Histoire des Dark Angels
Durs et intransigeants, les Dark Angels ont été la première Légion de l’Empereur et les plus purs représentants du moule original des Legiones Astartes. Ils étaient des tueurs de la plus pure et de la plus raffinée espèce, pour qui il ne pouvait y avoir d’autre destin qu’une vie de guerre et de mort au nom de l’Imperium et de l’Humanité. Ils n’ont pas construit d’empires, n’ont pas cherché à maîtriser les voies de la paix ou les compétences subtiles de l’artiste, de l’artisan ou du diplomate. Ils n’ont offert aucune excuse pour leur nature et n’ont fait aucun compromis dans la poursuite du devoir qui leur était assigné, n’esquivant ni le prix payé dans le sang ni le prix payé dans l’infamie et la solitude. Leurs plus grandes batailles ne se trouvent dans aucun catalogue de Conformité ou tableau d’honneur, aucun érudit ou poète ne chante leurs gloires ou ne se souvient de ce qui s’est passé, car elles ont été menées contre des ennemis si monstrueux qu’il a été jugé nécessaire que toute mention d’eux soit effacée de l’histoire. Telle était la nature de leur service, non seulement pour être les guerriers de la Grande Croisade, mais aussi pour être un puissant rempart de l’Imperium contre les terreurs inconnues qui se cachaient dans l’obscurité entre les étoiles.[1]
Origines : Forgés de Secrets et de Ténèbres
L’héraldique des Dark Angels proclame leur lignée, la première des Legiones Astartes de l’Empereur, mais à part ce simple fait, on sait peu de choses sur les origines de la Légion et son stock génétique initial. La genèse des Legiones Astartes dans son ensemble est un sujet entouré de beaucoup de secret. C’est peut-être la plus grande et la plus durable des nombreuses œuvres de l’Empereur et un sujet dont les érudits ont été mis en garde dans les derniers jours de Son Imperium. Ce que l’on sait avec une certaine certitude, c’est que, parmi toutes les nombreuses races de ces guerriers post-humains, les Dark Angels ont été conçus par l’Empereur comme un modèle pour ceux qui allaient suivre, distillés à partir du code génétique du plus stable de tous Ses Primarques et sans aucune tentative de favoriser des traits spécifiques ou de freiner les excentricités de la souche dont ils furent issus. Malgré cela, le processus de production de ces premiers échantillons a été long et laborieux, initié peut-être un siècle ou plus avant la fin des Guerres d'Unification et consommant un grand nombre de sujets d’essai pour ne produire qu’une poignée de proto-Astartes stables. Parmi ces créations initiales, référencées dans les documents fragmentaires mis au jour dans les Archives Impériales sous le nom de Souche Primordiale, presque aucune n’a survécu aux premiers essais de combat et aux tests chirurgicaux, mais elles constituaient la base des cultures initiales de la Première Légion et, par le mérite du processus raffiné formulé avec leur création, des autres Légions également.
Sur les dizaines de milliers de sujets qui ont saigné et qui sont morts dans les laboratoires secrets de l’Empereur, les noms de tous, sauf une poignée, sont inconnus. La plupart étaient, et restent, des sujets anonymes utilisés pour cultiver les premiers lots bruts de graines génétiques distillées à partir du sang des Primarques, des sujets de test pour les premiers organes cultivés à partir de cette graine et tous étaient considérés comme jetables dans la cause de la genèse des Space Marines. Quelques-uns, cependant, ont servi à quelque chose de plus : des prototypes fonctionnels de la nouvelle race de guerriers que l’Empereur avait envisagée pour Sa conquête non seulement de la Vieille Terre mais de la galaxie toute entière. Ils n’étaient probablement pas tout à fait comme leurs cousins modernes - non raffinés et mal-aimés, mais néanmoins puissants - et servaient de pont entre le pouvoir unique des Primarques et leurs fils ; une formule par laquelle le processus pouvait être répété et perfectionné. La grande majorité d’entre eux sont nés de la souche génétique extraite du premier des Primarques, connue pour sa stabilité, avec un seul guerrier inscrit par son nom dans le plus ancien des documents récupérés dans les profondeurs des Archives du Palais Impérial : Abrasax, le quatorzième Ghent. On ne retrouve aucune mention de ce chiffre dans les Archives Impériales, ni dans l’ordre de bataille d’aucune des Legiones Astartes, sauf dans un texte obscur. Un bref compte-rendu, rédigé par l’un des conseillers assistant l’Empereur pendant le siège du Palais Impérial, fait état d’un guerrier du nom d’Abraxus Ghent, vêtu d’une Armure Énergétique sans ornement, qui avait été l’un des nombreux gardiens des vastes salles de ce vénérable bâtiment et qui avait combattu au sein de l’arrière-garde qui tenait les quartiers intérieurs contre les hordes de Traîtres pendant que l’Empereur et Ses Primarques menaient l’assaut sur le vaisseau amiral d’Horus. Sa mort n’est pas mentionnée dans le récit, et il n’apparaît pas non plus sur les longs tableaux d’honneur qui désignent les vétérans de cette bataille capitale, vivants ou morts. |
Cette grande expérience a eu un impact sanglant sur les territoires contrôlés par l’Empereur, car ses composantes les plus importantes étaient des sujets humains non contaminés, tous dans une fourchette d’âge et de condition physique spécifique. Étant donné l’état de Terra au lendemain des guerres de la Vieille Nuit, sa surface polluée par les deux fléaux que furent le bombardement atomique et le bactériologique, ces sujets étaient limités. Les premières expériences ont été menées avec les jeunes des ennemis conquis par l’Empereur et ceux achetés aux clans nomades d’esclaves qui abondaient dans les désolations de la Terra d’avant l’Unité, et plus tard par tribut en hommes exigées sur ces territoires amenés, volontairement ou non, dans le giron de l’Imperium. Ainsi, les Dark Angels ne portaient pas l’empreinte d’un seul gène, contrairement à certaines autres Légions durant leurs premières années, dont le caractère avait été façonné par la nature de leur apport initial. Leurs premières recrues, sélectionnées parmi les meilleurs éléments dont disposait l’Empereur, étaient d’origines diverses et ne partageaient aucun héritage culturel unique qui aurait pu déterminer la façon dont elles faisaient la guerre. En effet, la diversité de leurs origines a apporté une richesse de traditions martiales disparates dans la Légion naissante. L’infanterie des plaines Francishs et des île d’Albia avait apporté avec elle la mentalité brutale qui avait conquis la moitié des terres en ruines d’Europa, les guerriers des steppes Anatolics lointaines une habileté de guerrier de cavalerie, les berserkers de la gelée Skandia une efficacité meurtrière, et d’une douzaine d’autres cultures guerrières. La Première Légion était le creuset dans lequel tous les bruits sauvages de la Vieille Nuit, toutes les connaissances âpres et la sagesse sanglante accumulées pendant des millénaires de guerre devaient être distillées et façonnées en une arme d’une rare puissance.
Au cours des premières années de la grande expérience des Legiones Astartes, les protagonistes de la Première Légion, à peine quelques centaines de guerriers, ont été encouragés à éviter les noms de leur propre peuple et à adopter une nouvelle unité non marquée par de vieilles loyautés, en prenant souvent à la place les noms des héros des vieux contes qui avaient survécu à l’Ère des Luttes. Dans les premiers tableaux d’honneur de la Légion, on trouvait les noms de Gilgamesh, Héraclès, Tarchon, Hengist et d’autres noms imprégnés par le temps de la puissance de la légende. Combinés à l’aspect sinistre que leur conférait le gène du premier Primarque, ces guerriers ont rapidement acquis une réputation parmi la foule disparate qui constituait à l’époque l’armée de l’Empereur, car ils semblaient être une bande de dieux tous façonnés à partir d’un moule singulier et puissant. Combattant d’abord en petits groupes dans les rangs de l’ost de l’Empereur, mettant en œuvre à la fois les compétences de leurs origines et celles des maîtres génétiques des Laboratoires Impériaux, ils en viendront à être connus sous le nom de Princes Non Couronnés ou simplement de Couronnés. C’était un hommage à la fois à leur place dans la ligne de bataille et au destin qui leur avait été conféré par leur créateur ; un titre qui allait inspirer un sentiment d’unité et une certaine arrogance aux premiers Space Marines et les inciter à bâtir la voie à la fraternité croissante des Legiones Astartes.
Ce fut, dans les premiers temps de la Légion, la genèse des Osts de la Première Légion, qui sera plus tard affinée par le Primarque, Lion El'Jonson, dans les Ailes de ses Dark Angels ; une myriade de groupes informels au sein des premières Compagnies de la Légion qui ont travaillé à adapter les doctrines de combat apportées par ces origines disparates et à créer un code de combat digne des armées post-humaines de l’Empereur. Les Osts n'étaient pas liés par une Compagnie ou un commandant et existaient dans toute la Légion. Lors d’une bataille ou d'un engagement donné, au moins un petit nombre d’un Ost donné était présent pour conseiller et diriger si son expertise était requise. Dans les premières années de l’existence de la Première Légion, il y avait beaucoup plus d’armées qu’il n’y en a aujourd’hui, avec pas moins de 18 formations de ce type, comme en témoigne leur héraldique distincte dans les premières archives des Guerres d’Unification. Le troisième siège d’Antioche en 603.M30 a vu la participation de neuf "Osts" distincts au sein de quatre Compagnies particulières de la Légion, bien qu’à ce stade, elles comptaient moins de 30 guerriers chacune et présentaient un chevauchement tactique important dans les méthodes qu’elles ont employées pour percer les murs de cette ancienne enclave.
Avec le temps, les nombreuses armées de ces années chaotiques se sont rapidement transformées en un petit nombre d’armées plus concentrées, mais au cours de ces premières années, alors que les Légions sœurs n’étaient encore qu’une poignée de guerriers fraîchement moulés, la Première Légion était devenue le banc d’essai des diverses tactiques et doctrines qui allaient plus tard devenir le Principia Bellicosa. Alors que les autres Légions atteignaient une taille suffisante pour s’engager dans des actions de combat à petite échelle, certains des Osts les plus spécialisés devinrent obsolètes, inutiles face à des guerriers plus adeptes de ce style de guerre, tandis que d’autres s’éteignirent en raison des insuffisances de leurs méthodes et de la nature brutale de la guerre au 30e Millénaire. Loin de nuire à la Légion, ce processus d’évolution sanglant l’a laissée forte ; une arme bien rodée par les combats sur Terra. Il a également forgé un lien entre les guerriers disparates qui composaient cette première Légion, un lien basé sur le sentiment de supériorité et de distinction qui leur avait été inculqué par les serviteurs de l’Empereur qui les avaient formés et sur la crainte qu’ils inspiraient à ceux avec qui ils combattaient.[3]
La Première Légion
Des contes et des théories innombrables entourent les Guerriers Tonnerre et leur disparition soudaine de l’histoire de l’Imperium, la plupart étant des fabrications et des sophismes de la pire espèce, bien que certains méritent d’être examinés plus avant. L’un de ces récits en particulier est remarquable, un récit raconté par les tribus nomades qui vivent dans les terres désolées autour du Mont Ararat, et qui parle non seulement des Guerriers Tonnerre mais aussi d’une armée "vêtue de gris, sombre comme les nuages d’un orage, et marquée comme étant unique." Ces guerriers, comme le disent les nomades des collines, attendaient le retour des quelques Guerriers Tonnerre survivants, épuisés par leur victoire, et plutôt que de saluer leur bravoure, ils les ont terrassés dans une volée tonitruante de Bolts et de plasma. Ce récit est très différent du récit héroïque raconté par les Commémorateurs pour marquer la fin des guerres de l’Unité, mais en accord avec les nécessités brutales des plans de grande envergure de l’Empereur. Il est possible que les guerriers "marqués tous comme un seul homme" soient la Première Légion, qui portait tous le sigle de leur numéro en gras sur leur plaque, car les batailles de cette Légion étaient souvent retirées des archives impériales, les détails étant effacés et oubliés. Mais il n’existe pas de preuve concrète, pas même dans les archives du Palais Impérial. Pourtant, plusieurs anecdotes des dernières années de la Grande Croisade semblent étayer cette théorie, toutes liées à une préoccupation quasi obsessionnelle de traquer et de détruire les quelques Guerriers Tonnerre renégats qui ont survécu et fui Terra, au-delà des ordres permanents de la Cour Impériale de supprimer tous les supprimer. À trois reprises au moins, les flottes de la Première Légion ont changé de cap afin d’engager et de détruire les survivants des Guerriers Tonnerre, en faisant souvent de larges détours sur la base de simples rumeurs d’une telle activité. Une telle obsession est notable pour une Légion par ailleurs stoïque, et semble indiquer un intérêt plus personnel dans la résolution de toute rencontre avec des Guerriers Tonnerre survivants, peut-être même un sentiment de honte d’avoir permis à certains d’entre eux d’échapper à un engagement antérieur. Étant donné le secret bien connu de la Première Légion et la fréquence à laquelle ses campagnes et ses actions sont obscurcies par des décrets impériaux, il est peu probable que la vérité sur cette affaire soit jamais connue. |
Comme toutes les Legiones Astartes, la Première Légion devait remplacer les brigades des Guerriers Tonnerre, cette expérience instable qui, au milieu des années de Guerre d’Unification, avait fait son temps. Les régiments de Guerriers Tonnerre avaient été l’outil nécessaire à leur époque, une arme brute et sauvage pour faire face aux sombres tyrans et aux potentats débauchés qui avaient hérité de l’ancienne Terra. Pourtant, par rapport aux Légionnaires Astartes, c’était une race rude, puissante certes, peut-être même plus individuellement que ses nouveaux frères, mais incapable de réprimer sa fureur pour travailler à l’unisson. Ils étaient une horde, une tempête de fureur et des lames qui roulaient sur leurs ennemis, tandis que les Legiones Astartes étaient une véritable armée et, dans leur unité, pouvaient résister à n’importe quel assaut.
La Première Légion allait démontrer ce potentiel, car c’était une véritable Légion, comptant près de 10 000 membres alors que les autres n’avaient que quelques centaines chacune. C’est à Samerkend, en 668.M30, que la Première Légion s’est rendue en masse sur le terrain pour la première fois, assemblée avec l’Empereur Lui-même à leur tête. C’est là que les Légionnaires Astartes ont fait face à leur première véritable épreuve, non pas un test de force individuelle ou de pureté génétique, mais un test de leur valeur en tant qu’armée. 10 000 membres de la Première, flanqués de contingents de quatre autres Légions, ont affronté 200 000 Udug Hul, les soldats d’élite esclaves du roi d’Akkad. Les Udug Hul, dont le sang était un poison et dont la force était supérieure à 10 guerriers non améliorés, étaient la terreur du bassin de la Haute-Asie et un ennemi qui avait jusqu’alors résisté à l’avancée des armées de l’Empereur.
Dix heures après le début de la bataille, Samerkend était en ruines, les Udug Hul était dispersé et brisé et le Grand Roi d’Akkad avait la tête à la ceinture du nouveau Grand Maître de la Première Légion. Ce guerrier, Hector Thrane, a été loué par les princes de Terra pour sa victoire et a reçu le titre de Sinestra par l’Empereur, la main gauche du chef de guerre de Terra, Son instrument de conquête le plus redoutable. Sur ordre de l’Empereur, la Première Légion ne laissa pas une pierre debout, et presque toutes les traces des terreurs rencontrées lors de cette bataille furent détruites. Après la victoire, le taux de recrutement et de traitement des nouvelles Légions s’est accéléré, leur potentiel avait été triomphalement prouvé, et la Première Légion avait acquis une sombre renommée dans les rangs des armées de l’Unité. Elle avait marché droit vers l’enfer, et non seulement elle en était revenu, mais elle avait laissé cet enfer brisé sur son passage. Cette première victoire devait établir le modèle des batailles de la Première Légion lors de la bataille pour la Vieille Terre et le Système Sol, les opposant au plus horrible des ennemis avec un seul objectif : les éradiquer complètement.
De la Forteresse Trente-et-un dans les décombres thuleans de l’Ancien Terre, à la bataille de Karnakon au milieu des montagnes cryo-volcaniques de Sedna, la Première Légion allait affronter les pires menaces qui pesaient sur les armées de l’Unité et les faire tomber. Les menaces auxquelles elle était confrontée étaient si horribles - des terreurs Xenos au-delà de la raison et des phénomènes psychiques qui menaçaient de déchirer la réalité - qu’il ne restait guère plus que les honneurs de la bataille, les détails étant même effacés des piles de données de la bibliothèque de l’Empereur. Pour poursuivre ces batailles impossibles, l’Empereur leur donnera accès aux coffres de l’arsenal du Palais Impérial, à toutes les armes interdites qui y étaient conservées, et elle serat la seule Légion à qui l’on fera confiance pour manier librement la pire des créations de l’Humanité. Les ordres du Grand Maître Hector Thrane allaient entraîner la destruction des villes de Khadun et de Molay, situées dans la partie orientale de l’ancienne Terra, et le déploiement de munitions génético-bactériologiques pour purger Enceladus de l’infestation de Khraves. Ces victoires ont laissé une tache indélébile à la fois sur le cours de la guerre et sur l’identité des guerriers qui les ont poursuivis, forgeant la réputation de Thrane comme un chef de guerre impitoyable et fier.
Parmi les armées de l’Unification, la Première Légion était devenue synonyme de mort, car là où elle marchait, il semblait que la mort la suivait avec une inévitabilité qui a engendré de nombreuses superstitions de longue date concernant les guerriers reclus de la Première. Ils étaient traités avec une crainte qui se situait quelque part entre le respect et la terreur par ceux qui servaient à leurs côtés, car on disait que les offenser revenait à attirer sur le coupable l’attention de leur protecteur, la Mort elle-même. Parmi les osts réunis par l’Empereur, ils n’étaient pas des héros, mais plutôt une race de monstres rendus fidèles par la volonté de leur maître. Ils ne devaient pas être loués pour leur bravoure, mais plutôt apaisés pour apaiser leur colère. Malgré les diktats de la Vérité Impériale, les soldats ordinaires des armées impériales plaçaient souvent de petits talismans et des amulette aux abords de leurs camps lorsque la Première Légion arrivait pour éviter la malchance que beaucoup ressentaient en suivant la Légion première née de l’Empereur. Une telle superstition n’était pas sans fondement, car parmi les formations impériales attachées pour soutenir la Première Légion au combat, la plupart ont connu des fins sanglantes. Certaines étaient attaquées par les monstres que les nouveaux Anges de la Mort étaient venus tuer, et d’autres disparaissaient tout simplement, prétendument réduites au silence par la Première Légion elle-même, de peur que l’ennemi ne revienne dans les camps avec les survivants.
Les guerriers de la Première Légion, toujours pragmatique, ne tardèrent pas à prendre l’apparence dans laquelle ils étaient connus, adoptant l’icône squelettique de la Mort comme leur propre icône et ornant leur armure de symboles funéraires. Cet exil volontaire de la camaraderie des petits serviteurs de l’Empereur était un motif de fierté pour la Première Légion. C’était un sacrifice fait pour protéger l’armée mortelle des terreurs que seule la Première Légion était apte à supporter, bien que pour certains de ceux avec qui elle combattait, en particulier les autres Legiones Astartes, cela semblait plus vain et plus arrogant qu’un humble sacrifice. Les Maîtres de la Première n’ont montré aucun intérêt pour de telles humiliations, se contentant de rester entourés de rumeurs malveillantes alors qu’ils menaient des batailles qui ne pourraient jamais être louées de peur qu’elles ne brisent l’esprit de ceux qui étaient témoins des honneurs de la bataille. En effet, alors que les jeunes Légions se voyaient accorder les honneurs de triompher des banales victoires de conquête, la Première Légion se voyait attribuer le plus grand honneur d’agir comme la main gauche de l’Empereur, une arme brutalement efficace d’spect sinistre cachée derrière le brillant apparat de l’Armée Impériale.[5]
Les Anges de la Mort de l'Empereur
C’était un honneur qu’ils allaient porter tout au long de la guerre pour unifier Sol et au-delà, un devoir qui les séparera des autres Légions créées à leur image. Alors que les jeunes Légions commençaient lentement à atteindre la force nominale requise pour le début de la Grande Croisade de l’Empereur, la Première Légion mena une veillée solitaire loin de la lumière de Sol, purgeant l’Amas d’Oort et surveillant le long de la frontière les terreurs qui cherchaient à passer inaperçues dans le domaine nouvellement proclamé de l’Empereur. Ce devoir, ils l’acceptèrent sans se plaindre, fiers du rôle que l’Empereur leur avait confié, car ils étaient Ses Anges de la Mort, surnom qui, à l’époque, leur appartenait à eux seuls. Pendant près d’une décennie, ils ont vécu dans les profondeurs sans lumière du système, brûlant les lunes gelées du système extérieur et libérant les quelques avant-postes perdus de l’Humanité qui survivaient encore aux confins du Système Sol.
Ici, le réseau informel de spécialistes au sein de la Légion était devenu le premier des Ordres de Bataille, dédié à un objectif de guerre singulier au-delà de la portée plus large des Osts ; leur art a été affiné dans les batailles à la limite sombre de Sol, et les chiffres et rituels complexes par lesquels ils l’ont enregistré se sont retranchés au cours des longues années d’isolement. C’est grâce à la connaissance durement acquise par ces guerriers que la Légion allait triompher encore et encore dans les batailles les plus épuisantes et les plus dangereuses auxquelles les guerriers de l’Empereur étaient confrontés, les faiblesses de chaque ennemi exposées par le sacrifice et codifiées dans les traditions des Ordres et les secrets de la guerre dans tout environnement catalogué dans leurs archives. La Légion retournera dans les mondes intérieurs purgés de leurs faiblesses et endurcis par l’adversité, leur armure n’étant plus le gris plat des autres Légions, mais un noir profond et impassible. Il n’y aura pas de fanfare à leur retour aux côtés de l’Empereur, pas de défilé de la victoire, mais simplement l’approbation silencieuse de l’Empereur de l’Humanité et une place à l’avant-garde de l’armée qui se rassemblait, prête à faire la guerre à une galaxie hostile. Malgré les épreuves qui les attendaient et les puissants ennemis qu’ils allaient affronter, personne ne pouvait douter de la victoire après avoir été témoin de la sinistre détermination et de la fierté stoïque des guerriers vêtus de noir qui prenaient place à la tête de l’armée.
Là, au milieu du vaste rassemblement qui a eu lieu autour des chantiers navals de Saturne, la flotte accordée à la Première Légion s’était distinguée parmi les vaisseaux de modèle Saturnine nouvellement construits et les anciens vaisseaux se sont réveillés des macro-voûtes de Mars, car la Première Légion avait reçu l’honneur d’une dîme des quelques vaisseaux terrans restants. Ces anciens vaisseaux dataient presque tous des années précédant la Veille Nuit, vestiges de technologies oubliées et d’aspirations de grandeur perdues. Parmi eux se trouvaient d’énormes cuirassés de classe Gloriana, des croiseurs de classe Prometheane habillés de Boucliers Voids et des destroyers de classe Tiamat à boucliers d’armes, tous dépassant de loin les conceptions plus modernes en termes de puissance et mis à la disposition de quelques personnes autres que les propres gardes de l’Empereur. À chacune de Ses autres Légions, Il n’avait légué qu’une poignée de ces navires, tandis qu’à la Première Légion, Il avait accordé toute une flotte.
Ce cadeau n’était pas une simple récompense pour l’héroïsme dont ils avaient fait preuve dans les combats sur la Vieille Terre et au-delà, mais plutôt un outil nécessaire pour les actions à venir. Car lorsque les armées de l’Empereur se sont lancées dans la Grande Croisade et ont dépassé les limites des quelques cartes stellaires qui avaient survécu à la Vieille Nuit, elles ont rencontré de telles terreurs que les batailles sur Terra ont été rendues insignifiantes en comparaison. Dans ces lieux obscurs parmi les étoiles, la Première Légion comprendrait la raison de ce don, car pour combattre les monstres que l’Empereur avait prévus sur Son chemin, elle aurait besoin d’armes monstrueuses. Seules parmi les Légionnaires Astartes, elles utiliseraient les armes interdites de la Vieille Nuit, du bactériologique-génétique et de l’onde radioactive, utilisées pour nettoyer les nids des ennemis jugés trop terribles pour être affrontés en combat ouvert. La Première Légion était le héraut de la colère de l’Empereur, l’agent de Sa haine, car elle n’apportait pas une simple destruction mais l’oubli total de l’anéantissement absolue. C’étaient les Anges de la Mort, un titre qui engloberait un jour tous les Space Marines de l’Empereur, mais, en ces jours brutaux de conquête et de sang, c’était eux seuls.
Alors même que d’autres Légions se battaient pour mettre en Conformité les colonies humaines découvertes par les Flottes Expéditionnaires, la Première Légion s’était battue pour contenir la haine d’une galaxie remplie de terreurs. Elle a mené la guerre dans les repaires des monstres et des légendes sans crainte ni hésitation, brisant l’emprise des cauchemars sur l’avenir de l’Humanité ; bien que les archives de ces batailles ne subsistent que dans les coffres les plus sécurisés des Archives Impériales. Ils parlent de Behtelgen IV, où le 3e Chapitre, formé principalement de guerriers des Osts de Pierre et de Fer, a attaqué un monde dont les montagnes et la croûte avaient été creusées pour former une forteresse pour un essaim de créatures protoplasmiques et hyper-acides, le noyau d’une infection qui s’était répandue dans le vide pour infester une douzaine de mondes et avait vu des millions de personnes réduites à un peu plus qu’une bouillie nutritive pour les bêtes. Les images éparses montrent les enveloppes brisées des mondes autrefois verdoyants de l’Amas d’Osiryne où la 19e Flotte Expéditionnaire de la Première Légion avait engagé un vaste tueur de planètes sensible - une abomination technologique engendrée par un empire oublié depuis longtemps et laissée pour faire des ravages dans un univers indifférent - les archives de la bataille elle-même scellées par le Grand Maître Thrane. Ces horreurs, et un millier d’autres, ont été exterminées par les guerriers de la Première Légion, et toute trace des campagnes a été effacée des archives pour protéger la santé mentale de ceux qui n’étaient pas préparés à la haine aveugle de l’univers.
Pour ceux qui ne faisaient pas partie des rangs de la Première, leur bilan dans les premières années de la Grande Croisade semblait au mieux insuffisant par rapport à celui de leurs frères de la Légion et au pire une fabrication. Avec plusieurs de leurs plus grands triomphes enveloppés dans le secret, ils ont connu des triomphes moins conventionnels à leur nom : seulement une poignée de mondes amenés à la Conformité où des centaines avaient brûlé en silence. Ce que peu de gens savaient, c’est que c’était grâce au sacrifice et à la bravoure de la Première Légion que de nombreuses doctrines clés des Legiones Astartes avaient été forgées, avec des tomes tels que le Principia Bellicosa formé en partie à partir des stratégies et des tactiques perfectionnées par la Première alors que chaque Ost s’efforçait d’affiner sa propre façon de faire la guerre sur les champs de bataille les plus vils de la Grande Croisade. Ceux qui ont prospéré sur les champs de bataille se sont développés et ont transmis leur savoir, non seulement à leurs Frères de Bataille au sein de la Légion, mais aussi à ceux qui n’en faisaient pas partie, grâce aux doctrines créées dans leur sillage. Alors que ceux qui ne s’adaptaient pas s’effaçaient de la liste de la Légion, réduits à l’extinction par la faim inexorable de la guerre.[6]
Une Forteresse de Fierté
La Bataille de Dulan et l’infâme querelle entre les Dark Angels et les Space Wolves est une histoire maintes fois racontée et il n’est pas nécessaire de la répéter en détail dans le présent document. Il s’agit en fait d’une histoire simple, mais qui a été racontée à plusieurs reprises, chacune avec son propre objectif, et rarement avec la simple vérité. Les détails de la bataille sont bien connus : Leman Russ et le Lion étaient tous deux assignés à la Conquête de Dulan et, alors que les Space Wolves attendaient et assiégeaient, les Dark Angels ont lancé un assaut soudain qui leur a permis de revendiquer l’honneur de la victoire finale. En entendant cela, on prétend le plus souvent que Leman Russ est entré dans une colère noire et a agressé son frère, ce qui a donné lieu à un duel légendaire entre eux, que leurs légions rejouent à chaque fois qu’elles se rencontrent, d’après les rumeurs. Cela a conduit à l’hypothèse populaire d’une rancune amère entre les Space Wolves et les Dark Angels, un sentiment de malveillance durable provoqué par ce seul incident isolé qui a été accepté par l’histoire comme un fait. Pourtant, ces deux légions ont combattu ensemble à plusieurs reprises, avant et après la Bataille de Dulan, sans rancune et, dans de nombreux cas, avec un sentiment de camaraderie partagée. En effet, il a souvent été noté que les deux Primarques, Lion El’Jonson et Leman Russ, avaient à peu près le même caractère, même s’ils l’exprimaient souvent différemment. Tous deux étaient très pragmatiques et n’avaient que peu de temps à consacrer à la frivolité ou aux excès de la civilisation. Ils préféraient le franc-parler à la nécessité politique et jugeaient les hommes en fonction de leurs actes plutôt que de leurs paroles. Mais par-dessus tout, les deux Primarques accordaient la plus grande importance à la loyauté, tenant leurs serments comme des liens d’acier et réservant la haine la plus profonde à ceux qui renonceraient à un vœu. Cela étant, les événements survenus sur Dulan et la rancune qu’ils sont censés avoir engendrée se présentent sous un jour étrange. Que les deux se soient battus ne fait aucun doute, car trop de sources s’accordent sur ce point ; que l’un ou l’autre en soit venu à garder rancune n’est pas plausible. Au contraire, l’histoire des deux Primarques suggère l’existence d’un lien profond de confiance et de respect mutuel. Ensemble, ils ont assisté à la fin de l’Empire Rangdan, conquis un millier de mondes et vaincu certains des plus terribles ennemis de l’Imperium. Dulan semble avoir représenté une épreuve parmi tant d’autres, une épreuve qui leur a permis de se mesurer l’un à l’autre et une épreuve souvent répétée lorsqu’ils se rencontraient, eux ou leurs guerriers, mais une épreuve répétée sans la rancœur qu’on lui attribue souvent. Il n’existe pas de plus grand symbole de la loyauté entre les deux Légions, les Loups de Fenris et les Chevaliers de Caliban, que dans les derniers jours de la rébellion contre l’Empereur, lorsque le grand Horus lui-même tremblait alors que les deux Légions se réunissaient en tant que frères d’armes, prêts à se mesurer aux forces qui assiégeaient Terra.
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Ces épreuves allaient faire de la Légion une arme redoutable, la plus grande et la plus lourdement armée de toutes les Legiones Astartes au cours des premières années de la Grande Croisade. Elle avait plus de guerriers sous les armes, avait maintenu une flotte plus importante et avait eu accès à un armement plus puissant que toutes les Légions sœurs de l’époque, même celles comme les Luna Wolves et les Space Wolves qui avaient déjà été réunies avec leurs Primarques. Le Grand Maître de la Première Légion se tenait à la gauche de l’Empereur, l’un des personnages les plus influents de la première Cour Impériale, dont les conseils n’étaient dépassés que par ceux de Malcador et Horus Lupercal. Malgré la nature cachée de nombre de ses triomphes, elle était reconnu par tous comme la plus importante de leur famille posthume, la plus puissante force armée dans les rangs serrés des armées impériales. Au cours de ces années de conquête et de victoire, la Première Légion était restée fidèle à son nom au sommet de la puissance impériale, redoutée par ceux qui s’opposaient à l’Empereur et à Son rêve d’unité et respectée par tous ceux qui combattait à ses côtés.
Cependant, comme pour toute chose, la gloire de la Première Légion serait une chose fragile qui ne pourrait durer que peu de temps avant de devenir quelque chose de moins qu’elle ne l’était autrefois. Pour la Première Légion, à l’époque précédant le retour de leur Primarque, le grand ennemi qui les ferait chuter de leur place d’honneur ne serait pas la terreur des ténèbres extérieures, mais plutôt leur propre orgueil. En effet, bien que les croiseurs noirs de la Légion se soient toujours trouvés en bordure de la carte, chassant les monstres dans l’obscurité entre les étoiles, elle s’enorgueillissait désormais de ne s’opposer qu’aux ennemis les plus puissants, ceux qui possédaient une puissance égale à la sienne, ceux en qui elle voyait la possibilité d’une défaite. Les autres menaces, jugées trop insignifiantes pour la Première Légion, trop faibles pour constituer un véritable défi, des ennemis qui ne mettaient pas ses stratégies ou son courage à l’épreuve, étaient souvent contournées et laissées aux régiments de l’Armée Impériale et aux autres flottes de la Légion qui suivaient dans son sillage. Pourtant, à chaque rencontre, elle ne faisait que se renforcer ; aucun ennemi, aussi puissant ou destructeur soit-il, ne pouvait l’arrêter et chaque triomphe ne faisait qu’ajouter au bouclier d’arrogance qu’elle s’était bâtie elle-même.
L’orgueil obstiné qui l’avait soutenu à travers des épreuves sans nombre était maintenant devenu une lame à double tranchant. L’Hexagrammaton, autrefois un ensemble de connaissances en constante évolution qui changeait en fonction de chaque défi, était devenu fixe ; les guerriers de la Première supposant qu’ils avaient atteint le sommet de la compétence et ne pouvaient pas en apprendre davantage. Le recrutement en dehors de leurs anciennes enclaves sur Terra et de quelques autres mondes ne se faisait qu’au compte-gouttes, ceux qui venaient de l’extérieur des zones de recrutement traditionnelles étant considérés comme moins précieux. Chaque bataille les conduisit plus loin sur le chemin de l’arrogance délibérée, chaque victoire saluée comme un triomphe de leurs compétences et chaque défaite rejetée comme une folie, des races inférieures de guerriers et de chefs légitimement éliminés de la Légion par leur échec. La tradition et le rituel devinrent plus importants que l’innovation, chaque Ordre et chaque Ost gardant jalousement ses propres petits fragments de l’art de la bataille de la Légion, certain que c’était ce petit bout de connaissance qui était le vrai cœur du succès de la Légion.
La Légion commença à se replier sur elle-même, l’ouverture et la nature curieuse de ses premières années étant lentement remplacées par une approche secrète et liée à la tradition. Elle avait débuté la Grande Croisade en tant que mentors et guides pour les autres Légions, recherchant les stratagèmes et les tactiques qui permettraient de réaliser pleinement le potentiel des Legiones Astartes, mais elle en voulait de plus en plus à ceux qu’elle avait autrefois guidée. Les autres Légions revendiquaient pour l’Empereur des victoires faciles aux yeux de la Première Légion, des conquêtes insignifiantes contre des ennemis indignes, mais pour lesquelles elles recevaient des lauriers et des éloges équivalents à ceux des batailles durement gagnées par la Première Légion. Certains rivalisèrent également avec la puissance de la Première : les Ultramarines, désormais réunis à leur Primarque, pouvaient revendiquer davantage de guerriers sous les armes, et les Imperial Fists, sous Dorn, se targuaient de la puissance de feu d’immenses reliques comme Phalanx dans leurs flottes. Pour une Légion qui avait bâti sa fierté sur un sentiment d’autorité, certains pourraient dire de supériorité, se retrouver maintenant simplement une parmi d’autres allait ébranler ses fondations.
Le coup de grâce à cette fragile fierté fut peut-être porté à Canis-Balor, où la simple conquête et la complaisance obstinée se transformèrent en ignominie et en désastre. Ici, dans un système par ailleurs insignifiant abritant une race Xenos non encore cataloguée par les sages frères des Ordres d’Extinction et d’Annihilation, la Première Légion et son Grand Maître engagèrent une petite force à l’assaut, confiants dans leur capacité à vaincre et sûrs des stratégies éprouvées des Osts et des Ordres. Pourtant, les Xenos de Canis-Balor, dont l’identité a été effacée depuis longtemps des archives, se sont révélés être une menace sans précédent, combattant sans se soucier des tactiques éprouvées et avec une technologie qui défiait toute explication rationnelle. L’attaque initiale de la Première Légion avait été repoussée avec de lourdes pertes, une indignité que la Première Légion n’avait pas connue depuis des décennies. La défaite était un ennemi qu’elle pensait avoir vaincu et l’orgueil commença à brouiller sa sagesse. Un deuxième assaut a suivi, puis un troisième, chacun repoussé à son tour avec des pertes croissantes.
Avec son dossier sans faille désormais entaché et sa fierté blessée, le Grand Maître Thrane mena un dernier assaut, refusant d’accepter que quiconque puisse égaler ses propres guerriers en termes de compétences et de ténacité. Cet assaut, même affaibli par les pertes déjà subies, avait permis d’anéantir les forces Xenos qui défendaient la planète, mais n’avait pu venir à bout de la supériorité numérique de l’ennemi. Accablé, elle était au bord de l’anéantissement. Le Grand Maître Thrane, réalisant la folie de l’orgueil qui l’avait poussé au combat, choisit de rester derrière avec ses gardes du corps, se sacrifiant pour permettre la récupération de précieux moyens de combat. Canis-Balor fut réduit en cendres, toute trace de vie à sa surface étant incinérée dans un feu nucléonique, une mesure que beaucoup estimaient devoir être prise plus tôt si l’orgueil de la Première Légion ne lui avait pas forcé la main. Toutes les archives de l’ennemi qu’elle avait combattu furent scellées, mais elles furent ensuite récupérées par l’Ordre des Griffes Brisées avant d’être scellées à nouveau pour des raisons tout aussi perdues pour l’histoire.
La perte, à la fois de la bataille et du Grand Maître Thrane, s’était avérée être un catalyseur de troubles dans les rangs de la Légion. Chacun des Maîtres des Osts et des Précepteurs des Ordres était sûr que si leurs doctrines avaient été primées, ils auraient pu renverser le cours de la bataille. Une lutte subtile pour le pouvoir éclata entre les niveaux d’autorité complexes au sein de la Légion, une lutte qui avait ralenti le rythme de leurs conquêtes et avait menacé de faire perdre à la Légion sa position d’honneur prééminente une fois pour toutes.[8]
La Souffrance Chevaleresque
Tous les Osts perdus de la Première Légion n’avaient pas simplement disparu, laissant un héritage pour le sang versé en leur nom. Parmi les doctrines qui allaient tomber aux mains des vicissitudes de la bataille, et qui se sont révélées peu pratiques pour un déploiement général au sein des Légions, il y en avait certaines dont le mérite restait à explorer sous d’autres formes et à adapter pour servir l’Empereur même dans la mort. La première de ces Osts "ratés" était l’Ost des Pentacles, un rassemblement de ceux qui, au sein de la Première Légion, avaient montré une aptitude ou une résistance aux pouvoirs inconstants et pervers de l’occulte, une discipline défendue par un certain nombre des seigneurs de guerre les plus profanes vaincus par l’Empereur sur l’ancienne Terra. En utilisant les connaissances tirées des sanctuaires déchus de ces tyrans de la Vieille Terre, la Première Légion avait tenté de créer sa propre cabale sorcière, des guerriers-adeptes répandus au sein de la Légion pour améliorer le modèle psychique qui leur avait été accordé par l’Empereur avec les arts ésotériques et pour conseiller ses commandants quand ils devaient combattre un ennemi armé de telles connaissances et capacités. Le zénith et le nadir de la brève existence de l’Ost se situeront au moment du Scellement de la Porte Noire en 810.M30, une bataille longtemps gardée secrète, connue uniquement de ceux qui ont accès aux voûtes les plus profondes des Archives Impériales. C’est là, dans ce sombre royaume où l’Humanité a pénétré à l’improviste et sans y avoir été invitée, que les adeptes de l’Ost - connus alors sous le nom de Quaesitors - serviront à la fois de plus grande arme et de plus dangereuse faiblesse de la Légion. Les plus faibles d’entre eux, n’ayant aucune formation formelle en techniques défensives, allaient succomber au contrôle d’entités au-delà du l’entendement de l’homme mortel et faire des ravages dans les lignes de bataille de leurs propres frères avant d’être mis à terre. La bataille ne fut gagnée que par la force d’esprit et le sang du Maître de l’Ost des Pentacles et des meilleurs Quaesitors de l’Ost, qui scellèrent la brèche et barrèrent les portes de ce royaume de la réalité grâce à leurs pouvoirs psychiques. À la suite de cette lutte cataclysmique, l’Ost des Pentacles avait été dissous, ses questeurs revenant dans les rangs de la Légion ou confiés à d’autres Osts, dont les compétences puissantes mais non raffinées avaient été jugées trop dangereuses et imprévisibles pour être utiles. L’ancien Maître de l’Ost des Pentacles, Idrik Kybalos, dont toute référence a disparaît dans les archives des Dark Angels, ne revient pas à un autre poste au sein de la Légion. Il réapparaît près d’un siècle plus tard, inscrit sur la charte fondatrice du Librarius aux côtés de personnalités telles que Magnus le Rouge et Jaghatai Khan, son œuvre étant sans doute préservée par ordre de l’Empereur jusqu’à ce qu’on en ait à nouveau besoin. En effet, une grande partie du programme de formation initiale du Librarius intégrait les techniques mises au point par les adeptes de l’Ost des Pentacles mélangées aux traditions de Prospero et de Chogoris, un hommage au sacrifice et aux compétences de ces guerriers que l’histoire avait oubliés. |
Cette lutte avait été menée avec la plus grande férocité sur le sol de la grande salle du conseil de la Première Légion à Gramarye, au cœur de la Légion. Là, où les Maîtres et Précepteurs de la Légion avaient créé une grande partie de la sagesse qui guidait désormais l’ensemble des Legiones Astartes, une tempête de vitriol et d’admonestation avait éclaté. Chacun des Maîtres de la Légion, ne pouvant ou ne voulant pas voir la faute à sa propre sagesse, avait cherché à la rabattre sur celle de ses camarades afin qu’il soient éliminés à la Première Légion. Le plus controversé de tous était l’élection d’un nouveau Grand Maître, car peu acceptaient la sélection d’un guerrier d’une autre Ost que le sien. Alors que le rythme des conquêtes de la Première Légion ralentissait et que les débats du Conseil des Maîtres stagnaient, ce serait l’intercession de Malcador, premier des confidents de l’Empereur, qui permettrait de sortir de l’impasse. Plutôt que de présenter une certaine censure au nom de l’Empereur, il choisit plutôt de parrainer un candidat de son choix, cherchant à sortir la Légion de son marasme et à la faire rentrer de plein fouet dans la guerre. Ses paroles au Conseil des Maîtres étaient gravées sur le linteau de la chambre, tant leur impact était grand : "Une forteresse peut être maintenue debout par de nombreux piliers, seuls ils sont solides mais ensemble ils sont puissants. Pourtant, une forteresse doit avoir un maître, sinon toute sa force ne sert à rien."
Le guerrier nommé par le Sigillite fut élu à l’unanimité du Conseil ; il n’était ni Maître des Osts ni Précepteur des Ordres, mais un Capitaine de guerre issu des vastes rangs de la Première Légion. La logique de Malcador était impeccable, car un tel candidat ne représentait pas seulement une branche de l’art de la Légion, mais plutôt tout le monde en tant que tel. Le guerrier choisi était Urian Vendraig, ancien Capitaine de la 14e Compagnie du 8e Chapitre, un Terran admis dans la Légion après que l’Empereur eut unifié la planète en guerre, et dont la bannière comportait un grand nombre de victoires, et qui n’avait pas encore été initié aux mystères intérieurs d’un Ost ou d’un Ordre. Il a laissé en héritage des effusions de sang lors des batailles, des discours enthousiastes et de glorieux derniers combats. Il s’était tenu aux côtés de ses Frères de Bataille pendant toute sa carrière et n’avait passé que peu de temps dans des débats doctrinaux ou rituels.
Sa nouvelle tâche consistait à unifier une Légion divisée et à la ramener à la Grande Croisade et au but que l’Empereur lui avait fixé, libérée du doute et de la division. En tant que guerrier avant tout, Vendraig voyait l’intérêt de faire participer pleinement la Légion à la Grande Croisade de l’Empereur, en lui donnant la place qui lui revenait à la tête de ses frères plutôt que de servir seulement en marge de l’histoire. Pour la première fois dans la Grande Croisade, un petit contingent de Commémorateurs soigneusement sélectionnés avait été autorisé à rejoindre l’entourage du Grand Maître, attaché à sa garde personnelle et a eu un accès strictement limité aux archives de la Légion, afin qu’ils puissent témoigner de l’ascension de la Première Légion. Il ne restait plus qu’à trouver un défi digne de la Légion, un ennemi terrible pour les lier une fois de plus dans la haine de l’ennemi et, comme si l’Empereur leur en avait fait don, on entendit parler d’une nouvelle terreur rencontrée sur le bord de la Grande Croisade : une race connue de l’histoire sous le nom de Rangdans.
Rencontrés par la 105e Compagnie Pionnière de la Ve Légion sur un monde isolé le long de la bordure nord de la galaxie, les Rangdans étaient considérés comme une grave menace pour l’Imperium en expansion. Bien qu’à l’époque, leur territoire était censé n’englober qu’un seul système, ils possédaient une technologie vile et un aspect redoutable qui justifiait les réactions les plus extrêmes. Rassemblant une flotte de centaines de navires de guerre de classe capitale, le nouveau Grand Maître descendit sur le système isolé d’Advex-mors, où le Rangdans avait créé une vaste lune de guerre artificielle, une immense machine de guerre qui avait coûté la vie à des millions d’esclaves d’une centaine de mondes. Cette arme monstrueuse était défendue par une flotte de barques de guerre Rangdans, toutes aussi moche les unes que les autres, armées de leurs propres armes et dont l’équipage était composé d’esclaves dont les colliers neuronaux imposaient une obéissance sans faille. La bataille qui s’ensuivit ne laissa au système d’Advex-mors que des cendres et des décombres et les six mondes revendiqués par les Rangdans furent rendus inhabitables, leurs flottes réduites à des champs de ruines à la dérive et leurs vastes armées d’esclaves totalement anéanties. La campagne dura quatre mois et coûta la vie à quelque 5 000 membres de la Première Légion, mais lorsque la bannière de l’Imperium fut hissée sur les fragments de la lune de guerre des Rangdans qui s’était abattue sur l’enveloppe brûlée d’Advex-mors, l’Imperium s’était rappelé de la puissance de la Première Légion.
Les poèmes épiques et les représentations de la campagne d’Advex-mors ont été diffusés dans l’amphithéâtre par les Commémorateurs qui avaient accompagné la flotte. La Première Légion s’en était prise à l’une des menaces les plus terribles à avoir émerger de l’au-delà des frontières de l’Imperium, de front, sur son lieu de pouvoir et les avait écrasées totalement et sans pitié, ne laissant aucune pierre debout. Pourtant, ce n’était qu’une grande victoire parmi mille autres, chacune des Légions pouvant se vanter de réalisations tout aussi impressionnantes, leurs Primarques de retour forgeant des légendes qui résonneront à travers la galaxie pendant des milliers d’années. Loin de mettre un terme à la lutte au sein de la Légion, elle ne fit qu’aggraver le malaise qui s’emparait de son cœur, une maladie qui cherchait à corrompre cette force autrefois inégalée. La fierté s’était emparée des guerriers et des maîtres de la Légion, et seul le sang pouvait apaiser sa faim.
Dans le sillage de la campagne d’Advex-mors, le nouveau Grand Maître chercha d’autres insignes de gloire pour sa Légion. Une douzaine de victoires furent revendiquées pour la Première, toutes plus téméraires les unes que les autres, et pourtant cela n’était toujours considéré comme rien de plus que ce qui était attendu par la Divisio Militaris sur la lointaine Terra. Poussés par une soif de gloire qui grandissait avec chaque honneur de campagne, le Grand Maître et ses guerriers arrivèrent à la forteresse non mise en Conformité de Karkasarn, un Monde-Forteresse qui avait résisté à Guilliman et à son élite guerrière pendant près d’un mois. Le patient chef de guerre des Ultramarines avait établi ses stratégies, avec l’intention d’assiéger la forteresse en détail et d’épargner à sa Légion les pertes injustifiées qu’un assaut frontal téméraire lui apporterait. L’arrivée du Grand Maître Vendraig et de ses guerriers ne changea rien à cette stratégie, et le Seigneur d’Ultramar s’attendait à ce qu’ils suivent ses conseils et rejoignent son camp. Les guerriers de la Première, voyant devant eux une chance d’humilier le grand Primarque, formèrent des rangs devant les grandes portes de plusieurs kilomètres du Monde-Forteresse de Karkasarn et chargèrent.
Une armée de guerriers en noirs et de machines de guerre, forte de 10 000 guerriers et précédée des mêmes grandes bannières qui avaient fait la guerre aux côtés de l’Empereur Lui-même, descendit sur la porte de la cité. Des centaines d’entre eux tombèrent lors de l’assaut initial, démantelés par les canons du rempart et immolés par les tirs de plasma provenant des meurtrières dissimulées dans les fortifications. Ils forcèrent une brèche au prix de leur vie, ouvrant un chemin aux canons lourds pour brûler un trou dans les vastes portes et dans le labyrinthe des boulevards fortifiés au-delà. Son élan renforcée par les actions du Primarque Guilliman et des ses propres troupes lui permirent d’avancer, mais lentement, prudemment, en prenant chaque objectif méthodiquement et avec un minimum de pertes. L’avant-garde de la Première Légion émergea bientôt, se dirigeant vers la place centrale et la citadelle en son cœur. Bien qu’elle l’atteignit bien avant les Ultramarines, un dernier acte de trahison de la part des seigneurs désespérés de Karkasarn allait saper la victoire de la Première Légion : une mine atomique cachée explosa sous la tour du donjon et tua le second Grand Maître de la Première Légion alors qu’il se tenait au seuil du triomphe, enterrant Vendraig et son cadre de gardes du corps de l’Ost de la Mort.
Bien que leurs pertes aient été lourdes, tant en nombre qu’en importance, la victoire avait été acquise dans le sang par la Légion, sa saveur d’autant plus douce que le prix payé pour la gagner. Pourtant, le Seigneur d’Ultramar, ses guerriers en bleu, derniers à la bataille et derniers à la victoire, ne leur a pas adressé de mots de félicitations. Il n’a pas reconnu les compétences ou la force d’âme de la Première Légion, n’a pas salué leur bravoure ni leurs morts. Au lieu de cela, il n’a offert que ces mots aux rangs des vainqueurs, alors qu’ils se tenaient debout devant les corps de leurs champions tombés au combat : « La gloire est un piètre stratège, car il fait du triomphe un trophée amer et un prix vide de sens. Aujourd’hui, vous avez prouvé la force de votre Légion, mais pas sa sagesse. »[10]
Sur le Fil du Rasoir
Ce fut dans la mort que le Grand Maître Vendraig atteindra enfin son but, car ce furent les premiers élans de haine qui uniront sa Légion, une animosité qui naîtra avec sa mort et qui s’épanouira dans l’ignominieuse victoire de Karkasarn. Ce monde avait été abandonné par la Première Légion et laissé aux guerriers d’Ultramar, son honneur de bataille étant apposé dans les registres de la Légion et marqué sur les bannières uniquement par un laurier vide. La seule chose que les Anges de la Mort emporteront avec eux de Karkasarn sera une tache subtile, un sentiment d’ignominie qui aiguisera leurs conquêtes et leurs réalisations et qui les poussera à accomplir des exploits encore plus grands pour prouver leur bravoure. Car malgré les actes de leur passé et la victoire à Karkasarn, les Ultramarines les considéraient simplement comme des égaux - des frères plutôt que des mentors. Pour la Première Légion, que l’Empereur avait créée en premier et qu’il avait gardé à Ses côtés, cela était plus une insulte plus terribles que les dures paroles de Guilliman.
Une fois de plus, le Conseil des Maîtres avait pris les rênes de la Première Légion, cette arme de guerre des plus puissantes, et l’a divisa à travers les étoiles en quête des défis armés les plus meurtriers qu’ils ont pu trouver, chacun étant désireux de prouver la valeur de sa Légion et de son Ost. Ils ont livré bataille sans remords et se sont accrochés à des triomphes sans se soucier du coût attaché à leurs trophées. Les 9e et 14e Chapitres prirent les citadelles de corail de Melnoch aux Fra'al en une seule nuit de massacre brutal à bout portant, au prix d’un dixième de leurs propres forces, afin de devancer l’assaut des Luna Wolves ailleurs dans l’amas. Sur les désolations rouillés de Vorsingun, une force de 1 000 initiés de l’Ost de Fer, rassemblés au sein de 11 Compagnies et disposant de plus de 400 machines de guerre, a pris le terrain d’assaut contre une horde d’Orks trois fois plus nombreuse, devançant la principale force d’assaut pour revendiquer la victoire pour eux-mêmes à un prix effrayant. Pourtant, pour chaque victoire, chaque honneur de bataille revendiqué par le sang de ses guerriers, la Première Légion n’avait pas été plus près de retrouver la gloire de ses débuts.
Partout dans la galaxie, les Legiones Astartes étaient devenues une arme de guerre unique, s’appuyant sur les doctrines du Principia Bellicosa développées à partir des épreuves des campagnes de la Première Légion et les ayant surpassées, les adaptant à leurs propres besoins. À Ultramar, le grand royaume des Ultramarines forgé par la main de Guilliman, le Primarque de la XIIIe Légion était allé jusqu’à rédiger un nouveau traité de guerre pour améliorer le schéma par lequel les Légions s’étaient organisées depuis son départ de Terra. L’âge d’or de la Première Légion, ces jours de gloire où elle était la seule gardienne du jeune Imperium, était pratiquement terminé. La nature de ces batailles cachées signifiait qu’elles ne vivraient plus que dans la mémoire des plus anciens guerriers de la Légion et dans les histoires secrètes des Archives Impériales, un prix amer à payer pour la Première Légion de l’Empereur dont l’honneur garderait à jamais secret ses plus grandes réalisations. La fierté, qui avait soutenu la Légion à travers toutes les horreurs de son passé, toutes ses croisades solitaires et ses vaillants derniers combats, ne lui permettrait pas d’accepter une place moindre dans l’ordre de bataille de l’Imperium. La fierté verrait la Légion réduite en poussière avant qu’elle ne laisse les plus jeunes l’éclipser.
Alors que la Grande Croisade arrivait à son point médian, le tournant de la guerre de l’Empereur pour la conquête de la galaxie, la Première Légion se tenait au bord d’un précipice qui lui était propre. Les années qui suivirent la mort du Grand Maître Vendraig avaient vu leur nombre se réduire, mais pas leur esprit. Là où les autres Légions avaient prospéré et s’étaient renforcées, les Anges de la Mort avaient vu leur pouvoir dilapidé dans des attaques suicidaires et des campagnes épuisantes au-delà de la compréhension des soldats mortels. Ces guerres leur avaient coûté des guerriers et des machines de guerre, plus peut-être au-delà su raisonnable, mais elles avaient affiné les compétences de combat de ses guerriers jusqu’à un point sensible, mais fragile. Pour leurs alliés, ils étaient de sombres chercheurs de mort, toujours en quête des ennemis les plus puissants contre lesquels ils pouvaient rivaliser et ne reculant jamais devant la bataille, même en cas de risque d’anéantissement. Sa direction étant divisée entre le Conseil des Maîtres et ses guerriers pris par la fièvre de la bataille, la Légion s’étant étendue à travers la galaxie et s’étant engagée dans des guerres sans nombre, chaque Chapitre, Ost et Ordre cherchant à regagner ce qui avait été perdu. Si elle avait continué sur cette voie, il est probable que la Première Légion serait morte, lentement et inévitablement coupée en morceaux sur la lame à double tranchant de sa fierté. Pourtant, cela ne devait pas se produire, car une petite flotte de chasseurs itinérants de Jaghatai, les White Scars, découvriront un monde connu sous le nom de Caliban et l’Empereur ferait sortir de ses sombres forêts le salut de la Première Légion.[11]
Le Fils de la Forêt
Comme c’est le cas pour beaucoup de connaissances concernant la Première Légion et son maître, il y avait un vaste ensemble de rumeurs et peu de faits concernant les premières années du Primarque Lion El’Jonson. On sait qu’il a disparu, avec les autres Primarques, des laboratoires de l’Empereur sur Terra avant le début de la Grande Croisade, au sein des installations cachées au cœur de Sa forteresse secrète par des moyens inconnus. Plus de 50 ans plus tard, le jeune Lion sera découvert par un groupe de chasseurs de Chevaliers de l’Ordre dans les profondeurs des forêts de Caliban. Dans ces forêts vivait une race de créatures aujourd’hui inconnues dans la galaxie, de monstrueuses armes chimériques héritées de l’Ère des Luttes, poussées par une faim qui ne pouvait être étanchée et capables de transformer en quelques secondes un guerrier en armure en une ruine de sang et de chair. On ne peut pas savoir avec certitude combien de temps le jeune Primarque a survécu seul dans les profondeurs vertes, car le Lion lui-même a rarement parlé de cette époque. Les chevaliers qui l’ont trouvé ont supposé, d’après sa stature et sa prestance, qu’il n’aurait pas pu passer plus d’une décennie seul, mais la croissance et le développement des Primarques ne suivent pas le modèle de l’homme mortel, ils ne vieillissent pas comme ceux qui n’ont pas été touchés par le génie de l’Empereur. La période pendant laquelle le Lion a rôdé au milieu des arbres peut très bien avoir été beaucoup plus longue qu’on ne peut le penser. En effet, les légendes de ces villes fortifiées qui bordaient la bande de forêt où le Primarque avait été découvert parlaient d’un esprit de la forêt qui hantait les profondeurs, un esprit de petite taille mais dont la forme était celle d’un homme qui n’était connu que par les mystérieuses marques qu’il avait laissées dans son sillage et qui existait depuis près d’un siècle avant la découverte d’El’Jonson.
Que le Lion ait chassé dans la forêt de Caliban pendant une décennie ou un siècle, cette époque l’avait marqué. Les profondeurs sans lumière sous la canopée grouillaient d’horreurs, de tueurs rapace qui émergeaient souvent des profondeurs pour chasser parmi les villes et villages de la population humaine en déclin de Caliban. C’est là, parmi les monstruosités les plus ignobles que l’on puisse imaginer, que le Lion a passé son enfance. Il a appris à se taire, de peur d’accorder l’avantage à ceux qui le traquaient, il a appris à ne se battre que lorsqu’il pouvait gagner, de peur d’être blessé trop gravement pour survivre, et il a appris qu’une fois la bataille engagée, elle ne pouvait se terminer que par la mort, que les forts survivraient et que les faibles tombaient. Il s’est battu pour sa vie à mains nues et avec une détermination si inhumaine qu’elle lui a servi mieux que n’importe quelle lame forgée dans le fer. Ce n’était pas un berserker sauvage, mais plutôt un chasseur calculateur régi par la logique et non par une simple rage. Lorsqu’il fut enfin découvert par les hommes, il fut jugé si dangereux qu’il valait peut-être mieux le faire tuer, traité comme l’une des bêtes de la forêt, tant il leur ressemblait. C’est le jugement d’un seul homme qui l’a fait entrer dans le royaume de l’Humanité et qui l’a éloigné de celui des bêtes. Cet homme était Luther.
En tant que champion parmi les guerriers qui avaient défendu Caliban pendant les longues années de la Vieille Nuit, Luther nomma sa nouvelle recrue Lion El’Jonson, le Fils de la Forêt, et l’éleva au rang de chevalier de l’un des nombreux Ordres de Caliban. Il lui apprit les lois et les règles de l’Ordre, à se comporter comme un homme plutôt que comme une bête, et lui donna quelque chose que le jeune Primarque n’avait jamais eu auparavant - une raison de se battre au-delà de la simple survie. Caliban était un monde en voie de disparition, son peuple assiégé par les bêtes qui se pressaient dans les profondeurs cachées de la forêt et qui s’éteignaient lentement. L’Ordre, qui avait construit et entretenu les grandes forteresses aux confins de la nature, avait vainement tenté d’endiguer la marée mais n’avait réussi qu’à ralentir le rythme de leur destruction, car ils étaient trop peu nombreux pour faire plus que défendre leur base contre les assauts constants. Grandissant et apprenant plus vite que n’importe quel homme normal, El’Jonson allait rapidement se révéler non seulement un guerrier et un stratège hors pair, mais aussi un leader dont la confiance tranquille et la volonté de fer attiraient des recrues dans l’Ordre en nombre jamais égalé. À chaque victoire contre les bêtes, à chaque tête tombée plantée sur les murs des forteresses de l’Ordre, d’autres guerriers prenaient les armes avec l’espoir de plus que la simple survie. Lion El’Jonson était à l’avant-garde de ce nouveau mouvement, non pas par choix, car il avait toujours été taciturne et enclin à rechercher la solitude, mais par l’action, se trouvant toujours à l’avant-garde de n’importe quelle bataille et n’ayant pas peur de dire ce qu’il pensait ou d’agir lorsque d’autres pourraient hésiter. Par son ordre, les anciennes traditions qui ne permettaient qu’à la noblesse de se battre furent abandonnées, ce qui avait encore gonflé les rangs de l’Ordre au prix d’une certaine dissidence dans les rangs des chevaliers plus traditionnels.
En l’espace d’une décennie, les rangs de l’Ordre avaient grandi au point de pouvoir mener la guerre pour leur survie dans la forêt elle-même. Avec Lion El’Jonson et Luther à leur tête, ils ont entamé une croisade pour débarrasser leur monde de sa malédiction, apportant flamme et acier dans l’antre des monstres qui les avaient chassés pendant d’innombrables générations. La guerre fut longue et sanglante, avec des centaines de morts pour chaque nid monstrueux livré aux flammes, et beaucoup se lassèrent du massacre - tous sauf le sinistre chevalier, El’Jonson. Le Lion savait que la pitié n’avait pas sa place dans la guerre, qu’il fallait partir avec une tâche inachevée et que tout ennemi encore en vie allait menacer les vies futures. Il ne pouvait y avoir qu’une seule fin, et c’était l’anéantissement total de l’ennemi par tous les moyens nécessaires. Il mit les chevaliers en embuscade pour que les bêtes viennent se nourrir, empoisonna les mares où les créatures buvaient et mit le feu à de vastes étendues de forêt pour les faire fuir. Il ne donna aucun répit à l’ennemi et le chassa jusqu’à ce qu’il n’en trouve plus. Lorsque ses guerriers parlaient de ses prouesses et de ses victoires, c’était la peur qui colorait leurs paroles autant que l’émerveillement. Certains craignaient suffisamment ses nouvelles méthodes et sa détermination pour déclarer une rébellion ouverte, d’autres craignaient les changements qu’il avait apportés au peuple traditionnel de Caliban et d’autres encore cherchaient simplement à revendiquer le pouvoir que Lion El’Jonson était venu à exercer. Ces traîtres à la cause du salut de Caliban ont été abattus sans pitié, les rangs de leurs soldats éliminés dans leur intégralité et leurs forteresses en pierres démolis en guise d’avertissement aux autres.
À la fin de la croisade, alors que le Lion et Luther étaient tous deux épuisés par le terrible coût des combats, c’est El’Jonson qui a reçu les honneurs de la bataille et le titre de Grand Maître de l’Ordre. Il accepta cette distinction sans fanfare, car de telles excentricités humaines semblaient encore moins valables pour celui qui avait grandi parmi les monstres. Il ne comprenait guère la valeur que certains hommes accordaient aux titres et aux récompenses, car ses habitudes sinistres et solitaires l’avaient toujours tenu à l’écart des autres, et il ne voyait pas le changement que son ascension avait apporté à Luther. Car là où ils s’étaient jadis affrontés à armes égales pour l’honneur et la victoire, le Primarque avait désormais éclipsé son mentor et frère, le laissant derrière lui alors qu’il acceptait à contrecœur l’adulation du peuple. C’était une blessure infligée dans l’ignorance, car El’Jonson ne voyait pas l’étincelle de fierté qui brûlait en son frère s’enflammer de jalousie face à ses triomphes, une blessure qui allait s’envenimer dans les années à venir.
Si l’Empereur n’était pas arrivé peu après cette victoire, descendant des cieux pour réclamer Son fils perdu, alors peut-être cette blessure aurait-elle pu guérir dans la nouvelle paix de Caliban, mais cela n’a pas été le cas. L’Empereur était venu apporter de nouvelles gloires au Lion, en lui donnant le commandement de la Première Légion, qu’il a rebaptisé les Dark Angels à partir d’un ancien et sinistre mythe calibanite, et en faisant de lui un général au sein de la vaste armée qui cherchait à conquérir la galaxie. Lion El’Jonson partira bientôt pour la lointaine Terra et son nouveau destin, apportant son style de guerre intransigeant et sans remords dans les rangs des forces de l’Empereur. C’est à lui que reviendra le rôle de sentinelle aux confins du domaine de l’Empereur, le fléau des monstres et des bêtes et le gardien d’armes trop terribles pour être confiées à un autre. Il sera le froid et l’inévitable destructeur, le malheur qui, une fois déclenché, ne pouvait être rappelé, subverti ou retardé ; les profondeurs noires de la forêt lui enseigneront la valeur d’une froide et impitoyable ténacité. Il était le premier de tous les Primarques, la guerre distillée dans son essence la plus brute et la plus fondamentale, la mort qui marchait comme un homme et la galaxie serait à jamais changée par son retour.[12]
- Pour plus de détails, voir l’article dédié : Lion El'Jonson
Une Lame Reforgée
Seule une petite garde d’honneur de la Première Légion accompagnera l’Empereur à Caliban, la Légion étant encore dispersée dans les zones de guerre sur les lignes de front de la Grande Croisade. Seulement 500 individus, pour la plupart des vétérans de l’Ost de la Mort, précéderont le seigneur de l’Humanité dans Son voyage pour saluer Son fils perdu, le chevalier de Caliban connu sous le nom de "Le Lion". Avec son armure noire et ses symboles mortuaires, il semblait que les vieux récits de la légende calibanite avaient pris vie, une foule d’anges noirs se rassemblant devant la forteresse de l’Ordre et s’agenouillant devant le Lion. Lors de cette première et fatidique rencontre, la Légion allait gagner un nouveau titre de la part du premier des Primarques, car il avait jugé bon de tester le courage de ses nouveaux disciples en affrontant personnellement le Capitaine de la Compagnie. Il s’opposa au guerrier en Armure Cataphractii et croisa son acier calibanite à la lame de son adversaire, couronnée d’un champ de force, et le laissa blessé dans la poussière ; il prit leur mesure et ils apprirent tous deux à respecter l’autre. À partir de ce jour, le Primarque les appela ses "Dark Angels", un titre qui se répandit bientôt dans toute la Légion. En peu de temps, l’Empereur arriva pour récupérer Son fils perdu et introniser officiellement Caliban dans l’Imperium de l’Humanité, ses vastes forêts déboisées pour l’industrie et les premières dîmes des recrues réclamées parmi sa population pour reconstituer les rangs épuisés de la Première Légion.
Le Conseil des Maîtres sur la lointaine Gramarye entendra bientôt parler de Lion El’Jonson, l’homme qui était leur Primarque, et une fois de plus, ils se sont déchirés dans des dissensions. Bien que personne ne doutait de la parole de l’Empereur selon laquelle ce chevalier de Caliban était leur seigneur, ils étaient partagés par la honte et l’orgueil. Certains étaient accablés de remords quant à l’état de la Légion dont il allait hériter, tandis que d’autres souhaitaient se mettre en route et apporter une victoire convenable comme trophée à déposer aux pieds de leur nouveau maître. Partout dans la galaxie, la Première Légion avait réagit de la même façon, certains détachements redoublant d’efforts et se jetant au combat avec un zèle renouvelé pour faire honneur à la Légion, tandis que d’autres cherchent à se dégager de leurs campagnes pour pouvoir se rendre à Caliban et demander pardon à leur Primarque retrouvé. Le Lion lui-même fut amené sur Terra par l’Empereur, afin qu’il apprenne la guerre qu’il souhaitait lui faire poursuivre et le rôle qu’il allait jouer dans les années à venir.
Ses frères Primarques le qualifieront de morose, d’humeur sombre et insensible aux conseils des autres, mais il voyait les choses simplement et brutalement. Il apprit sur Terra que la guerre qu’il avait menée dans les forêts hantées par les monstres de Caliban n’était pas terminée, mais seulement commencée - car la galaxie grouillait de monstres à tuer. Il se consacra à une tâche : tuer. Il n’avait pas de temps à consacrer aux idéaux chevaleresques de Sanguinius, à la haine arbitraire de Mortarion ou à l’obsession de Fulgrim pour la beauté, une telle passion ne faisait qu’obscurcir le véritable objectif : que les ennemis de l’Humanité soient détruits. Premier des Primarques créés par l’Empereur, il était à la fois plus et moins que ses frères : une force de destruction primitive dont la concentration à l’esprit unique le rendait plus inhumain que Magnus. Il pouvait s’opposer à n’importe quel membre de sa fratrie, opposer ses lames à celles de Fulgrim et bloquer les stratégies de Guilliman. Bien que certains le surpassaient dans les détails de certaines tâches, aucun d’entre eux n’était son égal dans la grande bataille, et aucune volonté ne pouvait rivaliser avec la détermination sanglante du Lion. Ses talents et sa confiance résolue, que certains auraient pu qualifier d’arrogance, lui valurent peu d’amis mais le virent placé à la tête de sa Légion plus rapidement que tous les Primarques redécouverts avant lui.
La Légion dont il a hérité avait grand besoin de son Primarque et avait besoin d’un nouveau départ. Dispersée et fracturée, la Première Légion restait une force de combat puissante mais dont le but s’était perdu dans les longues années de la Grande Croisade. Avant l’arrivée du Primarque, elle avait été le mentor et le guide des plus jeunes Légions, mais leurs élèves avaient depuis longtemps trouvé leur propre sagesse. Mais à présent, Lion El’Jonson allait lui donner un nouveau but, en accord avec les méthodes du Primarque et la vision qu’il avait de la Grande Croisade de l’Empereur. Ses premiers actes furent de fusionner de nombreux enseignements de l’aristocratie techno-féodale de Caliban avec ceux de l’Hexagrammaton de la Première Légion, en prenant le meilleur de Terra et de Caliban pour créer quelque chose de nouveau et de plus raffiné, et de rassembler les fragments épars de sa Légion. Les premières générations de recrues issues des rangs des dignes chevaliers de Caliban étant toujours en cours d’implantation génétique, d’endoctrinement hypnogénique et d’entraînement au tir réel, le Lion se préparant à se lancer dans une croisade à lui tout seul. Avec lui se trouvaient les 500 premiers guerriers qui étaient arrivés à Caliban ainsi que les Chapitres et les groupes de combat qui l’avaient sollicité pour prêter serment d’allégeance, ainsi que des Compagnies auxiliaires issues de Caliban pour servir l’Armée Impériale, et une petite suite de Techno-Magos du Monde-Forge de Xana, impatients de gagner les faveurs du nouveau Primarque. Au total, il avait comptait 20 000 guerriers, peut-être un tiers de la Légion, chacun marqué par le nouveau départ auquel il s’était engagé, orné de l’épée ailée des Dark Angels de Lion El’Jonson au lieu des sombres marques d’une époque désormais révolue.
Lion El’Jonson a mené son ost en avant, à la recherche des Compagnies de ses fils qui n’avaient pas encore trouvé leur chemin à ses côtés. Retrouver ces guerriers dispersés au milieu du chaos de la Grande Croisade, une guerre menée à travers une galaxie par dix milliards de guerriers sous les armes, n’était pas une mince affaire et n’avait été rendue possible que grâce au génie du Lion lui-même et aux arts des adeptes de Xana, qui ont rapidement parcouru les banques de données de la Divisio Militaris pour discerner dans quelles campagnes la Première Légion avait saignée et connue des pertes. Pour toute autre Légion, l’arrivée de son nouveau Primarque aurait pu être la cause de célébrations bruyantes ou de défilés ostentatoires, mais pas pour la sinistre Première. Les nouvelles de l’approche de Lion El’Jonson avaient le plus souvent incité les guerriers de la Premier à redoubler d’efforts dans la bataille, se jetant sur l’ennemi sans se soucier de sa survie afin que, lorsque ses guerriers se tiendraient devant leur père, ils puissent lui offrir les lauriers de la victoire trempés de sang. Chaque Compagnie, usée au combat, recevait son nouveau seigneur avec la même réserve stoïque, avec une courtoisie silencieuse et des vœux d’allégeance brefs mais solennels, et chacune était testée au combat par le Primarque lui-même avant de rejoindre les rangs de son entourage grandissant. Le Lion démontra sa valeur par ses actions et son habileté plutôt que par des paroles et de vagues promesses, permettant à ceux qui douteraient de lui d’opposer leurs lames aux siennes dans un combat honnête. Aucun membre de la Légion ne pouvait mettre en doute son droit de diriger après un tel procès, bien que certains au sein de la Légion aient nourri des doutes quant aux changements soudains apportés par le Primarque aux doctrines séculaires de la Légion et au changement d’autorité qu’il représentait.
En quelques années seulement, le Lion avait rassemblé la grande majorité de sa Légion, près de 100 000 guerriers, et les avait conduits à l’ancien bastion de la Première Légion sur Gramarye. Là, le Conseil des Maîtres et le Conclave des Précepteurs l’attendirent au milieu des nombreux honneurs de la longue et glorieuse histoire de la Première Légion et de la sagesse accumulée au cours de ses batailles. Ici, entouré des trophées poussiéreux du passé, Lion El’Jonson a remis sa Légion sur pied ; il a affronté le champion cérémonial du Conseil sur le ring d’honneur, en combattant Pyrhus Calagat, le Maître de l’Ost de Feu, dans un duel d’une heure qui est depuis devenu une légende. Cette dernière épreuve terminée, le Primarque accepta les titres de Grand Maître de la Première Légion, des six Ailes de l’Hexagrammaton et de Haut Précepteur des Ordres Militants de la Première Légion, premier guerrier à consolider le leadership de toute la Légion sous une seule bannière. Aux guerriers rassemblés des Dark Angels, dont les serments avaient désormais été prêtés dans le sang et le sacrifice, le nouveau Primarque prêta un serment de son cru, un serment qui scellerait le pacte entre eux. Ce serment fut consigné dans les livres du Conseil des Maîtres : « Nous sommes les Dark Angels, pour nous il n’y a pas de paix, pas de fin mais la guerre et la mort. Nous ne marcherons pas dans les couloirs dorés de l’avenir de l’Humanité, mais nous resterons résolus dans les ombres de l’au-delà. Tant que nous respirons encore, cet Imperium ne tombera pas et nous ne connaîtrons pas la défaite, car je le promets à chaque guerrier, chaque goutte de sang dans la Légion au nom de la victoire, quel qu’en soit le prix. »[13]
Un Devoir Fait de Sacrifice et de Secrets
Sous serment, Lion El’Jonson mena l’ascension de ses Dark Angels, plaçant de nouveaux Maîtres sur chacune des Ailes qu’il avait créées à partir des restes des anciens Osts et officialisant les différents Ordres informels dans le style des Ordres chevaleresques de Caliban. Avec le premier afflux de nouvelles recrues de Caliban maintenant prêtes à rejoindre la Légion, comprenant les anciens guerriers qui avaient choisi de subir le douloureux et peu fiable processus d’amélioration augmétique qui leur permettait d’atteindre des niveaux de compétences comparables à ceux des vrais Space Marines, Lion El’Jonson les a rapidement incorporés dans cette nouvelle structure, en prenant soin d’attribuer les postes et les commandements uniquement en fonction du mérite et non en fonction de l’origine ou de la simple vertu du temps de service. Un certain nombre de ses anciens compagnons trouvèrent des postes au sein de son cercle restreint et, malgré les épreuves rigoureuses sur lesquelles le Lion insista, certains des vétérans les plus âgés ne furent pas très heureux de céder leur autorité à ces nouveaux venus. L’ancienne grande chapelle de Gramarye fut démoli et remplacé par une forteresse plus modeste pour assurer l’expansion industrielle de ce monde, car si la Légion maintenait une grande forteresse sur Caliban, son véritable cœur et siège du pouvoir serait le sanctuaire du Primarque à bord de son vaisseau amiral, l’ancien cuirassé de classe Glorianna, l’Invincible Reason. Pour beaucoup, cette revitalisation de la Légion a servi à dissiper le malaise qui avait pesé sur la Première, en écartant la vanité qui avait entaché la valeur de la victoire et en embrassant la pureté de la vision du Primarque ; cependant, pour une minorité silencieuse de vétérans, la dissolution soudaine et brutale des anciennes traditions et l’introduction du nouveau sang de Caliban ont laissé un doute persistant.
Le Lion avait choisi de confronter toute intransigeance à l’indifférence stoïque qui le caractérisait, décidant de plonger la Légion dans la guerre et espérant que son exemple dissiperait tout doute. Éparpillé sous les ordres des maîtres et des chevaliers-commandants de la Légion, il a mis les Dark Angels à la tâche, tandis que le Primarque menait sa propre flotte pour répondre à un appel à l’aide reçu tout récemment par le chœur astropathique nouvellement installé sur Caliban. Sa destination était le monde lointain de Karkasarn, où la garnison des Ultramarines avait résisté au siège pendant plus de huit mois après un soulèvement soudain de la population vivant dans les salles en ruines de la forteresse détruite. Les rebelles désespérés avaient ouvert des voûtes cachées profondément sous la surface de la planète et avaient libéré une arme bactériologique qui avait transformé les habitants brisés de leur monde en goules corrompus et assoiffés de sang dont l’esprit était brûlé de toute pensée, sauf celle de chasser et de tuer. Ces créations monstrueuses sont ensuite tombées sur les guerriers sans méfiance de la XIIIe Légion avec une férocité qui a fait réfléchir même les guerriers des Legiones Astartes. Une grande partie des forces de la Grande Croisade étant concentrée à l’est galactique, il y avait peu de forces disponibles pour soulager les Ultramarines assiégés et, étant donné l’histoire de Karkasarn, peu de gens s’attendaient à ce que les Dark Angels reviennent. Ainsi, lorsque l’Invincible Reason a percé l’Immaterium et est entré dans l’espace réel, ses baies de largage déjà ouvertes et prêtes pour le lancement, le Préteur Artaeon de la XIIIe, le commandant de la garnison presque envahie, avait perdu un instant la fameuse réserve stoïque des Ultramarines et avait crié de joie à sa vue.
Le Lion lui-même était au premier rang de la force de secours, se frayant un chemin à travers les hordes grouillantes des goules qui menaçaient de déborder les Ultramarines. À la tête de 1 000 vétérans de la Dreadwing, le nouveau seigneur de la Première élimina rapidement l’ennemi, envoyant un rideau de plasma surchauffé récurant les murs et les bunkers de la forteresse. À ses talons, la flotte entière, soit 10 000 guerriers des Dark Angels, mit en déroute l’ennemi qui fut anéanti par leurs lames alors qu’ils se recroquevillaient dans leurs antres. Lorsque les Ultramarines sortirent de leurs fortifications pour les rejoindre au milieu de la mer de cadavres et de cendres, ils le firent avec une certaine appréhension, s’attendant peut-être à une certaine rétribution pour la dernière rencontre entre leurs Légions à Karkasarn ou à une demande de cession du monde à la Première Légion en échange de leur aide. Pourtant, le Lion n’avait aucun intérêt pour les vieilles rancunes ou la sordide affaire des accolades et des honneurs, et une fois la tuerie terminée, il parti sans fanfare, ne laissant derrière lui qu’une bannière vide pour marquer la dette payée. Le fait que ce soit l’un de ses premiers combats n’était pas un accident, mais une déclaration d’intention. Il ne s’agissait pas de faire de la politique, ni de construire des empires ou des monuments, il s’était engagé à faire la guerre et à mourir - à tuer les ennemis de l’Empereur et rien d’autre.
Comme pour répondre à son appel, la guerre allait s’abattre sur l’Imperium. Les Rangdans, cette terreur que l’on croyait depuis longtemps éteinte, s’abattit sur les confins nord de l’Imperium en nombre défiant toute croyance. Pendant près d’une décennie, les vétérans de la Première Légion, aujourd’hui les Dark Angels, se battirent pour tenir en échec un ennemi qui menaçait de dévorer tous les mondes de l’Humanité. Le Lion créa sa propre légende en ces temps sombres, une sinistre figure de la mort et de la vengeance qui s’abattit sur les Rangdans dans une froide fureur. Dans les premières années terribles du conflit, lorsque l’Imperium semblait perdu dans une marée de monstres Xenos et de leurs esclaves, le Lion s’était tenu debout au milieu du carnage. Il n’était ni un héros en or comme son frère Sanguinius, ni une figure de proue aux cheveux noirs comme Horus Lupercal, mais plutôt un rocher silencieux, inflexible dans la tempête. Il n’inspirait pas la loyauté, ni aucune autre vertu. Il s’avançait plutôt là où l’ennemi était le plus fort, fier et confiant et attirait d’autres personnes avec lui pour le simple honneur de se tenir à ses côtés.
Pendant près d’une décennie, les batailles firent rage, quelque neuf Légions prenant part aux combats, et ravageant les colonies dans les secteurs nord de l’Imperium. Parmi les Légions engagées dans les combats, beaucoup subirent de lourdes pertes, les Space Wolves notamment, qui perdirent quelque 5 000 guerriers, brisant le siège de Xana à eux seuls, et les Dark Angels, rassemblés une fois de plus en quasi totalité, firent leur propre bilan. La rupture de la grande citadelle de Vorksag, le vaste affrontement des vaisseaux spatiaux sur Morcar et la bataille de Morro, qui dura sept semaines et où trois Compagnies des Dark Angels tinrent tête à plus d’un million de serviteurs neuro-maculés des Rangdans, la victoire étant achetée au prix de leur vie, et avec le sang de la vieille Légion, car lorsque la victoire fut enfin proclamée et la menace des Rangdans vaincue, les Dark Angels n’étaient plus qu’un dixième de leur ancien nombre. Certains disent que l’ancienne Légion s’était battue pour se montrer digne de leur nouveau seigneur, d’autres qu’ils ont saigné pour réparer leur échec à détruire les Rangdans lors de leur première rencontre, et quelques-uns ont murmuré que le Lion les avait envoyés à l’abattoir pour qu’il puisse les remplacer par des guerriers calibanites plus dociles.
Que cela soit vrai ou non, c’est vers Caliban que le Lion s’était tourné pour reconstituer les rangs de sa Légion. Le fléau des Rangdans ayant été repoussé, le premier nouvel afflux de vrais Space Marines calibanites entra dans les rangs de la Légion, où ils n’étaient autrefois que les quelques compagnons plus âgés du Primarque, et où ils étaient maintenant dispersés dans toutes les Ailes et tous les Ordres de la Légion. Ils étaient une nouvelle race de guerriers pour la Première Légion, guidés plus par la tradition et le rituel que leurs ancêtres et libérés du poids de la fierté qui avait été la pierre angulaire des vétérans terrans. Au lendemain de la deuxième guerre Rangdan, ce fut celle nouvelle Légion qui avait poursuivi son œuvre et qui avait apporté la guerre aux ennemis les plus tenaces. De Caliban, ils se sont répandus à travers les étoiles, car contrairement à beaucoup de leurs frères, ils n’avaient pris que peu de bastions, à l’exception de celles des chapelles-forteresses solitaires qui détenaient le savoir de la Légion. Chacune de leurs flottes était attachée à un coin différent de l’Imperium, pour patrouiller dans les endroits sombres où les monstres étaient encore présents. Le Lion prit le commandement de l’une de ces flottes, pas plus grande ni plus imposante que les autres car il s’attendait à ce que chacune d’entre elles soit une machine de mort capable de vaincre n’importe quel ennemi, et mit le cap sur le monde connu des cartographes impériaux sous le nom de Sarosh.[14]
La Lame la Plus Vive
De tous les fils de Caliban, le sort du guerrier connu de l’histoire sous le nom de Luther reste un mystère. Chevalier dont le seul souhait était de libérer son monde et de s’asseoir aux côtés de l’homme qu’il considérait autrefois comme son frère, il était reconnu comme la clé des premiers succès des fils de Lion El’Jonson. Pourtant, comment un simple mortel, même s’il était un chevalier de la plus haute qualité, a-t-il pu s’asseoir aux côtés d’un dieu de la guerre et commandant de Légions ? Luther, qui avait arraché le Lion des profondeurs noires des forêts de Caliban et l’avait élevé comme chevalier et frère, était destiné à être abandonné par l’histoire et le destin, à être laissé derrière par l’homme qu’il avait appelé ami et allié. Son nom ne sera pas prononcé avec la même ardeur que celui de Lion El’Jonson, sauf en note de bas de page dans son ascension vers la gloire, et personne dans les rangs de la Première Légion ne parla de ses exploits. Que ce guerrier décoré ait soudainement disparu de l’ordre de bataille de la Légion après la Bataille de Sarosh, soumis à un subtil exil entre les murs des forteresses de Caliban, n’était que le moindre des mystères qui l’entouraient. Compte tenu des événements qui allaient suivre les batailles décisives de l’Hérésie d’Horus sur Terra, le retrait soudain des Dark Angels et la disparition d’un grand nombre d’entre eux, ainsi que la mise en quarantaine du système d’origine de la Légion, il semblerait qu’un certain cataclysme se soit abattu sur les Dark Angels. Il semble très probable que cet événement soit lié d’une manière ou d’une autre au mystère de Luther, car à la suite de celui-ci, les Dark Angels refusèrent catégoriquement de parler de son sort. En effet, en suivant la trace des actions antérieures de Luther, nous pouvons voir un certain nombre de liens avec l’Hérésie d’Horus au sens large et les complots mis en place par Horus pour l’alimenter. Depuis la propagation de l’Ordre de la Clé Noire, un ordre militant fondé par Luther prétendument pour favoriser la coopération avec d’autres Légions, plus spécifiquement les Sons of Horus, jusqu’à la disposition étrange de certains éléments de la Première Légion dans les dernières années de la rébellion d’Horus, laissant Caliban isolé et les favoris connus du Primarque envoyés loin de ses murs. Ces faits distincts pointent tous vers une trahison qui a frappé Caliban dans les derniers jours de l’Hérésie d’Horus et qui a été soigneusement occultée des yeux de l’histoire. Un complot organisé de longue date, qui a mûri et n’a pourtant abouti qu’à un échec qui a vu la Légion resserrer les rangs et se replier sur elle-même. Nous ne pouvons pas savoir avec certitude quel rôle exact Luther a joué dans de tels événements et dans quelle mesure l’influence du Maître de Guerre s’est exercée sur cette tragédie. Seules les rumeurs et les demi-vérités abondent face à l’intransigeance des Dark Angels. |
Lion El’Jonson était allé répondre à un appel à l’aide de son frère, Jaghatai Khan. De tous les Primarques, le Khan était le plus proche du Lion, car malgré leurs différences, chacun appréciait la nature honnête et franche de l’autre, et le Lion était donc mal disposé à ignorer son appel. Avec l’arrivée des White Scars, Sarosh avait choisi de rejoindre l’Imperium plutôt que de le combattre, mais cette planète était alors accablée par les entraves qui allaient être placées sur elle. Une fois que les Dark Angels prirent le contrôle et que la nature implacable du Lion fut mise à contribution dans leur intransigeance, les Saroshis se sont tournés vers la trahison. Au moyen d’une charge nucléaire cachée, ils ont même cherché à prendre la vie du Lion lui-même et, bien que leurs plans n’aient pas abouti, ils ont servi à porter à l’oreille du Lion les murmures de dissension au sein de la Légion. Ils porteraient à la Première Légion un coup plus mortel qu’ils ne pouvaient l’imaginer, même si ce coup devait s’envenimer pendant de nombreuses années avant que son véritable bilan ne soit connu.
Les rebelles de Sarosh seront écrasés, mis au pas rapidement par la puissance des Dark Angels et des armées de l’Imperium, mais la victoire aura un goût amer pour beaucoup. À la suite des combats, certains remirent en question la facilité avec laquelle les Saroshis avaient infiltré les défenses de la Première Légion, et bien qu’aucun ne qualifia ce qui s’était passé de trahison, il y avait ceux dont la dévotion à la nouvelle voie de la Légion était remise en question. Luther et un certain nombre d’autres parmi les vétérans de Terra et de Caliban allaient se retrouver de retour à Caliban, non pas en exil, mais non pas en triomphe. Là, ils devaient servir de garnison et de surveillants du sanctuaire du Lion et laisser la Grande Croisade derrière eux, sans tenir compte de l’héritage des années de service dans la forêt ou dans les étoiles. Ce sera la volonté du Lion qui allait mettre de côté ceux qui lui étaient les plus chers au nom du devoir. Certains le qualifieront d’arrogant et d’autres, avec le recul, de téméraire, mais ce sera toujours la volonté du Lion. Ce n’était pas la logique froide de la bataille que certains parmi les Primarques privilégiaient, mais le fier impératif du devoir et de l’excellence - que ceux qui faiblissaient devaient être mis à l’écart, quelle que soit la justification de leur échec, et que les dignes deviendraient plus forts à travers les épreuves auxquelles ils étaient confrontés.
Selon ce credo, la Première Légion, les Dark Angels, vivait et saignait, poursuivant l’œuvre de l’Empereur dans les derniers jours de la Grande Croisade. Partout où la marée de la conquête ralentissait, on trouvait des épées brillantes et une sinistre détermination contre les pires horreurs de la galaxie. Le Lion, séparé alors depuis longtemps des forêts de Caliban et fidèle au rêve de l’Imperium, se battit à chaque instant qui lui était donné. Il ne passait pas son temps à faire des parades, à construire des forteresses ou à se disputer avec ses proches, mais allait stoïquement de bataille en bataille. Lui et sa Légion commencèrent à fuir les rassemblements de la Grande Croisade et la fraternité de leurs frères, méprisant ceux qui s’inquiétaient de telles frivolités alors qu’il combattait des ennemis forts et puissants contre lesquels tester leur courage. Au fil des ans et des guerres, la distance entre les Dark Angels et les autres Légions de l’Imperium s’était accrue. Peu de Primarques prirent le temps de rechercher leur frère reclus, alors que lui et sa Légion continuaient à aiguiser leurs lames. Ils commencèrent à oublier les exploits que lui et ses guerriers avaient accomplis, car il en parlait rarement. Tous sauf un.
Horus Lupercal, toujours vigilant, prêta beaucoup d’attention à son frère et aux actions de sa Légion. Une fois, il avait essayé de lier la Première Légion à lui, mais les codes de cette dernière était un bouclier contre son influence et leur fierté un contrepoids à sa manipulation. Ses loges ne trouvèrent aucun intérêt dans leurs rangs, rejetées par les précepteurs des Ordres Militants et les Précepteurs des Ailes de l’Hexagrammaton comme étant sans valeur et indignes d’eux. Ils n’étaient pas et ne pourraient jamais être à son service. Leur maître était comme sa Légion, un rocher dans lequel Horus Lupercal ne pouvait trouver aucune fissure ou fente pour fixer ses harpons, aucune laisse par laquelle il pouvait le conduire sur les chemins de son choix. Le Lion n’était pas très apprécié au sein de la confrérie des Primarques, mais il avait le respect de chacun de ses frères, et plus que cela, il avait la confiance de son père, l’Empereur, et les clés des arsenaux cachés de Terra. Si l’Empereur devait choisir un seul de ses Primarques pour diriger, pour se tenir à la tête de la Grande Croisade, alors le choix de Lion El’Jonson était facile à comprendre, et cela troublait le maître des Luna Wolves. Ainsi, lorsque la conquête d’Ullanor se profilait devant Horus, il était sûr de voir le Lion et la Première détournés vers des champs de bataille lointains et ne lui offrait aucune invitation au grand Triomphe qui suivit.
Ainsi, lorsque Horus fut couronné Maître de Guerre, le Lion n’était pas présent, une victoire pour l’esprit cupide du nouveau Maître de Guerre. Pourtant, ce fut l’une des rares erreurs de calcul commises par l’esprit avisé du Maître de Guerre. Il avait compté tous les hommes de pouvoir pour penser comme lui, mais si le Lion et le Luna Wolf partageaient de nombreux traits de caractère, ils n’étaient pas les mêmes. Lorsque la nouvelle du nouveau rang d’Horus parvint au Lion, il ne fit pas de pause dans ses campagnes, n’offrit pas de félicitations et ne se lamenta pas sur sa propre fortune, ce qui, plus que la réaction de ses autres frères, fit réfléchir le Maître de Guerre. Nous ne savons pas quand les pensées d’Horus se sont tournées vers la rébellion et la trahison, mais il est probable que c’est le Lion qu’il a désigné comme l’une des plus grandes menaces pour ses plans. Les Dark Angels étaient à la fois nombreux et compétents dans tous les arts de la guerre, l’accès aux arsenaux de Terra et de psyarkana étant interdit à tous les autres, et leur Primarque était aussi inflexible que le fer, loyal sans aucun doute et assez résolu pour se dresser contre toute menace.
Comme tous les Primarques, le Maître de Guerre ne ressentait pas la peur comme les hommes de moindre importance, mais l’idée d’affronter Lion El’Jonson dans une bataille ouverte lui donnait à réfléchir, et s’il ne voulait pas être appâté, il devait être exilé. Il y avait trois Légions qu’Horus cherchait à écarter du chemin de son hérésie avant qu’elle ne commence. Les White Scars qu’il espérait préserver pour son propre usage, les Blood Angels qu’il espérait détruire et les Dark Angels qu’il espérait bannir, envoyer assez loin pour qu’à leur retour, sa sinistre entreprise soit terminée. Le Lion reviendrait dans l’Imperium, tel le soleil qui revenait à l’horizon chaque matin, aveuglant et implacable, et il s’efforcerait de retrouver son frère hérétique. Horus avait libéré une bête, l’égale de toutes celles qui se cachaient dans l’obscurité entre les étoiles, qui allait déchirer l’Imperium pour saisir une victoire de cendres et de sang.[16]
- Pour plus de détails, voir l’article dédié : la Grande Croisade
L'Hérésie d'Horus
Lorsqu’advint la terrible trahison de l’Hérésie d’Horus. les Dark Angels étaient loin des principaux fronts, déployés par le Maître de Guerre Horus là où ils ne pourraient pas menacer ses plans. Malgré tous les efforts du Lion, sa Légion ne put atteindre Terra avant que le Monde-Trône ne soit assiégé par les armées d’Horus, et à leur arrivée, la bataille cataclysmique était déjà terminée. La seule voie ouverte aux Dark Angels était celle de la vengeance, et les fils du Lion jouèrent un rôle clé dans les événements qui devinrent connus sous le nom de "la Purge", au cours de laquelle le reste des renégats fut exterminé ou repoussé dans l’Œil de la Terreur. Mais les Dark Angels étaient loin de se douter qu’ils allaient être confrontés à une ultime traîtrise. De retour à Caliban, la flotte des Dark Angels se plaça en orbite et fut immédiatement assaillie par des tirs de batteries défensives en provenance de la planète. Malgré l’immense choc suscité par cet événement, le Lion fit preuve d’une grande réactivité et permit à la flotte de se replier en bon ordre. Il comprit que la jalousie de Luther s’était muée en amertume et en haine. Par son indéniable charisme, Luther avait retourné des générations de nouvelles recrues contre le Primarque et ses guerriers. Les Puissances de la Ruine n’eurent aucun mal à exploiter la colère de Luther, qui devint leur pantin. La fureur du Lion et des Dark Angels atteignit son paroxysme quand ils apprirent que leurs frères s’étaient retournés contre l’Empereur. Le Lion organisa une frappe contre Luther, déterminé à châtier l’homme qui fut son allié le plus proche tandis que la flotte des Dark Angels pilonnait la surface de Caliban. Le bombardement fut si puissant qu’il déstabilisa la planète, brisant sa croûte et déchaînant de terribles forces tectoniques. Luther, doué d’une puissance surhumaine grâce aux Dieux du Chaos, était un adversaire de taille pour le Lion, et le Primarque ne le soumit qu’après des heures de combat acharné. Au terme du duel, le Lion ne put se résoudre à tuer son ancien ami, et dans cet instant d’hésitation, Luther lui assena une terrible attaque psychique qui le laissa mortellement blessé. Ce geste leva un voile devant les yeux de Luther et lui révéla l’ampleur de sa trahison. Il jeta son épée sur le côté et s’effondra à genoux, sa santé mentale ébranlée par l’ampleur de son crime.
À en croire les rapports, les Dieux Sombres furent si courroucés par la perte de ce serviteur que le Warp autour de Caliban convulsa et qu’une tempête Warp engloutit la planète. L’énergie déchaînée balaya la surface, le monde se désagrégeant sur une croûte déjà affaiblie par l’intense fureur du bombardement orbital. Les Dark Angels Déchus de Luther qui avaient survécu furent happés dans le vortex Warp et projetés dans le temps et l’espace, tandis que Caliban était entièrement détruite à l’exception d’une zone. Protégés par un ancien champ de force, la Forteresse-Monastère de la Légion et un bloc de roche-mère échappèrent à la dévastation. Les Dark Angels loyalistes fouillèrent les ruines à la recherche de survivants et de leur sire génétique. Ils ne trouvèrent que Luther, recroquevillé en boule et répétant sans cesse que le Lion avait été enlevé par les Guetteurs des Ténèbres et qu’un jour, il reviendrait pour laver Luther de tous les péchés qu’il avait commis. Luther fut emprisonné dans les entrailles du Rocher. Il n’y avait aucun signe du Primarque.
Après la trahison de Luther, il ne restait de Caliban que les ruines de la Forteresse-Monastère des Dark Angels et le bloc de roche-mère sur lequel elle trônait. Les Dark Angels la reconstruisirent et creusèrent dans la roche-mère, puis la dotèrent de docks et même de Moteurs Warp. Depuis des millénaires, elle est appelée le Roc. Contrairement aux autres Chapitres, les Dark Angels n’ont pas de Monde Chapitral et recrutent sur un certain nombre de planètes. Tous les aspirants sont examinés à la loupe et dès l’instant où ils rejoignent le Chapitre, leurs vies passées sont oubliées. Pour un Dark Angel, seul le Chapitre compte. |
Au lendemain de cette catastrophe, les Maîtres de la Légion décidèrent qu’aucun de ces événements ne devait être révélé au reste de l’Imperium, de crainte d’être punis pour les crimes de leurs frères Déchus. Ils formèrent le Cercle Intérieur pour préserver les secrets de la Légion et développèrent un système visant à traquer le moindre signe de corruption chez les Dark Angels, semant ainsi les graines de la méfiance et du secret qui définissent leur Chapitre au 41e Millénaire. Lorsque les Maîtres de la Légion découvrirent qu’une partie des Dark Angels Déchus avait survécu à la tempête Warp qui avait englouti Caliban, ils y virent à la fois l’occasion de se racheter et une menace envers leur secret. Le besoin de pourchasser et capturer ou tuer les Déchus devint une force motrice chez les Dark Angels. Il fut alors décidé que tant que le dernier Déchu ne serait pas éliminé, tous les Dark Angels se feraient appeler "les Impardonnés" par leurs frères - mais pas par l’Imperium -, terme qui fut conféré à tous les Chapitres qui leur succédèrent suite à l’adhésion de la Légion au Codex Astartes. Ainsi, depuis dix mille ans, les Impardonnés poursuivent en secret cette mission en plus de leurs devoirs de Space Marines.[17]
- Pour plus de détails, voir les articles dédiés : l’Hérésie d'Horus et les Déchus
Sombre Imperium et l'Ère Indomitus
Lorsque la Cicatrix Maledictum fendit la galaxie, le Roc était situé dans la moitié nord de l’Imperium, appelé plus tard Imperium Nihilus… Totalement isolés de l’Astronomican, ces mondes impériaux étaient extrêmement vulnérables, et le Roc ne faisait pas exception. Lorsque le Prince Démon Déchu Marbas l’envahit, des combats firent rage dans tous les couloirs, docks et donjons. Mais soudain, les envahisseurs se retirèrent. Les survivants poussèrent un soupir de soulagement, persuadés que cet assaut n’avait d’autre but qu’un massacre aveugle. Ils se trompaient lourdement, comme le supposait le Grand Maître Suprême Azrael. Luther, le traître enfoui dans les tréfonds du Roc, avait disparu. Avait-il été emmené contre son gré ou s’était-il volontairement échappé avec les assaillants ? Azrael l’ignorait. Quoi qu’il en soit, il est à présent à l’affût du moindre indice concernant la localisation de Luther, surveillant les rapports de bataille, les appels à l’aide et tout autre renseignement fourni par les Impardonnés. Jamais la sécurité des Dark Angels ne se vit aussi gravement menacée, et jamais Azrael ne laissera les secrets de son Chapitre être dévoilés.
Au lendemain de cet événement, et du Massacre de Darkmor, qui vit des centaines d’Impardonnés tués lors d’une embuscade alors qu’ils étaient à la poursuite des Déchus, Azrael convoqua d’urgence tous les Impardonnés. Chaque fils du Lion effectua le dangereux périple jusqu’au Roc. Beaucoup n’arrivèrent jamais, perdus dans le Warp ou englués dans un des nombreux conflits qui ravageaient la galaxie. Azrael attendit aussi longtemps que possible. Alors qu’il s’apprêtait à tenir séance, une nouvelle flotte arriva - non pas celle d’un dernier Chapitre d’Impardonnés, mais celle de Roboute Guilliman, Seigneur Commandeur de l'Imperium.
Azrael redouta aussitôt le pire : que le Primarque ressuscité soit venu anéantir les Impardonnés en châtiment de leurs péchés. Il hésita entre prendre les armes contre la délégation du Primarqueet ordonner aux Impardonnés d’effectuer une retraite ordonnée. Mais agir de la sorte serait revenu à admettre leur culpabilité, chose qu’il avait juré de ne jamais faire face à des étrangers. Au lieu de cela, il autorisa la flotte de Guilliman à s’ancrer. Les craintes d’Azrael étaient infondées ; le Primarque n’était pas venu pour infliger un châtiment mais pour apporter des renforts. Des Space Marines Primaris. Ils étaient des milliers, vêtus des couleurs des Dark Angels et de leurs successeurs, accompagnés de tout nouveaux Chapitres prétendant être les descendants du Lion. Les Grands Maîtres Suprêmes jurèrent alors allégeance au Seigneur Commandeur, à l’Imperium, et à la Croisade Indomitus.
Méfiants de nature, les Dark Angels et les Impardonnés se gardèrent d’accueillir les nouveaux arrivants à bras ouverts. Ces Primaris n’avaient pas entendu les récits apocryphes ni enduré les longs endoctrinements comme les Impardonnés. Ils n’avaient pas subi l’épreuve du feu. Leur loyauté envers leurs Chapitres parents n’avait pas été éprouvée aussi durement que l’auraient souhaité les Dark Angels. Mais ceux qui avaient le plus souffert lors du Massacre de Darkmor, les Angels of Vengeance, Consecrators, et les Guardians of the Covenant, étaient plus enclins que les autres à se servir des Primaris. Ainsi commença une longue période d’épreuves et de surveillance. Les Primaris se distinguèrent au combat, notamment à Stygius, à Saltire Vex, lors du Siège de la Ruche Trall, à Allhallow, et lors de l’Incursion Gratyenne.
Les Primaris s’adaptèrent facilement aux méthodes de guerre des Impardonnés et combattirent avec brio à leurs côtés En outre, leurs d’escouade, leurs armes et leurs véhicules s’avérèrent utiles à de nombreux commandants de forces de frappe. Des liens se nouèrent et un grand nombre de Dark Angels s’aperçurent que les tendances et le tempérament de leurs frères Primaris ressemblaient grandement aux leurs, probablement en raison de leur géno-patrimoine commun. Les Dark Angels se hâtèrent d’intégrer de nouveaux Space Marines Primaris après avoir été témoins de leurs compétences martiales, endoctrinant ces néophytes comme ils le feraient pour n’importe quelle autre recrue. C’est ainsi que de nouveaux Primaris s’ajoutèrent aux rangs du Chapitre, modelés selon les désirs du Chapitre. Une partie des Dark Angels décida de traverser le Rubicon Primaris, impressionnés par les exploits accomplis par leurs nouveaux frères. Certains traditionalistes refusèrent de les imiter. D’autres déconseillèrent cette procédure, vu le risque élevé de décès, le Chapitre pourrait perdre un grand nombre de ses guerriers. D’autres opérèrent cette transformation parce que la gravité de leurs blessures ne leur laissait pas d’autre choix Le Cercle Intérieur décréta que l’Apothecarion opérerait cette procédure avec les Frères de Bataille gravement blessés afin de s’assurer que le Chapitre dispose de Space Marines Primaris parfaitement fiables. Les Primaris étaient indéniablement puissants et utiles, mais un grand nombre des membres du Cercle Intérieur conservait des doutes quant aux anciens Écus Gris.
Inévitablement, la question se posa de savoir si les Space Marines Primaris des anciens Écus Gris et des Chapitres de la Fondation Ultima devaient intégrer le Cercle Intérieur. Certains s’opposèrent à cette idée. D’autres déclarèrent qu’en tant qu’héritiers du patrimoine génétique du Lion, ils devraient avoir la force morale de gérer les secrets qu’ils pourraient apprendre, et la possibilité de jouer un rôle dans la défaite des Déchus. Certains adoptèrent une approche plus pragmatique, leur point de vue étant qu’une guerre d’attrition pourrait à elle seule l’exiger. Le débat prit une tournure purement théorique lorsque certains membres du Cercle Intérieur se portèrent garants de certains individus ou signalèrent des incidents où des Déchus avaient été observés par ceux qui n’auraient pas dû les voir. L’un d’eux était le Chapelain-Investigateur Zaeroph, qui servait au sein de la 3e Compagnie dans l’Étendue de Chalnath. Son témoignage fut d’une importance capitale, étant donné sa précédente hostilité aux renforts apportés par Roboute Guilliman.
Tous ces arguments influencèrent la pensée d’Azrael. Lui seul connaissait tous les secrets des Dark Angels ainsi que les tenants et les aboutissants de chaque décision. Toutes ces informations pesèrent sur ses réflexions, de même que le fait d’avoir été lui-même témoin des exploits martiaux des Écus Gris. Il médita longtemps cette question. La fuite de Luther l’inquiétait grandement. Cette angoisse s’intensifia quand il entendit des rumeurs évoquant un regroupement des Déchus dans les Étoiles Somnium. Il était persuadé que Luther en personne était derrière tout cela. Si ces rumeurs comportaient un fond de vérité, tous les Impardonnés devaient être prêts à affronter la menace. Cet événement joua un rôle significatif dans sa décision d’autoriser l’intégration d’anciens Écus Gris et guerriers de la Fondation Ultima au sein du Cercle Intérieur, pourvu qu’ils soient dignes d’un tel honneur ou capables d’encaisser le choc de la vérité.
Lorsqu’Azrael fit connaître sa décision, un grand nombre des Maîtres de Chapitre furent furieux. Conscient qu’il ne pouvait évoquer la fuite de Luther, Azrael se prépara à l’éventualité de provoquer un second schisme parmi les fils du Lion. La menace la plus sérieuse que les Dark Angels et leurs successeurs avaient affrontée depuis dix millénaires couvait dans les Étoiles Somnium, et il risquait de créer de nouveaux renégats. Usant de toute sa diplomatie et faisant appel au sens du devoir des successeurs, il les persuada d’envisager un nouveau test. La Deathwing lui avait demandé de lui présenter frère Apharan. L’ancien Écus Gris avait capté son attention, et la Deathwing le pensait digne de la rejoindre. Azrael déclara aux Maîtres de Chapitre qu’il était persuadé qu’Apahran réussirait ces épreuves et entendrait la vérité. Azrael misait toute la réputation de son Chapitre sur un unique guerrier. Un grand nombre des plus sceptiques fut touché par la conviction et l’humilité d’Azrael malgré son grade supérieur. La plupart furent convaincus, conscients qu’Azrael ne ferait jamais un tel choix sans avoir une confiance totale en l’avenir. Azrael supervisa lui-même les épreuves d’Apharan, que l’ancien Écus Gris réussit. Bien qu’une partie des Maîtres successeurs demeurât sceptique, ils cédèrent, leur loyauté et leur confiance envers Azrael surpassant leurs doutes.
Cette affaire à présent résolue, les Dark Angels et les Impardonné sillonnent les étoiles avec une vigueur renouvelée tout comme le Lion et les chevaliers balayèrent Caliban, éradiquant les traîtres les mutants, les hérétiques et les Xenos partout où ils trouvaient. Pour les Impardonnés, tuer chaque ennemi est un acte de pénitence. Ils brisent des sièges, écrasent des rébellions, et contrecarrent des invasions. Pendant ce temps, les Cercles Intérieurs restent à l’affût des Déchus, suivent des pistes partout où ils en voient. Les anciens Écus Gris ont une connaissance de Mars et du Primarque ressuscité qui dépassent les rêves les plus fous du Librarius et des Chapelains-Investigateurs et fournissent des renseignements capitaux auxquels les Dark Angels n’ont jamais eu accès auparavant.
S’ils finirent par accepter leurs frères Primaris, les Dark Angels n’eurent pas la même réaction envers les Magos martiens qui les accompagnèrent quand Guilliman atteignit le Roc. Ces Technoprêtres sont essentiels à l’intégration des Space Marines Primaris, une situation qui agace particulièrement le Chapitre. De nombreux efforts ont été entrepris pour leur laisser aussi peu d’accès au Roc que possible et les garder sous surveillance. Pendant ce temps, les Techmarines et Apothicaires des Dark Angels s’efforcent d’apprendre tout ce qu’ils peuvent des Magos dans l’espoir de rendre les prêtres martiens inutiles.
Les Impardonnés opèrent avec une grande coordination en ces temps éprouvants. Certain cercles inquisitoriaux les accusent de vouloir refonder une Légion, mais les voix en leur défense sont tout aussi nombreuses. La puissance martiale des Impardonnés est incontestable et leur palmarès époustouflant. Certains affirment qu’une telle force constitue un contre-poids essentiel au pouvoir d’Ultramar suite au retour de Guilliman. La férocité de ce débat est telle qu’une lutte intestine a éclaté parmi les Inquisiteurs, chaque participant persuadé d’agir au mieux pour l’Imperium.[18]
Médias Externes
Sources
- The Horus Heresy, Book Nine - Crusade
- Index Astartes : Dark Angels du White Dwarf N°274 (Septembre 2019)
- ↑ The Horus Heresy, Book Nine - Crusade, Chapter The Dark Angels (traduit de l'anglais par Guilhem)
- ↑ The Horus Heresy, Book Nine - Crusade, Chapter The Dark Angels - The Unhegotten Father (traduit de l'anglais par Guilhem)
- ↑ The Horus Heresy, Book Nine - Crusade, Chapter The Dark Angels - Origins : Forged of Secrets and Darkness (traduit de l'anglais par Guilhem)
- ↑ The Horus Heresy, Book Nine - Crusade, Chapter The Dark Angels - Branded All As One (traduit de l’anglais par Guilhem)
- ↑ The Horus Heresy, Book Nine - Crusade, Chapter The Dark Angels - The First Legion (traduit de l'anglais par Guilhem)
- ↑ The Horus Heresy, Book Nine - Crusade, Chapter The Dark Angels - The Emperor’s Own Angels of Death (traduit de l'anglais par Guilhem)
- ↑ The Horus Heresy, Book Nine - Crusade, Chapter The Dark Angels - Exemplary Battles - The Barbarian and the Knight (traduit de l'anglais par Trazyn l'Infini)
- ↑ The Horus Heresy, Book Nine - Crusade, Chapter The Dark Angels - A Fortress of Pride (traduit de l'anglais par Guilhem)
- ↑ The Horus Heresy, Book Nine - Crusade, Chapter The Dark Angels - Of Pentacles and Whispers (traduit de l'anglais par Guilhem)
- ↑ The Horus Heresy, Book Nine - Crusade, Chapter The Dark Angels - The Ill-made Knight (traduit de l'anglais par Guilhem)
- ↑ The Horus Heresy, Book Nine - Crusade, Chapter The Dark Angels - Along a Knife's Edge (traduit de l'anglais par Guilhem)
- ↑ The Horus Heresy, Book Nine - Crusade, Chapter The Dark Angels - The Son of the Forest (traduit de l'anglais par Guilhem)
- ↑ The Horus Heresy, Book Nine - Crusade, Chapter The Dark Angels - A Blade Reforged (traduit de l'anglais par Guilhem)
- ↑ The Horus Heresy, Book Nine - Crusade, Chapter The Dark Angels - A Duty of Sacrifice and Shadows (traduit de l'anglais par Guilhem)
- ↑ The Horus Heresy, Book Nine - Crusade, Chapter The Dark Angels - An Inevitable Treachery (traduit de l'anglais par Guilhem)
- ↑ The Horus Heresy, Book Nine - Crusade, Chapter The Dark Angels - The Keenest Blade (traduit de l'anglais par Guilhem)
- ↑ Index Astartes : Dark Angels du White Dwarf N°274 (Septembre 2019)
- ↑ Index Astartes : Dark Angels du White Dwarf N°274 (Septembre 2019)