailles des précédentes expansions. Le module AL-38 Sillage était un prototype adaptable au système de propulsion de n’importe quel type d’astronef, et destiné à engendrer une bulle d’antimatière autour du navire pour le propulser à une vitesse telle qu’il pourrait percer la trame de la réalité elle-même. De la sorte, il serait possible de franchir d’immenses distances à travers l’espace réel dans des délais considérablement réduits. Les premiers tests du module rencontrèrent un succès incroyablement prometteur. Les vaisseaux T’au pourvus du prototype de module Sillage étaient capables de traverser tout l’Empire en l’espace de quelques jours, un voyage qui prenait des mois au bas mot avec des modes de propulsion antérieurs. Il était donc théoriquement possible de simplement contourner le brasier stellaire qui barrait le Golfe de Damoclès.
Tragédie à Numenar Point
L’Empire hâta sa production de bâtiments munis du module sub-domaine, et des cadres de vétérans de la Caste du Feu sélectionnés dans tous les Septs furent affectés au projet de colonisation. L’autorité militaire suprême fut accordée au Commandeur Surestrike, un vétéran doué de sang-froid et d’un jugement posé, et qui faisait l’objet d’un grand respect de par le prestige accumulé lors des guerres de la Troisième Sphère d’Expansion. Il avait combattu au côté de Shadowsun elle-même à la bataille de Mu’gulath Bay, et O’Shaserra se portait garante de ses aptitudes.
Ce fut en grande pompe qu’Aun’Va proclama le commencement de la Quatrième Sphère d’Expansion. L’Éthéré Suprême déclara qu’elle percerait le brasier du Golfe de Damoclès telle une lance de vérité irrépressible, et qu’elle répandrait le credo du Bien Suprême plus loin que jamais vers le cœur de la galaxie.
L’armada de Surestrike se rassembla à Numenar Point, sur les marches septentrionales de l’Empire T’au. Le savant de la Caste de la Terre Fio’vre Ka’buto, le génie à l’origine du prototype AL-38 Sillage, exprima son inquiétude au sujet de l’ampleur de l’expédition. L’AL-38, soulignait-il, n’avait été jusqu’ici employé que pour faire voyager plus vite que la lumière qu’un seul navire à la fois, et on n’avait pas dûment exploré les ramifications potentielles de brèches multiples dans la trame de l’espace-temps, avec une telle concentration et cela simultanément. Le Haut Conseil rejeta tranquillement ces objections, en rappelant le taux de succès quasi parfait des essais du prototype. La Quatrième Sphère d’Expansion se poursuivrait comme prévu.
Tournées vers le brasier du Golfe de Damoclès, les flottes de la Quatrième Sphère d’Expansion s’apprêtèrent à effectuer le grand saut, première étape d’une ère nouvelle d’exploration et d’expansion. Quand le Commandeur Surestrike donna le signal, chaque vaisseau mit sous tension son module Sillage. Et ce fut à cet instant que la galaxie se déchira.
La disruption cumulée de centaines de champs antimatière activés en même temps eut l’effet d’une bombe à impulsions transdimensionnelle, qui creva le voile entre les réalités. Une plaie béante s’ouvrit dans l’espace réel devant l’armada de la Quatrième Sphère d’Expansion, vomissant des couleurs surnaturelles et des ébauches de formes mouvantes. Les T’au horrifiés assistèrent, impuissants, à l’approche de la brèche grandissante. Les rétrofusées à fusion s’allumèrent quand les amiraux de la Caste de l’Air tentèrent de se soustraire au péril, mais elles étaient impuissantes comme un frêle oiseau pris dans un ouragan. L’orage d’irréalité balaya la Quatrième Sphère d’Expansion et l’avala entièrement, en ne laissant rien de plus qu’un vortex de couleurs nauséeuses. Ces images furent diffusées sur tous les Septs, du lointain D’yanoi à T’au lui-même. Des exclamations d’horreur se réverbérèrent sur les places publiques comme sur les plates-formes de visionnage, puis le signal fut coupé. La Caste des Éthérés censura les faits, et produisit des holo-métrages savamment truqués qui montraient la Quatrième Sphère d’Expansion accomplir sans encombre ses sauts dans le sub-domaine vers l’inconnu. Pendant ce temps, des drones de reconnaissance à longue portée sillonnaient la noirceur de l’espace, en quête du moindre signe d’appel de détresse ou d’holo-faisceau d’urgence. Ils ne trouvèrent rien.
Une Lueur dans la Nuit
Les années passèrent. Loin d’entreprendre de grandes découvertes, les T’au se retrouvèrent sur la défensive. Les incessantes perturbations cosmiques qui ravageaient l’Empire ne se calmaient visiblement pas. Des ennemis resurgirent sur tous les fronts, comme si l’irruption de la Mont’yhe’va avait rendu frénétiques les espèces obscurantistes. Les Orks revenaient en nombre, et l’ombre de la Flotte-Ruche Gorgone, qu’on avait crue pratiquement détruite, revenait hanter la Faille de Perdus. Des populations xenos des Septs, notamment proches de la Mont’yhe’va, furent prises de démence violente. C’était chose courante chez, les colonies de gue’vesa humains. Plusieurs soulèvements furent réprimés froidement, et heureusement le mal épargna les T’au. La Caste du Feu continuait à assurer la sûreté des frontières de l’Empire avec bravoure et abnégation. Les combats étaient rudes et glorieux, mais pourtant, chaque Guerrier de Feu désirait la fin de ces fastidieuses opérations de consolidation, et le retour de la grande mission des T’au : sillonner la galaxie pour apporter le Bien Suprême à tous.
Si les T’au continuaient à œuvrer de concert au nom du progrès et des lumières, on ne pouvait nier le malaise qui affligeait sourdement les citoyens de l’Empire. Le projet AL-38 Sillage avait été abandonné, le prototype avait été démantelé et remisé dans les laboratoires de la Caste de la Terre. Avec lui disparut le rêve du voyage plus vite que la lumière. Les Éthérés n’avaient nullement l’intention de risquer un autre Numenar Point. On eût dit que la perte de la Quatrième Sphère avait marqué le crépuscule du T’au’va, une ère où l’incertitude et le danger permanent avaient supplanté l’idéal de la paix interstellaire.
Puis, après des années de silence, on capta an signal. Un holo-relais décela un drone solitaire qui dérivait dans la Zone du Silence, diffusant un flux de données cryptées sur un canal en usage au moment du drame. Des vaisseaux de reconnaissance se précipitèrent pour intercepter le drone, mais en atteignant sa position, ils découvrirent avec stupeur un phénomène cosmique inédit : un trou de ver tourbillonnant au beau milieu de cette portion d’espace déserte. Le drone tournait autour de cette anomalie, et contenait des codes d’identification sécurisés ainsi que des clés à micro-phase remontant au lancement de la Quatrième Sphère d’Expansion. Mieux encore, sa base de données comprenait des coordonnées sises loin au nord de l’Empire T’au, dans le territoire que l’Humanité appelait Étendue de Chalnath. Cette découverte impliquait un miracle : la Quatrième Sphère d’Expansion avait perduré, et appelait les siens depuis l’autre extrémité du trou de ver.
Le Haut Conseil ordonna qu’on construise sans délai des positions défensives autour du trou de ver, que les T’au baptisèrent Nexus Stellaire. Un anneau hexagonal de forteresses spatiales entrelacées de champs de mines à ions devait défendre l’anomalie, et plusieurs flottes de défense kor’vattra allaient être affectées en permanence aux patrouilles dans ses parages scintillants. La quantité de matières premières requise pour ériger ces fortifications était ahurissante, de quoi bâtir des centaines de flottes de guerre. Afin de réunir ces ressources dans le plus bref délai, les T’au établirent des programmes de déplacement de populations dits Décrets de Liberté de Travailler, afin de transférer des T’au aussi bien que des Xenos entre leur monde d’origine et le site de leur nouveau chantier. Les ressources consacrées à la protection du nexus rivalisèrent bientôt avec celles allouées au monde d’origine des T’au lui-même.
Pendant ce temps, une division de savants éminents de la Caste de la Terre, venus de tout l’Empire et encadrés par l’équipe à qui on devait la création du module AL-38 Sillage, étudiait et sondait le trou de ver en quête de réponses.
Horizons Neufs, Périls Neufs
- « Ce n’est pas notre technologie qui nous permettra de dominer la galaxie mais plutôt le sens de l’honneur et de la communauté qui nous unit et qui nous donne la force de vaincre nos ennemis. »
- - Sahs’el Sa’cea Or’es, Commandeur de la Caste du Feu.
Par miracle, les T’au avaient découvert où se trouvaient les rescapés de la Quatrième Sphère d’Expansion. Le cœur plein d’un espoir neuf, les guerriers et les colons de la Cinquième Sphère d’Expansion s’apprêtaient à reprendre contact avec leurs proches disparus. Ils ne pouvaient guère imaginer l’horrible vérité que recelait la disparition de la Quatrième Sphère…
Réunification
La fortification du Nexus Stellaire s’acheva dans un délai étonnamment court, bien plus tôt que ce qu’estimaient les savants de la Caste de la Terre responsables de sa construction. Or, faute de preuve concrète comme quoi la Quatrième Sphère avait perduré, le Haut Conseil n’autoriserait aucune expédition à emprunter le portail. Une sonde y fut envoyée, avec des requêtes codées et des traceurs génétiques. Elle mit plus d’un cycle solaire T’au à revenir. L’analyse de l’échantillon sanguin et des enregistrements qu’elle rapportait confirma l’identité du correspondant : le Commandeur Surestrike en personne. Cette preuve explicite état en soi la promesse d’une nouvelle sphère d’expansion.
Suite au message miraculeux de la Quatrième Sphère, l’optimisme galvanisa de nouveau l’Empire, et des vagues de colons cherchèrent à faire partie de la grande expédition de la Cinquième Sphère d’Expansion. Le Commandeur Shadowsun elle-même fut tirée de sa stase pour guider les voyageurs qui retrouveraient Surestrike et son expédition. À sa demande, l’armada fut divisée en huit flottes, chacune dirigée par un Commandeur de la Caste du Feu de son choix, un vétéran ayant combattu avec elle dans le Golfe de Damoclès. Des milliers de bâtisseurs de la Caste de la Terre et de diplomates de la Caste de l’Eau étaient présents pour relever les défis logistiques et politiques.
Bientôt, l’armada de la Cinquième Sphère d’Expansion se disposa en formation serrée face au portail dimensionnel grand comme une lune. Sa lueur ondoyante se diffusait telle une auréole qui éclairait les navires de bleu pâle. On actionna les moteurs et on dressa les boucliers antimatière. D’un mot, le Commandeur Shadowsun donna le signal du saut. La flotte de la Cinquième Sphère d’Expansion fila en avant et bondit dans le vide.
Pris dans les remous, tous les vaisseaux fermèrent leurs panneaux d’observations et leurs sabords. Les équipages réduits au minimum et les IA éclaireuses maintenaient la flotte sur un cap précis, pendant que le reste des colons reposait en stase. Nul n’aurait pu dire combien de temps le voyage dura. Étrangement, on aurait dit des décennies, mais aussi quelques cycles. Pour finir, avec une secousse à nouer les tripes, les bâtiments de la Cinquième Sphère d’Expansion revinrent dans l’espace réel. Les panneaux se rouvrirent et les nacelles de stase s’abaissèrent dans le murmure décroissant de leurs batteries. Les baies d’observation s’ouvrirent lentement pour révéler un semis de vaisseau malmenés, d’arcologies spatiales et d’habitats dérivants. Plusieurs navires avaient été démantelés pour en faire une structure hexagonale autour de l’anomalie stellaire d’où l’armada de la Cinquième Sphère venait de surgir, ses canons à impulsions et ses accélérateurs de masse pointés vers l’espace. Ce collectif disparate émit à l’unisson un message de bienvenue à l’Atoll de Nem’yar.
Septs de la Cinquième Sphère | ||||||
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Le Commandeur Shadowsun sortit du tube d’amarrage de son vaisseau et prit pied à bord d’une arcologie, en compagnie de plusieurs Éthérés de haut rang. Ce fut le Commandeur Surestrike en personne qui l’accueillit. Il semblait avoir vieilli de plusieurs décennies depuis leur dernière rencontre. Malgré la présence des Éthérés, le vétéran de la Caste du Feu ne semblait pas satisfait spirituellement, et ses yeux étaient froids comme l’acier. La délégation d’Éthérés interrogea le Commandeur pendant plusieurs semaines. La teneur de ces conversations était tenue secrète, et les vaisseaux du Corps Édificatoire se trouvaient fréquemment près du Portail de la Quatrième Sphère, le temps que les officiers politiques T’au recoupent les témoignages des rescapés de l’expédition précédente. Cela n’empêcha pas la circulation de rumeurs troublantes. Quelque chose avait attaqué les vaisseaux de la Quatrième Sphère d’Expansion à la dérive dans le sub-domaine. Près des trois quarts des vaisseaux de l’expédition furent déchiquetés, leurs occupants emportés par le maelström hurlant. Des formes bizarres se manifestèrent dans les navires marchands et les frégates Kir’Qath, tels des êtres étrangers à toutes les lois de la physique ou de la nature. Plus d’un navire fut éviscéré de l’intérieur, et ses passagers dévorés. Les créatures affamées du sub-domaine traquaient et engloutissaient leurs proies une par une. On eût dit qu’elles prolongeaient le tourment des T’au pour s’en nourrir.
Aucun survivant de la Quatrième Sphère d’Expansion ne pouvait estimer la durée de ce cauchemar. Et personne ne voulait parler de ce qui les avait sauvés, si ce n’est qu’une chose douée d’une conscience hideuse les avait arrachés à leur tourment, en ouvrant ce faisant une large brèche dans le tissu de l’irréalité - ce même trou de ver que la Cinquième Sphère d’Expansion avait emprunté. L’horreur primordiale dans le regard des témoins de cet étrange salut glaça d’angoisse leurs interlocuteurs. Les malheureux avaient été irrévocablement changés par ce qu’ils avaient vu. Ils parlaient peu, et ne croisaient pas volontiers le regard de ceux qui n’avaient pas connu ce qu’ils relataient. Mais c’était la présence des espèces non-T’au qui semblait le plus les gêner. Ce ne fut que sur l’insistance des Éthérés que Surestrike permit aux auxiliaires extraterrestres de venir à bord du portail. Et même ainsi, ses guerriers tenaient en joue tout non-T’au présent sur leur territoire. Ce qu’il était advenu des auxiliaires de la Quatrième Sphère demeurait une énigme, mais les bruits parlaient d’exil forcé et même de liquidation en masse. D’aucuns avancèrent qu’au cours de leur odyssée traumatisante, les T’au de la Quatrième Sphère avaient assisté à la corruption ignoble de quelque forme de pureté, et ils en accusaient les Xenos rattachés au T’au’va.
Colonisation
- « Ce n’est que par notre éclectisme et nos forces combinées au service d’un but commun que nous surmonterons l’adversité. Nous sommes les élus chargés de protéger cette nouvelle frontière au nom de notre alliance. Ne gâchons pas cette opportunité. »
- - Commandante Shadowsun
Malgré ces retrouvailles sous une chape de plomb, l’élan de la Cinquième Sphère d’Expansion se maintint. Les T’au ne pouvaient pas se permettre de stagner. Cette nouvelle frontière était mortellement dangereuse, et le traumatisme persistant de la Grande Faille rendait de la navigation périlleuse. Pire, les vieux ennemis des T’au n’étaient pas oisifs. Des milliers de flottilles Orks sillonnaient la Nébuleuse de Ful’na à l’est, massacrant tout ce qu’elles croisaient. Des bribes éparses de Flottes-Ruches Tyranides, rescapées de quelque bataille apocalyptique, dérivaient au sud le long du plan galactique. Il n’y avait pas grand signe de l’Imperium de l’Humanité - la némésis interstellaire de l’Empire T’au - hormis des convois égarés dans le nouveau territoire de l’Empire, et promptement capturés ou détruits. Les captifs ne savaient pas grand-chose. Les modes de communication archaïques et les voyages spatiaux humains avaient manifestement beaucoup souffert des troubles galactiques, et les T’au profitèrent de cette faiblesse pour convaincre plusieurs mondes humains voisins de la justesse du Bien Suprême, en excisant les éléments qui refusaient cette émancipation.
Ainsi, plusieurs planètes impériales furent rapidement capturées par les forces de Shadowsun, et les guerriers de la Quatrième Sphère d’Expansion s’étaient adonnés à ces purges avec enthousiasme, ce qui suscita la désapprobation et l’indignation de leurs frères. Leur absence de pitié était inédite chez des adhérents au Code du Feu, au point de fusiller des prisonniers et de ne pas minimiser - au contraire - les pertes chez les non-T’au. Les incidents, tels que le Massacre des Lacs Dul’un, le Massacre de Sal’kyo, le Bain de Sang de la Station Fi’liol, les Huit Jours d’Infamie et bien d’autres, consternèrent le Commandeur Shadowsun et le Haut Conseil. Plusieurs officiers T’au de la Quatrième Sphère subirent le châtiment rituel du Malk’la pour leurs actes et leur brutalité inutile, avant d’être déchus de leur grade ou renvoyés dans l’Empire pour y être réassimilés. Suite à des tueries et à un soulèvement de Kroots sanglant sur la colonie de Ky’san, tous les auxiliaires xenos furent retirés des contingents T’au de la Quatrième Sphère.
En dépit de ces incidents malvenus, l’effort expansionniste T’au se poursuivit à un rythme soutenu. En l’espace de quelques mois, plusieurs planètes furent occupées et transformées en colonies prospères, et de nouveaux Septs s’épanouirent sous l’égide des officiels de la Caste de l’Eau. Des stations de défense orbitale et des patrouilleurs gardaient les limites de l’Atoll de Nem’yar, car après la dévastation de Damoclès, les T’au s’attendaient bien à ce que l’Imperium de l’Humanité cherche à reprendre par le fer et le feu son domaine perdu. Et pourtant, les guerriers zélés de l’Humanité n’étaient pas les seuls à convoiter le Nexus Stellaire, cette route grande ouverte vers le cœur de l’Empire T’au…
En effet, quelques mois après la récupération des rescapés de la Quatrième Sphère, l’Atoll de Nem’yar fut attaqué. Une armada de navires impériaux horriblement défigurés apparut sans crier gare dans l’espace réel, aux portes du Nexus Stellaire, et libéra sur-le-champ des nuées de torpilles d’abordage et un barrage d’artillerie. Les plates-formes de défense du Nexus Stellaire furent criblées d’obus qui les firent rouiller en quelques instants. Les défenseurs furent ensuite assaillis par des ennemis qui ressemblaient à des Space Marines, mais dont les corps avaient été déformés de façon grotesque par des maladies. Beaucoup maniaient des faux capables de couper en deux une Exo-Armure Crisis, ou des armes qui crachaient des jets de matières toxiques. Ces adversaires étaient terriblement résistants, au point d’ignorer les tirs d’armes légères.
En dépit du caractère imprévu de l’assaut, les forces des T’au étaient disciplinées et réagirent efficacement. Plusieurs navires ennemis furent abattus malgré la robustesse dont ils faisaient preuve, mais plus encore résistèrent à là pluie de feu et débarquèrent des milliers de guerriers abordèrent les vaisseaux et les fortifications des T’au, répandant leurs maladies avec une joie cruelle. Des rapports affluèrent, faisant état de T’au contaminés, sans qu’on puisse comprendre comment des maladies des Guela pouvaient affecter une autre espèce. Certaines stations orbitales furent ravagées, au point que le dernier acte de leur commandant fut d’ordonner leur autodestruction afin que les afflictions ne se propagent pas.
Quand Shadowsun fut informée de l’attaque, elle réagit sans hésiter. Comparant des données issues de combats sur Kellik et Calendhula, elle comprit que les assaillants faisaient partie de la Death Guard. Le Nexus Stellaire ne devait pas tomber entre les mains de ces monstres, sinon ils seraient en mesure de l’utiliser pour attaquer directement le reste de l’Empire T’au.
Lorsqu’elle arriva au Nexus, la flotte de Shadowsun se scinda en deux groupe de bataille, chacun avec ses propres cibles et objectifs. Certains avaient pour but de délivrer les stations de défense assiégées, d’autres d’engager de front les forces de la Death Guard. Chaque action faisait partie d’un plan à plus grande échelle destiné à présenter tant de cibles à la Death Guard que sa flotte serait obligée de se diviser. Les groupes de combat agissaient comme des leurres, battaient en retraite et contre-attaquaient. Néanmoins, les pertes s’accumulaient rapidement pour les T’au et restaient modestes pour la Death Guard, au point qu’elle disposait encore de dizaines de navires pour pénétrer dans le Nexus Stellaire.
Éprouvant un rare moment de doute, Shadowsun estima qu’il était peut-être impossible de l’emporter et ordonna qu’on prévienne le reste de l’empire. Un prototype sophistiqué de drone messager fila depuis le vaisseau de Shadowsun dans un éclair de lumière, dépassa la flotte de la Death Guard et disparut dans le Nexus Stellaire.
Alors que certains navires de la Death Guard s’engageaient eux aussi dans le Nexus, ceux de l’arrière-garde se désengagèrent soudainement, leurs coques scrofuleuses continuant d’aborder une avalanche de tirs alors qu’ils se rendaient vers leur point d’extraction Warp. Les vaisseaux T’au parvinrent à en détruire quelques-uns mais la majorité s’échappa.
De l’autre côté du Nexus, dans la Zone de Silence, les flottes de défense Startide retenaient leur souffle. Des renforts avaient afflué de tout l’empire suite au message d’alerte du drone messager.
Toutefois, aucun navire pestiféré n’émergea du Nexus. Les T’au restèrent en alerte pendant plusieurs mois, mais rien ne se produisit. La tension était palpable durant toute cette période, car des forces horribles risquaient d’apparaître à tout moment et de submerger la Zone de Silence sous un déluge de virulence. Les théories abondèrent quant aux raisons de l’attaque initiale de la Death Guard. Les stratèges T’au ne parvenaient pas à se mettre d’accord, néanmoins ils s’accordaient à dire que la menace n’avait pas été levée. Les défenses du Nexus furent renforcées et les données des sondes étudiées avec minutie.
Médias Externes
Sources
- Codex T'au Empire, V8
- Codex Empire Tau, V7
- Codex Empire Tau, V6
- Codex Tau, V3
- Warhammer 40 000 - Éveil Psychique : Le Bien Suprême