Guerre du Nexus du Paria
«« La galaxie brûle et l’Humanité brûle avec elle. L’espèce humaine n’est plus qu’un cri incessant d’agonie et de terreur. Tout autour de moi, je ne vois que des bouches hurlantes et des yeux fixes qui s’écoulent en un océan furieux dont les vagues s’écrasent… S’écrasent… S’écrasent implacablement contre mon esprit. Le bruit est insupportable, vous comprenez ? Constant. Implacable. Révoltant. Aurais-je été une femme de foi moindre que j’aurais préféré mettre fin à mes jours plutôt que de subir une autre minute de ce vacarme. Aurais-je été moins déterminée à servir mon Empereur que j’aurais succombé à la folie. Je n’ai fait ni l’un ni l’autre. À la place, j’ai continué à servir, et pourtant, chaque jour, la cacophonie est plus forte, plus désespérée, plus terrible. Je ne dis pas ça pour susciter l’apitoiement ; la pitié n’a pas cours au domaine de l’Empereur. Je ne cherche pas plus à me plaindre de mon sort ; l’ingratitude est le germe de l’Hérésie. Non, je vous dis cela afin que vous compreniez réellement ces mots : le silence est pire que les cris. Il est tel un voile suffocant sur mon visage pendant qu’on m’inhumerait vivante. Il est telle l’eau qui monte d’un lac glacial, qui engourdit autant qu’elle tue. Il est une absence, un vide, des ténèbres plus grandes que le gouffre entre les étoiles. Ce silence est pire que la mort. Là où il étouffe les hurlements des damnés et des mourants, il ne laisse qu’un abîme qui semble béer à mes pieds comme une tombe affamée. Je ne crains pas les cris assourdissants d’une galaxie devenue folle. Non, je crains le silence sépulcral qui plane là où l’on n’entend plus ces cris. Je crains ce qui nous guette dans ce calme inerte et retentissant. Je crains qu’il s’agisse là de notre ruine. »
|
- « Vous serez là mon champion. Vous serez celui qui porte la lumière de la vigilance impériale dans les ténèbres et le silence du vide. Je vous confie l'avant-garde de ma grande Flotte Primus, convaincu que vous repousserez les ténèbres et éradiquerez le mal qu'elles recèlent, quel qu'il soit. Je vous confie cet espoir. »
- - Roboute Guilliman au Maître de Groupe Marron.
Des Astres Fantômes au Voile, la galaxie est engloutie par un phénomène surnaturel et une guerre féroce. La mutation psychique se répand sur la myriade de mondes de l’Humanité. La trame de l’espace réel s’élime sous les efforts de la démence débridée du Warp. Et pourtant, dans le Secteur Nephilim, le silence règne…
Lorsque la Grande Faille s’ouvrit, son avènement fut annoncé par l’anarchie et des soulèvements dans toute la galaxie. Les mondes de l’Imperium subirent d’effroyables vagues de corruption empyréenne, de mutations galopantes et de démence. Les voyages et les communications interplanétaires déjà périlleux devinrent plus hasardeux que jamais.
Toutefois, l’Humanité ne fut pas la seule espèce affectée. La Cicatrix Maledictum répandit sa lumière morbide sur la moindre race de la galaxie, les faisant toutes plonger dans les affres du désordre d’une manière différente. Les Waaagh! Orks se succédèrent à mesure que les mondes Peaux-Vertes étaient engloutis par les tempêtes Warp et que leurs Psykers étaient tourmentés par des visions de déités vociférantes et de conquêtes. Les Aeldaris cherchèrent à dompter les reflux empyréens et à combattre les engeances du Warp qui se jetaient sur leurs peuples déjà isolés par les catastrophes. Des empires Xenos s’élevèrent et disparurent. Partout, les adorateurs des Dieux Sombres luttèrent pour le pouvoir tandis que la réalité vacillait au bord de la dévastation.
La réponse de l’Humanité prit la forme de la Croisade Indomitus. Les astronefs et les guerriers qui formèrent ses groupes de combat s’aventurèrent dans les ténèbres pour renforcer leurs défenses éprouvées. Nonobstant, l’Imperium n’était pas seul à chercher à restaurer l’ordre. Au fin fond du Secteur Nephilim, la race Xenos des Nécrons tramait un plan aussi grandiose et qu’impitoyable.
La Quête de Kallides
Les flottes de la Croisade Indomitus étaient d’immenses concentrations de puissance militaire, chacune munie de son itinéraire et divisée en groupes de combat destinés à étendre son rayon d’action. Le Groupe de Combat Kallides était l’un des plus vastes.
La Flotte Primus de la Croisade Indomitus était l’une de celles qui se réunirent dans les mouillages spatiaux à la frontière du Système Sol, et il s’agissait indéniablement de la plus importante et de la plus puissante des flottes initiales de la croisade. Regroupant vingt-six groupes de combat - conduits par Roboute Guilliman et Belisarius Cawl - la Flotte Primus possédait la puissance d’ébranler les étoiles. Toutefois, il ne s’agissait pas d’une erreur de jugement logistique, pas plus que d’une manifestation de vanité de la part de Guilliman ; la mission globale de la Flotte Primus n’était rien de moins que le renfort et la stabilisation de l’Imperium Sanctus dans son entier.
La majeure partie des efforts initiaux de la Flotte Primus était tournée vers le Segmentum Solar, car le seuil même de Terra grouillait de menaces. Ce ne fut cependant pas le cas de tous les groupes de combat de la flotte. Certains reçurent pour tâche de s’enfoncer dans les ténèbres d’un Imperium Sanctus déchiré par la guerre. Chacun se vit assigner une quête indispensable au succès de la Croisade Indomitus, et à la volonté de Roboute Guilliman de sécuriser l’Imperium Sanctus. On envoya par exemple le Groupe de Combat Erastus écraser les sectes de guerre hérétiques du Sous-secteur Ispolin avant qu’elles eussent déclenché une déferlante Warp et libéré des légions de Démons sur les systèmes au nord galactique de Terra. Le Groupe de Combat Noctus se précipita vers Armageddon, chargé d’une mission connue seulement de la Maîtresse de Groupe LeVorne et de ses plus proches conseillers. Et il y eut les groupes de combat qui combinaient les valeurs de plusieurs petites forces - tel fut le cas du Groupe de Combat Kallides. Leur périple serait alors bien plus singulier.
Un grand nombre des groupes de combat de la Flotte Primus fit face aux menaces déchaînées par la Grande Faille. Pestes empyréennes, hordes de monstres mutants, invasions de l’Astartes Hérétiques et soulèvement de déments ou de possédés furent autant de dangers que les groupes de combat de la Flotte Primus affrontèrent au fur et à mesure qu’ils s’éloignaient du Système Sol.
Comme de juste, le Groupe de Combat Kallides fit face à des périls équivalents lorsqu’il parcourut les sous-secteurs de l’Imperium Sanctus. La mer des âmes était si tumultueuse qu’il ne pouvait progresser que par sauts Warp courts. Par conséquent, les armées et les astronefs ne purent éviter la myriade d’adversaires hérétiques, et le groupe de combat en fut copieusement saigné. Pour autant, écraser ses ennemis n’était pas la véritable mission du Groupe de Combat Kallides. Il était chargé d’enquêter sur une région frappée par un silence absolu dans le Sous-secteur Nephilim.
L'Effroyable Absence
Ce fut lorsque le Groupe de Combat Kallides combattait sur la sanglante route de la Zone du Silence qu’une improbable - et pour d’aucuns, controversée - championne rejoignit ses forces. Sur le monde de Severitas, Ephrael Stern, que certains surnommaient le Démonifuge, dirigeait une formation isolée de Sœurs de Bataille. Stern avait été guidée vers ses sœurs par des visions funestes d’une mort glaciale et silencieuse qu’elle cherchait à présent à empêcher, et contre laquelle son camarade Aeldari Kyganil rassemblait même de nouveaux alliés. Stern se joignit aux Sœurs de Bataille dans leur combat, déchaînant ses pouvoirs miraculeux sur les Word Bearers. Si une grande partie de l’Adepta Sororitas était réticente à suivre celle que l’Inquisition traitait de sorcière, cette démonstration de puissance sacrée les convainquit de la pureté de Stern. Sous la houlette du Démonifuge, les Sœurs de Bataille remportèrent une victoire écrasante. Stern accompagna ses sœurs lorsqu’elles quittèrent Severitas, reconnaissant la Croisade Indomitus pour l’entreprise sainte qu’elle était et cherchant à l’appuyer par tous les moyens. Pourtant, cependant que le Groupe de Combat Kallides se rapprochait de la zone silencieuse, l’inquiétude de Stern grandit. Kyganil n’était pas encore revenu, et les visions du Démonifuge se faisaient plus intenses chaque jour qui passait. |
Lorsque les ténèbres de la Noctis Aeterna refluèrent, les appels de détresse d’innombrables mondes impériaux retentirent dans le vide. Toutefois, des systèmes du Sous-secteur Nephilim, il ne provint rien qu’un silence assourdissant. Il devint rapidement manifeste que l’absence même de cris paniqués ou de lamentations morbides était aussi inhabituelle que de mauvais augure, et l’état-major de la croisade ne courut pas le risque de ne pas explorer la région. Au mieux s’agissait-il d’une zone de l’espace que l’obscurité de la Noctis Aeterna refusait de quitter, ou où toute trace de vie impériale avait été éradiquée - des phénomènes qui exigeaient une investigation approfondie. Au pire, une menace tout autre bouillonnait dans la Zone du Silence au sud galactique de Badab et Nocturne. Quelque chose qui exigeait des contre-mesures immédiates.
Cette tâche incomba au Groupe de Combat Kallides, une tâche pour laquelle il était parfaitement équipé. Il était dirigé par le Maître de Groupe Marran, un vieil amiral de la Marine Impériale aussi intraitable que rustre, et que ses Capitaines surnommaient affectueusement "le Grox". Le conseil de guerre de Marran était formé de héros de l’Imperium, dont des seigneurs des Ultramarines, des Black Templars et de la Deathwatch, des nobles des Maisons Terryn et Mortan, des Princeps de la Legio Castigatum et la Seigneuresse Inquisitrice de l’Ordo Xenos Kyria Draxus.
En arrivant enfin dans les systèmes périphériques du Sous-secteur Nephilim, les éclaireurs du groupe de combat firent état de vagues de panique et de désordre à une échelle troublante. La plèbe y était en proie à la révolte, cherchant non pas à renverser l’oppression impériale ou vénérer les Dieux Sombres, mais simplement à fuir ces planètes. Des devins inondaient les canaux vox d’avertissements parlant d’un voile étouffant qui changeait les étoiles en ténèbres. Dans certains systèmes, des guerres faisaient rage contre des Xenos qui combattaient frénétiquement non pas pour s’emparer des mondes de l’Empereur, mais pour quitter le Sous-secteur Nephilim.
Tout en détachant des forces opérationnelles pour restaurer la loi impériale dans les systèmes les plus affectés, le Groupe de Combat se rapprocha de la zone de silence surnaturel que ses Navigators et ses Astropathes pouvaient à présent sentir. Les présomptueux ne s’étaient pas complètement trompés en prenant cette région pour un havre, car les flots du Warp semblaient s’y être mués en mer d’huile. Toutefois, les relais et les stations spatiales muettes abordés par les vaisseaux du Groupe de Combat Kallides narraient une autre histoire. Redoublant de courage, la force s’enfonça dans cette région de silence, et le cauchemar commença.
Au-Delà du Voile
Aucun phénomène visible n’affectait la zone silencieuse, du moins dans l’espace réel. En effet, les Navigators du Groupe de Combat Kallides évoquaient avec effroi un voile psychique miroitant semblable à un mur de brume qui enflait. Nul ne savait ce qu’il dissimulait, mais tous sentaient un calme étrange au milieu du Warp bouillonnant.
Plusieurs de ses conseillers préconisèrent la prudence, mais le Maître de Groupe Marran n’en avait cure. Roboute Guilliman en personne l’avait chargé d’exfolier les ténèbres qui nimbaient cette région. Direct, comme toujours, Marran ne leva le pied ni pour les inquisitifs Technomagos - qui désiraient étudier le phénomène empyréen - ni pour ses Capitaines les plus superstitieux qui souhaitaient le prémunir des esprits du vide et du mauvais œil. Alors que des tempêtes Warp toujours plus féroces menaçaient de détruire les bâtiments du groupe de combat, Marran ordonna à ses Navigators de braver les courants empyréens stables qui traversaient le voile. Il ne pouvait qu’espérer que ce qui se dissimulait derrière fût un havre.
Pour les forces impériales qui perçaient son voile de silence, la région qu’on viendrait à appeler le Nexus Paria apparaissait autant ineffable que trompeuse. Pourtant, aux yeux de ses architectes Nécrons, la matrice nodale contra-immatérienne - comme ils l’appelaient - était une œuvre d’ingénierie cosmique à nul autre pareil. Au cœur du Nexus gisait le Système Xendu, où l’on avait érigé une immense cage de noctilithe pour assujettir son étoile géante. Une myriade de structures Nécrons flottaient dans le vide, reliées à cette cage cyclopéenne par des faisceaux d’énergie aveuglants. Des armadas de vaisseaux-nécropoles et d’aéronefs trans-atmosphériques patrouillaient autour et surveillaient l’étoile prisonnière. Des réseaux d’immenses Pylônes de sombreroche furent déployés en périphérie, selon des schémas fractals non-euclidiens dont la crypto-logique aurait conduit à la folie les plus grands esprits mortels. Chacun de ces Pylônes disséminés dans les systèmes nodaux et particuliers était une structure remarquable dont l’objet était de supporter et d’étendre un champ d’énergie anti-empyréenne. Tout ceci formait l’immense hyperstructure du Nexus Paria. Les mystères de son fonctionnement dépassaient l’entendement des plus fins des savants du techno-clergé de l’Adeptus Mechanicus, mais ses effets étaient indéniables. Quelques jours après avoir pénétré le Nexus, le Groupe de Combat Kallides découvrit l’effroyable phénomène du Suspens. Les choses ne deviendraient alors que plus sombre encore… |
Au-delà des brumes Warp, les vaisseaux impériaux voguèrent dans une région d’un calme sépulcral. Certains des Psykers du groupe de combat prétendirent que le Warp était devenu aussi lisse que la surface d’une flaque. D’autres assuraient percevoir encore les flots bouillonnants de l’Empyrée, mais piégés derrière les murs d’un dôme de cristal à la complexité fractale. D’autres encore murmuraient qu’ils naviguaient vers quelque mausolée immatériel effroyable sur lequel un voile de soie s’était abattu. Selon eux, le groupe de combat se couvrait d’une poussière qui ne pouvait annoncer que sa fin imminente.
Le Maître de Groupe Marran ordonna une avance sur un large front depuis le nord-ouest galactique de la zone silencieuse, et détacha des forces opérationnelles en direction des systèmes de Paradyce, Zeidos, Shen’Tai et Vertigus. À la pointe de chacune des forces, les soldats étaient en proie à un trouble profond. Navigators, Astropathes et Psykers de combat se plaignaient d’une sensation d’asphyxie et de désorientation, et de leur difficulté à canaliser des pouvoirs qui leur venaient jusqu’alors naturellement. Les Technomagos firent état des ratés des Moteurs Warp, qui requéraient toujours plus d’énergie; le Magos Enginarius Khasio, du navire amiral de Marran, le Hammerblow, compara la situation à celle d’un yacht des dunes martien encalminé. La panique se répandit dans les couloirs de l’Enduring Hatred, du Rapacious et de l’Emperor’s Mercy lorsque leurs Champs de Geller éclatèrent comme des bulles de savon. Pourtant, aucun Démon ne se jeta sur l’équipage de ces bâtiments démunis ; certains crièrent au miracle, mais les autres s’observaient, un malaise mêlé d’effroi dans le regard.
Luttant pour accomplir le moindre saut Warp et frappés par des défaillances singulières, les astronefs du Groupe de Combat Kallides progressèrent à pas comptés. Les officiers du vox, les maîtres des Auspex et les Astropathes toujours plus cacochymes scrutaient le vide en quête d’un signe de présence impériale. Les systèmes vers lesquels ils voyageaient auraient dû être lourdement colonisés et pourtant, outre le babil binharique des Esprits de la Machine automatisés, il n’y avait aucune trace de vie humaine. Les canaux vox et les conduits astropathiques étaient muets, le trafic spatial inexistant. Pire encore, d’étranges signaux énergétiques pulsaient de plusieurs mondes impériaux. Chacun était si puissant qu’on pouvait le détecter à des millions de kilomètres dans l’espace, mais leur nature - et ce qu’ils auguraient - était indéchiffrable.
La situation devint tout à la fois plus étrange et plus horrible lors des premiers atterrissages sur les mondes silencieux. Le malaise qui affligeait le groupe de combat affermissait son emprise, en particulier sur les nombreux régiments de l’Astra Militarum. Les soldats se sentaient épiés et anxieux, et sombraient en quelques jours dans la léthargie et le désespoir. Les exécutions des Commissaires atteignirent des proportions épidémiques devant les désertions, le renoncement ou simplement l’apathie et les syncopes. Les Psykers étaient encore plus terriblement frappés. Ils se plaignaient de suffocation, comme s’ils étaient entraînés par un torrent d’où ils ne parvenaient pas à reprendre pleinement leur souffle. D’autres devinrent fous ou se suicidèrent, et rapidement, l’effectif de Navigators et d’Astropathes du groupe de combat se réduisit dangereusement. Marran ordonna qu’on assigne aux Psykers survivants des gardes du corps afin de protéger les mutants tourmentés d’eux-mêmes comme des autres.
Le noctilithe, qu’on appelle couramment la sombreroche, est une substance incomprise. Certes, nous savons que les tristement célèbres Pylônes de la pauvre Cadia étaient de cette matière. Nous savons aussi qu’ils ont été soumis à des milliers d’années d’études ésotériques de la part d’une procession de Magos, de crypto-érudits d’agents inquisitoriaux. Et pourtant, malgré la prétention, les tournures rhétoriques et le vocabulaire alambiqué, même le plus exceptionnel des sages les mieux renseignés a obtenu plus de questions que de réponses. Certains affirment - à tort ou presque - que cette substance presque impénétrable est liée d’une manière ou d’une autre au Warp, voire qu’elle résonne avec ou contre les marées de la Mer des Âmes. Si c’est le cas, je ne dispose d’aucune preuve pour corroborer cette assertion. Nonobstant, nul ne peut nier que lorsque les Pylônes de Cadia sont tombés, la Grande Faille s’est ouverte. Je suis trop vieux et trop cynique pour croire aux coïncidences. À présent, nous voyons les Nécrons ériger des Pylônes de leur conception, façonnés dans la même substance. Que signifie tout cela ? Je l’ignore, mais je me prépare aux réponses possibles… !
- Xeno-savant Hesper Iax
|
L’Adeptus Astartes, les héritiers des Maisons de Chevaliers et les serviteurs de l’Omnimessie n’étaient pas épargnés par ce qu’on appela rapidement le Suspens; ils y résistaient certes mieux, mais ils n’étaient pas immunisés pour autant. Seul l’Adepta Sororitas du groupe de combat semblait ménagé.
La situation des mondes de la zone silencieuse participa à dégrader le moral - les agri-complexes, les spatioports, les generatorums, les raffineries, les mines, les remparts et même les villes, tout était vide. Les forces impériales trouvèrent de la nourriture encore sur les tables, froide ou moisie, comme abandonnée en plein repas. Les Serviteurs étaient inertes et silencieux, bien que leurs parties mécaniques fonctionnassent encore parfaitement. Les véhicules gisaient où ils s’étaient écrasés, comme si leurs pilotes en avaient perdu le contrôle et n’avaient rien fait pour éviter leur collision. Par endroits, des incendies hors de contrôle et des surcharges de générateurs à plasma avaient dévasté le paysage. Il y avait aussi des signes de combats, mais rares et diffus, et aux origines indiscernables. C’était comme si des milliards de serviteurs de l’Empereur s’étaient évanouis en abandonnant tout derrière eux.
La Seigneuresse Inquisitrice Draxus s’efforça de découvrir ce qu’il était arrivé aux mondes en suspens. Le malaise qui affligeait le groupe de combat s’était probablement aussi emparé de ces gens. Toutefois, elle ne pouvait dire comment ils avaient disparu et l’interrogatoire des esprits-données et des enregistrements vidéo ne révéla que des fichiers corrompus et des bases de données effacées. La Seigneuresse Inquisitrice Draxus, dont les inquiétudes remontaient à avant son ralliement au Groupe de Combat Kallides, nourrissait des soupçons sur l’origine de ces horreurs, mais il lui fallait encore des preuves.
Le Pylône de Mesmoch
- « Combien de ces Pylônes nos ennemis ont-ils érigés? Comment les faire tomber ? Empereur, guidez-moi, car je marche dans le noir et, bien que ma foi demeure intacte, je crains de ne pas voir le chemin qui me conduira vers la lumière… »
- - Maître de Groupe Marran, prières personnelles après l’Assaut sur Mesmoch.
Les forces impériales ne s’étaient pas rendu compte que leur progression était observée par des agents Xenos. Depuis des poches dimensionnelles et des machines de désocclusion à la puissance inconcevable, les yeux fluorescents des Nécrons voyaient tout. Froidement, ils veillaient sans intervenir. Leur maître - ou celui qui prétendait l’être- leur avait ordonné de ne pas frapper. À la place, ils transmettaient leurs observations par le biais de canaux quantiques enchevêtrés à l’Illuminor Szeras. Tel une araignée au cœur de sa toile, l’Illuminor guettait avec fascination les humains se débattre contre l’influence de ce que les Nécrons appelaient leur matrice nodale contra-immatérienne. Bientôt viendrait le temps d’attaquer, il le savait, mais pour l’heure, il se contenterait d’observer.
Le déclic de la guerre survint quand une Force de Frappe Vanguard des Ultramarines posa le pied sur Mesmoch dans le Système Zeidos. Envoyés enquêter sur l’anomalie énergétique qui pulsait des jungles colonisées de la planète, les fils d’Ultramar découvrirent un gigantesque Pylône de sombreroche. La structure faisait plusieurs kilomètres de circonférence, et son sommet était si haut qu’il perçait des nuages qui tourbillonnaient de manière surnaturelle pour effleurer la troposphère. Les Ultramarines n’eurent aucun mal à identifier l’origine Nécron des structures groupées à la base du pylône, et il leur fallut lutter contre les ondes assommantes d’énergie entropique qui irradiaient de l’édifice.
Ils parvinrent toutefois à agir, en rassemblant des renseignements stratégiques sur le Pylône et ses défenses tentaculaires. Retenus par les protocoles de contrainte de Szeras, les défenseurs n’étaient pas capables de poursuivre les Ultramarines dans leur retraite ; le temps que l’Illuminor comprît qu’on lui avait forcé la main, il était trop tard. Les humains avaient découvert la source de leur souffrance, et ils ne tarderaient pas à lui donner l’assaut.
Le Pylône de Mesmoch fut le premier d’une longue lignée à être découvert. Le Maître de Groupe Marran reçut des nouvelles d’autres Pylônes - chacun unique à sa façon, mais tous manifestement apparentés - sur d’autres mondes impériaux de la région. Parvinrent aussi des rapports faisant étant d’armées Nécrons en marche ; plusieurs forces opérationnelles avaient rencontré une résistance féroce de la part de phalanges Nécrons surgies de nulle part. Les pertes étaient alarmantes, mais Marran ne se laissa pas distraire ; il avait une cible et il était déterminé à prouver à ses partisans démoralisés que cet ennemi mystérieux pouvait être vaincu.
Nombre de vaisseaux impériaux furent endommagés ou détruits avant d’atteindre Mesmoch. Le monde auparavant figé crépitait à présent de lumières tandis que ses défenses orbitales faisaient feu dans le vide. Derrière leurs boucliers scintillants, les transporteurs impériaux débarquèrent des vagues d’infanterie à la surface de Mesmoch. L’Adeptus Astartes menait l’assaut avec les Ultramarines, les fanatiques Black Templars et plusieurs Équipes d’Extermination de la Deathwatch, qui établirent des têtes de pont au nord et à l’est du pylône. Six régiments complets d’infanterie et de blindés de l’Astra Militarum suivirent, ainsi que l’immense barge de débarquement du Titan Warlord Deus Redemptor.
L’assaut sur le Pylône de Mesmoch débuta piètrement. En raison des défaillances de Moteurs Warp et des équipages transis, seuls deux tiers des bâtiments requis atteignirent le point de mobilisation de Marran à temps. Là où le Système de Zeidos était auparavant inerte, des formations d’astronefs Nécrons luisants fendaient le vide pour s’opposer à l’attaque impériale.
Les phalanges des Nécrons se mirent en marche pour s’opposer à l’attaque, et constructs Canoptek et formations de Guerriers Nécrons émergèrent de la forêt pluviale. Les Bolts, les traits de laser et les obus croisèrent les faisceaux écorcheurs d’énergie à Fission et les déflagrations actiniques Tesla en incendiant la végétation. Pendant ce temps, le cuirassé de classe Apocalypse le Triumph se fraya brutalement un chemin dans le vide hostile pour bombarder le pylône. Les cieux virèrent au blanc lorsque les batteries de lances et le Canon Nova du Triumph firent feu, et les vivats impériaux éclatèrent lorsque l’édifice Xenos disparut sous un océan de feu et de fumée. Cependant, une fois la poussière retombée, le Pylône se dressait toujours intact au milieu de la jungle calcinée, les structures à sa base protégée par leurs boucliers quantiques.
L’attaque au sol sembla alors la seule manière de s’en prendre au Pylône, mais elle s’avéra tout aussi difficile à mettre en œuvre. L’Adeptus Astartes s’était frayé un chemin et n’était plus qu’à quelques centaines de mètres du pylône. Toutefois, la Garde Impériale succombait à son influence débilitante - de plus en plus de soldats perdaient courage ou sombraient dans la catatonie. Constatant la faiblesse de leurs ennemis, les Nécrons lâchèrent les puissantes machines de guerre tapies dans les structures pyramidales autour du Pylône. Des Monolithes flottants pulvérisèrent les Leman Russ et éradiquèrent des Escouades Inceptors dans des décharges d’énergie. Des Arches du Jugement Dernier crachaient des faisceaux incandescents qui réduisirent les Intercessors et les Marines d’Assaut en cendres fumantes. Pilonnés par les tirs, les Boucliers Voids du Deus Redemptor s’effondrèrent, et le Titan vacilla sous les impacts percutants.
Seule la rigidité martiale et la discipline infaillible des Space Marines empêchèrent que la défaite se changeât en débâcle. Petit à petit, les escouades procédèrent à une retraite en bon ordre, fournissant une couverture d’arrière-garde tandis que les forces impériales démoralisées reculaient vers des zones d’extraction. Les noms des Équipes d’Extermination Amaeus et Thannyr entrèrent dans les annales lorsque leurs Frères de Bataille se sacrifièrent jusqu’au dernier pour contenir les Nécrons. Une féroce contre-attaque du Sénéchal Ghehart des Black Templars repoussa les forces Xenos qui cherchaient à achever Deus Redemptor, et les deux camps subirent des blessures cuisantes. Le temps que les navettes impériales décollassent pour échapper aux Faucheurs et aux Mécanoptères, les fantassins qu’elles transportaient avaient subi des pertes graves. Nul ne pouvait se voiler la face. L’assaut sur Mesmoch avait été une défaite humiliante que le Groupe de Combat Kallides ne pouvait se permettre de reproduire.
La Bataille des Portes
Naguère énigme silencieuse, cette région inerte de l’espace s’était muée en zone de guerre infestée de périls. Alors que de plus en plus de Nécrons apparaissaient pour se dresser contre les envahisseurs impériaux, la situation devint désespérée.
À la suite du désastre sur Mesmoch, le Groupe de Combat Kallides marqua le pas. Minées par l’influence de l’étrange nouvelle arme des Nécrons, et tenues en échec par les armées d’androïdes Xenos, les forces impériales menaçaient de s’effondrer totalement.
Ignorant son propre désarroi, le Maître de Groupe Marran mobilisa ses divisions de réserve et tenta de rappeler à lui les éléments les plus éloignés de sa force. Les tentatives astropathiques d’atteindre les systèmes au-delà du voile furent vaines ; un Psyker épuisé et rendu à moitié fou par l’expérience la décrivit comme tenter de hurler dans un cauchemar sans pouvoir proférer le moindre son. Pour compenser, on dépêcha des vaisseaux rapides le long de la trajectoire du groupe de combat, sans toutefois être sûr que leurs Moteurs Warp fonctionneraient ou que leurs Navigators parviennent à les guider dans cette zone de calme plat.
Sur Vie Almus Majora, Kalliphor et Paradyce IV, les armées impériales subirent de nouveaux revers face à des Nécrons toujours plus nombreux. Les stratèges impériaux identifièrent les livrées ternies de nombreuses dynasties, importantes ou non, et ne purent que constater qu’ils n’avaient jamais vu d’alliance regroupant autant de factions de cette race antique. Les défaites s’enchaînèrent, mais le Groupe de Combat Kallides put confirmer la présence de Pylônes de sombreroche sur assez de planètes pour en déduire que les Nécrons les utilisaient pour engendrer le mal qui frappait cette région de la galaxie. Ce fut à cette époque que le terme de Nexus du Paria se répandit pour désigner la région, car les phénomènes qui affligeaient les humains rappelaient ceux que causait la présence des mutants sans âme appelés "parias". Ce sobriquet ne fit rien pour améliorer le moral des troupes, car ces êtres étaient craints par toute l’Humanité, et les évoquer en ces temps désespérés ne fit qu’accroître l’effroi qui avait saisi les troupes.
Dans cette atmosphère de terreur superstitieuse, Ephrael Stern se présenta en personne devant le Maître de Groupe Marran. La Démonifuge demanda qu’on lui donnât l’occasion d’organiser une contre-attaque pour galvaniser les troupes. Elle avait choisi sa cible avec soin : non pas un des mondes pylônes fortifiés et bien défendus, mais un centre de transit Nécron où des éclaireurs Vanguards avaient découvert trois Portes Dolmens réunies sur un seul site. Elles étaient bien défendues, mais en cas de victoire, le flot de guerriers androïdes se déversant dans les systèmes Shen’Tai et Zeidos se tariraient d’un coup.
Marran comprenait l’intérêt du plan de Stern. En outre, il avait lu des rapports notant une certaine résistance de l’Adepta Sororitas aux effets du Nexus du Paria, là où même l’Adeptus Astartes avait reculé. Après avoir remercié silencieusement l’Empereur de ce miracle, Marran décida de faire confiance à Stern et autorisa la plus grande offensive impériale depuis Mesmoch. C’était une véritable gageure, car une défaite d’une telle ampleur signerait la fin du Groupe de Combat Kallides.
Selon les archives impériales, la cible était le monde de Cherist, situé dans le système de Lomorr, plus loin au sud galactique que toutes les opérations précédentes du Groupe de Combat. Lorsque la Force de frappe VII confiée à Stern eut atteint tant bien que mal sa destination, elle se trouvait loin de tout renfort éventuel. Il lui faudrait vaincre à tout prix.
Cherist était une planète glaciale, car son orbite la maintenait loin de son étoile. Bien que les Nécrons n’en fussent guère affectés, la faible luminosité, le froid mortel, le blizzard charriant des cristaux de glace acérés et les imprévisibles geysers d’azote liquide en faisaient un théâtre d’opérations fort périlleux pour les assaillants impériaux. Mais ils ne reculèrent pas pour autant ; sous l’égide de Missions de l’Ordre de Notre Dame des Martyrs et de l’Ordre de la Rose de Sang, les armées de ce détachement spécial débarquèrent sur le monde arctique.
Stern mena la force d’invasion contre le complexe abritant les portes dolmens au pôle Sud de Cherist. Deux cathedrums d’assaut transpercèrent les tempêtes de neige pour se poser, accompagnées par les donjons d’atterrissage des Chevaliers de la Maison Mortan, puis l’offensive débuta.
Le complexe Nécron était une véritable ville dont les structures jaillissaient du permafrost au pied d’une gigantesque montagne. Des édifices garnissaient le sommet des piémonts, chacun généreusement pourvu en batteries défensives. Les portes se trouvaient au cœur d’un réseau dense de structures xénotechnologiques sises au pied de la montagne, à l’abri derrière un puissant bouclier quantique.
La seule voie d’accès viable était une large vallée découverte garnie de loin en loin de bâtiments impériaux en ruine. Les forces de l’Adepta Sororitas et de l’Astra Militarum n’avaient d’autre choix que d’emprunter cette route, mais il n’était pas question de se jeter dans la gueule du loup pour autant.
L’attaque impériale commença par un barrage féroce lorsque les cathedrums d’assaut firent pleuvoir un déluge de feu sur le complexe ennemi. Plutôt que de viser des fortifications qu’ils savaient protégées par des boucliers d’énergie, les Impériaux pilonnèrent la montagne elle-même. Des tonnes d’explosif ouvrirent des brèches béantes dans les flancs de la montagne et déclenchèrent de véritables avalanches de roche et de glace. Le bombardement réduisit en ruine les bâtiments non protégés, et même les fortifications à l’abri des boucliers furent à moitié ensevelies par les glissements de terrain.
En riposte à cette spectaculaire première salve, les Pylônes d’Armes Nécrons crachèrent des centaines de faisceaux l’énergie qui vinrent s’abattre sur les flancs des vaisseaux adverses. Un des donjons d’atterrissage de Mortan s’embrasa et alla s’écraser tel un météore dans le lit enneigé de la vallée. Dans le même temps, des milliers de guerriers et de machines de guerre Nécrons étincelants se déversèrent des nécropoles tels des insectes surgissant d’une fourmilière piétinée.
Les vaisseaux impériaux atterrirent néanmoins. Un cathedrum d’assaut effectua une passe à basse altitude au-dessus du piémont, laissant dans son sillage des traînées ardentes. Une vingtaine d’escouades de Séraphines et de Zéphyrines furent ainsi larguées depuis les airs et entamèrent leur progression périlleuse en direction des défenses à moitié ensevelies des Nécrons. Les appareils de débarquement des Chevaliers atterrirent parmi les collines ceignant la montagne, leurs passagers s’élançant tels les géants des légendes à l’assaut des batteries d’artillerie Nécrons.
De son côté, Stern débarqua d’un des appareils qui avaient fondu des cieux par centaines et prit le commandement de l’offensive le long de la gorge de la vallée. Elle marchait à la tête d’une force de plus de deux mille Sœurs de l’Ordre de Notre-Dame de la Rose Sanglante. Elles bravaient la neige et le givre, avec leurs braseros brandis fièrement et en chantant des hymnes de guerre à tue-tête, tandis que des milliers de fantassins et de chars de combat de l’Astra Militarum leur emboîtaient le pas. Les Gardes Impériaux redoutaient l’influence néfaste du Suspens, mais en dépit du froid polaire, chaque soldat sentait la foi des Sœurs de Bataille les réchauffer. Tous savaient qu’avec les saintes guerrières de l’Empereur à leurs côtés, ils pouvaient l’emporter.
Le commandant de la garnison Nécron de Nihilakh en était moins convaincu. Face à cette invasion, le Phaëron Shemvokh, connu pour son mépris absolu des races inférieures, loin de paniquer, s’était montré indigné de cette intrusion. Comment ces vermines organiques osaient-elles souffler son territoire de leur présence ? Comment osaient-ils s’en prendre à des êtres supérieurs ? Telles étaient les questions qui occupaient les synapses artificielles de Shemvokh tandis qu’il se hissait à bord de sa barge de commandement pour contrer cette offensive à la tête de ses troupes.
Les Guerriers Nécrons se déversèrent par milliers dans la vallée, leurs armes crachant la mort sans discontinuer. Les Mécanoptères traversaient les tornades de neige, mitraillant les lignes des Sœurs et réduisant Basilisks et Wyverns à l’état d’épaves fumantes. Ces engins étaient suivis de véhicules plus lourds, qui projetèrent à leur tour des faisceaux d’énergie cosmique sur les Impériaux. Des nuages de cendre et de vapeur se joignirent aux tourbillons de cristaux de givre alors que des escouades entières de Sœurs et de Gardes Impériaux succombaient à chaque décharge. Au cœur de la mêlée, le Phaëron Shemvokh, à la tête de ses Factionnaires, était bien décidé à se frayer un chemin sanglant à travers les formations humaines pour briser leur ligne de bataille.
Stern étudiait le déroulement des événements, depuis les Chevaliers engagés dans un duel contre les Pylônes de défense jusqu’aux combattants impériaux affrontant les horreurs mécaniques des Nécrons, et elle pria l’Empereur d’intervenir au plus vite. Selon ses visions, Kyganil et les Ynnari n’allaient pas tarder à intervenir pour l’aider en cet instant crucial. Elle avait en effet choisi d’attaquer cette position car elle savait qu’elle se trouvait à un point d’intersection entre la Toile et l’espace réel. Elle crut que sa vision se concrétisait lorsqu’elle perçut la lueur caractéristique d’un portail qui s’ouvrait mais, à sa plus grande horreur, elle se rendit compte qu’il s’agissait de renforts Nécrons et non d’infiltrateurs Aeldaris.
Un instant, Ephrael Stern affrontait les Nécrons en compagnie de ses sœurs, au cœur d’un tourbillon de neige et de fumée. Puis l’instant d’après, son camarade Aeldari était avec elle.
« Kyganil ! Comment êtes-vous venu ici ? » demanda-t-elle ; puis, un funeste sentiment lui étreignit la poitrine. « Où sont les Ynnari ? » « J’ai parcouru un long et sanglant chemin depuis la dernière fois, et c’est par de bien sombres détours que je suis parvenu aux portes de ce monde, » répondit Kyganil. Tout en parlant, l’Aeldari marqué par ses épreuves faisait tournoyer ses lames parmi les Nécrons, dont les corps androïdes s’écroulaient dans des gerbes d’étincelles avant de se dématérialiser. L’exilé hocha la tête pour exprimer sa satisfaction. « Ils ne viendront pas nous aider, n’est-ce pas ? » demanda Stern, tout en esquivant un faisceau d’énergie vert avant de décharger son pistolet sur un Nécron grimaçant. « Je suis parti à la recherche des miens, comme l’avait demandé la prophétesse, » expliqua Kyganil. « J’ai conduit le maudit au lieu de rencontre afin d’aider au bannissement de la chasseresse. Mais cette victoire était une défaite, car les graines de la discorde avaient été semées. La route de Khaine est tortueuse pour ceux qui servent la mort et la guerre, et elle cherche à les noyer dans le sang qu’ils versent. Même s’ils avaient souhaité apporter leur aide, ils n’auraient pas pu, et la dernière fois que je vis la prophétesse, elle me confia qu’elle ne pouvait plus suivre la route écarlate. Du moins pour le moment. » Stern secoua la tête, ne se retenant de maudire tous les Xenos que pour éviter de froisser Kyganil. Elle étudia brièvement la bataille. Les combattants humains se battaient vaillamment tout en adressant de ferventes prières à l’Empereur, alors même que le feu de l’ennemi les écorchait vif. « Nous n’avons pas besoin d’eux, » déclara-t-elle d’une voix aussi glaciale que l’hiver éternel de cette planète. « Notre foi peut ébranler même les étoiles ! » |
Délivrance
Alors que la bataille semblait perdue pour les Impériaux, une effroyable explosion fit éclater la Porte Dolmen centrale. Des acclamations s’élevèrent des lignes impériales, et gagnèrent en intensité quand des Séraphines et des Zephyrims émergèrent des ruines de la porte, nimbées de halos d’énergie. Devant une telle bravoure, Stern sut qu’elle se devait d’en faire autant. Nul besoin d’extraterrestres pour l’emporter : les serviteurs de l’Empereur avaient la foi et la fureur avec eux, et ces armes leur apporteraient la victoire !
Ephrael Stern déchaîna alors son pouvoir. Nimbée de feu et de foudre, portée par les ailes de l’Aquila, la Démonifuge s’éleva dans les airs, cheveux et cape flottant autour d’elle, les yeux luisant d’un éclat aveuglant. Dans le sillage de sa lumière sacrée, ceux qui avaient succombé au Suspens se relevèrent, tandis que ceux qui avaient faibli luttaient avec une vigueur renouvelée, braquant leurs armes sur l’ennemi en poussant de féroces cris de guerre. Shemvokh observait la scène, perplexe, car il était persuadé que le champ atténuateur des Crypteks aurait dû bloquer ce genre de manifestation psychique. Il ne pouvait pas savoir qu’il s’agissait de l’expression d’une foi pure, et non une énergie vomie par le Warp, qui avait rendu ce miracle possible. Les combattants impériaux, par contre, avaient compris : leurs prières gagnèrent encore en intensité comme l’énergie de Stern ouvrait des brèches dans les lignes des Nécrons, et détruisait une deuxième Porte Dolmen.
Le Phaëron ordonna à ses légions de contre-attaquer, mais à sa grande surprise, ce furent les forces impériales qui s’élancèrent pour submerger ses premières lignes. Le sol trembla lorsque les Chevaliers quittèrent leur position surélevée pour frapper les Nécrons des deux côtés, tandis que Stern et Kyganil attaquèrent Shemvokh. Le combat fut féroce. Des éclairs lumineux jaillissaient du bâton du Phaëron pendant que ses Factionnaires mettaient à profit leur science du combat perfectionnée au fil de millions d’années de pratique pour neutraliser la fureur de Stern et la haine de Kyganil, en vain. Les Factionnaires mordirent la poussière les uns après les autres, jusqu’à ce qu’enfin la barge de Shemvokh soit abattue par des éclairs de lumière divine, et que son corps richement ornementé soit réduit à l’état de débris fumants.
Les combats firent encore rage pendant une heure après la chute du Phaëron, mais avec la foi renouvelée des Impériaux et l’effondrement de la hiérarchie Nécron, l’issue ne faisait aucun doute. Lorsque l’ultime Porte Dolmen et les édifices environnants furent finalement détruits par les salves des Chevaliers, une chose était certaine - la foi était une arme que l’Imperium pourrait utiliser pour contrer l’infâme arme appareil entropique des Nécrons. Tout n’était pas perdu pour le Groupe de Combat Kallides.
Dans la Tombe
À la suite de la victoire impériale sur Cherist, la Guerre du Nexus du Paria entra dans une nouvelle phase. L’état-major du Groupe de Combat reconnut le rôle crucial que jouerait désormais la foi dans leurs plans. Le zèle de l’Adepta Sororitas, des Black Templars et des innombrables prêcheurs impériaux vint soutenir l’effort de guerre.
L’Illuminor Szeras était fort intrigué par la résistance des humains face à la matrice nodale anti-immatérielle. Il interrogea et disséqua des spécimens prélevés sur des dizaines de champs de bataille afin de découvrir le pouvoir psychique des humains. Il pensait que les miracles relatés étaient les divagations d’êtres primitifs. Les Nécrons avaient vaincu leurs dieux ; il était inconcevable que les divinités des races inférieures pussent être plus résistantes que les C'tan.
Pendant ce temps, la guerre se poursuivait : la contre-offensive de Vie Almus Majora, la Marche Funèbre de Paradyce II, la Bataille de Vorlian Wash ; chaque conflit voyait une résurgence des forces impériales. Les effets du Nexus du Paria étaient atténués - mais pas neutralisés - par le pouvoir de la foi. En outre, grâce à la contribution des congrégations de prêcheurs qui arpentaient les ponts et galvanisaient les équipages, plusieurs vaisseaux messagers avaient échappé au Nexus du Paria et revenaient avec des détachements spéciaux de pacificateurs.
Mais pour le moment, les forces impériales n’avaient pas encore pu endommager le moindre Pylône, et n’en comprenaient pas plus le fonctionnement. Comme le groupe de combat devait mobiliser toutes ses ressources pour tenir les légions Nécrons à distance, c’est à la Seigneuresse Inquisitrice Kyria Draxus qu’il échut de mener à bien cet aspect ésotérique de la guerre.
L'Expédition de Tredica
Après avoir examiné des centaines de rapports stratégiques, prophétiques et xénoarchéalogiques, Dame Draxus choisit comme cible le système Tredica. Situé au cœur du Nexus, il avait été exploré par le Détachement Spécial VII, dont les seuls survivants étaient une escouade de Tempestus Scions rendus fous par leurs épreuves. Néanmoins, ils avaient pu ramener un grand nombre d’enregistrements audiovisuels qui indiquaient que trois mondes avaient été délogés de leur orbite et placés autour d'un immense artéfact d’un noir d’encre. D’après les relevés, chaque monde accueillait au moins un Pylône, et les récits de survivants fournirent des détails sur l’intérieur des tombeaux Xenos. Quelle que fût la nature de l’artéfact spatial, c’était l’édifice Xenos le plus important rencontré jusque-là, et Draxus entendait en découvrir les secrets.
L’Inquisitrice mit sur pied sa propre expédition, le Détachement Spécial XIV. Celui-ci regroupait des unités de la Deathwatch, des Black Templars, des Sœurs de Bataille, des Tempestus Scions et un conclave de Technomagos du Monde-Forge Stygies VIII. Leur objectif n’était pas de détruire les Pylônes de Tredica, mais de récolter des informations afin que le Groupe de Combat Kallides puisse tous les détruire.
Cependant, les rescapés de Tredica avaient un secret. L’Illuminor Szeras leur avait implanté des scarabées d’entrave mentale avant de les libérer. Il estimait que les champions envoyés par les humains sur Tredica feraient d’excellents sujets pour ses expériences. Il espérait mettre un terme définitif à l’infestation des humains. Le maître de l’Illuminor attendait d’avoir la confirmation du succès de la matrice nodale, c’est pourquoi il fallait écraser au plus vite toute résistance des vermines humaines. Néanmoins, Szeras avait commis une erreur, car Kyria Draxus avait déjà rencontré des scarabées d’entrave mentale auparavant et avait deviné le piège. C’est pourquoi elle avait sélectionné pour son détachement spécial un élément incompréhensible pour les Nécrons - Ephrael Stern.
<<Début de l’Extrait Vox>>
Par l’Empereur, regardez ces structures. Chaque fois que je les observe, chaque fois que je rencontre un de ces édifices de noctilithe, j’en ai le souffle coupé. Si ces choses n’étaient pas des œuvres hérétiques proscrites dans le domaine de l’Empereur, j’en serais même impressionné <<Fin de l’Extrait Vox>> |
Le Détachement Spécial XIV atteignit Tredica après avoir perdu un vaisseau à cause des courants inertes du Warp et affronté des astronefs Nécrons en maraude. Sitôt arrivé, le détachement passa à l’action : le Sénéchal Kurtz des Black Templars lança un raid de diversion contre Tredica Decitor, tandis qu’une force combinée de Sœurs de Bataille et de Tempestus Scions s’en prenait aux plateformes xénotechnologiques en orbite autour de Tredica Fortis. Sitôt que les Auspex confirmèrent la mobilisation des forces de défense Nécrons contre ces deux feintes, Draxus lança son offensive majeure sur Tredica Ardaxis. C’était la plus grande des trois planètes en orbite du sinistre obélisque spatial et celle qui émettait le plus d’énergie. Qui plus est, c’est de là que s’étaient "évadés" les Tempestus Scions asservis par les scarabées.
J’ai découvert aujourd’hui parmi les effectifs pléthoriques du Groupe de Combat Kallides des alliés qui me seront très utiles. Je savais que des Technomagos du Monde-Forge de Stygies VIII faisaient partie de cette force, mais je ne savais pas qu’il s’agissait en réalité d’une cabale entière de Xénarites. Je pense qu’il vaut mieux éviter de raconter ici comment j’ai découvert la véritable allégeance de ces Technomagos ; disons simplement qu’ils me seront très utiles maintenant que je connais leurs croyances et que j’ai pu apprécier l’étendue de leurs connaissances xénotechnologiques. Ils m’aideront pour deux raisons : d’abord parce que même les prêtres du Dieu-Machine savent qu’il vaut mieux ne pas s’attirer les foudres de l’Inquisition, et ensuite parce que si leur attrait pour l’étude des technologies extraterrestres venait à se savoir, ils seraient persécutés - voire exécutés - par les éléments les plus conservateurs du groupe de combat. Ceci dit, je préfère avoir des alliés agissant de leur plein gré, et les secrets de Tredica Ardaxis sont trop alléchants pour qu’ils me refusent leur aide.
+++KD//Journal rubrique 5646// FIN+++ |
Tredica Ardaxis était un Monde-Ruche prospère avant que l’ingénierie galactique des Nécrons inflige d’effroyables tensions à la planète. Désormais soumise à un verrouillage par effet de marée, son atmosphère détruite était en outre surchargée de cendres et de gaz toxiques projetés par de violentes éruptions volcaniques, et ses Ruches jadis grouillantes de vie étaient désormais d’immenses mausolées.
Trois Pylônes d’une taille colossale s’élevaient de la surface de la planète : l’un était situé sur sa face obscure glaciale ; un autre sur sa zone illuminée brûlante ; et le plus grand sur la bande perpétuellement brumeuse du terminateur. C’est vers ce Pylône que le croiseur de Draxus, Paladin’s Shadow, se dirigea. Tredica Ardaxis était également défendue par des plateformes orbitales Nécrons, mais les Impériaux les dépassèrent sans se faire repérer, peut-être grâce aux boucliers du croiseur, basés sur les Holo-Champs Aeldaris, mais plus vraisemblablement parce que l’ennemi autorisait leur présence. Quoi qu’il en fût, elle escomptait exploiter ce relâchement tout en se préparant à toute éventualité.
Le Paladin’s Shadow se plaça en orbite géostationnaire à quelques kilomètres à peine du faîte du Pylône, qui était si vaste qu’il émergeait de l’atmosphère. À cette distance, les effets en étaient particulièrement violents, si bien que les prêcheurs parcouraient les ponts du vaisseau en groupe, chantant à tue-tête et aspergeant l’équipage d’eau bénite pour le préserver de la menace du Suspens.
Des escorteurs aux lignes élégantes décollèrent des ponts d’envol du croiseur, aussi indécelables que leur vaisseau-mère. Ils foncèrent en direction des mausolées qui luisaient dans la pénombre au pied du pylône. Les édifices étaient bâtis sur les ruines d’une Cité-Ruche, et les passagers des escorteurs enragèrent de voir ce que les Nécrons avaient fait à cette planète. Il n’y avait aucun signe de l’adversaire lorsqu’atterrirent les troupes de Draxus, un groupe de la Deathwatch, de Sœurs de Bataille et de Technomagos dans des transports blindés.
Mais sitôt que les escorteurs décollèrent, le piège se referma. Des portails scintillants s’ouvrirent pour laisser le passage à des escadrilles de Faucheurs et de Moissonneurs. Les premiers attaquèrent les appareils impériaux qui se repliaient et en abattirent plusieurs. De leur côté, les Faucheurs tirèrent des faisceaux d’invasion dans les ruines entourant les forces de Draxus. Au milieu des décombres et des cadavres desséchés se dressait désormais une force d’élite d’Immortels Nécrons et de Factionnaires.
"Misérables vermines, vous entrez dans le domaine d’êtres que vous ne sauriez comprendre. Votre présence souille un lieu stérilisé, à l’abri de toute contamination organique, elle ne saurait être tolérée.
Sachez que vous n’êtes pas les seuls à blâmer, car c’est moi qui ai préparé ce piège simpliste, et vous vous y êtes précipités comme les lamentables anthropoïdes à base de carbone que vous êtes. Il ne pouvait en être autrement. La peur, la confusion et l’agressivité que vous éprouvez sont les réponses naturelles de vos cortex sous-développés face à des stimuli soudains et écrasants. Cependant, vous devez à tout prix maîtriser vos instincts et poser vos armes sans résister. Je préférerais préserver votre intégrité physique pour un interrogatoire de qualité, mais sachez que je n’ai besoin que de vos cerveaux." - Demande de reddition adressée par l’Illuminor Szeras à la force de frappe de l’Inquisitrice Draxus.
|
Kyria Draxus reconnut la silhouette dégingandée de l’Illuminor Szeras, et comprit qui était à l’origine de tous ces malheurs.
Rejetant toute reddition, Draxus mit à profit les connaissances glanées grâce aux enregistrements des Tempestus Scions. Elle avait en effet découvert que ce site comptait de nombreux portails de téléportation et, grâce à l’aide d’un convent secret de Technomagos Xénarites, elle avait pu en comprendre le fonctionnement. Aussi, au lieu d’être déstabilisés par cet encerclement, comme l’avait imaginé Szeras, les véhicules impériaux foncèrent à travers les Nécrons en direction du portail de téléportation le plus proche. Leurs tourelles firent feu pour pousser les forces de Szeras à se replier.
Les Nécrons réagirent sans tarder, et endommagèrent plusieurs véhicules, mais la force impériale pressa le pas et atteignit le portail qu’elle recherchait. Les Technomagos s’empressèrent de débarquer pour en soumettre l’Esprit de la Machine extraterrestre pendant que la Deathwatch et les Sœurs de Bataille les couvraient. Szeras exigea des renforts d’une voix sifflante, mais avant que ses troupes puissent submerger les assaillants, les Technomagos atteignirent leur objectif ; il y eut un éclair d’énergie, puis les humains disparurent. Szeras sombra dans la rage absolue lorsque des charges explosives posées par la Deathwatch détruisirent le portail, empêchant toute poursuite.
Draxus, Stern et leurs forces se retrouvèrent an cœur du dédale d’édifices autour de la base du pylône. Désorientés par la géométrie des lieux, l’éclairage inhabituel, les machines inconnues et les corridors tortueux, ils suivirent les indications de leurs Auspex ; Draxus cherchait des objets que les Xénarites appelaient des cristaux mnémétiques, dépositaires des connaissances des Nécrons, qu’elle avait aperçus sur les vidéos des casques des Scions et dont les Xénarites pensaient pouvoir extraire les informations.
La force impériale dut se battre à chaque pas. Des machines Canoptek surgissaient des ténèbres avant d’être chassés par les tirs de boiter. Des Guerriers Nécrons arrivaient par des portails lumineux pour engager les troupes de Draxus. Tandis que les pertes s’accumulaient, Ephrael Stern les mena à destination. Laissant à l’Empereur le soin de guider ses pas, la Démonifuge les conduisit à une vaste salle où d’immenses machines Nécrons évoquant une stalactite et une stalagmite géantes vrombissaient et clignotaient dans la pénombre. Entre les deux engins se trouvait un gigantesque humanoïde dont le corps semblait constitué de flammes vivantes, et qui se tordait de douleur en hurlant au milieu d’un réseau crépitant d’énergie vert émeraude.
Ils n’avaient pas le temps de deviner pourquoi cette Écharde C'tan était ainsi entravé : à peine arrivés, les Impériaux firent face à de nouvelles vagues d’ennemis. Les Xénarites repérèrent les cristaux que Draxus cherchait, fixés à un réseau de machines flottant non loin du C’tan prisonnier. Après avoir ordonné à la Deathwatch et aux Sœurs de Bataille de les couvrir, l’Inquisitrice et les Technomagos entreprirent d’extraire les cristaux mnémétiques.
Vague après vague, les Nécrons s’abattirent sur un cordon impérial de plus en plus ténu. Les Bolts détruisaient les androïdes par dizaines, les décharges de plasma et de Fuseurs faisaient encore plus de dégâts, mais chaque perte ennemie était immédiatement remplacée. Ephrael Stern commandait la défense, son énergie divine désintégrant sans peine les immortels extraterrestres, tandis que Kyganil était un véritable tourbillon de lames. Mais les Nécrons ne ralentissaient pas pour autant, et Szeras lui-même avait fait son apparition à l’arrière des lignes ennemies, entraînant à sa suite tout un arsenal de dangereuses machines de guerre.
Même la ferveur des Sœurs de Bataille et l’expérience de la Deathwatch ne pouvait rien face aux Arches du Jugement Derniers et aux Prétoriens du Triarcat qui les pilonnaient désormais sans relâche. Des Équipes d’Extermination entières furent réduites en cendres, pendant que des escouades de Retributors étaient massacrées jusqu’à la dernière, ne cessant de tirer que lorsque les Nécrons au regard vide les terrassaient. Stern et Kyganil combattaient dos à dos, bien décidés à combattre jusqu’à la mort un ennemi que tous deux haïssaient.
Draxus poussa un hurlement triomphal, car elle avait enfin extrait le cristal qu’elle cherchait. Quatre Xénarites avaient été incinérés durant l’opération, mais il restait suffisamment de survivants pour emporter tous les cristaux s’ils en réchappaient. Mais Draxus comprit qu’elle avait trop tardé ; les Nécrons se rapprochaient inexorablement, et il ne lui restait qu’un dixième de ses troupes. Une retraite organisée était désormais impossible, car même s’ils parvenaient par miracle à se replier, ils n’avaient aucune chance de survivre bien longtemps aux périls du complexe mortuaire.
Après avoir examiné ses options, Draxus opta pour la seule solution possible. Elle frappa la machine qui entravait le C’tan avec son gantelet énergétique jusqu’à ce qu’elle soit détruite.
L’Inquisitrice croyait profiter ainsi du désordre pour battre en retraite, et sa ruse réussit au-delà de toute espérance. Des éclairs jaillirent dans toutes les directions lorsque la cage du C’tan s’effondra, suivis par des gerbes de flammes lorsqu’il s’en prit à ses geôliers.
Lorsque les Nécrons concentrèrent leurs tirs sur le C’tan déchaîné, Draxus, Stern, Kyganil et les rares survivants en profitèrent pour se regrouper avant de se replier. Les ordres de Szeras étaient désormais motivés par un début de panique et il semblait avoir totalement oublié les humains pour le moment. Mais ils n’étaient pas tirés d’affaire pour autant.
Draxus tressaillit quand elle comprit que l’entité incroyablement ancienne avait posé le regard sur elle. Elle rendit son regard au C’tan incandescent qui leva la main et la pointa du doigt. L’Inquisitrice se raidit, pensant que son heure avait sonné. Au lieu de cela, la réalité sembla vaciller et elle ferma les yeux pour lutter contre la nausée. Elle sentit une chaleur intense et une lumière aveuglante mais, quand elle rouvrit les yeux, elle se rendit compte qu’elle vivait toujours. Qui plus est, à sa grande surprise, l’Inquisitrice et ses alliés survivants avaient été téléportés directement sur le pont de son croiseur en orbite au-dessus de Tredica Ardaxis.
Lorsque les alarmes se turent, il apparut que, pour une raison inconnue, l’Écharde C’tan avait sauvé Draxus et ses camarades. Avec le pragmatisme qui la caractérise, Draxus décida de songer aux conséquences ultérieurement. Pour le moment, elle ordonna au détachement spécial de regagner les lignes impériales au plus vite. Elle avait ce qu’elle était venue chercher. Désormais, il lui fallait en déterminer la valeur.
Le sanctum de la salle des machines résonnait du cliquetis des touches de clavier frappées à un rythme saccadé, du crépitement des charges électrostatiques et du ronronnement monotone du code binharique. Une lueur verte étincelante dansait entre les consoles de réception monolithiques. Chaque échange s’accompagnait d’un son violent, d’une odeur d’ozone et d’un éclair stroboscopique qui faisait ressembler les Technoprêtres voûtés à des statues d’ombre sur un arrière-fond couleur émeraude. Les Magos de Stygies VIII travaillaient consciencieusement, sans se laisser perturber par la lumière crue et le bruit.
La Reine Inquisitrice Kyria Draxus les observait depuis les ombres de l’atrium. Son souffle se condensait dans l’air glacial ; chacune de ses expirations était tel un feulement imperceptible. Dzaacho Mu-7 l’avait fait mander. Il avait confirmé que les Xenarites avaient réussi à extraire des informations des cristaux de données que ses camarades et elle avaient récupérés sur Tredica Ardaxis. Il avait évoqué des révélations de la plus haute importance, sans toutefois en dire plus, comme à son habitude. "Il veut sans doute me parler les yeux dans les yeux…" pensa-t-elle. "Il veut se gargariser de son intelligence. Maudits soient son détachement de cyborg et sa logique froide." Sur son épaule, Shang croassa faiblement et agita les ailes tandis qu’il captait de façon empathique l’impatience de sa maîtresse. Les Xenarites n’étaient que des objets, comme tant d’autres qu’elle manipulait pour servir l’Empereur et préserver l’intégrité de Ses domaines. Comme toujours, elle n’oubliait pas que la fin justifie les moyens. Lorsque Draxus entra dans le sanctum de la salle des machines, le Technoprêtre Dzaacho Mu-7 retira ses Mécadendrites d’une rangée de ports d’exchargement et s’approcha d’elle d’un pas traînant. Sous sa capuche, ses huit optiques lumineuses toisaient l’Inquisitrice. Sa bouche parcheminée et distendue s’agitait au rythme de sa respiration saccadée, sans pourtant jouer le moindre rôle dans cette fonction vitale. Simple réflexe organique qui ne semblait pas plus troubler le Magos que la crasse dans les replis de ses robes. « Réitération de bienvenue, Reine Inquisitrice, » dit Dzaacho. Sa voix émanait d’émetteurs-vox cachés sous sa parure. « Qu’avez-vous appris ? » asséna-t-elle pour couper court au long discours que le Magos avait sans nul doute préparé. La bouche ravagée de celui-ci fit la moue autour de ses nutri-tubes. « Des choses, Reine Inquisitrice. Des informations sacrées durement acquises. Les matrices syntactiques du noyau des données sont d’une méta-architecture Xenos. Elles n’ont pas pu être traduites sans dépasser les références optimales… » « Le temps que vous me faites perdre se mesure en vies impériales, Dzaacho, » l’interrompit Draxus. « Qu’avez-vous appris ? » Nouvelle moue de contrariété. Cette fois, de la bave et des onguents coulèrent le long des commissures de la bouche ravagée. Néanmoins, la voix synthétique du Magos ne laissa pas transparaître son amertume. « Je voulais simplement expliquer pourquoi les données ont été retranscrites en un artefact visuel plutôt que sous la forme d’une écriture. » « Montrez-moi, » dit-elle. « Que nous disent ces données à propos du Nexus du Paria ? » « Définition… » dit le Magos à voix haute en se tournant vers l’énorme ordinator et en insérant ses Mécadendrites dans le pupitre d’activation. « Diverses formes du Nexus Paria. » « Diverses… ? » s’étonna Draxus tandis que les écrans s’allumaient. Elle reconnut une carte de la galaxie, représentée sur une grille aux lignes vertes. Les taches rougeâtres de la Grande Faille. Les runes désignant les positions de Mars, de Stygies VIII et d’autres Mondes-Forges principaux. Son regard fut attiré par les glyphes Xenos qui empoisonnaient l’affichage. Un dans le Sous-secteur Nephilim. Un autre non loin de Vengeance, dans la Bordure Orientale. Un autre au nord galactique de Naogeddon. Il y en avait un grand nombre, tous très éloignés les uns des autres, mais formant un anneau enserrant la galaxie. Comme un collet, pensa-t-elle avec horreur. « Que signifie cet anneau de glyphes ? » demanda-t-elle d’une voix ferme malgré son inquiétude grandissante, se félicitant intérieurement de parvenir à conserver son sang-froid. « Théorie : l’information s’est avérée récurrente. Réitération : la retranscription directe étant impossible, nous avons dû trouver une approximation en Haut Gothique… » Ses optiques luisirent un instant tandis qu’il accédait aux données de son cortex. « Szarekh, Reine Inquisitrice. Les glyphes se réfèrent à une chose appelée Szarekh. » Draxus fit volte-face et sortit de la salle. Dzaacho Mu-7 la héla avec étonnement, en vain. Cela n’avait aucune importance pour Kyria. Tout ce qui comptait était ce qu’elle venait d’apprendre. « Que l’Empereur veille sur vos ouailles, » lui lança-t-elle en disparaissant dans les ombres, « car c’est encore pire que ce que nous imaginions. » |
Échos de l’Éveil | ||
« C’est mon septième rapport depuis l’apparition de l’anomalie. Ce sera sans doute le dernier. J’ai accepté l’idée que personne n’écoute, mais je ferai tout de même mon rapport, car tel est mon devoir envers l’Empereur. L’activité empyréenne est trois cent quarante-deux pour cent supérieure à la normale, et en augmentation constante. Il ne fait aucun doute qu’il s’agit d’un nouveau front de tempête Warp s’ouvrant au sud galactique de Luther McIntyre. Cette catastrophe est assez puissante pour avoir plongé la moitié des adeptes de la station dans la démence. Gerum, notamment, a dû être maîtrisé et lobotomisé chimiquement après avoir semé le chaos dans la salle des machines, il y a trois cycles. Mais là… Par le Trône, je ne saurai décrire ce que l’on voit. Des vaisseaux Xenos… vivants, des léviathans du vide que la tempête vomit sans discontinuer. La substance du Warp s’accroche à leurs flancs puis se dissout comme si leur contact lui était anathème. Des vrilles se tordent dans les ténèbres de l’espace. Des yeux composites luisent, insensibles au froid sidéral. Ils nous ont… sentis, je crois. Ils se rapprochent d’heure en heure, et je ne suis pas assez sot pour croire que ces êtres de cauchemar puissent être bienveillants, car rien ne l’est dans cette galaxie damnée. Pour l’amour de l’Empereur, je vous en supplie, si vous entendez ceci, des centaines, peut-être des milliers, de vaisseaux vivants se dirigent vers le secteur Sol. Que l’Empereur nous garde. »
Je ne sais pas ce que c’était. Jamais rien vu de pareil, et j’ai combattu ces foutus Nécrons assez souvent pour savoir les reconnaître. Ces choses étaient énormes. Je veux dire, grandes, avec des pattes métalliques fines, et ils enjambaient Les arbres à chaque pas, et leurs armes… que le Trône m’emporte, ces choses pouvaient éventrer les flancs d’un brise-pierre à plus de soixante mètres. Gagner ? On a eu du bol de s’en sortir vivants…
Je me dois d’ajouter, Dame Draxus, que la puissance à l’œuvre sur ses mondes est impie. En quittant notre navette nous nous sommes retrouvés à marcher sur un véritable tapis d’oiseaux en suspens. Beaucoup vivaient encore, mais ils n’ont rien fait pour nous éviter. J’entends encore le craquement de leurs os fragiles sous nos pas… l’installation à [EXPURGÉ]… nul signe de vie ou mouvement, nul bruit hormis la plainte du vent. Trois d’entre nous ont succombé au suspens et… je ne peux ignorer l’engourdissement qui m’étreint… j’espère… j’espère… je… » << Le message se termine après trois minutes de murmures incohérents et deux minutes trente de silence >>
|
…épète nous sommes à quarante—deux jours à l’ouest gal… ctique de la station spatiale de Trajax en approche du sous—secteur 47—Grendel …iphérie du centre galactique. Nous… pris dans une sorte de ch… gravitationnel et… Interrogation, qu’es… ça ? Par l’Omnimessie… tionnel émane… de ce vaisseau. Inspectons les marquages… sa coque. C’est… ossible. Offici… archives dogma… ites ils… éteints ! …preuve empirique… ndéniable, peu importe… hérétique, c’est la vérité. Ce… aisseau appartient aux… Squa…
Arnulf, j’avais raison, espèce de fils de troll aveugle. Tu me dois un tonneau de bière de Slavnir. Gunnar a trouvé ta piste au sud des mines de sulphridium et, je le jure sur les crocs de Russ, ce n’était sûrement pas des "bêtes sauvages". D’après les traces, il y a des dizaines de… Fenris seule le sait… de montures, peut-être ? Des empreintes de griffes. Profondes… ces choses étaient grosses en tout cas. Il y a aussi des traces de pneu et de chenilles, des engins très chargés. On dirait qu’ils traînaient quelque chose derrière eux. Et des déchets ! Par les flammes de la saison de feu, il y avait des débris de métal et de bois, des morceaux de viande et d’os, des douilles et des morceaux impossibles à identifier. Ce sont des Orks, Arnulf, ça ne fait pas de doute. Des Orks que nous allons pourchasser. Je te ramènerai une défense ou deux pour te rappeler ton erreur, d’accord ? +++fin de l’interception+++
|
Qu’aucune Sœur de l’Adepta Sororitas s’abstienne de prendre les armes et combattre pour le Très-Saint-Empereur-Dieu en cette heure si sombre. Que nulle ne s’abstienne d’agir quand elles pourraient, par leur labeur et au prix de leur sang attiser les flammes de la foi et de l’espoir, qui seules peuvent tenir à l’écart les ténèbres de la damnation, et par leur éclat redonner vie à l’espérance. Je lèverai ma lame, j’attiserai les flammes. Qui se tiendra à mes côtés ? »
J’espère que vous êtes en bonne santé, car une tâche capitale vous attend. Vos frères ont besoin de vous, Garran. Vous savez où ils se sont rendus avec les fils du Lion. Vous savez quels périls ils ont affronté pour arrêter le Cyclope. C’est un miracle si nombre de nos frères en sont revenus sains et saufs, mais tous n’ont pas eu cette chance. Ils sont piégés sur des terres impies, pourchassés par les damnés. Pas question de les abandonner. Vous avez le devoir de les délivrer, Castellan. » |
Source
- Warhammer 40 000 - Éveil Psychique : Paria