- « Ne cherchez nulle pitié dans les maisons des Adepta, car la pitié est un luxe qu’elles ne peuvent se permettre. Chacune d’entre elles doit poursuivre son travail avec l’écho des hurlements de milliards de morts dans les oreilles et le sang des multitudes sur leurs mains. Ne cherchez pas la pitié, mais prenez-les en pitié. Pleurez pour ceux qui ne peuvent verser la moindre larme pour les souffrances de l’Humanité. »
- - L’Apocryphe de Saint Cullgard.
L’Adeptus Terra est divisé en une multitude incalculable de départements et bureaux de taille variable. L’ensemble est tellement vaste que personne ne peut énumérer avec certitude les noms et les missions de chacun d’eux. Les innombrables scribes, assesseurs, clercs et fonctionnaires de l’Adeptus Terra sont connus sous le terme d’Adeptus Administratum (aussi appelé simplement Administratum), qui est la bureaucratie galactique par l’intermédiaire de laquelle l’Imperium dirige et gouverne. Il est responsable de la levée et de la mesure de la Dîme Impériale, la distribution des ressources et d’une myriade d’autres fonctions de l’Imperium. Depuis le Departmento Munitorum dont le règne de fer lève et maintient les forces armées de l’Imperium, jusqu’aux innombrables cellules de Scribes dévoués à l’archivage des caprices quotidiens des systèmes de recyclage d’une Ruche, cette organisation n’existe que pour se charger de problèmes d’offre et de demande à une échelle inconcevable. Chaque département de l’Administratum dispose de ses propres huissiers, législations, règlements interne et secteurs de responsabilité jalousement défendus et transmis de génération en génération. Dans certains cas, ces départements sont même supposés rendre des comptes à un échelon supérieur qui n’existe plus depuis longtemps, alors que d’autres n’ont été créés que, pour détruire certaines-données avant qu’elles ne soient portées à la connaissance des masses. Au sein de l’Administratum, une centaine de siècles de labeur a fini par ériger un gigantesque édifice dédié à la médiocrité et au clientélisme, avec des charges qui se transmettent de père en fils et où le dogme a remplacé toute logique. Sous leurs auspices, superstition et rituels ont obtenu force de loi. À ses yeux, le destin d’un individu a un poids négligeable, voire nul. En vertu d’une nécessité supérieure, même à l’échelle d’un secteur, l’Administratum édicte des décisions collectives qui affectent des millions ou même des milliards chaque jour.
L’Administratum est une imposante organisation monolithique qui s’enfonce profondément dans le cœur de l’existence humaine pour ceux qui vivent dans l’ombre de l’Imperium. Il s’agit sans doute de la plus puissante de toutes les divisions qui composent l’Adeptus Terra. On dit de ce dernier que c’est le rouage qui anime l’ensemble de l’Imperium, et que l’Administratum est en quelque sorte le lubrifiant qui assure le bon fonctionnement de la machine. Sans l’Administratum, les engrenages de l’Adeptus Terra se gripperaient et l’Imperium s’effondrerait. Ses services administratifs travaillent sans relâche à enregistrer et archiver tout ce qui relève du fonctionnement des domaines de l’Empereur de l'Humanité et conservent pratiquement toutes les informations qui passent entre leurs doigts tachés d’encre. Que leur mission soit d’interpréter d’anciens grimoires savants, de tamponner les arrêtés de la Dîme Impériale ou d’envoyer à la guerre les unités de la Marine Impériale, ils gèrent l’empire le plus vaste qu’ait jamais connu l’Humanité.
De telles actions sont le résultat d’un processus simple et totalement impersonnel mêlant procédure, précédent, tradition et logique pure fondée sur des critères anciens, tout cela sans tenir compte du degré de souffrance ou de soulèvement qu’elles provoqueront à un niveau local. Les informations sont rassemblées, les recensements effectués et les dîmes collectées avec une régularité d’horloge. Sur l’ancienne Terra, des banques de cogitateurs absorbent toutes ces données et recrachent des projections ; des prêtres en robes enregistrent ces résultats avec docilité et les font passer à l’échelon suivant sans même comprendre leurs implications. Les décisions sont prises et les ordres donnés sans réflexion ni considération pour les conséquences. Les rouages de la bureaucratie tournent doucement, tel le mécanisme d’un antique automate. Des armées sont dépêchées vers des guerres terminées depuis des années, des impôts levés sur des populations déjà décimées par la famine, mais l’Adeptus Terra est trop vaste et monolithique pour percevoir, et encore moins corriger, de telles aberrations. De même, l’importance absolue que l’Administratum accorde aux moindres détails de son système bureaucratique d’une complexité cauchemardesque et son attachement aux règlements, formulaires, protocoles et au cérémonial peuvent être une source de grande friction et d’insatisfaction à tous les niveaux de la société impériale.
Les conséquences sont encore pires lorsqu’une erreur se glisse dans le système, manifestation visible d’imprécision, de données perdues ou d’une simple incompétence. Bien qu’extrêmement rare, il est tout à fait possible pour l’Administratum de perdre un monde suite à une erreur administrative, le condamnant à l’isolation et à la privation, ou encore de lui appliquer une Dîme mal ajustée qui laisse le monde exsangue et dépourvu de toute ressource. Il peut aussi égarer une demande d’aide d’urgence, qui arrive alors des années, voire des siècles, trop tard. Les conséquences que de telles erreurs peuvent avoir au niveau personnel ne sont pas difficiles à imaginer. De nombreux individus ont vu leurs documents personnels tronqués, perdus ou mal archivés. Pour ces malheureux, les conséquences sont aussi dévastatrices qu’impossibles à corriger, à moins qu’ils ne soient très puissants.
Bien sûr, le fait que les actions de l’Administratum ne soient pas motivées par une hostilité personnelle ne suffit pas à réconforter ceux qui ont vu leur vie chamboulée, leur famille soudainement déportée ou exilée vers un monde étrange, leurs protections retirées, leurs biens saisis, à moins qu’ils ne soient juste livrés à la famine. En conséquence, l’Administratum est également haï et craint par toutes les couches de la société impériale. Même dans les autres Adepta, on considère ses agents comme bornés, pitoyables et gênants. Par son travail, l’Administratum peut générer un ressentiment et un mécontentement susceptible d’exploser en rébellion ouverte ou de fournir une prise à des forces plus obscures.
L’Administratum est également une organisation singulièrement refermée sur elle-même. Ses Adeptes sont ignorants du monde qui les entoure, aveugles à ses dangers et ses chausse-trappes. Cette naïveté laisse les employés et les myriades de bureaux régionaux de l’Administratum vulnérable aux rancœurs individuelles, aux falsifications et à l’infiltration. Comme dans toute organisation où l’avidité, l’ambition, la vanité et l’orgueil existent, le pire peut fleurir. Ironiquement, les meilleures défenses de l’organisation contre la corruption sont sa complexité et son inertie. Elles rendent extrêmement difficile toute tentative de la saboter ou la pervertir d’une manière généralisée ou significative. Et si un millier d’Adeptes doit être purifié pour s’assurer de l’exactitude d’un relevé de Dîme, qu’il en soit ainsi. Pour l’Administratum, rien n’est personnel, pas même la vie de ses serviteurs.
La légende prétend que la population cléricale de Terra à tellement étendu sa bureaucratie à la surface de la planète que l’herbe et l’eau y ont disparu depuis longtemps sous des kilomètres de rocbéton et de plastacier. On raconte que des files de requérants longues de plusieurs kilomètres s’étendent en serpentant à travers le paysage gris et austère composé d’immeubles administratifs, dans l’espoir de pouvoir rencontrer une personne décisionnaire. Les citoyens moyens n’ont pas les moyens d’entreprendre le voyage vers Terra, mais ils sont pourtant des millions chaque année à s’y risquer, juste pour se retrouver perdus dans le labyrinthe d’une bureaucratie séculaire. Il arrive parfois que les personnes qui accèdent enfin à l’autorité cherchée soient les enfants de ceux qui ont entrepris la démarche, ces derniers ayant vieilli ou fini par trépasser, laissant ainsi leur place à leurs descendants. Les différends sont fréquents dans ces files d’attente. Lorsque les hordes de citoyens désespérés sont à bout, l’ordre est alors ramené au moyen des matraques électriques de l’Adeptus Arbites, quand ce n’est pas à coups de fusil.
Catégories d'Adeptes
Les Compilateurs
- « Les trônes t’aveuglent, mon garçon ; rapporte ces livres avant que je fasse une reliure de la peau de ton dos ! »
Les Compilateurs gardent les manuscrits et pourvoient aux besoins des Sages, filant entre les étagères chancelantes et les cryptes de données, dans l’espoir d’échapper un jour à leur servitude.
Les Copistes
- « Dharkins, tes enluminures sont des plus rabiléennes. Tu feras du très bon travail ; et pas simplement en ces murs. »
Les Copistes parviennent à atteindre une place de confiance, où ils ont effectivement affaire à des parchemins, livres et tablettes de données. Bien évidemment, ce sont les principaux oppresseurs des Compilateurs, et ce n’est que justice !
Les Scribes
- « Un Scribe est toujours utile… La connaissance fait parfois la différence entre la vie et la mort, notamment lorsqu’on l’envoie en première ligne… »
Les Scribes sont des réceptacles de connaissance, doués en cet art byzantin qui consiste à extraire des renseignements de toutes sortes de sources. Beaucoup craignent secrètement de ne jamais s’élever dans la hiérarchie de l’Administratum, ce qui explique certainement pourquoi ils sont prêts à prendre de si gros risques.
Les Historiographes
- « Si vous devez creuser un sujet, un Historiographe est l’outil indispensable. S’il ne connaît pas ce que vous cherchez, il ira vous le dénicher. Et s’il n’arrive pas à le trouver, c’est sans doute que vous n’étiez pas destiné à l’apprendre. »
Les Historiographes sont des membres de confiance de l’Administratum, initiés à certains de ses plus grands secrets. Même les connaissances d’autres Adepta ne sont pas à l’abri de leur regard scrutateur.
Les Praticiens
- « Ces praticiens, y sont bizarres. Gare s’ils veulent t’ouvrir gratos. C’est la façon qu’y t’regardent quand t’as les tripes à l’air. Tu sais plus si t’es qu’une expérience ou une côtelette de Grox… »
Les Praticiens étudient les secrets de l’anatomie, examinant les chambres secrètes du cœur, les énigmes de la chair et des os, les mystères grisâtres du cerveau.
Les Érudits
- « L’Érudit Dharkins arrive, inclinez-vous ! Il a soigné la toux liquide et la vérole terrorisante. Les rumeurs prétendent qu’il a l’oreille du conseil de la Ruche. Sans lui, seul le Trône sait où nous serions ! »
L’Érudit est au faîte de sa puissance ; c’est un sage expérimenté capable de tirer le meilleur parti de cette formidable machine qu’est l’Administratum. Lorsqu’ils ne sombrent pas dans les débats et querelles théoriques, les Érudits sont respectés et bien souvent influents.
Les Lexographes
- « Les Lexographes sont si malins qu’ils inventent des mots et que nul n’ose dire que ce sont des illettrés. »
Toutes les connaissances de l’Imperium sont dissimulées dans les textes en haut gothique des temples, oratoires et archives. Le Lexographe est le gardien de ces écritures sacrées.
Les Analystes
- « Arrête de le regarder comme ça, mon vieux. Les simples Compilateurs tels que toi ne doivent pas dévisager ainsi les Analystes. Certes, il a deux cerveaux, mais ce serait également ton cas si tu avais autant de boulot que lui. »
Les Analystes gèrent le flot d’informations passant par l’Administratum, tirant des faits apparemment sans liens de cette mer de connaissances pour trouver des solutions de maître et concevoir d’habiles plans d’attaque.
Les Scientistes
- « Lorsque vous aurez compris les secrets de l’univers, vous vous comprendrez également vous-même. »
Les Scientistes atteignent un tel niveau de connaissance de la galaxie qu’ils finissent par se tourner vers les mystères de l’âme humaine.
Les Logiciens
- « Selon les cogitations du logicien Veritas, la cité doit être rasée, ce qui résoudra les problèmes criminels et industriels en toute élégance. Comment ? Désolé, mais je crois que la purge a déjà débuté. Vous aviez pourtant dit vouloir trouver une solution rapide… »
Les Logiciens appliquent leurs pouvoirs de raisonnement et de logique phénoménaux aux problèmes les plus épineux, résolvant tous les dilemmes qui se présentent à eux grâce à leur grande intelligence.
Les Magisters
- « S’il y a bien une chose pire qu’un Psyker, c’est un Psyker qui sait tout. »
Les Magisters saisissent parfaitement la nature de la galaxie et la place que l’homme y occupe. Grâce à l’étude de ces connaissances interdites, ils découvrent des pouvoirs insoupçonnés.
Discorde au Sein des Pouvoirs Temporels et Spirituels : un Léviathan Aveugle
Tout système complexe reposant lourdement sur le dogme et le protocole est sujet à l’interprétation, et les différences d’interprétation mènent aux schismes et à la discorde. L’Administratum ne fait pas exception à cette règle. Les chamailleries, les politiques internes et les rivalités entre départements peuvent engendrer des problèmes dans l’Administratum, à grande ou petite échelle, que l’organisation a toutes les peines à cacher aux personnes extérieures. Bien que ces disputes mineures soient rarement significatives dans l’ensemble, leurs conséquences peuvent avoir des ramifications plus importantes, comme l’onde que laisse une pierre lancée dans l’eau.
Sources
- Warhammer 40,000 JdR - Dark Heresy : Livre de Règles
- Warhammer 40,000 JdR - Dark Heresy : Ascension
- Warhammer 40 000 JdR - Black Crusade : Livre de Règles
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