Expédition Farsight

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L'Expédition Farsight

La machine de guerre impériale s’était retirée de l’espace T'au pour faire face à une nouvelle menace galactique : les Tyranides de la Flotte-Ruche Béhémoth. Ce faisant, ils ont laissé les mondes du Golfe de Damoclès en faible garnison. O'Shovah, Commandeur Farsight fut chargé de les récupérer, mais des complications inattendues allaient changer le cours de sa vie à jamais.

Le Temps Des Interrogations

L’Empire T’au avait affronté un adversaire d’une puissance inouïe et en était sorti victorieux, mais le prix de cette victoire avait été élevé. Chacun des mondes installés de l’autre côté du Golfe de Damoclès avait été abandonné à l’Imperium au début de sa croisade, et l’un des sept premiers mondes de l’Empire avait été gravement endommagé. La notion de suprématie naturelle des T’au dans l’univers avait été ébranlée jusqu’à la moelle.

Le maître Éthéré Aun'Va pensait que cette période de doute pourrait avoir de profondes conséquences. Il rapporta au Haut Conseil que la Caste du Feu avait subi ses premières défaites à grande échelle, et la perspective que l’Imperium n’ait engagé qu’une petite partie de sa puissance était extrêmement déconcertante. De plus, il avait des raisons de croire que la foi du peuple T’au en sa destinée à régner sur la galaxie était en train de se fissurer. Cela ne pouvait être toléré. Sans ambition et sans foi, le Tau’va s’affaiblirait et mourrait.

Pour Aun’Va, il fallait non seulement récupérer les mondes perdus de l’autre côté du Golfe de Damoclès, mais aussi établir plus de bases et de stations orbitales que jamais. Ce n’est qu’à cette condition que les T’au seraient convaincus que la guerre avec l’Imperium n’était qu’un revers, et non le premier signe d’une fin inévitable. Aun’Va implora le Suprême éthéré Aun’Wei, dont les jours touchaient à leur fin, de lui accorder le droit de lancer une reconquête du Golfe de Damoclès, et il comprit la sagesse des paroles d’Aun’Va. Après de longues délibérations, Aun’Wei accepta non seulement les plans de reconquête d’Aun’Va, mais aussi la proposition d’O’Shovah d’en prendre la tête. Les T’au allaient repartir vers les étoiles, leur optimisme et leur confiance en eux ravivés par le meilleur esprit militaire de leur temps. La puissance et le soutien de toutes les castes, y compris les Éthérés, seraient derrière lui.

Héros de L'Empire

La nouvelle de l’incroyable capacité de Farsight et de son aptitude à la guerre s’était répandue dans tout l’Empire. Depuis la reconquête d’Arkunasha et l’expulsion réussie de l’Imperium de Dal'yth, le commandant O’Shovah était salué par tous les rangs de la Caste du Feu à chaque fois qu’il les croisait, et son conseil était suivi par toutes les castes autres que les Éthérés.

La décision d’Aun’Va de confier la reconquête à Farsight n’a pas été prise à la légère, mais lorsque l’affaire a été réglée, elle a bénéficié de toute la puissance du maître. Au cours des premières semaines, O’Shovah passa du statut de héros à celui de sauveur. Utilisant les arts persuasifs de la Caste de l'Eau, Aun’Va lança une campagne de propagande qui fit des succès militaires d’O’Shovah des légendes très répandues. Des statues à la gloire de Farsight furent érigées dans tous les principaux dômes de combat, complexes de modules et ports navals des mondes de la Première Sphère. Les guerriers du feu de tous rangs possédaient des images ou des holo-captures de Farsight, parfois même exposées aux côtés de celles d’Aun’Wei et d’Aun’Va. Pour O’Shovah, ces attentions étaient déconcertantes et malvenues. Le commandant recevait le salut du chasseur tant de fois par jour qu’il craignait d’user les articulations de ses bras avant même que la croisade ne commence. Pourtant, il supporte tout cela stoïquement, comprenant que l’empire a besoin de ses héros.

La Grande Reconquête

Dans les conseils des Éthérés, on craignait qu’O’Shovah ne soit pas à la hauteur de la propagande. Le Golfe de Damoclès ne tomberait pas deux fois sous les coups des diplomates T’au ; cette fois, la Caste du Feu devrait mener la charge sur tous les mondes. Si Dal’yth était une indication de la menace de l’Imperium, le sang serait versé en grande quantité, et ces mondes n’avaient pas peu d’accès à des renforts. Aun’Va sourit en connaissance de cause et balaya leurs inquiétudes du revers de la main.

Le résultat final de tous ces efforts fut la mobilisation de la plus grande flotte que l’Empire T'au n’ait jamais connue. Le nombre de cuirassés, de navires de guerre, d’escortes, de vaisseaux de colonie, de Sphères de Guerre, de remorqueurs à impulsion gravitationnelle, de largueurs et de patrouilles d’avant-garde rassemblés pour la coalition dépassait l’entendement. Une fois les préparatifs terminés, Aun’Wei prononça l’un de ses derniers discours et la flotte de la Grande Reconquête fut lancée dans le Golfe de Damoclès au milieu d’une grande célébration. Quelque chose dans les tripes de Farsight lui donnait un sentiment étrange, mais il était tout de même le modèle d’un noble commandant. Si l’Empire avait besoin d’un conquérant, il serait un conquérant.

Le Codex Fissuré

Pendant les heures du voyage à travers le Golfe où il n’était pas en stase, Farsight rassembla tous les rapports d’action et toutes les captures de drones qu’il pouvait se procurer pendant la guerre pour Dal’yth. Avec l’aide du commandant Brightsword et de son vieil allié O’Vesa, O’Shovah se fit peu à peu une idée précise de la doctrine de guerre impériale. Jour et nuit, il étudia la façon dont les armées de l’Humanité agissaient et réagissaient dans différentes situations et sur différents théâtres de guerre ; comment elles faisaient des chutes de planètes, ce qu’il fallait pour les provoquer et ce qu’il fallait pour les briser. Certains éléments des armées de l’Imperium, notamment les Hammers of Dorn, adhéraient à une méthodologie qui relevait presque du fanatisme. La diligence et la précision avec lesquelles ils observaient leur doctrine militaire étaient telles qu’en les étudiant, le commandant Farsight fut en mesure d’écrire leurs impératifs tactiques comme un ensemble de commandements.

Lorsque sa coalition a traversé le golfe de Damoclès, O’Shovah a rassemblé une grande partie de ce que lui et ses lieutenants appelaient le "schéma de guerre humain", un Code que les troupes de l’Imperium devaient, selon lui, respecter à tout moment. Ce faisant, il en apprit beaucoup sur les points faibles de la doctrine militaire traditionnelle des T’au et commença à ajuster son répertoire de stratégies pour compenser ces lacunes. Lorsque les T’au arrivèrent de nouveau de l’autre côté du Golfe, Farsight utilisa ses nouvelles connaissances sur l’Imperium à des fins spectaculaires. Le gros de leurs forces armées dans le secteur s’étant retiré pour engager la Flotte Ruche Béhémoth, le commandant O’Shovah se retrouva à mener une série de campagnes dans lesquelles il avait l’avantage dès le départ.

Les Forces de Défense Planétaires laissées en garnison sur les mondes du secteur Timbra, bien que fortes de plus de cent millions d’hommes sur des planètes telles que Vespertine et Matinsong, furent entraînées dans une série de "simulacres de guerre" par les forces T’au d’avant-garde. À chaque fois, de modestes raids attiraient les défenseurs qui espéraient s’assurer un front qu’ils étaient les seuls à considérer comme pertinent. Une fois qu’ils s’étaient engagés, le reste de la force de Farsight tombait du ciel et portait un coup fatal d’une telle efficacité qu’il aurait impressionné Puretide lui-même.

Encore et encore, la clairvoyance d’O’Shovah s’avéra payante, et l’Empire T’au se réjouit de chaque nouvelle conquête. Grâce à sa perspicacité militaire, son travail acharné et sa verve, le commandant Farsight s’était montré à la hauteur des déclarations exagérées que les Éthérés avaient faites en son nom. Monde après monde, bataille après bataille, le Golfe de Damoclès fut ramené au bercail.

Les reconquêtes des quatre principaux mondes situés de l’autre côté du golfe ont été extrêmement sanglantes. L’incroyable capacité de Farsight à devancer ses ennemis lui a permis de remporter une série de victoires impressionnantes, mais alors que l’anarchie des batailles se répandait dans le secteur, l’Imperium a infligé à l’expédition de nombreuses blessures. Lorsque la Flotte atteignit le dernier système de la région précédemment colonisée, il restait moins de la moitié des vaisseaux d’origine. O’Shovah ressentit vivement chaque perte, non seulement comme un revers militaire, mais aussi comme une blessure émotionnelle et spirituelle. Ses conseillers Éthérés lui avaient clairement fait comprendre qu’il n’y aurait plus de renforts, pas aussi loin de l’Empire.

Les T’au n’étaient pas les seuls à avoir profité du retrait des armées de l’Imperium. Lorsque la coalition arriva, la ceinture d’astéroïdes à l’est des enclaves était infestée d’Orks. La Flotte T’au organisa une série de raids rapides pour repousser les pillards Orks de leur territoire reconquis, chaque fois avec succès et efficacité. Cependant, alors que les drones spatiaux effectuaient leurs balayages aériens, l’horrible vérité devint évidente : presque tous les astéroïdes suffisamment grands pour les contenir grouillaient d’Orks, et si les relevés de la flotte étaient corrects, la ceinture d’astéroïdes n’était que la pointe d’un empire qui s’étendait jusqu’au système stellaire suivant.

L’expédition de Farsight était sur le point de remporter une victoire totale, mais la présence des Orks le perturbait grandement. Il médita sur ces nouvelles informations pendant de nombreuses heures et, de retour sur la passerelle de commandement de son vaisseau, il donna un ordre qui allait ébranler l’Empire T’au jusqu’au plus profond de lui-même. Il annonça que la destruction des Orks était une priorité plus importante que la conclusion de la reconquête ; il mettrait tout en œuvre pour les exterminer, en ciblant toutes les planètes qu’ils avaient infectées, dans ce système et dans le suivant. C’était la première fois qu’un T’au de quelque rang que ce soit désobéissait à un ordre direct du Conseil éthéré. La décision d’O’Shovah était une violation impensable de la chaîne de commandement. Pour les Enclaves de Farsight nouvellement revendiquées, ce n’était que le début.

La Bête Ascendante

Alors qu'il ne lui restait plus qu’un seul monde à reconquérir pour mener à bien sa mission, Farsight quitta les enclaves du Golfe de Damoclès pour se lancer à la poursuite de ses vieux ennemis, les Orks. Ce faisant, il déclencha une guerre à l'échelle du système qui devint incontrôlable, scellant son statut de renégat et détruisant presque tout ce qu’il avait accompli en tant que leader.

Alors que les autres Castes de l’expédition Farsight commençaient à repeupler les enclaves, la flotte d'O'Shovah se préparait à la guerre. Ne laissant qu'une petite garnison pour défendre les colonies, Farsight se dirigea vers la ceinture d'astéroïdes de Vorac pour la débarrasser des Orks. Son plan était que la marine T’au utilise son rayon d'action supérieur pour éliminer les Orks sans risquer la moindre vie. Bien que le concept soit solide, le plan de Farsight a rapidement échoué.

Les scanners à longue portée révélèrent une vérité incroyable : les astéroïdes ne cachaient pas la flotte Ork, ils étaient en fait la flotte Ork. De gigantesques amas de débris avaient été recouverts de ferraille et d’armes, avec des moteurs rudimentaires de la taille de bio-dômes attachés à l’arrière. Farsight ne perdit pas de temps à comparer les symboles gravés sur les astéroïdes avec ceux des invasions Orks qui avaient frappé les mondes sept par le passé. En effet, ces Peaux Vertes avaient été rencontrées bien des années auparavant, s’attaquant aux voies spatiales de Dal’yth. Après une courte guerre, la menace avait été déclarée neutralisée. Les Orks s’étaient manifestement réfugiés aux confins de l’Empire T’au, espérant s'attaquer aux colonies nouvellement établies, comme un chasseur de la savane recherche les proies les plus jeunes et les plus infirmes.

Extrêmement vexé par cette révélation, Farsight élabora un plan méticuleux visant à exterminer tous les vaisseaux astéroïdes Orks. Avec les meilleurs pilotes de l’amiral Kor’O’Li’Mau’Teng à la pointe de chaque fer de lance, les T’au s’abattirent sur la maladroite flotte Ork à une vitesse vertigineuse. Chaque astéroïde pouvait à peine tourner ses canons vers les T’au que ses moteurs étaient pulvérisés par la caste de l’air. Ce spectacle se répéta pendant des semaines, et la progression de Farsight pouvait être suivie par la chaîne de lumières brûlantes qu’il piquait à travers les étoiles.

Le nombre de bases Ork constituait leur seule véritable défense, bien que la tactique désormais acceptée consistant à tuer le chef Ork et à jeter ses partisans dans l’anarchie était pratiquement impossible à mettre en œuvre. En outre, tandis que Farsight détruisait méthodiquement base après base à la périphérie de la ceinture de Vorac, des centaines de vaisseaux astéroïdes les plus éloignés accéléraient vers les mondes du système suivant.

Une fois la plupart des vaisseaux astéroïdes Ork détruits ou repoussés, Farsight informa son trio de conseillers éthérés que la menace des Peaux Vertes était considérablement réduite et qu’il pouvait dépêcher une bonne moitié de la flotte pour retourner dans les enclaves. Ils acquiescèrent sagement, mais alors que Farsight s’apprêtait à partir en triomphe, ils eurent quelque chose à révéler : L’amiral Kor’O’Li’Mau’Teng avait été tué par un tir venue d’une base de missiles cachée alors qu’il supervisait un ordre d’extermination. Les yeux de Farsight s’étrécirent un instant, mais il s’inclina très bas et demanda l’autorisation d’aller méditer dans ses quartiers. Lorsqu’il en ressortit, sa détermination s’était encore durcie. La Flotte ne reviendrait pas, pas tout de suite. Les Orks seraient poursuivis et brûlés jusqu’au dernier.

La Fierté D’un Guerrier

À l’insu d’O’Shovah, son attaque dans la ceinture de Vorac avait déclenché la guerre contre un ennemi qui avait non seulement combattu les T’au auparavant, et y avait survécu, mais qui en était venu à comprendre la caste du Feu à son tour. Grog Dentd’fer, Boss de Guerre d’Alsanta, avait appris à ses dépens que les T’au étaient plus rapides que les Orks dans l’espace. Il avait donc prévu de les éloigner des Enclaves et de les attaquer à bout portant sur les planètes les plus accidentées et les plus encombrées qu’il pouvait trouver, avec de nombreux abris et cachettes pour entamer ce qu’il considérait comme "un combat digne de ce nom".

Les vaisseaux astéroïdes restants de la ceinture de Vorac se répartirent en deux Flottes à mesure qu’ils s’approchaient du système Magi, aux confins du Golfe de Damoclès. L’armada de Farsight les surveillait du mieux qu’elle pouvait. L’un des groupes plongea vers le monde désert d’Arthas Moloch, l’autre vers la planète Atari Vo tenue par les T’au. Un grand astéroïde en forme de poignard vola au cœur de cette dernière flotte, et après avoir médité sur l’anomalie, Farsight conclut qu’un vaisseau amiral en forme d’arme plairait à un chef Ork. Il donna l’ordre de se diriger vers Atari Vo, et son hypothèse se révéla exacte : l’astéroïde en forme de poignard était bel et bien le vaisseau amiral de sa proie.

La Descente de Grog

Faisant signe aux T’au qui s’étaient installés sur Atari Vo lors de l’Expansion de la Deuxième Sphère, Farsight se prépara à faire tomber la planète et à se joindre à la Caste du Feu de la planète contre l’invasion imminente des Orks. Les T’au atariens et leurs renforts de Dal’yth étaient encore en train d’organiser leur propre flotte pour attaquer les astéroïdes lorsqu’ils reçurent le message glaçant de la flotte de Farsight : les astéroïdes ne ralentiraient pas à l’entrée de la planète. Les Orks avaient l’intention de les écraser sur la planète avec autant de force que possible. C’était la même chose qu’à Arkunasha, mais cette fois-ci, la cible était un monde de villes et de jardins au lieu d’un désert de la taille d’une planète.

Dans un premier temps, les T’au furent déconcertés par la présence de Farsight de ce côté-ci du Golfe de Damoclès et réfutèrent ses affirmations, mais au fur et à mesure que les astéroïdes fonçaient, la vérité devint terriblement claire. Ils se sont écrasés sur le principal continent de la planète, Vo’hai, et chacun d’entre eux a fauché des millions de vies. Le vaisseau amiral en forme de poignard au cœur de la Flotte s’enfonça profondément dans la capitale, Tau’rota’sha, joyau des villes aux murs blancs d’Atari Vo. En l’espace de quelques secondes, elle fut réduite à un cratère explosif.

Les T’au survivants espéraient que les Orks étaient morts en exécutant leur tactique démente, mais ils furent horriblement déçus. Protégés par les puissants boucliers de chaque vaisseau de guerre, les Orks sortirent des décombres dans une tempête d’agression. Partout où les T’au les attaquaient, les Orks ripostaient avec des faisceaux d’énergie crépitants et des armes T’au récupérées. La puissance de feu qui jaillissait des rangs Orks était sans commune mesure avec ce que les T’au avaient rencontré auparavant, et les cratères créés par leur chute de planète offraient une couverture suffisante pour résister aux solutions de tir de la caste du Feu.

Les armées de Farsight s’amarrèrent aux stations d’atterrissage de la planète et rejoignirent la bataille qui se déroulait sur la planète en contrebas, mais il devint rapidement évident qu’elles combattaient une race d’Orks très différente des primitifs qu’elles avaient rencontrés sur Arkunasha. Des chefs imposants, vêtus de manteaux recouverts de glyphes, lançaient des décharges de feu vert aveuglant à partir de leurs canons à plusieurs barils, chacun étant assez puissant pour transpercer une Exo-Armure de combat. Des Hammerheads et des Sky Rays capturés surgirent des rochers, des tirs de plasma jaillissant de leurs coques aux ailes d’acier et s’enfonçant dans les rangs de leurs anciens propriétaires. Des Kopters d'la Mort Orks tourbillonnants crachaient des grêles de feu, forçant les T’au à se mettre à couvert tandis que d’autres Orks jaillissaient de la brèche. Sur des dizaines de sites d’impact, la bataille s’intensifia encore et encore jusqu’à ce que le sang T’au se mêle à l’exsudat noirâtre des Orks tombés dans les décombres.

Le salut fut finalement apporté, non pas par la caste du Feu, mais par leurs frères de la Caste de l'Air. Des bancs entiers de Barracudas et de Tiger Sharks furent envoyés, précédés par des vagues de Piranhas qui, avec leurs canons à rafales, fauchaient les Orks les uns après les autres. Le vaisseau lance-missiles Manta, Or’es Por’kauyon massacra les Orks les plus proches de l’épave du vaisseau-dague avec une tempête de tirs de Canon Rail, et les bombardiers Sun Shark descendant d’orbite basse nettoyèrent les ruines avec des chaînes de bombes à plasma. Alors que d’autres pilotes se joignaient au combat, les Orks s’enfuyaient dans les ruines de leurs cratères d’impact. Alors que ses ennemis fuyaient, Farsight prit l’avantage, menant un groupe de ses propres guerriers par-dessus le bord du cratère d’impact du vaisseau-dague et s’abattant sur les Orks en contrebas. Ce n’est qu’à ce moment-là que la véritable ruse de Grog apparut au grand jour.

Des milliers d’Orks se déversèrent dans le cratère et s’abattirent sur la force de Farsight comme les mâchoires d’un étau. Les toiles ne pouvaient pas tirer dans toutes les directions à la fois, et ils furent submergés quelques minutes après le déclenchement du piège. Le dernier combat se transforma en massacre lorsqu’un Boss de Guerre à la carrure imposante et à la tenue ostentatoire s’élança dans la bataille. Sous le coup de l’émotion, Farsight ordonna à ses équipes en Exo-Armures de combat de s’extraire de la mêlée à l’aide de leurs jet packs. Ils tirèrent sur les Orks en contrebas pendant qu’ils s’envolaient, en abattant un grand nombre dans leur geste d’adieu, mais le fait est qu’ils avaient foncé tête baissée dans un piège.

Les T’au qui s’étaient échappés se réunirent à nouveau dans les stations spatiales, concédant les zones de combat autour de chaque astéroïde et élaborant des plans pour une contre-attaque à l’échelle de la planète. Humilié par sa défaite au cratère, Farsight ne joua qu’un rôle de conseiller dans la guerre qui s’ensuivit. Il risqua sa vie à maintes reprises pour se racheter d’avoir mené tant de gens à la mort, mais la tâche sur son honneur demeura.

L’armée de la planète a isolé et finalement détruit les envahisseurs Orks au cours d’une campagne difficile et coûteuse. Une fois la victoire assurée, Farsight quitta Atari Vo en jurant de ne pas commettre les mêmes erreurs. Mais dans son introspection, il avait une fois de plus sous-estimé la ruse du Boss de Guerre Grog…

La Guerre Dans les Enclaves de Farsight

Lorsque la Flotte d’O’Shovah émergea à nouveau du Golfe de Damoclès, il fut choqué de constater que les enclaves étaient en état de guerre totale. La panique s’emparant de lui, la Flotte ordonna à sa flotte de se rapprocher de Vior'los, le plus peuplé des mondes, et les communications à longue portée confirmèrent les pires soupçons d’O’Shovah : les vaisseaux astéroïdes épars qui n’avaient pas été détruits étaient tombés du ciel sur les planètes vulnérables de l’enclave. Comme auparavant, les vaisseaux astéroïdes avaient été utilisés comme armes, le ciel nocturne étant désormais vide là où brillait le collier d’astéroïdes. La majorité des militaires étant en campagne, les garnisons qui défendaient chaque monde se livraient à une bataille désespérée pour leur survie.

Farsight rencontra ses commandants au nouveau quartier général de la Caste du Feu, une gigantesque cité-disque planant en relative sécurité au-dessus de l’océan de Vior’los. La situation était à peu près la même sur les mondes voisins de Lub’grahl et de Tinek’la ; même le monde océanique de Salash’hei était rôdé par des Cuirassés Orks à coque de fer. Les Peaux Vertes se déchaînaient dans toutes les enclaves, et la Caste du Feu avait déjà prévu de replier les survivants dans des zones d’évacuation.

D’une voix posée et maîtrisée, O’Shovah demanda comment ils avaient pu laisser les événements en arriver là. Ils rapportèrent que la guerre avait été suspendue jusqu’à ce qu’un grand potentat Ork apparaisse et unisse leurs armées. Depuis, ils perdaient rapidement des territoires. Farsight serra les poings en réalisant que le seigneur de guerre qu’il avait traqué jusqu’à Atari Vo s’était échappé, pour faire marche arrière et frapper les mondes vulnérables de l’enclave pendant que leur commandant était occupé ailleurs. Ordonnant à ses lieutenants de rester en arrière et de combattre à sa place, Farsight quitta rapidement le haut commandement de la Caste du Feu, grimpa dans le berceau de commandement de son Exo-Armure XV8 Crisis et s’envola vers l’horizon.

Les mois passèrent et la guerre pour les enclaves se poursuivit. Bien que les armées d’O’Shovah fussent dirigées avec compétence par ses lieutenants, sans leur chef, elles ne pouvaient rien faire pour empêcher les hordes bouillonnantes d’Orks de remporter une victoire totale. Des murmures de désaccord, et même de colère, commencèrent à jaillir dans les coins des enclaves. Comment leur chef pouvait-il les abandonner au moment où ils en avaient le plus besoin ? Où était le héros d’Arkunasha ? Le grand esprit qui avait vu les Orks vaincus sur Atari Vo allait-il vraiment abandonner les siens ?

Méditation et Vengeance

Consterné par ses propres échecs, Farsight se résolut à réfléchir longuement aux événements qui l’avaient conduit jusqu’ici. Les Orks étaient sur le point d’entraîner la ruine totale des enclaves et étaient tellement enivrés par le parfum d’une victoire imminente que même le meurtre de leur chef de guerre ne les arrêterait pas. Farsight chercha à savoir comment il pourrait amener les planètes elles-mêmes à les aider, comme il l’avait fait sur Arkunasha. Mais cette fois, l’ampleur de la guerre était bien plus grande. Dans sa quête de sagesse, il frôla l’océan salin de Vior’los, puis plongea dans l’eau, jusqu’à l’obscurité du fond de l’océan. Là, il s’installa en transe, assis les jambes croisées dans le manteau du héros pendant sept longs cycles. Les requins-nuits et les poissons luisants bulbeux tournoyaient dans les bulles qui s’échappaient des fissures océaniques autour de lui, tandis qu’il cherchait l’inspiration dans les vérités froides de l’eau.

Une fois ses méditations sous-marines terminées, Farsight quitta l’océan pour s’envoler dans les cieux, l’ombre de son Exo-Armure de combat survolant les vagues en direction des grands volcans au centre de la masse continentale de Vior’los. Les jets de son Exo-Armures de combat s’équilibrant contre les vents autour de lui, O’Shovah ouvrit le berceau de commande de son Exo-Armure au-dessus du sommet du volcan dormant O’res, fermant les yeux et sentant l’air s’engouffrer autour de lui jusqu’à ce qu’il en comprenne tous les secrets.

Une fois son état de transe terminé, il reprit son voyage et s’enfonça dans un canyon au cœur de la chaîne de montagnes. Il s’aventura dans les tunnels sulfureux qui s’enfonçaient sous la croûte de la planète, et avec les fumées toxiques et les gouttes de lave qui serpentaient autour de lui, il s’allongea sur le dos et communia avec les éléments de la terre, s’apprenant à penser comme la colère lente mais incroyablement forte du noyau de la planète.

Enfin, O’Shovah s’envola vers les brasiers qui balayaient les forêts de Vior’los, enflammés par la guerre qui faisait rage à la surface de la planète. Il descendit dans les nappes de flammes ardentes, les protocoles de danger de son Exo-Armure de combat s’allumant en rouge alors que ses couches extérieures atteignaient un niveau de chaleur critique. Il sentit sa chair commencer à brûler, l’odeur de la viande rôtie emplissant lentement son berceau de commandement. Sa peau commençait à passer du gris tanné d’un natif de Vior’lan à un noir riche et profond, mais il ne criait pas. Lorsque O’Shovah quitta enfin l’incendie, son Exo-Armure Crisis s’envola dans le ciel comme une braise dans la nuit.

Au cours des semaines suivantes, la guerre pour les Enclaves de Farsight connut une série de rebondissements spectaculaires. Au-dessus des plaines cristallines de Tinek’la, d’élégants chasseurs T’au affrontaient depuis des semaines des milliers d’appareils Ork au nez retroussé. Le commandant Farsight les rejoignit soudain de nulle part, ordonnant à tous les pilotes de la caste de l’air de passer outre leurs consoles et de libérer leurs gaz propulseurs, formant ainsi un mur d’émissions volatiles façonné selon ses instructions spécifiques. Il l’enflamma ensuite à l’aide de son fusil à plasma. Une grande tempête de flammes s’abattit sur la planète. Alors qu’ils brûlaient le reste de leur carburant pour s’échapper, les appareils T’au furent portés par les courants thermiques qui en résultèrent et chevauchèrent le front de la titanesque boule de feu tandis que les maladroits appareils Ork se consumaient derrière eux. Ce faisant, la surface a été nettoyée des Peaux Vertes et de leurs spores corruptrices.

Sur le monde aquatique de Salash’hei, le commandant Farsight plongea une fois de plus au fond de l’océan et planta soigneusement les cadeaux qu’il avait demandés à la Caste de la Terre. Son vieil ami, O’Vesa, ne l’avait pas laissé tomber ; les bruits sourds des nœuds de fibrillateurs sismiques en forme de disque réveillèrent la colère des cheminées océaniques de la planète. Bientôt, les mers supérieures furent déchirées par des tsunamis si extrêmes que les cuirassés Ork qui rôdaient dans ses eaux furent tous renversés. Les raz-de-marée des océans mangèrent bien cette nuit-là, mais Farsight était déjà passé à autre chose.

Le paysage de terre de Lub'grahl fut le suivant. La Caste de la Terre avait construit des centaines de nœuds de vie ovales à la surface de la planète, chacun niché en toute sécurité entre les imposantes flèches rocheuses de la planète. Les Orks parcouraient Lub’grahl par milliards, assiégeant le moindre nœud, et les T’au commençaient à mourir de faim. Farsight ordonna à toute la flotte de Tinek’la d’entrer en orbite extrêmement basse et de transporter les nœuds en lieu sûr. Ensuite, O’Shovah lâcha un ensemble de fibrillateurs sismiques d’O’Vesa dans B’oghal, le Grand Abîme. Avant la fin de l’heure, la planète trembla en signe de protestation et chacune des délicates flèches rocheuses s’effondra, ensevelissant les hordes d’Orks sous quarante mètres de roche solide. Les nœuds de vie magnétique ont été redescendus pour s’asseoir sur la nouvelle croûte du monde ; ils ont retrouvé leur pleine productivité en l’espace d’une semaine.

Enfin, Farsight est revenu sur son monde d’adoption, Vior’los, et sa première action a été de mener un rituel de liaison Ta'lissera de masse, afin de revitaliser le moral effrité de ses guerriers. Les autres mondes enclavés ayant été libérés des envahisseurs et les Castes étant à nouveau unies derrière lui, O’Shovah mit en œuvre une stratégie militaire d’une efficacité impitoyable qui élimina les Orks d’un district après l’autre. Il a ensuite utilisé de puissantes tempêtes de feu artificielles pour stériliser l’environnement. Très peu d’espèces indigènes ont survécu à l’extermination que Farsight a déclenchée sur la planète, mais aucun T’au n’a péri dans les flammes.

Alors que ses méthodes d’une efficacité redoutable éliminaient les Orks de ses enclaves, O’Shovah ne fit qu’une concession à ses propres désirs : isoler le chef des Orks, Grog Dentd’fer. Il a finalement localisé le chef des Orks au cœur d’une tempête de feu, attaquant ses propres partisans pour tenter de rétablir l’ordre. On dit que Farsight a vaincu la bête en combat singulier, mais personne n’était là pour en être témoin. Il ne reste de Grog qu’un globe étincelant rempli de cendres, à la surface duquel sont gravés les noms de chacun des mondes de l’enclave.

Bien que les Peaux Vertes ait remporté une série de grandes victoires et qu’il soit redevenu le héros des mondes coloniaux nouvellement fortifiés, la menace des Peaux Vertes n’était toujours pas écartée. Lorsque les Orks de la galaxie entendent parler d’un bon combat, leurs tribus et leurs clans se rendent sur place dans le seul but de recommencer la bataille. Les Enclaves de Farsight ont combattu la menace Ork à maintes reprises, notamment à Arthas Moloch.

La Tragédie Molochite

Dix années de punition ont suivi la reconquête des enclaves, les cadres d’O’Shovah ayant traqué et exterminé la menace Ork partout où elle se trouvait. Les guerriers en armure rouge de Farsight ont brûlé les planètes infestées d’Orks les unes après les autres. L’une de ces planètes était Arthas Moloch, mais Farsight n’a pas trouvé que des Orks dans les ruines…

Pendant que Farsight poursuivait une flotte de vaisseaux astéroïdes Orks sur le monde d’Atari Vo, un certain nombre de ces étranges vaisseaux s’étaient séparés pour se rendre sur la lointaine Arthas Moloch. En effet, alors que l’expédition d’O’Shovah s’approchait de cet ancien monde, il releva des signes révélateurs d’une infestation Ork dans les zones bâties de la planète. Une inspection plus poussée par les patrouilles de la Caste de l’Air a révélé qu’il y avait peu ou pas d’activité à la surface de la planète. Les Peaux Vertes avaient soit déjà conquis les formes de vie indigènes, soit envahi un monde déjà mort. Sur la passerelle de son vaisseau amiral, les lèvres d’O’Shovah se retroussèrent en un sourire sinistre. Les Orks n’allaient pas manquer de compagnie bien longtemps.

Arthas Moloch était le dernier d’une longue série de mondes à subir la colère de Farsight. Divisés et souvent sans chef, les Peaux Vertes se faisaient lentement mais efficacement démanteler par les Cadres tueurs d’Orks d’O’Shovah. Cependant, un phénomène étrange se produisit dans un temple à huit piliers, surnommé la Grande Estrade Étoilée par la Caste de l’Air : dès qu’un Ork tombait sur la pierre poussiéreuse, une étrange explosion de lumière en jaillissait. Farsight supervisait lui-même cette partie de la purge, et avait tué des dizaines d’Orks avec son propre fusil. Il observa avec fascination la formation d’un disque de lumière multicolore au-dessus de l’estrade, les ombres des Orks en dessous dansant avec une vie propre.

Une soudaine giclée d’énergie jaillit du disque, comme le sang jaillit des lèvres d’un mourant. Lorsque sa lueur s’estompa, la pierre sculptée par les étoiles était couverte d’aliens cramoisis cornus comme Farsight n’en avait jamais vus. Les silhouettes aux longs membres transperçaient les Orks avec des épées si noires qu’elles semblaient à O’Shovah comme des trous dans l’espace, et leurs cris de guerre inintelligibles forçaient le système audio de son Exo-Armure de combat à s’enclencher.

De nouvelles bouffées d’énergie jaillirent du disque enflammé, et des douzaines de Silhouettes Rose Vif firent la roue et s’envolèrent d’où qu’elles touchent. Levant leurs bras comiquement longs vers le ciel, elles envoyèrent des jets de feu multicolores sur les observateurs T’au au-dessus d’elles. Les yeux de Farsight s’écarquillèrent lorsque les flammes s’abattirent sur la proue d’un Piranha qui passait, transformant sa voilure en éclats de verre kaléidoscopique et le précipitant dans la mêlée en contrebas. D’autres flammes jaillirent, transformant les T’au en pierre, en eau, en statues d’os hurlantes.

Farsight ordonna la retraite, ordonnant à ses forces de se replier dans les cieux aussi vite que possible. Ils agirent sans hésitation, laissant derrière eux le cauchemar surréaliste du Grande Estrade Étoilée sans la moindre hésitation. O’Shovah fut le seul à se retourner. Alors qu’il fixait le disque crépitant qui tourbillonnait au-dessus de l’estrade, le portail lui renvoya son regard, bien qu’il sût que c’était impossible, s’agrandissant de plus en plus jusqu’à remplir complètement sa vision. Il lui semblait qu’un vide titanesque, une déchirure dans le tissu de la réalité d’une ampleur stupéfiante, avait arraché le cœur de la galaxie. En son sein se tordaient des billions de morts terribles, chacune l’appelant par son nom.

À cet instant, O’Shovah fut changé à jamais. Il avait vu un danger bien plus grand que celui posé par les races d’Arachen, d’Ork ou d’humains. Ce disque de lumière était un Portail vers une autre dimension, et cette dimension cherchait désespérément à le franchir. Alors que du sang commençait à couler du shio’he situé entre ses deux yeux, O’Shovah perdit connaissance. Son Exo-Armure de combat descendit en spirale pour s’écraser contre un tombeau recouvert de toiles d’araignée, ses systèmes automatisés lui fournissant juste assez de soutien intermittent pour l’empêcher de sombrer dans le coma.

La Bataille de la Grande Estrade Étoilée

Lorsque O’Shovah revint à lui, il découvrit que sa forme inconsciente avait été ramenée à l’infirmerie de son vaisseau amiral. Selon ses conseillers, la situation sur Arthas Moloch était devenue critique. Bien qu’il y ait encore des T’au sur la planète, ils se préparent à évacuer. Attirés par l’attrait de la bataille, les Orks se précipitaient par milliers vers le site de la Grande Estrade Étoilée. Heureusement, les Orks se jetaient dans la bataille contre les mystérieux Extraterrestres à la Peau Rouge qui y étaient apparus, se rapprochant ainsi de plus en plus de l’extinction.

Arthas Moloch Le monde des artefacts d’Arthas Moloch est aussi gris et désolé qu’un tombeau. Sa surface est jonchée de milliers de sanctuaires en ruine et de statues étranges et sans visage, antérieures à tous les mondes de l’Imperium. La surface du monde est fissurée et brisée, donnant l’impression que la planète elle-même est morte il y a longtemps - une impression renforcée par le fait qu’il n’y a pas une seule pousse verte ou un seul morceau de mousse à sa surface. Pas une seule âme vivante n’y habite, bien que les murs en plâtre des tombes de la planète portent les traces brun foncé du sang versé, et que des ombres fantomatiques aient été gravées sur les murs partout où les ruines sont regroupées. Bien que le monde soit stérile comme un os, si un possesseur de capacités psychiques le contemplait avec la seconde vue, il brillerait comme une mine d’or à la lumière du feu. Le sanctuaire est parsemé d’artefacts d’origine ancienne et mystérieuse, chacun étant une merveille inestimable abandonnée dans la poussière.

Bien qu’il ait eu l’impression que sa tête se déchirait et que chaque articulation et muscle de son corps âgé ressentait une douleur lancinante, Farsight a annulé les ordres donnés en son absence. Les T’au n’évacueraient pas, dit-il, ils avaient en quelque sorte provoqué l’éveil de cet étrange cauchemar, et il était de leur devoir d’y mettre fin. Les Éthérés rattachés au conseil approuvèrent d’un signe de tête, insistant sur le fait qu’ils devaient surveiller personnellement la nouvelle menace qu’ils avaient découverte. Les instructions données, la caste du Feu s’apprêta à retourner en force à la Grande Estrade Étoilée.

Escadron après escadron, les vaisseaux largueurs Ork descendirent dans les amphithéâtres et les mausolées qui entouraient le grand temple d’Arthas Moloch, tandis que les Mantas larguaient des Cadres Chasseurs dans les nécropoles infestées d’Orks de l’arrière-pays. Un important détachement de T’au avait été chargé de surveiller les étranges créatures se déversant de la faille, tandis que deux autres détachements majeurs éradiquaient les Orks restants à une distance aussi extrême que possible.

La mêlée bouillonnante qui avait commencé sur la Grande Estrade Étoilée était en train de s’agiter d’avant en arrière alors que de plus en plus d’Orks se joignaient au combat. Alors que Farsight et les Éthérés qui avaient été détachés à son expédition arrivaient à portée de scanner, une paire de créatures massives aux ailes rouges, deux fois plus grandes que l’Exo-Armure de combat de Farsight, jaillirent du disque dans un flamboiement de lumière rouge, fonçant à travers les cieux directement sur eux. D’autres bêtes ailées les suivaient, certaines avec des plumes à la manière des rocs de Vior'la, d’autres avec des ailes de chauve-souris qui aspergeaient de sang les combattants qui se trouvaient en dessous.

Ces terreurs aériennes se séparèrent en deux groupes qui s’enfoncèrent dans la nature. Alors qu’ils s’élançaient dans le ciel, ils rugissaient et hurlaient dans une langue qu’O’Shovah ne pouvait même pas supporter d’entendre, et encore moins de traduire. Ses équipes Broadside furent les premières à ouvrir le feu sur les monstruosités ailées qui fonçaient sur eux. Des tirs de canons à rail lourd percutèrent l’armure de cuivre ornée de la monstruosité de tête, lui arrachant une aile et l’envoyant rouler au sol. Des missiles à tête chercheuse et des bolts à plasma s’ajoutèrent à la fusillade, et la seconde bête se détourna rapidement autour d’un ancien temple, se perdant de vue.

Soudain, une troisième créature ailée traversa une façade en ruine pour s’abattre sur les guerriers du feu qui se cachaient derrière, la hache en airain de l’extraterrestre géant coupant plusieurs T’au en deux à chaque coup. Cette fois, Farsight comprit le cri de guerre de la créature - il s’agissait d’une forme archaïque du langage guerrier utilisé par les Space Marines de l’Imperium. Sa voix grondante résonnait dans les statues et les temples brisés du monde hanté.

« Sang ! » hurla-t-il en éclaboussant de sang les murs d’albâtre, « Du sang pour le Dieu du Sang ! »

La deuxième bête géante tomba d’en haut, ses pattes griffues repoussant Farsight dans les ruines d’une ancienne statue. Un tir du fusil à plasma d’O’Shovah l’atteignit sous le menton, l’envoyant en arrière pendant un moment avant que son fouet ne s’élance et n’arrache le bras de son Exo-Armure Crisis. Les scanners directionnels de l’Exo-Armure de combat détectèrent une forme d’arme derrière lui : l’épée serrée par la statue que sa chute avait renversée.

Farsight se glissa derrière les débris de la statue une fraction de seconde avant que la hache de la bête ne réduise la statue de marbre en poudre. La lame incurvée de la statue se détacha. Roulant sur le côté, Farsight saisit l’épée d’un mouvement souple et la balança violemment vers le milieu du corps de la bête. La créature esquiva facilement le coup, s’élançant dans les airs et bondissant au-delà de sa position. Alors que Farsight poursuivait la bête, il la vit abattre sa hache sur une fontaine proche, d’un coup si puissant qu’O’Shovah put entendre le craquement des dalles en dessous. Un instant avant que Farsight ne la rattrape, la bête bondit dans les cieux et s’éloigne en piqué.

Luttant contre l’envie de continuer sa poursuite, le commandant O’Shovah ordonna à toutes les forces restantes de se rallier à sa position et de rétablir une ligne de combat. Nombre de ses guerriers de feu étaient morts, tués par les bêtes capricieuses qui avaient jailli du portail, mais ses troupes étaient mortes noblement, se battant jusqu’au dernier, et la bataille faisait toujours rage. C’est le spectacle macabre qui l’accueillit sur le site de la dernière attaque de la bête qui fit se serrer la gorge de Farsight, pris de panique. L’Éthéré Aun’Los avait été coupé en deux de la couronne à l’aine, le sang giclant dans la fontaine autour de lui tandis que les moitiés molles de son corps frêle tressaillaient pour la dernière fois.

Un grand cri strident s’éleva des T’au établissant la ligne de bataille alors que la nouvelle de la mort de l’Éthéré se répandait dans les rangs. Farsight s’efforça de rétablir l’ordre, lançant une série d’ordres abrupts pour reformer à la hâte les équipes de combat, tout en essayant de comprendre les transmissions brouillées et confuses qui interrompaient les diffusions à travers son réseau de communication.

Un grand nombre de créatures aux couleurs vives avaient repoussé le deuxième groupe de combat avec leurs étranges flammes spectrales, mais pour une raison quelconque, elles avaient laissé de côté l’une des statues usées à l’est du Dais. Les T’au en profitèrent pour se regrouper sous son ombre. Pendant ce temps, l’Éthéré qui avait rejoint le troisième groupe de combat, Aun’Diemn, avait été encorné à mort lors de l’attaque d’une créature géante ressemblant à un Vautour. Les guerriers de Farsight étaient en plein désarroi, pris au piège avec les Orks d’un côté et les créatures extraterrestres non identifiées de l’autre. Les guerriers du feu étaient au bord de la panique, car plus ils abattaient les créatures, plus elles apparaissaient - c’était presque comme si chaque mort entraînait l’apparition de deux nouvelles bêtes pour remplacer celles qui étaient tombées.

Se branchant sur les flux visuels des Exo-Armures du second groupe, Farsight examina leur environnement. Au milieu du groupe se trouvait une grande statue vêtue, un Étrange Médaillon avec un hexagramme brandi dans sa main. Ce symbole parut étrange à Farsight : lorsqu’il le regardait, la douleur qu’il avait ressentie à la tête semblait s’atténuer. D’instinct, Farsight ordonna à ses guerriers de récupérer l’hexagramme de la statue antique et de le porter en avant contre les bêtes de flammes. Quelques secondes de tension s’écoulèrent avant que l’on apprenne, à bout de souffle, que les extraterrestres multicolores étaient en train de reculer devant lui. Les soldats sans chef d’Aun’Diemn adoptèrent la même tactique après avoir trouvé un médaillon de nature similaire à leur propre point de ralliement.

L’esprit d’O’Shovah s’agita. Il semblait qu’il faudrait des moyens plus ésotériques pour vaincre ce nouvel et inexplicable ennemi. Il prit un moment pour réfléchir aux paroles que Puretide lui avait enseignées au sommet du mont Kanji, il y a bien longtemps : Pour remporter la victoire, le sage doit s’adapter. Ordonnant aux trois groupes de combat de converger vers sa position, Farsight réorganisa son plan de bataille en un instant. Les guerriers de la Caste du Feu et leurs équipes de soutien s’attaqueraient aux Orks, formant un rempart autour de la Grande Estrade Étoilée qui ne pourrait être franchie sous aucun prétexte. Les équipes de crise affronteraient seules ces nouveaux ennemis sur le disque crépitant lui-même, et les médaillons hexagrammatiques seraient apportés à Farsight où qu’ils se trouvent. Par-dessus tout, il a ordonné qu’aucune goutte de sang ne soit versée sur l’estrade - si un pilote d’Exo-Armure était touché, il devait se retirer immédiatement.

La Lame de l’Aube Le mystérieux artefact dont O’Shovah s’est emparé sur Arthas Moloch est encore plus ancien que l’Imperium de l’humanité. Façonnée il y a des lustres par l’étrange race qui habitait autrefois ce monde hanté, la Lame de l’Aube a été forgée à partir de matériaux que même le plus fin des esprits de la Caste de la Terre ne peut comprendre. Sa lame est assez tranchante pour couper la roche, et depuis qu’elle a été récupérée par Arthas Moloch et modifiée pour être utilisée au combat, elle est l’arme de prédilection d’O’Shovah pour les combats rapprochés. À l’insu de Farsight, l’épée antique renferme un sombre secret. Sa lame est faite d’alliages chronophagiques : chaque fois que son porteur abrège une vie avec elle, la durée naturelle qu’il a volée à sa victime s’ajoute à la sienne. Cela a permis à O’Shovah de vivre pendant près de trois siècles. Bien qu’il soupçonne que c’est la Lame de l’Aube qui a prolongé sa durée de vie à ce point, si Farsight découvrait l’horrible vérité, il mettrait probablement fin à ses jours en se suicidant de manière rituelle.

Les guerriers de Farsight furent perplexes face à ces ordres, mais ils les exécutèrent néanmoins à la lettre. O’Shovah et son cadre d’Exo-Armures prirent d’assaut l’estrade de la Grande Étoile, tandis que ses guerriers de feu maintenaient un périmètre défensif afin qu’aucun autre Ork ne puisse participer au combat. Les Crisis Teams armés de lance-flammes réduisirent en cendres les Peaux Vertes qui se battaient encore sur le Dais, s’élançant hors de portée des extraterrestres à la peau cramoisie dès qu’ils s’approchaient.

Tandis que les nuages de feu balayaient le sol, le sang qui recouvrait les dalles séchait et se transformait en une pellicule croûteuse. Les étranges créatures à la peau cramoisie poussèrent un hurlement de consternation, confirmant ce que Farsight soupçonnait : ces bêtes avaient besoin de sang pour survivre. Un avertissement résonna sur l’estrade de la part du brave monat qui était le dernier à revendiquer le titre de Commandant Brightsword. Il avait repéré un trio de bêtes massives et ailées qui plongeaient des cieux. Ils avaient tous leurs haches levées et plongeaient avec un élan téméraire droit sur O’Shovah lui-même.

Le commandant Farsight leva la lame qu’il avait ramassé en signe de salut avant de la faire pivoter vers l’extérieur, et les médaillons hexagrammiques qui pendaient librement autour d’elle décrivirent un arc paresseux en direction du disque crépitant au centre de l’estrade. Un instant avant que les bêtes ailées ne s’abattent sur les T’au, les médaillons arborèrent des couleurs flamboyantes ; une formidable explosion en retour sortit du portail, projetant les T’au dans la poussière. Alors qu’ils s’aidaient mutuellement à sortir des décombres, ils constatèrent que le ciel était dégagé et que toutes les créatures de la brèche avaient disparu sans laisser de traces.

Après cette étrange bataille, Farsight et ses guerriers purgèrent les ruines des peaux vertes restantes. Aucun cri de victoire n’a été entendu, aucun vœu de guerrier n’a été prononcé. Au lieu de célébrer leur double victoire contre les créatures infestant Arthas Moloch, les T’au regagnèrent leur flotte en silence. Le dernier des Éthérés avait été retrouvé, sans tête, entouré de ses gardes du corps inconscients. Les trois Éthérés avaient disparu, laissant les T’au sans guide.

Les enclaves avaient perdu tous leurs chefs spirituels en une seule bataille tragique. O’Shovah ne pouvait se défaire du sentiment qu’il ne s’agissait pas d’un accident, qu’une force infernale conspirait contre son peuple. Bien que toute sa formation et son formidable intellect s’y opposent, les visions qu’il avaot vues dans ce portail crépitant l’accompagnaient nuit et jour, infectant ses pensées de conclusions de plus en plus dangereuses : l’univers ne se résume pas au progrès, à l’unité et à la destinée. Quelque chose se cachait derrière le monde matériel, quelque chose d’immonde, d’affamé et d’incommensurablement mauvais.

Les Rameaux du Doute

Les révélations désastreuses d’Arthas Moloch ébranlèrent les Enclaves Farsight. O’Shovah se retira de ses fonctions, s’exilant pour que les dangereuses vérités qu’il avait apprises ne puissent pas nuire à son peuple. Cependant, le destin avait un autre tour cruel à jouer. Alors même que Farsight luttait pour ses propres combats spirituels, une Flotte Tyranide se rapprochait de plus en plus de son royaume…

Au retour de l’expédition de Farsight, la tragédie qui s’était déroulée sur Arthas Moloch se répercuta dans toutes les enclaves. Bien que les T’au aient connu le doute auparavant, la mort des trois Éthérés de l’expédition plongea des milliards d’âmes dans la confusion et l’angoisse. Comment Farsight avait-il pu permettre que cela se produise ? Sans les conseils des Éthérés, comment auraient-ils pu s’imposer ?

La nouvelle des étranges entités que les cadres de Farsight avaient combattues sur le monde des artefacts s’était répandue, mais dans l’esprit des citoyens de l’Empire T’au, les "Molochites" n’étaient qu’une nouvelle race dangereuse d’extraterrestres et pas grand-chose d’autre. O’Shovah, pour sa part, avait des soupçons plus proches de la vérité - que les créatures grotesques n’appartenaient pas du tout à la dimension physique.

L’existence d’une autre réalité parallèle à l’univers matériel expliquait bien des choses : les créatures de la faille qui apparaissaient et disparaissaient en un clin d’œil sur Arthas Moloch, les tempêtes de lumière qui avaient été « crachés » par la flotte humaine pendant la Croisade de Damoclès, les étranges divinités des humains et des Orks et les diables de rouille d’Arkunasha, qui semblaient sensibles. De plus, s’il était possible de voyager dans ce royaume alternatif, l’Empire n’aurait plus de limites Temporelles ou Spatiales. Avec le recul, il est clair que les Éthérés de l’expédition savaient déjà que de telles choses existaient. Pourtant, ils avaient longtemps caché cette vérité à leur peuple, choisissant de le maintenir dans une ignorance obéissante.

O’Shovah passait de plus en plus de temps à méditer, car il avait commencé à avoir des pensées schismatiques. Sous ses ruminations sur l’existence et les possibilités des dimensions parallèles se cachait la prise de conscience que, sauf à souffrir d’un mauvais moral, les enclaves fonctionnaient très bien sans les conseils des Éthérés. Les demandes répétées de Farsight pour obtenir des renforts des mondes sept centraux étaient restées sans réponse, et pourtant les enclaves avaient réussi à repousser les menaces les plus monstrueuses. Depuis la défaite de la menace des Peaux Vertes, les mondes-colonies étaient tous prospères, sans exception.

Bien qu’il n’osât pas en parler ouvertement, des idées subversives avaient germé de la graine d’amertume dans le cœur de Farsight.

« Peut-être les castes feraient-elles mieux de rechercher une harmonie naturelle », pensa O’Shovah.

Sans que la caste des Éthérés ne les modère et ne les contrôle à tout moment. Leurs actions dans le passé avaient été à la limite de l’ignominie ; leurs crimes de guerre et leur politique du cœur froid avaient semblé nécessaires et sages à l’époque, mais maintenant, rétrospectivement, ils s’étaient révélés comme étant déplorables. On disait que Maître Aun’Va était capable de convaincre n’importe quel T’au à qui il parlait de la justesse de ses actions, aussi radicales soient-elles - était-il possible que les Éthérés aient influencés les autres castes par d’autres moyens que la logique et la loyauté ? Plus O’Shovah y réfléchissait, plus il se souvenait d’incidents où les T’au avaient agi avec une obéissance contre nature en présence des Éthérés. Même le mythe fondamental de Fio’taun, dans lequel les Éthérés sont apparus des étoiles pour négocier la paix entre les castes belligérantes au cours d’une seule nuit, parlait davantage d’une force extérieure agissant sur la société T’au que d’une résolution interne.

Les hérésies se bousculaient dans l’esprit de Farsight, l’amenant au bord de la panique. S’il révélait ces terribles vérités, l’Empire T’au en serait ébranlé. Pire encore, selon toute vraisemblance, elles provoqueraient à nouveau le Mont’au, l’époque de la terreur. Pourtant, les secrets étaient d’une telle ampleur qu’il lui était impossible de les oublier et de continuer à diriger son peuple. Dans un sursaut d’horreur, Farsight réalisa que la menace la plus dangereuse pour l’empire T’au, c’était lui-même.

Abandonnant son Exo-Armure à des champions plus dévoués, O’Shovah s’enfuit dans les plaines brûlantes de Vior’los, s’exilant dans une existence crépusculaire faite de grottes arides et de poussière, avec pour seule compagnie ses sombres pensées.

Un Empire en Deuil

Les Enclaves Farsight Bien que les premières colonies de Damoclès établies par les T’au aient été réduites en cendres par un Imperium vengeur, les forces de Farsight ont mis en place un grand nombre de programmes de remise en état lorsqu’elles sont revenues de l’autre côté du Golfe. Avec la puissance des cinq castes derrière lui, O’Shovah a non seulement repris les systèmes de l’autre côté du Golfe, mais les a remodelés à l’image des Mondes Sept établis. Chacun d’entre eux fut construit en fonction des besoins d’une caste particulière, et les quatre systèmes qui s’étendaient sur les nouveaux mondes de T’au furent reliés entre eux par de nombreuses stations orbitales et balises de relais. Bien qu’O’Shovah ne l’ait pas encouragé, les mondes furent bientôt désignés sous le nom d’Enclaves Farsight. À la fin du 41e millénaire, ils porteront un autre nom : la Zone Interdite.

Au fil des ans, les T’au des mondes sept principaux eurent de moins en moins de nouvelles de l’expédition Farsight. Bientôt, les sondes envoyées à travers le golfe de Damoclès ne réapparurent plus. Le commandant Farsight, dont l’espérance de vie naturelle était dépassée depuis longtemps, fut officiellement déclaré mort. L’Empire T’au tout entier pleura la disparition de son plus grand héros et la fin de sa glorieuse quête pour apporter la lumière du Bien Suprême aux étoiles lointaines.

La vérité devait éclater au grand jour quelques décennies plus tard, lorsque l’orbite de routine d’une sonde d’exploration la conduisit au-delà des enclaves Farsight et vers les sept Mondes Sept au cœur de l’empire. Au lieu d’être dépourvues de toute vie tau, les colonies étaient florissantes. Elles avaient clairement trouvé leur propre voie dans la galaxie, indépendamment des ordres du Conseil Éthéré. Même leurs couleurs et leurs symboles avaient changé. Aun’Va était furieuse. Comment le champion le plus aimé de l’empire avait-il pu tourner le dos à son peuple, faisant passer ses propres intérêts avant le Bien Suprême ? Comment a-t-il pu égarer autant de gens ? La colère chauffée à blanc de l’Éthéré face à la désertion de Farsight se refroidit en une fureur froide bien plus dangereuse.

Depuis la disparition d’Aun’Wei, Maître Aun’Va était devenu l’Éthéré suprême à sa place. Il usa de toute son influence pour détruire le héros qu’il avait créé il y a tant d’années. Il informa le conseil des résultats de la sonde, insistant sur le fait qu’O’Shovah était un dangereux rebelle, une influence rebelle dont l’hérésie devait être condamnée de la manière la plus publique possible. Toutes les images de Farsight devaient être détruites, tous les monuments à sa gloire réduits à l’état de ruines et toute mention de lui effacée de l’histoire. Toute la zone spatiale située de l’autre côté du Golfe de Damoclès fut rebaptisée Zone Interdite, interdite même aux plus anciens des T’au. Dans tout l’empire, les partisans d’O’Shovah furent contraints de se cacher ; ceux qui parlaient en bien de lui furent emmenés pour des séances d’interrogatoire dont très peu sortirent.

Ce n’est que sur sa planète natale, Vior'la, que quelques images de Farsight subsistaient encore, car le commandant avait encore de nombreux partisans sur ce monde. Détruire tout signe de sa présence aurait risqué de provoquer un dangereux retour de bâton qu’Aun’Va, même dans sa colère, avait eu la sagesse d’éviter. Au lieu de cela, l’Éthéré suprême laissa une seule statue se dresser à l’extérieur du dôme de combat de Mont’yr, la transformant d’un monument glorieux en un grave rappel que sans les conseils de la Caste des Éthérés, même les esprits les plus fins pouvaient être détournés de la lumière.

De l’autre côté du golfe de Damoclès, les Enclaves Farsight continuaient de forger leurs mondes pour mieux répondre à leur propre destin. Pourtant, avec la disparition de leur chef depuis tant d’années, ils avaient commencé à considérer O’Shovah comme un lointain souvenir. Une génération après l’autre naquit, vécut brièvement et s’éteignit. Plus d’une centaine d’années s’écoulèrent sans qu’aucun signe n’apparaisse. Au fur et à mesure que le temps s’écoulait sans lui, le commandant Farsight n’était plus qu’un mythe chuchoté.

L’Avènement du Grand Dévoreur

Alors que l’année 997.M41 touchait à sa fin, des rapports à longue portée faisant état d’un étrange nuage galactique parvinrent à la périphérie des enclaves. Il ne correspondait à aucun modèle reconnu jusqu’à ce que le commandant Arra’kon, qui avait été un chef militaire avisé pour les enclaves pendant de nombreuses années, le mette en corrélation avec les données récentes qui lui avaient été communiquées par ses alliés cachés dans les mondes septs centraux. Le silence s’abattit sur le haut commandement de la caste du Feu lorsqu’ils virent ce que les relevés anormaux représentaient : les vrilles d’une Flotte-Ruche Tyranide se dirigeant droit sur eux.

Les T’au avaient beaucoup appris de leur Guerre de Deux Ans contre la Flotte-Ruche Gorgon au début du siècle. Les Tyranides étaient un ennemi sans pareil, capable de s’adapter et de se reproduire à une vitesse effroyable. Il était impératif que la Flotte-Ruche Kraken qui serpentait vers eux soit démantelée avant qu’elle ne tombe sur l’une des enclaves, sans quoi leurs essaims risquaient d’entraîner la mort de tous les êtres vivants qui y vivaient.

Les flottes de la Caste de l’Air de chacune des enclaves furent mobilisées pour intercepter la Flotte-Ruche et conduites dans l’espace par l’amiral Kor’O’Kai de Tinek’la. Tirant les leçons des erreurs commises contre la Flotte Ruche Gorgon, les flottes de Kor’O’Kai isolèrent et détruisirent les éléments de pointe de chaque flotte biologique, découpant des schémas d’attaque hélicoïdaux autour de chaque vrille et les réduisant à l’état de ruines éparses au cours d’une bataille spatiale punitive de six semaines.

En fin de compte, le nombre de vaisseaux tyranides s’est avéré insurmontable, malgré les efforts de la caste de l’Air. Trois des quatre groupes de Bio-vaisseaux furent attaquées et détruites, mais comme la caste de l’Air était pleinement engagée, le quatrième groupe entra dans l’espace du monde colonie au-dessus de Vior’los avec relativement peu d’opposition. Alors que le ciel se chargeait des corruptions des Tyranides avant l’invasion et que la végétation du désert gonflait, une grêle de spores mycétiques commença à pleuvoir de la Flotte-Ruche au-dessus de Vior’los.

L’ermite O’Shovah, qui a vécu plus longtemps que tous les guerriers de la Caste du Feu qui l’ont précédé, a vu le ciel virer au gris pourpre au-dessus de son refuge dans le désert. Les cactus et les lianes qui lui fournissaient de l’eau poussaient de manière incontrôlée et prenaient de nouvelles formes horribles. Quelque chose attaquait son monde, quelque chose qui modifiait la substance de sa maison pour mieux l’adapter à ses besoins. O’Shovah ne voyait qu’une seule raison pour laquelle une entité envahissante augmenterait la quantité de matière biologique sur une planète avant de l’attaquer, l’engraissant comme un veau grox destiné au festin. Les envahisseurs venaient se nourrir et il savait que son peuple avait plus que jamais besoin de lui.

Au milieu de la terreur et du désespoir qui régnaient dans les enclaves, une note de joie résonna sur Vior’los. Un vieux guerrier à la peau sombre était entré dans le Grand Musée de Vior’los en prétendant être Farsight, le célèbre héros d’autrefois, et avait exigé qu’on lui rende sa vénérable Exo-Armure, se soumettant aux tests génétiques requis avec dignité et détermination. Bien sûr, O’Shovah leur est revenu au moment où ils en avaient le plus besoin. La Caste du Feu se réjouit de voir une légende vivante émerger du désert pour les guider. Ils redoublèrent bientôt d’efforts pour repousser les essaims tyranides qui infestaient les plaines de Vior’los.

Après avoir étudié toutes les informations que ses commandants pouvaient lui fournir sur la race Tyranide, O’Shovah coordonna un nouvel effort de guerre qui reposait sur la suprématie aérienne. Un groupe de quatre-vingts équipes XV8 Crisis a attaqué tous les Tyranides ailés qu’ils ont pu trouver, les arrachant du ciel avec des missiles à longue portée, tout en restant bien à l’écart des essaims qui se trouvaient en dessous.

Une fois assurés de leur succès aérien, les guerriers du feu de Vior’los sont montés à bord des pontons d’amarrage anti-grav que Farsight avait réquisitionnés auprès des stations orbitales de la planète et les ont utilisés pour traverser les plaines en ébullition. Partout où se trouvaient des Tyranides plus importants, ils étaient attaqués et détruits par des salves de fusils à impulsion tirées depuis les pontons antigrav. O’Shovah entendait ainsi briser la structure de commandement des Tyranides dans le cadre d’une stratégie mondiale de destruction des liens mentaux qui coordonnaient chaque couvée en une force d’invasion cohérente.

Le Rejet du Mont'ka

Encore et encore, les chefs-bêtes tyranides ont été chassées et détruites par l’application précise de la puissance de feu, et encore et encore, elles ont été renforcées par des spores mycétiques au corps gras qui pleuvaient des cieux. Des milliers de citoyens mouraient chaque jour, les envahisseurs insidieux sondant chaque défense et chaque colonie, exploitant la moindre faiblesse pour percer avec une marée de corps chitineux et massacrer ceux qui se trouvaient à l’intérieur. Chaque fois que Farsight adaptait sa stratégie, optimisant le protocole militaire pour mieux abattre l’ennemi, les Tyranides se renforçaient et s’adaptaient à leur tour. Même si cela le brûlait de l’admettre, le plan d’O’Shovah, qui consistait à couper la tête de son monstrueux ennemi, ne fonctionnait pas.

Farsight convoqua un conseil d’urgence avec les plus grands esprits des enclaves. Son vieil ami, O’Vesa, s’accrochait encore à la vie grâce à un cocktail de drogues antivieillissement de sa propre invention. Il suggéra que si l’art du coup fatal ne fonctionnait pas, il fallait peut-être donner une chance au Chasseur Patient. Les sourcils de Farsight se froncèrent, mais il considéra néanmoins l’idée à sa juste valeur. Leur monde était mûr pour la cueillette, sur le point d’être dévoré par la Flotte Ruche des Tyranides. Aussi horrible que cela puisse paraître, ils ne devraient peut-être pas essayer d’empêcher l’attaque. Au lieu de cela, ils devraient la laisser se produire, puis riposter.

La nuit suivante, Farsight et ses sept commandants les plus fidèles escortèrent O’Vesa jusqu’au centre de recherche de la Caste de la Terre de Vior’los, Fio’ro’tl, au fin fond de la Vallée de la Poussière. L’ancien scientifique pensait que ses collègues et lui pourraient mettre au point une contre-mesure capable d’anéantir les Tyranides avant leur triomphe final. O’Shovah savait que c’était leur dernière chance. Sa planète étant pratiquement envahie, il donna l’ordre au reste des T’au sur Vior’los d’évacuer.

Avant la fin de la semaine, il ne restait plus que douze T’au sur toute la planète - Farsight et ses sept commandants en Exo-Armures, O’Vesa et trois des scientifiques de la Caste de la Terre les plus compétents de Lub'grahl. Leur centre de recherche était gardé par six Exo-Armures, un Broadside et l’une des quelques Exo-Armures qui avaient été "accidentellement" détournés des vaisseaux en route pour la baie de Mu’galath vers les Enclaves Farsight.

Bien qu’O’Shovah ait délibérément réduit les défenses de l’installation autant qu’il le pouvait afin d’échapper à la détection, le huitième jour, les essaims les trouvèrent néanmoins. Des milliers de bêtes armés déferlèrent de toutes parts à travers les ravins et les vallées, des colosses à lames les traquant au milieu d’eux. Farsight transmit ses plus grands respects à ses honorables camarades et se prépara à donner sa vie pour offrir à O’Vesa quelques précieuses secondes de plus.

La bataille qui s’engagea entre les commandants des Exo-Armures et les essaims de Tyranides entra dans la légende. Ob’lotai 9.0, l’Exo-Armure piloté par l’engramme d’IA de l’ancien chef de l’équipe de Farsight, a fait face à des dizaines de Chef-bêtes tyranides depuis son poste d’observation au sommet de la station de recherche. Les Lames à Fusion du septième commandant Brightsword brillaient de mille feux lorsqu’elles tranchaient les monstres géants qui attaquaient les portes, l’ichor extraterrestre s’évaporant en nuages étouffants autour de lui lorsqu’il en abattait un, le propulsait au loin, puis en tranchait un autre. Le sage Arra’kon mettait au point des solutions de tir complexes pour défendre chaque nouvelle entrée, coordonnant les tirs de flammes de Sha’vastos et de Torchstar pour consumer le plus grand nombre possible de bêtes d’armes de moindre importance lorsqu’elles se frayaient un chemin à travers les rochers.

Lorsqu’une énorme monstruosité tua Shas’O Varg’ha d’une décharge de bioélectricité, le brûlant à l’intérieur de son Riptide, le commandant Bravestorm, longtemps enfermé dans son Exo-Armure, chargea sous la section centrale du Bio-Titan Tyranide. Utilisant au maximum son ancien Gantelet Onagre, Bravestorm donna un coup de poing dans le thorax du Titan pour rendre un hommage sanglant à son camarade tombé au combat.

Pendant ce temps, Farsight se battait en duel avec la bête maîtresse sifflante au cœur de l’essaim, opposant la Lame de l’Aube aux épées en os de la créature de la Ruche. Il accéda à distance à l’interface du Riptide déchu et remit ses systèmes d’armement en marche afin de porter le coup de grâce à une bête-mère au corps trapu qui donnait naissance à des Tyranides de moindre importance directement dans les couloirs de l’installation.

Soudain, un grand nuage de poussière s’éleva, obscurcissant les combattants alors que le destroyer lance-missiles Manta Or’es Por’kauyon planait au-dessus d’eux. O’Vesa fit signe à Farsight qu’il avait convoqué les meilleurs éléments de la Caste de l’Air pour les extraire. Une à une, les Exo-Armures s’élevèrent dans les airs et montèrent à bord du Manta. Au-dessous d’eux, le centre de recherche était enseveli sous les corps des Tyranides qui bondissaient, tandis que les T’au s’échappaient. Parmi les courageux scientifiques de la Caste de la Terre, seul O’Vesa survécut.

Au cours des cycles suivants, le monde de Vior’los fut dépouillé de la moindre parcelle de biomasse. Les bouches dentelées de la Flotte-Ruche Kraken étaient descendues pour se nourrir, aspirant avec avidité la bouillie de leurs conquêtes dans les nombreux bassins de digestion situés en contrebas. Farsight et ses commandants surveillaient l’ignoble spectacle depuis l’orbite haute. Alors que les flammes jumelles du chagrin et de la colère se tordaient dans ses tripes, O’Shovah commença à douter de la voie qu’ils avaient choisie. Lorsqu’il jeta un coup d’œil interrogateur à O’Vesa, ce dernier se contenta de sourire et de pointer du doigt les Bio-Vaisseaux.

Farsight ne vit d’abord rien, mais une tache noire commença à se répandre sur les flancs chitineux de l’un des vaisseaux tyranides. En l’espace de quelques instants, la maladie s’étendit à un second vaisseau, suivi rapidement par un autre, puis un autre, jusqu’à ce qu’aucun ne soit épargné par les vrilles maléfiques. Les Bio-Vaisseaux frémissaient et se tordaient tandis que la décoloration s’étendait vers l’extérieur pour les recouvrir entièrement. Un à un, les vaisseaux charnus des Tyranides se replièrent sur eux-mêmes, pourrissant et tombant comme des fruits se décomposant en quelques secondes. Avant la fin de l’heure, les Bio-Vaisseaux s’étaient entièrement désintégrés.

Les contre-mesures mises au point par la Caste de la Terre, expliqua O’Vesa, consistaient en une série de poisons autoreproducteurs. Les agents nécrosants avaient été libérés à retardement afin de s’assurer qu’ils étaient entièrement absorbés par la Flotte-Ruche avant d’être activés. Le vecteur de transmission avait été les corps des scientifiques de la Caste de la Terre eux-mêmes ; ils avaient absorbé les poisons comme dernier acte sur Vior’los. Une fois leurs corps décomposés dans les bassins de digestion, les codes bactériens qu’ils avaient enfermés en eux ont infecté l’air lui-même. Comme O’Vesa l’avait espéré, les Tyranides avaient même dépouillé l’atmosphère de Vior’los pour alimenter leurs nouvelles conquêtes. Ce faisant, ils s’étaient condamnés à une mort rapide et douloureuse.

La Renaissance d’un Héro

« Vior’los a brûlé autrefois, pour éradiquer la spore de l’Ork. Elle renaquit, ramenée à la vie par un honnête labeur. Aujourd’hui, notre planète est morte à nouveau, consumée par une nouvelle menace. Mais dans le même temps, les bêtes gloutonnes ont été consumées à leur tour par les feux de notre défi. Laissez ces mêmes flammes grandir dans vos cœurs, mon peuple. Avec elles, nous apporterons lumière et chaleur aux étoiles froides d’un nouvel horizon. »

- Commandant Farsight

Le dernier acte des scientifiques de la Caste de la Terre avait profondément ému Farsight. C’était là, la véritable expression du Bien Suprême, non pas dans l’habileté politique ou la guerre, mais dans le sacrifice de soi, pour que d’autres puissent vivre mieux à leur place. Même s’il était habitué à ce que les guerriers de la Caste du Feu sacrifient leur vie au nom de l’Empire T’au, voir un tel désintéressement dans une autre caste le remplissait d’humilité. La mort des scientifiques avait ravivé la flamme de l’ambition dans son cœur.

O’Shovah s’efforça de voir Vior’los reconstruite et réinstallée, ses trois villes principales nommées en l’honneur des scientifiques T’au qui avaient donné leur vie pour que le reste des enclaves puisse vivre. Les désolations et les chaînes de volcans seraient reconstruites en cités T’au dotées de nombreux monuments grandioses. Sur Lub’grahl, la planète préférée de la Caste de la Terre, des champs et des champs de monuments ovales et blancs furent érigés au nom de tous ceux qui avaient donné leur vie pour le Bien Suprême. O’Shovah ne reculerait plus devant son destin de leader et de héros. Le combat devait continuer.

Source

Pensée du Jour : « Un esprit faible est un esprit clair. »

• Farsight Enclaves - A Codex : Tau Empire Supplement