Écu Noir
Que ses frères le repoussent et ne souffrent plus sa présence.
Que la bénédiction du Primarque lui soit retirée et qu’il soit renié par tous ses fils.
Que l’Empereur-Dieu Immortel détourne Son regard de lui et qu’il figure à jamais au nombre des Impardonnés. »
Pour les Space Marines, l’icône de leur Chapitre est plus qu’un simple dessin présent sur leurs armures et leurs étendards. C’est le symbole sacré de leurs valeurs et de leurs siècles d’histoire. Durant l’initiation d’un Astartes, son acceptation formelle est marquée par la remise d’une épaulière décorée de l’icône du Chapitre, après que le nouveau venu a prêté serment de protéger son honneur jusqu’à sa mort. Porter ce symbole est un motif d’immense fierté pour le Marine, et toute tentative de le dégrader ou de le cacher est considérée comme un crime abominable. On dit que les traîtres prouvent leur engagement auprès des Puissances de la Ruine rejetant leur icône chapitrale et l’aigle impérial, démontrant ainsi leur détermination à abjurer leur Primarque et l’Empereur de l’Humanité.
Et pourtant certains guerriers de la Deathwatch ne portent pas d’insigne de Chapitre. Alors que les autres Frères de Bataille affichent avec fierté leur armoiries, leur propre épaulière est intégralement noire. Seule le crâne argenté de la Deathwatch indique l’allégeance des Écus Noirs, qui fuient la compagnie des autres Space Marines jusqu’au moment du combat. Ces guerriers sont spécifiques à la Deathwatch, mais même là, ils sont considérés comme des oiseaux de mauvais augure.
Selon une ancienne tradition, un Astartes aux armoiries noircies peut se présenter devant un commandant de l’organisation et lui demander à intégrer ses propres troupes. On ne doit l’interroger ni lui demander de divulguer son origine. Tout son passé est symboliquement effacé en même temps que la marque de son Chapitre. L’Écu Noir est un Space Marine sans Chapitre un individu s’étant coupé de tout ce qui faisait de lui un Frère de Bataille de l’Adeptus Astartes.
Le peu qui est échangé entre le Commandant de la Deathwatch et le suppliant reste à jamais un secret, mais il est inhabituel qu’un Écu Noir révèle plus que son nom et les éléments de base de son entraînement. L’officier a tout à fait le droit de refuser sa demande, mais il l’exerce rarement. La Deathwatch est ouverte à tous les Astartes et elle offre aux Space Marines sans Chapitre une voie vers l’expiation, s’ils sont prêts à la suivre. Après avoir passé sa vie à garder les territoires extérieur contre la menace Xenos, un Écu Noir aura peut-être gagné le droit d’être inhumé dans le cimetière d’une grande forteresse. De cette façon, il pourra reforger les liens d’une fraternité qu’il avait choisi de rompre, même si ce n’est qu’à titre posthume.
Ces individus sont rares. Un Commandant de la Deathwatch n’en voit qu’une poignée au cours de toute sa vie. Aucun ne partage la même motivation que les autres et les spéculations vont bon train partout où ils passent. Cependant, ils ont tous un trait commun : une détermination féroce à laver leur passé au service de la Deathwatch. Ils maintiennent un régime de pénitence exténuant fondé sur la prière, la punition et l’entraînement. Au combat, ils se battent sans considération pour leurs blessures ou les périls du champ de bataille, ne pensant qu’à atteindre les objectifs de l’Équipe d'Extermination.
Aucun Space Marine ne se bat avec autant d’intrépidité, car ils ont toujours conscience de leur propre valeur dans la grande lutte contre les ennemis de l’Humanité. Cependant, quand on demande à un Astartes d’en faire preuve, voir d’esprit de sacrifice, il n’hésite pas une seconde, ne craignant aucunement de se jeter au-devant du danger. Un Écu Noir n’aura aucune hésitation à jouer l’appât d’un piège ou à attirer sur lui le feu ennemi. Ne cherchant pas la gloire personnelle à travers ses actions, il ne fera rien pour mettre en péril la vie de ceux qui l’entourent mais il sera toujours prêt à donner la sienne si les circonstances l’exigent. Comme il estime être déjà mort, elle n’a de valeur qu’en fonction des services qu’elle peut rendre à la Deathwatch avant de se terminer.
Les origines d’un Écu Noir peuvent être très variées. Certains sont les seuls survivants de leur Chapitre ; tous leurs Frères de Bataille ayant été victimes d’une guerre, d’un désastre ou d’une détérioration irréversible de leur matériel génétique. Sans Chapitre, le survivant rejoint la Deathwatch pour y passer ses dernières années. L’histoire de ces frère est achevé, et il ne reste plus qu’à donner un sens à leur propre fin. Le faire en tant qu’Écu Noir est un acte d’humilité pieuse venant d’un guerrier honorant ses frères au point de renoncer à sa gloire personnelle afin que les actions des vivants ne troublent pas la légende des morts.
Un Écu Noir peut avoir une origine plus sombre, par exemple si ses Frères de Bataille se sont détournés de leur devoir et de la Grâce de l’Empereur. Seul parmi ses camarades, il n’a pas été corrompu, évitant les pièges subtils de l’ennemi et gardant la foi contrairement à tous les autres. Il a dû subir de terribles épreuves tandis que la folie se répandait dans les rangs de son Chapitre. Ses amis et ses chefs se sont retournés contre lui, car il a refusé d’accepter leur nouveau credo et de participer à leur infâmes rituels. Son âme a été torturée en assistant au spectacle inimaginable des serviteurs démoniaques des Puissances de la Ruine festoyant dans le cœur autrefois sacré de sa propre Forteresse-Monastère. Un tel Marine est motivé par le dégoût et souhaite se distancier de l’affront vivant qu’est devenu son Chapitre, faisant preuve d’un profond désir de laver les péchés de ses Frères de Bataille grâce à son zèle et sa détermination.
On murmure que les Écus Noirs comprennent aussi des individus s’étant condamnés d’autres façons. Peut-être ont-ils écouté les promesses mielleuses de l’ennemi pendant un moment de faiblesse, ou cédé à la fierté et la colère, ou ils ont été souillés par le contact avec les Xenos ou d’autres forces obscures. On raconte que ceux qui ont retrouvé la lumière de l’Empereur peuvent absoudre leur passé de traître en servant dans la Deathwatch, s’efforçant indéfiniment de faire amende honorable pour leur disgrâce. Si la rédemption existe pour les égarés et les damés, seul l’Empereur-Dieu peut le dire.
Un Space Marine qui estime qu’il a fait défaut à son Chapitre d’une façon ou d’une autre peut choisir de "prendre le noir" pour cacher éternellement la honte de son échec. Il peut avoir perdu une grande relique qu’on lui avait confiée, ou avoir commandé une mission vitale qui s’est achevée par un désastre stratégique et des pertes inconcevables. Le Écu Noir peut même avoir refusé de suivre un ordre stupide ou suicidaire sur le champ de bataille, non sans bonnes raisons, mais sentir qu’il ne peut plus rester au sein de son Chapitre. Quel que soit son motif, il sera à jamais rayé des chroniques de ses frères. On pense que certains des Chapitres les plus durs utilise cette forme d’exil permanent comme punition, car si la mort est sûrement préférable, un Space Marine est une ressource trop précieuse pour être gaspillée. La Deathwatch trouve toujours un rôle pour ceux qui ont été abandonnés par leurs anciens maîtres.
Un Écu Noir accepte de connaître les pires privations et épreuves. Il accepte sans rechigner les missions que les autres Space Marines considèrent comme trop humiliantes ou indignes d’eux. Qu’il soit en pointe d’une Équipe d’Extermination nettoyant un nid d’ennemis ou cloîtré sur une Station de Guet, menant une veille longue et solitaire, un Écu Noir ne se plaint jamais. Ils sont devenus de purs instruments de la Deathwatch, sans le moindre projet d’avenir. En de très rares occasions, grâce à leur dévotion inébranlable, certains d’entre eux peuvent gravir les rangs de la Deathwatch. Par le passé, quelques-uns sont devenus Chapelains, Capitaines ou même Commandants de la Deathwatch.
Source
- Warhammer 40 000 JdR - Deathwatch : Rites de Batailles
