Bouffon Tragique

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« Considérez-vous bénis, car dans vos hurlements de mort résonne la joie sans fin du Dieu Moqueur… »
- Le Héraut de l’Agonie, Bouffon Tragique.
Un Bouffon Tragique.

L’arrivée d’un Bouffon Tragique sur le champ de bataille est annoncée par un ouragan de tirs de Canons Hurleurs. Les fantassins ennemis sont déchiquetés dans des gerbes de sang et de chair ébouillantée comme les génotoxines de l’arme les consument de l’intérieur. Une telle entrée est tout à fait appropriée, car les Bouffons Tragiques jouent le rôle de la Mort dans les représentations des Arlequins.

Tous les Bouffons Tragiques possèdent un sens de l’humour sinistre qui les pousse à chercher des manières inédites et inventives de terroriser, de tourmenter et de tuer. On les entend parfois glousser ou chantonner au milieu des combats, et à l’occasion, ils s’arrêtent pour tirer une révérence appuyée ou applaudir les ennemis dont l’horrible fin les a particulièrement amusés.

Tuer l’ennemi n’est pas suffisant pour un Bouffon Tragique. Pour que la guerre vaille la peine, ils doivent semer la mort avec ironie. Abattre un officier au point d’orgue d’une harangue afin de provoquer l’effet inverse de ses efforts, faire paniquer des sapeurs pour qu’ils fuient dans leur propre champ de mines fraîchement dressé, ou blesser un servant d’arme lourde pour que son tir dévie et détruise l’objectif même qu’il défendait : voilà les cruautés qui divertissent les Bouffons Tragiques.

En vérité, il y en a peu dans la galaxie qui ont autant de talent et d’imagination lorsqu’il s’agit d’écrire la tragi-comédie de la guerre, et encore moins qui soient aussi viscéralement haïs par leurs ennemis.

Les Bouffons Tragiques, à l’armure censée incorporer les ossements de leurs prédécesseurs, évoluent comme il leur chante au sein des masques. Leurs camarades les considèrent avec une dérision méfiante, car ils sont aussi morbides et imprévisibles qu’ils sont doués. Toutefois, leur dévotion au Dieu Moqueur ne fait aucun doute, et dans le tumulte de la bataille, leurs tirs de couverture sauvent souvent les vies des autres Arlequins.


Le Caporal Mallins se dressait dans la tranchée boueuse et tirait sur des fantômes. Lui et les hommes sous ses ordres qui avaient survécu vidaient leurs chargeurs sur des brumes de lumière et de couleur qui filaient à travers le no man’s land. Nul ne saurait dire s’ils touchaient quelque chose. L’ennemi était presque sur eux, mais cela n’aurait bientôt plus d’importance, Mallins jeta un œil par-dessus son épaule. Il voyait le Colonel Drask et les officiers survivants du 10e Mordian à une centaine de yards en arrière, attendant sur la piste d’atterrissage. Au-dessus d’eux, un transport Aquila approchait pour les emmener en sécurité. Mallins et ses hommes n’avaient qu’à contenir les Xenos jusqu’à ce que Drask fût extrait, puis ils pourraient rejoindre la droite de l’Empereur la tête haute.

Une grêle soudaine de projectiles ennemis attira son attention sur la ligne de front. Le soldat Gafyn commença à hurler dans un crescendo paniqué. Il convulsa et sa chair devint écarlate, les veines gonflées comme des cordes. Mallins eut juste le temps de plonger à couvert avant que Gafyn n’explose comme une bombe humaine. Tremblant, couvert de viscères, le Caporal se redressa pour voir une figure émaciée perchée sur une ruine proche. Vêtue d’une armure aux allures de squelette et d’un long manteau flottant, elle portait l’arme à long canon qui avait tué Gafyn. Mallins leva son fusil pour tirer, mais avant qu’il ne presse la détente, la silhouette macabre ajusta sa visée et fit feu à nouveau. Les tirs sifflèrent par-dessus la tranchée et Mallins pivota à temps pour les voir lacérer la verrière du transport. Un instant plus tard, du sang éclaboussa l’armaverre du cockpit et l’engin plongea. Le Colonel Drask et son escorte disparurent dans une boule de feu rugissante lorsque leur espoir de survie se changea en instrument de leur mort. Abasourdi, tremblant, Mallins se retourna pour voir la figure squelettique exécuter une révérence moqueuse avant de pointer son arme vers lui, et faire feu.

Source

Pensée du Jour : « L’esclave loyal apprend à aimer le fouet. »
  • Codex Harlequins, V8