Abominant
- « Ils l’appellent le Lumberglatch. J’ai entendu des tas de trucs à son sujet quand j’étais môme, et j’ai toujours cru que c’était que des histoires. Depuis hier soir, je sais que c’est pas du chiqué. On l’a vu, Loz l’Acharné et moi, il entrait dans le cathedrum comme s’il s’était paumé. Puis il nous a vus, et il était plus paumé. Il a eu Loz, il l’a démembré pendant que… j’appelais les secours. »
- - Zogan le Crade, vendeur de produits recyclés.
L’Abominant s’avance lourdement sur le champ de bataille d’une démarche curieusement bancale. Champion parmi les Aberrants de la secte, cet être est une masse de muscles et de chitine difforme qui manie d’énormes instruments contondants comme s’ils ne pesaient rien. Ce monstre est si hideux que les soldats qui l’affrontent reculent à la vue de ses traits dédoublés et de son anatomie manifestement extraterrestre. Ce n’est que lorsque cette brute démente, mue par une frénésie destructrice, écrase tout sur son passage en poussant des rugissements de rage, de douleur et de désespoir mêlés que se révèle la véritable horreur de sa condition.
Tout comme les Aberrants dont ils sont dérivés, les Abominants sont la résultante d’une déviation du cycle du couvain typique d’une Secte Génovore. Engendré généralement à la fin du cycle de vie de la secte, un Abominant est à l’instar des autres Aberrants, le fruit d’un événement anormal. Toutefois, après sa naissance contre-nature, sa puissance est cultivée avec soin, car une force aussi potentiellement dévastatrice ne saurait être gaspillée. Afin de mieux diriger leurs troupes de choc d’Aberrants au combat, le Patriarche accorde ses bénédictions à un Aberrant choisi au sein de chaque génésecte. Il se sert pour cela d’un Familier Guivresprit, une créature de petite taille qui sert de géniteur et de mentor à l’entité à laquelle il est associé. Créature bio-psychique née dans la fange putride qui se trouve dans la tanière du Patriarche, le rôle du Familier Guivresprit est d’implanter au futur Abominant une partie de la biomasse de son maître, ce qu’il fait par un procédé rappelant le Baiser du Génovore, plantant son minuscule ovipositeur dans la peau dure de l’Aberrant afin d’intégrer une puissante malédiction génétique à sa structure cellulaire. Ainsi naît l’Abominant.
Une fois le mutagène implanté à l’Aberrant sélectionné, la créature endure de longues nuits durant une douloureuse métamorphose. Son corps déjà robuste devient de plus en plus gros et puissant. Sa chair s’ouvre et ses os se brisent en raison de ce brusque accès de gigantisme, mais ces blessures guérissent rapidement sous l’action du mutagène qui infeste le corps de l’Abominant, de même que plus tard, au combat, les coups de l’ennemi sont ignorés et les blessures rapidement régénérées. Le Familier Guivresprit reste après avoir transmis le don étrange du Patriarche, afin d’exercer la volonté de celui-ci sur l’Abominant. Il emploie l’énorme masse de ce monstre pour enfoncer les lignes ennemies, en l’incitant à s’en prendre aux adversaires les plus redoutables, que son marteau broie impitoyablement. Galvanisés par ces destructions, les Aberrants suivent aveuglément la brute au cœur de la mêlée. Ils voient en effet en l’Abominant une sorte de saint, un disciple béni choisi par leur dieu, dont il a reçu la plus grande bénédiction. En réalité, l’Abominant n’est guère plus attaché émotionnellement et spirituellement aux maîtres de la secte que le marteau qu’il brandit. La créature est certes utile, mais en raison de son intellect infantile, elle ne peut se voir confier de commandement.
Si le Patriarche est le cœur de la génésecte et le Magus sa psyché, l’Abominant est son poing noueux. Son rôle est de briser, d’écraser, de détruire par l’application de la force brute tout ce qui se dresse sur le chemin des sectateurs. Avant le jour de l’ascension, ces bêtes grotesques sont employées à conquérir une région souterraine ou un avant-poste éloigné, car si un citoyen impérial voyait un Abominant dans la rue en plein jour, la panique résultante ferait plus de mal que de bien à la secte. Tant que la génésecte mise sur la discrétion, l’Abominant reçoit souvent de quoi s’amuser afin qu’il reste docile, comme les dépouilles de ceux que le Magus a condamnés à mort, des animaux capturés, ou encore de simples jouets volés dans les demeures des classes supérieures. Priver un Abominant de ses jouets peut provoquer une crise de rage qui peut durer plusieurs jours ; dès lors, les dirigeants de la secte n’ont qu’à pointer la créature dans la direction des adversaires qu’ils veulent voir massacrés, et sa colère aveugle fera le reste. Lorsque les sectateurs délaissent leur mascarade le jour du soulèvement, l’Abominant a le champ libre pour massacrer et détruire à sa guise, le Familier Guivresprit qui l’accompagne sifflant et frottant ses griffes les unes contre les autres telle une mouche s’apprêtant à festoyer sur un monceau de chair en décomposition.
Source
- Codex Genestealer Cults, V8
