Vigilus

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Avec l’ouverture de la Cicatrix Maledictum et le passage de la Noctis Aeterna, Vigilus se retrouva plongée dans l’Imperium Nihilus, une région obscure de l’espace au seuil du Piège de Nachmund. Le Piège de Nachmund était extrêmement important, car c’était une des deux routes relativement stables qui permettaient de relier l’Imperium Sanctus, la moitié de l’Imperium où se trouvait la Sainte Terra, et le lointain Imperium Nihilus, de l’autre côté de la Grande Faille. Il permettait à l’Imperium de faire franchir à ses forces le golfe interstellaire de la Grande Faille, ainsi que de maintenir une ligne de communication astropathique fut-elle instable et dangereuse avec les mondes piégés dans le Sombre Imperium. Si l’Imperium venait à être véritablement divisé, il s’effondrerait probablement complètement, c’est pourquoi Vigilus était essentielle, car elle servait de tête de pont stratégique qui maintenait l’Imperium Nihilus sous le contrôle de Terra.

Nul ne savait vraiment comment ni pourquoi la Grande faille s’était formée, mais la lutte pour pouvoir la franchir devient vite très intense. Vigilus avait de tout temps pu s’appuyer sur une population importante, et possédait en outre un grand nombre de régiments de la Garde Impériale depuis la Chute de la Porte Cadienne, un événement que le Ministorum avait baptisé l’Exode d’Avant la Tempête, mais il devint vite évident que les périls qui menaçaient la planète mettraient ses défenseurs à rude épreuve. La planète était gouvernée par une confédération d’anciens et de nobles, le Conseil Aquilarien, appelé le Conseil des Rouages par l’Adeptus Mechanicus. Le fait que les délégués ne fussent pas parvenus à s’accorder sur le nom illustre leurs divisions. Le palais du Refuge du Saint fut longtemps le théâtre de luttes intestines, et seule le risque d’une destruction totale poussa les dirigeants de Vigilus à s’unir.

Nom: VigiLus
Segmentum: Obscurus
Sous-secteur: Nachmund
Classe: Monde-Forteresse
Population: 167 milliards env.
Niveau de Dîme: Solutio Extremis
Agrégat: 3650
Aestimare: B 7-00
Gravité en Surface: 97% Standard Terran

Les Eaux de Vigilus

L’Eau était rare sur Vigilus, car les nappes phréatiques de la planète étaient peu remplies et, hormis les opérations de recyclage à grande échelle, il y avait peu de moyens de reconstituer les réserves. En outre, les terres arables et la végétation étaient également rares. La production de nourriture de la planète reposait donc sur l’inventivité, comme la création de fermes de cactus, d’abattoirs à vermines et de cuves de nutriments souterrainnes. Cette dernière méthode consistait à recycler la sueur et les écoulements riches en graisse captés par les grilles des habitations surpeuplés des quartiers industriels. Sur Vigilus, l’eau était un symbole de statut social et de richesse. La majorité de la population des classes laborieuse buvait de l’aqua subterra, une eau puisée dans les sous-sols. Elle était jaunâtre, sale et avait un goût affreux, mais était abordable. Les plus riches buvaient l’aqua glacius, tirée des icebergs du continent polaire du Fléau de Kaelac. Les fidèles du Ministorum de la Cité-Ruche Hyperia consommaient une eau recyclée purifiée grâce à des substances sacrées, baptisée aqua sanctus, tandis que l’Adeptus Mechanicus buvait l’aqua meteoris provenant d’une dizaine d’astéroïdes et extraite au moyen du Treuil de l’Omnimessie.

Traverser le Piège

Le Piège de Nachmund s’étire de Vigilus à la planète de Sangua Terra dans l’Imperium Sanctus. Près de la sortie septentrionale du corridor warp se trouve le monde de Dharrovar, le bastion d’une ancienne dynastie de Chevaliers Impériaux dirigée par le Roi Kaligius. Jadis jugé précautionneux, le comportement du roi se fit de plus en plus erratique et paranoïaque, et on raconte qu’il protège ses possessions avec la férocité d’un dragon. Ses partisans affirment que son comportement est justifié, car de part et d’autre du Piège de Nachmund, un océan de Chaos bouillonne et cherche sans relâche à en rompre les parois pour se répandre dans la réalité.

À l’aube de la Grande Faille, les vaisseaux qui cherchaient à traverser le piège sans risque n’avaient d’autre choix que croiser au large de Dharrovar. Ceux qui contournaient la planète étaient laissés libres de poursuivre leur route. Ceux qui cherchaient à accoster ou contacter le Monde Chevalier en vue de parlementer étaient par contre traités avec hostilité, suspicion voire violence. Fervent indépendant, Kaligius était convaincu que se laisser rappeler dans le giron de l’Imperium ne lui apporterait rien de bon, et il préféra gouverner par la tyrannie et l’oppression. À peine le terme "Imperium Nihilus" était-il inventé que le roi fut déclaré Excommunicat Traitoris.

La Balafre du Ciel Nocturne

Bien que les mondes du Système Vigilus n’eussent pas été entièrement isolés du reste de l’Imperium, il devint évident qu’une nouvelle phase d’existence ténébreuse s’abattait. La Grande Faille n’était qu’un flou violacé en journée, mais la nuit, l’immensité de la Cicatrix Maledictum illuminait le firmament, et lorsqu’un observateur imprudent risquait un coup d’œil, ses extrémités tourbillonnantes et sa masse centrale enflée semblaient former des bouches hurlantes et des visages difformes. Elle déroba le sommeil et déforma la raison, et ses émanations anarchiques affectèrent même les chronoplaques et les toiles de données de l’Adeptus Mechanicus.

Sur Vigilus, la Grande Faille devint particulièrement prédominante la nuit, et des couvre-feux furent instaurés dans toutes les conurbations. Dans chaque ruche, il était interdit d’être en extérieur après le coucher du soleil, au risque que la Cicatrix Maledictum captât l’attention des contrevenants jusqu’à les infecter et les rendre sensibles aux phénomènes psychiques. Même avec ces précautions, la forme de la Grande Faille - une masse sinueuse fendue par le Piège - commença à apparaître parmi les gribouillages de déments et les griffonnages inconscients de scribes concentrés sur leur tâche. Plus troublant encore, clic apparaissait au cours des phénomènes naturels. Des images rémanentes de la faille se manifestaient dans les yeux de ceux qui la fixaient trop longtemps, mais contrairement à celles causées par une forte lumière naturelle, elle ne s’évanouissait pas. Les parents contemplaient, horrifiés, des marques de naissance sur leurs enfants nés les nuits où la faille brillait, chaque angiome traversé par une ligne blanche de peau immaculée. Les taches de moisissure et d’humidité sur les murs et les plafonds des stations d’épuration des Abîmes prenaient une forme étrangement similaire, sinon identique, à la faille qui défigurait le ciel.

Les escouades de purge de l’Ecclésiarchie, opérant à l’extérieur du Refuge du Saint, traquèrent ces phénomènes avec une froide efficacité mâtinée d’un zèle fougueux. Mais elles désespérèrent rapidement car, au fil des ans, ces phénomènes s’intensifiaient. Là où des séismes fendaient la terre, des gouffres s’ouvraient avec une forme qui ne rappelait que trop la Grande Faille, et dont les bords étaient reliés par un étroit pont naturel dont la position correspondait à celle du Piège de Nachmund.

Zones de Guerre

Vigilus s’apprêtait à subir les affres meurtrières d’une guerre totale, ses défenseurs transis d’épouvante et de confusion à mesure que la véritable nature de l’Imperium Nihilus s’imposait à eux. Les premières invasions de Vigilus, planète qui se considérait comme un bastion de rationalité et d’ordre dans un univers agité de tourments, allaient révéler une vérité terrifiante. L’ordre de façade que présentait la planète se fissura facilement, ses fondations déjà ébranlées par les ambitions démesurées du Conseil Aquilarien et les prospections de l’Adeptus Mechanicus.

La présence ennemie qui s’était répandue sous la surface de la planète avait atteint des proportions endémiques et les Orks avaient saccagé les friches de la planète dans une relative impunité. Mais le fléau du Chaos, qui s’était abattu du ciel sur les flèches de ce monde, représentait une menace bien plus grave que les hordes xenos. Au bout d’un moment, même les Space Marines venus au secours de la planète ne visaient plus la victoire, mais leur propre survie. L’interconnexion des continents de Vigilus contribuait à la fragilité inhérente du système. Au lieu d’être autonome, chacune de ces immenses régions dépendait d’au moins une autre pour assurer son bon fonctionnement.

La majeure partie de la main-d’œuvre de la planète, utilisée pour repeupler les zones frappées par des séismes ou combler les rangs de régiments tels que la Garde Vigilante, était originaire de la Ruche Dontoria. Le gouvernement, la stratégie et les questions de foi étaient régis par le Refuge du Saint situé à Hyperia. La région de Megaborealis assurait l’approvisionnement et la maintenance des champs de force de classe Bastion qui, en théorie du moins, assuraient la sécurité des autres continents.

Le Storvhal, parsemé de générateurs géothermiques, constituait le principal fournisseur d’énergie de la planète. Le Mortwald, quant à lui, cultivait et exportait le gros de la nourriture de la planète, tandis que le Fléau de Kaelac et la Ruche Oteck fournissaient la majorité de l’eau. Même la lune Neo-vellum jouait un rôle crucial en coordonnant le flux d’informations transmis par la planète au reste de l’Imperium. Seule la Ruche Dirkden restait en marge de ces contributions, ce qui expliquait peut-être son manque de développement, sa petite taille et sa pauvreté en comparaisons des autres métropoles de ce monde.

Tant que les lignes de ravitaillement subsistaient - réseaux de canalisations sillonnant les étendues sauvages, convois de marchandises ou escadrons de navettes et de vaisseaux à rotors - les besoins des continents étaient comblés. Mais aussitôt qu’un ennemi isolait, perturbait ou capturait ces voies, l’infrastructure planétaire sur laquelle reposait l’efficacité des capacités défensives était rapidement et lourdement impactée.

À de nombreux égards, la situation sur Vigilus reflétait la catastrophe qui se propageait à travers tout l’Imperium. Plongés dans les ténèbres, privés d’approvisionnement, de communications et de la lumière de la foi fournie par l’Astronomican, les mondes de l’Imperium Nihilus succombaient les uns après les autres. Après avoir juré que Vigilus serait épargné, Roboute Guilliman avait dépêché son loyal Maître de Chapitre, le seigneur Marneus Augustus Calgar des Ultramarines, en lui intimant de mobiliser tous les moyens en son pouvoir pour honorer

Les Ruches de la Trinité

À l’aube de la guerre, le Ministorum régnait de facto sur une trinité de ruches colossales: Sanctifi-Ultima, la Flèche Magentine et le Bûcher du Martyr. Depuis ces places fortes, les agents du Ministorum et de l’Adepta Sororitas menaient des excursions pour châtier tous ceux dont la foi leur paraissait vaciller, et instiller courage et inspiration à ceux qui demeuraient fidèles. Une légion de Croisés et de l’A depta Sororitas, sous la responsabilité de la Chanoinesse Supérieure, Tempérance Biaise et basée à l’abbaye Septimus de l’Ordre de Notre Dame des Martyrs, maintenait la population sous un joug vigoureux, débusquait les traîtres et les hérétiques, et empêchait les éléments indésirables de perturber leurs supérieurs dans le Refuge du Saint.

À la tête de l’Ecclésiarchie se trouvait le Pontifex Slyne Galuck, un homme si obèse qu’il fallait le transporter sur des brancards aéroportés. Il prétendait que Vigilus devait sa sécurité aux inlassables prières du Ministorum et que tant que les ruches de la Trinité demeureraient intactes, la planète subsisterait. Le Ministorum contrôlait l’eau bue par les habitants de la Ruche Hyperia, l’aqua sanctus, qui subissait des traitements chimiques et était bénie par les saintes écritures. Leur monopole sur cette ressource précieuse ne fit que renforcer leur pouvoir. En outre, tout membre de la dynastie Agamemnus qui s’opposait au Ministorum voyait sa fortune fondre comme neige au soleil.

Ruche Hyperia

Au début de l’invasion xenos, Hyperia constituait la capitale de la planète Vigilus, et abritait le palais du Gouvernement Planétaire ainsi que le bastion du Ministorum qui l’entourait. Les places fortes de la dynastie Agamemnus et du Ministorum formaient la cité-État du Refuge du Saint, cerné de hauts remparts, hérissé de canons et entouré d’un vaste gouffre aux allures de douves, connu sous le nom d’Anneau du Néant Il avait la réputation d’être sans fond, même si certains, campés sur les ponts qui l’enjambaient à ses huit points cardinaux, prétendaient avoir vu des lumières dans les ténèbres en contrebas. Au fil du temps, la présence du Ministorum à Hyperia passa d’un petit groupe de conseillers et de chapelains à une force militaire de grande importance contrôlant la région. Beaucoup considéraient le Ministorum comme l’éminence grise de l’Empereur, et personne ne pouvait contester ses décisions : il agissait en vertu de Sa volonté, et Son autorité était suprême.

À l’ouest de cette cité dans la cité s’étendaient les Enclaves Industrielles, un labyrinthe de manufactorums d’où provenait une grande partie du matériel militaire de la planète. Le Quartier de la Négation, lui aussi à l’ouest, était autrefois une zone gothique bien entretenue, qui servait de terrain neutre aux factions du continent lorsqu’elles débattaient du destin de la planète. Mais au moment où la Grande Faille scinda leurs cieux, elle avait dégénéré en taudis peuplé de nomades et de réfugiés religieux. Au nord s’étiraient les Mines Jumelles, exploitées pour leurs filons d’améthyste depuis leur apparition après le Grand Tremblement de Terre Hyperien de 882.292 previo. À proximité se dressait Sanctifi-Ultima, une immense ruche couronnée d’une spirale et cernée d’énormes anneaux concentriques de manufactorums d’amaranthec. Ces distilleries de tord-boyaux crachaient des fumées toxiques, appelées Voiles Magentins, par-delà même les frontières septentrionales du continent. Ses habitants avaient la réputation d’être condamnés à une vie courte et sordide.

Le quartier du macro-chantier au nord-est du Refuge du Saint remettait en état les vaisseaux spatiaux et en tirait profit sur le marché noir. La Gouverneure Agamemnus assigna des troupes à sa défense et il fut placé sous la surveillance draconienne du Proctor Venedar de la Garde Vigilante de l’Astra Militarum. Venedar tint la position contre les incursions orks lancées depuis la Décharj’du Cyklone, malgré des raids incessants de Deathskulls et les assauts menés par le Boss de Guerre Stormboss Kassekrâne. Malheureusement, même si le macro-chantier demeura inviolé, il dépendait du Bastion Nexus de la Porte Est pour transporter les munitions, et ce site avait été envahi par les Orks du Kommandeur Grokker. Sur fond d’allégations prétendant que cette catastrophe était la conséquence d’une querelle entre Venedar et le Seigneur Commissaire Asdan, les Tempestus Scions du 23e Régiment des Centaures Bétics et du 12e Régiment des Aigles de Kappic lancèrent des contre-attaques pour reconquérir le centre.

Le sud-est de la ruche, y compris la ruche du Bûcher du Martyr, la sous-expansion d’Hubridon et les Plateaux Triadins, résistèrent aux Orks tout au long de la guerre. En maintenant la macro-autoroute de Gollick ouverte et en permettant aux véhicules de l’Astra Militarum et de l’Adepta Sororitas de se redéployer, les principales invasions orks furent repoussées et les ennemis forcés de se retirer. Pendant ce temps, les kill teams de l’Adepta Sororitas dirigées par Tempérance Biaise tuèrent dans l’œuf tout soulèvement des insurgés xenos.

La pointe sud d’Hyperia, connue sous le nom de Cap des Causes Perdues, devint le bastion des envahisseurs qui infestèrent la cité via le Rempart séparant Dirkden d’Hyperia. Alors que les Brazen Claws pratiquaient une politique de terre brûlée et livraient une guerre incendiaire dans le reste du Cap, sa pointe était encore aux mains des ennemis lors de l’arrivée des Ultramarines et de la querelle avec les Aeldaris qui joua un rôle déterminant dans le conflit au Refuge du Saint.

Megaborealis

Le continent de Megaborealis fut cédé à l’Adeptus Mechanicus en application d’un traité séculaire, et jusqu’à l’aube de la guerre, l’organisation exploita ses ressources jusqu’à la limite de l’épuisement. L’activité des Technoprêtres s’avéra une couverture parfaite pour les activités séditieuses qui se déroulaient sous terre. Avant même le début de la guerre, Megaborealis était l’un des continents les plus dangereux de Vigilus. Cette particularité était en partie due à son instabilité tectonique et à la kyrielle de chaînes montagneuses volcaniques qui le jalonnaient. Mais ce fut l’empreinte du Dieu-Machine qui la corrompit à jamais.

Plus d’un millénaire avant le début de la Guerre des Bêtes, les Magos de Stygies VIII conclurent un pacte avec le Gouverneur Planétaire de Vigilus, Donsor Agamemnus, qui leur conféra la propriété exclusive de Megaborealis. En retour, les Technoprêtres s'engageaient à consacrer la puissance de l’Adeptus Mechanicus et de ses Maisons de Chevaliers à la défense de la planète. Cet accord, baptisé le Pacte de Feu et d’Acier, fut ratifié avec diligence. L’Adeptus Mechanicus commença aussitôt ses travaux.

Si les ruches de forage semblaient gigantesques vues d’en haut, elles s’étiraient à l’infini sous la terre. Là où leurs machines d’excavation et autres macro-foreuses creusaient inlassablement, des galeries, des mines, des habs souterraines et des manufactorums se multipliaient telles des racines. Ces prospections firent remonter quantité de minerais, de pierres précieuses et de carburants bruts qui contribuèrent à l’entretien des ruches de forage et aux efforts de guerre des nombreuses armées de Vigilus.

Dans les profondeurs, sous les points de forage sacrés et les puisards de l’Abysse du Dragueur et l’Étendue de l’Onguent, s’étiraient les Strates Noires. Dans ces mines, des Serviteurs neuro-conditionnés trimaient pour extraire les veines de pierre noire lézardant la croûte de Vigilus sous la surveillance des mystérieux Magos. Recueillie dans des reliquaires de transports sanctifiés, la matière était stockée dans les tréfonds de chaque morne-ruche, les Technoprêtres ne reculant devant rien pour s’assurer leur mainmise sur cette précieuse substance.

Sous terre, des milliards d’ouvriers vivaient et mouraient au service du Dieu-Machine. D’innombrables clans miniers subsistaient dans les cités souterraines sans connaître la chaleur de la lumière hormis celle des lanternes pétrochimiques, avec pour unique avenir une éternité de labeur au milieu des tunnels et des puisards. C’est parmi ces clans qu’une ramification de la Secte Génovore du Culte des Princes des Pauvres prit racine, semant la corruption sous couvert d’espoir.

Loin au-dessous de la Ruche Ankhar Tertius, l’infection prit racine lorsqu’un Génovore s’échappa d’un astéroïde capturé. Le quartier souterrain délabré de la Caverne du Piston abritait un cathedrum de couvain corrompu où nichait fréquemment le Patriarche Genestealer, le Grand Sire Verm. Ce dernier était terrifiant, même aux yeux des cultistes qui le vénéraient. Cependant, il était l’araignée au centre de la toile et des millions d’individus étaient soumis à sa volonté. Sous l’influence de ce despote xenos. une grande partie de la milice minière d’Ankhar Tertius tomba sous l’emprise du culte. Une vingtaine de clans basés autour du bastion rebelle de Tecton les imitèrent, cachant leur corruption à leurs maîtres Technoprêtres sous un travail assidu et un rendement en constante augmentation.

Cette géné-secte était loin d’être la seule à rôder sous la croûte de Vigilus. Seul le Grand Sire Verm connaissait l’ampleur dans laquelle sa progéniture s’était propagée à l’insu de tous, à travers l’infrastructure des ruches de forage et au-delà. Pendant de longues années, elle se constitua des stocks de munitions et de matériel, suborna des personnes influentes, pirata des codes secrets et échafauda des plans ambitieux pour le grand jour de son soulèvement. Cette diligence lui conféra un avantage crucial lors des toutes premières étapes de la guerre.

Les Mornes-Ruches

À l’origine, les mornes-ruches servaient d’engins de forage. Longues de plusieurs kilomètres, elles étaient si gigantesques qu’il fallut les transporter jusqu’à Vigilus à bord de barges spatiales spécialement dédiées. Au prix de manœuvres périlleuses en orbite basse, elles furent lancées dans la croûte de Megaborealis tels d’énormes harpons, chacune mordant dans la roche mère avant de s’ancrer au cœur de l’écorce planétaire de Vigilus. Le soulèvement tectonique qu’engendra cette entreprise monumentale fut si intense que le paysage de la planète fut irrémédiablement altéré. Des éruptions volcaniques virent la terre se convulser pendant plusieurs années. Des tremblements de terre d’une violence inouïe ouvrirent des gouffres qui auraient pu engloutir des cités entières, tandis qu’un voile de scories et de fumées s’élevait au-dessus du continent et éclipsait les deux. Cette destruction fut jugée nécessaire, car sous la surface gisaient des ressources que les Xenarites de Stygies VIII convoitaient ardemment.

Au lendemain de cet événement, baptisé le Jour de la Griffe de l’Omnimessie, les machines de forage furent transformées en mornes-ruches tentaculaires. Des milliers de niveaux et de quartiers s’élevèrent au-dessus du sol, abritant des laboratoires, des fonderies, des sanctuaires, des bibliothèques de données, des Manufactorums, des chapelles de dissection de biologis, des Generatorums, des batteries d’armes, des réseaux de Cogitators et une pléthore d’autres lieux mystérieux. Les mornes-ruches se dressaient si haut que leur sommet perçait l’atmosphère, côtoyant des docks spatiaux où étaient ancrés des barges de minerais et des Vaisseaux-Usines monumentaux.

Le Mortwald

« Evadez-vous au Mortwald sur la Planète Vigilus, et entrez au paradis! Pilotez votre propre aéronef à travers des hectares de forêts de cactus verdoyantes avant d’atterir dans les docks de la nouvelle vitae. Puis, une fois arrivé À l’un de nos célèbres biodômes, laissez la musique des sphères vous bercer, à votre réveil, vous aurez l’impression d’avoir un corps neuf. Venez trouver un Nouveau Souffle .»
- Prospectus promotionnel découvert dans l’épave de la navette Echo de Grandeur.

Le Mortwald était le principal fournisseur de denrées alimentaires de la planète Vigilus, doublé d’un centre de rajeunissement. Mais s’il promouvait la vie, ses canons promettaient la mort à tout intrus. La majorité des terres du Mortwald étaient consacrées à la culture de l’hyperflore: d’immenses étendues de cactus et autres succulentes qui formaient des forêts génératrices d’oxygène. Ces dernières étaient produites à une échelle industrielle pour contrer les énormes quantités de sous-produits gazeux que l’industrie de Vigilus rejetait dans l’atmosphère.

Et en effet, dans un premier temps, les Forêts de Cactus Orientales, les Coteaux Intemporels, les Bois Viridiens et la Souche d’Émeraude procurèrent assez d’air propre pour permettre à sa population sans cesse croissante de survivre. Mais les vertus purificatrices des forêts du Mortwald furent dépassées par la pollution endémique générée par les ruches. Non seulement les autres métropoles s’agrandirent, mais le tiers septentrional du Mortwald était occupé par un paysage urbain tentaculaire semblable à celui de ses voisins.

Les habitants du Motwarld les plus aisés et influents vivaient dans des enclaves loin de la capitale septentrionale de la Ruche Stellaire Djodrolev et de sa petite sœur, la Ruche Electros, tout aussi surpeuplée. Domaine des riches et des indolents, ces enclaves étaient composées de biodômes spécialement conçus: des oasis de sainteté verdoyantes, regorgeant de magnifiques cascades, de lacs étincelants et de sculptures d’aristocrates passés et présents. Elles étaient considérées comme des paradis, et à juste titre.

Ces dômes semblaient très différents vus de l’extérieur, hérissés de créneaux de batteries antiaériennes et de postes de sentinelle occupés en permanence. On ne ménageait aucun effort pour en assurer la sécurité, car ces complexes étaient gouvernés par le Grand Castellan Deinos Agamemnus, frère de la Gouverneure Lucienne, qui s’était habitué à une vie de luxe absolu. Féru d’histoire impériale, il collectionnait des armes Archéotechnologique comme s’il s’agissait de simples bibelots et discourait pendant des heures sur ce sujet dès qu’il en avait l’occasion. Sa collection personnelle aurait compté pas moins de six missiles Deathstrike.

Deinos Agamemnus étant soupçonné de travailler pour le compte de l’Adeptus Mechanicus, le périmètre du Mortwald était non seulement protégé par des Champs de Force, mais aussi par un réseau de lignes, de tranchées et de bastions Aegis. Le Réseau de Tranchées Deinos aux confins nord-est du continent en était le parfait exemple : un dédale de murs de soutènement surélevés et superposés, d’emplacements d’armes et de routes en Rocbéton bordées de tours de garde hautes de centaines de mètres. Au fil du temps, ce réseau fut étendu afin de couvrir la majeure partie de la frontière orientale du Mortwald, rejoignant ainsi la Ligne Tzeller au sud pour protéger les atouts plus précieux de la région : les Docks de la Nouvelle Vitae, théâtre du ballet des riches visiteurs ; le Dôme Paradisiaque, où étaient pratiqués les soins les plus haut de gamme ; et le Port Rejuvenus où la petite noblesse se voyait délestée de quelques années par le biais de soins plus abordables. À condition d’y être autorisés par Deinos en personne, ceux dont les corps étaient trop endommagés pouvaient se rendre aux Plastofabriques Biosantiques, où les Magos Biologis et les Anatomagisters d’élite du complexe pratiquaient des méthodes de rajeunissement extrêmes, comme la suture de vieilles têtes sur de jeunes corps.

L’Élite Intemporelle[1]

L’aristocratie gouvernante du Mortwald devait une large partie de sa richesse phénoménale aux cliniques de rajeunissement et aux adeptes, célèbres à travers tout le système, qui y exerçaient leurs talents. Les procédures de ralentissement biologique et les opérations de renouvellement cellulaire qui s’y déroulaient étaient si avancées que les "pèlerinages de l’immortalité" étaient alors chose courante.

Les habitants privilégiés des mondes sous la lumière d’Astravigila n’hésitaient pas à entreprendre un voyage long de plusieurs années pour se rendre sur Vigilus et en revenir en paraissant rajeunis de plusieurs décennies, voire de plusieurs siècles. Certaines cliniques affirmaient même pouvoir raviver l’âme au même titre que le corps et ce faisant, honoraient la tradition séculaire établie par le Maître de l’Humanité en personne. Elles prétendaient jouir de la bénédiction de l’Empereur, une faveur miraculeuse dont la preuve se manifestait dans la tranquillité des biodômes. Cette sérénité pouvait investir l’âme du visiteur, à condition qu’il y mette le prix, bien sûr. L’apparition de la Grande Faille mit rapidement fin à la sécurité des voyages spatiaux, provoquant la ruine de cette industrie naguère lucrative.

Ruche Oteck

Source d’eau pour des milliards de citoyens de Vigilus, la Ruche Oteck était surtout connue pour ses cinq réservoirs, lesquels allaient se révéler âprement disputés pendant la guerre. Le soulèvement d’une Secte Génovore et l’attaque de cinq cités orks à proximité virent Oteck assaillie de l’extérieur comme de l’intérieur. À l’instar des autres ruches de Vigilus, Oteck était constituée de blocs d’habitation qui ne s’élevaient que sur quelques dizaines d’étages, mais s’étendaient sur des distances phénoménales. Limiter la hauteur des bâtiments permettait d’éviter que les inévitables effondrements dus aux opérations minières de Megaborealis frappent le continent. Malgré une présence militaire significative, les immenses macro­ quartiers étaient gérés par l’Adeptus Arbites, qui exerçait une surveillance drastique sur les classes ouvrières.

L’approvisionnement en eau était régulé par le biais des Abîmes, cinq énormes réservoirs qui ressemblaient plus à des mers intérieures qu’à des bassins de rétention. Chargés de récolter l’eau dans les tréfonds de la planète via un système complexe de pompes, de berges capillaires et de canalisations, ils étaient complétés par des apports réguliers en provenance de sites de précipitation semblables à des îlots tels que Tzardonica, l’île de Luthvren et la Chaîne de Lenkotz.

Des réseaux de macro-conduites acheminaient l’eau d’Oteck jusqu’aux confins du continent, et même au-delà. En outre, ils récupéraient les eaux usées, les rejets industriels et les biomasses régénérés pour les recycler en fluides potables. Une grande partie de l’eau pure qu’Oteck fournissait à ses clients les plus fortunés était acheminée via des convois armés. Aussi, il n’était pas rare de voir les Hellhounds et les Devil Dog de l’Astra Militarum transporter deux cuves d’eau pure dans leur soute en plus de leurs réserves de carburant. En plus d’assurer la bonne livraison de la cargaison, cela évitait à l’équipage du convoi blindé de mourir de déshydratation au cours du long voyage qui les menait d’un continent à l’autre.

Les cinq réservoirs d’Oteck étaient connus sous le nom d’Abîmes Greigan, Mysandrcn, Trevig, Ostaveer et Agamemnus. Ce dernier qui tire son nom de la dynastie du Gouverneur Planétaire, servait de source d’eau de secours au cas où les réserves d’Hyperia viendraient à être corrompues. Les Abîmes étaient reliés par les Quartiers Processor Aquadine III et supervisés par la Ruche Dagda au sud. Dagda entretenait une rivalité acharnée avec la Ruche Pneumos, qui générait l’énorme pression nécessaire pour conduire l’eau de l’autre côté de la planète. Au sud-ouest des Abîmes s’étirait la Ceinture de Ruche Ellerophosus, un agrégat de Ruches considérées comme une unique agglomération. À l’extrême sud se trouvait Solor, la Ruche Sentinelle, qui surveillait les baraquements et les terrains en friche les plus proches de l’étendue sauvage et glaciale du Fléau de Kaelac. La Ruche Zontanus et les Quartiers de Sumphall furent aussi victimes de l’expansion d’Oteck, qui s’étendait jusqu’au Fleuve Siltid au nord.

Les sites les plus convoités d’Oteck étaient sans doute les Ruches de Données de Turingsbane, dont les fondations précédaient la colonisation impériale de la planète. Des données étaient prétendument enfouies dans ces profondeurs, un trésor si vaste et si précieux qu’il ferait pleurer un Magos. La Dynastie Agamemnus savait combien l’Adeptus Mechanicus convoitait les données séculaires contenues dans les catacombes de Turingsbane, et la Gouverneure Planétaire se servit de l’accès à ces chambres fortes pour négocier avec ses rivaux de l’Adeptus Mechanicus au Conseil des Rouages. Une partie du Pacte de Feu et d’Acier stipulait que les prêtres de Megaborealis ne pourraient jamais pénétrer dans les archives sans être accompagnés, mais des éléments semblent indiquer que les Magos trouvèrent un moyen de les consulter sans permission.

Chers camarades Seigneurs de Ruche, Notre planète bien-aimée est assaillie par de si nombreux vecteurs que j’ose à peine en dresser la liste. L’insidieuse intrusion d’étrangers sur nos terres, qu’il s’agisse de réfugiés de planètes incapables de se défendre ou de personnel militaire enrôlé pour mourir en notre nom, a été éclipsée par des menaces encore plus graves et exécrables. La plus évidente et la plus ignoble est celle des Orks. Nous ne saurions les craindre, car en dépit de leurs attaques répétées à la lisière de nos domaines, nous demeurons à l’abri dans nos flèches.

De même, ces rumeurs de bêtes arachnoïdes grouillant dans les égouts et les sous-sols ne doivent pas nous inquiéter. Je reste persuadé qu’en cas de nécessité, nous devrions abandonner la plèbe et regrouper le matériel militaire sur lequel nous pouvons compter. Avec un accès illimité à l’approvisionnement en eau de la planète, nous sommes assurés de continuer à vivre dans les conditions auxquelles nous sommes habitués.

Je suis sûr que nous devrons supporter les jérémiades des autres ruches jusqu’à l’inévitable conclusion victorieuse de cette guerre, mais je suis tout aussi certain que nous nous en montrerons capables, et peut- être même saurons-nous en tirer profit si nous distribuons l’eau de manière à ce que nos rivaux se retrouvent pris à la gorge.

Votre éternel serviteur Seigneur Aquarius Danst T. Malaghust
Parchemin en provenance des hauteurs de la Ruche Dagda, découvert dans la bouche du cadavre de son auteur

Le Fléau de Kaelac

« La nature précise des Contrées Quixotines au nord du Fléau de Kaelac demeure déconcertante, de même que l’ampleur des ressources déployées pour surveiller ces terres apparemment monotones et la grande quantité de champs de force de classe Bastion qui les défendent. Toutes mes tentatives pour les répertorier ou les analyser ont été rejetées, égarées ou sabotées. Aussi dois-je en conclure qu’elles doivent être d’une grande valeur pour quelqu’un de haut placé au Fléau de Kaelac, voire à Megaborealis. »
- Extrait du journal du Meta-Géologue Xanthran Tarendos

Le Fléau de Kaelac était une vaste étendue glacée, constituée de permafrost, d’icebergs et de glaciers. Elle n’abritait que des mineurs, des créatures arctiques, et des secrets enfouis aux tréfonds de la neige. Le Fléau de Kaelac constituait l’une des dernières réserves d’eau naturelle de Vigilus, mais lorsque la Grande Faille s’ouvrit, elle s’était fortement réduite, et le Périmètre de Toundra qui marquait sa frontière reculait chaque année. Le Fléau de Kaelac présentait peu d’intérêt en tant que colonie, comme en atteste le témoignage du pionnier Vigilant Jonst Kaelac. C’était cependant une source précieuse d’eau pure appelée aqua glacius, et les glaciers du continent furent exploités par des clades de l’Adeptus Mechanicus optimisés pour supporter des températures extrêmes.

Les opérations minières de grande ampleur menées sur le côté ensoleillé du Fléau de Kaelac mettaient en œuvre d’énormes découpeurs laser qui tranchaient des cubes parfaits dans les façades des glaciers et les bordures des cratères. Les Cratères d’impact Venstran et Heliostrike furent les plus exploités, avec les macro-carrières Glacia Betus et Glacia Omicroïd. Chaque jour, des serviteurs miniers, des ouvriers de carrière et des drones arpenteurs de glace traversaient les façades gelées de ces énormes cratères d’impact. Ce faisant, ils enfonçaient des tiges métalliques et préparaient des filets laser capables de traverser la roche. Chaque ouvrier cyborg était relié par un lien noosphérique à ses camarades, et tous opéraient en parfaite synchronisation, comme une chorégraphie réglée au millimètre à force d’inlassables répétitions. Depuis ces sites, de gigantesques blocs de glace étaient expédiés au Mortwald, à Hyperia, et à d’autres régions en mesure de se les offrir.

Mais on ne récoltait pas que de l’eau au Fléau de Kaelac: à divers endroits, le permafrost cachait des strates de minéraux et de métaux précieux. Là aussi, l’Adeptus Mechanicus s’enfonça dans les entrailles du sol. Les pâles étendues glaciales protégées par le réseau de champs de force baptisé Boucle Quixotine étant réputées pour regorger de pierres ésotériques, elles faisaient l’objet de prospections intensives. Au fil du temps, ces îlots se réduisirent à de simples paysages de crevasses glacées et meurtrières.

Ces opérations minières étaient en effet extrêmement périlleuses. En plus des défis logistiques qu’imposait le froid cinglant, les monstrueux prédateurs blancs qui sillonnaient la région rivalisaient de sournoiserie et de violence. La mante des glaces, par exemple, était aussi grosse qu’un camion. Elle s’attaquait aux ouvriers pour les dévorer dans son antre, tandis que le ver blanc avançait subrepticement, attiré par les sources de chaleur, avant de s’enfouir dans la chair des individus trop lents ou trop occupés pour l’éviter.

Des prédateurs encore plus terribles arrachaient des vies dans les tempêtes de neige. Même si aucune source impériale ne précisa jamais leur nature, les rumeurs étaient légion, et la disparition d’un grand nombre d’ouvriers entraîna une chute de la productivité qui suscita de vives inquiétudes chez les hauts responsables des clades miniers.

Une Porte vers l’Au-delà

Seuls les adeptes et dirigeants les plus haut placés de Vigilus avaient une vague idée de l’existence d’une ancienne porte Aeldari, située à l’ouest du Fléau de Kaelac et présente depuis des dizaines de millénaires. Constamment voilée par des blizzards bouillonnants d’énergies empyréennes, elle ne divulguait ses secrets qu’aux individus capables de résister à la barrière de froid glacial qui l’entourait à la manière de douves. Menant à la dimension labyrinthique, elle servait de point d’entrée aux Drukharis pour attaquer le Fléau de Kaelac, Oteck et Dirkden à la faveur de raids éclair et meurtriers.

Lorsque la Deathwatch fit une incursion à travers le Permafrost des Terres du Dénuement, elle déclara Quarantine Cryofernus une région de près de trois mille kilomètres carrés, centrée sur la structure voûtée du portail xenos. Nulle présence impériale ne s’aventurait à l’intérieur de ce cordon, à l’exception des Space Marines qui ne rapportaient leurs découvertes à quiconque, hormis aux Maîtres de Chapitre du Sénat de Vigilus. Mais personne, pas même la Deathwatch, ne se doutait qu’une race d’ennemis totalement différente émergerait de cette porte au cours de l’année.

Cités-Casses

Les colonies et les décharges orks qui s’implantèrent sur les étendues sauvages de la planète étaient connues sous le nom de Cités-Casses. De ces dernières déferlèrent des vagues de xenos barbares et un défilé incessant de machines de guerre. En l’an 1192 post, un vaste agrégat de vaisseaux orks, chacun pourvu de réacteurs particulièrement massifs et puissants, éventra le cordon impérial déployé à la hâte pour tenter de les retenir et fonça droit vers la surface de Vigilus. La plupart de ces appareils ne visaient pas les métropoles des étendues ruchières, mais les régions en friche qui les séparaient, lesquelles feraient office de postes avancés pour l’invasion à venir.

Le Bossspeed Krooldakka et ses Boss de guerre eurent la lucidité de se rendre compte qu’assaillir ouvertement les cités les exposerait à des tirs de laser et de défense antiaérienne, et que même s’ils parvenaient à atterrir parmi les flèches vertigineuses, les arches et les statues, ils seraient certainement cernés et taillés en pièces avant d’avoir pu rassembler une force d’invasion digne de ce nom. Une partie des Boss de guerre orks en conclurent qu’envahir les friches leur procurait une meilleure chance de victoire. D’autres y virent l’occasion de sillonner leur nouveau foyer à bord de leurs véhicules préférés avant d’être à nouveau enfermés: après des années de confinement dans un vaisseau spatial, les vents cinglants et les vastes étendues du désert présentaient un attrait irrésistible.

Après s’être révélée incapable de traverser les réseaux de champs de force, la première vague d’envahisseurs dressa des campements de fortune autour des épaves de ses vaisseaux. Ils s’affairèrent à conquérir les terres autour d’eux, attaquant des convois impériaux partout où ils tentaient de traverser les friches. Comme ces assauts gagnaient en puissance, la flottille de véhicules orks gagna le nom de SpeedWaaagh! La majeure partie de l’armada d’origine s’abattit sur une unique région de la Désolation de Vigilus, au nord de la Ruche Oteck. Cette zone fut baptisée Agglomération Orientale des Cités-Casses. Centrés autour de vaisseaux mères, ces groupes de véhicules orks formaient quatre Cité-Casses, dont la plus vaste était le bastion de Krooldakka, Fort Dakka. Les trois autres étaient sous la coupe de chefs orks dont la rivalité mutuelle vit leurs bases s’épanouir. Elles devinrent la plaque tournante d’une économie primitive, mais profitable, de ferraille, de carburant et de pièces de moteur.

La Flaque de Tanka était située à l’ouest. Caractérisée par d’immenses nappes de fluides pétrochimiques qui se répandaient depuis des transports de carburant et des navires de fret, cette cité était régie par le Gros Mek, Gro'Servoir. Au nord s’étendait la Ruche de l’Avorton, une décharge d’épaves infestée de Squigs et de marchands de ferraille Grots dirigée par le célèbre Boss de Guerre Ogrokk Bitespider. Au sud se situait le Cratère de Drogzot, où le Boss Collecteur Deathskull Drogzot et ses clients Bad Moons s’échinaient à emplir l’immense cavité de matériaux de récupération. Situé à l’extrémité orientale, Fort Dakka était une vaste métropole de ferraille hérissée de canons et de toutes les pièces d’artillerie sur lesquelles Krooldakka et ses Mékanos avaient pu mettre leurs mains souillées de cambouis.

Dans les Désolations Aquaphobiennes s’étirait la base Goff de Krass’bourg, une masse de structures desséchées. Au nord du Storvhal se trouvait EuF Moyeu d’Roue, qui proposait ses services d’amélioration aux Fondus d’la Vitesse assez patients pour s’y arrêter. À proximité s’étendait le Labymek de Rakkuk, dans lequel bien des pilotes en herbe conduisirent leurs véhicules pour en sortir bouche bée et dépouillés de tout hormis d’une colonne de direction et d’une petite bourse emplie de dents. À l’extrême sud de la Ruche Oteck se trouvait Mekstopville, le site de customisation le plus réputé. Ses champs de construction gargantuesques abritaient le légendaire Drokk et les Riv’teurs. À l’est d’Hyperia agonisait la Décharj’ du Cyklone, une colonie laissée à l’abandon lorsque la tempête du Tourbillon Vhulien se développa et ravagea ses bâtiments et bicoques rouillés.

De Vaisseaux en Forteresses

Le mode opératoire de l’invasion ork était d’une grande simplicité ; la majeure partie de leurs vaisseaux fonçaient à travers la stratosphère et ralentissaient lors des derniers kilomètres pour ajuster leur position et éviter de s’écraser sur les dunes des friches : une tactique pour le moins hasardeuse, mais qui fonctionnait.

Certains appareils volaient en éclats dans des spirales de feu, tournoyant sur eux-mêmes et projetant des débris de métal en tous sens. Les ondes de choc provoquées par ces crashs se propageaient dans les déserts, frappaient les stations de surveillance isolées et martelaient les pipelines. D’énormes nuages de poussière se soulevaient jusque dans les deux telles des explosions atomiques et embrumaient l’air des jours durant. Les survivants étaient assez nombreux pour ignorer ces pertes et recycler la quasi-totalité de la ferraille procurée par leurs camarades infortunés en immenses forteresses délabrées.

Certains vaisseaux, protégés par de puissants boucliers énergétiques, parvinrent à atterrir en plus ou moins bon état. Leurs générateurs de champs de force, également intacts, projetaient une sorte de dôme étanche appelé champ- bulle. Adaptés pour protéger les forteresses de ferraille, ils demeurèrent fonctionnels tout au long de la Guerre des Bêtes, repoussant un grand nombre des assauts que l’Imperium lança contre eux. À l’instar des fortifications qu’ils abritaient, ces boucliers attestaient du génie étrange et inné des Mekaniaks orks qui les construisaient.

Neo-Vellum

Unique lune de Vigilus, Neo-Vellum était un orbe de roche blanche et de cyclones de gaz vert. C’était un bastion de l’Administratum, la branche de l’Imperium chargée de coordonner, d’analyser, d’évaluer et de transmettre les informations. Centre de données névralgique pour le Système Vigilus, Neo-Vellum se voulait indépendant des diverses factions de la planète, dont les objectifs et les partis pris pourraient les mener à restreindre ou à manipuler les communications en provenance du reste de l’Imperium afin de servir leurs propres desseins.

Parmi les marais acides et les tempêtes de gaz émeraude de la lune, des scriptoriums étanches crachaient des analyses logistiques avec lenteur mais régularité. Chacun constituait un centre de transmissions et un poste de renseignements, dont les légions de scribes courbés sur leurs transcripteurs automatiques et de lexicographes enchaînés à leurs bureaux n’étaient autorisées à se reposer que quelques heures par cycle sous leurs stations de travail avant de se remettre à la tâche. Ces troglodytes aux doigts tachés traitaient quotidiennement des centaines de tablettes de données, de rouleaux de parchemin et de cylindres de données. Seule une infime partie de ces derniers atteignaient leurs destinataires, mais cela n’avait guère d’importance pour les hauts responsables: tant que l’encre coulait, ils se fichaient du reste.

Le protocole normal visant à transmettre les parchemins produits par les scriptoriums de Neo-Vellum consistait à les enfermer dans des cylindres en métal dotés de parachutes gravitationnels avant de les expédier par chute hyper-pneumatique. Chaque tube suivait un trajet élaboré par la machine aux rouages complexes nommée le Saint de Données, une merveille de technologie séculaire qui calculait la trajectoire de la missive en fonction de la rotation et des orbites de la lune et de la planète afin d’atteindre sa cible dans les délais le plus rapides.

Malgré ses calculs fastidieux, le Saint de Données était si archaïque que ses systèmes étaient érodés par des millénaires d’entropie. Un grand nombre de messages déviaient ainsi de leur cap et n’atteignaient jamais leurs destinataires. Pire, il arrivait que les parachutes gravitationnels ne se déploient pas. Plus d’un accident de missives psychiques devint plus eut lieu à cause d’un tube tombé du ciel à grande vitesse. L’un des cas les plus célèbres est celui d’un message qui suivit sa trajectoire avec une telle précision et une telle rapidité qu’il tua son destinataire sur le coup. Le cylindre fut également détruit, et toute trace de son existence effacée par l’Administratum, mais la légende subsiste.

Neo-Vellum disposait également d’une présence astropathique bien entretenue au cas où un message de haute priorité nécessiterait une communion psychique. Baptisée le Chœur Lunaire, elle comptait des Astropathes chevronnés qui cumulaient plusieurs siècles d’expérience. Avant la Grande Faille, ils étaient réputés capables de projeter des visions d’une clarté saisissante à travers les étoiles.

Après l’ouverture de la Cicatrix Maledictum, l’émission et la réception périlleuse. Les agents du Choralium, le bâtiment en forme de tore depuis lequel les psykers les plus talentueux envoyaient leurs messages dans le vide, subirent une série de syncopes, d’attaques et de crises de démence au cours des mois qui suivirent l’apparition de la faille. Pire encore, le complexe fut le théâtre d’effroyables manifestations de phénomènes surnaturels. Suite à ces événements, le Choralium fut pratiquement fermé et les communiqués astropathiques réservés aux cas de nécessité absolue, les psykers conscients du danger d’ouvrir leurs esprits au warp en des temps si troublés.

Une Fraternité Infiltrée

Neo-Vellum fut épargnée par l’invasion Ork, soit parce que les envahisseurs cherchaient des proies plus riches sur la planète, soit parce que la lune se trouvait simplement de l’autre côté de la planète au moment où la Waaagh! Ork s’abattit. Mais elle n’eut pas la même chance avec tous les xenos. Caché parmi les piles de données et les niches de grimoires des bâtiments de l’Administratum, un culte prospérait, et dans les combles des blocs d’habitation monacaux, d’étranges créatures se glissaient hors de la pénombre pour tailler en pièces ceux qui s’aventuraient dans leur antre.

Le Culte des Princes des Pauvres se fixa comme priorité d’infester Neo-Vellum peu après s’être établi sur Megaborealis. Accompagné de deux Génovore Pure-Souche, Ensrod Ghaul, Primus du couvain chargé de conquérir la lune scriptorum, se faufila dans le compartiment des condensateurs de l’électro-transport Zealous Blurt avant son départ de Neo-Vellum pour une mission de ravitaillement. Au moyen de falsification, de corruption et de détermination meurtrière, il parvint à faire entrer clandestinement un conteneur dans le quartier Scriptorum Primus de Neo-Vellum et l’autre dans la Citadelle d’Afretempête. En conséquence, deux géné-sectes se propagèrent dans les rangs des ouvriers opprimés de Neo-Vellum. Après la fuite in extremis de l’esclave scribe Ghorrod suite à un assaut xenos et l’envoi d’un message anonyme à l’Inquisition, les Pure-Souche Génovores furent traques et immolés lors d’une expédition de l’Ordo Xenos, mais leur sinistre héritage subsista.

Les Désolations

« Les espèces issues des Désolations s’attaquent aux êtres impurs. Elles sentent l’orgueil qui les habite et dont sont exempts les frères de la foi. Nous autres Princes des Pauvres pouvons traverser les terriers les plus affamés en toute sécurité, car les créatures de ces contrées nous portent le respect que nous méritons. Quel meilleur moyen pour le Grand Vigilus de nous montrer que nous sommes les véritables héritiers de sa majesté ?»
- Insiardin Gohar, Magus du Premier Couvain

Les Désolations de Vigilus s’étiraient à l’infini, en un désert ponctué d’étendues ruchières qui empiétaient lentement sur ces terres. Arides et poussiéreuses, creusées de ravines et de gouffres, elles étaient uniquement peuplées des créatures les plus endurantes. Les Désolations de Vigilus étaient l’antithèse de la vie : elles étaient vides de tout hormis des restes des sots qui avaient tenté de les conquérir. Le paysage était presque entièrement vierge de verdure, car la nappe phréatique était si basse que le sol était stérile et poudreux, incapable de produire quoi que ce soit à l’exception de la végétation la plus résistante. Rien ne se présentait sous forme liquide, excepté les quelques rivières de lave vomies par les soulèvements sismiques et les rares cuvettes de boue stagnante. Faute d’eau pour maintenir la cohésion du sol, le panorama voyait son substrat soulevé dans l’air à la faveur de chaque tempête, créant de grands cyclones de poussière qui se déchaînaient de manière incontrôlable à travers le désert.

Malgré son hostilité, la région comptait certaines zones où la vie trouvait un moyen de s’épanouir. Çà et là, les parois des cratères d’impact qui balafraient la surface de la planète se dressaient telles des falaises et recueillaient un peu d’humidité sous leurs versants ombragés, permettant à un écosystème rudimentaire de s’implanter. De la même manière qu’un récif de corail offre à la faune aquatique une chance de proliférer dans des fonds marins autrement vierges, ces cavités permettaient aux espèces les plus résistantes de s’accrocher à la vie.

Les monticules et les gouffres autour du Storvhal devinrent le foyer d’une colonie d’Ambulls ; ces monstres s’attaquaient aux groupes de voyageurs isolés, les traquant grâce à leurs sens soniques et thermiques. Ils apprirent à éviter le grondement des chenilles des serviteurs d’arme et le pas cadencé des Skitariis aux jambes de métal, jaillissant du sous-sol pour réduire en charpie des créatures plus charnues qui se révélaient généralement plus consistantes et moins dangereuses. Certains membres de l’Adeptus Mechanicus propagèrent l’idée que les Ambulls étaient une manifestation du courroux de l’univers envers ceux qui préféraient la chair au métal.

Les rats-taupes qui infestaient les confins nord-est de la planète pouvaient atteindre la taille d’un wagon en se repaissant de cafards des sables géants, seule autre espèce capable de prospérer dans les friches irradiées à l’ouest de l’Abysse du Dragueur. Vivant dans d’énormes terriers, ces taupes hideuses et dépourvues de poils s’installèrent dans les sites d’impact lézardés du Réseau du Cratère Kenser entre Dontoria et Megaborealis. Ils tendaient parfois des embuscades aux malheureux forcés de traverser les Désolations à pied (pour eux, la chair humaine était un mets délicat), même s’il est à noter qu’ils n’assaillaient pas les convois transportant des individus porteurs de l’ADN mutant des Princes des Pauvres.

Le Tourbillon Vhulien

« Il y a quelque chose là-dedans, vous pouvez me croire. Il n’y a pas de tempête sans œil, et cette tempête ne se dissipe pas, pas plus que son maudit œil ne bronche d’un pouce. Je parie qu’il y a quelque chose là-dedans, au beau milieu, qui la fiche en rogne. Mais je ne serai pas celle qui ira dedans pour percer ce mystère. »
- La Vénérable Ghara Jhaine, la veille de sa disparition.

Le Tourbillon Vhulien était sans doute la zone la plus dangereuse de Vigilus. Vaste tempête de poussière et de particules qui lacéraient et déchiquetaient la chair, elle engendrait des cyclones et des ouragans qui ravageaient constamment les Désolations. À l’est d’Hyperia sévissait une tempête de poussière si immense que vue de l’espace, elle occupait un quart de la surface de la planète. Près de son centre, sa fureur était telle que les minuscules pierres, poussières et particules sédimentaires pouvaient arracher la peau de quiconque passait à portée. Au fil du temps, elle rongeait les couches de graisse sous-cutanée, les muscles, les tendons et finalement les os, de sorte qu’il ne restait plus rien de sa victime. Les citoyens de Vigilus et les membres des Princes des Pauvres connaissaient assez bien le Tourbillon pour le craindre. Aussi l’évitaient-ils à tout prix, se gardant de franchir le Périmètre Extremis tel que défini des millénaires plus tôt par l’Astra Cartographica qui fonda la planète. Même les Orks le contournaient, car parfois, le tourbillon se déchaînait si violemment qu’il pouvait faire basculer leurs kaisses d’armes et soulever leurs Buggys dans les airs avant de les laisser se fracasser au sol lorsque sa rage s’apaisait à nouveau.

Le Tourbillon Vhulien accouchait aussi de cyclones et de tornades de moindre ampleur, qui dévastaient les Désolations en suivant des trajectoires apparemment aléatoires. Charriés par les vents brûlants qui soufflaient depuis les lignes de faille, ils étaient poussés vers l’est par les éruptions pyroclastiques du Storvhal. Ces tourmentes nomades étrillaient le côté inhabité de la planète, ce qui valut à cette partie de Vigilus d’être épargnée par la colonisation. D’étranges schémas météorologiques les amenaient parfois à virer en direction des Ruches, mais les champs de force Bastion les dissipaient avant quelles aient provoqué de graves dégâts. Ceux qui s’aventuraient hors de ces champs de force prenaient le risque de voir ces ouragans suffocants et abrasifs s’abattre sur eux. Non seulement ces tempêtes risquaient de les écorcher vifs, mais elles pouvaient également souiller un moteur ou causer la chute d’un véhicule antigrav en quelques minutes.

Il était communément admis que la face aride de Vigilus connue sous le nom de Morne Désolation ne recelait rien de valeur et que ses tempêtes étaient encore plus meurtrières que celles dévastant les déserts entre les ruches. Cependant, au cours de sa lente expansion, Megaborealis étendit sa toile industrielle dans la Morne Désolation tandis que l’Adeptus Mechanicus continuait de creuser à la recherche des trésors enfouis sous la surface. Dontoria, victime d’une terrible surpopulation, connut la même expansion, mais ceux qui vivaient sur le côté stérile étaient souvent la proie de cyclones toxiques.

Ruche Dirkden

La Ruche Dirkden, caractérisée par son paysage urbain rudimentaire, était en proie à de terribles tourments. Elle fut abandonnée par l’élite de Vigilus et son sous-sol abritait autant de parias à moitié bestiaux que sa surface d’ouvriers productifs. Il y a longtemps, Dirkden atteignit l’apogée de son développement, à la suite de quoi elle fut quasiment abandonnée par la Dynastie Agamemnus. À l’insu de tous hormis du Culte des Princes Pauvres, ce paysage désert se montra cependant prodigue: il lui fournit le schéma génétique connu sous le nom de Baiser du Genestealer.

La plus haute et la plus fière agglomération de Dirkden était la Non-Ruche Ashenid, le squelette d’une Cité-Ruche qui, bien que grouillant de vie, demeura à ciel ouvert. Sa construction ne fut jamais achevée, car ses architectes, dont le nom est à jamais perdu dans les annales de l’histoire, changèrent d’approche à mi-parcours et se mirent à aménager les réseaux de grottes naturelles qui s’étiraient au- dessous. Depuis la Pointe du Glaive au nord jusqu’aux Sous-Sols de Rescalid à l’extrémité sud, l’étendue ruchière était sillonnée de niveaux souterrains. Ils étaient tellement infestés de Sectateurs Génovores à la fin de la Guerre des Bêtes que si un recensement avait eu lieu, il aurait été plus favorable au Grand Sire Vern qu’à l’Empereur de l’Humanité.

Les Remparts de Vigilus

Dirkden était reliée aux contrées méridionales de sa ruche-mère par l’immense Rempart Hyperia-Dirkden : des doubles rangées de défenses crénelées traversées par une macro-autoroute. De même, le Mortwald était uni à son voisin par le Rempart Mortwald-Oteck, et la ligne Dontoria-Megaborealis connectait les deux continents les plus septentrionaux pour faciliter le commerce et le transit. Les plans d’origine pour ces liens entre les Ruches furent mis en œuvre par Deinos Agamemnus peu avant son quatrième rajeunissement. Agacé par le tribut que les dangers de Vigilus prélevaient sur ses entreprises et les pertes infligées à ses convois d’exportation, il sollicita le Conseil Aquilarien pour lui fournir un moyen de transit plus stable.

Les instigateurs du projet espéraient qu’en permettant aux fidèles d’Hyperia de rejoindre Dirkden par l’autoroute, la productivité de la Ruche augmenterait. Et si tout se passait bien, il était prévu d’élargir leur enceinte afin de fusionner les deux ruches en une unique étendue qui accroîtrait le pouvoir d’Hyperia. Au lieu de cela, la macro-autoroute ne fit que drainer la capitale de sa main-d’œuvre et de ses ressources, et propager le culte xenos qui sévissait dans les niveaux souterrains d’un grand nombre quartiers de Dirkden jusqu’au Cap des Causes Perdues d’Hyperia. Cependant, le Rempart tint bon tout au long de la Guerre des Bêtes, et ce malgré les assauts brutaux et répétés des Orks qui maraudaient dans les Désolations.

Ruche Dontoria

« Ils sont entasses comme des rats dans une ration d’Ogryn, là-dedans. Cette Ruche est devenue une vraie cocotte-minute. Ça tue et ça se bagarre à tour de bras ; même Dirkden peut paraître civilisée à côté. Mais Dontoria est un vivier de guerriers. Je Jure que la moitié de la Garde Vigilante vient de là. Je plains tous ceux qui s’attaqueront au Gros Brouillard: ils trouveront ses fils dressés contre eux par milliards. »
- Sergent Goagan du 342e Immersite Skydrakes

Dontoria subissait une surpopulation encore plus critique que celle des autres Ruches. Ses quartiers étaient si densément peuplés qu’elle avait accès à une main- d’œuvre quasi infinie, mais lorsque l’infection se répandit parmi la population, elle ne put être enrayée. La densité de population de Dontoria dépassa les seuils recommandés par l’Administratum en 943 previo. Plus d’un millénaire plus tard, ses citoyens toujours plus nombreux s’entassaient dans ses taudis ravagés par les tremblements de terre. Les milliers de manufactorums et de baraques de fabrication cernant ses nombreuses Ruches étaient si pollués que leurs façades noircies s’effritaient, et leurs murs arboraient la même teinte jaunâtre que celles des doigts d’un accro aux tiges de lho. Les habitants étaient saisis de crises de toux et crachaient des glaires. Les contrées du Delta de Mesha, le Champ de Brume et le Grand Goulet étaient recouverts d’un épais manteau de pollution qui lésait les poumons des individus dépourvus de respirateurs.

Le Lac Dontor constituait l’unique source d’eau de ce faux continent, mais cette mer intérieure était si polluée que nulle vie ne pouvait s’y développer et quelle rendait malades tous ceux qui osaient la boire. Cela n’empêcha pas la construction de bidonvilles flottants à sa surface. La population était si désespérée de trouver de l’espace qu’une grande partie du lac était couverte de passerelles, de barques, de barges déclassées, de cages à flore et de transports des cloaques, tous reliés en un réseau grouillant de marchands à la criée, de camelots, d’escrocs et de voyous.

Les taudis des Sous-étendues de Tzimitria, Stump et Vostoyev étaient loin d’être prospères, mais à l’instar de nombreuses populations désespérées, ils étaient riches sur le plan de la foi. Alors que la Grande Faille s’étirait au-dessus de leurs têtes, les masses d’ouvriers nourrissaient un tel besoin d’espoir que le Ministorum parvint à les convertir à la vénération exclusive de l’Empereur. Leurs tâches quotidiennes consistaient à fabriquer les reliques auto-sanctifiées ainsi que les armes saintes avec lesquelles l’Ecclésiarchie livrait ses guerres, et il n’était pas rare que ses combattants les plus valeureux s’engagent dans une vie au sein de sa Garde Vigilante. Grodholev, Pravdus, Hallordwight et Vostoyev étaient plus anciennes. Ces sous-ruches étant considérées comme les fondations de Dontoria, elles étaient plus lourdement taxées. L’extrême nord du continent, baptisé Nouvel Horizon dans un excès d’optimisme, empiétait sur les étendues sauvages afin de fournir davantage d’espace. De même, la Pointe du Missionnaire au sud s’étendait vers le Mortwald. Le seigneur Tharenst, Maréchal de Ruche du Delta de Mesha, chercha à relier sa province à la pointe septentrionale du Mortwald, mais ses requêtes se heurtèrent à un mur de mépris avant que le déclenchement de la guerre sur Vigilus ne les relègue définitivement aux oubliettes.

Le Storvhal

« ne considérez point le baiser du volcan comme une malédiction, mais comme une bénédiction! sentez votre peau se raffermir, savourez l’odeur de vos cheveux brûlés et de votre chair immolée, réjouissez-vous de la caresse de la flamme. une félicité nous est offerte: nous unir avec le feu et la lave, ces forces élémentaires à jamais indomptables! du feu naît la liberté! du feu naît la vérité ! »
- pamphlet extrait du symposium des ouvriers de vulcanide

Situé près de l’équateur, le Storvhal générait une quantité incroyable d’énergie, issue des chaînes volcaniques et de ses gouffres géothermiques. Il abritait d’innombrables adeptes du Dieu-Machine, mais des cultes encore plus sinistres opéraient dans l’ombre. Les terres volcaniques du Storvhal étaient relativement petites, mais d’une valeur considérable pour l’infrastructure de la planète. Situé à un carrefour de lignes de faille, il fut fondé par l’Adeptus Mechanicus qui s’en servit comme annexe après la signature du Pacte de Feu et d’Acier. Il produisait la majeure partie de son énergie, ses fermes volcaniques et ses générateurs exploitant la puissance générée par les fréquentes éruptions. Le Fabricator Vosch prétendit avoir adapté, supervisé et optimisé en personne la technologie utilisée dans les fermes, en se basant bien sûr sur les saintes fondations des Schémas de Construction Standards.

Plutôt que de subir le soulèvement sismique causé par les forages à Megaborealis au nord, le Storvhal tira un large profit de chaque déplacement tectonique et éruption volcanique. Même si des centaines de ses ouvriers magma-serviteurs et de sentinelles Skitarii mouraient à chaque spasme géologique, son rendement énergétique grimpait en flèche lorsque les volcans du Mont Phaestos au sud et de la Piste de l’Omnimessie au nord entraient en éruption. Aussi le Fabricator Vosch considéra-t-il que ces sacrifices en valaient la peine. Lorsque les niveaux de stockage de la Géo-Ruche Vulcanide, de la Ruche Magamathermide et du Mont Phaestos surpassaient les capacités des dépôts de condensateurs et de génératoriums, l’excédent d’énergie était acheminé le long des Canaux Voschiens jusqu’à Megaborealis via un réseau souterrain. Si les besoins de ce continent étaient déjà comblés, il était transporté vers les Ruches qui leur faisaient la meilleure offre.

Empli de feu et de fureur, le Storvhal inspirait une multitude de sous-cultures religieuses. Une partie des cultes qui florissaient dans les Quartiers Pyroclastes considéraient que ces éruptions de magma étaient l’œuvre de l’Empereur, et que leur sacrifice était nécessaire pour apaiser les volcans. D’autres voyaient les exactions de leurs seigneurs de l’Adeptus Mechanicus pour ce quelles étaient. Les troubles et les émeutes civiles qui sévirent par la suite furent exploités par des éléments véreux qui œuvraient contre l’Imperium. Grâce au fardeau inhumain qui pesait sur les citoyens, les agents qui œuvraient en secret au Storvhal n’eurent aucun mal à faire germer sectes rebelles, cultes du feu et tendances pyromanes dans la population. Certains prêchaient l’idée que les feux des volcans pouvaient être altérés pour transformer les fidèles en êtres divins, une apothéose semblable à un phénix renaissant de ses cendres pour atteindre la gloire. Pire encore, le démagogue Vannadan le Tison réussit à mobiliser les foules au nom du Chaos.

Le Treuil de L’Omnimessie

Le Grand Treuil de l’Omnimessie était un bijou de technologie né du génie de l’Adeptus Mechanicus. Grâce à cette immense poulie, les Technoprêtres capturaient les astéroïdes et extrayaient la précieuse glace qui les recouvrait. Depuis les Flèches Stygiennes, de loin la plus haute ruche de Megaborealis, le Grand Treuil de l’Omnimessie s’élançait à l’assaut du ciel. Vaste édifice témoignant de l’incroyable volonté et de la vision des Magos de l’Adeptus Mechanicus, il était connu dans tout le secteur pour mettre en pratique une hypothèse qui intriguait les Technoprêtres depuis des millénaires.

Le Treuil et ses structures de soutien s’élevaient si haut que sa pointe était invisible à l’œil nu. Reliant les Flèches Stygiennes aux stations spatiales en forme de roue de la Fauconnerie de Sacrus Tora placées en orbite géosynchrone, il opérait via un système complexe de chaînes en microfibres de carbone et en capillaires de duraplas. Partiellement télescopiques et modulaires, elles étaient produites à échelle industrielle par les ateliers de la ruche primaire de Megaborealis et hissées à travers la stratosphère grâce à une série de remorqueurs en orbite basse.

Au cours d’un siècle entier, les chaînes en carbone étaient étendues et renforcées jusqu’au moment où elles atteignaient la Fauconnerie de Sacrus Tora et passaient à travers ses balanciers motorisés avant de replonger vers la surface de la planète. Des sections de la station spatiale d’origine faisaient contrepoids afin de hisser des pièces de rechange depuis la Ruche en contrebas, le point d’interstice de la station-relais de Sacrus faisant en sorte que chaque nœud passe sans entrave. Ce fut la première opération de fret qui se déroula entre la Ruche et la station spatiale au-dessus d’elle, mais elle ouvrit la voie à des dizaines de milliers d’autres. Megaborealis acheminait de la nourriture, des pièces de rechange et autres denrées, et en échange, la Fauconnerie de Sacrus Tora fournissait des astéroïdes couverts d’épaisses couches de glace, une source d’eau vitale pour la planète.

Les astéroïdes recueillis par la Fauconnerie de Sacrus Tora provenaient d’une bande de débris spatiaux baptisée Ceinture Octiline. Jadis, des augures déterminèrent que les roches dérivant dans cette bande étaient couvertes d’eau glacée, et presque aussitôt, un projet pour capturer et exploiter cette ressource apparemment infinie fut établi. Les citoyens assoiffés de Megaborealis se fichaient bien de savoir d’où venait leur eau. Le projet visant à glaner les précieuses ressources de la Ceinture Octiline était si ambitieux, et d’une telle ampleur, que seul un individu doté de la puissance de traitement d’un Fabricator pouvait oser s y’ atteler. Mais avec l’aide de ses plus loyaux collègues, le Fabricator Vosch supervisa le programme du début à la fin, adaptant et installant des séries de canons à rayon tracteur capables de verrouiller les astéroïdes à portée et de les attirer lentement dans les griffes de la station spatiale. Depuis ce jour, le transport de glace depuis l’orbite jusqu’aux usines de traitement des Flèches Stygiennes, où l’eau était "raffinée" grâce à l’ajout d’huiles sacrées et de lubrifiants bénits, devint une opération si banale quelle ne retint plus l’attention de quiconque.

Forces de L’Imperium

Au début de la guerre, les forces stationnées sur la planète provenaient de la plupart des organisations militaires de l’Imperium. Les plus nombreuses étaient celles de l’Astra Militarum, mais la présence de l’Adepta Sororitas et l’arrivée de l’Adeptus Astartes eurent un impact essentiel. Les soldats humains ordinaires qui défendaient Vigilus étaient collectivement nommés l’Imperium Vigilant. Avec tant de forces militaires ayant voyagé dans les étoiles jusqu’à cette planète à l’importance stratégique vitale, la diversité était grande, et allait des jeunes recrues jusqu’aux guerrières endurcies de l’Adepta Sororitas.

En général, les forces militaires de chaque continent ne se rendaient à d’autres conurbations que pour des raisons vitales. Les maîtres de chaque étendue Ruchière conservaient jalousement les bataillons et les régiments qui leur avaient été attribués, plus par orgueil que par prudence. Puisque les champs de force Bastion les protégeaient, ils considéraient la quantité de troupes à leur disposition plus comme un indicateur de statut que comme un recours éventuel en cas d’invasion.

Cet excès de confiance était patent chez Lucienne Agamemnus et le Pontifex Galluck, qui étaient si obnubilés par leurs luttes intestines qu’ils ne consacraient guère de temps à la défense de la planète face à des dangers hypothétiques, encore moins en provenance de leur plèbe, qu’ils considéraient comme du bétail plutôt que comme des concitoyens envers lesquels ils avaient un quelconque devoir.

L’échec de l’aristocratie à anticiper les menaces des xenos, des Hérétiques et des Mutants suscita la défiance de la plupart des commandants de l’Astra Militarum assignés à la défense de chaque étendue Ruchière, mais à part quitter Vigilus, ils ne pouvaient pas faire grand-chose. Faute de mieux, ils consolidèrent les défenses de leurs secteurs, et s’assurèrent que leurs soldats connaissaient bien la géographie de la planète, et étaient accoutumés aux séismes fréquents qui pouvaient semer le chaos dans le plan de bataille le mieux préparé. C’est ainsi que divers esprits militaires brillants commencèrent à œuvrer de concert partout sur Vigilus, le seigneur-commandant de chaque organisation étant en rapport avec ses pairs afin que l’Astra Militarum dispose d’un filet de sécurité si les agissements des chefs politiques de la planète venaient à contrarier l’effort de guerre, volontairement ou involontairement.

Malheureusement, l’apparition de la Noctis Aeterna fit voler en éclats ce réseau de coopération sans espoir de rémission. Les communications étaient coupées, et soudain, la population se retrouvait assaillie de tous côtés. La terrible réalité s’imposa rapidement: les divers continents de Vigilus étaient livrés à eux-mêmes.

La Garde Vigilante

Les soldats de l’Astra Militarum sont recrutés dans toute la galaxie sur des centaines de milliers de mondes impériaux, chaque régiment a donc ses propres traditions martiales. Les gardes recrutés sur Vigilus sont avant tout connus pour leur foi inébranlable envers l’Empereur, car lors de la création du régiment, les premières recrues venaient d’Hyperia, où la religion tient une place prépondérante. L’inclusion d’un corps de Prêtre du Ministorum dans leurs rangs ne fit qu’attiser les flammes de la foi envers l’Empereur-dieu. Ayant combattu des années durant aux côtés des ordres de l’Adepta Sororitas basés sur Vigilus, ces soldats furent les témoins de si nombreux miracles que la vieille maxime de l’Astra Militarum, "l’Empereur Nous Garde" avait une signification concrète à leurs yeux, et à en croire les logisticiens d’Hyperia, ils n’avaient pas tort. Il existe de nombreux récits évoquant des Vigilants ayant survécu à un tir fatal grâce à leurs médaillons votifs, des lumières dans le ciel les guidant vers leurs camarades blessés, ou des ruines s’effondrant soudain sur des pillards xenos qui s’apprêtaient à tendre une embuscade aux Vigilants.

Cette foi intense se manifestait de plusieurs façons. En premier lieu, la Garde Vigilante était bien plus superstitieuse et dévote que les autres régiments. Au début de M41, lorsque plusieurs bataillons de la porte Cadienne furent affectés à Vigilus pour entraîner les défenseurs, cette dissonance ne manqua pas d’occasionner des frictions entre les Cadiens pragmatiques et les zélotes de la Garde Vigilante. Les interminables rituelles, prières et cérémonies auxquels les soldats de la Garde Vigilante étaient tenus de participer sur ordre de l’état-major exaspéraient nombre d’officiers Cadiens. Le Commandant Hallatar du 23e de la Garde Vigilante était si inflexible sur la question du respect de chacune des traditions et des rites de son régiment que certains fantassins Cadiens le surnommèrent le Petit Pontifex. À leurs yeux, ce comportement était un gaspillage éhonté de temps et de ressources, un frein à leur entraînement et, pour résumer, un caprice superflu qui finirait par causer plus de mal que de bien.

Tout ceci changea irrémédiablement à l’ouverture de la Grande Faille. Les soldats de la Garde Vigilante furent épargnés par les cauchemars qui affligèrent le reste de la population, se levant chaque matin frais et dispos. Là où les Vigilants combattaient, ils se battaient avec férocité, chargeant sans hésiter des Aberrants et même des Génovores Pure-Souche. Les Cadiens en vinrent à respecter leurs alliés, et assistèrent même à leurs messes. Bien qu’ils fussent d’étranges compagnons qui prenaient chaque hymen de guerre au pied de la lettre, la Garde Vigilante était devenue une source d’espoir en ces temps troublés.

Sources

Pensée du Jour : « Un serviteur curieux est plus dangereux qu’un hérétique ignorant. »
  • Imperium Nihilus - Vigilus Insoumis
  1. Imperium Nihilus - Vigilus Insoumis, Le Mortwald L'Élite Intemporelle