Flottes de la Croisade Indomitus

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Alors que des tempêtes Warp déchirent la galaxie, l’Imperium morcelé n’a jamais été aussi proche de l’annihilation. Ne s’avouant jamais vaincu, le Primarque Roboute Guilliman a mobilisé les plus puissantes flottes que l’Humanité eût jamais vues afin de reprendre les étoiles.

Dans les dernières années du 41e Millénaire, une déferlante de tempêtes Warp dévasta les étoiles. Comme si les Dieux Sombres avaient fait courir une dague dentelée en travers de la gorge de la galaxie, l’épiderme de la réalité se rendit çà et là et, de l’indicible espace au-delà, l’énergie délétère du Warp se déversa. Les tempêtes surnaturelles se multiplièrent comme autant de raz-de-marée ectoplasmiques. D’innombrables mondes furent engloutis dans des typhons de démence. Des armées furent avalées par les ténèbres et des navires en transit se muèrent en épaves hantées, ou bien furent rejetés à des millions d’années-lumière de leur destination.

Dans un tourbillon de mort et de dévastation, des héros s’unirent contre vents et marées. Ainsi fut lancée la Croisade de Terra, une force combinée regroupant des Space Marines de dizaines de Chapitres, alliés à l’Adepta Sororitas, l’Astra Militarum, l’Inquisition et l’Adeptus Mechanicus. Leurs vaisseaux se hâtèrent pour atteindre Terra avant d’être consumés par la tempête. À leur tête combattait Roboute Guilliman, le Primarque ressuscité des nobles Ultramarines, le demi-dieu guerrier qui avait appelé cette croisade éperdue de ses vœux et n’accepterait rien d’autre que la victoire.

Les récits héroïques de la Croisade de Terra abondent. La légende raconte que ses guerriers triomphèrent de machinations d’hérétiques comme de Xenos et déjouèrent les pièges de Démons pour enfin atteindre Luna, l’unique satellite naturel de la Sainte Terra, par des voies singulières. Sur Luna, l’armée de la croisade fut forcée de livrer une bataille féroce contre Magnus le Rouge et ses fils félons des Thousand Sons. Le Primarque Démon cherchait à empêcher son frère loyaliste d’atteindre le Monde-Trône, et ce ne fut qu’en dirigeant la force combinée des survivants de la croisade - renforcée par des forces militaires opportunément détachées des défenses alentours de Terra - que Guilliman parvint à l’emporter.

Nombreux sont ceux qui pensent que, plus que tout autre engagement, ce fut la Bataille de Luna qui inspira la nature de la Croisade Indomitus. D’autres citent le conflit que Guilliman fut forcé de mener quelques jours plus tard, lorsque lui et le Capitaine Général Trajann Valoris conduisent une puissante armée pour défendre l’Empereur tandis que la Noctis Aeterna charriait une armée de Démons de Khorne aux portes mêmes du Palais Impérial.

Peut-être que les deux conflits ont convaincu Guilliman de l’efficacité des armées combinées de l’Imperium. Peut-être était-il déjà bien au fait de la puissance de la machine de guerre impériale après ses batailles en Ultramar et sur la route de la Croisade de Terra. Plus vraisemblablement, tout cela a plus ou moins joué un rôle, offrant à Guilliman des données stratégiques brutes à analyser afin d’améliorer sa compréhension des capacités militaires de l’Imperium au 41e Millénaire et de planter les graines de son plan de contre-offensive contre les forces des Dieux Sombres.

Certains des Hauts Seigneurs suggèrent, avec assez peu de subtilité, que Roboute Guilliman planifiait déjà sa propre Grande Croisade expansive. Ils sous-entendent que le Primarque n’a fait le voyage jusqu’à Terra que pour lancer sa propre conquête galactique à partir du Monde-Trône à l’instar de son père avant lui, dans l’espoir de légitimer son entreprise. Ces idées ne se basent que sur des légendes vieilles de dix mille ans et des apocryphes ecclésiarchiques, bien sûr, et sont vraisemblablement motivées par la jalousie et les intrigues politiques. Pour autant, certains y voient là un fond de vérité, et ceux-ci éprouvent du ressentiment envers le Primarque pour ce qu’ils perçoivent comme une tentative d’usurper la charge des Hauts Seigneurs, voire celle de l’Empereur.

Par ailleurs, d’aucuns prétendent que la Croisade Indomitus n’était pas le plan de Roboute Guilliman du tout. Il est vrai que le Fils Vengeur rendit visite à la salle du trône de son père sur Terra, quoique seul Guilliman sache ce qu’il se passa entre eux derrière les portes d’or. Il est tout aussi vrai que ce ne fut qu’en quittant la salle du trône que Guilliman mit son plan en branle. Peut-être que la Croisade Indomitus est réellement la volonté manifeste du Maître de l’Humanité, une entreprise grandiose rivalisant avec Ses actions passées. Si c’est le cas, elle fut lancée contre des ténèbres qui n’ont rien à envier avec celles de l’antique nuit non pas au nom de la Vérité Impériale, mais en toute connaissance de cause des effroyables ennemis que l’Humanité doit vaincre si elle espère survivre en cette heure sombre.

Quel que soit le cas, une chose est certaine. Alors même que les ténèbres de la Noctis Aeterna commençaient à se dissiper dans le Système Sol et que la lumière de l’Astronomican se propageait pour éclairer une galaxie profondément altérée, Roboute Guilliman avait déjà commencé à mobiliser les plus grandes flottes de croisade que l’Humanité eût connues depuis l’aube de l’Imperium.

Une Grande Entreprise

« Je les entends, tous, chaque fois que je ferme les yeux. Les cris de détresse restés sans réponse. Les appels à l’aide que nous aurions pu offrir en une heure moins cruelle. Chaque monde, chaque armée, chaque flotte et colonie et plateforme et avant-poste dont les voix résonnent en un chœur de mourants et de damnés - je sais que les sauver aurait condamner l’Imperium entier, et pourtant, j’entends ces voix. Je les entendrais toujours, je les porterai comme un reliquaire effroyable jusqu’à ma dernière heure. Peut-être n’est-ce que justice. Peut-être est-ce mon châtiment. »
- Le Primarque Roboute Guilliman à Cato Sicarius avant le Discours à la Tri-flotte.

Depuis que la flotte du Maître de Guerre Horus avait obscurci le ciel de Terra, l’Imperium n’avait pas vu une ère de crise semblable à celle de la Grande Faille. La moitié du domaine de l’Empereur avait disparu derrière un voile de cauchemar et - pour ce que le Monde-Trône en savait - avait été annihilée d’un seul coup. Les mondes de ce qu’on appela alors l’Imperium Sanctus se portaient à peine mieux. Des appels de détresse, des cris désespérés et de funestes transmissions noyèrent les esprits des Astropathes de Terra et en plongèrent de nombreux dans la folie. Il n’y avait, semblait-il, pas un monde épargné par la guerre. Où que le regard des Hauts Seigneurs de Terra se portait, les armées et les flottes de l’Imperium étaient éparpillées, assiégés et submergées sous le poids du nombre. Des milliards de citoyen mourraient chaque jour. Des étendues du Segmentum Pacificus au tumulte tempétueux du Secteur Charadon, des mondes disparaissaient comme la flamme d’une bougie soufflée. Le temps pressait désespérément.

Bien que récemment nommé Seigneur Commandeur de l'Imperium, Roboute Guilliman savait qu’il ne pouvait pas réagir sur-le-champ. Des enregistrements clandestins de l’Inquisition révèlent des conversations de ces heures sombres, dans lesquels Guilliman admet lutter contre la pulsion de rallier les soldats à disposition et faire route vers la zone de guerre la plus proche. À sa place, nombre de ses frères l’auraient déjà fait. Toutefois, bénédiction autant que malédiction, Roboute Guilliman voyait les choses dans leur ensemble. Il comprenait mieux que quiconque que l’Humanité ne livrait pas une guerre de territoire, mais de survie, et que chaque arme de l’arsenal impérial devait être employée de concert avec les autres et avec une précision que lui seul pouvait atteindre. Il remporterait toujours des batailles, mais en perdant de vue cette perspective, il perdrait la guerre, et le royaume de son père.

Ainsi, Guilliman ravala sa rage, la haine qu’il éprouvait pour la trahison et sa consternation devant ce qu’était devenus l’Imperium, et s’en servit pour alimenter la Croisade Indomitus. Il ne forgerait pas de vulgaires armées, ni même des croisades au sens impérial traditionnel du terme, mais d’immenses flottes de vengeance et de reconquêtes qui ridiculiseraient celles qui les avaient précédées. Avec les outils à sa disposition, Guilliman répliquerait contre les laquais des Dieux Sombres.

Avec ce que l’on pourrait décrire comme une détermination percutante, il exposa son plan aux Hauts Seigneurs tout en ayant déjà lancé une dizaine de manœuvres avant même d’avoir reçu leur accord. Dés lors que la communication astropathique put être rétablie avec le reste du Système Sol, le Primarque envoya des missives à Mars, Titan, Jupiter et des dizaines de mondes et autres forteresses stellaires au-delà. Il négocia avec l’Archimagos Cawl, son ancien allié, en insistant sur l’importance de la célérité avec laquelle la Fondation Ultima devait être mise en œuvre. Il fit main basse sur toutes les ressources spatiales à sa portée et commença à rassembler des flottilles, une à une, dans l’espace profond au-delà de Neptune. Guilliman implora en personne l’assistance de l’Abbesse Sanctorum de l’Adepta Sororitas et du Fabricator-Général de Mars ; on ignore les promesses qu’il fit à ces individus prépotents, mais quelle qu’elles fussent, il put ainsi garantir leur coopération.

Si Terra devait être sa forteresse et Sol son champ de mars, le Primarque ne pouvait se permettre que l'instabilité ou a l’insurrection mit en danger ses efforts. Il en appela à a l’Inquisition, l’Adeptus Custodes, l’Adeptus Arbites, l’Ecclésiarchie, et même l’Assassinorum. Une ère de purges brutales commença dans les macro-niches tentaculaires de Terra, qui vit des centaines de sectes mineures traquées et des millions d’hérétiques supposés, de mutants et de récidivistes brûlés vifs en pleine rue. Nul n'était à l’abri de cette campagne de teneur, qu’on appela rapidement le Fléau du Primarque et qui vit un nombre effarants d’officiels corrompus, de dilettantes maîtres de secte et de hauts acolytes arrivistes évincés de la haute société terrienne. Horron Sch’est, le Consul Pre-eminus conservateur et arrogant des Maisons de Navigators, voulut freiner la mise en œuvre de la croisade en suspendant l’appui des guildes tant que les Hauts Seigneurs ne répondaient pas à ses onéreux caprices. Il se rendit compte que Guilliman n’avait guère de patience pour l’extorsion lorsqu’il fut flagellé publiquement à la stupeur de tous. Quelques semaines après que les Hauts Seigneurs eurent ratifiés les plans de Guilliman, plusieurs guerres ouvertes faisaient rage dans les sous-mondes de Terra cependant que les sectes xénophiles et les adorateurs du Chaos luttaient pour leur survie. Les dégâts collatéraux s’intensifièrent et la dissension s’exprimait où qu’elle se crût hors d’atteinte. Néanmoins le sabotage, la sédition et les intrigues n’interrompirent pas la mobilisation ordonnée – du moins dans l’ensemble.

Pour Guilliman lui-même, l’aspect le plus troublant de la mobilisation fut le processus de triage qu’il dut accomplir dans le Segmentum Solar. Le point de départ de la Croisade Indomitus requit le regroupement d’immenses forces militaires à l’intérieur et en périphérie du Système Sol et de ses amas stellaires voisins ; après cela, le Primarque exprima le désir de rassembler l’équivalent de dix fois cette convocation toute puissante. Ces flottes seraient mobilisées au fur et à mesure que les forces nécessaires seraient disponibles avant de frapper sur des itinéraires préétablis sillonnant le domaine de l’Empereur. Une grande part du matériel et de l’effectif que la croisade requérait viendrait de Mars sous la forme de Space Marines Primaris de la Fondation Ultima, ainsi que de Skitarii, de Manipules de Chevaliers et de Titans, et de machines de guerre Ordinatus.

D’autres ressources seraient tirées de l’Ordre du Calice d'Ébène et, dans une moindre mesure, de l’Ordre de Notre Dame des Martyrs, des rangs de l’Adeptus Custodes et de l’Inquisition, et des bâtiments de la grandiose Flotte de Guerre Solar. Toutefois, une force substantielle devrait provenir de systèmes voisins de Terra, et Guilliman fut forcé d’analyser ces régions assaillies d’un regard froid et pragmatique.

Il était clair que certains mondes avaient les capacités martiales pour survivre d’eux-mêmes ; là où les rapports faisaient état de guerriers déterminés et d’astronefs indomptables qui tenaient Xenos comme hérétiques en respect, le Primarque autorisait les armées de l’Imperium à poursuivre le combat. Pour chaque système qui repoussait les ténèbres envahissantes, il y avait néanmoins bien plus de zones où les défenseurs seraient au bord de la submersion s’ils ne recevaient pas de soutien. Ce fut à ces forces que Guilliman ordonna la retraite, en ne laissant bien souvent qu’une arrière-garde s’assurant que le repli coûtât le moins de vies possibles. Des milliers de régiments de l’Astra Militarum et de vaisseaux de guerre endommagés fuirent des fronts pour lesquels ils avaient sué sang et eau.

Certains refusèrent ces ordres, et combattirent jusqu’au dernier contre les horreurs qui assiégeaient leur monde. Guilliman ne pouvait se résoudre à les blâmer. Pourtant, il ne pouvait pas non plus manquer de fermeté, car il savait pour sa part à quel point les forces rappelées à l’ordre seraient inestimables pour la Croisade Indomitus. Les mondes pouvaient être repris. Les possessions pouvaient être reconquises et repeuplées dans le sillage des flottes de croisade, mais dilapider les armées de l’Imperium dans le défense désespérée de trop de fonts à la fois ne ferait rien de plus que saigner à blanc le domaine de l’Empereur. Guilliman en était convaincu. Il se le répétait sans cesse cependant que sur ses ordres, des armées meurtries et amères revenaient vers Sol en abandonnant à la mort de systèmes entiers. C’était une tragédie nécessaire. Tout serait remboursé dans le sang lorsque la Croisade Indomitus commencerait. Et cela ne tarderait plus à présent.

Tempus Indomitus

Le voyage dans le Warp a toujours eu un effet délétère sur l’écoulement du temps tel que l’être humain le perçoit. Un simple saut dans le Warp peut désynchroniser ceux qui l’effectuent du temps sidéral de Terra d’un ordre de plusieurs jours, mois voire années. Nombre de récits font état de phénomènes plus extrêmes encore, où des astronefs pris dans une tempête Warp se voient rejetés des siècles avant ou après leur translation. Un Ordo à part entière de l’Inquisition, l’Ordo Chronos, a pour devoir de pister et neutraliser promptement ces hérésies temporelles qui risqueraient autrement de perturber indûment le fonctionnement global de l’Imperium.

Sachant qu’elle s’aventurerait au fin fond de la galaxie, durant de nombreuses années, et qu’elle effectuerait maintes translations dans un Immaterium balayé par la fureur de la Cicatrix Maledictum, chaque Flotte de la Croisade Indomitus tenta d’atténuer ces effets en établissant son propre Tempus Indomitus. Chacune mit en place sa chronologie indépendante, fixée sur les coordonnées temporelles du vaisseau amiral de son maitre de flotte. Même si un Groupe de Combat se rendait compte d’un décalage de plusieurs années avec son vaisseau amiral, il pourrait ajuster ses archives et ses chronos en retrouvant le Tempus Indomitus de sa flotte, faisant stoïquement fi des implications démentielles de ces ajustements arbitraires dans le seul but de continuer le combat.

Corbeaux Noirs

Tous dans l’Imperium connaissent et redoutent les Vaisseaux Noirs, à la fois en tant qu’annonciateurs de mort et que porteurs de la délivrance. Il incombe à ces funestes astronefs, et aux Sœurs du Silence qui y sont postées, de visiter chacun des mondes de l’Imperium afin de s’emparer de tout Psyker potentiel. Les Vaisseaux Noirs accomplissent leur dangereuse besogne sans aucune pitié, et remplissent leurs cales nullificatrices de cargaison humaine. Puis ils mettent le cap vers leurs foyer et rapportent ainsi leur butin sur Terra, où les Psykers récoltés nourriront l’appétit vorace de l’Empereur, ou bien suivront le rituel douloureux de l’Unification des Âmes avant de rejoindre le chœur de l’Astronomican ou de servir l’Imperium d’une manière ou d’une autre en tant que Psyker Assermenté.

Avec l’ouverture de la Grande Faille, il devint presque impossible aux Vaisseaux Noirs de continuer à opérer comme ils l’avaient toujours fait. Sans parler de ceux portés disparus au-delà de la faille, les navires restant se retrouvèrent forcés de défier des zones de guerre tumultueuses où qu’ils se rendissent, plongeant dans des batailles planétaires afin de récolter leur dîme. Les Sœurs du Silence se révélèrent être des guerrières redoutables, mais toutes admettaient que la situation ne saurait durer éternellement.

Les Flottes de la Croisade Indomitus apportèrent la solution. Tandis que certains Vaisseaux Noirs continuaient d’écumer leurs itinéraires spatiaux comme ils l’avaient toujours fait pour recevoir leur dû, d’autres furent déployés dans flottes surnommées les Vols de Corbeaux qui suivaient les Groupes de Combat Indomitus. Tels des charognards dans le sillage d’une armée en campagne, les Vaisseaux Noirs fondirent sur les mondes reconquis pour y prélever un riche butin parmi des populations soumises de force et si terrifiées qu’elles se plièrent aux Sœurs du Silence sans poser de question. Ce fut ainsi que les Vaisseaux Noirs poursuivirent leur œuvre, du moins dans les systèmes reconquis de l’Imperium Sanctus, afin que le Trône d'Or et l’Astronomican pussent continuer de fonctionner en cette heure désespérée.

Les Flottes de Croisade

Malgré les tragédies, la souffrance et les conflits, la Croisade Indomitus prit forme. Guilliman consacra son génie logistique et sa concentration sans faille à la codification et à l’assignation immédiate de couloirs Warp viables et points de rassemblement, ainsi qu’à la résolution d’une déferlantes de défis - du réapprovisionnement à la maintenance, du moral à la dotation en personnel médicae. Malgré les remous continuels du Warp qui retardaient ou avalaient des vaisseaux en approche, les forces de la croisade se regroupèrent bien plus vite que quiconque, nonobstant le Primarque, ne l’aurait cru possible. Les Points de Mandeville aux alentours des Systèmes Sol, Géhenna et plusieurs autres scintillèrent sans relâche d’une lumière ésotérique tandis que des flottilles se frayaient un chemin depuis le Warp pour se joindre à la mobilisation - les perturbations empyréennes étaient telles que l’Ordo Malleus fit part de ses préoccupations quant à d’éventuelles brèches Warp à bord des stations qui surveillaient la frontière de Sol. On établit alors des zones de transit en dehors du système, et on ordonna le déploiement d’escouades de Chevaliers Gris dans les stations de surveillance et de mouillage. Toutefois, rien ne devait ralentir le rythme de la mobilisation.

Roboute Guilliman fit de nouveau la preuve de son génie alors que le personnel et le matériel continuaient d’affluer vers le Système Sol et ses environs. Pour chaque bâtiment qui parvenait au rassemblement, Guilliman avait ordonné à autant de barges d’approvisionnement, de ravitailleurs, d’agri-motrices et de barges-fabricator du Mechanicus d’en faire de même. Contournant la bureaucratie établie, Guilliman avait créé son propre cadre d’intermédiaires d’élite dont le rôle consistait à assurer la mobilisation et l’approvisionnement adéquats du moindre navire et soldat de la croisade. Ce corps, nommé l’Officio Logisticarum, mais que tout le monde appela la Main de Guilliman, comptait des millions d’âmes, toutes issues des meilleurs membres que l’Administratum et le Munitorum de Terra avaient à offrir. Pourtant, ils se montrèrent à peine à la hauteur de la tâche, et sans les directives de fer édictées par Guilliman, le Logisticarum aurait peut-être failli.

La Croisade Indomitus ne pouvait pas se composer d’une unique flotte monumentale labourant les étoiles comme quelque vulgaires béliers de siège. La vision initiale du Primarque consistait à la place en dix puissantes flottes, dénommées Flotte Primus, Flotte Secundus, Flotte Tertius, et ainsi de suite, et chacune serait dirigée par un officier suprême gratifié du rang de maître de flotte. Chaque flotte serait une force mixte, mélangeant des éléments de divers corps militaires impériaux selon un équilibre énoncé par Guilliman, et censés opérer de différentes manières à diverses fins stratégiques. Les flottes variaient immensément en taille et en composition. Néanmoins, même la plus petite comptait des centaines d’astronefs de guerre et deux fois plus de bâtiments d’appui logistique destinés à faciliter le déploiement de milliards de combattants.

Guilliman savait illusoire d’exiger que des flottes d’une telle taille agissent comme une force unique et cohérente. Quel intérêt y avait-il à s’efforcer de garder d’aussi vastes formations unies dans un Warp aussi capricieux pour frapper chaque nouveau système dans une surenchère grotesque de puissance de feu ? Quand bien même les forces impériales combinées ne se seraient pas entravées mutuellement, elles auraient indubitablement broyé un unique ennemi en épargnant une myriade d’autres menaces ailleurs. Plutôt que de courir le risque de pareille brutalité sotte, Guilliman ordonna que chaque flotte fût scindée en plusieurs Groupes de Combat codifiés en Haut Gothique, tels le Groupe de Combat Alphus, le Groupe de Combat Betaris, le Groupe de Combat Cerastus, etc. Chacun serait une formation pleinement autonome dotée de ses propres vaisseaux amiraux et d’un maître de groupe désigné pour établir son itinéraire et ses actions. Les maîtres de groupe de chaque flotte en répondraient uniquement à leur maître de flotte et, évidemment à Roboute Guilliman et aux Hauts Seigneurs de Terra.

L'Épreuve du Vide

Roboute Guilliman avait initialement organisé chaque Flotte de la Croisade Indomitus jusqu’à un niveau régimentaire. Toutefois, le Primarque concéda que son organisation laborieuse ne survivrait pas longtemps au contact avec une galaxie ravagée par la guerre. Il octroya ainsi aux maîtres de flotte et aux maîtres de groupe des pouvoirs de réquisition rivalisant avec ceux du plus autoritaire des Seigneurs Inquisiteurs. Bien que l’usure et la lente fragmentation des Groupes de Combat de la croisade prélevassent leur dû, les forces recrutées sur les mondes et dans les systèmes secourus renforcèrent sporadiquement les rangs impériaux. Certains officiers eurent l’humilité de ne réquisitionner que le nécessaire. D’autres frôlèrent le despotisme pour dépouiller de leurs ressources les mondes "sauvés", courant par là même le risque de les laisser dans un état plus précaire et désespéré que lorsqu’ils arrivèrent.

Dans les deux cas, la conséquence de ce lent mélange au sein des rangs de la croisade fut que chaque Groupe de Combat s’imprégna rapidement des travers culturels des mondes secourus tandis que nombre de liens de fraternité et des rivalités féroces émergèrent entre les éléments disparates de chaque flotte. Des insignes de campagne, des honneurs de bataille, un héraldique partagé et d’innombrables autres singularités fleurirent dans les rangs de chaque Groupe de Combat tout au long de la Croisade Indomitus. Ce fut ainsi que la solidarité humaine s’exprima, à la vue et au su d’une galaxie hostile, que ce fût sur le métal peint, les tuniques teintes ou les visages ensanglantés.

Chaque Groupe de Combat recevrait son itinéraire dans le périmètre de sa propre flotte, investirait ses propres zones de guerre et livrerait ses propres campagnes. Ses manœuvres générales seraient édictées par son maître de flotte, et il serait capable de requérir ou fournir des renforts aux autres Groupes de Combat de sa flotte ; au regard du reste, chaque Groupe de Combat fonctionnerait comme une force autonome, et la plupart disposeraient de la prodigieuse puissance armée nécessaire pour conquérir des amas stellaires entiers, annihiler des empires Xenos et guerroyer sur plusieurs systèmes à la fois. De fait, une Flotte de la Croisade Indomitus s’enfonçant dans un secteur de l’espace impérial ressemblerait non pas à un énorme fer de lance, mais aux multiples lames d’une légion de bretteurs, brandies vers le linceul de ténèbres qui recouvrait le domaine de l’Empereur.

On fonda un troisième niveau encore plus précis d’organisation, celui des forces opérationnelles. Il ne s’agissait pas de sous-formations à part entière, mais plutôt de groupes militaires spécialisés mobilisables sur ordre d’un maître de groupe. Les forces opérationnelles seraient réunies pour l’exécution d’une tâche unique, après qui ses membres rejoindraient à nouveau leur Groupe de Combat. Leurs missions consistaient à conquérir des mondes ou des plateformes de défenses spécifiques, convoyer des messages d’importance à travers l’immensité du vide, éliminer des ennemis spécifique, ou tout autre tâche indispensable à la réussite du Groupe de Combat dans son ensemble. Une force opérationnelle n’avait pas à toujours être composée des même éléments, car son rôle précis exigeait un équilibre calculé dans la composition de ses effectifs. En pratique toutefois, au fur et à mesure que les flottes de croisade s’enfonçaient dans l’Imperium, les forces opérationnelles les plus efficaces demeurèrent ensemble parfois au fil de plusieurs campagnes, et leurs membres nouèrent des liens de loyautés indestructibles.

Guilliman gardait à l’esprit un autre devoir pour ses forces opérationnelles, un devoir crucial. Alors même que la grande mobilisation se poursuivait, il ordonna aux maîtres de flotte de constituer des forces opérationnelles d’élite à partir des soldats qui leur étaient assignés. Chacune de ces forces opérationnelles reçut un contingent de Sœurs du Silence, au moins une escouade de l’Adeptus Custodes, et un conclave de Magos Biologis convoyant des conteneurs scellés et nombre d’étranges machines. Les Sœurs du Silence étaient là pour repousser les tempêtes Warp qui minaient l’espace réel et aidaient les navires à traverser l’Imperium dans une sécurité relative. En tant qu’émissaires de Guilliman, les guerriers de l’Adeptus Custodes parlaient avec l’autorité du Primarque et de l’Empereur afin qu’aucun corps impérial n’entravât la mission de la force opérationnelle. Enfin, la présence des prêtres de l’Adeptus Mechanicus avait pour but d’escorter leur précieuse cargaison, le génogerme et la technologie requise pour que les Chapitres Space Marines qui leur avaient été assignés embrassent le miracle Primaris de l’Archimagos Cawl. Souvent accompagnées de Frères de Bataille de la Fondation Ultima destinés à rejoindre les rangs de leur Chapitre, ces forces opérationnelles filèrent dans les ténèbres tandis que les flottes de croisade continuaient leur mobilisation. Ils seraient les Porte-Flambeaux d’un Imperium assiégé, et amèneraient la bénédiction des Space Marines Primaris aux Chapitres les plus isolés, les plus meurtris et - en quelques occasions - les plus récalcitrants ou dangereux.

La Septième Silencieuse

De toutes les Flottes de la Croisade Indomitus, seule la Flotte Septimus reçut l’ordre de rassembler loin du Système Sol. Le lieu exact de sa mobilisation est un secret lourdement gardé, connu de seuls Roboute Guilliman et des officiers de commandement assignés à ses Groupes de Combat. Nul ne sait précisément la taille des Groupes de Combat de la Flotte Septimus, ni même quels étaient ses obscurs objectifs. Ceux qui se virent assignés à la Septième Flotte s’évanouirent purement et simplement, ne laissant rien d’autre derrière eux que des spéculations, et la rumeur de Servocrânes coffrés d’onyx, furetant dans les ténèbres en étreignant dans leurs pinces métalliques des parchemins de données de niveau de classification vermillon.

Pour la Vengeance et la Reconquête

Malgré tous les efforts du Primarque Guilliman et de son Officio Logisticarum, les premiers départs de Flotte de la Croisade Indomitus exigèrent du temps. En fin de compte, la Flotte Tertius fut la première à passer à l’action. En effet son départ fut précipité en raison de la détection d’une Croisade du Massacre de Khorne qui louvoyait dans l’espace impérial en guerre en direction du Système Sol.

La Maîtresse de Flotte Cassandra VanLeskus demanda à Roboute Guilliman la permission expresse de s’élancer pour contrer cette nouvelle menace ; VanLeskus jura que les serviteurs des Dieux Sombres auraient droit à une démonstration immédiate et spectaculaire de la vengeance impérial qui se préparait.

Les détails de la Bataille du Détroit de Machorta ne sont pas détaillés ici, mais ils démontrent l’efficacité des flottes de croisade telles que Guilliman les avaient imaginées. Les Groupes de Combat Alphus, Betaris, Delphi, Haephestus et Lambdax de la Flotte Tertius se dirigèrent droit sur une invasion hérétique qui s’étendait à plusieurs systèmes. Malgré des différences et des difficultés initiales entre certains des corps d’armées les plus disparates de la machine de guerre impériale, Dame VanLeskus remporta une victoire écrasante sur les séides du Dieu du Sang.

Ainsi, la Flotte Tertius quitta son mouillage spatial pour entrer directement dans les annales de l’Imperium. Les Groupes de Combat de la Flotte Tertius s’enfoncèrent dans les ténèbres selon le grand plan de Guilliman, dirigés droit sur le Segmentum Pacificus avant d’obliquer vers l’immensité du Segmentum Tempestus. La Flotte Secundus s’élança ensuite, ses rangs précédés par les Sœurs de Bataille du Calice d’Ébène et de Notre Dame des Martyrs, la proue de ses bâtiments braquée sur l’Œil de la Terreur. Sa mission consistait à foncer comme un poing sur la mâchoire du Segmentum Obscurus, flanquée de ses Groupes de Combat en déploiement serrés afin que rien ne pût ralentir l’élan de contrecoup. Il s’agissait d’une mission dangereuse, qui gagna rapidement le surnom de Route des Martyrs, mais il ne s’agissait là que d’une offensive audacieuse et nonobstant nécessaire parmis tant d’autres, destinée à gagner du temps afin de stabiliser l’Imperium Sanctus et s’assurer qu’il ne fût pas entièrement submergé.

Lorsque Roboute Guilliman eut la certitude de l’inéluctabilité de l’élan insufflé aux mobilisations et aux départs, et que l’Officio Logisticarum fut capable d’opérer sans sa supervision directe ou la menace d’une résistance locale, il se prépara à monter au front en personne. Alors, la Flotte Primus quitta le champ de Mars de Sol à son tour, emportant le plus vaste contingent de guerriers de la Fondation Ultima, les Fils Innombrables, ainsi que l’Archimagos Cawl en personne à bord de sa macro-barge inexpugnable, le Zar Quaesitor. La Flotte Primus comptait les Groupes de Combat les plus indépendants de toute la Croisade Indomitus, et elle ne s’élança pas dans une unique direction, mais se scinda en plusieurs fers de lance qui eux-mêmes se dispersèrent au fur et à mesure de leur progression. Où que les groupes de combat de la Flotte Primus se rendissent au combat, ils repoussèrent les hérétiques et les Xenos qui menaçaient l’Humanité, rallumaient le feu de l’Imperium et laissaient un sillage de débris spatiaux et des montagnes de cadavres d’ennemis.

D’autre flottes se rassemblèrent selon les ordres de Roboute Guilliman, avant de frayer dans les ténèbres d’un Imperium en guerre. La Croisade Indomitus n’était pas une flotte pour conquérir la galaxie comme la Grande Croisade avant elle. Il s’agissait plus d’une entreprise désespérée et déterminée qui, si elle réussissait, assurerait simplement la continuité de l’Imperium au-delà des jours sombres de la Grande Faille. Ainsi débuta l’Ère Indomitus, et avec elle l’ultime tentative féroce de l’Humanité pour survivre aux Dieux du Chaos honnis.

Source

Pensée du Jour : « La victoire n’appelle pas d’explication. La défaite n’en permet aucune. »
  • White Dwarf (Juillet 2019)