Aoife Armengarde
Aux yeux des Libres-Marchands, les traditions et l’histoire de leur famille sont souvent plus importantes encore que les trônes. Ce sont aussi des monnaies plus puissantes (et plus rares) que la simple richesse financière. Pour un groupe d’individus appelé à parcourir les régions les plus lointaines de la galaxie, il s’agit souvent du seul moyen de s’assurer une légitimité auprès du reste de l’humanité.
La dynastie des Armengarde est tout à fait similaire aux autres de ce point de vue. Aux dires de cette famille, sa Lettre de Marque est plus ancienne que le secteur Calixis lui-même et serait même aussi vieille celle des Stavos ou des Haarlock. Les Armengarde se sont battus aux côtés de l’Imperium lors de la croisade d’Angevin, ont sondé les profondeurs de l’abysse d’Hazeroth, traversé les marches de Drusus et furent au nombre des premiers Libres-Marchands qui se lancèrent à la conquête des Étendues de Koronus après l’ouverture de la Gueule. Pendant des millénaires, la dynastie Armengarde figura parmi les nombreuses autres familles de la région comme un modèle de fiabilité et de stabilité. Ses membres ont connu un modeste succès en important des biens en provenance de Koronus au profit de la noblesse impériale du secteur Calixis, si bien qu’ils ont fini par en intégrer les rangs.
Jusqu’à l’arrivée d’Aoife, les Armengarde avaient toujours considéré leurs traditions et leur passé comme autant de trésors à chérir. Mais depuis qu’elle a hérité de la Lettre de Marque, elle a pris certaines décisions qui auraient sans nul doute choqué ses ancêtres, tout comme elles choquent aujourd’hui la noblesse que fréquente sa famille. Elle est néanmoins la première Armengarde depuis la croisade à avoir acquis une véritable renommée.
Cette dynastie étant de tradition matriarcale, c’est la fille aînée qui hérite de la Lettre de Marque à chaque génération. En tant qu’héritière, Aoife fut élevée sur Scintilla dans la perspective de sa future accession au rang de Libre-Marchand. Comme sa mère Marcella partait parfois pour des années entières et que son père était mort avant sa naissance, Aoife grandit parmi les nobles et dignitaires de la capitale du secteur. Dans ce milieu, on attendait d’elle qu’elle apprenne les manières et l’étiquette, et qu’elle s’exerce aux manœuvres politiques. Au grand dam de ses tuteurs, elle semblait totalement incapable d’apprendre ces arts.
Aoife évitait ses tuteurs et les études autant que possible. Plutôt que de participer aux galas et aux banquets, elle préférait disparaître dans les profondeurs de la ruche Sibellus pendant des semaines entières, embarquer à bord des transports terrestres qui traversent les étendues désolées pour rejoindre la ruche Tarsus et aller voltiger dans les filets suspendus sous Ambulon.
Même quand elle accédait aux demandes de ses conseillers et se mêlait aux rangs clairsemés de l’élite, le résultat s’avérait loin d’être idéal. On raconte encore dans les spires de Sibellus l’histoire de la première « incitation à laquelle Aoife fut conviée, une de ces fêtes au cours desquelles les membres de la noblesse injectent de l’incitium à des sous-ruchards enlevés, et les forcent à prendre part à des pièces de théâtre ou à des performances artistiques. Les plus chanceuses de ces victimes n’ont à souffrir que des quolibets de leurs ravisseurs, mais d’autres sont blessés et parfois même tués par leur cruauté ou par les drogues. Alors qu’elle assistait à l’un de ces spectacles, la jeune héritière insulta vivement l’organisateur de cette soirée, un membre de la dynastie Machenko. Un duel au premier sang s’ensuivit. Malheureusement pour le jeune homme, Aoife obtint le premier sang en lui sectionnant la main. La vendetta qui oppose ces deux dynasties continue encore à ce jour.
Suite à cet incident, on estima qu’il valait mieux qu’Aoife commence sa formation de Libre-Marchand au plus tôt, et Marcella la prit à bord du Bansidhe, le vaisseau amiral des Armengarde. Elles partirent toutes deux pour les Étendues, où Aoife demeura jusqu’à la mort de sa mère, plusieurs décennies plus tard. À son retour, l’insouciante et rebelle jeune femme était devenue une Libre-Marchande intelligente et déterminée, sans pour autant perdre une once de son idéalisme et de son entêtement.
Aoife a depuis hissé le nom des Armengarde à de nouveaux sommets. Ses exploits sont innombrables et variés, à tel point qu’il devient difficile de faire la part des choses entre les rumeurs et la vérité. Par exemple, nul n’ignore qu’elle a évité un mariage arrangé par sa mère et qu’elle a eu plus tard une fille, son héritière Igraine. Aucun membre de sa dynastie n’a jamais révélé l’identité du père de l’enfant, si tant est qu’un seul d’entre eux la connaisse. Les rumeurs vont bon train, évoquant tour à tour un technicien des conduits des basses soutes, une tragique histoire d’amour avec le commandant d’un escadron d’intercepteurs Fury de la Marine, et même un mariage clandestin avec un puissant inquisiteur. Cette dernière possibilité inquiète particulièrement les ennemis d’Aoife, car une telle alliance lui conférerait un gigantesque pouvoir et la rendrait formidablement dangereuse.
Ses exploits sont tout aussi légendaires. On raconte qu’elle a déjoué les plans du prince pirate Mordread Drakeholm, qu’elle a plongé au centre des légendaires Nuages Douloureux et qu’elle a détruit deux Kroiseurs Kitu en s’emparant d’un Space Hulk. Elle est aussi célèbre pour avoir vaincu en duel le corsaire eldar Ulthyr Ellarion, dont elle porte aujourd’hui encore au côté l’épée énergétique en guise de trophée. Si Aoife est ostensiblement prête à défier les lois impériales, son utilisation d’artefacts xenos proscrits est non seulement la marque de son obstination, mais aussi le signe que des forces clandestines la protègent.
Aoife Armengarde va bientôt célébrer l’anniversaire du siècle de sa naissance. Elle a conservé l’apparence de la jeunesse à l’aide d’une soigneuse application de traitements réjuvénants. Elle est mince, élancée et athlétique, et ce n’est qu’en l’observant de près qu’il est possible de deviner sa véritable nature : les cicatrices accumulées au cours de décennies de combat et son regard assuré laissent transparaître sa centaine d’années d’expérience. Elle est bien plus coriace (physiquement autant que mentalement) qu’il n’y paraît au premier abord et son épée Aeldari a ôté la vie aux nombreux ennemis qui ont osé croiser le fer avec elle.
Contrairement à nombre de capitaines de vaisseaux et de Libres-Marchands, Aoife a obtenu la loyauté de son équipage grâce à son charisme de chef et à son sincère désir d’assurer le bien-être de ses subalternes. Ceux-ci le lui rendent en faisant preuve à son égard d’un dévouement qui confine à l’adoration. Elle dispose aussi à bord de son vaisseau d’un cercle de conseillers et d’alliés de confiance, dont certains l’accompagnent depuis son plus jeune âge. Le Magos Verona 112358, son premier Technaugure, et Paxton, son maître d’armes, étaient déjà à ses côtés du vivant de sa mère et la maison Aleene fournit des Navigators aux Armengarde depuis leur arrivée dans les Étendues.
Son obstination a cependant valu à Aoife bon nombre d’ennemis. La dynastie Machenko figure au premier rang de ceux-ci, et chacune de ces deux maisons met une ardeur proprement impressionnante à saboter les opérations de l’autre. Mais les Machenko sont loin d’être les seuls adversaires de la dynastie Armengarde. À cause de la détermination inflexible dont Aoife fait preuve lorsqu’elle se tient aux côtés de ses alliés ou qu’elle s’oppose à ses ennemis, et ce, quelles que soient les circonstances, sa dynastie n’est pas aussi riche qu’elle le pourrait. Sans surprise, elle ne semble pas s’en soucier outre mesure, en dépit de la consternation que cela suscite chez certains membres de sa famille.
Opérations de la Dynastie Armengarde
Bien que sa dynastie se soit traditionnellement appuyée sur le commerce pour assurer le financement de ses opérations, Aoife a choisi une orientation différente pour sa maison depuis qu’elle la dirige. Elle possède d’importantes parts dans diverses sociétés marchandes et compagnies de capitaines chartistes du secteur Calixis. Néanmoins, ces investissements sont essentiellement de nature financière et n’impliquent que peu de ses ressources physiques.
Dans les Étendues, les actifs de la dynastie Armengarde sont principalement rattachés à leur antique et puissant croiseur, le Bansidhe. Aoife ne semble pas être intéressée par l’ouverture de nouvelles voies commerciales ni par l’exploitation à long terme des mondes nouvellement découverts. Elle préfère asseoir sa fortune sur la base de la contrebande et de l’exploration, et vend les coordonnées des sites potentiellement intéressants qu’elle découvre afin de pouvoir continuer à parcourir librement l’espace, sans les entraves d’opérations de long terme.
Aoife défie aussi les blocus afin d’acheminer des vivres aux mondes et avant-postes malmenés et convoie illégalement des marchandises rares et précieuses, au nez et à la barbe de ses compétiteurs Libres-Marchands comme de l’Imperium, dans les régions excentrées des Étendues. Cependant, lorsqu’elle se lance dans de telles entreprises, elle est généralement plus motivée par l’excitation qu’elle en retire que par les profits qu’elle peut en escompter. Durant les dernières décennies, les opérations de contrebande d’Aoife ont commencé à empiéter sur certaines des routes commerciales établies par la maison Saul, ce qui l’a mise aux prises avec l’amiral-marchand. Leur rivalité est jusqu’ici demeurée cordiale et, à vrai dire, étonnamment amicale. Combien de temps cela durera-t-il, nul ne saurait le dire.
Plutôt que de recourir à une multitude de bases et d’installations, la maison Armengarde entretient un réseau de contacts et d’agents dans les régions relativement « civilisées » des Étendues. Aoife préfère disposer d’amis et d’alliés plus ou moins proches plutôt que d’installations permanentes, car cela rend sa dynastie moins vulnérable aux attaques. De Castel à l’Empire égarian, la plupart des colonies ou stations spatiales comptent au moins un individu redevable d’une « petite faveur » aux Armengarde.
Activités Récentes et Rumeurs
Igraine, la fille d’Aoife, a passé sa jeunesse dans le secteur Calixis, comme sa mère avant elle. En dépit de leur éloignement, Aoife fait ce qu’elle peut pour préparer son enfant à hériter de la Lettre de Marque, mais certaines rumeurs affirment qu’elle désire à présent la soustraire aux intrigues venimeuses de la capitale du secteur et la rejoindre à Port l’Errance. Igraine est d’une valeur inestimable aux yeux de sa dynastie et les ennemis ne manquent pas qui souhaiteraient s’en prendre à elle pendant qu’elle est encore vulnérable. Cette tâche pourrait cependant s’avérer plus dangereuse qu’il n’y paraît, en particulier si Igraine fait preuve des mêmes capacités que sa mère, sans parler du rôle que pourrait jouer son mystérieux géniteur.
La dynastie Machenko a récemment redoublé d’efforts contre les opérations des Armengarde dans les Étendues de Koronus. Ses membres ont d’ores et déjà établi une base opérationnelle quelque part dans le système Rubycon II et y déploient à présent des vaisseaux afin d’attaquer quiconque s’est associé à Aoife par le passé. En guise de réponse, les Armengarde ont dépêché un de leurs agents à Port l’Errance, maître Dougal, qui propose désormais de fortes sommes (et de futures faveurs) à quiconque veut bien aider la dynastie à éliminer cette menace.
Le Bansidhe, Vaisseau Amiral
Le Bansidhe est un vénérable croiseur de classe Lunar qui servait l’Imperium bien avant l’octroi d’une Lettre de Marque aux Armengarde. On raconte que la coque du vaisseau fut construite dans les vastes chantiers de Jupiter, qui partagent le même soleil que la Sainte Terra. Comme il convient, le nom Bansidhe vient lui aussi du berceau de l’humanité et remonte aux plus anciennes légendes de ce monde sacré. Même les Armengarde ignorent véritablement comment leur dynastie a acquis ce navire, bien qu’ils affirment l’avoir reçu en même temps que leur Lettre de Marque. Quoi qu’il en soit, la dynastie était bel et bien aux commandes du Bansidhe lorsqu’elle prit part à la croisade d’Angevin.
Ses armes ont pratiquement été conservées telles quelles depuis leur installation : les flancs bâbord et tribord arborent tous deux de puissants macrocanons latéraux et de gigantesques lances montées sur tourelles, l’armement standard de la classe Lunar. Ses tubes à torpille, ainsi qu’une bonne partie du blindage inutile de la proue, ont en revanche été ôtés il y a déjà bien longtemps afin de libérer de l’espace supplémentaire. En dépit de ces modifications, le navire a toujours le profil caractéristique d’un appareil de guerre impérial, et à sa proue se dresse encore la statue de sainte Célestine haute de 50 mètres qui contient le générateur de Champ de Geller du vaisseau.
La plupart des navires peuvent normalement passer plusieurs mois (ou même une année) au large, mais le Bansidhe est particulièrement bien équipé de ce point de vue. De vastes magasins supplémentaires lui permettent d’être presque autosuffisant, et son équipage a petit à petit développé un véritable sens communautaire, si bien que les visiteurs observent souvent qu’il ressemble plus à une petite ville qu’à un vaisseau, une opinion qu’Aoife partage. Plusieurs de ses passerelles ont été transformées en véritables marchés, tandis que certains espaces servent de domicile ou de sièges d’entreprise. On y trouve des tavernes, des boutiques tenues par des artisans, des cuisines et même des chirurgiens exerçant sans autorisation. Il est possible de vivre confortablement à bord du Bansidhe pendant plusieurs années. Selon la rumeur, une partie de son équipage n’aurait jamais mis pied à terre et passerait toute sa vie entre ses cloisons d’adamantium.
Quiconque s’imagine que l’aspect « urbain » du Bansidhe le désavantage en combat commet néanmoins une terrible erreur : des quartiers de proue remplis de mercenaires, jusqu’aux sinistres et sanglantes soutes où les morts sont reconvertis en serviteurs, le Bansidhe est réellement bien préparé aux affrontements.
Source
- Warhammer 40 000 JdR - Rogue Trader : Aux Confins des Abysses