- « Quant à celui qui scrute le fond de l’abysse, l’abysse le scrute en retour. »
- - Dicton du Navis Nobilite.
Caché derrière la trame même de la réalité se trouve le Warp, un royaume d’indicible horreur et d’épouvantable Chaos, un monde où vivent les Sombres Puissances. Depuis des temps immémoriaux, l’homme croit à l’existence des esprits, des dieux et des démons, des pouvoirs d’un autre monde qu’il faut apaiser, craindre et avec lesquels il faut négocier. Dans les ténèbres du 41e Millénaire, de telles choses ne sont que trop réelles et trouvent dans l’âme des hommes un terrain fertile où prospérer.
On ne peut qu’émettre des hypothèses quant à la nature réelle de ces puissances tandis que des bouches perfides murmurent leurs sinistres noms à des oreilles hérétiques. La plupart des humains ne savent rien de ces puissances et ne veulent rien avoir à faire avec. Toutefois, on ne peut nier leur influence. De toutes les Sombres Puissances, les quatre Dieux du Chaos (Khorne, Tzeentch, Slaanesh et Nurgle) éclipsent littéralement les autres.
Si les entités du Warp sont éphémères, plus diversifiés dans leur typologie, beaucoup ne sont que des agrégats d’émotions ; certains étaient des mortels, jadis, avant que la croyance d’autres mortels ne les transfigure. Mais les quatre grands Dieux du Chaos sont devenus si puissants qu’ils peuvent survivre par eux-mêmes, même si la foi de leurs fidèles les rend plus forts.[1]
Khorne
Et ainsi, vient un seigneur Démon portant tout l’attirail de la bataille. Sur son passage, les arbres tremblent de rage, la terre frissonne à sa seuls présence et les pierres crient leur haine au ciel sourd. Il pourchasse les ennemis de son maître, car il se nourrit de chair mortelle et s’enivre de sang. Il tient dans sa main gauche un Démon affectant la forme d’une hache. Ses assourdissants chants de carnage et de haine résonnent et emplissent les cieux d’une plainte qui agite les morts. À sa droite se dressent des Démons mineurs qui tiennent les laisses de molosses. Ils mâchonnent les restes d’ombres et d’esprits qu’ils ont traquées, se partagent des fragments d’innocents, afin que tous puissent déguster ces mets de choix.
Dans son dos guettent les légions de son maître, engoncées dans des armures enchâssées d’or, à la fois plus resplendissants que le soleil et plus sombres que la nuit. Chacun brandit une épée hurlante, à laquelle il joint son cri discordant. Ces voix entremêlées constituent le chœur du Chaos, une promesse bien pire que la mort pour ceux qui l’entendent. |
Khorne est le Dieu du Sang, le colérique et meurtrier Seigneur des Batailles. On dit qu’il est le dieu guerrier insatiable dont les cris de rage résonnent à travers le temps et l’espace depuis le tout premier acte de violence jamais commis. Les dévots des Puissances de la Ruine ont débattu avec passion durant des millénaires sur la primogenèse du Dieu du Sang. Certains ont soutenu que c’est sous la volonté de Khorne que le premier primate a saisi une pierre pour l’abattre sur le crâne de l’un de ses congénères dans un accès de rage meurtrière, engageant ainsi son espèce tout entière dans cette spirale de violence et alimentant cette puissance du Chaos jusqu’à ce qu’elle devienne la formidable force qu’elle est aujourd’hui. D’autres déclarent que c’est la fureur échappée des premières impulsions meurtrières qui a donné vie à Khorne, et qu’il ne fait que représenter la primitive nécessité de violence qui fait battre chaque cœur mortel. Quelle que soit la vérité, ses vrais disciples se moquent bien de tels débats lorsqu’ils s’acharnent à tuer tous ceux qui passent à leur portée.
Les adorateurs de Khorne sont les plus féroces guerriers de l’univers, et le Dieu du Sang abhorre tout ce qui touche à la magie, sorcellerie et les autres subterfuges de ce type. Le sang des sorciers serait même un sacrifice particulièrement prisé pour étancher la soif de Khorne. Certains parlent d’honneur, de bravoure ou de fierté pour justifier leurs massacres, mais les plus fanatiques savent qu’il s’agit d’une simple excuse pour répandre le sang.
Les disciples de Khorne croient que son grand trône de cuivre est juché au sommet d’une montagne de crânes, au beau milieu d’un océan de sang témoignant des sacrifices de ses innombrables serviteurs tombés au combat et de leurs victimes, plus nombreuses encore. Ils prétendent que le Dieu du Sang est la puissance du Chaos qui incarne la violence aveugle et absolue, la soif sanguinaire la plus sauvage. Une fois libérée, elle ne s’éteindra que lorsque sera massacré tout être se trouvant à portée, ami ou ennemi. De tels fanatiques sont peu nombreux et leurs effectifs ne sont pas destinés à croître, car ils se jettent volontiers les uns contre les autres, sachant que Khorne se moque bien de savoir à qui appartient le sang versé.
Khorne est représenté sous la forme d’une créature colossale en armure, couverte de la tête aux pieds de plates d’une conception étrange et extraterrestre. L’armure est le plus souvent élaborée et très ouvragée, avec de nombreux motifs de crânes. Il est coiffé d’un énorme casque ailé laissant entrevoir un visage bestial et ricanant. On le montre généralement brandissant une épée ou une hache couverte de runes, même si dans les cultures plus primitives, il apparaît souvent mains nues ou avec de grands doigts griffus.
Malgré son apparence autodestructrice, Khorne est indiscutablement la plus puissante et la plus active de toutes les puissances du Chaos. Les guerres incessantes et les innombrables massacres livrés dans le royaume des mortels lui apportent toujours plus de crâne. Il n’a pas besoin d’user de promesses mielleuses ou d’ourdir d’obscurs complots pour attirer les mortels à lui : la haine et la fureur bouillonnent sous un vernis de civilisation qui ne demande qu’à s’écailler.
Le chemin menant au domaine de Khorne peut s’avérer aussi glissant que la voie des autres Puissances de la Ruine, bien plus subtiles. L’instinct de violence est nécessaire dans un univers hostile, et même le protecteur et le libérateur n’en sont pas dépourvus. La lutte pour la survie fait partie intégrante de nombreuses sociétés qui honorent leurs membres pour leur capacité à se défendre contre autrui.
C’est ainsi que soldats, officiers, ou même représentants de l’ordre entreprennent lentement le voyage qui les jettera dans les bras de Khorne, pourtant motivés par les plus nobles des intentions. Un désir de protéger les plus faibles peut se transformer progressivement en une détermination à combattre contre l’oppresseur. La fierté martiale et le sentiment de fraternité interviennent souvent pour protéger une communauté contre une hostilité extérieure et les autorités sont toujours promptes à oppresser quiconque serait désigné comme indésirable. Sous prétexte de protéger une population, des guerres sont déclarées et finissent par la ravager, tandis que pleuvent les bombes et naissent les camps de la mort "indispensables" à la victoire. L’éradication de milliards d’existences passe ainsi pour une absolue nécessité.
Hors du carcan de l’Imperium du Dieu-cadavre, ceux qui partent en guerre s’en remettent le plus souvent à Khorne dans l’un de ses aspects de dieu-guerrier, afin qu’il leur accorde une partie de sa colossale fureur. Les chefs d’armées adverses s’affrontent pour se prouver qu’ils jouissent des faveurs de leur dieu, et ses plus grands champions sont capables d’obtenir le soutien de planètes entières par la seule rumeur de leur présence. Nombre des adorateurs du Dieu du Sang ne vivent que pour la conquête à grande échelle, entraînant des armées colossales et des flottes gigantesques pour les jeter sur l’univers. Khorne se soucie comme d’une guigne du succès ou de l’échec de ces entreprises, car il se renforce lorsque les ambitions des mortels entrent en conflit, quelle qu’en soit l’issue.
- Pour plus de détails, voir l’article dédié : Khorne
Tzeentch
Et qu’il soit noté que mes yeux se sont posés sur les mondes Crépusculaires du vortex Hurlant, ces sphères corrompues qui se sont abreuvées si goulûment dans les vents du Chaos. Là, j’ai aperçu les Chaoticiens de Q’sal. Ces Sorciers du Chaos usent de magie d’une manière blasphématoire afin de duper les populations et prendre le contrôle de planètes entières. Une voix m’a parlé, m’a annoncé que leur société reposait sur la magie et la technologie en égales mesures. Alors que je percevais ses paroles, je vis qu’ils suivaient en réalité une voie déformée des justes préceptes de l’Omnimessie.
Sur Q’sal, il semble que des Démons liés jouent le même rôle que les esprits de la machine sur d’autres, animant des entités froides et métalliques pour répondre aux ordres de leur maître. Les sorciers voyageaient dans des vaisseaux propulsés par la magie du Warp, tellement puissants qu’ils étaient capables de percer les couches les plus turbulentes de l’Immaterium qui entouraient leurs mondes pour les transporter à travers le vide. Sur des planètes plongées dans une nuit éternelle, ils traitaient avec des pirates et des renégats, échangeant des âmes contre des navires et de l’armement destinés à répandre de grands malheurs parmi les citoyens de l’Imperium. Les voix parlèrent à nouveau et me dirent que les Chaoticiens ne suivaient aucune puissance du Chaos en particulier et qu ils ne reconnaissaient aucun dieu. J’ai compris qu’ils étaient attirés par le mysticisme, considérant leurs recherches comme une authentique science dans laquelle la connaissance était vénérée par-dessus tout. J ai également vu qu ils pourraient faire courir un certain danger aux autres mondes environnants dans leur propension à comploter entre eux. Cependant, leur puissance est à ce point tournée vers des manœuvres obscures destinées à provoquer la chute du moindre rival qu’il est peu probable qu’un quelconque plan finisse par dépasser des frontières de Q’sal elle-même. Mais j’ai aussi perçu que leurs complots servaient un intérêt supérieur, d’une envergure telle-qu’il serait préférable qu’ils ne puissent jamais s’entendre. En prenant connaissance de ces visions, les spécialistes m’ont fait part de leur opinion selon laquelle les Chaoticiens de Q’sal étaient sous la coupe du Grand Conspirateur. Ils ne s’en rendent même pas compte, tant leur orgueil et leurs ambitions sont démesurés, mais il n’en demeure pas moins que tout ceci est alimenté par une influence dont ils considèrent eux-mêmes l’existence comme un simple conte pour enfants. Celle de Tzeentch, l’Architecte de la Destinée. - Extrait du Unis Heretica Delirum, par l’Inquisiteur Melkam.
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Tzeentch, l’énigmatique puissance du Chaos, est connu sous différents noms : l’Architecte du Changement, le Maître de la Bonne Fortune, le Grand Conspirateur, l’Architecte du Destin… Ces titres reflètent sa maîtrise des voies tortueuses de la destinée, de l’histoire, de l’intrigue et du complot. Les espoirs et attentes du moindre être humain et de chaque nation se réverbèrent dans les multiples cavernes de son esprit. Son regard omniscient surveille chaque ruse, chaque intrigue de palais susceptible de renverser le cours de l’histoire.
Les humains constituent une espèce versatile et ambitieuse, même s’ils sont loin d’être le peuple le plus enclin à se livrer à ces occupations. Tzeentch se nourrit des besoins et désirs de changement qui font partie intégrante de la nature humaine : chaque homme rêve de richesse, de liberté et de lendemains meilleurs. La confluence de ces attentes crée une puissante volonté de changement, tout comme l’ambition d’un chef peut engendrer un mouvement capable d’altérer l’histoire. Tzeentch est l’incarnation de toutes ces forces.
L’Architecte du Destin ne se contente pas d’observer le produit bénéfique ou décevant du temps qui passe : il tisse ses propres écheveaux, les plans si complexes et tordus qu’ils affectent l’existence du moindre mortel, que celui-ci en soit conscient ou pas. Les réelles intentions de Tzeentch disparaissent sous d’innombrables couches de plans secrets, tellement inextricables et pensées à l’avance que nul mortel ne peut espérer les appréhender. Peut-être ce dieu a-t-il l’intention de prendre le dessus sur les autres puissances du Chaos, ou bien d’étendre son influence sur les royaumes mortels, à moins qu’il ne tende vers une sorte d’apothéose que lui seul perçoit. Mais peut-être n’agit-il de la sorte que mû par la dynamique du changement, et que ses complots sont condamnés à ne jamais aboutir parce qu’ils ne cessent de changer et d’entraîner de nouveaux plans et conspirations.
Quel que soit le but final recherché par Tzeentch, il le poursuit en manipulant les individus et en altérant ainsi le cours de l’histoire. L’aura de magie et de puissance qui entoure cette divinité attire inévitablement à elle les personnes influençables : chefs, généraux et princes marchands à la recherche d’un simple moyen de poursuivre leurs ambitions ou de prendre le dessus sur leurs ennemis. Un aperçu du futur peut suffire à gagner un combat politique ou à passer un marché profitable, et un simple sort pourrait dissimuler les preuves d’une erreur là où nul investigateur ne pourra jamais aller les chercher. Toutes ces possibilités représentent d’irrésistibles tentations pour ceux qui osent suivre la voie de Tzeentch.
Un petit coup de pouce ici ou là et ces individus influençable pourront en retour impliquer des millions d’existences dans les grands plans de Tzeentch, leur conférant un impact sans commune mesure avec le nombre réel de ses adorateurs. Mais les plans de ce dieu sont rarement directs, et nombre d’entre eux peuvent au premier abord sembler contradictoires ou même aller à l’encontre de ses propres intérêts. Seul l’Architecte du Changement peut discerner le futurs potentiels dans les routes de la destinée.
De toutes les puissances du Chaos, on dit que Tzeentch serait le mage le plus accompli. La magie du Warp est l’un des plus redoutables agents du changement et la maîtriser requiert une ambition sans bornes et une grande soif de pouvoir. Ceux qui se prétendent champions de Tzeentch sont le plus souvent de grands sorciers. Tout individu qui s’attache à suivre les enseignements du Warp finit par découvrir l’Architecte du Destin et comprendre la subtilité des récompenses qu’il est capable d’offrir. De tous les Dieux du Chaos, Tzeentch peut sembler celui qui fait preuve du plus de rationalité et le plus fiable avec lequel traiter, car il paraît garantir d’énormes dividendes en échange d’exigences insignifiantes. Bien sûr, il devient rapidement clair qu’une fois pris dans les rets de Tzeentch, il est impossible de s’en échapper.
Les images le représentant sont rares et celles qui existent sont toujours contradictoires. Certaines lui prêtent une silhouette de volatile ou de poisson, mais la plupart décrivent le Maître de la Magie comme une créature humanoïde aux membres allongés, le visage très bas entre ses épaules. De longues cornes asymétriques semblent sortir de celles-ci. Ceux qui prétendent l’avoir aperçu dans leurs rêves affirment que sa peau se déforme en permanence pour laisser voir de multiples visages qui ne cessent de se moquer de l’observateur. Lorsque Tzeentch parle, ces visages répètent parfois ce qu’il dit, mais avec de subtiles différences, à moins qu’ils ne fassent des commentaires jetant le doute sur le discours tenu. Ces témoins assurent également que lorsque paraît l’Architecte de la Destinée, le firmament s’imprègne de magie. Des vrilles de son essence dérivent comme des volutes de fumée autour de sa tête, dessinant de complexes schémas, de vagues silhouettes de gens et de lieux apparaissant dans ces vapeurs tandis que l’esprit lunatique de Tzeentch médite sur leur sort.
- Pour plus de détails, voir l’article dédié : Tzeentch
Nurgle
L’une des quatre grandes puissances du Chaos est Nurgle. Il est plus communément appelé Seigneur de la Déchéance, mais il porte de nombreux autres noms : le Seigneur des Mouches, le Grand Corrupteur, le Maître des Pestes. Son pouvoir se manifeste dans l’entropie, la morbidité, la maladie et la déchéance physique. Des quatre grandes puissances, on dit de Nurgle qu’il est celui qui se soucie le plus des mortels. Il leur offre ses terribles épidémies et ses fièvres, sa main les suit depuis le berceau jusqu’à la tombe.
Rares sont ceux qui échappent à son contact au cours de leur existence. Il est parfois appelé le Seigneur de Toutes Choses parce que toute chose, qu’elle soit forte ou fragile, finit tôt ou tard par se dégrader.
Les courants du Chaos incarnent les espoirs, les peurs et les autres émotions fortes des êtres mortels- Dans le cas de Nurgle, leur peur de la mort et de la maladie est la source de son immense pouvoir. La réponse inconsciente des mortels à cette peur, cette volonté désespérée de s’accrocher à la vie quel qu’en soit le coût, ouvre leurs âmes au Seigneur des Mouches. La prière chuchotée par un parent au-dessus du lit de son enfant fiévreux, la plainte du malade agonisant, implorant que lui soit accordée une seule journée de vie en plus, tout cela vient alimenter Nurgle.
Ce dieu est le plus souvent décrit sous la forme d’un immense humanoïde bouffi au corps à moitié putréfié. Sa peau tannée comme du cuir est couverte de pustules purulentes, de verrues dégoulinantes et de plaies infectées. Ses organes internes sortent par des blessures ouvertes dans son large abdomen et pendent comme des grappe de fruits trop murs. Il est souvent représenté entouré de petites créatures démoniaques occupées à sucer les fluides nauséabonds qui s’écoulent de ses pustules.
Les adorateurs déments du Seigneur de la Pestilence prétend qu’il ne cesse de concocter diverses contagions en vue de les répandre dans l’univers matériel, pour sa simple distraction, et que la plupart des grandes épidémies sont les créations dont il est le plus fier. Ils croient que ceux qui meurent victimes de ses maladies se voient ouvrir les portes de son royaume.
Ceux qui chantent les prières à Nurgle avec assez de vigueur sont parfois épargnés afin de pouvoir répandre davantage encore bienfaits, car l’église du Seigneur des Mouches reste en permanence ouverte à tous. Il dispose de nombreux adorateurs, mais très peu peuvent prétendre faire partie de ses champions. Les rares individus capables de survivre aux bénédictions du Grand Corrupteur font preuve d’une vigueur morbide et d’une résistance étonnante aux dommages physiques.
L’influence de Nurgle va et vient au gré des épidémies qui se répandent et refluent à travers toute la galaxie. Lorsque les victimes de ses nouvelles pestes se comptent par milliards, sa puissance est capable d’éclipser celle de n’importe laquelle des autres puissances du Chaos. À d’autres époques, elle se rétracte et reste dormante jusqu’à ce que les circonstances soient à nouveau favorables pour qu’elle renaisse.
Ceux qui parviennent au rang de Champions de Nurgle représentent une sinistre menace pour les mondes très peuplés, là où les populations sont vulnérables à la moindre contamination. Les vaisseaux qui parcourent le vide sont particulièrement exposés à la maladie et nombreux sont les membres d’équipage qui implorent sans cesse le Seigneur de la Déchéance pour qu’il intercède en leur faveur. Tel fut le son de la légion de la Death Guard lorsqu’elle se trouva à dériver à travers le Warp lors de son interminable voyage vers la Terre, durant l’Hérésie d'Horus. Alors qu’ils erraient à travers l’Immaterium, une mystérieuse contagion se répandit parmi les vaisseaux de cette légion, jusqu’à ce que la flotte entière soit touchée. Même la physiologie renforcée des Space Marines ne put les préserver de la peste qui leur fit gonfler les entrailles, distendit leurs tissus et les rongea de l’intérieur. On raconte que lorsque le Primarque Mortarion fut à son tour contaminé, il implora dans son délire les puissances du Chaos. Son désir de survie désespéré attira l’attention de Nurgle sur lui et sa légion, et il devint son champion. Ainsi, la Death Guard bénéficie-t-elle des faveurs de Nurgle, et ce, depuis dix mille ans.
- Pour plus de détails, voir l’article dédié : Nurgle
Moi, Magi Linschoten, suis récemment arrivé au port lunaire d’Aog afin d’occuper le poste de chirurgien du principal établissement d'accueil, l’Alburas.
Sur Aog, alors que la classe des prêtres s’occupe des problèmes spirituels, les Qaidyas veillent sur la santé physique. Bien entendu, ils pratiquent l’Eyuriden, et à l’instar de semblables physiciens partout ailleurs, ils ont atteint leur âge d’or plusieurs siècles avant mon arrivée. En fait, une obéissance totale et aveugle aux anciens textes est exigée et une incapacité à accepter la moindre innovation a progressivement sclérosé leurs capacités. Ils restent tenus en grande estime pour tout cela et de nombreuses coutumes locales leur rendent hommage. L’une des plus remarquables est leur habitude de porter un chapeau à très larges bords auquel sont accrochées de petites clochettes, privilège qui est interdit à toute personne étrangère à leur ordre. Je suis moi-même déterminé à gagner l’honneur de porter un tel couvre-chef afin de montrer ma bonne volonté aux natifs.
Les principales maladies rencontrées sur Aog arrivent avec les changements de saisons et de climats. Il en est une appelée mordexijn, et qui voit le malade se vider de tous ses fluides internes, ce qui finit inévitablement par le tuer. Cette fièvre hémorragique est très répandu, et aussi dangereuse que la peste. Il existe également de nombreuses autres infections qui provoquent de fortes fièvres et qui sont capables d’achever un homme vaillant en l’espace de quatre ou cinq jours. Ces épidémies sont très répandues et particulièrement dangereuses, mais les natifs les soignent à l’aide d’herbes et d’onguents. J’ai demandé aux anciens Qaidyas de m’enseigner ces pratiques, mais ces gens sont aussi jaloux de leur savoir que de leur progéniture.
L’Alburas est remplit au-delà de ses capacités. Les malades sont allongés à même le sol dans les couloirs et les dortoirs. À l’extérieur, le rue est occupée par ceux qui sont trop pauvres pour se faire admettre. Un vent chaud et pestilentiel souffle depuis les collines depuis des semaines. Les gens s’effondrent en plein rue et succombent sans même pouvoir ramper jusque chez eux. L’odeur de putréfaction imprègne l’atmosphère, épais et maléfique nuage qui sape la volonté et endort l’esprit. |
Alors que les Qaidyas psalmodiaient leurs prières accompagnés de leurs tambours, j’ai essayé tous les traitements dont je connaissais l’existence. J’ai distribué tous les médicaments et les baumes dont j’ai pu apprendre la composition depuis des années de formation. Tout cela en vain : jour après jour les cadavres continuent de s’empiler.
Uzad, le maître de Qaidyas est venu à l’Alburas ce matin. C’est une personne sage et âgée, son chapeau est si large que ses aides doivent l’aider à supporter les clochettes à l’aide de perches. Il s’est moqué de nos efforts et m’a dit que le Seigneur des Mouches ne se montrera magnanime que lorsque son œuvre sera réellement terminée. J’ai imploré son aide et lui ai demandé de m’expliquer dans tous les détails d’où provenait cette maladie, quel qu’en soit le coût. Je crois que mon humilité et ma franchise l’ont un peu ébranlé, car il m’a promis de me conduire à ses cérémonies pour me dévoiler ses pouvoirs secrets.
C’est un miracle ! La terrible peste a été éradiquée et l’épidémie a reflué comme les eaux du Grand Lac sous les effets des grandes marées. Des hommes à l’article de la mort se sont relevés comme s’ils sortaient d’un mauvais rêve, puis sont sortis de l’Alburas débarrassés du moindre symptômes. La sagesse d’Uzad m’a sidéré : au lieu de se limiter à la vision anatomique du corps, il l’envisage sous un aspect immatériel, me révélant par la même la folie de me précédentes croyances. Un homme doit être traité dans son entier, dans son corps et dans son esprit, s’il veut survivre. L’onction qu’Uzah m’a apprise, une bénédiction toute simple de son dieu primitif, s’est avérée plus efficace que tout autre traitement. J’en ai été personnellement le témoin. J’ai juré de ne rien dire de tout cela, alors je me contente de ceci. J’ai atteint une sorte d’apothéose spirituelle.
- Interrogateur Jorgan Walpire, en investigation sur le port lunaire d’Aog.
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Slaanesh
Les serviteurs de Slaanesh, par leurs incantations, conjurations et arts blasphématoires, ont séduit, dépravé et corrompu l’Homme comme la Bête, les abaissant aux yeux de tous. Les offenses et les énormités commises sont innombrables et témoignent de comportements déviants. Se complaisant dans la perversité et la profanation, l’esprit et le corps déformés, ces serviteurs insidieux du Seigneur des Plaisirs aiment se livrer aux actes les plus abominables et ignobles. Les disciples de Slaanesh répandent le dépravation du Chaos auprès de l’imprudent et de l’insouciant, à l’aide de crimes hérétiques allant à l’encontre de la nature même et du véritable ordre du monde.
Sur le champ de bataille, les coureurs chatoyantes de leurs silhouettes tordues agressent les yeux, pendant que leur corruption évidente s’en prend à l’esprit. Des torses à moitié nus, roses et bleus, transpirant d’une luxure débridée, d’autres arborant des membres verts et jaunes ; tous ne sont que de pâles ombres de la corruption qu’ils abritent. Ils ont abandonné les derniers vestiges de la vraie décence et sacrifié leur humanité pour servir le Maître des Joies Charnelles et répandre sa corruption parmi les innocents. |
Slaanesh est également appelé le Seigneur des Plaisirs, ou le Prince du Chaos. Il est la Puissance de la Ruine des plaisirs hédonistes et de l’indécence. On dit de lui qu’il serait le plus jeune des Dieux du Chaos et qu’il serait né de la décadence de la civilisation des Aeldaris, laquelle s’étendait jadis à travers toute la galaxie. Lentement, sur plusieurs siècles, les projections mentales des désirs et des déviances de ce peuple à haute sensibilité psychique se sont condensées dans le Warp pour donner naissance à une nouvelle puissance. Alors que l’entité grandissait, les Aeldaris eux-mêmes ressentirent son influence s’affirmer et furent poussés vers de nouvelles dépravations par leur poursuite de sensations inconnues. L’inexorable spirale avait été engagée : les actes toujours plus violents des Aeldaris précipitèrent le réveil total de Slaanesh, ses propres rêves se trouvant alimentés par leurs plus sombres désirs.
Le peuple aeldari se retrouva piégé dans les ténèbres de sa propre nature, laquelle s’assombrissait au fur et à mesure qu’augmentait l’influence de Slaanesh. Plus elle les poussait dans la décadence morale, sociale et artistique, plus ils tentaient de lutter contre elle, mais c’était une bataille perdue d’avance. Le Prince du Chaos enflait comme une baudruche et ce n’était qu’une question de temps avant qu’elle ne finisse par exploser. À l’instant même où Slaanesh naquit, l’empire des Aeldaris fut irrémédiablement détruit. Le terrible hurlement psychique du dieu nouveau-né fit trembler les cieux et les planètes. L’onde de choc se répercuta à travers le Warp et alla frapper lime de chaque être vivant.
C’en fut trop pour les Aeldaris dotés d’une grande sensibilité psychique. Leurs âmes furent aspirées dans l’entité grandissante et leurs corps vaporisés par l’essence du Chaos qui les submergeait. Les énergies du Warp libérées par la naissance de Slaanesh déchirèrent le cœur du vieil empire et le transformèrent en une vaste région où l’Immaterium déborde dans l’univers matériel, l’Œil de la Terreur. Dans les autres régions densément peuplées, le Warp s’insinua également dans les esprits des Aeldaris, créant d’autres sites d’où il se déverse dans la galaxie.
Ce peuple, jadis si fier, fut réduit à des fragments de population éparpillés et pourchassés à travers l’espace, aigri par cette certitude que sans lui, Slaanesh, le Grand Dépravé, le Grand Serpent, l’Assoiffé, ne serait jamais venu au monde.
Slaanesh représente les plus profonds désirs du peuple aeldari déchu, cette aspiration complaisante à la luxure et à l’hédonisme, l’exercice de passions cruelles et artificielles, la poursuite de vices interdits et d’une indescriptible sensualité. Le Seigneur des Plaisirs promet toujours l’extase des dépravations les plus exotiques, transgressant les tabous et les lois. Son chant de sirène attire toutes sortes d’adeptes, depuis les gouverneurs planétaires blasés jusqu’aux sectes hédonistes avides de découvrir ces voluptés illicites. Le Prince du Chaos est la Puissance du Chaos capable de soumettre aux tentations les plus intenses quiconque n’aspire pas à devenir un guerrier conquérant ou un sorcier érudit. L’influence subtile de Slaanesh peut revêtir des formes aussi banales qu’un soudain désir de se reposer et on dit qu’il est capable de capturer les âmes en très grand nombre, qu’elles soient volontaires ou pas.
Les adorateurs du Prince du Chaos sont sans cesse en quête d’expériences inédites, cherchant le plaisir de la manière la plus extrême et outrageuse. L’influence de Slaanesh se fait sentir jusque dans les échelons les plus élevés de la hiérarchie, où la débauche de luxure et de privilèges corrompt les riches et nobles familles. Elle s’insinue de la manière la plus insidieuse parmi ceux qui prêchent la droiture, comme si Slaanesh prenait un malin plaisir à souiller ceux qui se prétendent eux-mêmes incorruptibles. Même le prêcheur le plus zélé doit se reposer de temps en temps et, lorsqu’il le fait, les désirs inconscients qui hantent ses rêves le trahissent aux yeux du Maître des Plaisirs Charnels. Plus une société devient civilisée, plus les graines de sédition plantées par Slaanesh se développent en son sein. Lorsque se répand la paresse, les attentes inconscientes des individus les conduisent sur les sentiers obscurs tracés par le dieu du Chaos.
D’innombrables mondes ont sombré dans l’anarchie la plus totale, submergés par la surabondance de sectes du plaisir dédiées à Slaanesh, la frénésie démente et l’égoïsme éradiquant toute forme de discipline. Sur ces planètes, la chute des Aeldaris se rejoue à une plus petite échelle : les sociétés s’écroulent sous les vents hurlants du Chaos qui s’infiltrent dans les consciences des Psykers. Les quelques survivants ahuris qui arrivent parfois à échapper au désastre sont tellement affectés par ce qui s’est passé qu’on ne plus les considérer comme sains d’esprit. Certains Inquisiteurs de l’Imperium se sont fait une sorte de spécialité de la chasse aux adorateurs de Slaanesh, à cause de cette corruption qu’ils répandent presque malgré eux dans le royaume du Dieu-cadavre. Leurs efforts pour supprimer toute recherche du plaisir attirent inévitablement de plus en plus d’adeptes, de récidivistes, de criminels et d’individus qui se livrent au marché noir, et finissent par prendre contact avec les serviteurs mortels du Prince du Chaos.
Les représentations de Slaanesh le montrent comme une créature androgyne ou hermaphrodite, d’une beauté irréelle et perturbante. Deux paires de cornes sortent de son abondante chevelure et il porte souvent une armure délicatement ciselée et ajustée très près du corps, avec un sceptre de jade dont on prétend qu’il serait son plus grand trésor. Ses adorateurs ont pour habitude d’organiser de grandes orgies au cours desquelles ils se livrent à tous les vices et perversités imaginables afin de rendre hommage à leur prince, et il n’est pas rare que des participants y meurent d’épuisement ou d’excès de jouissance, signe que l’événement a rencontré les faveurs du dieu. Ses dévots croient que les sensations et les émotions les plus intenses permettent d’entrer en communion avec lui, car les échos de sa naissance se répercutent encore à l’intérieur de chaque âme mortelle. Ils cherchent à atteindre un état d’extase orgasmique sous l’effet de la torture et des drogues, l’âme portée à l’incandescence telle une étoile sombrant dans les abysses du maelström psychique qu’est Slaanesh.
- Pour plus de détails, voir l’article dédié : Slaanesh
Sources
- Warhammer 40 000 JdR - Black Crusade : Livre de Règles
- Warhammer 40,000 JdR - Dark Heresy : Livre de Règles
- HALEY GUY, Sombre Imperium - Fléau Divin, Black Library, 2021
- ↑ Informations issues de Sombre Imperium - Fléau Divin, Chapitre Cinq - De la Nature des Dieux de HALEY GUY, Black Library, 2021 et résumées par Guilhem.
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