Fléau de l'Incroyance

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De toutes les hérésies et rébellions qui entachèrent l’Âge de l'Apostasie, l’une des plus notables fut le Fléau de l’Incroyance perpétré par le Cardinal Bucharis. Son souvenir contribue à rappeler à l’Ecclésiarchie et à son clergé que le pouvoir corrompt aisément celui qui le possède, car, au regret de l’Adeptus Ministorum, Bucharis employa sa ferveur et son courage à son propre accomplissement plutôt qu’à celui de l’Humanité.

Le Cardinal Apostat

Quelques décennies après l’accession de Sebastian Thor au trône de l’Ecclésiarchie, le Cardinal Bucharis fut placé à la tête du diocèse de Gathalamor, au sud-ouest galactique de Terra. Gathalamor était un diocèse modeste, mais Bucharis, jaloux des réussites de ses pairs, décida d’y bâtir le plus grand des temples jamais élevé à la gloire de l’Empereur. Même en asservissant les populations dont il avait la charge, il se retrouva toutefois rapidement à court d’hommes et de ressources.

Utilisant une armée de bandits, il s’empara alors du monde voisin de Rhanda et des richesses de ses mines. Là, il joignit ses forces à celles de l’Amiral renégat Sehalla et à celles d’un Colonel du 25e Régiment de la Garde Impériale Rigellienne appelé Gasto. Fort des vaisseaux de Sehalla et des troupes de Gasto, il jeta les premières bases de son propre empire et cinquante systèmes stellaires tombèrent sous sa coupe dans les sept années qui suivirent.

Le domaine de Bucharis avait été isolé de l’Imperium par de violentes tempêtes du Warp que n’avaient pu traverser les nouvelles de la réorganisation de l’Ecclésiarchie. Ayant pris le contrôle des voyages interstellaires au sein de son empire, Bucharis décida de continuer à intercepter toute information relative à Terra et annonça que l’Ecclésiarchie avait sombré, corrompue par les Traîtres et les hérétiques. Détournant des preuves remontant à l’époque de Vandire, il se déclara ensuite gardien véritable de la volonté de l’Empereur et nouveau maître de l’Adeptus Ministorum. Ceux qu’il trompa par ses discours habiles crurent alors que Terra était perdue et que Gathalamor demeurait l’ultime bastion de la vraie foi.

Le Fléau de l’Incroyance s’étendit et les préceptes de Bucharis devinrent paroles de loi. « Celui qui ne peut s’aider lui-même est moins qu’un homme et doit être évincé de l’Humanité dont il ne peut qu’être le fardeau » était l’une de ses citations les plus populaires et était chaleureusement applaudie à chaque fois qu’il en concluait ses sermons. Ses fidèles apprirent ainsi à se préoccuper d’eux-mêmes avant toute autre considération, car la race humaine ne trouverait selon lui son salut que si chaque individu ne luttait que pour sa propre réussite. Les faibles seraient abandonnés à leur sort, seuls les forts survivraient et l’ascendance de l’Humanité ne serait réalisable que par le respect de cette doctrine.

Les mondes soumis à Bucharis se changèrent en repaires de pillards et de nobles assoiffés de pouvoir. Les amis s’entre-tuèrent et les familles se disloquèrent dans les haines et les rivalités. Ceux qui émergèrent de ces tourbillons de démence attirèrent alors l’attention du Cardinal Apostat. Outre davantage de puissance, il leur alloua le commandement de compagnies de mercenaires et les chargea de maintenir l’ordre en son nom, récompensant ceux qui le servaient efficacement et châtiant cruellement ceux qui le décevaient.

Bucharis développa ainsi son emprise sur la galaxie. Veillant à ne pas trop approcher de Terra avant que son pouvoir ne soit total, il se fraya un chemin de sang vers le nord de l’Imperium, préférant ne plus avancer au sud où la flotte de Sehalla risquait d’être repérée par la base de Bakka, et évitant soigneusement les parages de Cadia, et de l’Œil de la Terreur terrifié à l’idée de voir les Space Marines du Chaos envahir son domaine si durement gagné.

Une fois la presque totalité de cette zone pliée à sa loi, trois nouveaux régiments de Gardes Impériaux rejoignirent les mercenaires de Gasto et la flotte de guerre Pacificus stationnée à Hydrapur vint de même se mettre sous ses ordres en croyant ses mensonges selon lesquels l’Ecclésiarchie et l’Adeptus Terra étaient tombés. Bucharis s’estima alors en mesure d’attaquer Terra, espérant que la ruse et la surprise compenseraient l’armement supérieur de l’ennemi. Heureusement pour l’Humanité, il allait commettre une grave erreur.

La Bataille du Croc

Sa percée vers le nord avait mené Bucharis au sein de territoires gardés par les Space Wolves. Comme la plupart des Chapitres de Space Marines, les Space Wolves se doivent de protéger leur propre monde, mais aussi ceux situés à sa proximité. Quand l’immense flotte émergea du Warp pour envahir le système d’Albia, elle rencontra la Griffe de Russ, un bâtiment de guerre Space Wolf en patrouille dans ce secteur. Après une brève bataille au cours de laquelle ils détruisirent un croiseur et un transporteur, les Space Wolves parvinrent à s’échapper dans le Warp. Bucharis venait de payer le prix de son imprudence, mais son arrogance lui fit considérer ce revers comme un manque de chance passager. Le cinquième système auquel il s’attaqua après cet accrochage lui réservait cependant quelques surprises.

Ce système était celui de Fenris, monde natal des Space Wolves. En dépit de leur infériorité numérique et de leur puissance de feu surpassée par celle des navires de la Flotte, les vaisseaux des Space Marines se jetèrent sur l’armada de Bucharis dès qu’elle eut coupé ses Moteurs Warp. Ils effectuèrent une percée dévastatrice entre ses imposants vaisseaux, puis se regroupèrent au cœur du système où ils adoptèrent une stratégie d’attaques et de retraites rapides pour le reste de la bataille.

Bien que deux tiers de sa flotte soient occupés à combattre, Bucharis parvint à lancer un assaut contre Fenris. Nombre de ses vaisseaux de transport furent détruits par les tempêtes qui déchiraient la haute atmosphère de la planète ou les tirs des batteries de laser orbitaux de la forteresse des Space Wolves, mais une zone d’atterrissage fut toutefois établie. Guidés par le Cardinal Apostat, des milliers de Gardes Impériaux renégats se déversèrent sur le monde de glace, jurant de venger par le sang leurs camarades tués par les Space Wolves.

Des Fenrissiens capturés furent forcés d’équiper l’armée de Bucharis, de poser des routes sur les étendues plates et glacées de leur planète et d’abattre les arbres gigantesques de leurs forêts afin d’alimenter en carburant les moteurs polyvalents des blindés de l’envahisseur. Les habitants de Fenris ne se soumettant toutefois jamais facilement, Bucharis savait qu’il devrait constamment les surveiller s’il ne voulait pas qu’ils s’échappent et se dressent à nouveau contre lui en frappant son armée sur ses points les plus faibles. Des communautés entières furent donc exterminées en guise d’avertissement. Les récoltes et le bétail furent réquisitionnés pour Bucharis et ses officiers, les femmes réduites en esclavages, puis les enfants et les vieillards furent passés par les armes et laissés en pâture aux charognards.

Poursuivant l’offensive, Bucharis décida de faire tomber le Croc. D’autres troupes renégates arrivèrent en renfort et la flotte des Space Wolves détruisit une quantité de transporteurs, mais les vallées et montagnes encerclant l’antique citadelle fourmillèrent tout de même rapidement des légions du Cardinal Apostat. De massives pièces d’artillerie se mirent à cracher leurs obus jour et nuit, et les cieux s’illuminèrent de milliers d’éclairs ainsi que des lueurs éblouissantes des boucliers énergétiques. Des explosions ébranlèrent les monts d’Asaheim, déclenchant de terribles avalanches tandis que des salves orbitales creusaient des gouffres béants à même la roche. Mais les remparts blindés du Croc demeurèrent debout.

Les défenseurs lancèrent alors la contre-attaque. Brisant la ligne de siège des renégats, ils neutralisèrent leur artillerie au sol. Des scouts interceptèrent les ravitaillements en munitions de Bucharis, puis les Space Wolves s’infiltrèrent au cœur des positions ennemies en utilisant les passages secrets qui reliaient le Croc aux montagnes d’Asaheim.

Hurlant leurs sanguinaires cris de bataille, les Griffes Sanglantes s’abattirent sur les soldats de Bucharis dans les sombres forêts de Fenris et les égorgèrent à mains nues afin d’économiser leurs munitions. Les Longs Crocs tendirent des embuscades aux convois blindés ennemis n’hésitant pas à pulvériser des montagnes entières pour les ensevelir sous des tonnes de rochers, et les Dreadnoughts s’ouvrirent de sanglants chemins à travers les formations ennemies.

Mois après mois, le siège s’éternisait. Bucharis multiplia les attaques contre le Croc en promettant de fabuleux trésors au premier homme qui lui en ouvrirait les portes, mais les Space Wolves tinrent bon et le repoussèrent en lui infligeant de très lourdes pertes.

Le siège dura ainsi trois années au cours desquelles la citadelle résista à d’incessants assauts et bombardements. Devant engager toujours plus de soldats dans la bataille, Bucharis se résigna à faire appel à ses troupes de Gathalamor, quitte à réduire leur garnison au quart de son effectif. Croyant son diocèse hors de danger, il rassembla ses hommes pour un assaut ultime et décisif, mais la fatalité se manifesta de nouveau à l’encontre de ses desseins.

À la périphérie du système émergèrent du Warp des bâtiments de guerre que les unités de reconnaissance de Bucharis identifièrent comme des Barges de Bataille Space Wolves revenant de mission. Ces renforts inattendus ne perdirent pas de temps et pulvérisèrent la moitié de la flotte renégate dans leur première attaque. Pris entre deux feux, l’Amiral Sehalla paniqua et prit la fuite avec ce qui lui restait de sa flotte. Plutôt que de le prendre en chasse, les vaisseaux Space Wolves mirent alors le cap sur Fenris.

Le retour de la Grande Compagnie de Kyrl Grimblood mit fin aux agissements de dix milliers de Gardes félons. Les Traîtres furent délogés des montagnes, mis à mort sur les plaines d’Asaheim, et ceux qui crurent échapper au massacre succombèrent à l’impitoyable climat de Fenris ou à ses meutes de loups géants. Se sauvant à bord d’une navette et rejoignant ses derniers fidèles après un court saut dans le Warp, Bucharis décida alors d’abandonner leur monde aux Space Wolves et de regrouper ses forces du nord pour se préparer à défendre les restes de son domaine.

Tempête sur Chiros

La défaite de Fenris avait ralenti Bucharis mais ne l’avait pas anéanti et certains de ses lieutenants envoyés vers l’ouest galactique s’étaient emparés pour lui de nouveaux systèmes tandis que grondait encore la bataille du Croc. Des rapports mentionnant une forte résistance lui parvinrent alors du système récemment découvert de Chiros. À la différence de Gathalamor ou de Rhanna, Chiros n’était pas un monde pauvre et désolé mais recouvert de forets luxuriantes, de lacs et de terres fertiles que cultivaient plusieurs millions d’habitants.

Les richesses de Chiros provenait essentiellement de ses exportations de fourrures exotiques, d’élixirs précieux, de narcotiques tirés de la flore locale et d’autres douceurs rares et raffinées. Bucharis ne pouvait comprendre pourquoi une planète aussi favorisée prenait le risque d’être détruite en osant s’opposer à lui. Il étudia donc la question sur le chemin de retour de Fenris vers Gathalamor.

Malgré de nombreux carnages qui avait ensanglanté leur monde, les Chirosiens demeuraient irréductibles. Le commandant chargé de briser leur résistance n’avait cependant pas encore fait usage de ses moyens de destruction les plus terrifiants, soucieux de ne pas trop endommager la beauté de Chiros, qui pourrait servir de retraite à un Bucharis vieillissant.

Séduit par l’idée du commandant, Bucharis lui dépêcha trois compagnies supplémentaires sur Chiros, persuadé que ces renforts lui permettraient rapidement de goûter aux plaisirs de ce paradis naturel et de chasser sur ses collines verdoyantes. Il n’en fut donc que plus stupéfait quand il apprit que l’officier dirigeant les manœuvres d’invasion avait capitulé devant les Chirosiens. Les Gardes Impériaux n’étaient certes pas les troupes les plus redoutables de l’Imperium, mais jamais une force aussi insignifiante que celle dont pouvait disposer Chiros n’aurait dû pouvoir tenir tête à une compagnie de la Garde.

Des agents spécialement envoyés sur les lieux apprirent alors au Cardinal Apostat que ses hommes n’avaient pas affronté seulement quelques défenseurs faiblement armés et peu motivés, mais toute une population unie et déterminée. Des millions de partisans, armés de fusils de chasse et d’autres armes improvisées, avaient ainsi harcelé ses troupes en leur tendant des embuscades avant de se volatiliser dans les collines ou les forêts grâce à leur parfaite connaissance du terrain. Tout le pays était hostile, n’offrant aucun abri, rendant le ravitaillement impossible et les Gardes Impériaux avaient finalement perdu leurs derniers espoirs de victoire quand un commando suicide était parvenu à détruire leur quartier général avec des explosifs artisanaux.

La Route de Gathalamor

Peu après les événements de Chiros un autre monde, la planète minière de Guryan, se libéra du joug de Bucharis. Armés de pioches et d’instruments de forage, les mineurs esclaves terrassèrent leurs gardiens, escaladant des monceaux de cadavres pour étrangler l’ennemi avec leurs chaînes. Après Guryan, ce fut le tour Dolsia, puis Vaust s’insurgea à son tour et la rébellion se propagea à travers le domaine de Bucharis, directement vers Gathalamor. Alors qu’elle approchait de Colcha, une petite flotte rebelle tomba dans une embuscade tendue par Bucharis et fut intégralement détruite mais une navette parvint toutefois à se poser sur la planète.

Averti de l’atterrissage de cette navette, le Commandeur Fredreich Khust garda ses troupes en alerte totale un mois, puis deux, puis six mais aucune trace de rebelle survivants ne fut trouvée en dépit de recherches intenses. Un an presque jour pour jour après l’anéantissement de la flotte des insurgés, les paisible paysans de Colcha se révoltèrent soudainement. Combattant avec des armes rudimentaires et des outils agricoles, ils incendièrent les récoltes et rasèrent les casernes locales au prix de lourdes pertes. Affolant leur gigantesque animaux de trait, aussi grand que des maisons, ils les utilisèrent pour broyer sous les pieds des troupeaux les escadrons de blindés adverses. Puis ils endiguèrent les rivières pour inonder les villes où les hommes de Khust était cantonnés, n’hésitant pas à ravager leurs propres demeures. Les enfants et les vieillards lancèrent des grenades artisanales faites à partir du carburant local, mettant le feu aux aérations des tank Leman Russ et asphyxiant leurs équipages. Sur les deux continents de Colcha, les habitants ne reculaient devant aucun sacrifice pour se débarrasser de leurs oppresseurs.

Repoussé de Colcha, de Lima Rogan, de Trodor et d’une vingtaine d’autre mondes, Bucharis vit les coffres de son empire se vider plus rapidement qu’ils ne s’emplissaient. Ses soldats commencèrent à déserter tandis que même ses officiers supérieurs s’entre-déchiraient en conflits stériles. Et la série de révolte se poursuivait, telle une flèche dangereusement pointée vers son cœur ! À la fin, Methalor, le système le plus proche de Gathalamor, tomba à son tour quand ses habitants incendièrent la Ruche principale de ce monde en surchargeant ses régulateurs de puissance géothermique.

Le Cardinal Apostat fit donc doubler les défenses de Gathalamor et exigea que tout vaisseau pénétrant dans le système soit abordé et soigneusement fouillé. C’est alors qu’un ambassadeur se présenta à son palais. D’une voie grave et menaçante, le visiteur déclara à Bucharis être l’envoyé du confesseur Dolan Chirossius.

Le confesseur Dolan exigeait la reddition immédiate de Bucharis. Le Cardinal reçu l’ordre d’abdiquer immédiatement et d’implorer la pitié de l’Empereur. Encore plus important, il fut sommé de renoncer à son apostasie et à l’hérésie de ses idées sur le sacrifice des faibles.

Le Grand Confesseur

Les restes de l’émissaire furent cloués sur les portes du palais de Bucharis où ils furent dévorés par les rats. Le confesseur Dolan allait venir en personne sur Gathalamor et le Cardinal Apostat tenait à ce que ses esclaves aient déjà un aperçu du traitement que subirait celui qu’ils attendaient comme un sauveur. Dés son arrivée, Dolan fut effectivement mis aux arrêts pour actes de trahison et d’hérésie envers l’Empereur.

Comme Bucharis l’avait annoncé, le confesseur fut enchaîné et promené dans les rues. Des soldats le lapidèrent, le fouettèrent puis plantèrent dans ses chairs des crochets de fer auxquels ils suspendirent des poids avant de le pousser dans les rues en le ruant de coups. Rassemblée pour assister au supplice, la foule ne sembla pas approuver l’horrible spectacle, mais si aucun bravo ne se fit entendre, aucun cri de protestation n’osa s’élever non plus.

Dolan fut ainsi montré à travers le continent durant plus de six mois de tortures interminables. Ses bourreaux lui interdisaient de dormir et ne lui accordaient qu’une poignée d’eau croupie pour toute nourriture, mais jamais il ne baissa la tête sous leur coup et jamais sa fierté ne fut brisée en dépit de tous ces tourments.

Bucharis organisa ensuite un procès public au cours duquel il accusa le confesseur de blasphème, d’hérésie, de trahison, de sédition et de rébellion. Le Cardinal Apostat tenait à se que Dolan soit exécuté, mais sans que cela en fasse un martyre. Dolan devait être sali et humilié, déclaré coupable de toute les charges retenues contre lui. C’est seulement une fois jugé et condamné comme ennemi de l’Humanité qu’il mourrait, d’une façon lente et douloureuse.

Le procès fut retransmis dans tous les systèmes contrôlés par Bucharis, de manière à ce que nul ne puisse remettre en cause sa validité. Il ne fut évidemment pas équitable, mais le Cardinal Apostat fit en sorte de faire croire le contraire. Les procédure correctes furent suivies et des centaines de témoignages furent récoltés et comparés. Le confesseur accepta de se défendre lui-même et quand les chefs d’accusation furent tous établis, au terme de cinq longs mois, des milliers de mondes attendirent sa plaidoirie avec impatience.

Dolan révéla comment il avait mis en garde le peuple de Chiros contre la tyrannie Bucharis et sa fausse doctrine et comment il avait donné aux villageois et aux chasseurs la volonté de lutter unis pour leur liberté. Son témoignage prouva alors la puissance de sa foi. Ses yeux s’enflammèrent d’un zèle religieux, de grands gestes ponctuèrent ses paroles et sa conviction atteignit les âmes de ceux qui l’écoutaient. Certain le crurent dément, mais à n’en pas douter il était loyal à l’Empereur et prêt à endurer les pires sacrifices pour faire tomber Bucharis, tant et si bien que nombre de ceux qui entendirent son indignation se mirent à partager la ferveur de sa haine à l’encontre du Cardinal Apostat.

Le confesseur parla trois jours durant. Il décrivit comment il avait persuadé les fermiers de Bellis XIV de charger l’ennemi sur leurs massives machines agricoles tout en sachant qu’ils y perdraient la vie. Il reconnut avoir mené les Farradites à l’assaut de la Tour Immortelle en leur faisant continuer le combat après que neuf milles des leur aient déjà été tués par les mines antipersonnelles ou les batteries de canons. Il expliqua également comment il avait incité le peuple de Tsero Primis à saboter son propre réseau géothermique afin de morceler les continents de la planète et d’y déclencher des séismes et des éruptions volcaniques. Ces sacrifices n’étaient pas vains, hurla-t-il car tous firent reculer le Mal et l’hérésie des ennemis de l’Empereur !

Bucharis prit la parole une fois la tirade de Dolan achevée et démontra qu’il s’était lui-même condamné en avouant librement tous les crimes odieux dont il était accusé et en ne récusant pas même une seule des charges portées contre lui. Il souligna la flagrante opposition du confesseur à l’autorité de l’Ecclésiarchie et le qualifia d’anarchiste idolâtre, assurant qu’il menaçait en cela la stabilité de l’Imperium. Puis il déclara que ses actes de rébellion et d’hérésie ne méritait pas d’autres châtiments que la mort et il le fit mener dans un donjon en appelant la miséricorde de l’Empereur sur son âme condamnée.

Dolan fut cruellement torturé par les bourreaux de Bucharis pendant prés de huit longs mois, puis il mourut enfin et fut jeté aux chiens errants et aux corbeaux. Son corps avait été meurtri au delà de toute imagination, de hideuses cicatrices et brûlures témoignait des souffrances effroyables qu’il avait traversé, mais son visage rayonnait d’une sérénité calme et paisible en dépit des horribles tourments qui lui avait été infligés. Ceux qui le virent pleurèrent alors sincèrement au risque d’être eux-mêmes condamnés à mort pour hérésie, et les nécrophages ne firent jamais festin de ses chairs, car son cadavre disparut et ne fut jamais retrouvé.

La Mort du Tyran

L’espoir que Bucharis avait eu de discréditer le confesseur avait échoué, car Dolan avait en fait employé son procès à répandre son message à travers les étoiles, d’une manière plus efficace que toute autre. À la nouvelle de sa mort, des éruptions de colère ébranlèrent le domaine du Cardinal Apostat et des milliers de mondes s’unirent contre l’oppresseur, animés d’une même fureur. Inspirés par le sacrifice du confesseur, des millions d’hommes, de femmes et d’enfants affrontèrent les soldats de Bucharis de leurs mains nue. Quelques officiers décidèrent de trahir leur maître et ouvrirent les portes de son palais aux révoltés afin de les laisser accomplir leur vengeance.

Tandis que les derniers fidèles retenaient la marée humaine qui le poursuivait, Bucharis se résigna à renoncer à son empire pour sauver sa vie et s’engouffra dans un réseau de tunnels qui menait à un spatioport où l’attendait une navette d’évacuation. L’un de ses officiers les plus proches le trahit toutefois pour échapper à la vindicte des révoltés. Avertis de la fuite imminente du Cardinal, les habitants de Gathalamor trouvèrent le spatioport et l’encerclèrent, se jetant eux-mêmes sur les clôtures électrifiées afin d’en court-circuiter les générateurs. Bucharis fut happé par la foule et mis en pièce par les mains de plusieurs centaines de milliers d’esclaves assoiffés de vengeance. Sa dépouille ne fut jamais retrouvée, mais quand ses anciens esclaves se dispersèrent, ils laissèrent les cendres éparpillées d’un brasier à l’emplacement de sa mort.

Source

Pensée du Jour : « L’innocence cache parfois la quintessence de l’horreur. »
  • Codex Sœurs de Bataille, V2