Bataille d'Iathglas

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Par des moyens psychiques et plus prosaïques, Yvraine avait semé les graines de son plan à travers les sous-cultures de la race Aeldari. Elle avait consacré toute son énergie à mobiliser ses troupes dans l’un de ses anciens repaires. Ce fut là, sur Iathglas, qu’elle se retrouva face au prédateur implacable qui voulait sa tête.

Le voyage jusqu’à Iathglas fut marqué par une succession de tempêtes Warp. Ceux qui empruntèrent la Toile trouvèrent les étranges tunnels translucides emplis de hurlements lointains, tandis que dans l’espace, les talents des timoniers furent soumis à rude épreuve. Les Aeldaris y virent le signe qu’ils étaient sur la bonne voie. Certains prétendirent même que ces tempêtes étaient l’œuvre de Slaanesh pour essayer de les repousser. Çà et là, des vaisseaux disparurent. D’autres se retrouvèrent encalminés ou assaillis par des Astartes Hérétiques, mais les courageux survivants se frayèrent un chemin à travers tous les obstacles.

Vaste, lumineux et cerné d’une triade de lunes sombres, Iathglas était un monde paradisiaque en orbite autour de l’étoile rougeâtre de Miaghu. Yvraine connaissait cette planète depuis l’époque où elle était reine corsaire. Elle s’en servait d’abri pour se cacher de ses nombreux ennemis au sein du Segmentum Pacificus. À première vue, Iathglas semblait simplement magnifique, mais quand on l’observait par des moyens surnaturels, son aura spirituelle devenait évidente. Un temple-monde formait le cœur du système psychique de la planète. Yvraine s’y rendit, sûre d’y trouver les Exodites qu’elle cherchait, car ils avaient toujours défendu farouchement leur temple-monde.

À l’intérieur, les âmes de tous les Exodites défunts de cette planète reposaient en une gestalt psychique, l’équivalent géomantique d’un Circuit d’Infinité. C’était ce réservoir d’énergie spirituelle qu’Yvraine avait décidé d’utiliser comme bouclier contre l’inévitable, lorsque viendrait l’heure de pourchasser Slaanesh. Elle rencontra les chefs Exodites avec qui elle s’était liée d’amitié lors de sa précédente visite en tant que la Corsaire Amharoc. Au bout d’un moment, les chefs décidèrent de ne pas appuyer son plan, mais sans pour autant y faire obstacle.

Au cours des mois précédents, les messagers qu’Yvraine avait déployés dans le cosmos avaient atteint leurs cibles, et bravant les dangers de l’obscurité qui engloutissait la galaxie, les individus qu’elle avait appelés au secours la rejoignirent. D’autres Aeldaris s’étaient rassemblés sur Iathglas de leur propre chef : leurs Grands Prophètes avaient décrypté la trame de la destinée et envoyé des délégations en leur nom ou s’étaient rendus sur ce monde à la tête de puissants osts de guerre.

Une partie des délégations atterrit autour du temple-monde de la planète, et se mit à débattre de l’avenir de la race Aeldari. Autarques, Hémoncules, Prophètes des Ombres et autres chefs Aeldaris livrèrent des discours passionnés et se disputèrent à grands cris sans parvenir à un accord. D’autres groupes restèrent à l’écart, comme la Kabale de la Rose d'Obsidienne ou le Masque des Astres Glacés, et tinrent leurs propres conseils parmi les étendues sauvages d’Iathglas ou rôdèrent en orbite au-dessus de la planète. Tous étaient venus pour répondre à l’appel de la destinée et influencer la confluence d’événements qui se développait sur Iathglas, mais peu cherchaient la même issue à cet étrange conclave.

Yvraine s’était attendu à ces divisions, tout comme elle avait prévu que ceux qui avaient choisi la voie d’Ynnead répondraient à son appel. Jain Zar, Lelith Hesperax, une Troupe du Chagrin Nocturne dont leur effroyable Solitaire, ainsi qu’une flotte de Corsaires qui planait en orbite, accompagnèrent Yvraine lorsqu’elle rassembla sa propre formation près du temple-monde. Elle savait que l’heure de la fin approchait, mais si elle parvenait à déjouer le sort avec l’aide d’une telle alliance de factions Aeldaris, elle pourrait donner l’exemple au reste de son espèce. Fébrile, prête, elle attendit que sa destinée se révèle.

À la sixième heure du sixième jour de la sixième semaine qui suivit l’arrivée d’Yvraine, la nouvelle d’une incursion démoniaque lui parvint. Un cavalier Exodite, juché sur une bête saurienne et gravement blessé, fonça vers la clairière où s’était rassemblée l’armée d’Yvraine. D’une voix paniquée, il décrivit un grand massacre près du Sentier du Temple Équatorial. Un immense Démon menait la force d’invasion, et les troupes Exodites, Asuryanis et Drukharis n’avaient pas pu l’arrêter. Alors que le messager Exodite succombait à ses blessures, le ciel s’assombrit. Le vent se mit à hurler à travers les arbres. Soudain, une pluie de fluide douceâtre s’abattit, et les priva de toute visibilité. Puis, parmi les bois, une lumière pourpre apparut, et le Démon appelé Shalaxi Helbane émergea de la végétation verdoyante.

Helbane avança seul, rôdant tel un grand félidé vers sa proie. À ce moment-là, les visons qui avaient tourmenté Yvraine pendant si longtemps se révélèrent salutaires. Elle avait vu ce moment à plusieurs reprises, et sachant ce qu’il adviendrait ensuite, avait déjà donné des ordres pour établir une riposte coordonnée. Des guerriers et chars Asuryanis foncèrent en direction de la lisière méridionale de la clairière, tandis que des Cérastes Drukharis et des Arlequins filaient vers le nord. Ils heurtèrent de plein fouet des hordes de Démons de Slaanesh sur le point de les prendre en embuscade. Des décharges de laser rubis s’abattirent depuis la flotte Corsaire en orbite, firent des trous fumants dans la canopée, et annihilèrent une grande partie des envahisseurs surnaturels. Les Démons étaient néanmoins venus en grand nombre, et se délectaient de la douleur et du danger autant que du massacre et de la victoire. Nullement découragée, la troupe d’Helbane riposta. Des fusillades, des escarmouches et des duels éclatèrent le long de la lisière de la clairière.

Pendant ce temps, cinq champions se précipitèrent à l’assaut du Démon, cinq âmes qui flamboyaient au milieu d’une fournaise vivante d’énergie noire. Rapide comme l’éclair, Lelith Hesperax se rua sur Helbane, lames en main, ses dents étincelant en un sourire cruel. Yvraine et le Visarch la suivaient à courte distante en brandissant leurs Épées Déchues. Derrière Helbane, le Solitaire jaillit de la canopée dans un brouillard de diamants étincelants tandis que Jain Zar chargeait à l’avant et au centre en hurlant son cri de guerre.

Le combat qui suivit fut légendaire. Helbane fut isolé de la horde démoniaque par des lignes de bataille d’Aeldaris déterminés, qui bravèrent la mort pour lancer une riposte tactique après l’autre au milieu de la pluie de tirs corsaires. Aucune autre race n’aurait osé combattre de manière aussi précise et potentiellement désastreuse.

Luttant à l’unisson et en parfaite harmonie, les Asuryanis, Drukharis et Arlequins chargèrent en une danse macabre entre les colonnes d’énergie incandescente qui tombaient du ciel et repoussèrent chaque assaut démoniaque avant qu’il ait pu percer les lignes Aeldaris. L’issue du conflit serait déterminée par le duel entre Helbane et les champions d’Yvraine.

Au beau milieu d’une clairière maculée de sang devant le temple-monde scintillant d’Iathglas, un chasseur démoniaque affrontait la Dame des Ombres et ses champions. Tout autour d’eux, la guerre faisait rage. Les Aeldaris combattaient à l’unisson les Démons de Slaanesh et le duel qui se livrait sur la plaine était semblable à l’œil d’un cyclone. Sous la lumière pourpre de Miaghu, des griffes monstrueuses et des vrilles semblables à des fouets fustigeaient les cinq champions en même temps. Les poignards de Lelith remontèrent vers le visage du Démon, mais il bloqua le coup de son égide scintillante. Yvraine sectionna un tentacule-fouet de son Épée Déchue, mais un autre s’enroula aussitôt autour de son poignet.

Le Solitaire Nocturne enfonça son Baiser d'Arlequin entre les côtes exposées de Helbane, et l’arme siffla en crachant ses filaments monomoléculaires. Helbane frémit seulement d’extase, puis sectionna le corps du guerrier de Cegorach d’un coup de pince. Le Démon fit tournoyer la hampe de sa lance pour frapper Jain Zar à l’abdomen en plein saut. Le coup aurait dû lui briser les reins, mais le Seigneur Phénix canalisa l’énergie de l’Aeldari mourant derrière elle comme Yvraine le lui avait appris. Jain Zar s’abandonna à un cri de guerre en portant un revers de sa propre arme d’hast, fendant l’arcade sourcilière du Démon dans le but de l’aveugler avec son propre ichor. Helbane recula, bouclier levé, en sifflant d’indignation.

« C’est le dû de Slaanesh, » cracha le Démon, et Yvraine sentit le dégoût dans la voix de la chose. « Il ne te revenait pas de prendre cette âme ! »

Yvraine comprit que cette faiblesse était feinte, mais trop tard ; le Visarch empoignait déjà son épée à deux mains pour le coup de grâce. D’un moulinet, Helbane releva sa lance pour le parer, puis saisit adroitement la lame du Visarch entre le pouce et l’index et tira l’Ynnari pour l’empaler sur sa lance, de la clavicule au tibia. Simultanément, il lança une griffe vers Yvraine. Elle sentit une douleur enfler dans son cou tandis que l’appendice arrachait la moitié de sa gorge. Le sang gicla, elle tomba, sa vision devint noire.

Helbane murmurait des paroles qui noyaient son esprit. L’énergie d’Ynnead lui était arrachée par quelque horrible sortilège.

La mort véritable était proche. Un voyage sans retour, cette fois.

Alors que le dos d’Yvraine heurtait le sol, une énergie revigorante jaillit en elle, venue de la terre virginale. L’esprit-monde d’Iathglas avait besoin qu’elle vive. La Dame des Ombres recouvra ses esprits comme une gerbe d’énergie scintillante la traversait, seulement pour voir le cadavre du Visarch s’écrouler comme un tas de feuilles mortes. Là où il tomba, l’Yncarne jaillit du sol, mû par sa volonté terrible. Il hurlait de triomphe tandis qu’il s’abreuvait de l’énergie funeste des cadavres éparpillés sur la plaine, puis il se rua sur Helbane. Les immenses créatures s’affrontèrent tels des dieux, leurs lames scintillant dans le crépuscule rouge. Un coup de la grande Épée Déchue de l’Yncarne porta. Helbane contre-attaqua avec force, et sa lance s’enfonça dans la poitrine de l’Yncarne, mais le rictus de l’avatar s’élargit. Il se saisit de la lance comme s’il s’agissait d’un cadeau, et la maintint en place.

Yvraine bondit, sa lame fendant le ventre du Démon cependant que la hallebarde de Jain Zar saillait de son sternum. Un instant plus tard, les lames de Lelith s’enfonçaient dans les yeux de la créature. Dans un hurlement strident, le Démon étincela, son corps commençant à se dissiper.

« Le Démon est banni ! » cria Yvraine. Elle se laissa tomber sur les genoux auprès du Visarch, et canalisa l’énergie de la renaissance pour en réparer le corps brisé. La victoire de ses champions réunis exhalait un parfum de justice féroce. Elle était persuadée que la métaphore d’une victoire combinée sur l’Assoiffée trouverait un écho chez ses semblables. De la lisière du piémont s’élevèrent des cris de triomphe alors que les Aeldaris survivants voyaient leurs adversaires s’évanouir, la partie de chasse bannie en même temps que son meneur. On pleurerait les pertes de ce jour, mais ceux qui accomplissaient la volonté d’Ynnead devaient comprendre que -

Un rire cruel traversa ses pensées. Le sang d’Yvraine se figea tandis qu’elle comprenait que la voix était celle de Helbane.

Elle leva les yeux pour voir ses champions ensanglantés faire volte-face, armes dressées cependant que le Démon reprenait consistance, bien qu’il demeurât vaporeux, telle une brume matinale. Jain Zar frappa, mais ça lame ne fit que fendre l’air, comme si le Démon n’était pas là.

« Tu n’es pas vraiment ici, n’est-ce pas ? » demanda Yvraine, la voix lourde d’épuisement et de frustration. Helbane retroussa les lèvres en un rictus cruel et prédateur.

« Guère plus qu’une illusion, ma douce proie, » ronronna-t-il. « Assez consistant pour vous donner la chasse, mais ce n’est là qu’un écho de mon essence véritable. »

« Pourquoi ? » demanda Yvraine.

Elle entendait la rumeur du désarroi se répandre parmi les Aeldaris réunis. Pourquoi s’étaient-ils battus, se demandaient-ils ? N’avaient-ils été que les jouets de l’Assoiffée ? Yvraine sentait se lézarder l’alliance fragile qu’elle espérait sceller, et ferma les yeux pour contenir la frustration qui menaçait de s’emparer d’elle.

« Ouiii, tu le sais très bien, ma douce proie. » chuchota Helbane « En ce jour, tu n’as rien gagné qu’un peu plus de temps pour fuir, terrifiée, impuissante. L’âme tourmentée est toujours la plus suave… »

Yvraine ouvrit les yeux pour voir le Démon disparaître et les Aeldaris autour d’elle déjà s’abandonner aux disputes et aux récriminations, ou bien verser des larmes de désespoir. Elle avait un goût de cendre dans la bouche. Ce jour ne verrait pas l’unité, et ailleurs, quelque part, la chose continuerait à la traquer.

Le Visarch posa une main sur l’épaule d’Yvraine, et elle leva les yeux vers son masque sans expression.

« Viens, » dit-il d’une voix faible et rauque après sa récente résurrection.

« Le Dieu qui Murmure a encore besoin de nous. »

Yvraine opina et, ensemble, ils quittèrent la clairière pour sauver ce qu’ils pouvaient de ce jour funeste. Les Ynnari n’étaient pas encore vaincus, pensa Yvraine farouchement, et les âmes en elle acquiescèrent. Ynnead se réveillerait, et Slaanesh cherrait. Elle en fit le serment, quel qu’en serait le prix.

Source

  • Warhammer 40 000 - Éveil Psychique : L'Essor du Phénix