Hérésie Gaudinienne

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L'Hérésie Gaudinienne.

La flotte des Iron Hands qui était apparue dans le système Gaudinia était énorme. Le Révérend de Fer Kristos avait pris le manteau de chef de guerre et avait rassemblé plus de huit cents Iron Hands sous son autorité. Ce fut le plus grand déploiement du Chapitre depuis des siècles, et il fut accompagné par la majorité des membres du Conseil de Fer. Les Kristosiens étaient présents en force, mais Stronos, Verox et Marrus qui faisaient partie des détracteurs du Révérend de Fer Kristos étaient aussi à bord des navires de la flotte.

Les premiers augures montraient que les six mondes du système Gaudinia étaient envahis par des mutants et des hérétiques. Pourtant, selon l’appel de détresse astropathique, les Emperor's Children n’avaient été vus que dans le monde industriel de Gaudinia Prime. Ce serait donc l’objectif principal des Iron Hands. Tandis que de plus petites forces d’assaut s’élancèrent pour commencer la purge systématique des autres mondes, un noyau de trois cents Iron Hands - y compris les Compagnies Claniques Raukaan et Sorrgol dans leur intégralité - s’était dirigé droit vers Gaudinia Prime et se placèrent en orbite haute. Là, ils devaient faire face à leurs premiers signes d’opposition, obligé de se frayer un chemin à travers un blocus de navires de guerre renégats corrompus.

La flotte ennemi était composée par ce qui avait été autrefois les superviseurs du système, des frégates de la Marine Impériale dont l’équipage s’était tourné vers le culte du Roi Saphir. Ces embarcations montraient maintenant des signes d’avilissement, des couleurs étranges qui s’entrechoquaient et des excroissances mutantes qui recouvraient leurs coques. Heureusement, l’ennemi était peu nombreux et attaqua de manière désordonnée, comme s’il se précipitait volontiers vers la mort. Avec une efficacité sereine, les vaisseaux des Iron Hands tracèrent les lignes de front, maximisant la propagation de leurs torpilles et de leurs tirs, et firent exploser les vaisseaux renégats. Pas un seul vaisseau ennemi n’a pu atteindre une portée de tir, chacun se consumant alors que leurs Moteurs Warp surchargeaient et que leurs coques se brisaient. Avançant à travers l’épave à la dérive qui restait, les Iron Hands se mirent en orbite avec une précision mécanique, libérant des essaims de Servocrânes aptes à l’espace pour rechercher d’autres adversaires.

Tandis que les sanctuaires d’auto-divination échangeaient sur leurs analyses, les Révérends de Fer s’interrogeaient sur les lectures de la planète du dessous. Gaudinia Prime était un monde industriel, tout son territoire étant consacré à la transformation des matières premières et à la fabrication d’armes destinées à la Garde Impériale. Elle possédait une population active d’environ 362 milliards d’âmes, réparties sur l’immense surface de la planète. Or, la biomasse mondiale semblait à la fois dépasser cette somme et, ce qui était impossible, être inférieure à zéro, le chiffre fluctuant follement au fur et à mesure que les balayages arrivaient. Plus étrange encore, depuis les fermes d’algues océaniques des côtes jusqu’aux plates-formes orbitales situés au sommet des montagnes et leurs entrepôts de cargos, il n’y avait aucun signe de vie, ni aucune trace des Emperor’s Children. Au lieu de cela, tous les signes de vie semblaient maintenant concentrés sur un petit segment de la carte - une petite fraction de la production primaire, un étalement industriel d’une taille modeste dans l’hémisphère sud de la planète. Les Révérends de Fer Stronos et Verrox conseillèrent la prudence - les machinations insondables du Chaos étaient impossibles à prédire, et la logique leur dictait de recueillir d’autres données avant de lancer leur attaque. Le Révérend de Fer Kristos était plus inflexible que jamais, poussé par sa détermination à détruire toutes les forces survivantes des Emperor’s Children avant qu’elles ne puissent s’échapper. L’hésitation était pour les faibles, a-t-il annoncé, avant d’ordonner un assaut total sur le Manufactorum Primaire. Dans l’ensemble de la flotte, les Iron Hands se déconnectèrent des Chambres Simulus et des châssis d’augmentation des Apothicaires, se soumirent à l’attention des Serviteurs d’Armes et avancèrent vers leurs Stormravens, Thunderhawks et Modules d’Atterrissage. Les Iron Hands suivraient la piste des signes de vie étranges jusqu’à trouver l’ennemi qu’ils recherchaient, et là, ils l’écraseraient complètement.

Les Iron Hands descendirent dans le feu et la fureur, leurs Modules d’Atterrissage et leurs aéronefs de débarquement obscurcissant le ciel de leurs traînées. S’en tenant aux doctrines qui les avaient bien servis depuis l’époque de la Grande Croisade, ils avaient rassemblé leurs forces dans une seule zone de largage d’un mille de large au sud-ouest de la plate-forme centrale de traitement. Des Modules d’Atterrissage s’écrasèrent à travers les structures et formèrent des cratères sur les routes en ferrobéton. Des escouades de Space Marines vêtus de noir surgirent et se déployèrent pour sécuriser leurs sites d’atterrissage, et les nombreux Dreadnoughts de Raukaan marchèrent en avant des troupes. Derrière eux, des transporteurs plus lourds descendirent pour déployer des escadrons de chars d’assaut et des Centurions dans les places et les artères du Manufactorum, bordées de statues. Des Escadrons de Motards et des Land Speeders, les véhicules préférés du Clan Morlaag, filèrent le long des chaînes de travail et entre les générateurs à la recherche de contacts, pendant que les Scouts du Clan Dorrvok se faufilaient sur les toits et s’infiltraient dans les égouts à la recherche de menaces. Aucun signe de l’ennemi ne fut signalé.

Les rues du Manufactorum Primaire étaient vides, à l’exception des déchets soufflés par le vent. Les sanctuaires de l’Omnimessie étaient vides, éclairés par leurs bougies électriques négligées. Le bouillon caillé s’égouttait des tubes d’alimentation et formait des flaques dont les moisissure attestaient de nombreux jours d’inutilisation. Partout où les Iron Hands défonçaient les portes ou les murs, les habitations, les ateliers et les stations médicales étaient vides, recouverts d’un film poussiéreux d’abandon. Pourtant, les augures des Iron Hands lisaient des signes de vie de tous les côtés. Alors qu’ils se dirigeaient vers le pôle de traitement central, ils commencèrent à entendre des bruits d’industrie. Les Bolters pivotèrent et les escouades se mirent en formation de combat alors que les Space Marines approchaient du vaste dôme de fer du pôle, écoutant la cacophonie frénétique qui retentissait de l’intérieur.

Le pôle mesurait près de deux mille pieds de haut à sa crête et dix milles de large à sa base, et semblaient être scellés hermétiquement comme s’ils s’étaient mis à l’abri d’une attaque ou d’un temps anormalement violent. De l’intérieur venait un vacarme enragé de machines entrecoupé de gémissements sifflants et de cris perçants qui poussèrent même les fils taciturnes de Ferrus Manus à se regarder avec méfiance. Diffusé par le vent, une odeur de chair brûlée mélangée à une sorte de douceur bilieuse, comme si du parfum avaient été répandus sur de la matière fécale purifiée. Impassible, le Révérend de Fer Kristos ordonna que des brèches soient formées dans les murs du dôme. Lui et les autres Révérends de Fer mèneront les guerriers du Clan Raukaan à découvrir quel mal se cachait à l’intérieur.

Des Dreadnoughts Ironclad et des Centurions d’Assaut formèrent rapidement des brèches béantes par lesquelles les guerriers du Clan Raukaan pénétrèrent. Les confins étroits du centre de traitement obligèrent les chars de la Compagnie Claniques et les Cannons Thunderfire de rester en arrière avec le reste de l’ost pour tenir la vaste place qui entourait le dôme. Refusant de montrer le moindre signes d’inquiétudes, les Frères de Bataille ont tout de même continué à avancer. Cependant, quelques instants plus tard, l’avance s’essouffla lorsque les Space Marines furent confrontés à ce qui se trouvait à l’intérieur du dôme. Autrefois, le pôle de traitement central était une ruche d’activités de machines et de travailleurs. Maintenant, c’était une vision de l’enfer, car les ouvriers et les machines ne faisaient plus qu’un.[1]

Les Machines Damnés

Des milliards de citoyens Impériaux avaient été entassés dans cet espace de dix milles mètres carrés, leur chair et leurs os fusionnés avec l’acier, les circuits et les tubes des machines. Les pistons se soulevaient et tombaient à une vitesse régulière, entraînés par de grands enchevêtrements de membres humains enflés. Des masses de chair fondue formaient des portiques corrompus où les visages criaient et gémissaient. Des torses humains, la peau brûlée et incroyablement gonflée, tombaient des chaudières. Ils hurlaient sans cesse alors que du sang fumant s’échappait de leurs yeux. Ici, les rouages en os et en nerfs à vifs ensanglantés tournaient à une vitesse fulgurante. Là, des armes démoniaques étaient poussées le long de bandes transporteuses supportées par le mouvement péristaltique d’un milliard de langues désincarnées. Le pire de tout était le vacarme, un tonnerre industriel discordant de voix secouées qui se déchiraient dans les airs jusqu’à ce que les Iron Hands soient forcés d’étouffer leurs audiorécepteurs.

Le Clan Raukaan avança dans ce chahut nauséabond, les armes levées. Sous leur maîtrise de soi, ils étaient en ébullition. L’insulte était évidente, car ici l’acier et la chair se combinaient pour créer quelque chose de plus grand. Les armes démoniaques sortaient des machines pulsantes à une vitesse fulgurante, leurs conceptions étant une insulte et pourtant elles étaient indéniablement parfaite. Ces engins de chair étaient monstrueux au-delà des mots, une perversion démoniaque qui sapait tout ce qui leur était cher. Des siècles d’entraînement et de conditionnement dans leur subconscient luttèrent pour supprimer la répulsion qu’ils ressentaient lorsqu’ils avançaient. Les escouades communiquèrent entre elles, et les Escouades Tactiques et d’Assaut du Clan Raukaan prirent la tête pendant que les Dreadnoughts, les Devastators et les Centurions surveillaient leurs flancs.

Ils avaient avancé presque jusqu’au cœur de la structure, leur armure tachée de sang fumant et de liquides ruisselants, lorsque les compulsions frappèrent. L’Escouade d’Assaut Neim traquait le long d’une allée de liens et de muscles, les Révérends de Fer Kristos et Graevaar au milieu d’eux. Soudain, Kristos trébucha jusqu’à s’arrêter, ses membres ronronnants irrégulièrement alors qu’il manquait une marche. Graevaar pencha avec inquiétude la tête, contractant son Gantelet Énergétique et scrutant les machines autour de lui. Il y avait un mouvement frénétique partout, mais rien n’indiquait la raison de l’hésitation soudaine du Révérend de Fer. Kristos regarda autour de lui dans un étourdissement, balayant ses yeux augmétiques à travers les machines de chair et marmonnant.

« Peux-tu ne pas le voir, Graevaar ? N’entends-tu pas sa chanson ? L’union parfaite… l’efficacité… la force… » Soudain, avant que quelqu’un ne puisse réagir, le Révérend de Fer Kristos plongea ses Mécadendrites dans les récepteurs de chair humide des machines qui l’entouraient. L’œil vivant de Graevaar s’était élargi et l’Escouade Neim en état de choc leva ses armes lorsque Kristos convulsa, les mâchoires s’étirant pour émettre un gémissement étranglé de code fragmenté. Le son montait en volume. La voix de Kristos semblait se démultiplier en un chœur binaire hurlant qui gonflait à chaque seconde. Le Capitaine de Fer Graevaar réagit en premier et s’élança vers l’avant pour déconnecter Kristos qui convulsait, mais il était déjà beaucoup trop tard. Les Mécadendrites du Révérend de Fer se gonflèrent de façon obscène, de la matière charnue jaillissant d’entre leurs liens segmentés, et Kristos hurla de mille voix quand son corps commença à se corrompre et à se déformer.

Ce qu’il lui restait de chair vivante s’accroissait rapidement, se torsadant et se gonflant au fur et à mesure de sa croissance. Des amas de fils et de tubes serpentant et coulant de sang éclatèrent entre les segments d’armure, s’enroulant autour de ses membres étirés par des veines qui s’allongeaient de façon obscène. Le Servo-Harnais du Révérend de Fer se mêlait à sa peau grossièrement bombée, ses membres devenant des choses monstrueuses et insectoïdes qui se terminaient par des bouches et des griffes en chitine. Des runes avertissant d’une menace s’illuminèrent dans les visières de l’Escouade Neim alors que l’horreur écumante qui avait été le Révérend de Fer Kristos se séparait des moteurs en chair et s’avançait à toute allure. L’abomination mécanique émit un hurlement, les membres alambiqués s’élançant pour se faufiler à travers la taille de Graevaar pour le découper en deux en projetant du sang et des étincelles. L’horreur s’est abattue sur l’Escouade Neim. Le corps torturé de Kristos convulsait alors qu’il massacrait ses anciens frères. Alors même que l’Escouade d’Assaut ouvrait tardivement le feu, l’histoire se répétait dans tout le dôme.

Kardan Stronos prend le commandement pour sauver ses frères de la corruption !

Partout, les Révérends de Fer Kristosiens furent séduits par la perfection corruptrice des machines de chair - plus ils tentaient de réprimer leurs pulsions par la logique, plus vite ils succombaient. L’effet s’étendait déjà aux membres du Clan Raukaan possédant le plus d’augmétiques. Des douzaines de Frères de Bataille se précipitèrent impuissants vers les machines infernales, dont beaucoup furent abattus par leurs frères horrifiés au fur et à mesure que leur faiblesse se révélait. Les autres enfoncèrent leurs augmétiques dans les flancs charnus des machines, s’insérant des tubes fétides dans leurs yeux et leurs bouches pendant qu’ils s’abandonnaient au chant des sirènes du code fragmenté. Alors même que les horreurs mécaniques gonflaient et se convulsaient, se retournant contre leurs frères révoltés, la réalité commençait à trembler et à s’effondrer.

La température grimpa en flèche puis plongea alors qu’un gémissement chargé d’électricité statique remplissait l’air. L’Épistolier Lydriik cria un avertissement alors que des failles démoniaques hurlantes déchiraient la réalité, des portails chatoyants de fumée nacrée qui grossissaient à chaque instant. De chacune coulaient des courants parfumés de vapeur ectoplasmique qui s’accrochaient et glissaient comme de la chair liquide. Au milieu de ces viles abominations jaillissaient des masses de Démons portant des soies ondoyantes et des bijoux scintillants sertis entre des griffes dentelées et des langues en cuir qui fouettaient l’air.

Les guerriers des Emperor’s Children les accompagnaient, leurs armures et leurs armes envoûtantes s’entrechoquaient avec les êtres hurlants et tourbillonnants qui les entouraient.

La folie avait envahi le dôme. Les Bolters et les Lances-Flammes rugirent, mais le Clan Raukaan fut presque engloutie par ses ennemis. Les abominations mécaniques se frayèrent un chemin à travers des volées de feu, brisant les Frères de Bataille à chacun de leurs coup alors que les Démons leur tombait dessus avec des cris de joie. Des coups de serres et des lames scintillantes tranchaient chair et acier au milieu des éclats de rire. À mesure que les Iron Hands s’accrochaient à ne pas céder à l’horreur et à leur rage refoulées, d’autres mutèrent soudainement, leurs émotions enfermées se propageant et se rompant sous l’influence du Roi Saphir.

Au milieu de nuages bouillonnants de parfum empoisonné, le Démon assortis de bijoux s’élançait depuis un portail béant pour profiter de la fin du Chapitre qu’il avait corrompu. Grand et agile, avec de grandes griffes et une chair soyeuse, le Roi Saphir se réjouissait de la mort qui l’entourait, criant des louanges à son dieu pour son inévitable victoire. Pourtant, alors que Kardan Stronos regardait un autre frère de l’Escouade Riis dégénérer sous ses yeux, la révélation le frappa comme un coup de foudre. Il était dégoûté par ces abominations, furieux de la faiblesse des frères qui s’étaient laissés corrompre. Ces sentiments de perte ne les détruirait pas, ne l’entraîneront pas dans la corruption, car c’était là que se trouvait le piège. La force n’était pas de se couper de ses sentiments, mais de les enchaîner à sa volonté de fer. Avec un rugissement d’effort, Stronos maîtrisa les émotions vacillantes qui menaçaient de le briser, tirant des coups de feu sur le Frère de Bataille en mutation devant lui alors qu’il expulsait son dégoût. En activant son vox, Stronos aboya des ordres aux forces qui l’entouraient.

« Libérez votre colère mes frères, laissez-la s’exprimer avant que l’ennemi ne vous détruise avec ! » Lentement au début, puis plus vite comme dans une onde de choc, les Frères de Bataille commencèrent à désengager leurs protocoles inhibiteurs et à lâcher de furieux cris de guerre. Les vannes émotionnelles s’ouvrirent et le Roi Saphir hurla de rage alors que les énergies refoulées qui avaient alimenté son charme étaient évacuées comme la vapeur d’eau d’une chaudière.

Libéré de l’envoûtement Warp débilitant, les guerriers survivants du Clan Raukaan donnèrent libre cours à leur répulsion, détruisant les Démons en les réduisant en flaques ectoplasmique ou en leurs arrachant les membres. Stronos commença une retraite coordonnée à partir du dôme, la Compagnie Clanique épuisée se repliant et se battant furieusement jusqu’au bout. Ils attirèrent les Enfants du Chaos et les Traîtres dans des champs de tir qui se chevauchaient et les déchiquetaient par centaines. Les Dreadnoughts effectuèrent des contre-attaques soudaines qui repoussèrent l’ennemi, leurs poings massifs réduisant les Démons en pâté pendant que leurs canons déchaînèrent leur rage. Ils se battaient pour leur liberté avec une férocité inhabituelle. Les Iron Hands s’élancèrent sur la place balayée par le vent devant le dôme, l’ennemi hurlant à leurs talons.

Au moment où le dernier Frère de Bataille passa la brèche, les chars du Clan Raukaan frappèrent. Percutant les flancs de la horde innombrable, leur feu tonitruant et leurs broyeurs avant exterminèrent les Démons en masse. Les horreurs de l’autre monde continuèrent leur assaut alors que le Roi Saphir marchait au milieu d’un cadre de Noise Marines. Le Démon dominait ses disciples comme une idole païenne vivante. Des Centurions de l’Escouade Haarkol prirent d’assaut la bête, leurs armes étincelantes, mais furent repoussés par les canons hurlants des Emperor’s Children, les oreilles et les yeux saignant jusqu’à ce que leurs casques soient couverts de sang. Le Roi Saphir réprimanda les Iron Hands d’une voix à la fois belle et râpeuse - ne leur avait-il pas accordé un merveilleux cadeau ? Ne leur avait-il pas donné la chance d’obtenir une force inédite, pour se débarrasser de la faiblesse mortelle pour toujours ? Pourtant, ils - ces hommes-machines ignorants qu’ils étaient - s’étaient montrés aussi ennuyeux que le fer rouillé, et ne méritaient pas ses bénédictions. Maintenant, ils allaient tous mourir.

Des Démonettes sur des chars tourbillonnants et des chariots à lames traversèrent la mêlée, coupant des têtes et des membres au passage. Les machines corrompus enfoncèrent des tentacules de câble nerveux dans les coques des chars et des Dreadnoughts. Les véhicules frissonnaient et se gonflaient d’une vile corruption alors que leurs équipages se noyaient dans de la boue charnelle. Les cris Warp du Roi Saphir et de ses sous-fifres brisèrent les armures, réduisirent les bioniques en charpies, et provoquaient la rupture des yeux et des organes dans des averses de sang. Les guerriers restants du Clan Raukaan luttèrent désespérément pour maintenir leurs lignes face à une attaque aussi désorientante. Il semblait qu’ils pouvaient encore perdre la bataille.

Puis, avec un rugissement passionné qui retentit sur le champ de bataille, l’Épistolier Lydriik chargea. Avec lui, son escouade de commandement le suivait, leurs membres bioniques activés et leurs Bolters flamboyants. L’Archiviste fit de grands arcs avec le Forgesprit, chacun de ses coups de marteau tuant un Traître et les fit exploser avec sa puissance psychique. D’abord un Noise Marine, puis un autre, furent envoyé dans les airs, leur armure écrasé dans une bouillie sanglante. Autour de lui, les guerriers de Lydriik se battirent avec une fureur qu’ils ne s’étaient jamais permis de manifester auparavant, leurs coups traversant les heaumes et les armures ennemis.

Avec un cri supersonique d’indignation, l’imposant Démon fonça, les griffes de couleur corail coupant le bras de l’Apothicaire Ruumas et frappant à travers la plaque frontale de Frère Lorrgus. Lydriik rétrécit les yeux alors que la bête se dressait au-dessus de lui, forgeant sa haine et sa colère en une seule étoile blanche derrière ses yeux. Tandis que le Roi Saphir tendait ses serres vers lui, l’Archiviste libérait ses pouvoirs vacillants, les envoyant aux bords du Forgesprit puis directement sur le visage effrayant du Démon. Du sang contaminé se répandit au milieu d’un nuage d’éclats d’os noir corrompus et de bijoux vacillants. Décapité par le coup de tonnerre, le corps du Roi Saphir recula, les griffes s’agitant, le sang noir s’éjectant violemment de son moignon au cou. Toujours debout, la forme du Démon convulsa, se ballonna de façon obscène, puis explosa dans un brouillard de crasse sombre et bruyante qui empestait comme du parfum pourri.

Leur seigneur détruit, les Démons de Slaanesh commencèrent à scintiller et à s’estomper, leur force les abandonnant à la seconde près jusqu’à s’évanouir comme de la fumée dans la brise. Se retrouvant en infériorité numérique, les derniers Emperor’s Children se battirent avec une joie folle, mais face à la colère du Clan Raukaan, ils furent rapidement massacrés. Les abominations mécaniques étaient mortes avec le Roi Saphir, leurs corps révoltés étalés dans la boue noire et la souillure parfumée. Alors que la poussière se déposait autour du dernier cadavre tombé, le Clan Raukaan se retrouva avec juste le vent hurlant, muet, les murmures horrifiés des Frères de Bataille survivants, et la clameur lointaine des machines de chair martelant toujours plus loin. Le Chapelain de Fer Shulgaar arpenta le champ de bataille qui avait failli damner à jamais son Chapitre et savait ce qu’il fallait faire.

« Retournons aux navires, ordonna-t-il, sa voix étant un grincement mécanique. De l’orbite, nous brûlerons tout. Nous n’avons plus rien à faire ici. »[2]

Nouvelle Résolution

Sur Gaudinia Prime, les Iron Hands avaient survécu à un piège mortel, mais ils avaient été durement touchés. La main-d’œuvre perdue pourrait se reconstituer avec le temps, les véhicules détruits réparés ou remplacés, mais les blessures psychologiques subies par le Chapitre pourraient s’avérer fatales.

Près d’un tiers du Conseil de Fer était tombé dans le piège du Démon et avait été perdu à cause de la corruption, ainsi que beaucoup de leurs Frères de Bataille. Si jamais cette révélation devait atteindre l’Inquisition, elle serait désastreuse. Les Iron Hands se sont trouvés contraints de remettre en question les principes mêmes sur lesquels ils fondaient leur existence. Les Kristosiens avaient appliqués les principes de la Trempe, avec une interprétation littérale mais que le Chapitre avait appliqué depuis des milliers d’années. Le fer sur la chair, la logique sur l’émotion, la purge impitoyable et implacable des faiblesses qui menaçaient de corrompre. Et si cette obsession de l’excision émotionnelle et de la perfection de la machine était une faiblesse en soi ?

Très réduit, ébranlé par les révélations auxquelles il avait été contraint de faire face, le Conseil de Fer menaçait de se désintégrer. Lors d’une session d’urgence du Conseil, la panique fit surface alors que des douzaines de théories, d’arguments et de propositions furent proposés et rejetés. Comment le Chapitre pouvait-il perdurer, demandèrent certains, si tout ce qu’ils faisaient, tout ce qu’ils défendaient, était entaché par la faiblesse même qu’ils avaient combattue pendant si longtemps ?

C’est à ce moment que Kardan Stronos s’imposa. Stronos se releva de son trône, se débrancha et s’adressa à ses frères avec sa voix naturelle. Le Chapitre avait reçu un cadeau, a-t-il annoncé. Bien que leurs ennemis aient essayé de les abaisser et de les corrompre, les Iron Hands avaient vu l’obscurité en eux, et l’avaient surmonté.

« Notre Chapitre a été poussé jusqu’au bord du précipice. Nous avons été forcés de regarder par-dessus son bord dans les profondeurs et l’obscurité qui nous attentait si jamais nous tombions. Pourtant, nous ne somme pas tombés ! Qu’est ce qui nous a sauvés de cette terrible chute, mes frères ? Qu’est-ce qui nous a assuré notre rédemption ? Pas la logique. Pas la purge désespérée et dogmatique de toutes les choses perçues comme faibles. Ce sont nos âmes qui nous ont sauvé et la force que nous avons en nous. Notre courage. Notre colère. Ce sont les qualités qui font de nous plus que de l’acier irréfléchi qui nous ont préservé de l’abîme. »

- Kardan Stronos, s’adressant à l’Œil de Medusa.

C’est à l’apogée de sa plaidoirie qu’il prononça ses paroles immortelles, une citation qui sera gravée sur des vitrofers à travers Medusa et au-delà à partir de ce jour.

« Par l’acier nous devenons plus fort, mais sans âme nous ne sommes plus rien. » Ce serait la première fois en dix mille ans que l’Œil de Médusa résonnerait au son des applaudissements. Malgré l’inquiétude des quelques Kristosiens restants et de la Voix de Mars, Kardan Stronos fut élu Maître de Chapitre le même jour et réélu à chaque occasion depuis.

Les paroles de Kardan Stronos n’avaient pas affecté un changement instantané chez les Iron Hands. Un seul discours ne pouvait inverser des milliers d’années d’endoctrinement, même si chaque Iron Hand avait été ouvert à son message. Pourtant, c’était le début de quelque chose - un changement d’attitude lent mais palpable qui allait prendre des siècles, en commençant par le Conseil de Fer et en filtrant vers l’extérieur au fil des années. Après l’élévation de l’Épistolier Lydriik et du Chapelain de Fer Shulgaar au rang de Révérends de Fer, le nombre d’Archivistes et de Chapelains de Fer qui reçurent cet honneur n’a cessé de croître. La logique guidait encore les calculs du Conseil de Fer, mais ils étaient toujours sur leurs gardes contre les dangers de l’hérésie, et des efforts étaient faits pour freiner les pulsions les plus inhumaines. Plus important encore, sur le champ de bataille, les Iron Hands tempérèrent la logique mécanique avec une pointe de la colère de leur Primarque. Ils ne rejetteraient jamais l’acier dans leur cœur, mais de nombreux Frères de Bataille l’avaient maintenant forgé de nouveau dans le feu de leur âme ravivée.[3]

Source

Pensée du Jour : « Être impitoyable est preuve de bonté pour le sage. »
  • Clan Raukaan - A Codex : Space Marines Supplement, V6
  1. Clan Raukaan - A Codex : Space Marines Supplement, Chapter The Gaudinian Heresy (traduit de l'anglais par Guilhem)
  2. Clan Raukaan - A Codex : Space Marines Supplement, Chapter The Gaudinian Heresy - Engines of the Damned (traduit de l'anglais par Guilhem)
  3. Clan Raukaan - A Codex : Space Marines Supplement, Chapter New Resolve (traduit de l'anglais par Guilhem)