Émancipation de Drune
Vers la fin des années 800 M30, la Ve Légion s’était forgée une réputation pour les types d’opérations pour lesquelles elle allait plus tard devenir célèbre, mais toutes ses guerres n’ont pas été menées isolément. À Tarel III, Jakor-Tal et Terlaken B3, la Légion a mené des campagnes remarquables dans le cadre des forces expéditionnaires combinées des Legiones Astartes. À Arco, elle a pris sa place dans la lignée des Légions des Blood Angels, des Ultramarines, des Salamanders et des Emperor's Children. En effet, les honneurs de la Bataille d’Arco seront porté sur les bannières des cinq Légions, y compris les fils renégats de Fulgrim, tout au long de l’Hérésie d'Horus et jusqu’à la fin de l’ère de la Purge. Un autre honneur de guerre que les Loyalistes et les Traîtres ont porté avec fierté longtemps après l’éclosion de l’Hérésie d’Horus, c’est celui qu’ils ont gagné à Drune, un monde aride et solitaire, se trouvant prêt de la Faille Morpheus. À Drune, la majeure partie de trois Légions se sont tenus ensemble, chacune dirigée par son Primarque.
La Conformité d’un monde qui fut jadis un phare de civilisation devait être le couronnement d’une expédition par ailleurs infructueuse. C’est pourquoi les Primarques des trois Légions présentes - les Sons of Horus, la Death Guard et les White Scars - étaient déterminés à apporter la Vérité Impériale en personne. Trois Légions entières tombèrent sur la planète comme une seule force mais ce qui s’est passé lorsqu’ils se sont présentés devant les portes de la capitale mondiale était sans précédent dans les décennies de la Grande Croisade. Ces portes restaient fermées, et aucune réaction sur la présence de trois Légions face à elles ne se produisit. Plein de colère, Horus leva sa masse comme pour frapper les puissantes portes, mais avant qu’il ne puisse le faire, un mot d’avertissement retentit depuis le groupe de conseillers et d’intendants. L’avertissement avait été lancé par Kulek Senn, un Prophète des Tempêtes supérieur de la Ve Légion.
- « L’ombre plane au-dessus de cet endroit. L’ombre de la domination. Seule la mort coupera les cordes. »
Mortarion conseilla à Horus d’aller de l’avant, sans tenir compte de l’avertissement du Prophète des Tempêtes, et Horus l’écouta, frappant les portes d’un coup de massue si retentissant qu’il les fit se replier vers l’intérieur et s’effondrer dans un nuage de poussière. Avançant à l’intérieur de la ville, une grande masse humaine s’est pressée de tous les quartier. Les yeux des occupants étaient flous et vides, chaque bouche était relâchée et baveuse. Tout ce monde n’était pas lavé, puait et était vêtu de chiffons déchiquetés, comme si ils n’avaient n’avait pas pensé à leur bien-être corporel pendant des mois, voire des années.
Une fois de plus, Kulek Senn donna son avertissement à son maître au fur et à mesure que cette foule avançait dans les rues, cette fois avec une préoccupation de plus en plus vive. Une fois de plus, Mortarion entendit et ricana sa dérision des arts Psykers, mais cette fois le Grand Khan intervint, insistant pour que son frère Horus écoute les paroles du Prophète des Tempêtes. Cette fois, Horus le fit. Tout ce que le Prophète des Tempêtes avait détecté comme écho avant les portes était maintenant évident pour tout le monde. Dans les cieux, un tourbillon d’énergies contre nature se formait, son œil directement au-dessus du centre de la ville. Des rafales Æthériques claquèrent les bannières personnelles des Primarques et les corps composant la foule s’agitèrent suivit d’un gémissement profond et sonore s’élevant simultanément de 100 000 gorges.
Se frayant un chemin sans obstacles, les Primarques retrouvèrent leurs fils génétiques à l’extérieur de la ville, et lors d’un conseil avec les Prophètes des Tempêtes du Grands Khan, ils ont déterminé que le monde entier était sous une sorte de domination Xenos, non pas issue du monde physique, mais du Warp. Pire encore, ils pensaient que cette domination s’exerçait sur la population humaine de Drune à travers une série de portails extradimensionnels, chacune centrée sur l’une des villes les plus importantes de la planète. Ce n’est qu’en fermant ces portails, selon les Prophètes des Tempêtes, que l’asservissement de Drune prendrait fin.
C’est ainsi que la guerre pour délivrer Drune du joug de la domination extraterrestre commença. Jaghatai Khan fut nommé commandant de la campagne par Horus. Une telle nomination était en effet rare, car même si les fils génétiques de l’Empereur combattaient sous la même bannière et qu’ils resteraient encore pendant des décennies égaux, il existait une rivalité profonde entre plusieurs d’entre eux. La sagesse de la décision de Lupercal était évidente, mais le Primarque de la Légion de la Death Guard s’y opposa néanmoins, car Mortarion détestait l’emploi de Psykers sous toutes ses formes, pour toutes les raisons et contre tous les ennemis. Ainsi, la Death Guard n’a servi dans la campagne de Drune que nominalement sous la direction du Grand Khan, Mortarion s’assurant qu’elle reste à l’écart des deux autres Légions.
La guerre allait faire rage pendant près de six mois, le Grand Khan utilisant chaque élément de son commandement comme le mieux adapté à sa nature. La Légion de Jaghatai s’étendait de part et d’autre des désolations de Drune, frappant dans les concentrations de puissance Xenos identifiées par ses Prophètes des Tempêtes. Elle rencontra une série de créatures horribles de forme difficilement définissable, bien que toutes avaient en commun des corps gonflés qui flottaient sur des marées Æthériques invisibles, des yeux multiples, des vrilles battantes et la capacité de déclencher des explosions redoutables d’énergie Warp tout en dirigeant vague après vague des hordes d’esclaves humains sous domination mentale vers les Légionnaires. Les Prophètes des Tempêtes se sont révélés cruciaux non seulement pour localiser ces ennemis abominables, mais aussi en les combattant sur le champ de bataille, car ils ont réussi à amortir l’effet de domination psychique et ont permis ainsi à leurs frères Légionnaires d’engager les marionnettistes Xenos et de les vaincre, mais non sans perte.
Enfin, la campagne atteignit son apogée là où elle avait commencé - dans la ville où les trois Primarques avaient rencontré pour la première fois les dominateurs Xenos. Plus les Primarques s’approchaient du cœur de la ville, plus ils avançaient, plus les ondes psioniques qui les attaquaient devenaient puissantes, et plus les abominations Xenos qu’ils rencontraient étaient massives et hideuses. Bien qu’il s’agisse d’une force puissante, personne ne pouvait dire quel mal aurait pu arriver aux Primarques si les Prophètes des Tempêtes White Scars n’avaient pas été à portée de main pour repousser les pires contre-attaques psychiques des aliens. L’air lui-même hurlait de torture alors que l’essentiel de la réalité était étiré jusqu’au point de rupture, l’obscurité du Warp scintillant à travers un million de fissures et de failles.
Jaghatai, Horus et Mortarion savaient qu’ils avaient atteint le centre de l’incursion des Xenos alors même qu’ils ne pouvaient aller plus loin, si puissantes étaient les marées psioniques qui s’échappaient de l’affreuse blessure palpitante de la réalité en plein centre de la ville. Au-dessus de leur tête se dessinait une arche de chair frémissante et encore vivante de ce qui devait sûrement avoir été un jour un homme. Sous l’arche se trouvait un vide pulsant avec la puissance brute du Warp, et d’elle émergeait une forme vaste et gonflée, un sac central distendu rempli de pseudopodes battus et de douzaines d’yeux pleins intelligences. Exprimant une ancienne malédiction chogorienne, le Grand Khan jura que le monstre n’établirait pas la domination dans le royaume de son père génétique, et en réponse, ses frères prirent leur place de part et d’autre tandis que ce qui restait de son conseil de Prophètes des Tempêtes épuisé formait un cercle tout autour d’eux, puisant jusqu’au dernier iota de leur pouvoir pour repousser les vils congénères du béhémoth.
Les érudits de la guerre peuvent se demander quelle force pourrait mettre à l’épreuve les capacités non pas d’un, mais de trois des fils génétiques de l’Empereur, et dans ce qui a suivit ce jour là, ils pourraient y trouver une réponse possible. Le monstre possédait toute une panoplie d’armes, dont des tentacules acérées comme des diamants à la puissance implacable jusqu’au pouvoir implacable de sa volonté totalement incompréhensible - dix Prophètes des Tempêtes furent tués en peu de temps, leurs esprits déchirés par l’offensive psionique du béhémoth.
Les Primarques furent mis à rude épreuve, car, même s’ils ne pouvaient guère connaître la peur, chacun d’entre eux a vite souffert d’une douzaine d’autres blessures. Même le puissant Horus sentit la puissance mentale du monstre, et bien qu’il en repoussât la volonté, l’effort laissa du sang couler abondamment de ses yeux. Mortarion aussi lutta contre ce vil ennemi, et tandis que sa faux coupait ses tentacules par douzaines, elle s’efforça de dominer son esprit et de devenir le maître de sa chair. Comme Horus, le monstre ne parvint pas à abattre les défenses de Mortarion, mais en y résistant, le Seigneur de la Mort fut mis à genoux.
C’est Jaghatai Khan qui mis fin à la bête Xenos. Grâce aux efforts combinés de ses derniers Prophètes des Tempêtes, le Grand Khan est devenu invisible pour le monstre, de sorte qu’alors même qu’il concentrait son assaut sur Horus et Mortarion, Jaghatai parvint à contourner la forme vaste et gonflée de la créature et à localiser ainsi un point faible sur sa face inférieure.
Certain qui se sont livrés à des pensées fantaisistes sur la façon dont les derniers âges pourraient être différents si seulement Jaghatai avait suspendu son coup final ou l’avait retardé assez longtemps pour que le monstre pousse son assaut contre ses frères. De telles réflexions sont bien sûr futiles, et elles ignorent sa nature essentielle. Jaghatai poussa vers le haut, transperçant un nœud ou un organe essentiel dans la masse centrale du béhémoth. Il mourut sur sa lame, mais l’explosion d’une force Æthérique déchaînée marqua aussi sa fin.
C’est Horus qui sauva Jaghatai qui faillit être aspiré dans le tourbillon qui se déchaînait, Lupercal tirant son frère hors de danger. C’est ainsi que l’Émancipation de Drune a été réalisée - bien qu’aucune des populations de ce monde ne bénéficiera de la défaite de leurs maîtres aliens. Avec les béhémoths tués, et les portails par lesquels les Xenos avaient exercé leur domination scellés, des centaines de millions de marionnettes de viande se sont effondrées là où elles se trouvaient, pour ne plus jamais se relever.
En vérité, un tel sort était une miséricorde pour le peuple de Drune et pour l’Imperium, car d’une manière ou d’une autre, on n’aurait pu lui permettre de vivre.[1]
Source
- The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence
- ↑ The Horus Heresy, Book Eight - Malevolence, Chapter The White Scars - Exemplary Battle - The Emancipation of Drune, 881.M30 (traduit de l'anglais par Guilhem)