Campagne de Betalis III

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Histoire de Betalis III

Betalis III[1]
Betalis III.
Étude du Système de Betalis :

Segmentum : Solar

Secteur : Talis Munus

Sous-Secteur : Caerulus-Primaris

Système Betalis : 3 Planètes Naines. 4 Planètes - 2 habitables (Betalis III et IV)

Système d’Étoiles Binaires : L’Étoile Primaire est une géante bleue massive centrale, (Variable bleue lumineuse) au moins 20 fis plus grande que Sol et un million de fois plus lumineuse, des quantités massives de matériel solaire sont expulsées par l’énorme soleil, balayant la plupart des planètes dans le système de leurs magnétosphères et atmosphères, et créant une nébuleuse locale miniature

ENQUÊTE PLANÉTAIRE DE BETALIS III :

Population : 62 000 000 environ (Humains seulement)

Il n’y a pas de centre de population majeur. Les habitants sont répartis sur toute la surface dans les bases minières, des installations de traitement de l’eau, des stations d’élevage, des usines hydroponiques, des usines chimiques, des centrales électriques, des bases aériennes, des terrains d’atterrissage orbitaux et de nombreuses autres installations industrielles. Une grande partie de ces installations est souterraine.

Phénomène Climatique  :

Éruption solaire magnétique : la magnétosphère exceptionnellement puissante de la planète la protège de l’immense quantité de radiations solaire par l’énorme soleil bleu.

Gouverneur Planétaire :

Jamuel Escava.

Économie :

Principales exportations : minerai de fer de haute qualité (présence de grandes concentrations de magnétite, hématite, goethite et sidérite).

Autres produits chimiques utiles extraits :

  • Extraction et raffinage du cyanogène, pour utilisation dans les engrais chimiques sur les Agri-Mondes, exportations principale vers le système Levilnor. Avertissement : le gaz toxique est incolore mais dégage une odeur piquante.
  • Sulfate d’hydrogène. Extraction de gaz naturel pour le carburant.
  • Extraction d’ammoniac raffiné en composé d’ammoniac. Carburant à base d’ammoniac, purification de l’eau, solvants, production textile. Remarque : la glace à base d’ammoniac est très instable. À des températures supérieures à -78°C, elle devient rapidement liquide. À des température supérieures à -33°C, elle se transforme en gaz. Sur Betalis III, il n’est pas rare de trouver de l’ammoniac dans les trois états au cours d’un cycle jour/nuit.

Principales importations :

Main-d’œuvre, denrées alimentaires, technologie (validée) et équipement minier.

Principaux Site : Base militaires - Port Ryira. Le centre de défense de Betalis III est connu sous le nom de Port Ryira. À l’origine, il s’agissait d’une base temporaire qui s’est transformée et une vaste caserne fortifiée, un aérodrome, un centre d’approvisionnement et un centre d’entraînement, bien défendus par des armes anti-aériennes, des fils barbelés, de champs de mines et des générateurs de Boucliers Voids.

Betalis III a été découvert dans les dernières années de la Croisade Omniel alors que la flotte de la croisade revenait victorieuse des guerres contre les mondes renégats dans la constellation de Saint Altus. En effectuant un scan longue distance du système, une équipe d’explorateurs du vaisseau de la croisade, le Divine Unification, a découvert un ancien vaisseau alien. Jusqu’à ce que les équipe d’exploration Xenos puissent être envoyées pour enquêter, le système de Betalis a été considéré comme interdit à tous les autres vaisseaux impériaux par sanction inquisitoriale et une zone s’étendant sur des milliers de kilomètres autour du système a été parsemée de mines. L’équipe de l’Ordo Xenos envoyée pour enquêter a confirmé qu’il s’agissait d’un vaisseau Aeldari. Le vaisseau a été récupéré sur la planète pour des analyses plus poussées tandis que le système de Betalis était méticuleusement fouillé par des centaines de milliers de Serviteurs. Des décennies ont passé pendant que les Serviteurs effectuaient leurs scans, mais aucune autre présence Aeldari n’a pu être trouvée. Concluant que le vaisseau avait été abandonné et que son équipage était parti par d’autre moyens, le contingent de l’Ordo Xenos s’en alla, laissant l’étoile bleue de glace Betalis dériver une fois de plus seule dans les profondeurs de l’espace.

Il serait resté ainsi su d’autres grandes institutions de l’Imperium n’y avaient pas jeté leur regard dans leur quête sans fin de ressources. Bien qu’inhabitable pour la plupart, le système a été jugé riche en minerais et autres matériaux : éléments rares de la matière stellaires de son soleil bleu pâle, métaux lourds des planètes intérieures, et gaz et minerai des mondes extérieures. La majorité du système était trop toxique pour accueillir la vie, mais les deux planètes les plus éloignées - Betalis III et Betalis IV - ont été classées aptes à l’habitation humaine.

Betalis IV a été désignée comme un monde industriel et en l’espace d’un siècle, sa surface a été entièrement recouverte, à la fois sur terre et dans l’océan, de milliers de forges, de raffineries et de manufacturums. Sa situation à la périphérie du système l’a également transformée en zone d’étape pour les troupes transportées vers et depuis les nombreuses zones de guerre du sous-secteur et au-delà.

La colonisation de Betalis III a duré moins de quatre décennies. Cinquante-sept millions de citoyens impériaux ont été expédiés en masse depuis un Monde-Ruche surpeuplé, dont le nom et l’emplacement sont désormais perdus dans les couloirs continentaux des enregistrements sectoriels qui existent au sein des vastes divisions bureaucratiques de l’Imperium. Lorsque les colons sont arrivés, ils ont regardé avec émerveillement leur transports survoler des centaines de kilomètres de paysages non peuplés, un environnement aux antipodes des complexes Ruches infestés d’humains qu’ils avaient laissées derrière eux.

Mais tous ceux qui ont osé s’aventurer à la surface de Betalis III ont rapidement succombé aux conditions glaciales ou ont été rendus fous par l’agoraphobie, les paysages ouverts étant un anathème pour les centaines de générations de leurs familles qui avaient évolué dans un espace confiné. Les travailleurs ont aussi rapidement découvert que la soi-disant "nouvelle vie" qu’on leur avait promise avait un prix élevé, qu’ils devraient rembourser d’abord par des générations de servitude, en travaillant dans les nombreuses mines déjà creusées profondément dans la roche de la planète ou dans la chaleur presque suffocante et les fumées des usines de fusion massives récemment construites.

Quelques douze générations plus tard, leurs descendants sont toujours confinés sur la planète par mandat de l’Administratum jusqu’à ce que la dette massive de leurs ancêtres ait été remboursée ; le seul moyen légitime d’échapper à ce fardeau familial est de s’engager dans l’un des régiments de la Garde Impériale qui forment la Dîme Planétaire du Departmento Munitorum.

Extrait de l’Exoplanetorium - Analyse et histoire du secteur Talis Munys.[2]

=CHAPITRE I : DES FANTÔMES DANS LES OMBRES Les innombrables guerres menées au nom de l’Empereur-Dieu et de l’Imperium de l’Humanité, qui s’étend dans toute la galaxie, commencent rarement par le rugissement assourdissant d’un barrage d’artillerie massif de la Garde Impériale ou par les chutes de Titans qui font trembler la terre. La plupart sont simplement annoncés par le son d’un seul coup de feu ou par un appel à l’aide désespéré dans l’obscurité d’une galaxie indifférente.

La guerre pour Betalis III a commencé avec le silence.[3]

Premiers Coups 024894.M41

Située au cœur des champs glaciaires du continent oriental de Betalis III, la station de relais NX87-04 faisait partie du réseau mondial de surveillance qui assurait une veille permanente sur les vastes étendues inhabitables du monde de glace. Le fait qu’elle ait fonctionné sans problème pendant des siècles dans des conditions aussi difficiles témoigne du savoir-faire des Technoprêtres de l’Adeptus Mechanicus qui avaient semé sur la planète des dizaines d’installations de ce type lors de sa transformation en colonie minière de l’Imperium. À la veille de sa quatre cent cinquième année de fonctionnement parfait, la station relais a brusquement cessé d’émettre.

Le Logicien situé à des milliers de kilomètres de là, à Port Ryira, le port spatial de la planète, a été instantanément en état de choc cérébral et a poussé un cri déchirant ; la perte soudaine de données a fait s’effondrer ses fonctions cérébrales supérieures qui avaient été exclusivement consacrées au traitement du flux constant d’écritures techniques et de chiffres binaires de NX87-04 pendant toute son existence. Son cri d’agonie a envoyé une onde de choc à travers le bio-processeur vivant et respirant auquel il était physiquement et mentalement connecté, rendant cinq autres Adeptes catatoniques et laissant de vastes étendues du continent le plus oriental de la planète sans surveillance jusqu’à ce que les réparations puissent être effectuées et les bio-composants endommagés remplacés.

Dans un monde où les températures sont restés en dessous de zéro pendant des millénaires et où des tempêtes de verglas meurtrières se levaient sans crier gare, le dysfonctionnement de NX87-04 a d’abord été imputé aux conditions locales, et il a été laissé aux spécialistes trans-mécaniques de l’Adeptus Mechanicus sur place pour résoudre le problème et raviver l’Esprit de la Machine de la station relais. Ce n’est que lorsqu’une patrouille de Sentinelles d’une garnison voisine a reçu l’ordre d’enquêter sur l’installation encore silencieuse deux jours plus tard que l’on a découvert que la station de relais isolée avait été attaquée et détruite. Les corps gelés des mécaniciens de la station de relais avaient été dispersés dans les restes carbonisés de la station, leurs horribles blessures correspondant à celles causées par des armes à projectile monofilament. Un rapport sur la découverte macabre de la patrouille a immédiatement été envoyé à Port Ryira et, alors que les alarmes se déclenchaient dans toute l’installation, les Forces de Défense Planétaire se sont préparées à de nouvelles attaques.

Au cours des semaines qui ont suivi, le réseau mondial de surveillance de la planète de glace a été la cible de nouveaux raids ; chaque installation étant attaquée sous le couvert de l’obscurité et avec peu ou pas d’avertissement. Le motif de ces attaques a complètement échappé au Gouverneur Planétaire de Betalis III, Jamuel Escava, et aux représentants des nobles familles minières qui supervisaient la production dans le monde de glace. La planète n’avait qu’une faible importance stratégique et une valeur économique mineure pour le sous-secteur.

Hormis les soixante-deux millions de citoyens-travailleurs et leurs familles vivant dans des colonies regroupées autour des mines et des raffineries de minerai de la planète, et les quinze mille employés de soutien de l’Administratum basés à Port Ryira, la planète était une terre désolée et sans vie. C’était l’une des deux seules planètes aptes à être habitées dans le système, ce qui contrastait fortement avec le monde industriel voisin de Betalis IV. Même les familles aristocratiques qui avaient obtenu des chartes minières sur Betalis III des générations auparavant par l’Administratum se rendaient rarement sur leur lointain territoire. Au lieu de cela, leur volonté était imposée par des centaines de petits bureaucrates, préfets et intendants chargés de payer la dîme annuelle de l’Administratum de la planète et de s’assurer que tout le profit possible par la suite soit tiré du sous-sol de la planète et des malheureuses âmes qui y vivaient.

L’escalade des raids a rapidement été attribuée aux Corsaires Aeldaris que la flotte de la Marine Impériale du système avait déjà rencontrés dans la ceinture d’astéroïdes extérieurs du système Betalis et dans la nébuleuse de Karina au-delà de celle-ci. Les Corsaires, identifiés comme étant alignés sur le cadre des Dragons du Néant, avaient par le passé représenté une menace sérieuse pour les colons de Betalis III, lançant des attaques sur des communautés isolées chaque fois que l’occasion s’en était présentée. Les patrouilles régulières de la flotte du système les avaient tenus en échec ces dernières années, mais il était désormais évident, d’après les observations croissantes rapportées par les équipages des transports de marchandises à destination et en provenance du système, que ces circonstances avaient changé.

Le 6e Régiment Blindé Cadien[4]

Les forces de défense de Betalis III pendant l’incursion Asuryani étaient centrées sur le 6e Régiment Blindé Cadien. Il était composé de Gardes de bonne qualité, endurcis au combat et bien entraînés, issus des fortes traditions martiales de son monde d’origine.

Avant son transfert dans le système Betalis, le 6e Cadien avait fait partie du Groupe d’Armées Pious, créé pour mettre fin aux prédateurs de la Waaagh! Ugblitz. Le seigneur de guerre Ork et ses cinq années de déchaînement dans le secteur de Saras avait finalement été vaincu dans une bataille qui avait duré plus d’un an. Des millions de Gardes avaient vaillamment sacrifié leur vie contre l’immense horde d’Orks qui avait été attirée dans la zone de guerre par les précédentes victoires du célèbre seigneur de guerre. Le 6e Cadien avait été réduit à moins de la moitié de sa force initiale pendant le conflit : une perte dont il se remettait encore lorsqu’il fut redéployé sur Betalis III.

Pendant ce temps, sur Betalis III, comme le profil des raids sur le monde de glace différait peu du modus operandi des Corsaires, le Gouverneur Planétaire Escava dépêcha ses forces comme il l’avait fait précédemment. Mais celles-ci ont été rejointes par des hommes du 6e Régiment Blindé Cadien, dont des éléments avaient été récemment transférés sur la planète pour suivre un entraînement en milieu hostile. Avec leurs compétences et leur expérience, le Gouverneur Planétaire Escava espérait désespérément que, peut-être, les combattants de Cadia mettraient fin à ce problème persistant une fois pour toutes.

Même avec l’aide des escouades cadiennes, beaucoup plus expérimentées, la traque des pillards n’a pas été aussi simple que le Gouverneur Planétaire Escava le pensait. Dès qu’un rapport de raid était reçu, les Gardes y étaient immédiatement envoyés via des escadrons d’Arvus à travers le paysage gelé. Bien qu’il n’y ait aucun signe du groupe de pillards, seule la destruction qu’il avait causée sur une autre station de relais ou un avant-poste isolé indiquait son passage. Les rares fois où il y a eu des survivants, ils ont rarement fourni des renseignements d’une quelconque utilité. Ceux qui vivaient assez longtemps pour parler de leur épreuve étaient terrifiés au-delà du sens rationnel, bavardant de façon incohérente sur les lumières dans l’obscurité avant de succomber heureusement à leurs blessures.

Cet horrible jeu du chat et de la souris allait durer des semaines ; les surveillants et les intendants de la planète exprimant leurs préoccupations de plus en plus fort à chaque attaque, craignant que la situation n’entrave bientôt leur capacité à remplir les obligations de l’Administratum des cartels miniers. Et cela aurait pu continuer ainsi si de plus grands esprits militaires n’avaient pas suivi de loin les événements sur Betalis III.[5]

Le Retour d'un Guerrier 032894.M41

Un mois après l’attaque de la station relais NX87-04, une navette s’est posée sur la piste d’atterrissage principale de Port Ryira. À bord se trouvait le Général Myndoras Odon, commandant du 6e Régiment Blindé Cadien et vétéran décoré de plus de trente campagnes ayant combattu au nom de l’Empereur. Se remettant des blessures qu’il avait reçues alors qu’il commandait le régiment dans sa défense réussie de l’Agri-Monde Saras VII, le Général avait brusquement interrompu sa rééducation, ne prévenant que deux heures à l’avance de son arrivée imminente le Gouverneur Planétaire Escava, désormais en pleurs.

Passant devant les diplomates des cartels miniers qui s’étaient hâtivement rassemblés pour le saluer, le Général a d’abord repris le commandement de toutes les divisions du 6e Cadien en garnison sur la planète. S’inclinant devant l’expertise militaire supérieure du Général, certains ont suggéré presque trop ardemment que le Gouverneur Planétaire Escava a mis les Forces de Défense Planétaire à la disposition du commandant de la Garde Impériale.

Quelques heures seulement après l’arrivée du vaisseau du Général, mais remplissant déjà les écrans à longue portée à Port Ryira, se trouvait une armada de navires, à bord de laquelle se trouvait le reste du 6e Régiment Blindé Cadien. Leur quartier général avait été temporairement basé sur la planète principale du système, Betalis IV, et le Général avait donné des ordres en cours de route pour qu’ils soient redéployés sur Betalis III ; son évaluation de la situation était que les événements qui se déroulaient sur la planète étaient suffisamment graves pour justifier leur déplacement immédiat.

Les longues années d’entraînement tactique et d’expérience sur le champ de bataille du Général Odon l’avaient amené à conclure que les attaques apparemment aveugles n’étaient ni le fruit du hasard, ni le fait d’opportunistes profitant de ce que le Général considérait comme un système terriblement mal défendu ; une abomination qu’il allait immédiatement aborder avec les commandants de sa flotte de la Marine Impériale. Chaque attaque avait été planifiée par des esprits infiniment plus grands que ceux avec lesquels ils avaient joué, et s’inscrivait sans aucun doute, selon lui, dans une initiative beaucoup plus vaste. Bien qu’aucune des installations attaquées ne soit directement reliée, en planifiant les raids et en projetant ensuite où le prochain se produirait le plus probablement, le Général Odon avait réalisé qu’un point de basculement serait bientôt atteint où l’ensemble du réseau de surveillance mondial de Betalis III serait rendu inopérant avec la suppression de seulement quatre autres stations relais distantes de milliers de kilomètres les unes des autres. La planète n’étant plus surveillée, et les unités du 6e Régiment Blindé Cadien et des Forces de Défense Planétaire étant trop dispersées à sa surface pour chasser les fantômes, le monde serait totalement pris au dépourvu pour l’invasion beaucoup plus importante dont le Général Odon pensait que les attaques étaient un prélude. Les gardiens de Betalis III avaient bêtement dansé sur la musique d’un autre et le Général Odon était arrivé pour y mettre un terme.

Sachant que le temps était une denrée précieuse qu’il ne pouvait plus se permettre de gaspiller et qu’il n’y avait pas assez d’hommes ni d’armement pour protéger la planète entière, le Général Odon ordonna le rappel immédiat de tous les Gardes Impériaux et des Forces de Défense Planétaire des continents méridionaux et occidentaux moins peuplés. Cette décision a soulevé une tempête de protestations de la part des représentants des cartels qui craignaient ce qui se passerait s’ils perdaient le contrôle total qu’ils exerçaient actuellement sur la population belligérante, encore amère de ce qu’elle considérait comme les promesses "corrompues" faites à ses ancêtres des siècles auparavant. Si les travailleurs n’étaient pas tenus en bride, on craignait que des émeutes n’éclatent rapidement, affectant les taux de production et empêchant les cartels de respecter la dîme de l’Administratum rigoureuse de la planète.

Mais en temps de guerre, il était rare que les priorités de l’homme de la rue, de ses supérieurs impériaux et de la puissance militaire concordent, et alors que les cartels lui demandaient furieusement d’annuler son ordre, le Général avait des préoccupations bien plus importantes. Il pensait que ce à quoi ils seraient tous bientôt confrontés était bien pire qu’une population militante à peine restreinte ou que les vastes chapitres de l’Administratum composés d’auditeurs et de bureaucrates. Le Général Odon soupçonnait que ceux qui étaient derrière les raids rassemblaient déjà leurs forces dans les friches glaciaires non surveillées, et que s’ils prenaient pied sur Betalis III, alors le monde industriel et le point s’appui de Betalis IV, infiniment plus précieux, seraient leur prochaine cible. À ses yeux, Betalis III n’était rien d’autre qu’un tremplin vers l’indispensable joyau stratégique qui pendait dans ses cieux.[6]

Les Dés sont Jetés 040894.M41

La décision de rappeler les escouades de la Garde Impériale des continents sud et ouest a fait bien plus qu’entraîner une tempête de protestations des préfets de la planète ; elle a également provoqué l’entrée en action de l’ennemi, ce sur quoi comptait le Général Odon.

Alors que les derniers Gardes étaient ramenés à Port Ryira, un cargo transportant des fournitures entre les installations minières des plaines de glace du sud du continent a été attaqué et détruit. Avant que son navire ne disparaisse des écrans de Port Ryira, le pilote a retransmis une seule image de ses poursuivants. Elle montrait deux vaisseaux aux lignes pures, clairement d’origine Aeldari, chacun avec ses armes illuminées d’une lueur surnaturelle alors qu’ils se préparaient à faire exploser le cargo dans le ciel.

Le message des assaillants de la planète était clair et net. La guerre pour Betalis III avait commencé.[7]

La Recherche d'Armes et d'Armures

Les Asuryanis cherchent à obtenir la supériorité dans le ciel avant d’engager des troupes au sol.

Même avec des milliers de régiments de la Garde Impériale en état de préparation constant, les rouages de la bureaucratie au sein du Departmento Munitorum tournaient terriblement lentement. L’ordre de frappe du Marteau de l’Empereur pouvait ne pas être donné avant des semaines, des mois ou même des années, une fois qu’une demande d’aide était reçue pour la première fois, alors qu’elle faisait son chemin dans la chaîne de commandement apparemment sans fin. Les personnes qui demandaient de l’aide étaient donc bien avisées de se défendre au cas où elles ne recevraient pas de renforts à temps ou pas du tout. C’est pourquoi, invoquant ses pleins pouvoirs de Consul Militant du système Betalis, un poste qui lui avait été accordé à son retour au service actif, le Général Odon a d’abord émis un décret à l’échelle du système selon lequel toutes les ressources, militaires et autres, faisaient désormais partie de l’effort de guerre en construction. Ce décret était accompagné d’un avis stipulant que quiconque oserait s’y opposer serait rapidement transféré dans les rangs du bataillon pénal d’Arbites, accusé de trahison pour avoir soutenu la cause des Aeldaris.

En tant que force militaire supérieure sur la planète, le 6e Régiment Blindé Cadien formait le noyau de l’armée, mais ce que le régiment a fourni en termes d’expérience et de capacité lui manquait en équipement. Il avait cruellement besoin de chars et ne disposait que de la moitié de son effectif habituel. Le reste n’avait pas encore été remplacé après leur destruction dans la guerre contre les Orks sur Saras VII.

Les officiers du 6e Régiment Cadien ont d’abord écumé Betalis III à la recherche de tout ce qui pouvait leur servir de chenilles et de blindage. Tous les blindages lourds de Betalis III, le peu qu’il en restait, furent immédiatement retirés de la Force de Défense Planétaire et ajoutés à ceux du régiment Cadien, avec ses escadrons de chars d’assaut Malcador "Infernus" et de Transports d’Assaut Blindés Crassus.

L’action suivante du Général Odon a consisté à obtenir le consensus du commandant de la Marine Impériale du système pour que tous les vols non essentiels soient cloués au sol sur la planète afin de protéger le peu de soutien aérien auquel il aurait à faire appel pendant le conflit. La petite flotte aérienne défensive de la Marine Impériale ne comprenait guère plus qu’un escadron de Marauders et un autre de Thunderbolts, la majorité de ses appareils "civils" étant des navettes de fret Arvus et des transporteurs. Le Général Odon savait que les Aeldaris chercheraient avant tout à obtenir la supériorité dans le ciel avant d’engager des troupes au sol. Avec peu de choses pour égaler leurs vaisseaux en termes de vitesse ou de maniabilité, ce serait une bataille difficile pour la flotte du système Betalis, mais à laquelle elle participerait quand même.

Puis l’état-major du Général s’est tourné vers les colons du monde de glace. Le Gouverneur Planétaire avait entrepris de constituer et de former des recrues pour répondre aux dîmes de la main-d’œuvre du Departmento Munitorum de la planète. Les recrues, des hommes et des femmes provenant pour la plupart de la Force de Défense Planétaire et de la milice ouvrière, avaient reçu le titre temporaire de 28e Fusiliers de Betalis. Ils n’avaient pratiquement pas d’équipement ni d’armes lourdes, mais avaient déjà suivi un entraînement avec le 6e Cadien et étaient considérés comme prêts au combat. Le Général Odon donna l’ordre de leur réaffectation. Ces recrues presque épuisées avaient peu d’expérience, mais il avait besoin de la main-d’œuvre nécessaire. Au pire, elles libéreraient des Gardes plus expérimentés des tâches de garnison et de sécurité. Leur commandant, le Colonel Empteda, était un officier compétent et loyal qui avait obtenu de bons résultats dans la formation des conscrits, et le Général Odon ne voyait pas la nécessité de le remplacer.

La recherche de troupes supplémentaires a également conduit directement aux cellules de l’Adeptus Arbites. La vie de l’homme du commun de l’Imperium est rarement facile. La guerre et la maladie l’enlève trop tôt à une grande partie de la lumière de l’Empereur et ceux qui survivent risquent d’endurer de telles épreuves que chaque jour est une lutte constante avec peu de récompense ou de confort autre que ce qu’ils peuvent prendre, volontairement ou non, à un autre.

Sur Betalis III, les descendants des premiers colons ont survécu à leur sinistre existence grâce à la haine amère de leurs ancêtres pour leurs surveillants qui s’est profondément ancrée dans leur psyché. Ayant un contrôle absolu sur leur vie, les hommes de main des cartels s’assuraient qu’il y avait peu de temps entre les quarts de travail pour qu’ils puissent s’attarder sur leur mécontentement. Cependant, les esprits s’échauffaient régulièrement et même les échauffourées ou les désaccords mineurs dégénéraient souvent en émeutes au sein de la population générale, et les sanctions rapides et sévères infligées pour la moindre infraction faisaient qu’il y avait rarement une cellule vide dans les nombreux complexes des Arbites dans le monde. C’est vers eux que l’état-major du Général se tournait à présent, et chaque prisonnier, quel que soit son crime ou sa peine, était armé et avait la possibilité de se racheter.

Le dernier ajout à la force de défense en plein essor a été la garde personnelle de la principale famille du cartel minier. Le représentant de la famille du cartel sur la planète, l’Intendant Vlaar, était un homme pratique, qui a reconnu que plus tôt la menace Aeldari serait écartée de Betalis III, plus vite les opérations normales reprendraient. La garde personnelle du cartel se composait d’un millier de soldats auxquels on accordait des fonctions cérémonielles et une protection en cas de visite des membres de la noble famille minière qui détenait le mandat d’Administratum. La garde avait l’air intelligente sur le terrain de parade et avait ses propres escadrons de Leman Russ et des Chimères, mais comme le 28e de Betalis, elle n’avait jamais vu d’action de combat. L’état-major du Général les a comme même pris. En retour, l’Intendant Vlaar fit pression et, à la surprise de nombreux représentants des familles rivales du cartel, reçut le grade de Colonel.

Ayant épuisé ce que Betalis III pouvait offrir, l’état-major du Général se tourna alors vers d’autres sources de main-d’œuvre. Le voisin Betalis IV, lui aussi en état d’alerte, était actuellement le point de ralliement du 14e Régiment Blindé de Vaust. Le Commandement Vaustien reçut l’ordre de remettre le contrôle du régiment aux Cadiens ; ils étaient les plus anciens et les besoins du système Betalis l’emportaient sur ses ordres précédents. Le régiment était composé d’hommes enrôlés dans les gangs de Ruche de Vaust et d’ouvriers, et bien qu’ils n’aient pas la tradition de service et de sacrifice des Cadiens, le régiment était bien équipé avec des Chimères et des Leman Russ. Il disposait également d’une compagnie de chars d’assaut Macharius vieillissants mais pleinement fonctionnels. Ces derniers étaient essentiels, d’autant plus que les Cadiens ne disposaient que de peu d’armement vraiment lourd, à savoir quelques escadrons de Baneblades, Stormblades et Shadowswords, qui avaient survécu à la bataille.

Une flottille de navires utilisés par les cartels miniers avait déjà été préparée pour le transfert immédiat du régiment lorsque son jeune Colonel, qui ne commandait le régiment que par pur hasard de naissance, envoya sa réponse. Bien qu’il comprenait la situation difficile dans laquelle se trouvait le Général Odon, il ne s’écartera pas de ses ordres initiaux tant que le commandement de secteur n’aura pas envoyé de nouvelles instructions. Le 14e de Vaust restera sur Betalis IV. Une escarmouche sur une planète reculée ne faisait pas partie des préoccupations actuelles du Colonel Vaustien.[8]

L'Intervention 048894.M41

Daetalus Astara, premier fils de la 321e Maison de Vaust et Colonel du 14e Régiment Blindé Vaustien, regardait avec désapprobation depuis le balcon de ses quartiers temporaires alors que son régiment s’alignait sur la piste d’atterrissage de fortune. Déjà parmi eux, il pouvait apercevoir ses nouveaux "conseillers" en train de fouiner. Récemment affectés au régiment, ils n’avaient fait que le critiquer et le sermonner depuis leur arrivée, en bavardant sur la nécessité de mieux entraîner ses hommes et de suivre les principes de la Tactica Imperialis. Il avait considéré que leurs commentaires étaient à la fois insultants pour l’un de ces nobles de naissance qu’il était et qu’ils constituaient une perte de temps. Non, il ne voulait pas écouter ces "conseillers", ni ce vieux fou qui venait de le supplier d’amener son armée à Betalis III. Le Colonel Daetalus avait décidé de suivre ses premiers ordres. Ils semblaient plus intéressants que de se battre contre une race appelée Aeldari dont il n’avait jamais entendu parler.

C’est alors qu’il a revu ce maudit oiseau galeux. Cette créature maléfique avait volé toute la matinée dans les baraquements provisoires du régiment et il commençait à avoir l’impression qu’il le suivait. Cela lui rappelait les vautours fauves de son monde natal, Vaust. Noir comme la nuit et gênant pour tout le monde, il avait assisté à de nombreuses chasses pour débarrasser les territoires de sa famille de leur présence dégoûtante. Voici maintenant un de leurs cousins dégénérés qui apparaissait et s’agitait sur quelque chose dans ses plumes à l’extrémité du balcon, mais qui garde un œil vert vif et pervers sur lui, bien que Daetalus ait pu jurer qu’il était momentanément passé au noir en clignant des yeux. Soudain, l’oiseau étendit ses ailes massives et s’envola droit sur lui. Ses serres se fendirent et lui griffèrent le visage, et c’était tout ce qu’il pouvait faire pour se protéger. Se précipitant vers la porte, Daetalus la claqua derrière lui.

Mais le cauchemar était loin d’être terminé. Contre le mur du fond de la pièce, son état-major était à genoux, les mains sur leur tête, et où il posait son regard, il voyait les canons de Fusils Laser tenu par des hommes qu’Astara ne reconnaissaient pas. De l’autre côté du bureau se tenait un vieil homme qui étudiait attentivement la carte du système Betalis qui était accrochée au mur à cet endroit, et qui montrait les caractéristiques de cette carte à un autre homme, courbé et de la moitié de sa taille et vêtu d’une cape et d’une robe marron rugueuse. Daetalus Astara, premier fils de la 321e Maison de Vaust et Colonel du 14e Régiment Blindé de Vaust en avait assez vu.

« Qui au nom de la Sk… » commença Astara, mais le son caractéristique des lasers se préparant à tirer de chaque côté de lui le réduisit instantanément au silence. Astara s’arrêta et prit le risque de tourner la tête d’abord d’un côté puis de l’autre, se retrouvant à fixer le mauvais bout d’un Fusil Laser de chaque côté. Une subtile mouvement du second canon lui indiqua qu’il devait retourner son regard vers l’avant.

L’homme, un vieux personnage à la peau de la couleur du cuir de Grox, le regardait droit dans les yeux. Alors qu’il congédiait son compagnon, qui s’est précipité vers la porte du fond, il est apparu soudain à Astara ce qu’était le vieil homme et surtout ce qu’il représentait. Il portait une robe longue et sans équivoque, décorée de symboles qu’Astara n’avait vus que lors des briefings hautement confidentiels sur les Guerres Tyraniques, où son régiment allait bientôt être envoyé. L’homme était de l’Ordo Xenos ; c’était un Seigneur Inquisiteur.

Mais ce sont ses yeux qui ont alors attiré toute l’attention d’Astara alors que le vénérable homme s’avançait vers lui. Ce n’étaient pas les yeux rhumatisants d’un vieillard, mais plutôt un argent métallique et, comme ceux de l’oiseau, ses iris étaient d’un vert brillant qui, lorsqu’il clignait des yeux, passait au noir et revenait. Ce n’est qu’une fois qu’il se tenait juste devant Daetalus que le Seigneur Inquisiteur a finalement parlé.

« Daetalus Astara. Premier fils de la 321e Maison de Vaust et Colonel du 14e Régiment Blindé de Vaust, je suis le Seigneur Hestaphus Danzk, Inquisiteur de l’Ordo Xenos. Vous êtes accusé d’avoir désobéi aux ordres directs d’un officier supérieur et d’avoir délibérément retenu un régiment de l’Empereur. Je vous ai déclaré coupable de tous les chefs d’accusation. Vous allez maintenant payer pour vos péchés. »[9]

Le défi lancé par le commandant du 14e de Vaust s’est terminé avec l’arrivée du Seigneur Inquisiteur Hestaphus Danzk à Port Ryira. Le Seigneur Inquisiteur, un agent de la grande institution de l’Ordo Xenos, s’est introduit dans la salle de commandement du Général Odon à l’improviste et sans être invité. Il était accompagné de sa suite : trois Gardes Cadiens, un Technoprêtre de l’Adeptus Mechanicus au bras duquel était perché un énorme oiseau noir, des câbles provenant des implants sur son crâne le reliant à son créateur, et deux Ogryns. Traîné sans cérémonie entre les deux brutes mégalithiques, le jeune Colonel Vaustien avec le regard pitoyable, toutes les preuves de son ancien grade arrachées sans cérémonie à son uniforme souillé.

Ayant reçu l’ordre par ses supérieurs d’enquêter sur les rapports croissants concernant les Aeldaris dans le système, le Seigneur Inquisiteur Danzk était en route pour Betalis III lorsqu’il avait intercepté les plaintes du jeune Colonel à ses commandants concernant les ordres du Général Odon. Se rendant à Betalis IV, Danzk avait arrêté le Colonel et tout son état-major, et les avait condamnés à servir dans le bataillon pénal Arbites nouvellement formé jusqu’à la fin de la guerre.

Le 14e Régiment Blindé de Vaust fut immédiatement redéployé sur Betalis III et en quelques jours, sa compagnie de Leman Russ, de Chimères, de Macharius et d’Ogryn fut réaffectée en renfort des escadrons Cadiens. Certains des officiers du 6e Régiment Cadien ont également été répartis dans les rangs du nouveau régiment, remplaçant les officiers inexpérimentés issus des familles dirigeantes du Monde-Ruche par des Sergents et des Vétérans Cadiens beaucoup plus expérimentés. Des Commissaires ont également été affectés parmi les pelotons afin de réprimer toute dissidence avec leur finalité habituelle.

En plus d’apporter une solution au manque de troupes au sol de l’armée, le Seigneur Inquisiteur avait également fait appel à d’autres ressources, certaines auxquelles même le nouveau Consul Militant n’avait pas accès. Dans les environs du système de Betalis se trouvait également un convoi destiné au système Yarant, contenant un transport titanique de la Legio Gryphonicus - les Griffons de Guerre. Le Général Odon a transmis une demande astropathique au monde intérieur des Griffons de Guerre, demandant sa réaffectation temporaire. La demande a été approuvée et, en outre, une force de frappe de troupes de Paras Élysiens accompagnant le convoi a également été détournée. Les Élysiens, sous le commandement du Capitaine Isarta, fourniraient leurs propres transports aériens et formeraient une réserve mobile pour la force de défense. En route vers le système, le Seigneur Inquisiteur Danzk avait également demandé l’aide du Chapitre des Space Wolves. On avait signalé leur présence dans un système voisin, et si les Space Marines répondaient à l’appel de renforts, alors leur puissance supplémentaire verrait une force formidable rassemblée pour la défense de la planète.

Toutes les options disponibles ayant été épuisées et les Corsaires Aeldaris organisant désormais ouvertement des raids de jour sur les deux autres continents, leurs populations étant laissées à elles-mêmes sur ordre du Général, la force de défense de Betalis III a été divisée en trois groupes de combat.

Le Colonel Empteda prendrait le commandement du premier. Son groupe de combat a reçu l’ordre de se diriger immédiatement vers le Glacier de Bregan. Le glacier surplombait l’entrée de la Péninsule de Tarundor, et s’il devait tomber entre les mains de l’ennemi, les mouvements sur et hors de la péninsule, où les forces de l’Imperium étaient basées, seraient sévèrement limités. Il était essentiel qu’il soit entre les mains de l’Imperium avant le début de la guerre.

Pendant ce temps, les deux autres groupes de combat resteraient en alerte à Port Ryira. Ce n’est que lorsque l’ampleur des forces de l’ennemi et ses intentions seront parfaitement claires que le groupe de combat le plus important, dirigé par le Général Myndoras Odon, se déploiera. Le dernier des trois groupes de combat, commandé par le Colonel Vlaar, resterait au port spatial, à moins que le déploiement de ses forces de réserve ne soit jugé absolument nécessaire.

Jusqu’à cet instant, les défenseurs du monde de glace de Betalis III se préparaient à la guerre.[10]

CHAPITRE II : LA FIN DU SILENCE

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La colossale étoile bleue du système Betalis était un ancien voyageur. Elle avait traversé les bras spiraux occidentaux de la galaxie pendant des milliards d’années, traînée par un linceul fantomatique, et avait figuré dans les mythes et légendes de la région sous de nombreuses formes. Pour les mondes du Consortium Pashek, c’était l’œil omniprésent d’un dieu cyclopéen terrifiant qui surveillait et jugeait constamment leurs moindres faits et gestes. Mais pour le Boss de Guerre Ork des Bad Moons, Gobteef Fangmaw, c’était un énorme bijou étincelant déposé par le dieu Ork Gork (ou peut-être Mork) lui-même. Poussé par sa soif insatiable de posséder le joyau de la taille d’une étoile, le Seigneur de Guerre Ork avait traversé le secteur à la tête d’une gargantuesque Waaagh! forte de millions d’Orks ; son déchaînement meurtrier ne fut arrêté que lorsqu’il fut tué par un Seigneur de Guerre Ork Goff rival.

Pour l’Imperium, l’étoile Betalis n’était rien de tout cela. Ce qu’ils ont trouvé lorsque leurs vaisseaux de recherche l’ont examinée et cataloguée n’était qu’une autre boule de plasma et de radiations comme tant d’autres dans le domaine de l’Empereur. L’étoile n’était rien de plus qu’un soleil mineur qui avait craché sa matière stellaire dans les vides de l’espace pendant des millénaires avant de converger à nouveau dans un vaste nuage de poussière stellaire à près d’une année-lumière.

Connue sous le nom de Nébuleuse de Karina, de nuage de poussière de Betalis ou simplement de EPN31953 par les xeno-cartographes impériaux, pour les Aeldaris, cette étendue brumeuse était le Voile de la Vierge. Rien de plus qu’une tache insignifiante sur les cartes stellaires de la Marine Impériale, pour les esprits insondables des Aeldaris, c’était un endroit évité par les quelques habitants des Vaisseaux-Mondes qui étaient au courant de son terrible secret. Mais pour les jeunes Aeldaris qui cherchaient une vie libre des restrictions et des contraintes des palais stellaires Aeldaris, il ne suscitait aucune crainte. Au lieu de cela, pendant des millénaires, il les attira comme des papillons de nuit vers une flamme pour rejoindre d’autres parias de leur race en train de mourir lentement dans son voile de soie, et où maintenant une flotte Corsaire massive se rassemblait en préparation de son assaut sur le système de Betalis.[11]

Les Yeux Écarquillés dans le Désert

La destruction du réseau de surveillance global de Betalis III par les Corsaires Aeldaris avait sérieusement désavantagé les forces du Général Odon. Sans ce réseau, de vastes étendues du continent oriental ne pouvaient pas être surveillées, et elles ne pouvaient pas compter sur l’aide des plates-formes de défense de la Marine Impériale en orbite. Les capteurs des plates-formes avaient été conçus pour pénétrer la matière stellaire hautement réfléchissante qui se déversait dans le système depuis le soleil de Betalis. Il faudrait plusieurs jours de recalibrage délicat par les techno-adeptes avant qu’ils puissent être recentrés sur la planète, sans parler de fournir des images de qualité suffisante pour les commandants des groupes de combat.

Une fois encore, le Seigneur Inquisiteur Danzk a fourni la solution. Parmi sa suite se trouvait un Technoprêtre de l’Adeptus Mechanicus, Mydeaus, que l’Inquisiteur avait sauvé plus de trente ans auparavant d’un soulèvement de Cultistes du Chaos sur le Monde-Ruche d’Hemisphere. Les stations de relais et les systèmes d’alimentation du réseau de surveillance ayant été trop endommagés par les raids Aeldaris pour que le Technoprêtre puisse les réparer, il se mit à travailler sur une alternative. Travaillant sans relâche pendant deux jours et deux nuits, le Technoprêtre a donné une nouvelle utilité au système de surveillance de Port Ryira, désormais redondant. À partir de ses composants bio-mécaniques, il créa des dizaines de Serviteurs de surveillance, pour la plupart des dispositifs statiques, mais certains étant même capables de voler à basse altitude. Ils furent ensuite distribués à des endroits clés du continent oriental par la suite de l’Inquisiteur, les trois Cadiens et le Technoprêtre risquant d’être découverts à tout moment par les patrouilles croissantes des escadrons de Motojets Aeldaris.

Quelques heures après l’activation du dernier dispositif, l’ampleur de l’incursion Aeldari avait été réalisée. Surveillant les flux des Serviteurs sur les bancs d’écrans de sa Chimère de commandement, le Seigneur Inquisiteur Danzk informa le Général Odon que les défenseurs de Betalis III faisaient face à non pas un mais deux énormes ost de combat Aeldaris.[12]

La Bataille pour le Système de Betalis

L’espace autour de Betalis III.

Les systèmes d’alerte précoce du Watchful Saviour, la principale plate-forme de défense en orbite de Betalis III, se sont mis en marche lorsque l’armada de Corsaires a franchi les limites du système. Comme un seul homme, les figures en robe sombre de son chœur se sont levées de leurs stalles en bois finement sculptées et ont commencé à chanter le Cantique du Fils Observateur ; le faible bourdonnement de l’appel aux armes était un sombre contraste avec les sirènes hurlantes qui avaient également été déclenchées par l’approche des vaisseaux ennemis.

Loin au-dessus d’eux, dans les hautes flèches du Watchful Saviour, les équipes de tir se préparèrent au combat. Des dizaines de travailleurs sous contrat de la Marine Impériale soulevèrent les énormes Macrocanons et lances de la plate-forme pour les mettre en position de tir ; les chaînes qu’ils traînaient leur entaillaient profondément les mains et les épaules tandis qu’ils s’efforçaient de fournir l’effort colossal requis par leur tâche.

Plusieurs niveaux plus bas, au cœur de la plate-forme, les adeptes de l’Adeptus Mechanicus bénissaient le fonctionnement du générateur de plasma de la station, les longs filaments noirs de leurs brosses électriques étalant des huiles et des onguents sacrés sur ses rouages et ses arcanes tachés par le temps. Puis, lorsqu’ils furent satisfaits d’avoir accordé suffisamment de bénédictions et d’onctions, les adorateurs de l’Omnimessie saisirent chacun l’une des valves primaires du générateur et, avec une prière murmurée, réveillèrent l’Esprit de la Machine dormant.

Deux heures après que ses capteurs aient détecté l’approche des vaisseaux Corsaires, les équipages des canons du Watchful Saviour ont ouvert le feu à portée maximale, leurs faisceaux lumineux aveuglants coupant profondément la trajectoire de vol de la flotte en approche. Leurs efforts n’ont pas été récompensés car les faisceaux se sont dissipés de manière inoffensive au-delà des vaisseaux. Encore et encore, les équipages ont tiré, mais sans grand effet, les lasers de défense brillaient d’une lumière rougeoyante tandis que leurs équipages s’efforçaient de suivre et d’atteindre les cibles insaisissables dont les Holo-Champs redirigeaient et dispersaient les tirs avec facilité.

Puis, derrière la deuxième lune du monde de glace, la flotte impériale du système se joignit à la bataille - des douzaines d’Intercepteurs Fury, des moniteurs de défense et des vaisseaux systèmes, leur nombre étant pitoyablement faible par rapport à la masse des vaisseaux Aeldaris. Les Intercepteurs Fury accélérèrent une fois qu’ils furent éloignés de la lune, les plus rapides de la petite flotte, leurs ordres étaient d’attirer les Aeldaris hors de leur trajectoire et vers les canons des vaisseaux systèmes plus lents mais mieux armés et blindés. En réponse, la première vague de Corsaires les engagea immédiatement.

Se tordant en spirale dans l’espace, les vaisseaux Aeldaris volèrent directement vers la formation qui arrivait, faisant peu de cas du barrage de Canons Laser et de missiles que les intercepteurs de l’Imperium tiraient lorsqu’ils se rapprochaient. Puis, faisant pivoter leurs vaisseaux dans des angles quasi impossibles, ils décrivirent un arc de cercle sur les flancs de leurs proies ; les pilotes Xenos oblitérèrent la plupart des escadrons de la Marine Impériale dans une attaque synchronisée aussi parfaite dans son exécution coordonnée que meurtrière. Après que la première vague eut détruit les restes des escadrons Fury, la seconde vague de Corsaires, composée de Darkstars et d’escadrons de frégates Aconite et Hellebore, s’avança pour attaquer les vaisseaux majeurs de l’Imperium et la formation des moniteurs de défense, les élégants vaisseaux d’escorte Xenos étant équipés de Lances Pulsar et de Lance-Torpilles.

Le Holy Retribution, l’un des rares vaisseaux système affectés à la flotte de Betalis, a été le premier à subir leurs attentions. Les batteries d’armes ont été tirées les unes après les autres par les équipages du Holy Retribution, les matelots et les travailleurs sous contrat à l’intérieur du vaisseau préparant la prochaine salve dès que leurs armes étaient déchargées. Puis, alors que la trajectoire du vaisseau passait devant la lune, les lances à longue portée du Watchful Saviour se sont jointes aux salves. Pris dans la tempête de feu, des dizaines de vaisseaux Corsaires furent détruits, leurs restes explosés dérivant bientôt parmi ceux des Intercepteurs Fury qui avaient été détruits quelques minutes auparavant.

Pendant près d’une heure, la bataille fit rage. D’abord, les Corsaires s’approchaient de plus en plus du vaisseau et en retour, ils étaient pris dans ses tirs intenses ou piégés par les rayons du Watchful Saviour. Mais au fur et à mesure que le temps passait, le feu des armes Aeldaris faisait des ravages sur le Holy Retribution. Avec un nombre insuffisant d’escadrons de Fury pour le protéger, les agiles et puissants Chasseurs Darkstars Aeldaris ont infligé suffisamment de dégâts pour surcharger ses générateurs de bouclier, et ont plongé pour mitrailler ses ponts d’artillerie et sa flèche de commandement au moment où ils ont échoué.

Les cloisons externes étant compromises et les panneaux de verre blindé de plusieurs mètres d’épaisseur entourant le pont de commandement menaçant de se rompre à tout moment, le commandant du Holy Retribution, le Capitaine Mevuen, donna l’ordre à son vaisseau mourant de se diriger vers la seule zone de la périphérie du système que tous les vaisseaux impériaux avaient jusqu’à présent évité. En entrant dans la région, alors que les Corsaires continuaient à mitrailler son vaisseau, le Capitaine Mevuen ouvrit le réseau vox du vaisseau et commença à réciter la prière commune de la flotte, le bruit du vaisseau séculaire qui se déchirait étant clairement audible autour de lui. Le vénérable capitaine n’avait pas encore terminé sa sombre liturgie qu’un Chasseur Darkstar, dont l’identité extraterrestre n’était pas reconnue par les restes du champ de mines semé dans le système Betalis des siècles auparavant par l’Unification Divine, déclencha l’une des mines abandonnées. Alors que les cristaux de génération d’énergie du vaisseau Aeldari se brisaient et que sa coque se fragmentait, son champ de débris a déclenché d’autres mines, endommageant gravement le Holy Retribution et les dizaines d’autres vaisseaux Corsaires qui avaient essaimé autour du vaisseau mourant.

Les explosions ont déchiré le Holy Retribution, provoquant la rupture de ses boucliers et de ses cloisons, envoyant des milliers d’hommes d’équipage de la Marine Impériale dans le vide froid de l’espace. Dans les quelques zones du vaste vaisseau où l’équipage n’a pas été immédiatement éjecté dans le vide, les hommes se sont battus entre eux pour gagner des places dans les quelques nacelles de sauvetage intactes. Ceux qui ont eu la chance de s’échapper ont été soit immédiatement pris pour cible et détruits par des vaisseaux Corsaires Aeldaris, soit ont lentement dérivé à travers le système jusqu’à ce qu’ils atteignent la sécurité d’une des planètes habitées.

Tandis que la destruction du Holy Retribution se déroulait à la périphérie du système Betalis, le reste de la flotte Corsaire maintenait sa route vers le Watchful Saviour et les derniers escadrons de Fury et vaisseaux systèmes qui montaient la garde.

Pratiquement sans opposition, la première vague de Darkstars a marqué plusieurs coups directs, leurs tirs ont traversé les boucliers et endommagé les stabilisateurs gravitiques de la plate-forme. Dans un mouvement écœurant, la plate-forme massive commença à gîter, et tout ce qui n’était pas solidement fixé commença à rouler et glisser sur les ponts, écrasant tout sur son passage tandis que le Watchful Saviour s’inclinait et commençait à dériver hors de son orbite géostationnaire.

Les effets ont été dévastateurs. Les équipages et les matelots ont été noyés lorsque les énormes cuves de produits chimiques qui surplombaient les lasers de défense, dont le contenu toxique servait à empêcher la surchauffe des armes, se sont détachées de leurs supports, engloutissant les hommes qui fuyaient frénétiquement dans un raz-de-marée acide. Dans l’apothecarium, le maître-chirurgien du Watchful Saviour a été presque mortellement mutilé lorsque des étagères contenant des instruments chirurgicaux se sont renversées sur lui au milieu de l’opération, leurs lames acérées le tranchant de la tête aux pieds avec des dizaines d’incisions. Un sort pire encore attendait les équipages qui travaillaient dans les baies exposées en permanence au vide extérieur. Dès que le Watchful Saviour a commencé à gîter, les portes des cloisons menant aux sections ouvertes de la plate-forme se sont automatiquement fermées. Leurs voies d’évacuation étant coupées, des centaines de personnes sont mortes lorsque le champ d’énergie protecteur entre l’équipage et l’espace a fluctué pendant quelques secondes, les exposant aux radiations intenses de l’étoile du système de Betalis.

Les tirs d’une troisième vague de Corsaires ont achevé la plate-forme en détresse, son tir de riposte s’est relâché alors que des bûchers faisaient rage en son sein et que ses compartiments étaient inondés de fumée toxique. La défaite étant imminente et ses canons se taisant un par un, le capitaine Bases, commandant du Watchful Saviour, ordonna l’évacuation de la plate-forme. Des nacelles de sauvetage furent frénétiquement chargées avec les blessés et les quelques survivants indemnes, puis éjectées vers la planète.

Les quelques vaisseaux de la Marine Impériale qui avaient survécu aux premiers assauts se replièrent dans les régions extérieures de l’étoile Betalis, ses radiations les protégeant des capteurs de la flotte Corsaire qui dominait désormais le système de Betalis.

Après avoir gagné la bataille pour le ciel de Betalis III, les Aeldaris ont immédiatement porté leur attention sur la planète en dessous.[13]

La Bataille d'Alnitac Prime 055894.M41

« O éternel Empereur-Dieu, qui seul déploie les cieux et dirige les déchaînements du Warp, qui a entouré le vide de limites jusqu’à ce que le jour et la nuit s’achèvent, Il te plaît de recevoir dans Ta toute-puissante et très gracieuse… »
- Dernière transmission du Holy Retribution. Les huit mille trente-deux âmes remises à la grâce de l’Empereur lors de la bataille pour le système de Betalis.
À Alnitac Prime, les Impériaux s’en prirent aux aéronefs Asuryanis.

La première grande offensive terrestre de la guerre de Betalis III a eu lieu à Alnitac Prime, une vaste installation qui raffinait les produits chimiques utilisés dans la production de prométhéum, et qui s’étendait sur plus de cinquante kilomètres à travers le Glacier de Bregan. S’écoulant de la chaîne de montagnes Escarta à la vitesse infinitésimale de moins d’un demi-mètre par siècle, le glacier, dont la glace était marbrée par les cendres gris foncé qui tombaient constamment comme de la neige de la forêt de cheminées et de tours de refroidissement de la raffinerie, se profilait sinistrement au-dessus de la limite orientale des Plaines Alaciennes.

Les plaines n’étaient guère plus qu’un désert glacé, mais elles étaient traversées par l’entrée de l’Isthme de Tarandor, le pont terrestre qui reliait le nord-est de la péninsule, et finalement Port Ryira, au reste du continent oriental. Les deux forces Aeldaris, celle d’Alaitoc au sud du continent et celle de Mymeara se dirigeant vers l’est depuis son portail près de la côte ouest, devaient converger vers les Plaines Alaciennes. Le Général Odon prépara son groupe de combat pour les y opposer, car celui qui contrôlera le glacier aura un avantage dans la bataille à venir.

Déployé dans un convoi rapide de transports d’assaut blindés Leman Russ, Malcador, Praetors et Crassus et profitant des réseaux routiers qui alimentaient l’appétit insatiable de l’installation pour les matières premières de Betalis III, le Groupe de Combat Empteda s’est déployé sur le glacier le soir du troisième jour de son départ de Port Ryira. Alors que le Colonel Empteda surveillait les préparatifs du groupement tactique, des milliers d’ouvriers et leurs familles avaient déjà quitté leur bloc d’habitation et entrepris le périlleux voyage pour chercher un abri ailleurs, en se dirigeant soit vers les tunnels des routes du nord et de l’est, soit vers les réseaux de canyons et de grottes des montagnes environnantes. Chaque homme, femme et enfant savait que l’ennemi arrivait ; la seule question était de savoir quand il allait arriver.

Fidèles à leur habitude, les Aeldaris n’ont pas fait attendre les défenseurs longtemps. À l’aube du quatrième jour, alors que les escadrons de reconnaissance avancée de Sentinelles du Groupe de Combat patrouillaient dans les régions les plus méridionales du glacier, ils ont essuyé le feu d’escadrons de chars gris et de Vypers Aeldaris qui avaient précédé la force principale de Mymeara, traversant les Plaines Alaciennes à basse altitude et passant au-dessus du bord avant du mur de glace. Presque invisibles dans l’obscurité, ils n’étaient guère plus que de faibles taches sur les senseurs des Sentinelles alors que les escadrons de marcheurs étaient anéantis un par un ; les Rangers Asuryanis déjà dissimulés dans les canyons de glace environnants guidaient habilement leurs frères aériens.

Rejoignant Mymeara peu de temps après, la première vague de vaisseaux Corsaires a commencé son attaque sur l’installation. Mais le Groupe de Combat était prêt et les attendait. Alors que les Nightwings, Phoenix et Vampires s’envolaient, ils furent accueillis par une énorme tempête de tirs lasers et d’obus d’artillerie. Le jeune Colonel n’avait pas été envoyé au combat les mains vides. Avant de quitter leur base sur le monde industriel voisin, les officiers du 6e Régiment Cadien avaient ordonné à leurs hommes de dépouiller complètement les dépôts de réapprovisionnement de tous les canons, de toutes les munitions et de tout le matériel qu’ils pouvaient trouver. Il ne restait plus grand chose lorsque la dernière escouade cadienne a quitté le monde de glace. Chaque vaisseau de la flotte avait été rempli d’assez d’armement pour défendre la planète pendant des mois, et parmi cet énorme arsenal se trouvait un lot de plates-formes de défense destinées à être distribuées pour des guerres ailleurs dans le secteur. Ainsi, une grande partie du glacier fut hérissée par les canons de ces armes qui lâchèrent salve sur salve sur la formation d’attaque Aeldari qui arrivait.

Le tonnerre des armes lourdes du Groupe de Combat Empteda a secoué les chaînes de montagnes environnantes, déclenchant des avalanches et des chutes de pierres qui ont dévalé leurs pentes, enterrant des centaines de réfugiés qui avaient parié sur la sécurité des systèmes de grottes plutôt que de se diriger vers l’est pour risquer la longue marche à travers la toundra glaciale. Sans se laisser décourager par la tempête de feu dans laquelle ils avaient volé, les chasseurs Aeldaris se sont élevés au-dessus de l’installation et une fois leur attaque terminée, ils se sont envolés dans les cieux. Ayant à peine le temps de recharger, les Gardes aperçurent à l’horizon des dizaines de traînées blanches qui annonçaient l’approche d’une seconde vague de Corsaires.

Les Gardes aux commandes des plates-formes de défense déclenchèrent une nouvelle salve d’obus lorsque l’ennemi arriva à portée. Les tirs se succédèrent et balayèrent le ciel tandis que les équipages firent pivoter leurs armes lourdes pour suivre la trajectoire des vaisseaux élégants, avant qu’ils ne s’élèvent à leur tour au-dessus de l’installation à une vitesse vertigineuse et hors de portée. La seconde attaque n’a pas duré plus longtemps que la première et, bien que les deux forces ennemies aient tout donné, aucune n’a pu infliger un coup fatal à l’autre.

La situation au Glacier de Bregan.

Alors que le silence retombait sur Alnitac Prime, les équipes de tir ont rechargé leurs armes et scruté l’horizon, attendant que les signes révélateurs des traînées de condensation apparaissent à nouveau. L’attaque suivante est arrivée rapidement, bien qu’elle ne venait pas des airs mais des montagnes environnantes, les tirs de sniper ayant déchiré les plateformes d’armes lourdes. Les Corsaires n’avaient été qu’une diversion, une feinte pour gagner du temps afin que les Rangers Asuryanis se déplacent et que leurs armes soient à portée du Groupe de Combat. Les Gardes qui avaient survécu à la première salve furent immédiatement cloués au sol, utilisant le peu de couverture que leur offraient leurs plates-formes d’armes ou gisant immobiles parmi les corps de leurs camarades tombés au combat alors que les tirs de sniper ricochaient le long de la structure métallique des plates-formes.

Observant la bataille à Alnitac Prime, le Colonel Empteda a lancé la partie suivante de son plan. À son commandement, les escadrons de lanceurs d’assaut blindés Leman Russ, Chimères et Praetors qui attendaient se mirent en action, leurs pots d’échappement crachant des fumées noires et huileuses dans l’air glacial tandis qu’ils accéléraient vers les lignes assiégées de plateformes d’armes lourdes. N’ayant aucune chance de localiser les Aeldaris dissimulés dans le vaste réseau de ravins qui les entourait, le Colonel Empteda s’était tourné vers l’une des rares armes de l’arsenal de la Garde Impériale qu’il avait en abondance - une puissance de feu écrasante. Les artilleurs des chars envoyèrent une série de tirs sur les montagnes, les obus déclenchant une grêle mortelle d’éclats d’obus tandis que les rochers et la glace explosaient avec un effet mortel.

Alors que les chars rôdaient sur le champ de bataille et que les tirs de sniper cessaient, les survivants des 14e et 28e Régiments de Vaust sur les plates-formes commencèrent à célébrer en croyant que les Aeldaris avaient été détruits. Ils l’avaient été. Ils avaient repoussé deux attaques et avaient survécu. Les Cadiens les plus expérimentés parmi eux restaient sinistrement silencieux. Ils savaient que les Aeldaris n’étaient pas si faciles à battre et qu’ils reviendraient bientôt. Une chose que le Colonel Empteda était plus que prêt à affronter, et dans les quelques minutes où le rythme de la bataille s’est brièvement arrêté, il a donné l’ordre de commencer la partie suivante de son plan.

Le dernier des véhicules qu’Empteda avait à sa disposition descendait à toute vitesse le glacier d’Alnitac Prime. Alors qu’ils avançaient à toute allure, leurs traces grondaient sur les énormes bouches d’aération de l’installation qui étaient réparties le long du glacier. Un jour seulement auparavant, ces lignes de vie vitales fournissaient un air pur précieux pour diluer les fumées toxiques qui s’échappaient des fours de l’installation en dessous, empêchant ainsi la suffocation des milliers de personnes qui y travaillaient jour et nuit. Abandonnés à la hâte par les travailleurs, ces fours brûlaient toujours avec ardeur et là où des hommes et des femmes avaient travaillé, quelque chose d’autre se déplaçait maintenant à leur place, transporté sur le glacier dans les cales du Crassus.

Les deux vagues de véhicules impériaux se rejoignirent bientôt et se reformèrent en trois énormes blocs tandis qu’ils prenaient de la vitesse, créant une nouvelle ligne de front un kilomètre plus bas sur le glacier. Maintenu à l’arrière, les plates-formes statiques d’armes lourdes ont alors pris le rôle d’artillerie. Une fois de plus, les pilotes Corsaires descendirent en piqué et, en retour, les équipages des chars ouvrirent le feu tandis que les blocs lourdement blindés avancèrent en grondant. Les Canons Shuriken et les Canons Stellaires s’échangèrent les tirs des Bolters Lourds et des canons automatiques tandis que les gracieux engins mitraillèrent la ligne de bataille. La distance était si proche entre les deux camps que les Holo-Champs et les blindages avaient peu d’importance. Dans ce combat furieux, la formation impériale serrée et son bombardement quasi constant ont permis d’égaliser les chances.

Des équipes de pilotes de motojets glissaient sur la surface du glacier derrière les Corsaires, reprenant les attaques des plus gros vaisseaux. La lenteur de la force impériale continuait à avancer obstinément, chaque pilote confiant sa sécurité à son véhicule blindé et à ses canons, et restant au sein de la formation. Combattre ensemble et vivre, rester seul et mourir. Le choix était simple. Cependant, des lacunes commencèrent à apparaître, et même si les véhicules étaient à l’origine entièrement chargés, les réserves de munitions s’épuisèrent à cause de la cadence de tir quasi constante.

À Alnitac Prime, le Colonel Empteda regardait solennellement les courageux Gardes sous son commandement se battre. S’ils avaient eu plus de temps et de ressources, ils auraient pu réussir, mais le jeune Colonel savait qu’un tel espoir était une folie. Il était clair que la supériorité aérienne des Aeldaris et leur nombre croissant auraient fini par balayer le Groupe de Combat. Ses hommes avaient bien fait de tenir aussi longtemps. Il avait déjà été informé par l’état-major d’Odon que les forces principales de l’armée de Mymeara se déployaient dans les Plaines Alaciennes. S’il n’agissait pas maintenant, alors les Aeldaris gagneraient les hauteurs et le Groupe de Combat Odon n’aurait aucune chance.

En murmurant une brève prière pour le pardon de l’Empereur, le Colonel Empteda se tourna vers les hommes derrière lui qui contrôlaient les Véhicules de Démolition Cyclops maintenant positionnés dans les profondeurs de l’installation, et d’un seul mot mit fin à la bataille d’Alnitac Prime.

« Détonation. »[14]

Une Prière pour les Morts

À des kilomètres du glacier, le Seigneur Inquisiteur Danzk récitait la prière pour les morts en observant la destruction du Groupe de Combat Empteda et de ses attaquants à travers les yeux d’un Serviteur en vol stationnaire. La détonation des Véhicules de Démolition Cyclops déployés dans l’installation pendant la bataille avait déclenché une réaction en chaîne catastrophique dans les fours et les énormes cuves de stockage de produits chimiques. L’explosion qui a immédiatement suivi a liquéfié le champ de glace au-dessus de l’installation, projetant le groupe de combat et des milliards de tonnes de glace fondue et de roche en fusion directement dans la vaste volée de vaisseaux Aeldaris qui tournaient au-dessus.

Le Groupe de Combat Empteda n’aurait jamais pu tenir le glacier ou l’installation contre la puissance des Aeldaris et son jeune Colonel l’avait su dès qu’il avait reçu ses ordres. Mais l’Inquisiteur Danzk avait respectueusement reconnu que le Colonel Empteda avait accompli son devoir sans poser de questions et que, grâce à son sacrifice désintéressé et à celui de ses hommes, il avait réussi à priver les Aeldaris de l’avantage du terrain surélevé et à donner au Groupe de Combat Odon le temps dont il avait si désespérément besoin.

Sa sombre liturgie terminée, l’Inquisiteur Danzk coupa le lien avec le Serviteur et regarda de ses propres yeux l’impressionnant spectacle des rangs du Groupe de Combat Odon alignés à l’entrée ouest de l’Isthme de Tarundor en dessous de lui.[15]

CHAPITRE III : LES TEMPS SOMBRES

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Le Garde Ayra était assis, à moitié hébété, dans la cale du transport de minerai qui grondait et tanguait ; la puanteur et les bruits de vomissement de ceux qui l’entouraient et qui n’avaient pas l’estomac pour le mouvement de balancement violent du vaisseau ne faisaient pas grand-chose pour combattre la fatigue causée par des heures d’attente sur une piste d’atterrissage glaciale pour embarquer. Les transports réquisitionnés qui transportaient le Groupe de Combat Odon vers sa zone de déploiement n’avaient jamais été conçus pour contenir une cargaison humaine, mais à présent, des milliers de Gardes voyageaient à bord d’une flottille massive se dirigeant vers le sud-ouest, de Port Ryira à l’Isthme de Tarundor, leurs Chimères et leurs Transports d’Assaut blindés Crassus étant suspendus sous les navires ou transportés par d’autres moyens. Une fois déployé, le Groupe de Combat se dirigerait vers les Plaines Alaciennes et affronterait enfin l’ennemi Xenos qui avait envahi ce monde sous l’emprise de l’Empereur. Pendant ce temps, alors que les vaisseaux de l’Imperium s’approchaient lentement et pesamment de l’isthme, les Aeldaris se rapprochaient de deux directions, un ost de guerre venant de l’ouest du continent et l’autre, du sud-est.

Quelques secondes, peut-être quelques minutes plus tard, Ayra fut réveillée en sursaut par le son inimitable d’un tir d’armes lourdes qui frappa le côté du transport et un puissant boom se répercuta dans la soute. Une autre explosion suivit rapidement, puis une autre, le vaisseau tremblant violemment à chaque fois. Le jeune Garde réalisa avec une horreur croissante que les Aeldaris attaquaient le convoi.

C’est alors que l’enfer se déchaîna.

Une explosion massive retentit dans l’air. Le Garde Ayra, assommé par le bruit assourdissant, croisa instinctivement les bras et rentra sa tête dans sa poitrine au moment où une onde de choc frappa le vaisseau. L’avant du vaisseau commença à se soulever sous l’effet des ondes de pression et les sangles qui maintenaient Ayra et les autres Gardes en place sur des bancs installés à la hâte les serraient douloureusement contre les parois de la cale. Les moteurs du transport hurlaient de protestation tandis que quelque part à l’avant, le pilote luttait avec les commandes du vaisseau, essayant désespérément de le stabiliser et de l’empêcher de s’écraser. Ce moment terrifiant passa rapidement et, au grand soulagement de tous les occupants de la cale, le transport se stabilisa à nouveau.

Dès que l’écoutille du transport s’est ouverte sur la zone d’atterrissage, tous les Gardes encore en état de le faire ont couru à toute vitesse, reconnaissants d’être de retour sur la terre ferme. Le Garde Ayra fut l’un des derniers de son escouade à partir, tirant son Sergent gravement commotionné, frappé à la tête par des équipements projetés dans le compartiment, entre lui et le Commissaire de l’escouade. L’horreur qui accueillit le jeune Garde dans la lumière de l’aube le stoppa presque net dans son élan. Seul le Commissaire lui criant de continuer à avancer empêcha Ayra d’être percuté par le flot de Gardes s’arrachant du transport derrière lui.

Le glacier de Bregan, ou ce qu’il en restait, était en flammes à l’horizon, à deux kilomètres à peine. La pollution séculaire qui s’était infiltrée dans le glacier depuis l’usine chimique d’Alnitac Prime alimentait des bûchers dans ses vestiges. Autour de l’ancien emplacement du glacier, jusqu’à la zone de déploiement improvisée du Groupe de Combat Odon, à des kilomètres de là, se trouvaient les restes du Groupe de Combat Empteda et de ses attaquants Aeldaris.

Tout ce qui n’avait pas été immédiatement atomisé par l’explosion jonchait le champ de glace. La plupart des débris n’étaient que du métal carbonisé et tordu, mais certaines sections des chars impériaux les plus lourdement blindés étaient encore en partie intactes, les sections de l’épaisse coque blindée du Crassus et du Praetors étaient reconnaissables mais inutilisables, s’étant brisées lors de l’impact. Il n’y avait pas de survivants, et des centaines de Gardes du Groupement de Combat Empteda et des Aeldaris qu’ils avaient combattus, il ne restait rien.[16]

Toute la puissance du groupement tactique Odon dominait l’approche de l’Isthme de Tarandor. Des chars, des véhicules blindés, de l’artillerie lourde et des Gardes se tenaient en rang dans les Plaines Alaciennes, prêts à faire face à l’assaut des Aeldaris. Alors qu’une épaisse fumée noire s’élevait du Glacier de Bregan, les débris de l’explosion brûlant toujours aussi violemment, des rapports ont été reçus indiquant que l’armée de Mymeara avait envahi les Plaines Alaciennes de l’ouest et commencé son approche. Leurs alliés Corsaires, une armada de Phoenix, de Hornets et de Nightwings qui plongeaient à travers les nuages de tempête à une vitesse vertigineuse, annonçaient leur arrivée et étaient les premiers à se trouver à portée des canons de la Garde Impériale.

Comme à Alnitac, les Gardes Impériaux répondirent à l’attaque par un barrage de puissance de feu dévastatrice, Chimères, Praetors, Baneblades, Stormblades, Shadowswords, Macharius et Leman Russ prêtant leur fureur à l’assaut de l’artillerie lourde. Les vaisseaux Corsaires s’élancèrent sans se laisser décourager, leurs pilotes agiles se faufilant dans les airs, leurs Canons Shuriken et leurs Lance-Missiles ripostant à l’explosion des obus et des missiles tout autour d’eux.

Les défenseurs de Betalis III furent les premiers à faire couler le sang lorsqu’un Nightwing des Dragons du Vide, dont la coque à aile déployée était ornée du symbole de son cadre, fut arraché du ciel ; son destructeur était un char Hydre, l’un des rares déployés avec le groupe de combat. L’esprit logique de l’Hydre, dont les systèmes étaient orientés vers l’horizon, avait déclenché les canons automatiques du char dès qu’il avait détecté un mouvement, déchirant l’une des ailes incurvées du Nightwing et l’envoyant dans un piqué terminal dont même les compétences supérieures de son pilote Aeldari ne pouvaient se remettre.

La destruction du Nightwing a remonté le moral des Gardes plus que n’importe quel discours enthousiaste que les Prêtres du Ministorum auraient pu prononcer. En cet instant, ils ont été tirés des profondeurs du désespoir dans lesquelles ils étaient tombés en voyant la destruction du Groupe de Combat Empteda. Le taux d’attrition s’intensifiait au fur et à mesure que d’autres Corsaires arrivaient à portée des canons lourds, les tirs des deux côtés causant la mort et un carnage inégalé à si peu de distance. Au milieu de cet assaut furieux, des Leman Russ furent touchés et endommagés alors que les Corsaires trouvaient leurs marques et, en retour, les vaisseaux Xenos furent abattus dans les cieux, s’approchant trop près des nombreux canons du groupe de combat. Rapidement, même les pilotes Corsaires les plus assoiffés de combat virent que continuer signifierait leur mort ; ils se séparèrent, accélérant à travers les nuages de tempête et au-delà pour se regrouper et soigner leurs blessures. Les premiers mouvements de la bataille avaient été joués et les Plaines Alaciennes étaient jonchées de victimes.

Avec les forces de Mymeara sur les plaines et les rapports qui arrivaient de l’ost du Vaisseau-Monde Alaitoc qui approchait maintenant du sud, le Général Odon a donné l’ordre pour le groupe de combat de se séparer en deux compagnies. C’était une décision audacieuse, que les commandants de la Garde Impériale qui suivaient religieusement les doctrines de la Tactica Imperialis auraient considérée comme téméraire et imprudente. Cependant, comme les forces de chaque Aeldari étaient plusieurs fois supérieures en nombre au groupe de combat, si celui-ci restait en un seul bloc, il serait rapidement submergé et détruit.

La première compagnie, Vengeance, comprenait les escadrons de chars : Leman Russ, Hydres et Chimères. La deuxième compagnie, appelée Retribution, était principalement composée d’infanterie, déployée dans des Transports d’Assaut blindés Crassus, avec le peu que le Général Odon pouvait épargner en termes de Leman Russ et de Praetors servant d’escorte. La compagnie Vengeance avait pour ordre de se diriger vers l’ouest. Elle devait attirer autant de vaisseaux Aeldaris que possible et encaisser l’inévitable premier coup. Cela donnerait à la compagnie Retribution la chance d’intercepter les forces terrestres Alaitoc en approche au sud. Les Titans de la Legio Gryphonicus - quatre Reavers et quatre Warhounds - qui venaient de rejoindre la zone de guerre depuis Port Ryira, rejoindraient Retribution et Vengeance dans les Plaines Alaciennes.

Le plan initial prévoyait que les Titans de la Legio Gryphonicus apporteraient leur soutien aux escadrons de chars de Vengeance. Maintenant, ils avaient un objectif différent. Le réseau de surveillance mis en place par la suite du Seigneur Inquisiteur Danzk autour du continent oriental avait relayé des images d’au moins huit Titans Asuryanis émergeant du portail de Mymeara. Parmi eux et quelque part à la limite nord des Plaines Alaciennes se trouvaient deux énormes Titans Fantômes Asuryanis, et les Princeps des colossales machines de guerre de l’Imperium avait l’ordre de les détruire.[17]

L'Assaut de la Vengeance

Déployée directement sur le chemin de l’armée de Mymeara, la Compagnie Vengeance, avec le Général Odon à sa tête, affronta la force Aeldari alors que les derniers rayons du soleil bleu froid du système étaient étouffés par les nuages de neige qui arrivaient du nord. Devant l’infanterie de Mymeara se trouvait une vaste armada, des centaines d’escadrons de Motojets, de Hornets et de Vypers. Contrairement à leurs frères Corsaires, les pilotes de Mymeara ne montraient aucune envie de plonger sur leur ennemi impérial et d’assouvir une soif de combat à peine contenue. Au lieu de cela, ils sont arrivés à basse altitude, en formations chirurgicales serrées, forçant les rangs arrière de Vengeance à retenir leur feu de peur que leurs obus n’atteignent leurs propres lignes de front. Le changement de tactique a bien servi les Aeldaris.

Le sillage de cette première sortie dévastatrice était jonché des coques de plus de soixante-dix Leman Russ et Chimères, leur épais blindage entaillé par des tirs de shuriken ou leur équipage tué par des tirs de Laser à Impulsions et de Canon à Prisme pénétrant le blindage de leur char. Mais de telles pertes étaient attendues. Contre les attaques plus chaotiques des pilotes Corsaires, les tactiques standard des chars avaient suffi, mais maintenir des formations aussi serrées face au corps principal de l’assaut des Aeldaris se serait révélé suicidaire - leurs pilotes les plus disciplinés seraient simplement restés hors de portée des canons de Vengeance et auraient attaqué à distance. Une fois la bataille engagée, les effectifs de Vengeance seraient trop faibles pour répéter cette manœuvre. Au lieu de cela, ils engageraient les aéronefs en plus petits groupes, les équipages de chars expérimentés de la 6e Cadien menant la bataille selon leurs propres termes.

Le plan a fonctionné, mais pas aussi efficacement qu’Odon l’avait prévu. Après avoir récemment combattu la horde d’Orks sur Saras VII, une force à peine maîtrisée par son Seigneur de Guerre des Blood Axes, les officiers cadiens se sont tournés vers les tactiques qui avaient fonctionné là-bas. Celles-ci ont dû être rapidement annulées et remplacées par des manœuvres plus efficaces contre l’armée disciplinée des Aeldaris. Comme si l’attaque aérienne n’était pas suffisante pour les forces impériales, les premières forces terrestres Aeldaris arrivèrent.

Se déployant rapidement depuis le portail de Mymeara, loin à l’ouest, des escadrons de Marcheurs de Guerre Wasp, les marcheurs d’assaut à longues jambes de la race Aeldari, se lancèrent au cœur de la bataille, leurs pilotes utilisant une combinaison de la vitesse des Marcheurs de Guerre Wasp et de la manœuvrabilité de leurs jets pour atterrir parmi les escadrons de la Compagnie Vengeance. Cette tactique a rapidement permis à certains des artilleurs les moins expérimentés du 14e de Vaust de tirer sur les chars de leur propre camp en se fixant sur la cible qu’ils avaient en ligne de mire, sans se soucier du reste. Puis, alors que les Motojets, les Hornets et les Vypers revenaient pour une seconde attaque, les Wasps Asuryanis se propulsaient rapidement hors de portée tandis que les vaisseaux Aeldaris détruisaient une nouvelle fois les lignes de Vengeance, ajoutant au nombre croissant de chars en feu qui jonchaient le champ de bataille.

Mais grâce aux années d’expérience du Général Odon, la Garde Impériale a su s’adapter. Le vétéran commandant de chars ordonna aux équipages cadiens de diviser leurs escadrons ; un char de chaque escadron devait se séparer, se présentant comme la cible vulnérable que les pilotes Aeldaris recherchaient sur le champ de bataille. Une fois qu’il avait attiré leur attention, il devait partir aussi vite qu’il le pouvait, attirant les pilotes Xenos directement sur les canons du reste de son escadron. Ce n’était pas une tactique précise ou fiable, mais quand elle fonctionnait, elle était d’une efficacité dévastatrice.[18]

Les Dieux de la Guerre

Les Titans des Griffons de Guerre.
La première préoccupation du Princeps Ephraim en reprenant conscience était que sa connexion aux systèmes du Titan Reaver Invictus Nova n’avait pas été endommagée. Rien d’autre ne comptait. Il passa timidement la main derrière sa tête pour vérifier que les câbles de liaison mentale étaient toujours attachés à ses propres augments et fut rassuré que tout était en ordre. Ce n’est qu’alors qu’il regarda autour de lui pour vérifier le reste de l’équipage.

Le Moderatii des armes, Nathaniel, était sans aucun doute mort, la tête pliée à un angle peu naturel. Le Moderatii Tarvas s’en était mieux tiré et effectuait déjà un contrôle d’état sur sa console. Quant au troisième membre de leur groupe, le Magos Riemann, il n’avait pas encore pris contact depuis sa chambre au sommet du Titan, mais le Princeps pouvait sentir sa présence dans les systèmes du Reaver, vérifiant les dommages causés par l’explosion de la lande de plasma du Magnus Canis.

Quant à Invictus Nova lui-même, Ephraim ne pouvait pas ressentir grand chose. Ses dispositifs de sécurité avaient automatiquement mis ses systèmes hors tension pour les protéger de l’explosion. Ils étaient tout ce qui avait sauvé le Titan, mais maintenant ils pouvaient causer sa destruction car quelque part, probablement à proximité, il y avait au moins un Titan Fantôme Asuryani qui avait été hors de portée de l’explosion massive.

Cette pensée a déclenché quelque chose dans le Titan endormi et ses systèmes se sont remis à fonctionner, faisant défiler des données qui ont rapidement confirmé visuellement ce qu’Ephraim recevait déjà par son lien d’impulsion mentale. Le paysage à l’extérieur du Nova avait complètement changé. La vue dégagée du champ de glace avait disparu, il ne voyait plus qu’un épais banc de fumée. Les capteurs du Titan étaient également affectés, un mur impénétrable de radiations les rendant pratiquement inutiles, ce qui avait probablement empêché le Titan Fantôme de localiser le Nova plus tôt. Cependant, tout cela était sur le point de changer. Les systèmes du Nova enregistraient un vent fort venant du nord qui était déjà en train de dissiper leur enveloppe protectrice, dévoilant au final la dévastation qui entourait le Titan.

Avant qu’Ephraith n’ait pu se rendre compte de la vision cauchemardesque du métal carbonisé et mutilé qui avait été le Magnus Canis, des éclairs lumineux illuminèrent la brume de fumée qui se retirait. Le Titan Tempus Prima, un Warhound, avançait à reculons hors de la brume, son canon et son Turbo-Laser flamboyant à chaque pas. Sa cible émergea de la brume dissolvante : c’était le Titan Fantôme, le même mastodonte que le Nova avait touché plus tôt avec son Missile Apocalypse. Le bras gauche du Titan Asuryani est maintenant suspendu sans vie à son côté. Son bras droit, en revanche, fonctionnait parfaitement. Ephraim pouvait déjà voir la brume d’énergie commencer à se former à nouveau autour de la pointe de son arme, et le hurlement grave de la force qui se développait à l’intérieur de l’arme Xenos était un cri de guerre terrible.

Le Princeps Ephraim a immédiatement ordonné au Nova de faire feu, mais ses canons sont restés désespérément silencieux. Ephraim a cherché frénétiquement le problème dans ses banques de données, mais le Magos Riemann avait une longueur d’avance sur lui. Les systèmes de suivi des armes ont été endommagés et ne se sont toujours pas engagés. Jusqu’à ce que le Magos Riemann puisse les restaurer, l’Invictus Nova ne pouvait pas faire grand chose pour aider le Warhound et son équipage.

Le Pulsar du Titan Fantôme frappa lourdement le Tempus Prima, qui dut reculer d’un pas pour se stabiliser. Puis, avec un dernier tir de l’arme du Fantôme, les Boucliers Voids du Warhound vacillèrent. Le Princeps de l’Invictus Nova rageait de frustration alors que les systèmes d’armes du Nova restaient hors service et ne répondaient pas. Déjà, la brume d’énergie se reconstituait autour de l’arme du Titan Fantôme qui se préparait à tirer une nouvelle fois.

Soudain, des jets de fumée et de feu passèrent de chaque côté de l’Invictus Nova à une vitesse supersonique. Pensant un instant que l’autre Fantôme avait rejoint le combat, le Princeps Ephraim réalisa que c’était un barrage de Missiles Apocalypse. La manipule titanique d’Exaro était arrivé.

Peu de choses auraient pu survivre à un tel assaut, mais le dieu de la guerre Asuryani a tenu bon et a été frappé à plusieurs reprises par les missiles. Au même moment, les systèmes d’armement de l’Invictus Nova se sont finalement mis en marche, les icônes vertes clignotantes sur la console d’Ephraim étant une addition bienvenue aux symboles de la seconde manipule de la Legio Gryphonicus qu’elle affichait maintenant. N’attendant pas que les autres Titans Gryphonicus les rattrapent, le Titan Reaver Invictus Nova et le Titan Tempus Prima, très endommagé mais toujours en état de marche, se mirent en route vers les montagnes à la poursuite du Titan Fantôme Asuryani qui battait en retraite.[19]

Dans les plaines de glace, les Reavers et les Titans Warhounds de la Legio Gryphonicus se rapprochaient du secteur 45-3, où la dernière observation des Titans Fantômes Asuryanis avait été signalée. Pour fouiller plus efficacement les vastes terres désolées, ils s’étaient séparés en deux groupes. Le premier groupe, la demi-manipule Invictus, se déplaçait dans le nord des Plaines Alaciennes, un seul Titan de Bataille Reaver flanqué d’une paire de Warhounds. Le plus grand des deux, la manipule Exaro, balayait le sud et comprenait trois Titans Reavers et une paire de Warhounds. Les deux groupes étaient suivis par les escadrons lourds du Groupement de Combat Odon, les quelques escadrons de Baneblades, Shadowswords et Stormblades que l’état-major du 6e Régiment Cadien avait pu obtenir dans le peu de temps qu’il avait eu pour assembler l’armée.

Alors que les escadrons de Wasps Asuryanis lançaient leur assaut sur Vengeance, le Titan de Bataille Reaver Invictus Nova et les Titans Warhounds Tempus Prima et Magna Canis s’avançaient dans le paysage gelé des Plaines Alaciennes du Nord, les pas des mastodontes mécaniques s’enfonçant de plusieurs mètres dans le permafrost à la recherche de leur ennemi. Sans prévenir, cinq Pulsars frappèrent le flanc droit du Magna Canis depuis les montagnes qui bordaient le nord des Plaines Alaciennes. Le Titan Warhound chancela sous l’assaut, des vagues d’énergie actinique vacillant et faisant des étincelles à travers ses Boucliers Voids surchargés.

Avec un ordre né de l’instinct plutôt que de la pensée consciente, les Princeps du Nova et du Tempus ont instantanément riposté. Leur cible étant cachée, les deux vaisseaux saturèrent la frontière montagneuse d’éclairs de plasma, déclenchant des avalanches qui dévalèrent les chaînes de montagnes. Le Magna Canis, endommagé mais toujours en état de marche, se rétablit rapidement et ajouta sa propre puissance au bombardement ; son Arme à Plasma ayant été désactivé lors de l’attaque, le Princeps du Canis ordonna à ses Moderatii de passer sur son Turbo-Laser.

Une explosion provenant de l’escadron de véhicules super lourds a secoué la demi-manipule. Un Shadowsword s’était retourné, de la fumée et des flammes s’échappant de sa coque déchirée. N’attendant pas de subir le même sort, le reste de l’escadron se sépara alors qu’une autre fusillade fusait entre eux, détruisant les chenilles d’un super-lourd et manquant de peu un autre. Avec une vitesse inhumaine, l’Esprit de la Machine de l’Invictus Nova calcula le point d’origine de la fusillade et localisa leur attaquant, bien que le géant Asuryani fut à peine visible, tant ses Holo-Champs étaient efficaces. C’était l’un des Titans Fantômes Asuryanis, et avant que la demi-manipule n’ait eu le temps de réagir, il déclencha une autre volée sauvage, les Bolts d’énergie de son Pulsar piquant la glace à quelques mètres seulement derrière un autre Baneblade qui faisait une embardée.

Dans un concert de tonnerre, les trois Titans de la Legio Gryphonicus ouvrirent le feu, mais seuls les cinq Missiles Apocalyptiques du Nova avaient la portée nécessaire pour atteindre leur cible et ils s’écrasèrent sur l’épaule gauche du Fantôme Asuryani, ses Holo-Champs scintillant et vacillant alors qu’ils se dissipaient temporairement. Avant que les Titans de l’Imperium ne puissent poursuivre avec un second barrage, un cri aigu émana des montagnes derrière eux. Dans un cri puissant, le Canon à Distorsion du premier Fantôme Asuryani déversa un tir d’énergie noire dans le cœur de la demi-manipule. Il frappa le Magna Canis, traversant ses Boucliers Voids et enveloppant son torse dans un linceul de ténèbres impénétrables. Les Princeps des deux autres Titans regardèrent avec une horreur absolue les sections de l’énorme machine de guerre disparaître momentanément dans la faille entre l’espace réel et l’Immaterium, puis réapparaître quelques instants plus tard sous la forme d’une masse corrompue de métal sombre et incandescent. Incapable de faire face au stress massif auquel ses systèmes ont été soumis, le réacteur à plasma du Canis a explosé. L’explosion a secoué le nord des Plaines Alaciennes, son boom assourdissant étant entendu jusqu’au Delta de Tormus au sud, où les premiers Gardes de la compagnie Retribution se préparaient à se déployer.

Toujours à des kilomètres au sud de la bataille, les Princeps du groupe Titanique Exaro tentaient désespérément d’entrer en contact avec la demi-manipule, mais leurs appels répétés se heurtaient au silence. Trop loin pour venir immédiatement à leur secours, la manipule d’Exaro ne pouvait que prier pour que, lorsqu’ils arriveraient, les deux autres Titans de la Legio Gryphonicus aient survécu.[20]

Les Heures les Plus Sombres

Sans le soutien de la Marine Impériale pour assurer une couverture aérienne et avec les blindés lourds de Vengeance déjà pleinement engagés dans le nord, les Gardes de la compagnie Retribution étaient confrontés à une situation quasi impossible dans leur course pour engager l’ost d’Alaitoc. Mais Retribution avait deux facteurs cruciaux en sa faveur - le temps et le paysage impitoyable du monde de glace. Le portail d’Alaitoc était significativement plus éloigné des Plaines Alaciennes que celui du Vaisseau-Monde de Mymeara de plusieurs milliers de mètres, et directement sur le chemin de ses forces terrestres se trouvait le Delta de Tormus.

S’étendant sur toute la bordure sud des Plaines Alaciennes, le Delta de Tormus était le résultat de millions d’années d’érosion par l’eau, un labyrinthe massif de canyons étroits et de gorges créés à la confluence de deux rivières qui avaient gelé des millénaires auparavant. Pour que Retribution ait une chance contre l’ost Alaitoc, il devait atteindre le Delta de Tormus avant que l’armada aéroportée du Vaisseau-Monde Asuryani n’atteigne son extrémité nord. Le Général Odon avait prévu d’utiliser Tormus pour protéger Retribution du pire que les pilotes d’Alaitoc pouvaient lui infliger, mais cette décision n’était pas sans conséquences. Pour Vengeance, cela signifiait presque certainement qu’elle allait bientôt se battre sur un second front, les pilotes d’Alaitoc se tournant vers le nord à la recherche de cibles plus accessibles.

La course effrénée de la Compagnie Retribution pour atteindre Tormus sans opposition a presque réussi, mais juste au moment où les véhicules de tête de son convoi de transport étaient à moins d’un kilomètre, les premiers Hornets, Faucons et Vypers d’Alaitoc, des vaisseaux élégants et mortels portant l’emblème de l’épée de Khaine coupant en deux une lune rouge, ont survolé la limite nord du Delta. Dès qu’ils ont été repérés, l’ordre d’accélérer a été donné au convoi Retribution. Contrairement à Alnitac, il n’y a pas eu le temps d’organiser une défense roulante et tout ce que les hommes de Retribution ont pu faire était de tenir bon et de prier pour la protection de l’Empereur.

Les Armes Shuriken et les Lasers à Impulsion d’Alaitoc mitraillèrent le convoi de l’Imperium, mais sans grand effet. Les coques lourdement blindées des Transports d’Assaut Crassus protégeaient habilement les Gardes à l’intérieur, seuls quelques véhicules étant endommagés par des tirs frappant leurs chenilles exposées. Les Gardes ne pouvaient cependant pas rester éternellement à l’intérieur et lorsqu’ils atteignirent le Delta, leur déploiement ressembla plus à une course folle vers l’abri de ses canyons glacés qu’à une manœuvre soigneusement orchestrée. Alors que les pilotes d’Alaitoc s’inclinaient à nouveau pour une nouvelle attaque aérienne, les premières escouades de la Garde Impériale à atteindre le Delta de Tormus sortaient de leurs véhicules aussi vite qu’elles le pouvaient, rapidement suivies par des milliers d’autres Gardes qui les talonnaient de près.

Bientôt, une mer de véhicules abandonnés commença à s’étendre à travers les Plaines Alaciennes jusqu’à ce que ceux qui voyageaient à l’arrière du convoi soient forcés soit d’abandonner leurs propres transports Crassus et de se frayer un chemin à travers le labyrinthe abandonné à pied, soit de s’échapper et d’y entrer par l’une de ses nombreuses autres entrées plus à l’est ou à l’ouest. Lorsque les dernières troupes ont pénétré à l’intérieur de Tormus, le paysage environnant était jonché d’épaves fumantes et de centaines de Gardes morts et blessés. En revanche, les pilotes d’Alaitoc avaient survécu à l’assaut pratiquement indemnes, et comme le Général Odon l’avait prédit, ils se sont immédiatement tournés vers le nord pour ajouter leur puissance de feu à celle de leurs frères de Mymeara.[21]

La Mort à l'Intérieur

La défense de Betalis III vacilla sur les bancs d’écrans de la Chimère de commandement du Seigneur Inquisiteur Danzk, ses yeux augmentés passant d’une image à l’autre à une vitesse inhumaine. Au nord-ouest des Plaines Alaciennes, les escadrons de Leman Russ et de Chimères de la Compagnie Vengeance tenaient bon face à l’armada de Mymeara, le champ de bataille étant jonché de coques de chars impériaux et de vaisseaux Aeldaris en flammes. Mais avec les escadrons d’Alaitoc presque sur eux, Vengeance avait peu de chances de survivre, et au sud, dans le Delta de Tormus, la bataille était tout aussi brutale, où les milliers de Gardes de la Compagnie Retribution ont affronté la colère des troupes du Vaisseau-Monde Alaitoc.

Pour le Seigneur Inquisiteur Danzk, ces questions étaient de peu d’importance. Des millions de personnes mouraient chaque jour pour défendre l’Imperium dans de telles batailles ; c’était le prix que les citoyens de l’Imperium payaient en échange de la protection que l’Empereur accordait à leurs mondes et à leurs familles. Ce qui attirait plutôt son attention, c’était les événements qui se déroulaient à l’est, juste au-delà des Plaines Alaciennes. Une nouvelle vague de vaisseaux en provenance du portail de Mymeara avait été récupérée par l’un des Serviteurs, et au lieu de rejoindre la bataille contre Vengeance, ils avaient pris soin de la contourner. Maintenant, ils se dirigeaient directement vers l’est et traversaient l’Isthme de Tarandor. C’était exactement ce que le Seigneur Inquisiteur Danzk attendait ; le moment où les Aeldaris montreraient enfin leurs véritables intentions sur Betalis III.

Au vu des ressources qu’ils avaient déployées, il était clair que quelque chose sur ce monde était considéré comme si important qu’ils étaient prêts à risquer une guerre totale avec l’Imperium pour l’acquérir. La force dissidente qu’il observait sur son écran confirmait ce qu’il soupçonnait depuis le début : les batailles menées par Vengeance et Retribution n’étaient rien de plus qu’une distraction.

Le Seigneur Inquisiteur a ordonné qu’une liaison vox soit ouverte avec le Colonel Maar à Port Ryira. Quels que soient les plans des Aeldaris, il était temps pour lui d’agir.[22]

La compagnie Retribution avançait prudemment dans le Delta de Tormus, ses escouades éparpillées dans les sentiers enchevêtrés. Les vox-transmissions à moyenne et longue portée étant absorbées par les hautes parois de glace et de roche, il était impossible de coordonner, et encore moins de localiser, toutes les bandes disparates de Gardes dispersées au milieu du delta. Ayant à peine échappé à l’assaut aérien et n’ayant aucun moyen de contacter ceux qui n’étaient pas dans leur ligne de mire, leurs officiers ont suivi le dernier ordre qu’ils avaient reçu : localiser et détruire l’ennemi.

Les Aeldaris avaient pleinement profité de leur attaque aérienne précédente pour disperser leurs forces dans le Delta. Les Rangers d’Alaitoc, parachutés par les Flacons Asuryanis qui se dirigeaient vers le nord en direction de la Compagnie Vengeance, avaient déjà avancé dans le labyrinthe de glace, traversant ses passages sinueux avec une vitesse surnaturelle avant d’escalader avec agilité des murs de glace aux parois abruptes, cherchant à prendre l’avantage sur les forces de l’Imperium qui arrivaient. Cachés sous leurs longues capes en caméline, des dizaines de Rangers étaient maintenant positionnés dans tout le Delta, coordonnant l’avancée d’Alaitoc avec une précision mortelle.

Ils ont été rejoints par des centaines de Corsaires Aeldaris qui ont attaqué les escouades de la Garde Impériale au fur et à mesure qu’elles avançaient dans le Delta. Utilisant l’élément de surprise à leur avantage, les bandes de Corsaires se frayaient furtivement un chemin le long des parois des canyons, puis tiraient directement sur les escouades situées en dessous d’elles ou se laissaient tomber et faisaient un carnage au milieu d’elles. Les officiers de l’Imperium étant incapables de s’alerter mutuellement de la menace d’une embuscade venant d’en haut, des dizaines d’escouades de Retribution ont été complètement anéanties par les assauts vicieux des parias Aeldaris. Lorsque les guerriers d’Alaitoc ont rejoint la bataille, les atrocités se sont multipliées. Les combats les plus horribles ont eu lieu dans le nord-ouest des canyons. Huit escouades de Gardes se déplaçant ensemble ont été bloquées par des tirs de sniper dès qu’elles sont entrées dans une grande gorge. Tirant sur eux depuis les falaises surplombantes, les Rangers ont forcé les escouades à chercher le peu d’abri qu’il y avait, leurs tirs précis atteignant tous ceux qui osaient rompre leur couverture pour leur tirer dessus. Accroupis, les Gardes ne pouvaient pas faire grand-chose d’autre que de prier pour que leurs demandes d’aide frénétiques sur le réseau vox rempli de parasites soient entendues. Mais ce qui arriva ne portait pas l’uniforme du 6e Cadien ou d’un autre régiment assemblé à la hâte dans le système ; au contraire, l’une des facettes les plus terrifiantes de l’armée Aeldari se déchaîna sur eux.

Les Gardes regardaient avec des yeux incrédules les vrilles d’énergie blanche et brillante qui s’immisçaient dans l’espace réel, se fondant rapidement dans des bassins de lumière aveuglante pour la rétine. Avant que les Gardes ne puissent réagir, un nuage mortel de fil monomoléculaire jaillit de chaque portail. Les fils tranchants comme des rasoirs se sont dispersés dans la gorge, pénétrant sans effort dans toutes les combinaisons environnementales avec lesquelles ils entraient en contact. En quelques secondes, le canyon résonnait de cris hideux tandis que les victimes des fils mortels étaient éviscérées, la seule preuve du carnage perpétré dans leurs corps étant une gerbe de sang éclaboussant la neige lorsque les filaments se rétractaient.

Lorsque les lumières coruscantes s’éteignirent, les Araignées Spectrales qui s’étaient manifestées en leur sein se mirent en action, maniant leurs lames puissantes en de grands arcs de cercle qui tranchaient proprement les torses, coupant les membres et les têtes des corps avec une habileté consommée. Puis, une fois leur première attaque terminée, les Guerriers Aspects disparurent dans le Warp, la lueur de leur départ éblouissant tous ceux dont les yeux étaient hypnotiquement attirés par elle, gravant dans leur champ de vision des visages chaotiques et lascifs qui les regardaient avec avidité depuis l’Immaterium.

Les gorges ne furent bientôt plus qu’un charnier où le massacre se répéta, malgré la résistance acharnée des Gardes qui avaient retrouvé l’esprit pour le faire. Les Araignées Spectrales ont traversé de manière experte l’espace réel et l’espace Warp jusqu’à ce que leur objectif soit atteint, puis elles ont complètement disparu. Il leur avait fallu moins de trois minutes pour tuer plus de quatre-vingts Gardes et rien n’indiquait que les Guerriers Aspect avaient été blessés en retour.

La bataille a commencé, les forces d’Alaitoc et de la Rétribution se sont affrontées dans tout le Delta de Tormus, des milliers de personnes des deux côtés luttant pour leur vie dans son labyrinthe glacé. Les Gardiens, ayant déjà semé des plateformes d’armes lourdes aux points de passage entre les canyons, tiraient sur tous les Gardiens qui passaient dans leur ligne de mire. Les soldats ont monté leurs propres embuscades en retour, risquant l’ascension glissante des parois du canyon pour surveiller les voies supérieures. De là, ils lançaient des Grenades à Fragmentation sur les chemins des Marcheurs de Guerre qui avaient été restreints à une seule file dans les confins du delta. Puis, lorsque les Marcheurs de Guerre Asuryanis ont riposté, les escouades ont fondu, profitant de leurs positions élevées pour sauter hors de danger dans les canyons adjacents. La mort rôdait dans le Delta de Tormus, et les heures meurtrières à venir allaient déterminer qui allait gagner et qui allait survivre.[23]

Fracture

Tel le Garde Loup Skallagrim, les Space Wolves débarquent pour chasser les Xenos !

La défaite du Titan Fantôme était une victoire dont les forces du Groupe de Combat Odon avaient désespérément besoin. À l’ouest, la bataille tournait rapidement contre Vengeance et une nouvelle vague de vaisseaux Aeldaris avait été signalée comme apparaissant en direction du portail de Mymeara. Tous ceux qui observaient s’attendaient à ce que cette seconde vague renforce l’attaque de Mymeara, mais au lieu de cela, ils ont continué à se diriger vers l’ouest, directement vers l’Isthme de Tarundor. Les actions de cette force Aeldari dissidente étaient un mystère complet pour le Général vétéran, mais avec l’infanterie et les véhicules du Groupe de Combat Odon entièrement engagés dans les Plaines Alaciennes et dans le Delta de Tormus, il ne pouvait pas faire grand-chose pour empêcher son avancée.[24]

CHAPITRE IV : LE VENT TOURNE

La guerre faisait rage sur Betalis III et, dans les cieux, les quelques vaisseaux de la Marine Impériale encore présents dans le système de Betalis s’étaient repliés à l’endroit où même les Corsaires n’osaient pas s’aventurer : la couronne de l’étoile Betalis, bleue comme le cristal. Au milieu de ses régions extérieures gazeuses, la flottille de vaisseaux de la Marine Impériale était presque invisible pour les pilotes et leurs capteurs, mais le prix à payer pour la protection de l’étoile était élevé. Les radiations de l’étoile s’infiltraient déjà dans les coques extérieures des petits vaisseaux et le nombre de victimes augmentait d’heure en heure. Les risques encourus en restant près de l’étoile étaient cependant largement compensés par ceux auxquels ils devaient faire face dans ce qui les attendait au-delà. La flotte Corsaire des Dragons du Néant parcourait désormais les vides entre les mondes du système Betalis, éliminant facilement les quelques vaisseaux de la Marine Impériale qui n’avaient pas pu atteindre la sécurité de la couronne de l’étoile à temps. La mainmise des Aeldaris sur le système Betalis devait cependant être de courte durée.

La première indication que ceux qui luttaient pour leur survie sur Betalis III eurent de l’arrivée de renforts fut lorsque l’armada de Corsaires qui avait participé à l’assaut sur la Compagnie Vengeance tourna ses vaisseaux vers l’étoile et abandonna ses frères du Vaisseau-Monde. Avec des milliards d’hommes et de machines de guerre à sa disposition, l’Imperium de l’Humanité, qui s’étendait sur toute la galaxie, n’avait besoin que de temps et de ressources. La demande de renforts du Général Odon avait été pleinement satisfaite par les planètes et les bases de la Marine Impériale des systèmes voisins. Des milliers de soldats de l’Empereur étaient en route pour soulager les défenseurs assiégés, et à la tête de la pointe de la lance se trouvaient les Croiseurs d’Attaque de la Grande Compagnie des Space Wolves de Bran Gueule Rouge.

La flotte de combat des Space Wolves fut la première à apparaître aux frontières du système, et telle une meute de loups voraces, elle se fraya un chemin à travers les Aconites, les Nightshades et les Coniums des Corsaires. Sans s’arrêter, elle continua vers Betalis III, la flotte Aeldari réalisant rapidement pourquoi elle n’avait pas fait demi-tour pour poursuivre son attaque initiale. Une seconde vague de vaisseaux impériaux était apparue dans le système, juste derrière les Space Marines, et les Corsaires furent rapidement dépassés par l’imposante armada de la Marine Impériale.

Les parias Aeldaris ont d’abord eu l’avantage en termes de vitesse et d’agilité et ont tracé un chemin mortel à travers les escadrons de chasseurs impériaux lors de leur lancement. Rapidement, les Dragons du Néant se sont retrouvés face à des forces écrasantes et pour chaque vaisseau détruit, les Corsaires se sont retrouvés à éviter les canons de deux autres. En plus de venir en aide aux défenseurs de Betalis III, le commandement du secteur avait décidé que son système serait enfin débarrassé des Aeldaris qui l’avaient tourmenté pendant des siècles.

Alors que la Marine Impériale s’engageait dans un combat avec les Dragons du Vide, la flotte de Bran Gueule Rouge continuait vers Betalis III dans un feu d’artifice de destruction. Pendant tout ce temps, elle n’a enfreint qu’une seule fois son propre credo et a contacté ceux qui combattaient sur la planète en dessous. Le court message fut diffusé par son Seigneur Loup, Bran Gueule Rouge lui-même, et fut envoyé directement à la Chimère de commandement du Seigneur Inquisiteur Danzk, la haine amère que le Chapitre des Space Wolves réservait à l’Inquisition brûlant encore de leur affrontement au sujet du massacre d’Armageddon des siècles auparavant.

« Nous combattons pour le Père de Tous, Inquisiteur. Ne croisez pas notre chemin. »[25]

Carnage dans le Delta

Bran Gueule Rouge respirait lentement et profondément, ses poumons se remplissant de l’air vif et tranchant de Betalis III. C’était un acte simple, mais qui aurait suffoqué un humain ordinaire, car la paroi de ses poumons gelait et les alvéoles se bousculaient dans des conditions inférieures à zéro. Le système respiratoire du Seigneur Loup, amélioré par ses gènes, pouvait facilement faire face à des atmosphères plus froides que celle-ci, et tandis que le souffle circulait à travers lui, sa Neuroglotte se mettait au travail pour filtrer les odeurs de la bataille qui l’entouraient.

Debout sur une torche enneigée, trois loups à crinière noire rôdant autour de lui, le Seigneur Loup Bran Gueule Rouge regardait ses Frères de Bataille se diriger vers le Delta de Tormus. Dans les centaines de batailles qu’il avait menées en tant que commandant de la Grande Compagnie, il avait toujours été accompagné d’une escouade des plus vénérables de ses Gardes Loups, mais pas cette fois-ci ; au lieu de cela, l’honneur de les mener revenait au commandant en second de la Grande Compagnie, le Garde Loup Skallagrim. Ce n’était pas une décision facile à prendre pour Bran Gueule Rouge. Depuis que Logan Grimnar lui avait ordonné d’amener sa Compagnie à la défense de ce monde, son esprit avait été assailli de visions de son corps et de son âme succombant finalement à la Malédiction du Wulfen, transformés en un animal sauvage féroce, plus bête qu’homme, qui ne reculait devant rien pour déchirer sa proie et se régaler de ses entrailles sanglantes.

Bran Gueule Rouge avait cru que ces visions étaient des souvenirs longtemps enfouis de l’époque où il avait bu à la coupe du Wulfen, plusieurs siècles auparavant, dans le cadre de son initiation dans les rangs des Space Wolves. Il avait également pensé que le royaume glacé qu’il avait vu était Fenris pendant son long et dangereux voyage de retour vers la Citadelle du Croc. Mais maintenant, debout ici, regardant le monde de glace de Betalis III, il savait que c’était différent. C’était le monde qu’il avait vu et ce serait là qu’il devrait vaincre la malédiction qui le hantait ou être perdu pour toujours.[26]

Les Space Wolves n’ont pas perdu de temps pour se déployer sur Betalis III. Les cieux au-dessus du Delta de Tormus, où les hommes de Rétribution se battaient avec acharnement contre les forces du Vaisseau-Monde Alaitoc, avaient été déchirés par plus d’une vingtaine de traînées de condensation enflammées lorsque les modules du Chapitre ont dégringolé des cieux, les griffes de Russ s’enfonçant profondément dans le monde de glace tandis que près de deux cents Space Wolves s’abattaient sur la planète. À l’instant où les rampes de débarquement se sont déployées, chaque module a libéré sa cargaison mortelle et, le feu au cœur et les Bolters prêts, les Space Wolves se sont rués vers le labyrinthe de glace.

La Compagnie Retribution avait déjà commencé à rétablir les communications avant même l’atterrissage des Modules d’Atterrissage des Space Wolves. Comme les Rangers et les Corsaires Aeldaris l’avaient fait avant eux, des équipes d’opérateurs vox s’étaient hissées au-dessus des passages glacés qui empêchaient toute transmission et étaient désormais en mesure de relayer les ordres entre les forces dispersées. Les tirs de sniper des Rangers Asuryanis ont eu raison de leur nombre, mais suffisamment d’entre eux ont pu leur échapper pour que Retribution puisse enfin commencer à combattre comme une force coordonnée. Les effets de ce combat ont été rapidement ressentis par les Aeldaris. Alors que les plates-formes de soutien pilotées par des paires de Gardiens Asuryanis avaient autrefois creusé un sillon dans les passages gelés et dominé de larges sections du Delta de Tormus, les escouades de Retribution ont maintenant commencé à travailler dans un assaut à deux volets. Se déplaçant dans les canyons adjacents, les équipes d’assaut tiraient des mortiers sur les parois des canyons ou fixaient des charges explosives sur les minces barrières de glace et de roche qui les séparaient, déversant une grêle mortelle d’éclats d’obus sur les positions des Gardiens tandis que les escouades de Gardes, attendant juste à l’écart, fonçaient à travers la poussière et éradiquaient les Aeldaris qui avaient survécu.

Dans le sud-ouest du Delta, là où les deux camps ont connu certains de leurs affrontements les plus violents, les officiers de Retribution ont fait appel à leurs troupes les plus expérimentées. Après un barrage de tirs d’armes lourdes guidés par des équipes vox et des Gardes jouant le rôle de guetteurs, des escouades de vétérans Cadiens ont pris d’assaut en masse les lignes de combat Aeldari. En réponse à la nouvelle offensive de Retribution, les Grands Prophètes d’Alaitoc ont envoyé des escouades de Vengeurs Lugubres, et leur assaut rapide comme l’éclair a rapidement réduit les gains des Gardes. Les hommes et les femmes de Retribution moururent en masse, des escouades entières étant fauchées par les tirs de Catapulte Shuriken ou par les lames brandies par les épéistes experts Aeldaris. C’est là, cependant, que les Fils de Russ ont pris toute leur importance.

Les Space Wolves de la compagnie de Bran Gueule Rouge ont chargé à travers le réseau de canyons et de gorges, anéantissant toute résistance qu’ils rencontraient. Les meutes de Chasseurs Gris rôdaient dans le labyrinthe et les canyons résonnaient des cris et des rugissements des tirs de shuriken et des tirs de Bolter alors qu’ils déchaînaient leur colère sur les Aeldaris. Ensanglantés, leur armure de céramite rayée en de nombreux endroits, ils sortaient triomphants et avançaient implacablement vers leur prochain objectif.

De tous les conflits sanglants dans lesquels les Space Wolves étaient impliqués dans le Delta de Tormus, les plus audacieux étaient initiés par les meutes de Motards Griffes Sanglantes. Capables de se déplacer à grande vitesse dans les passages étroits et tortueux, les escouades de motards semaient le chaos et la confusion. La première chose qu’un escadron Aeldari savait de leur approche était le rugissement des moteurs des Motos d’Assaut, suivi par le tonnerre des tirs de Bolter alors qu’ils déchiraient leurs rangs, ne laissant que carnage et mort dans leur sillage. L’impatience de la jeunesse s’accompagne généralement d’une leçon à apprendre, mais dans le feu de l’action, cela se termine rarement bien, même pour ceux qui sont aussi puissants que les super guerriers humains de l’Humanité. Fortes de leurs victoires, les meutes de Motards Griffes Sanglantes ne tardèrent pas à tenter de se surpasser les unes les autres, se vantant sur leurs réseaux vox de la distance qu’elles avaient parcourue derrière les lignes ennemies et du nombre de leurs victimes.

Entendant les cris d’un membre de sa meute, Gueule Rouge leva la tête et répondit par un hurlement terrifiant qui se répercuta dans les nuages de neige. Au cours des dernières heures, le Seigneur Loup s’était transformé, succombant enfin à la Malédiction du Wulfen. Chaque bataille qu’il avait livrée nourrissait la rage bestiale qui était en lui. Il ne restait plus grand chose du Space Marine et de ce qui était resté d’humain après cela ; il était maintenant une créature hargneuse consumée par la rage et la fureur.

Gueule Rouge courut à travers le dédale de passages, le dernier des loups à crinière noire survivant le suivait de près, ses frères étant morts dans les batailles précédentes contre les Aeldaris. Ils sont entrés dans le canyon où les Griffes Sanglantes se sont battus. Gueule Rouge ne reconnaissait plus les hommes qu’il avait commandés, seulement leurs odeurs. Pour lui, ils étaient juste une partie de sa meute, et en tant que mâle alpha, il était poussé par l’envie de tuer ce qui les menaçait. Sans pause, Gueule Rouge se jeta sur ce que son instinct lui disait être son rival pour ce territoire.

Luttant contre l’instinct qui le poussait à reculer au contact de son tourbillon anormalement froid et de son absence d’odeur, Gueule Rouge ouvrit grand sa mâchoire, goûtant brièvement la neige qui tombait maintenant régulièrement, et mordit durement l’arrière de son cou. Il n’y avait pas de chair à déchirer, cependant. Au lieu de cela, il y avait juste une sensation que le mensonge connaissait trop bien, celle de la mort. Gueule Rouge a augmenté ses efforts, déterminé à goûter son sang sur ses lèvres, mais sa proie n’a montré aucun signe de douleur ou de peur. Au lieu de cela, elle a passé la tête et l’a saisi par la peau du cou. Gueule Rouge a rugi d’agonie quand la créature, d’un seul mouvement rapide, a écrasé son corps sur un rocher à proximité. Chargé de défendre son chef de meute, le loup à la crinière noire bondit sur son assaillant, mais il fut pris dans un éclair de lumière qui éblouit Gueule Rouge alors qu’il observait vaguement ses efforts. Une autre des étranges créatures de la meute était venue en aide à son chef, mais le sacrifice de son frère loup avait donné à Gueule Rouge le temps dont son corps avait besoin pour récupérer. Alors qu’il tendait ses muscles pour attaquer à nouveau sa proie, il sentit la présence de quelque chose de nouveau, sur les murs qui les surplombaient.

Levant ses compétences vers le ciel, le Prêtre des Runes Space Wolf, Finnbjorn Runeforger, appela toute la fureur du blizzard grandissant sur le leader des Gardiens Fantômes. Concentrant son attention sur la bête devant lui, le Chevalier Fantôme n’était pas préparé à repousser l’assaut soudain et mortel. Son corps en Moelle Spectrale fut été bombardé par une tempête d’éclats de glace qui l’ont frappé, dans les nuages tourbillonnants. Incapable de se défendre contre une telle force mortelle, la surface du Chevalier Fantôme a commencé à se creuser et à se fissurer sous l’effet des éclats. Puisant profondément dans ses réserves physiques et mentales, Finnbjorn augmenta le barrage de glace, divisant le corps du Chevalier Fantôme en mille morceaux.

La destruction du Chevalier Fantôme a immédiatement brisé l’attention que les Gardes Fantômes portaient au monde des mortels. Alors que leurs esprits dérivaient une fois de plus vers le plan spirituel d’où ils avaient été appelés, les constructs en Moelle Spectrale Aeldaris dans lesquelles ils avaient brièvement existé ralentirent et s’immobilisèrent, n’étant plus que des statues monolithiques qui surveillaient la dévastation qu’elles avaient causée à la meute des Griffes Sanglantes.

La créature que Bran Gueule Rouge était devenue hurlait de rage en apprenant que sa proie avait été prise par un autre, ses yeux rouges perçants se concentrant sur le nouveau challenger à son statut. L’instinct de Gueule Rouge le poussait à attaquer et alors que ses sens cherchaient rapidement un moyen de l’atteindre, quelque chose venant du plus profond de lui l’a fait réfléchir. Son esprit de loup avait senti quelque chose de familier dans les yeux de cette nouvelle créature, quelque chose qui avait calmé sa fureur pendant un bref instant. L’envie de lui arracher la gorge s’est rapidement évanouie et en entendant les bruits de l’ennemi au loin, Gueule Rouge a détalé à la recherche d’une nouvelle proie.

Finnbjorn regarda la créature qu’il savait être son Frère de Bataille partir. Le Seigneurs Loup boitait à cause de ses blessures mais déjà son corps génétiquement amélioré commençait à le guérir, les cellules de Larraman coagulant son sang et scellant ses nombreuses blessures. Dans le bref moment où le Prêtre des Runes avait regardé directement dans les yeux de la créature que le Grand Loup était devenu, Finnbjorn avait vu le plus petit soupçon du frère guerrier aux côtés duquel il avait combattu pendant des siècles.

Une fois qu’il aurait supervisé la récupération des Griffes Sanglantes morts dans la gorge en dessous de lui, Finnbjorn rapporterait ce qu’il avait vu à Frère Ulrik, le Grand Prêtre des Space Wolves, le plus ancien et le plus respecté de leur espèce. Le Seigneur Loup avait gagné sa bataille contre la bête qui faisait rage en lui et retournerait bientôt dans les grands halls de Fenris.[27]

Pour une meute de Motards Griffes Sanglantes, leur bravade allait causer leur perte. Traversant à toute allure le sud-est du Delta de Tormus à la poursuite d’un petit escadron de Marcheurs de Guerre Aeldaris, la meute a foncé aveuglément dans une embuscade. Les attirant dans une grande gorge, les Marcheurs de Guerre ont rapidement accéléré dans les canyons au-delà, laissant les Motards Griffes Sanglantes plus lents dans leur sillage. Les Space Wolves n’étaient pas seuls cependant, car debout comme de grandes statues de marbre dans la gorge se trouvaient cinq Gardes Fantômes Aeldaris, menés par leur Chevalier Fantôme. Comme un seul homme, les étranges constructions en Moelle Spectrale ouvrirent le feu.

Comme les versions beaucoup plus grandes des Titans Fantômes de Mymeara, leur Canon Fantôme créa des failles entre le Warp et l’espace réel sur le chemin des motards, déchirant instantanément l’une des meutes de Space Wolves et éjectant le chef de la meute Garde Loup de son véhicule alors que des vrilles d’énergie noire se déchaînaient sur lui. Étourdi mais toujours conscient, le chef de la meute a immédiatement demandé des renforts par vox, sachant que sa meute ne tiendrait pas longtemps contre un tel ennemi. Tous les Space Wolves dans les environs qui n’étaient pas déjà engagés dans le combat viendraient immédiatement les aider, mais en attendant, les Motards Griffes Sanglantes devraient faire face à l’avancée implacable des Gardes Fantômes et du Chevalier Fantôme par eux-mêmes.

Ceux qui étaient encore montés sur leurs motos ont rugi vers les guerriers éthérés, leur tirant Bolter après Bolter. Guidés par les Pierres-Esprits d’Aeldaris morts depuis longtemps, les imposants Gardes Fantômes ne montrèrent aucune crainte, résistant à la tempête de feu, et tirèrent une fois de plus sur les motos, tuant une autre Griffe Sanglante alors que les Space Wolves se déplaçaient pour les éviter. Blessé sous sa moto et incapable de bouger, le chef de la meute des Gardes Loups ordonna à ses Frères de Bataille de se reformer et de concentrer leur feu sur le chef de la Garde Fantôme, le Chevalier Fantôme.

Autrefois un sorcier Aeldari mort il y a longtemps, son esprit dirigeait à nouveau les actions de ses semblables. Plutôt que d’essayer d’éliminer tout les Gardes Fantômes, si les Space Wolves pouvaient le blesser ou le tuer, ils auraient plus de chances de survivre à leur rencontre avec ces anciens guerriers Aeldaris. En grognant de rage, les Griffes Sanglantes ont fait tourner leurs moteurs à pleine vitesse et ont contourné la large gorge pour attaquer le Chevalier Fantôme, les Gardes Fantômes levèrent leur Canon Fantôme pour tirer à nouveau. C’est alors que le chef de meute Garde Loup a remarqué que les Griffes Sanglantes avaient fait une erreur tactique. Ils avaient naturellement fermé leur formation en faisant le tour. Étant donné leur proximité, un seul coup sur la cible par leur ennemi les aurait tous mis en pièces.

Leur mort a été évitée par l’arrivée d’un des rares Dreadnoughts de la Grande Compagnie. Un flux régulier de douilles de Bolter tomba sur le sol alors qu’il tirait dans la gorge depuis le passage par lequel il était arrivé. Les balles du Dreadnought déchirèrent la position des Gardes Fantômes, endommageant gravement l’un des cinq, ses Pierres-Esprits et son armure se brisant comme de la glace. En réponse à cette nouvelle menace, le Chevalier Fantôme bougea en un seul mouvement rapide et, avec une force surnaturelle, lança sa Lame Fantôme sur le Dreadnought.

La lame faiblement lumineuse plongea profondément dans l’armure protégeant le sarcophage du guerrier Space Wolf. Le Garde Loup était furieux d’assister à la mort de l’occupant du Dreadnought. Impuissant à aider, il hurla sa fureur.

L’appel au combat du Garde Loup n’est pas resté sans réponse.[28]

Les Collines en Feu

Observée attentivement sur les écrans de Port Ryira, la vague de plus de deux cents Motojets, Vypers et Faucons de Mymeara qui avait précédemment contourné la bataille contre la Compagnie Vengeance s’est envolée vers la péninsule de Tarandor. L’armada n’a pas viré immédiatement au nord de Port Ryira comme prévu, mais a continué directement vers l’est en direction du grand complexe minier d’Aresta IV. L’installation abritait plus de neuf cents travailleurs et leurs familles, et alors que les sirènes d’alerte aérienne retentissent dans le bidonville qui s’étendait à l’est, la milice des travailleurs se mit déjà en position, s’occupant des armes lourdes situées dans les bunkers qui constituent le cœur des défenses d’Aresta IV. Ils furent rejoints par les quelques éléments du Groupement de Combat Odon qui ne combattaient pas dans les Plaines Alaciennes, principalement du personnel de soutien et les premiers Gardes blessés qui ont été ramenés derrière les lignes de combat.

Indépendamment de leur blessure ou de leur grade, tous ceux qui étaient capables de se battre prirent un Fusil Laser et se préparèrent à se défendre lorsque la force de frappe Aeldari se lança sur le complexe minier, les Motojets et les Vypers brisant leur formation et plongeant sur les défenseurs dans une grêle de disques de shuriken et de tirs de canon. En retour, les tirs d’armes lourdes et des batteries d’armes sur les plateformes supérieures du complexe pilonnèrent le ciel. L’assaut aérien fut rapidement suivi par des tirs de sniper depuis les collines entourant le complexe où les escouades de Gardiens et les Rangers de Mymeara s’étaient mis en position pendant l’attaque initiale. Les Aeldaris semblaient avoir l’intention d’éliminer toute menace que les habitants d’Aresta IV représentaient pour eux.

S’ils avaient cru que l’installation était mal défendue, les commandants de la force d’attaque Aeldari se sont lourdement trompés. Ayant reçu l’ordre de se diriger immédiatement vers cette nouvelle force Aeldari par l’Inquisiteur Danzk de l’Ordo Xenos, des escouades de troupes Élysiennes s’étaient déjà déployées dans les collines au-dessus d’Aresta IV. Faisant profil bas, les Élyséens, presque invisibles dans leurs uniformes camouflés, se sont levés et ont tendu une embuscade aux escouades de Gardiens qui ne se doutaient de rien.

La présence des Élyséens sur les flancs des collines ralentissait l’attaque des Aeldaris mais ne pouvait guère l’arrêter. Se déversant par le point le plus vulnérable de l’installation, les habitations des bidonville, les escouades de Guerriers Aspects se sont abattues sur la milice. Les Banshees Huantes hantaient la zone où les bunkers avaient été installés, leurs cris de guerre psychosoniques paralysaient tous ceux qui s’y opposaient, si bien que les Gardes et les travailleurs de la milice n’opposèrent que peu de résistance et furent abattus par les gracieux guerriers.

Mais c’est à l’entrée des mines que les Aeldaris ont commis les pires atrocités. D’énormes véhicules miniers avaient été placés devant l’entrée pour protéger les travailleurs qui cherchaient refuge à l’intérieur. Les véhicules et la milice derrière eux ont été réduits en cendres par les Canons à Fusion des escadrons de Dragons Flamboyants de Mymeara, laissant ceux qui s’abritaient à l’intérieur sans défense face à l’avancée des Aeldaris.

Le cauchemar qui s’est déroulé sur le site d’Aresta IV a été de courte durée. Alors que les chasseurs Aeldaris tentaient un nouveau passage sur les équipes d’armes lourdes dans les bunkers, les Intercepteurs Fury de la Marine Impériale de la flotte en orbite plongeaient à travers les nuages d’orage, juste au moment où les transports de troupes du Groupement Tactique Vlaar apparaissaient à l’horizon.

Réalisant peut-être que la chance allait bientôt tourner contre eux, les survivants d’Aresta IV regardèrent les Aeldaris s’enfuir.[29]

La Colère des Titans

Les Titans de Mymeara.
Pour ce qui devait être la centième fois, le Princeps Ephraim vérifia les deux cadrans de sa console. Le premier cadran venait d’atteindre zéro lorsqu’il regarda à nouveau vers le bas, ce qui signifiait que la partie suivante de son plan était en position. Immédiatement, Ephraim a ordonné à la manipule Exaro d’ouvrir le feu. Il devait s’assurer que les Titans Asuryanis mordent à l’hameçon et ne tentent pas de le contourner comme ils l’avaient fait plus tôt. En provenance de l’ouest, au moment où les vents de la force d’un ouragan qui soufflaient sur le champ de glace ouvert diminuaient légèrement, une nouvelle tempête se produisit, une tempête de colère sacrée alors que des tirs lasers et des balles dures passaient devant le Nova, une fleur de lumière soudaine au loin indiquant qu’ils avaient touché au moins un des Titans Revenants Asuryanis qui suivaient.

Il n’y avait pas de temps pour célébrer les compétences des Moderatii d’armes de la manipule Exaro. L’aiguille de la deuxième jauge s’approchait rapidement de zéro. Il devait agir maintenant et rapidement. Poussant au plus profond de son lien avec l’Invictus, il a cherché dans ses systèmes déjà à bout la moindre énergie inexploitée, les lumières du compartiment de l’équipage s’éteignant tandis qu’il prenait de la vie partout où il le pouvait. Il restait à peine quelques mètres avant que le second compte à rebours n’atteigne zéro et tomber pour atteindre les coordonnées n’était pas une option. L’Invictus Nova franchit les dernières dizaines de mètres avec à peine quelques secondes d’avance sur la jauge. Le Princeps Ephraim regarda les derniers chiffres du compte à rebours et pria pour que le temps joue en leur faveur.

Quatre… L’air s’éclaircit rapidement alors que le blizzard qui avait englouti la région se dissipait enfin, révélant deux des poursuivants d’Invictus à seulement cinq cents mètres et se rapprochant rapidement.

Trois… juste quelques centaines de mètres derrière les deux Revenants, le Titan Fantôme est apparu. Une légère brume sombre enveloppait déjà son Canon à Distorsion, comme cela avait été le cas avant que le Fantôme ne réduise le Magnus Canis en miettes.

Deux… Ephraim a poussé l’Invictus Nova plus fort qu’il ne l’avait jamais fait auparavant.

Un… L’Invictus Nova atteignit les coordonnées désignées juste au moment où Ephraim recevait un message du capitaine du vaisseau de la Legio Gryphonicus, le Vengeance de Lithore, en orbite à des milliers de kilomètres au-dessus de lui.

« Frappe orbitale initiée. » Sept torpilles massives sont descendues des cieux comme des comètes enflammées et se sont écrasées sur la position des Titans Asuryanis.

Lorsque les explosions tonitruantes avaient cessé, un épais banc de fumée flottait dans l’air. Ephraim attendit qu’il se dissipe progressivement, prêt à agir s’il apercevait ne serait-ce que le plus léger signe d’un Titan Asuryani se dirigeant vers le Nova. Mais au lieu de cela, la fumée dissipée a révélé que le paysage vers la mer avait été complètement modifié. Les kilomètres de glace qui s’étendaient devant le Titan Reaver avaient disparu, au profit d’un large golfe qui tombait directement dans les eaux profondes. Au-delà, à l’horizon, Ephraim pouvait à peine voir le Titan Fantôme se retirer vers l’ouest, en direction du portail de Mymeara. Son anéantissement avait échappé au Princeps une fois de plus, mais il doutait qu’il puisse jouer un rôle dans la victoire. Les deux Revenants de son cadre feraient cependant une dernière apparition, figurant dans les grands tableaux d’honneur de la Legio Gryphonicus comme disparus, présumés détruits sur les rochers en contrebas.[30]

Alors que les vagues de renforts de l’Imperium commençaient à se répandre sur le continent oriental assiégé de Betalis III, la Legio Gryphonicus avait déjà engagé un nouveau combat avec les Titans du Vaisseau-Monde de Mymeara. Suivant toujours leurs ordres initiaux, donnés par le Seigneur Inquisiteur Danzk plus tôt dans la journée, les Princeps des manipules titaniques avaient traqué l’un de leurs ennemis dans une région juste au nord de celle où la bataille entre les Aeldaris et la Compagnie Vengeance se déroulait dans les Plaines Alaciennes. En route, le Titan Fantôme avait également été rejoint par trois Titans Revenants de Mymeara. Le second Titan Fantôme, endommagé plus tôt par la demi-manipule, avait été observé par les Serviteurs du Seigneur Inquisiteur entrant dans la région côtière du portail Mymearan à l’ouest, et on pensait qu’il était retourné à travers le portail vers le Vaisseau-Monde ou qu’il surveillait maintenant le portail lui-même.

Sachant que la présence des Titans Asuryanis restants pourrait faire pencher la balance de la bataille contre la Compagnie Vengeance, le Princeps de l’Invictus Nova avait ordonné aux autres Titans d’engager le combat avec les Marcheurs de Guerre Aeldaris avant qu’ils ne s’approchent. Face à un ennemi deux fois moins nombreux mais nettement supérieur en termes d’armement et de vitesse, les Princeps des Titans impériaux savaient que les chances étaient contre eux lorsqu’ils s’engagèrent une fois de plus dans la bataille.

Les Titans de la Legio Gryphonicus se séparèrent à nouveau en deux groupes originaux. La demi-manipule Nova, désormais avec un Titan en moins après la destruction du Warhound Magnus Canis, attaqua d’abord les Titans Asuryanis puis s’éloigna vers l’est au cœur d’une tempête de glace. Leur plan a fonctionné et le principal commandant Aeldari a mené son armée de Titans à leur poursuite. Dans une série d’escarmouches et d’assauts qui s’étendirent sur presque la moitié de la longueur du continent, les deux groupes de Titans s’affrontèrent. Se déplaçant sur un terrain beaucoup plus favorable que le champ de bataille rocheux plus à l’ouest, la demi-manipule se dirigea vers le nord-est en empruntant une section de deux kilomètres de route qui serpentait à travers les montagnes. Pendant ce temps, la manipule Exaro se dirigeait vers l’ouest puis vers le nord à travers une autre partie de la route. Alors que les Titans Asuryanis suivaient la demi-manipule Nova vers les champs de glace au-delà, la Manipule Exaro chargeait derrière eux pour leur couper la sortie.

Au cours de l’heure suivante, les dieux de la guerre des deux races se sont livrés une bataille acharnée. Avec peu d’abris à part le blizzard obscurcissant, les Princeps de l’Imperium ont eu recours à une série de feintes et de frappes pour se protéger des Canons à Distorsion et des Pulsars des Asuryanis. D’abord, la demi-manipule Nova s’approchait à portée des Aeldaris et tirait sur eux. Puis, dès que les tirs du Nova étaient éloignés, les Titans Asuryanis attaquaient, avançant à grands pas pour harceler les Titans Asuryanis et tenter de les empêcher de riposter au Nova et à son escorte de Warhounds.

La bataille ne s’est pas déroulée sans pertes supplémentaires. La première a été subie par les Aeldaris. Un de ses Titans Revenants a été détruit alors qu’il tentait de s’échapper et de revenir sur les flancs de la manipule Exaro. Repérant sa ruse, le Princeps de la manipule a ordonné à ses trois Titans Reavers et ses deux Warhounds de faire feu sur sa position. Leur puissance combinée surchargea les Holo-Champs du Titan Revenant et coupa les mécanismes d’alimentation de ses jambes. Incapable de bouger, et avec son seul membre d’équipage probablement déjà gravement blessé ou mort, le Titan Asuryanis s’est auto-détruit, privant certains éléments de l’Imperium de la rare opportunité d’étudier de près une technologie Xenos aussi avancée. La Legio Gryphonicus n’en est pas sortie indemne non plus, ses Titans Warhound subissant les pires attentions de leurs ennemis. Deux d’entre eux ont été directement touchés par les deux Lasers à Impulsion des Revenants, l’un d’entre eux ayant été gravement endommagé et contraint de se retirer du champ de bataille.

C’est le Titan Fantôme qui a fait le plus de ravages avec son Canon à Distorsion. Au plus fort de la bataille, il a failli détruire l’Exaro lui-même lorsqu’un tir de son arme arcanique a heurté les boucliers du Titan de Bataille. Si les autres Titans impériaux n’étaient pas venus à son secours pendant que le Titan et son équipage se remettaient de la surtension qui l’avait temporairement paralysé, il aurait pu être complètement détruit.

Bien que la plupart des Titans de l’Imperium aient subi de sérieux dommages lors de l’engagement, ils sont sortis vainqueurs. La menace des Titans du Vaisseau-Monde de Mymeara étant écartée de Betalis III, la Legio Gryphonicus s’est jointe pour les dernières heures de la guerre aux éléments mobiles de la Compagnie de Bran Gueule Rouge qui avaient été déposés par les aéronefs de combat Thunderhawk pour aider la Compagnie Vengeance. La petite force de Land Raiders Space Wolves et d’autres véhicules, ainsi que les Titans de la Legio Gryphonicus, ont ensuite débordé une partie de l’armada d’Alaitoc, émoussant sa fureur et l’empêchant de s’engager pleinement avec la Compagnie Vengeance.[31]

Le Vent Tourne

Après avoir renforcé les collines autour d’Aresta IV par les troupes de largage Élyséennes et les sections avancées du groupement tactique Vlaar, les escadrons de la Marine Impériale se sont tournés vers l’ouest, en direction de la Compagnie Vengeance. En approchant de la zone de combat, les pilotes ont été accueillis par une scène apocalyptique de dévastation. Les formations d’escadrons à la précision militaire avaient disparu, au profit de quelques poches serrées de résistance qui ne pensaient qu’à l’anéantissement total de leur adversaire. Sur les centaines de chars impériaux et autres blindés lourds déployés sur place, il en restait moins d’un tiers.

L’ost de guerre conjoint Mymeara-Alaitoc a également été sévèrement battu. Prouvant une fois de plus sa réputation d’expert en commandement de chars, le Général Odon avait organisé Vengeance en blocs mobiles de chars hérissés de canons, et pour chaque Leman Russ ou Chimères détruits, quatre vaisseaux Aeldaris subissaient de sérieux dommages ou étaient soufflés dans le ciel. C’est l’expérience tactique du Général qui a permis à Vengeance de tenir si longtemps et, alors que l’aile de combat de la Marine Impériale commençait à s’approcher, les vaisseaux Aeldaris ont brisé leur formation et ont fait demi-tour en direction du portail qui leur avait permis d’accéder au monde de l’Empereur.

Au même moment, dans le Delta de Tormus, le réseau vox de Retribution était inondé de rapports indiquant que les forces terrestres d’Alaitoc s’étaient également retirées de la bataille. Quelques minutes auparavant, leurs cris de guerre avaient résonné dans les canyons, mais maintenant le labyrinthe glacé était presque silencieux. À des centaines de kilomètres au-dessus du delta, les images de la flotte de la Marine Impériale confirmaient ce que tout le monde savait déjà : les Aeldaris battaient en retraite.

Les forces du grand Imperium de l’Humanité avaient gagné la bataille de Betalis III.[32]

ORDO XENOS - ARCHIVES RESTREINTES

[Classification Ordo Xenos Extremis]

[Compte Rendu du Sujet 77.832.0912/x – Seigneur Inquisiteur Hestaphus Danzk]

[Betalis III. Secteur 926]

[Transcription - Serviteur Remptor - Biologos ressource alpha-m2]

Le Seigneur Inquisiteur Danzk était assis dans l’obscurité de sa Chimère de commandement et étudiait les dizaines d’images sur ses écrans, ses yeux augmentés passant rapidement de l’une à l’autre. Il ne prêtait guère attention à certaines d’entre elles, comme celles montrant les mineurs en fête et les Gardes Impériaux du Groupe de Combat Odon à l’extérieur du complexe minier d’Aresta VI, chaque visage étant automatiquement analysé, mesuré, évalué et comparé aux fichiers de l’Ordo Xenos pour détecter tout signe de déviance Xenos hérétique. S’il les considérait, ce n’était que pour reconnaître qu’ils avaient accompli leur part dans la bataille pour ce monde, et Danzk ne leur reprocherait pas ce bref moment de triomphe. La vie était courte et brutale pour eux. Bientôt, ils monteraient à bord des vaisseaux de transport de la Marine Impériale et partiraient vers une autre zone de guerre, et des célébrations comme celles-ci étaient nécessaires pour maintenir leur moral.

Un flash brillant sur la banque d’images supérieure attira brièvement son regard. Considérant que la guerre terrestre sur Betalis III était terminée avec la retraite des armées Aeldaris d’Alaitoc et de Mymeara, les Space Wolves prenaient le combat à leur compte dans les cieux. Il y a eu des rapports non confirmés de plus grands vaisseaux Aeldaris, se cachant dans les zones extérieures de son système et dans la Nébuleuse de Karina au-delà. Le Seigneur Inquisiteur Danzk se joindrait à leur chasse bien assez tôt, mais son rôle dans la guerre terrestre n’était pas encore terminé. Il y avait trop de questions sans réponse, trop de détails à régler, et il venait de trouver la clé pour les débloquer tous.

C’était un événement minuscule dans le grand schéma des choses, un incident qui s’était produit bien avant que les premiers coups de feu ne soient tirés par l’un ou l’autre camp. Danzk a actionné un interrupteur sur sa console et a établi un lien avec le réseau vox. La bataille finale pour Betalis III était sur le point de commencer.

[Seviteur Remptor …Fichier à l’écran - Odon 86759874/kl section 12.7]

Après s’être déplacé dans les profondeurs de l’installation minière et maintenant situé dans une vaste chambre de forge, le Seigneur Inquisiteur Danzk jeta à peine un coup d’œil aux rapports de sa suite et du Lieutenant qu’il avait chargé des deux cents Gardes et miliciens de l’installation d’Aresta IV qui étaient maintenant sous son commandement. Les hommes avaient passé l’heure précédente à explorer l’immense hall où Danzk avait décidé qu’ils tiendraient leur position. Les rapports lui ont dit ce qu’il savait déjà : il n’y avait pas d’ennemi. Le Seigneur Inquisiteur ne s’attendait pas à autre chose. Les Aeldaris devaient être dans les tunnels en dessous, probablement pas un grand groupe, mais d'une taille suffisante pour accomplir leur tâche et aussi assez petite pour échapper aux groupes de recherche qui avaient déjà parcouru les mines à la recherche de tout Aeldari qui avait passé leurs défenses pendant la bataille précédente. Ayant passé au moins cinq heures sans être dérangés dans les tunnels qui partaient de la salle, ils avaient l’avantage et il n’était pas prêt à entrer aveuglément dans leur repaire. C’est ici que l'Imperium allait prendre position - sur son propre terrain et selon ses propres termes.

Avec un boum qui secoua toute la salle, les portes colossales qui menaient à la surface se refermèrent. Puis vingt verrous, de la taille de troncs d’arbres massifs, s’activèrent à l’intérieur et, dans un sifflement primitif sinistre, la chambre de forge fut isolée du reste de la planète. La porte a été conçue pour résister à la force de l’explosion de la machine à forger haute de trente étages et, si les forces de défense impériales étaient vaincues, c’était la dernière barrière que les Aeldaris devraient franchir pour retourner à la surface de la planète. L’Inquisiteur Danzk, qui n’était pas homme à se lancer dans une bataille sans plan de secours, renforça encore la porte. Au plus profond de la structure de la forge, au milieu de ses innombrables valves et tuyaux, et des dizaines de sanctuaires à l’Esprit de la Machine, se trouvait le Technoprêtre Mydeaus, connecté directement aux systèmes du léviathan mécanique. De là, il avait le contrôle exclusif de la porte, Danzk ayant ordonné à ses hommes de détruire tous les autres points d’accès à celle-ci. Ils étaient enfermés : le Seigneur Inquisiteur Danzk, sa suite, les Gardes et la milice, mais, plus important encore, les Aeldaris aussi.

Une fois connecté, Mydeaus avait commencé à utiliser les ressources de la forge à une nouvelle fin. Quatre grues massives, normalement utilisées pour alimenter les creusets de fusion de cinq étages avec le minerai extrait des mines situées en dessous, étaient attachées à un énorme système de rails. Le Technoprêtre les utilisait pour soulever des tonnes de rails métalliques et d’équipements lourds afin de les mettre en place comme barricades devant l’entrée du réseau minier. Mydeaus était tellement connecté aux systèmes de la machine à forger que les rails et les véhicules se déplaçaient exactement là où les Gardes les dirigeaient, dérangeant à peine les cendres qui tombaient comme de la neige noire des monstrueux creusets bouillonnants au-dessus.

Quant aux autres, ils rampaient dans le labyrinthe sinueux des passerelles et des portiques, choisissant leurs propres positions d’où jouer leur rôle dans la bataille à venir. La chambre de la forge n’était pas l’endroit où la plupart d’entre eux auraient choisi de se trouver à ce moment-là. Les miliciens de la force de défense ad hoc étaient habitués à la chaleur presque insupportable et aux fumées étouffantes, mais quelques minutes après avoir été isolés du monde extérieur, les Gardes et leur suite souffraient des effets de la chaleur. Malgré cela, personne n’a retiré son gilet pare-balles.

Satisfait que son plan se déroule comme prévu, Danzk se concentra à nouveau sur les images de ses écrans montrant la progression de l’essaim de Serviteurs qu’il avait envoyé dans les tunnels. Il s’agissait de constructions bio-mécaniques cauchemardesques avec des corps en métal et de multiples paires de jambes. Telle une araignée assise au centre de sa toile, les dizaines de paires d’yeux de Danzk surveillaient maintenant l’ensemble du système de grottes nord-ouest.

Le Seigneur Inquisiteur fit méthodiquement défiler les images de chaque Serviteur à tour de rôle, chacune montrant une vue presque identique des parois rocheuses poussiéreuses, du sol ou du plafond du tunnel alors qu’ils se frayaient un chemin vers l’avant. La chasse n’a pas duré longtemps, et il ne l’avait pas prévu. Les Aeldaris étaient prêts et attendaient de pouvoir s’occuper de ces yeux indiscrets. Puis l’un des Serviteurs venait de s’arrêter, ses capteurs ayant détecté quelque chose dans l’obscurité. Danzk a vérifié sa position. C’était l’un de ceux qui étaient les plus proches de l’endroit où l’accident minier avait eu lieu. Le Seigneur Inquisiteur se concentra sur sa connexion à la console en face de lui, cligna des yeux et regarda les événements se dérouler à travers ses yeux.

[Serviteur Pious7-x53] Le Serviteur fit une pause et scanna le tunnel devant lui. Ses capteurs avaient détecté des mouvements, mais Danzk ne pouvait rien voir dans la lueur artificielle que ses flux visuels améliorés lui renvoyaient. Dans un flou de mouvement, le Serviteur a soudainement déplacé ses ports occulaires pour regarder un point à sa gauche, à mi-chemin de la paroi rocheuse. Danzk a finalement vu ce qui avait attiré son attention. Sur la surface du tunnel, à quelques mètres de là, se trouvait une faible tache de lumière qui se déplaçait rapidement vers le Serviteur. Sans avertissement, l’image s’est soudainement éclaircie et l’alimentation a été coupée.

Danzk se retrouva une fois de plus devant les écrans de sa Chimère de commandement, avec une douleur lancinante juste derrière les yeux due au choc optique qu’il venait de recevoir. Il a rapidement vérifié le reste des écrans d’images. Les images de quatre autres Serviteurs situés à différents endroits du même tunnel étaient également devenues vides. Cela ne pouvait signifier qu’une chose : les Aeldaris savaient qu’ils étaient à nouveau chassés, mais où étaient-ils exactement ?

[Serviteur - Artus352-n] La zone dans laquelle se déplaçait le Serviteur était jonchée de gravats au lieu de l’approche claire et sans rochers des tunnels de transit. Contrairement à ses compagnons maintenant sans vie, il avait réussi à se glisser au-delà de ce qui gardait les tunnels et avait atteint les coordonnées de l’effondrement qui avait tué plus de quarante mineurs de l’installation plusieurs semaines auparavant. Il n’y avait aucune preuve d’un effondrement ici maintenant. Au lieu de cela, le serviteur passa par l’entrée d’une caverne massive, les énormes rochers tombés à son entrée ayant été dégagés par les Aeldaris. En se déplaçant, le Serviteur articulait rapidement ses multiples paires de jambes sur et autour des objets éparpillés sur le sol de la caverne.

Danzk a mis en pause l’alimentation pour mieux voir. Autour du Serviteur se trouvaient des masses d’os, recouverts d’une fine couche de poussière de cadavre, perturbée par le passage du Serviteur, là où se trouvaient la peau et la chair. Les corps, dont aucun ne semblait humain, devaient être restés sans sépulture dans la caverne depuis des centaines, voire des milliers d’années, à en juger par l’absence de chair sur eux. L’esprit analytique normalement froid de Danzk s’est précipité sur les possibilités - cela a dû être le site d’une bataille massive autrefois. À en juger par l’état des restes, elle avait eu lieu des siècles avant la colonisation de Betalis III.

Au même moment, les systèmes de sa Chimère parcouraient les images, les cataloguant et essayant de les croiser avec les milliards d’enregistrements contenus dans son noyau de données. Ils avaient déjà confirmé la présence d’ossements Aeldaris dans le charnier et beaucoup de leurs restes décomposés présentaient des blessures correspondant aux effets d’un combat brutal et intense au corps à corps. Des marques de coups s’entrecroisaient là où les lames avaient coupé la peau pour entailler l’os en dessous. D’autres os étaient fissurés et brisés, en particulier les crânes, là où des armes plus lourdes avaient frappé, peut-être des marteaux ou des coup de poings à en juger par les dégâts.

Quant à l’ennemi de l’ost Aeldari, chaque os analysé était accompagné de la même réponse frustrante, "Non Identifié". Quelle que soit la race, il n’y a rien qui correspondait dans ses dossiers. Leurs blessures correspondaient à celles causées par des armes Aeldaris. Les coupures sur les os des membres étaient plus nettes que celles causées par leurs propres armes, et les crânes avaient été pénétrés par des trous nets correspondant aux armes à plasma que les Guerriers Aspects des Aeldaris préféraient. On ne pouvait pas non plus se tromper sur les marques de treillis marquées profondément dans de nombreux os, le résultat d’un enchevêtrement dans les armes plus exotiques utilisées par l’élite des guerriers Aeldaris.

Le Seigneur Inquisiteur Danzk aurait pu passer des années à regarder cette image, mais ce n’était pas le moment. Il s’est reconnecté à l’alimentation en direct du Serviteur. Il s’était déplacé plus loin dans la caverne et avait localisé le contingent Aeldari, et il était maintenant positionné sur une corniche légèrement en retrait d’eux mais avec une vue assez claire pour que Danzk puisse observer ce qui se passait.

[Serviteur - Artus352-n] Il y avait cinq Aeldaris clairement en vue et derrière eux planaient des lumières pâles vacillantes, les mêmes que les Serviteurs avaient rencontrées plus tôt dans les tunnels.

Cette fois-ci, dans chacune des lumières, Danzk pouvait clairement voir la forme spectrale d’un guerrier Aeldari, d’un type qu’il n’avait jamais rencontré auparavant. Ils semblaient y avoir des gardes protégeant un groupe de cinq Aeldaris devant eux : un Grand Prophète et ce qu’il pensait être trois prêtres Aeldaris de haut rang à en juger par leurs vêtements, et un seul guerrier Aeldari qui était le centre du rituel qu’ils étaient en train d’accomplir.

[Servitor Remptor - Biologos ressource alpha-m2 …Spéculation de l’identité du groupe Xenos par l’Inquisiteur Danzk non confirmée. Données transmises à l’Inquisiteur Samaeal Kayvus pour une analyse plus approfondie…]

Le guerrier se tenait au centre du groupe. Sur le sol, à côté de lui, se trouvait le corps d’un autre guerrier Aeldari. Il devait être mort depuis des milliers d’années, mais contrairement aux autres qui avaient combattu dans la chambre, ses restes étaient encore préservés à un certain degré, comme s’il s’était accroché à la vie bien plus longtemps que quiconque n’y était parvenu. Deux des prêtres Aeldaris retiraient de ses restes momifiés des pièces d’armures richement décorées et les plaçaient tour à tour sur le guerrier Aeldari vivant.

Est-ce pour cela que les Aeldaris étaient venus sur Betalis III ? pensa-t-il, des milliers de personnes des deux côtés étaient-elles mortes pour cela ? Danzk ordonna au Serviteur de se concentrer sur l’armure.

Le Seigneur Inquisiteur était stupéfait de la complexité de sa décoration - l’artisanat était bien supérieur à tout ce qu’il avait vu au cours de ses décennies d’étude des panoplies de guerre Aeldari. Dans les nombreux dossiers écrits sur la race Aeldari qu’il avait étudiés, il y avait des comptes rendus d’attaques contre des planètes qui possédaient des artefacts considérés comme importants pour eux. Mais pour déclencher une guerre d’une telle ampleur, il devait s’agir de quelque chose de vraiment précieux pour eux.

[Serviteur Remptor - Ressource Biologos alpha-m2 …L’analyse du comportement antérieur des Xenos-Aeldaris indique une probabilité de 89% que la récupération de l’artefact était l’objectif de l’invasion Aeldari de Betalis III].

Une fois leur tâche accomplie, les prêtres Aeldaris ont reculé, se positionnant de part et d’autre et derrière leur charge. Puis le Grand Prophète s’est avancé et a levé son bâton en l’air, le tenant à deux mains au-dessus du guerrier. Le Grand Prophète l’a ensuite relâché et le bâton a flotté jusqu’à ce qu’il plane à une courte distance verticale au-dessus du casque du guerrier. Dès qu’il fut en place, la caverne fut remplie d’une lumière actinique brillante alors que ce qui devait être une énorme quantité d’énergie psychique s’élevait des bras tendus du Grand Prophète et des prêtres et se canalisa à travers le bâton et l’armure du guerrier, qui fut bientôt entouré d’une aura de lumière blanche comme la glace qui grandissait rapidement.

En quelques secondes, Danzk ne pouvait plus voir le guerrier ; la couronne de lumière l’avait complètement englouti et s’étendait rapidement vers l’extérieur. Un vent surnaturel soufflait de l’œil de la tempête psychique, fouettant les robes du Grand Prophète et des prêtres et soufflant le linceul de poussière de cadavre du champ d’ossements qui se trouvait au-delà du rituel. Des vrilles de lumière ont soudainement jailli de l’enfer psychique. D’abord, ils se déplaçaient au hasard, le long du sol de la caverne, mais alors que le cercle de lumière grandissait, enveloppant inoffensivement le Grand Prophète et son cadre, Danzk réalisa que les vrilles sautaient d’un os à l’autre, d’un crâne à l’autre, comme si elles se régalaient des échos de vie qu’ils contenaient encore. En se déplaçant vers un autre os, elles ne laissaient derrière elles que de la poussière, mais Danzk n’avait pas le temps de s’attarder sur son horreur croissante de la destruction, car l’une des vrilles s’approchait directement au Serviteur.

Danzk hurla à l’agonie alors que la même lumière brillante qui baignait la caverne déchira ses nerfs optiques et s’affaissa inconscient sur sa console.

Le Seigneur Inquisiteur Danzk se réveilla au son inimitable de la bataille à l’extérieur du compartiment d’observation de sa Chimère, devenu presque noir. Ce qu’il avait d’abord pris pour des cauchemars de massacre et de destruction n’était en fait que des images transmises directement dans son esprit par sa suite, qui n’avait pas réussi à contenir l’assaut des Aeldaris.

Il avait l’impression qu’une grande main l’avait soulevé et projeté, et lorsqu’il s’est redressé, l’Inquisiteur s’était presque évanoui sous la douleur. Sa jambe gauche n’était pas cassée, mais elle avait été malmenée et, en se relevant, il pouvait sentir la présence indésirable d’une grosse bosse sur le côté de sa tête, là où elle était entrée en contact avec ce qu’il ne pouvait que supposer être la console. Danzk se déconnecta du peu d’alimentations auxquelles ses implants étaient encore branchés et se redressa péniblement. C’est alors qu’il s’est rendu compte que la Chimère était maintenant couché sur le côté.

La puanteur de la chair fumante assaillait ses sens tandis qu’il luttait pour ouvrir la lourde trappe extérieure, son poids déséquilibré sapant ses forces défaillantes tandis qu’il se débattait avec elle. Alors qu’il prenait quelques instants pour récupérer, Danzk contemplait les corps de dizaines de membres des forces de défense éparpillés à l’entrée des tunnels. C’était comme si un ouragan avait traversé la chambre de la forge, soulevé les hommes et les avait ensuite lâchés dans l’aube sans aucun avertissement. La collection hétéroclite de rails et d’équipements lourds utilisés comme barricades devant l’entrée des tunnels avait été jetée comme des jouets d’enfants ; les trous d’explosion qui les avaient percés montraient les signes indéniables de l’armement Aeldari, leurs bords brillaient encore d’une légère lueur orange due à la chaleur intense. Les forces de défense avaient été frappées durement et rapidement, sans pouvoir riposter, à en juger par l’absence de corps Aeldari parmi les morts et les blessés.

Danzk se traîna hors du véhicule et tomba plus qu’il ne grimpa le long de son flanc, sa jambe engourdie étant inutile dans sa descente. Il s’allongea contre le dessous retourné de la Chimère, reprenant son souffle, un serrement dans sa poitrine suggérant qu’il avait subi des blessures internes lorsque le véhicule avait roulé. Une fois que le martèlement des tambours dans sa tête se sont finalement arrêté, il a utilisé ses sens augmentés pour commencer à analyser la tempête de bataille qui faisait rage autour de lui. En se concentrant, l’Inquisiteur Danzk perçut les détonations staccato de deux pistolets dans le dédale de tuyaux et de câbles, distinctes du son régulier des lasers des Gardes Cadiens. Taron, le sniper Cadien, était toujours en vie, mais s’il utilisait ses pistolets plutôt que son fusil favori, et la partie de la bataille à laquelle il participait ne se passait pas bien pour lui. Danzk cligna des yeux en priant pour que le coup à la tête ne lui ait pas fait perdre la connexion avec au moins un membre de sa suite.

[Taron Metgar - Sujet 287. Critica VII] Au moment où le Seigneur Inquisiteur entra en contact avec le Cadien, il put constater que l’homme était absolument terrifié, ce que le tireur d’élite, d’ordinaire calme et, selon certains membres de la suite, dépourvu d’émotions, n’avait jamais été depuis que Danzk le connaissait.

Les yeux de Taron étaient grands ouverts de peur. Il a regardé à gauche, puis à droite, puis à gauche, encore une fois. Taron essayait frénétiquement de regarder dans deux directions à la fois et lorsque cela échoua, il commença soudainement à tirer sauvagement avec ses pistolets, d’abord dans un sens, puis dans l’autre, puis directement à l’air libre devant lui. Ses armes à présent vides, Taron risqua un coup d’œil vers le bas pour les recharger à nouveau, les mains luisantes de sueur tandis qu’il tâtonnait frénétiquement avec les clips de munitions attachés à sa sangle. Puis, les pistolets enfin chargés, Taron regarda à nouveau devant lui et jura. Juste devant lui, dix niveaux plus haut, planait l’un des "fantômes" qu’il suivait, le même guerrier Aeldari spectral que Danzk avait vu garder le groupe dans la chambre des os.

Au premier son de l’arme hurlante de l’Aeldari, Taron plongea par-dessus l’arrière du portique sur une plateforme métallique un peu plus bas. Il avait évité d’être touché deux fois jusqu’à présent, mais sa chance avait tourné. Conçue pour détruire les armures lourdes plutôt que d’être tirée de si près, l’explosion d’énergie se propagea à travers le portique, en effondrant des sections sur Taron et en l’écrasant dans un tas de métal lourd et fumant.

Le lien mental a été instantanément rompu au moment de la mort de Taron et Danzk s’est retrouvé une fois de plus à regarder la chambre de la forge avec ses propres yeux. Mais il n’était plus seul. Comme un chien fidèle retournant à son maître, il avait été rejoint par l’un des Serviteurs qu’il avait envoyé plus tôt dans les tunnels, l’une de ses jambes se contractant de manière redondante là où sa section inférieure avait été cisaillée par des tirs d’armes Aeldari. Programmé pour retourner sur la Chimère s’il était endommagé, le Serviteur attendait maintenant d’être réparé ou de recevoir sa prochaine instruction. Danzk se reconnecta avec lui et, via sa propre liaison augmentée, l’envoya boiter là où les combats étaient les plus violents. Incapable de bouger avec ses propres jambes maintenant, le Serviteur devra agir comme ses yeux et ses oreilles dans la chambre de la forge.

[Serviteur 1-x-3757] L’alimentation du Serviteur était erratique alors qu’il se déplaçait sur le sol, vacillant de temps en temps avec des parasites granuleux. Le son des armes à feu venait des deux côtés de la salle maintenant, alors que les Gardes et les miliciens restants se battaient désespérément pour leur survie. Le Serviteur a levé la tête alors qu’une salve de tirs laser s’est abattue sur le côté d’une plate-forme située quatre niveaux plus haut. En réponse, Danzk a entendu des cris sinistres qui ont éclaté à proximité. Cinq Gardes qui tiraient depuis le portique furent projetés dans les airs par la force des armes Aeldaris, atterrissant dans un enchevêtrement de métal froissé et de corps brisés sur le sol de la chambre de forge en dessous. Là d’où venaient les tirs, les guerriers spectraux Aeldaris sont apparus. Ils traversèrent effrontément le hall, leurs armes déchaînant une autre volée dévastatrice sur un groupe de miliciens terrifiés qui s’éparpillaient dans toutes les directions, avant de disparaître une fois de plus dans les pâles lumières vacillantes dont Danzk avait été témoin plus tôt.

À travers les yeux du Serviteur, Danzk regardait les Aeldaris se frayer un chemin dans le hall en frappant de façon chirurgicale. Tout d’abord, il n’y avait rien, peut-être juste une aura chatoyante et quiconque tirait sur les mottes de lumière éthérée dansantes voyait ses tirs rebondir sur les tuyaux et les conduits derrière eux, déviés par un Holo-Champs qui déformait la trajectoire d’un tir laser aussi facilement que la lumière. Puis, avec des changements de réalité à faire pleurer, leur ennemi revenait dans le spectre visuel et se montrait à nouveau sous sa forme terrifiante.

Les Spectres de l’Ombre sont des Guerriers Aspects insaisissables et mortels.

À la tête de la force Aeldari se trouvait une figure fantomatique qui se déplaçait avec un air d’autorité sur tous ceux qui le suivaient, elle avançait sans peur parmi la grêle de balles et de tirs lasers, portant la même armure ornée qu’il avait vu porter par le guerrier Aeldari dans la caverne plus tôt. Mais si c’était le même Aeldari, alors il avait été complètement transformé. Il n’y avait qu’une seule chose à laquelle Danzk pouvait le comparer et deux mots glissèrent inconsciemment de ses lèvres : "Seigneur Phénix".

[Serviteur Remptor Biologus ressource alpha-m2 …Références par sujet concernant la désignation "Seigneur Phénix" en attente de validation…]

Le Serviteur s’est concentré sur l’arme du Seigneur Phénix . C’était une longue et fine lance qui brouillait l’air en le traversant. Derrière et au-dessus d’elle se trouvait le cadre des Aeldaris spectraux portant les mêmes longues robes fluides et vaporeuses que leur chef éthéré. Entrant et sortant de la réalité à grande vitesse, ils étaient un spectacle digne des cauchemars des fous. Avec des réactions plus rapides que celles de n’importe quel homme, ils déchaînaient leurs armes hurlantes puis disparaissaient avant de réapparaître pour lâcher une autre volée perçant les oreilles, détruisant davantage de défenses construites à la hâte et les hommes qui s’abritaient derrière elles, avant de se retirer à nouveau dans l’obscurité éclairée par les flammes.

Le Seigneur Phénix apparut devant un groupe de douze hommes de la milice, lourdement armés, brandissant les énormes marteaux et pioches qu’ils utilisaient pour briser le minerai avant de l’alimenter dans la forge-machine toujours affamée. Ils avaient été rejoints par Gorn et Throge, les Ogryns cyber-augmentés que le Technoprêtre Mydeaus avait "adaptés" lorsqu’ils avaient intégré la suite du Seigneur Inquisiteur. Normalement, ils restaient près du Technoprêtre, mais maintenant qu’il était enfermé dans les étroites limites de la forge où ils ne pouvaient pas aller, ils avaient rejoint le groupe de miliciens, ressentant probablement une sorte de connexion avec eux à cause de leur carrure similaire.

À la vitesse de l’éclair, le spectre éthéré tourbillonnait autour d’eux, dansant et feintant dans un mouvement élégant tandis que les miliciens et les Ogryns balançaient maladroitement leurs armes dans le vide. Faisant tournoyer sa longue lame, le Seigneur Phénix s’élança sur un adversaire puis sur un autre, les tuant sans distinction alors que le tranchant de la lame, fin comme une molécule, les transperçait de part en part. Aussi vite que le carnage avait commencé, il était terminé. Avant de disparaître à nouveau, le Seigneur Phénix regarda droit dans les yeux le Serviteur que Danzk observait. Puis, levant sa lance, il a tiré sur lui un éclair d’énergie pure qui a complètement oblitéré le moyen d’observation de Danzk,

L’écho de tirs d’armes provenant d’un tunnel voisin attira l’attention de Danzk avant qu’il n’ait eu le temps de se remettre de la violente rupture de sa connexion avec le Serviteur. Deux autres membres de sa suite, Hastu et son éternel compagnon d’armes Plecidus, sortirent à toute allure d’un des tunnels latéraux près de la Chimère abattue de Danzk, leur Tauros Venator lancé à pleine vitesse alors qu’ils tentent désespérément de prendre de la distance avec leurs poursuivants. Hastu conduisait tandis que Plecidus était derrière lui, s’accrochant au multi-laser tourné vers l’arrière pour tirer sur les guerriers spectraux Aeldaris qui se rapprochaient derrière eux. Danzk se concentra sur Plecidus et cligna des yeux.

[Plecidus - classé Novus Tarnam/Daidalus Minor] Les lumières vacillantes et la chaleur de la chambre de forge étaient une fois de plus remplacées par l’obscurité alors que le Tauros retournait dans les tunnels, c’était seulement la vitesse du Venator et l’habileté de Hastu à ses commandes qui les avaient gardé en vie jusqu’à présent. Une fois de plus, Hastu changea brusquement de direction, feintant d’emprunter le tunnel de gauche à l’approche d’une jonction, puis faisant une embardée au dernier moment dans le tunnel de droite. Il y eut une explosion dans l’autre tunnel derrière eux alors que les Eldars tiraient leurs armes par anticipation, pensant qu’ils allaient tourner à gauche. Plecidus se moqua de leurs poursuivants Aeldaris, utilisant un geste qui ne figure dans aucun exemplaire de la Tactica Imperalis, mais qui est universellement compris.

Une rafale de bavardage a fait irruption sur le réseau vox. Hastu parlait à nouveau à Mydaeus le Technoprêtre. Ils ont discuté de quelque chose pendant les dernières minutes. On aurait dit qu’ils échafaudaient un plan. La conversation s’est terminée brusquement lorsque Hastu a fait pivoter le Venator pour l’orienter dans la direction opposée, le tunnel étant à peine assez large pour permettre cette manœuvre quasi-suicidaire. Plecidus s’accrochait à sa vie, ses jointures blanchies serrant fermement le multi-laser.

Le Venator tourna à gauche et commença à contourner un tunnel beaucoup plus large en montant dans le complexe. De temps en temps, Plecidus apercevait, à travers des points d’accès dans la paroi rocheuse, la chambre de forge de l’autre côté, tandis que le Tauros tournait sans fin vers le haut ; Basta n’arrêta pas de crier à Mydeaus à travers son vox. Il semblait qu’il y avait un nouveau désaccord sur leur plan, mais le temps pour en discuter était écoulé. Après avoir lancé une autre volée de tirs lasers sur les Aeldaris qui les poursuivaient toujours derrière eux, Plecidus a risqué un regard en arrière par-dessus son épaule ; la large bouche béante d’une entrée menant à la chambre de la forge approchait rapidement.

Comme un coup de canon, Hastu a lancé le Venator hors du tunnel. Danzk, qui regardait à travers les yeux de Plecidus, ressentit une sensation de chute dans les tripes alors qu’il s’élevait dans l’air sur une trajectoire au-dessus de la machine à forger, le sol bien en dessous d’eux. Visibles une fois de plus alors qu’ils se préparaient à tirer, les spectres Aeldaris sortirent du tunnel et orientèrent leurs corps vers le bas pour suivre le véhicule qui descendait rapidement. Plecidus tressaillit instinctivement lorsqu’une énorme ombre noire passa directement au-dessus de lui. Il leva à nouveau les yeux juste au moment où le long bras d’une des grues au sommet de la forge se balance au-dessus de lui. Les deux Aeldaris n’avaient aucune chance de s’en sortir car ils ont percuté la paroi métallique du bras de la grue, leurs corps brisés ont rebondi contre la paroi rocheuse avant de tomber comme des poupées de chiffon sans vie sur le sol.

Plecidus se mit à applaudir, puis s’arrêta brusquement lorsqu’il se rappela à nouveau où il se trouvait. Le Venator s’élevait toujours dans les airs, son élan le portant au-dessus du toit de la forge en contrebas, le moteur étant piloté par Hastu qui criait lui-même à pleins poumons. Le conducteur avait l’air d’apprécier le voyage de sa vie. Il y a eu une secousse soudaine et le Venator a atterri sur ce qui ressemblait à une plate-forme métallique érigée à la hâte avec un bruit massif. Hastu freina et fit une embardée pour éviter que le véhicule ne tombe sur le bord de la plateforme qui se rapprochait rapidement. Plecidus ferma les yeux tandis qu’Hastu s’efforçait d’arrêter le Venator qui glissait, les deux Gardes s’encourageant et se félicitant mutuellement d’avoir survécu, tandis qu’ils se hissaient hors du véhicule immobile, soulagés d’être encore en vie.

Le cri obsédant de l’armement des spectres transperça leurs célébrations prématurées, la plateforme de fortune explosant dans une explosion de lumière brillante. La dernière chose que l’Inquisiteur Danzk vit à travers les yeux de Plecidus fut le Seigneur Phénix Aeldari s’élevant gracieusement au-dessus du rebord du toit, tirant sur eux coup sur coup, détruisant toute trace de la plateforme et du Venator, les débris tombant sur le toit avant de tomber de l’autre côté.

Danzk cligna des yeux, la connexion avec Plecidus étant entièrement perdue. Il ne restait plus que Mydeaus, toujours enfoui dans le noyau de la machine à forger. Danzk s’est immédiatement lié à lui. Mydeaus était maintenant tout ce qui se trouvait entre les Aeldaris et leur sortie de la chambre scellée. Lorsque le lien s’est formé, son esprit a été instantanément inondé de données et d’images provenant des centaines de capteurs individuels situés dans la machine de forge. Le Seigneur Inquisiteur dut lutter de toutes ses forces pour ne pas se perdre dans ce flot de données, mais c’était trop pour lui et tout ce qu’il pouvait faire pour ne pas devenir fou était de permettre à sa conscience de fusionner avec celle de Mydeaus. Pendant un bref instant, la présence d’un autre esprit, l’Esprit de la Machine de la forge, était présente à l’arrière-plan de l’esprit de Mydeaus, et Danzk pouvait les sentir tous les deux bouillonner de fureur à cause de la mort d’Hastu et de Plecidus.

La colossale machine à forger s’anima. Ses quatre grues s’élancèrent vers le Seigneur Phénix qui riposta instantanément, volant rapidement en arrière, hors de portée des griffes et des crochets gigantesques qui lui étaient tendus. Le guerrier Aeldari se retourna d’un geste gracieux et fonça tête baissée sur le côté de la forge. Mydeaus n’était pas prêt à le laisser s’échapper. Les machines et les équipements explosèrent sur son chemin tandis que le Seigneur Phénix tournait sur lui-même et s’envolait à travers les côtés ouverts de la forge, tirant sur les entrailles du mastodonte possédé par Mydeaus. En retour, le Technoprêtre créa ses propres armes et les câbles électriques de la forge se désolidarisèrent de leurs connexions et crachèrent des étincelles sur les tuyaux de gaz soudainement rompus, envoyant des murs de pneus brûlants sur le chemin du Seigneur Phénix.

Danzk était abasourdi par les capacités du Technoprêtre. Avec ses propres améliorations, Danzk ne pouvait suivre qu’un, voire deux flux à la fois, mais là, Mydeaus contrôlait sans effort des centaines de systèmes de la forge tandis que le Seigneur Phénix, maintenant rejoint par ses frères, courait et plongeait parmi les viscères métalliques de la machine. La poursuite continua à travers la structure, les Aeldaris volant à travers les plates-formes ouvertes et évitant les avalanches de métal avant de sortir par le côté, de faire un arc au-dessus du sommet et de disparaître à nouveau par l’autre côté.

Danzk réalisa soudain ce qu’ils faisaient : ils cherchaient les dizaines d’hommes qui, selon eux, contrôlaient les actions du goliath. Mais ce qu’ils ne savaient pas, c’est qu’il n’y avait qu’un seul homme à l’intérieur. Plus machine que chair, il était connecté au cœur des systèmes de la forge et avait l’intention de les détruire.

Le Seigneur Inquisiteur a alors senti, plutôt que ressenti, un léger mouvement près de son propre corps. Rassemblant ses forces, il retrouva un semblant de contrôle mental et coupa le lien avec Mydeaus.

Au-dessus de lui se tenait le Grand Prophète du Vaisseau-Monde de Mymeara, qui le regardait. Bien que son visage fut caché derrière le masque sans émotion de son casque, Danzk savait qu’il était étudié avec attention. Puis, avant même qu’il ne puisse penser à l’arrêter, le chef de l’armée Aeldari se pencha et posa une main sur le côté de sa tête. Le corps déjà meurtri du vieil homme a involontairement été secoué de spasmes et s’est arqué lorsque le Grand Prophète s’est connecté psychiquement avec lui et que des images des dernières semaines ont commencé à défiler dans l’esprit de Danzk.

Il s’est d’abord vu assis dans ses quartiers en train de lire le briefing sur les événements du système Betalis avant son arrivée. Puis il revit la destruction du Groupe de Bataille Empteda alors que les armées s’affrontaient dans les Plaines Alaciennes sous le Glacier de Bregan en feu. Le Grand Prophète chercha dans tous ses souvenirs récents si rapidement que Danzk poussa un cri d’agonie en sentant son esprit commencer à brûler. Mais alors ses souvenirs des derniers jours et des dernières semaines ont été joints à d’autres, des souvenirs qui lui étaient complètement étrangers et vieux de plusieurs décennies, peut-être même de plusieurs siècles. Qu’ils aient été échangés intentionnellement ou transférés inévitablement lors de la fusion des deux esprits, les souvenirs du Grand Prophète Aeldari s’écoulèrent et tourbillonnèrent avec ceux de Danzk de façon si transparente que le Seigneur Inquisiteur ne sut bientôt plus où s’arrêtait son esprit et où commençait celui du Grand Prophète.

Alors qu’il était emporté par le flux rapide de la conscience du Grand Prophète, il a saisi le plus bref fragment d’un souvenir. Il regardait, ou plutôt le Grand Prophète regardait, une vaste salle décorée. Dans ses limites marchait une armée Aeldari aux proportions gigantesques, parée de la panoplie de guerre de Mymeara, se dirigeant vers le portail Warp à son extrémité. Le Seigneur Inquisiteur ressentit pendant un instant le même sentiment d’excitation et d’anticipation qu’il avait lui-même ressenti au début de son service auprès de l’Empereur. Cela devait être un événement précoce dans la vie du Grand Prophète, peut-être même sa première bataille en tant que guerrier, bien avant qu’il ne devienne le chef du Vaisseau-Monde Asuryani.

Le fragment de souvenir suivant était une scène de contraste total. Le jeune guerrier Aeldari tirait depuis le sommet d’une crête, le canon de sa Catapulte Shuriken déversant rapidement de minuscules disques fins comme des rasoirs, à peine visibles même pour la vue perçante du guerrier Aeldari. Ils déchiquetaient la chair d’une foule d’Orks hargneux qui fonçaient sur lui. Le souvenir était si intense que le Seigneur Inquisiteur ressentait le même dégoût viscéral que le jeune guerrier pour ses assaillants, leur puanteur et la vue de la bave qui s’échappait de leurs gueules crochues lui retournaient l’estomac. Avec ce souvenir, cependant, le sentiment d’anticipation qu’il avait ressenti auparavant a été remplacé par un sentiment d’une telle intensité que le Seigneur Inquisiteur avait du mal à le comprendre. C’était comme si le jeune Grand Prophète avait du mal à se contrôler, comme si un conflit intérieur faisait rage en lui et que, s’il ne parvenait pas à le maîtriser, il se perdait complètement.

Les scènes de dévastation ont été remplacées par un aspect beaucoup plus terrifiant. Le guerrier regardait maintenant avec admiration un énorme Aeldari ressemblant à un démon qui se tenait victorieux sur le cadavre de l’énorme seigneur de guerre de la horde Ork. Son corps était enveloppé de flammes comme si ses vaisseaux sanguins coulaient d’un magma rougeoyant et sa chair était faite de fer fondu. Le jeune Grand Prophète l’avait regardé lever les bras en signe de triomphe et Danzk avait entendu son cri de victoire qui transperçait l’âme tandis que les restes de la horde Ork fuyaient devant lui. Le Seigneur Inquisiteur avait ressenti une grande fierté à cet instant, mais aussi une indéniable tristesse. La victoire avait été durement gagnée par le Vaisseau-Monde de Mymeara et avait été chèrement payée par la mort de tant de membres de la famille du jeune guerrier.

Les souvenirs du Grand Prophète arrivèrent rapidement et abondamment, comme si une barrière qui les retenait était tombée. Danzk était submergé par le fait que la vie du Grand Prophète n’était plus qu’un flou des nombreuses batailles auxquelles le guerrier avait participé et des choses qu’il avait vues et vécues.

La même sensation de tristesse grandissante les recouvrait toutes, que les batailles soient gagnées ou perdues. Chaque défaite et chaque victoire signifiait la perte d’un autre membre de la famille du Grand Prophète et Danzk commença à ressentir le chagrin qui le rongeait jusqu’à menacer de lui faire perdre la tête.

Avec chaque décennie que le Grand Prophète vieillissait, les couloirs du Vaisseau-Monde étaient devenus plus silencieux, car moins de guerriers revenaient vivants de la guerre ou d’autres étaient tout simplement trop vieux et mouraient. Le flot de pensées s’est alors légèrement déplacé, et Danzk a réalisé qu’il voyait des événements plus récents du point de vue du Grand Prophète.

Tout d’abord, il y avait ce que le Seigneur Inquisiteur ne pouvait que considérer comme de l’espoir. Le jeune guerrier, devenu l’ancien Grand Prophète Aeldari, se tenait dans une chambre de son Vaisseau-Monde. Sur un autel, au cœur de la pièce, se trouvait une grande pierre précieuse qui brillait faiblement, ce qui, selon Danzk, n’était pas arrivé depuis longtemps du vivant du Grand Prophète. Il réalisa alors qu’il regardait l’ost de Mymeara se préparer pour la bataille sur Betalis III. La vaste salle qu’il avait vue auparavant, remplie de guerriers Aeldaris, ne contenait plus qu’un dixième de ce qu’elle avait été et fut bientôt remplacée par un flux constant de troupes et de vaisseaux retournant à travers le portail avec leurs morts et leurs blessés, tandis que le Grand Prophète regardait de l’endroit où il s’était tenu pour la première fois tant de siècles auparavant.

Puis le Grand Prophète regardait de l’intérieur d’un Faucon Aeldari, qui traversait les Plaines Alaciennes et dépassait les combats à l’entrée des mines d’Aresta IV ; la bataille là-bas et dans le reste du continent oriental n’était qu’une diversion pour permettre au Grand Prophète et à son équipe d’atteindre les mines et de récupérer les restes du Seigneur Phénix. Le Seigneur Inquisiteur haletait désespérément, il ne parvenait plus à comprendre ce qu’il voyait.

Il sentit la pression augmenter sur son esprit et il y eut un soudain flash de lumière alors qu’il voyait, à travers les yeux du Grand Prophète, le jeune guerrier Aeldari se transformer en Seigneur Phénix et, rejoint par son entourage de Spectres de l’Ombre, ils s’envolèrent hors de la caverne et dans les ténèbres des mines. Là, Danzk savait qu’ils allaient détruire tout le monde - les miliciens, les Gardes et même sa propre suite. Il devrait les regarder mourir à nouveau. Taron dans sa chute de la corniche, les Ogryns Gorn et Throge dans leur combat contre le Seigneur Phénix, Hastu et Plecidus au sommet de la grande forge elle-même, et même, Danzk ressentait la plus petite poussée mentale, Mydeaus toujours caché au cœur de la forge colossale. Mais le Technoprêtre n’était pas encore mort. L’esprit de Danzk s’emballa et il tenta désespérément d’enterrer cette pensée, mais il savait qu’il était trop tard. Le Grand Prophète l’avait piégé en lui révélant ce qu’il cherchait.

Le flot de souvenirs s’arrêta brusquement et Danzk sentit la présence du Grand Prophète Aeldari se retirer de son esprit, mais pas avant qu’il ne la sente toucher un autre esprit, celui du Seigneur Phénix. La dernière pensée qu’il avait fournie était celle de Mydeaus, enfermé dans le noyau de la machine à forger. Le Grand Prophète avait trouvé ce pour quoi le Seigneur Phénix démontait la forge, pièce par pièce.

[Serviteur Remptor - Ressource Biologus alpha-m2 …Preuve d’un lien psychique hérétique non sanctionné entre le sujet et le Xenos…]

Désormais libéré de l’agression mentale du Grand Prophète, Danzk tenta de reprendre contact avec Mydeaus afin de l’avertir du danger imminent qu’il encourait. Que Mydeaus soit trop concentré sur la destruction du Seigneur Phénix ou que le lien mental ait été endommagé par le Grand Prophète , Danzk ne pouvait plus rien transmettre au Technoprêtre. C’était maintenant purement à sens unique et tout ce que Danzk pouvait faire était d’observer la destruction de Mydeaus.

Le Seigneur Phénix et ses disciples avaient déjà évacué les zones internes de l’énorme superstructure et se trouvaient sur son toit, détruisant systématiquement le principal moyen d’attaque de la créature de forge, ses grues. Une grue tombait, puis une autre, Mydeaus hurlait en partageant chaque moment de la douleur du grand léviathan mécanique. Séparés de leurs amarres par les armes dévastatrices de ce que Danzk considérait maintenant comme des Spectres de l’Ombre, les bras métalliques massifs et tordus s’écrasèrent sur le sol.

Le toit étant maintenant débarrassé des membres qui s’agitaient, quatre des Spectres de l’Ombre s’envolèrent dans les cieux de la chambre. Alors qu’ils planaient directement au-dessus du centre de la forge, le Seigneur Phénix rejoignit son cadre et fut le premier à tirer son arme surnaturelle vers le cœur de la machine géante. L’énergie blanche et brillante de la lance du Seigneur Phénix a brisé les détritus de métal éparpillés sur le toit et a percé un trou dans les niveaux suivants. L’énergie s’est ensuite dissipée le long de la structure, diminuant d’intensité en s’échouant le long des longerons métalliques.

Imperturbable, le Seigneur Phénix a continué à tirer. Puis le premier des Spectres de l’Ombre tira exactement au même endroit, le rayon se fondant dans celui de son jumeau. Un autre Spectre de l’Ombre le rejoignit, puis un autre ; à chaque fois, le rayon coruscant s’étendait vers le bas, quelques niveaux plus bas, vers la position du Technoprêtre. Le dernier Spectre de l’Ombre joignit la puissance de son arme à celle du reste du cadre, et la balance bascula. Le faisceau de lumière blanche aveuglante traversa le reste de la forge et s’enfonça directement dans le cœur de son noyau.

Les Spectres de l’Ombre purent s’échapper en amenant avec eux leur Seigneur Phénix.

Des explosions massives se sont produites dans la forge, ses systèmes clés ayant été gravement endommagés. Dans toute la pièce, un par un, les dizaines d’énormes creusets de minerai en ébullition s’effondrèrent lorsque les griffes qui les maintenaient en place se déverrouillèrent, l’énergie qui les contrôlait s’effondrant. Leur contenu se répandit en cascade dans la chambre, noyant tout sur son passage dans un raz-de-marée de métal en fusion chauffé au rouge avant de se déverser dans les entrailles de la forge en contrebas.

La connexion s’est interrompue brusquement. Mydeaus était sans aucun doute mort. Les décharges de minerai fondu des armes à énergie des Aeldaris l’avaient atteint simultanément. Alors que les derniers instants de la vie de Danzk s’envolaient également, il entendit au loin le sifflement caractéristique des portes qui séparaient la forge du reste de Betalis III et qui commençaient à s’ouvrir. Les Aeldaris du Vaisseau-Monde de Mymeara avaient gagné.

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Témoignage du Seigneur Inquisiteur Hestaphus Emperator Danz - extrait post mortem via des implants visuels augmétiques. Précision estimée à 78 % en raison des blessures subies.

Le sujet a été jugé coupable de 172 crimes contre l’Empereur et ses citoyens bénis, y compris de ne pas avoir conservé les artefacts Xenos pour un examen plus approfondi.

Dossier de référence Ey-1890/134.bn. La dépouille mortelle de l’hérétique a été condamnée à 2 533 années consécutives de service dans le corps d’un Serviteur de l’Archival Cremea - limité à l’amélioration du niveau B3 uniquement.

Que l’Empereur ait pitié de son âme.[33]

Source

Pensée du Jour : « Un esprit sans but erre dans les ténèbres. »
  • Imperial Armour - The Doom of Mymeara
  1. Imperial Armour - The Doom of Mymeara - Inquisitorial Report : Betalis System Conflict - Betalis System Survey (traduit de l'anglais par Guilhem)
  2. Imperial Armour - The Doom of Mymeara - Inquisitorial Report : Betalis System Conflict - History of Betalis III (traduit de l'anglais par Guilhem)
  3. Imperial Armour - The Doom of Mymeara - Chapter One : Ghosts in the Shadows (traduit de l'anglais par Guilhem)
  4. Imperial Armour - The Doom of Mymeara - Chapter One - The Cadian 6th Armoured Regiment (traduit de l'anglais par Guilhem)
  5. Imperial Armour - The Doom of Mymeara - Chapter One : Ghosts in the Shadows - Opening Moves 024894.M41 (traduit de l'anglais par Guilhem)
  6. Imperial Armour - The Doom of Mymeara - Chapter One : Ghosts in the Shadows - The Return of the Warrior 032894.M41 (traduit de l'anglais par Guilhem)
  7. Imperial Armour - The Doom of Mymeara - Chapter One : Ghosts in the Shadows - The Die is Cast 040894.M41 (traduit de l'anglais par Guilhem)
  8. Imperial Armour - The Doom of Mymeara - Chapter One : Ghosts in the Shadows - The Search for Arms and Armour (traduit de l'anglais par Guilhem)
  9. Imperial Armour - The Doom of Mymeara - Chapter One : Ghosts in the Shadows - The Intervention 048894.M41 (traduit de l'anglais par Guilhem)
  10. Imperial Armour - The Doom of Mymeara - Chapter One : Ghosts in the Shadows - The Intervention 048894.M41 (traduit de l'anglais par Guilhem)
  11. Imperial Armour - The Doom of Mymeara - Chapter Two : The Silence Ends - 053894.M41 (traduit de l'anglais par Guilhem)
  12. Imperial Armour - The Doom of Mymeara - Chapter Two : The Silence Ends - Eyes Wide in the Wilderness (traduit de l'anglais par Guilhem)
  13. Imperial Armour - The Doom of Mymeara - Chapter Two : The Silence Ends - The Battle for the Betalis Sytem (traduit de l'anglais par Guilhem)
  14. Imperial Armour - The Doom of Mymeara - Chapter Two : The Silence Ends - The Battle at Alnitac Prime 055894.M41 (traduit de l'anglais par Guilhem)
  15. Imperial Armour - The Doom of Mymeara - Chapter Two : The Silence Ends - A Prayer for the Fallen (traduit de l'anglais par Guilhem)
  16. Imperial Armour - The Doom of Mymeara - Chapter Three : Dark Times - 055894.M41 (traduit de l'anglais par Guilhem)
  17. Imperial Armour - The Doom of Mymeara - Chapter Three : Dark Times - 055894.M41 (traduit de l'anglais par Guilhem)
  18. Imperial Armour - The Doom of Mymeara - Chapter Three : Dark Times - The Assault on Vengeance (traduit de l'anglais par Guilhem)
  19. Imperial Armour - The Doom of Mymeara - Chapter Three : Dark Times - The Darknest Hours (traduit de l'anglais par Guilhem)
  20. Imperial Armour - The Doom of Mymeara - Chapter Three : Dark Times - The Gods of War (traduit de l'anglais par Guilhem)
  21. Imperial Armour - The Doom of Mymeara - Chapter Three : Dark Times - The Darknest Hours (traduit de l'anglais par Guilhem)
  22. Imperial Armour - The Doom of Mymeara - Chapter Three : Dark Times - Death Within (traduit de l'anglais par Guilhem)
  23. Imperial Armour - The Doom of Mymeara - Chapter Three : Dark Times - Death Within (traduit de l'anglais par Guilhem)
  24. Imperial Armour - The Doom of Mymeara - Chapter Three : Dark Times - Fracture (traduit de l'anglais par Guilhem)
  25. Imperial Armour - The Doom of Mymeara - Chapter Four : The Tides Turn (traduit de l'anglais par Guilhem)
  26. Imperial Armour - The Doom of Mymeara - Chapter Four : The Tides Turn - Carnage Within the Delta (traduit de l'anglais par Guilhem)
  27. Imperial Armour - The Doom of Mymeara - Chapter Four : The Tides Turn - Fire From the Hills (traduit de l'anglais par Guilhem)
  28. Imperial Armour - The Doom of Mymeara - Chapter Four : The Tides Turn - Carnage Within the Delta (traduit de l'anglais par Guilhem)
  29. Imperial Armour - The Doom of Mymeara - Chapter Four : The Tides Turn - Fire From the Hills (traduit de l'anglais par Guilhem)
  30. Imperial Armour - The Doom of Mymeara - Chapter Four : The Tides Turn - Wrath of Titans (traduit de l'anglais par Guilhem)
  31. Imperial Armour - The Doom of Mymeara - Chapter Four : The Tides Turn - Wrath of Titans (traduit de l'anglais par Guilhem)
  32. Imperial Armour - The Doom of Mymeara - Chapter Four : The Tides Turn - The Tide Turns (traduit de l'anglais par Guilhem)
  33. Imperial Armour - The Doom of Mymeara - Chapter Four : Necrocognition Cortical Transcript - The Tide Turns (traduit de l'anglais par Guilhem)